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  • Le fédéralisme, seule issue pour l'Irak

    J'ai lu le billet de Feurat Alani sur le blog Orient XXI que je crois être plutôt bien informé sur la situation de l'Irak. En croisant les sources et en lisant autant de témoignages qu'il est possible de le faire, j'ai le sentiment que ce qu'il dit est juste. On a pu croire qu'il existait un arc sunnite qui soutenait Daech, mais la réalité c'est que les Sunnites d'Irak ne supportent plus la classe politique de Bagdad et les anciens gouverneurs locaux. Et par-dessus tout ils détestent l'Iran.

    Il n'existe, à mon avis, qu'une unique issue pour éviter une guerre civile et/ou un éclatement de de l'Irak : le fédéralisme, sous forme d'un état confédéré, comme le fait la Suisse.

    Des régions ou des cantons autonomes qui élisent leurs responsables politiques. Une région kurde, une région chrétienne, une région sunnite, une région chiite. S'il existe d'autres minorités qui recouvrent une réalité géographique, il doit être possible de leur réserver une portion de territoire.

    Je ne vois pas d'autres solutions pour ce pays. Reste à en convaincre ses différentes ethnies...

  • Une partition de la Syrie et de l'Irak est inévitable.

    A la tournure que prennent les événements, je me suis résolu à penser qu'une partition de la Syrie et ne pouvait plus être évitée.

    Dans chacun de ces pays, il faut trouver des compromis pour réserver une terre pour les Sunnites, pour les Chiites, pour les Alaouites et pour les Kurdes. Les Chrétiens, les Druzes, les Yézidis et les autres minorités ont toujours vécu en bonne intelligence avec les Kurdes et les Alaouites. C'est donc du côté de ces deux communautés qu'il faut chercher une association.

    Je rejoins François Bayrou pour penser que c'est une erreur, désormais, de chercher à faire tomber Bachar el Assad, malgré les horribles et nombreux crimes de son régime. Mieux vaut préparer la partition devenue inévitable du pays. Les Alaouites jugeront si oui ou non, ils souhaitent conserver ce dirigeant.

    Sauvons de la Syrie ce qui peut l'être et reprenons d'urgence Palmyre aux Djihadistes. 

    Même si cela nous fait mal au coeur, il faut coopérer avec Bachar el Assad pour chasser et détuire l'ennemi commun. Ni les dirigeants syriens ni les dirigeants iraniens ne cherchent à déclencher une guerre mondiale ou à propager un islam si intolérant, rigide et cruel qu'il n'a jamais existé quoi que ce soit de tel dans son histoire.

    Il ne faut pas se tromper : les djihadistes ne renvoient pas l'Islam à une époque rêvée de son histoire mais à une horrifiante dystopie capable de donner à un régime aussi inquiétant que celui de la Corée du Nord, l'aspect d'un Eden accueillant.

    Le maître mot doit être de détruire Daech. Mais pour cela, il est essentiel de ne pas donner de raisons aux Sunnites de voir en ce dernier leur protecteur. Ce n'est pas gagné en Irak où le régime joue avec le feu avec ses milices chiites...

  • Guerres impossibles ?

    Quelle est l'efficacité des armes et engins de guerre aujourd'hui dans les conflits ? On peut légitimement se poser la question en constatant les effets des frappes aériennes des forces qui luttent contre Daech en Syrie et en Irak.

    Un avion de chasse coûte des dizaines de millions de dollars et chaque obus ou bombe des centaines de milliers de dollars. Or, quand l'on considère le bilan des frappes contre les terroristes on obtient quelques dizaines de cibles atteintes. Il faudrait ajouter aux coûts évoqués la logistique et le carburant nécessaire pour opérer les sorties. 

    Ce n'est plus un gouffre, c'est un trou noir financier. Et j'ai l'impression que le bilan serait inférieur encore sans l'efficience très forte des technologies les plus avancées.

    Est-ce que, à ce stade-là, ce ne serait pas bien plus rentable d'engager des tueurs à gage et de promettre un million de dollars par têtes de djihadistes identifiées ? Bien que cette proposition soit moralement affreuse, elle a le mérite de ne pas faire plus de victimes civiles que nos frappes chirurgicales et d'être financièrement abordable. Il reste à savoir s'il existe qui que ce soit dans le monde capable d'accomplir une mission aussi dangereuse...

    Si la progression contre Daech semble très lente, il y a malgré tout un point dont il faut se féliciter absolument : les frappes alliées sont si calibrées et précises qu'elles ne semblent avoir guère fait de victimes civiles (il n'y en a pas eu d'échos, en tout cas). Ce bilan-là est impressionnant.

    A l'exception de la France au Mali qui semble à peu près contenir son ennemi, toutes les autres interventions occidentales se sont soldées sinon par des échecs du moins par des retraits sans que les buts annoncés soient atteints.

    On peut mettre en exergue l'absence de finalité politique commune dans ces interventions, comme le fait Jean-Marc Lafon sur le blog Theatrum Belli, bien sûr, mais cela n'explique pas les difficultés militaires. 

    Les guérillas, je le sais, ont toujours été difficiles à réduire. La volonté occidentale de ne pas faire de victimes dans ses propres rangs ajoute une contrainte, et, celle de ne pas blesser de civils dans les opérations militaires rend très délicates toutes les opérations. Cela suffit-il à expliquer pour autant la disproportion entre les moyens engagés et les résultats obtenus ? Je ne le sais pas.

     Je note que des progrès sont enregistrés quand les forces occidentales disposent d'un appui terrestre assuré par des alliés très engagés et impliqués.

    Les YPG kurdes à Kobané, les forces tchadiennes au Mali en sont des bons exemples. En Afghanistan, tant que les Américains ont pu compter sur des tribus sunnites alliées et sur l'Alliance du Nord, la grande force militaire de feu le commandant Massoud, ils ont progressé. Mais après, les choses se sont délitées, les Talibans regagnant petit à petit du terrain.

    Peut-être est-ce aussi une question de temps. Daech s'est préparé de longue date à la guerre. Il faudra du temps pour que les alliés kurdes soient opérationnels avec du matériel moderne, et, sans doute est-ce à l'usure, paradoxalement, que les djihadistes tomberont. En Afghanistan, l'issue semble bien plus compromise faute d'alliés fiables et motivés.

  • Irak : heureusement les Américains sont là

    Par chance pour les Chrétiens d'Orient et les Yézidis, les Américains interviennent en Irak, et les Kurdes, dernier rempart contre les délires islamistes, font front.

    Tout ce que l'on peut souhaiter, c'est l'extermination complète des troupes de l'EIIL et la destruction définitive de leur pseudo-califat. Aucun califat n'a d'ailleurs fait montre d'une telle barbarie dans l'histoire du Proche-Orient.

    Je suis écoeuré par la veulerie des États européens et par la nullité d'Ashton. Les premiers ne parlent que d'aide humanitaire (qu'ils comptent distribuer comment, au fait ?) et la seconde est inexistante quand il faudrait fournir des armes sophistiquées aux Pehsmargas Kurdes et aller pilonner aussi férocement que possible les positions djihadistes. 

    Lâche et répugnant, de même, le silence de cette gauche morale et de toute la coterie pro-palestinienne, hystérique il y a trois semaines, discrète au possible aujourd'hui. Au mieux, on ne les entend que pour expliquer que c'est le faute des Américains. Tas de minables. 

    Je me réjouis d'observer qu'il y a au moins une personnalité politique, François Bayrou, pour estimer qu'il est un devoir moral pour les Européens et particulièrement la France de soutenir l'action militaire de l'Amérique. Cet homme-là ne se trompe jamais et juge toujours à propos qui sont nos vrais ennemis. Certainement pas les Américains même si nous pouvons avoir des frictions avec eux de temps à autre.

    La France, avec les Chrétiens d'Orient, c'est que de la gueule, si je puis me permettre. Beaucoup de bla-bla et pas d'action. Alors évoquer la France protectrice des Chrétiens d'Orient avec des trémolos dans la voix, cela ne sert plus à rien, parce qu'une fois encore, c'est l'Amérique qui fait le boulot. Il faut dire aussi que gauche et droite ont tellement dessoudé l'armée en réduisant son budget que nous n'avons de toutes façons plus les moyens de nos discours grandiloquents. En fait, mieux vaut que la France se taise, quand elle parle, elle se couvre de ridicule.

    J'ai trouvé fort juste et à propos l'intervention de Daniel Cohn-Bendit, qui a trouvé, une fois encore, le ton juste pour une crise internationale. Il suggère de faire financer une intervention militaire par l'Union européenne, tout en aidant les populations en danger. Si c'était ce type-là qui dirigeait l'Europe plutôt que des Barroso, Junker ou Ashton, elle aurait un tout autre visage.

    J'observe que le seul parlement européen qui presse son gouvernement d'intervenir, c'est celui de la Grande-Bretagne, pays toujours digne et courageux quand il le faut.

  • L'Irak fout la honte à la France

    Tiens, je le disais sur http://twitter.com/lheretique mais franchement, quand je vois que nous autres Français nous nous abstenons à 53% pour nos élections, gros gorets repus et trop nourris que nous sommes, tandis que les Irakiens vont dans des conditions terribles voter à 62%, risquant la mort sous toutes ses formes (attentats, exécutions sommaires, représailles, et cetera) je me dis que nous sommes vraiment des grosses merdes pitoyables.

    Et on dit que ce sont les abstentionnistes qui ont gagné les élections. Bande de pignoufs, tiens... Démocratie bien trop gâtée que la nôtre. Du pain et des jeux, et ils sont contents les Français...

  • Afghanistan et Irak, l'autre stratégie

    J'écoutais avec très grand intérêt, hier, ce que disait un spécialiste du Moyen-Orient à propos des guerres en cours en Irak et en Afghanistan ; il expliquait notamment qu'il y a là-bas une organisation de la société qui est totalement étrangère à l'Occident et particulièrement aux Américains : les tribus. Et pour cause, l'Amérique s'est constituée en grand partie sur l'organisation sur l'élimination des tribus indiennes !

    Il faut donc repenser une stratégie complètement nouvelle dans laquelle les chefs militaires américains et d'autres pays puissent prendre contact avec chaque chef de tribu et nouer des relations privilégiées avec eux. Cela signifie de sectoriser les terres concernées, en terme d'organisation géostratégique, de manière à ce que chacune comporte un commandement militaire au plus proche des chefs tribaux avec des généraux et des gradés connaisseurs de la langue et de la culture de chaque tribu, quitte à mettre en place une spécialisation par secteur. De nouveaux Lawrence d'Arabie, en somme. Bien sûr, l'honneur, la fidélité, le protocole prennent une importance prépondérante dans une telle organisation : il convient d'offrir des cadeaux aux chefs tribaux et d'asseoir leur autorité.

    Il va de soi qu'il ne faut pas faire la très grave erreur de confondre chefs tribaux et seigneurs de guerre : s'appuyer sur les chefs tribaux, c'est une certaine garantie de paix, alors que les seigneurs de la guerre amènent le sang et le malheur partout où ils opèrent.Quand Karzaï est arrivé au pouvoir, il a eu l'idée géniale de convoquer une Loyya Jirga (Assemblée des chefs de tribu) : il fallait continuer dans cette voie. Quelle erreur de l'avoir abandonnée. Le pouvoir centralisé ne convient pas, à l'heure actuelle, à l'Afghanistan. Il faut en prendre acte et repenser toute la stratégie diplomatique des Européens et des Américains, même si c'est évidemment long et délicat. Il faut aussi commencer par ne pas bombarder les émissaires des tribus qui se rendent en ambassade à Kaboul, ce qui s'est produit récemment. Ce genre d'erreurs est impardonnable. Il eût au minimum fallu proposer de très forts dédommagements en essayant de suivre le code judiciaire des tribus concernées.

    La seule consolation des Américains, c'est qu'Al Qaeda ne gère guère mieux les tribus qu'eux, ce qui explique que les actes de résistance soient surtout le fait de locaux.

    Il n'est pas trop tard pour tout reprendre à zéro, et Obame cherche de nouvelles manières de faire pour trouver une issue à ce conflit. Il est grand temps de changer notre logiciel géopolitique et géostratégique là-bas...

  • Nucléaire, l'Iran n'est pas un danger

    Bien que l'on désigne l'Iran comme un danger potentiel assez régulièrement, je pense, sur le fond que c'est une erreur d'appréciation stratégique que de considérer ce pays comme dangereux pour l'Europe. Et ce, même s'il détenait la bombe nucléaire. Les Iraniens ne sont pas fous et ne sont pas gouvernés par des fous, voilà un élément décisif pour déterminer la dangerosité d'une nation. En réalité, la théocratie persane est avant tout une oligarchie, et, de surcroît, une oligarchie plutôt structurée puisque l'Islam chiite est organisée de manière assez comparable à l'Église catholique. Un ayatollah ne peut pas dire n'importe quoi non plus qu'un mollah, car il doit en répondre devant une autorité politico-religieuse.

    On imagine donc mal l'Iran, y compris vis-à-vis d'Israël, se lancer dans des opérations dont les conséquences pourraient être dévastatrices pour son territoire et sa population. Bien plus dangereux est un pays comme la Corée du Nord : d'une part, elle dissémine à n'importe qui la technologie nucléaire et d'autre part elle est dirigée par un tyran. Or, on ne sait jamais ce qui peut passer par la tête d'un tyran, ces derniers étant fortement sujets à des psychopathologies aussi variées que dangereuses.

    L'oligarchie n'est pas une garantie de bon sens : la Chine, pendant longtemps, n'a pas hésité à transmettre sa technologie nucléaire. Mais ce faisant, par exemple avec le Pakistan qu'elle a soutenu pour emm.... l'Inde, elle a joué à l'apprenti-sorcier.

    Le Pakistan est la paradis du fondamentalisme, et les insurrections ouïgours pourraient trouver à Karachi des soutiens aussi discrets qu'efficaces et meurtriers, jusqu'au jour où une bombe radio-active et sale (comprenez une bombe de terroriste) pètera à la gueule des Chinois, de préférence dans une grande ville. Il sera alors bien temps de reconsidérer la dissémination de la technologie nucléaire.

    Le Pakistan, lui est dangereux en raison de l'éparpillement et la semi-vacance du pouvoir. Le PPP ne contrôle que partiellement l'État, et armée et services secrets jouent un jeu trouble sans que l'on sache qui est qui. Les liens du Pakistan avec les Talibans afghans sont anciens. Et les Talibans Afghans sont ceux-là même qui ont hébergé les fanatiques les plus tarés de l'Islam. Ceux qui rêvent tous les jours d'un  holocauste rédempteur.

    En réalité, on est bien plus à l'aise pour négocier avec une partie adverse que l'on connaît et dont le pouvoir est structuré et hiérachisé. En ce sens, mieux vaut, par exemple, un Irak ou même un Afghanistan sous contrôle iranien que ces deux pays livrés au chaos. C'est géo-stratégiquement bien moins dangereux. Ce constat n'est pas un plaidoyer pour une telle solution mais simplement un constat.

    Pour finir, sur l'Irak comparé à l'Iran : l'Irak avec un tyran et son clan à sa tête était en réalité bien plus dangereux que l'Iran. Parce qu'un tyran est incontrôlable. Il me semble donc que c'est à, l'aune de chaque type de régime qu'il convient d'adapter sa diplomatie et d'estimer le danger. Et je ne m'étonne pas d'y retrouver les considérations de bon sens de Montesquieu, particulièrement sur le despotisme.

  • L'Esprit des Lois (6) : les «conquêtes» des Démocraties

    Encore quelques pensées très fortes de Montesquieu aux chapitres VI et VII du livre X de l'Esprit des Lois. Montesquieu s'y interroge sur l'esprit de conquête, et notamment ce qu'il advient quand une république se lance dans des entreprises de cette nature.

    Il est encore contre la nature de la chose qu'une république démocratique con­quière des villes qui ne sauraient entrer dans la sphère de la démocratie. Il faut que le peuple conquis puisse jouir des privilèges de la souveraineté, comme les Romains l'établirent au commencement. On doit borner la conquête au nombre des citoyens que l'on fixera pour la démocratie.

    Si une démocratie conquiert un peuple pour le gouverner comme sujet, elle expo­sera sa propre liberté, parce qu'elle confiera une trop grande puissance aux magistrats qu'elle enverra dans l'État conquis.

    Il y a encore un inconvénient aux conquêtes faites par les démocraties. Leur gou­vernement est toujours odieux aux États assujettis. Il est monarchique par la fic­tion: mais, dans la vérité, il est plus dur que le monarchique, comme l'expérience de tous les temps et de tous les pays l'a fait voir.

    Les peuples conquis y sont dans un état triste; ils ne jouissent ni des avantages de la république, ni de ceux de la monarchie. 

    C'est très simple : il suffit de passer en revue l'histoire de la colonisation, ou encore plus récemment celles des incursions américaines, et on comprend à quel point ces observations sont fondées. Pour que la colonisation eût été tenable, il fallait ouvrir le droit de vote à tous les peuples mis en tutelle. La seule autre alternative, c'était l'indépendance, ou alors, la transformation de l'Empire français en une République fédérative dont la France eût été l'un des principaux membres.

    En ce qui concerne les conquêtes des démocraties, ce que dit Montesquieu se vérifie tous les jours en Irak et en Afghanistan.