Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Guerres impossibles ?

Quelle est l'efficacité des armes et engins de guerre aujourd'hui dans les conflits ? On peut légitimement se poser la question en constatant les effets des frappes aériennes des forces qui luttent contre Daech en Syrie et en Irak.

Un avion de chasse coûte des dizaines de millions de dollars et chaque obus ou bombe des centaines de milliers de dollars. Or, quand l'on considère le bilan des frappes contre les terroristes on obtient quelques dizaines de cibles atteintes. Il faudrait ajouter aux coûts évoqués la logistique et le carburant nécessaire pour opérer les sorties. 

Ce n'est plus un gouffre, c'est un trou noir financier. Et j'ai l'impression que le bilan serait inférieur encore sans l'efficience très forte des technologies les plus avancées.

Est-ce que, à ce stade-là, ce ne serait pas bien plus rentable d'engager des tueurs à gage et de promettre un million de dollars par têtes de djihadistes identifiées ? Bien que cette proposition soit moralement affreuse, elle a le mérite de ne pas faire plus de victimes civiles que nos frappes chirurgicales et d'être financièrement abordable. Il reste à savoir s'il existe qui que ce soit dans le monde capable d'accomplir une mission aussi dangereuse...

Si la progression contre Daech semble très lente, il y a malgré tout un point dont il faut se féliciter absolument : les frappes alliées sont si calibrées et précises qu'elles ne semblent avoir guère fait de victimes civiles (il n'y en a pas eu d'échos, en tout cas). Ce bilan-là est impressionnant.

A l'exception de la France au Mali qui semble à peu près contenir son ennemi, toutes les autres interventions occidentales se sont soldées sinon par des échecs du moins par des retraits sans que les buts annoncés soient atteints.

On peut mettre en exergue l'absence de finalité politique commune dans ces interventions, comme le fait Jean-Marc Lafon sur le blog Theatrum Belli, bien sûr, mais cela n'explique pas les difficultés militaires. 

Les guérillas, je le sais, ont toujours été difficiles à réduire. La volonté occidentale de ne pas faire de victimes dans ses propres rangs ajoute une contrainte, et, celle de ne pas blesser de civils dans les opérations militaires rend très délicates toutes les opérations. Cela suffit-il à expliquer pour autant la disproportion entre les moyens engagés et les résultats obtenus ? Je ne le sais pas.

 Je note que des progrès sont enregistrés quand les forces occidentales disposent d'un appui terrestre assuré par des alliés très engagés et impliqués.

Les YPG kurdes à Kobané, les forces tchadiennes au Mali en sont des bons exemples. En Afghanistan, tant que les Américains ont pu compter sur des tribus sunnites alliées et sur l'Alliance du Nord, la grande force militaire de feu le commandant Massoud, ils ont progressé. Mais après, les choses se sont délitées, les Talibans regagnant petit à petit du terrain.

Peut-être est-ce aussi une question de temps. Daech s'est préparé de longue date à la guerre. Il faudra du temps pour que les alliés kurdes soient opérationnels avec du matériel moderne, et, sans doute est-ce à l'usure, paradoxalement, que les djihadistes tomberont. En Afghanistan, l'issue semble bien plus compromise faute d'alliés fiables et motivés.

Commentaires

  • Bonjour,

    Le 3 janvier l'autorise largement aussi je vous adresse mes meilleurs vœux pour cette année 2015 qui s'annonce fertile en tout point de vue.

    Il ne faut pas être naïf. La supériorité technologique et matérielle est indispensable pour vaincre un ennemi mais elle n'est pas suffisante. Les guerres "occidentales" perdues depuis 70 ans ont d'abord et avant tout été des défaites politiques. La guerre contre le nazisme, et ce dernier extirpé pour de bon, a certes été gagnée grâce à l'arsenal allié (américain en particulier) mais aussi car la volonté politique était totale et sans faille, l'Allemagne de 1945 n'était plus qu'un gigantesque champ de ruine. Pour le Japon, quoiqu'on puisse en penser, c'est la défaite militaire totale, exprimée par les deux bombes atomiques d'Hiroshima et Nagasaki, qui a permis la fin de la dictature militaire qui régnait dans ce pays. Sans vouloir revenir sur le fond et sur le bien-fondé de leurs actions, les guerres d'Indochine, d'Algérie ou du VietNam ont d'abord été perdues car les pouvoirs politiques de l'époque ont abdiqué de leurs "responsabilités". Pour l'Algérie, c'est ce qui a motivé le putsch des généraux en 1961: une victoire militaire incontestable sur le terrain (le plan Challe) ouvrant la porte à une reddition en bonne et due forme devant la partie la moins acceptable de l'ennemi (au final, un pays, l'Algérie, qui n'est jamais sorti de la guerre civile et qui, une fois la manne pétrolière tarie, va s'y vautrer à nouveau avec toutes les conséquences délétères que cela peut avoir pour notre pays).
    Thomas Edward Lawrence, Lawrence d'Arabie, a bien posé en son temps les 6 principes fondamentaux de l’insurrection qui aujourd’hui encore conservent un bien-fondé remarquable (http://theatrum-belli.org/thomas-edward-lawrence-et-les-principes-de-linsurrection/). Mais il ne faut pas oublier que "Bien que les forces insurgées posent des défis importants aux armées conventionnelles, la patience, la diligence et le bon sens permettent d’en venir à bout." avec comme corollaire que ce genre de conflit ne peut, à mon sens, très difficilement rester propre. Qui va, dans nos sociétés aseptisés et inodores, accepter de se salir les mains? Installés malheureusement dans une logique schizophrène (quel militaire va accepté de se "salir" les mains si il risque de se retrouver devant un tribunal ensuite?), nous nous interdisons d'agir efficacement contre ce genre de menace mais n'oublions pas que DAESH ne sera pas vaincu par les bonnes paroles. Je ne crois pas que notre pays, comme la très grande partie du monde occidental, soit prêt à payer le prix exigible pour faire taire cette engeance. Le recours au mercenariat ne peut être qu'un pis-aller car, qu'on le veuille ou non, ce genre de conflit reste principalement un conflit de valeur. Il va nous falloir sortir de notre confortable et imbécile relativisme si on veut gagner ce dernier.

    Bonne soirée

  • Le problème est qu'actuellement les guerres sont asymétriques.....
    Comme il est dit dans l'article il faut que les renseignements viennent du sol afin de bien cibler les objectifs...sans renseignements les avions ne servent a rien!!!!

    le problème aussi est que les nations de veulent pas s'impliquer au sol a cause de la peur de perte humaines qui aurait mauvaise presse...

    les armées occidentales sont très efficaces quand le terrain est plat, exemple la Libye ou l'intervention pour repousser Saddam du kowait....

    Dès que le terrain est vallonné ou montagneux c'est compliqué car la on rentre dans une logique de guérillas ou pour déloger l'ennemi il faut être dans rapport 1 à 4..... en afgahnistan il aurait falllu par exemple une coalition de 600000 hommes et non de 150000 hommes pour battre les talibans....

    l'hérétique écrit
    "A l'exception de la France au Mali qui semble à peu près contenir son ennemi, toutes les autres interventions occidentales se sont soldées sinon par des échecs du moins par des retraits sans que les buts annoncés soient atteints."
    exact, mais le plus grave a force de ne pas finir le travail les conflits s'exportent, se réorientent....au mali se sont les troupes de mercenaires armées par kadafi qui foutent le bordel.... ce sont les occidentaux,le Quatar, l'Arabie saoudite qui ont armé et financé les opposants à Bachar et qui eux ensuite ont formé le gros des troupes de Daech....

    on nom d'une certaine morale les occidentaux sont très interventionnistes, ne finissent jamais le travail et créent d'autres problèmes ailleurs....

    intervenir au en Libye était une connerie au vu du chaos actuel et les pays limitrophes veulent que l'OTAN y retourne car la région est totalement déstabilisée...

    le printemps arabe n'a été en fin de compte qu'une réussite qu'en tunisie...pour le reste.....

  • Pour continuer la réflexion: "Face à notre puissance, les faibles ont choisi des modes d'action qui nous laissent désemparés : les bombes humaines, la barbarie et la cyberguerre." (http://www.asafrance.fr/item/libre-opinion-les-habits-neufs-de-la-guerre-asymetrique-i.html)

  • @H et Europium
    Tout d'abord, bonne année à vous deux ;-)
    Pour ma part, je me posais la question d'un point de vue purement militaire.
    @H
    Mais l'objectif est bien d'avoir zéro morts ou presque du côté occidental. A moins que des intérêts vitaux ne soient en jeu, une démocratie ne peut supporter une guerre qui dure avec beaucoup de morts.

Les commentaires sont fermés.