Bien que l'on désigne l'Iran comme un danger potentiel assez régulièrement, je pense, sur le fond que c'est une erreur d'appréciation stratégique que de considérer ce pays comme dangereux pour l'Europe. Et ce, même s'il détenait la bombe nucléaire. Les Iraniens ne sont pas fous et ne sont pas gouvernés par des fous, voilà un élément décisif pour déterminer la dangerosité d'une nation. En réalité, la théocratie persane est avant tout une oligarchie, et, de surcroît, une oligarchie plutôt structurée puisque l'Islam chiite est organisée de manière assez comparable à l'Église catholique. Un ayatollah ne peut pas dire n'importe quoi non plus qu'un mollah, car il doit en répondre devant une autorité politico-religieuse.
On imagine donc mal l'Iran, y compris vis-à-vis d'Israël, se lancer dans des opérations dont les conséquences pourraient être dévastatrices pour son territoire et sa population. Bien plus dangereux est un pays comme la Corée du Nord : d'une part, elle dissémine à n'importe qui la technologie nucléaire et d'autre part elle est dirigée par un tyran. Or, on ne sait jamais ce qui peut passer par la tête d'un tyran, ces derniers étant fortement sujets à des psychopathologies aussi variées que dangereuses.
L'oligarchie n'est pas une garantie de bon sens : la Chine, pendant longtemps, n'a pas hésité à transmettre sa technologie nucléaire. Mais ce faisant, par exemple avec le Pakistan qu'elle a soutenu pour emm.... l'Inde, elle a joué à l'apprenti-sorcier.
Le Pakistan est la paradis du fondamentalisme, et les insurrections ouïgours pourraient trouver à Karachi des soutiens aussi discrets qu'efficaces et meurtriers, jusqu'au jour où une bombe radio-active et sale (comprenez une bombe de terroriste) pètera à la gueule des Chinois, de préférence dans une grande ville. Il sera alors bien temps de reconsidérer la dissémination de la technologie nucléaire.
Le Pakistan, lui est dangereux en raison de l'éparpillement et la semi-vacance du pouvoir. Le PPP ne contrôle que partiellement l'État, et armée et services secrets jouent un jeu trouble sans que l'on sache qui est qui. Les liens du Pakistan avec les Talibans afghans sont anciens. Et les Talibans Afghans sont ceux-là même qui ont hébergé les fanatiques les plus tarés de l'Islam. Ceux qui rêvent tous les jours d'un holocauste rédempteur.
En réalité, on est bien plus à l'aise pour négocier avec une partie adverse que l'on connaît et dont le pouvoir est structuré et hiérachisé. En ce sens, mieux vaut, par exemple, un Irak ou même un Afghanistan sous contrôle iranien que ces deux pays livrés au chaos. C'est géo-stratégiquement bien moins dangereux. Ce constat n'est pas un plaidoyer pour une telle solution mais simplement un constat.
Pour finir, sur l'Irak comparé à l'Iran : l'Irak avec un tyran et son clan à sa tête était en réalité bien plus dangereux que l'Iran. Parce qu'un tyran est incontrôlable. Il me semble donc que c'est à, l'aune de chaque type de régime qu'il convient d'adapter sa diplomatie et d'estimer le danger. Et je ne m'étonne pas d'y retrouver les considérations de bon sens de Montesquieu, particulièrement sur le despotisme.
Commentaires
Ajoutons à ces observations de bons sens que les médias occidentaux se concentrent sur le pantin Ahmadinejad, alors que le véritable détenteur du pouvoir exécutif est le Guide de la Révolution islamique, Khamenei...
Je rejoint assez cette position. Je pense que plus que des menaces, c'est une reprise de dialogue avec l'Iran qu'il faut.
En effet, même si l'Iran développe des armes nucléaires, il leur sera impossible d'atteindre une puissance telle que celle des Etats Unis. Toute utilisation de l'arme nucléaire les entraînerait donc vers une destruction totale de leur propre état. Leur volonté de détenir l'arme nucléaire est donc avant tout dissuasive, un peu comme la France des années 50.
Je pense qu'il faut intégrer pleinement l'Iran dans les négociations sur le Moyen Orient, et aussi sur le reste du monde d'ailleurs.
L'Iran se considère, à raison à mon avis, comme l'héritier de l'empire Perse, empire plusieurs fois millénaire. On peut comprendre qu'ils rechignent à recevoir des leçon des Etats Unis, pays qui a deux siècles à peine. Je pense que la bonne manière d'influer sur leur politique serait la négociation. La position de la Russie vis à vis de l'Iran semble suivre cette voie.
@ Criticus
Et Khameini ne possède d'ailleurs nullement le pouvoir à lui tout seul. C'est juste le représentant d'une oligarchie.
@ Vincent
Il ne faut pas non plus être angélique avec l'Iran. La Russie cherche surtout à vendre des armes, et je ne souhaite absolument pas que l'Europe s'aligne sur cette dernière.
Il faut maintenir, je le pense, des pressions sur l'Iran, mais elles doivent être commerciales, pas militaires. L'Iran doit comprendre qu'il n'a pas intérêt à développer des technologies nucléaires militaires à nos yeux.
Ils sont en effet les héritiers des Perses, et certains d'entre eux s'en sentent les représentants. Le film 300 a d'ailleurs été très mal accueilli par les élites en Iran, preuve que les Iraniens se sont bien sentis visés à travers l'image qui était donnée des Perses...
le fait que l'IRAN puisse posséder l'arme nucléaire ne sera jamais toléré par Israel et sera difficilement accepté par les pays du Moyen Orient qui verraient en cela une déstabilisation de cette région par cette grande puissance.
posséder l'arme nucléaire c'est augmenter son influence.
dernièrement il a été prouvé qu'Israel avait demandé aux USA de frapper l'IRAN, mais bush l'a refusé.
L'Iran possède le lanceur adéquat, il ne lui manque plus que l'uranium....que seule la Russie peut lui vendre d'où les négociations entre la Russie et les USA sur l'implantation du bouclier anti-missile en Europe de l'EST afin d'éviter cela
@ europium
Je pense en effet que les pays du Moyen-Orient voient d'un très sale oeil l'Iran redevenir une puissance régionale de premier ordre. Quand je pense, par ailleurs, aux conflits entre la Perse et les Russes au XIXème siècle, cela fait tout drôle de voir la Russie refiler de l'uranium aux Iraniens.
Il y a de fait un risque de course aux armements, mais ce dernier point n'est pas lié à une dangerosité particulière de l'Iran mais au principe même de la dissémination nucléaire. C'est pour cela qu'il faut lutter contre.
"En réalité, la théocratie persane est avant tout une oligarchie, et, de surcroît, une oligarchie plutôt structurée puisque l'Islam chiite est organisée de manière assez comparable à l'Église catholique. Un ayatollah ne peut pas dire n'importe quoi non plus qu'un mollah, car il doit en répondre devant une autorité politico-religieuse."
Vu les dernières "sorties" du Pape, cette argumentation me fait bien rire...:-)))
Sinon, sur votre dernier paragraphe, vous semblez rejoindre l'argumentation des neocons partisans de la guerre d'Irak, bien que je sois certain que ce n'est évidemment pas votre intention.
@ pastel
Mais pour l'Iran, on parle tout de même de guerre et de stratégie. Rien à avoir avec les agissements du pape.
Pour les néocons, pas du tout : c'est une réflexion sur la tyrannie en général. Croyez-bien que les néocons ne partagent absolument pas mon avis sur l'Iran.
J'étais par ailleurs totalement contre une guerre en Irak en dehors de tout mandat. Je pense que l'on aurait pu faire tomber S.Hussein autrement.
Je sais bien l'Hérétique, mais remarques étaient au 2nd degré...;-)
Les Occidentaux ont une attitude d’animosité envers la réussite des pays islamiques et notamment de l’Iran dans les domaines de acquis scientifiques et pour cette raison ils cherchent toujours des prétextes