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Défense

  • La gauche compte-t-elle envoyer l'armée au casse-pipe ?

    Il y a eu comme un lâche ouf de soulagement au sein du peuple de gauche quand on s'est avisé que la Grande Muette constituait une commode et silencieuse variable d'ajustement budgétaire.

    Mais cette fois, la gauche, va trop loin. La Défense n'a cessé de voir sa part diminuer dans le budget national et aujourd'hui la coupe est pleine. Si le gouvernement applique les mesures préconisées par Moscovici il ne restera en France que la dissuasion nucléaire, la gendarmerie et les forces spéciales.

    Cela m'exaspère d'entendre le Président Hollande donner des missions à nos forces alors qu'il les désosse. Quand les technocrates de toutes sortes décident d'appliquer leur tambouille, ils ont toujours des mots savants et fleuris pour mieux tromper l'opinion. En matière de défense, on appelle cela un livre blanc.

    Je m'exaspère de voir condamner l'armée simplement parce que le gouvernement socialiste n'a pas la moindre détermination pour commencer à réduire nos dépenses. Plutôt que de renoncer à ses créations de postes, à ses réformes coûteuses, à ses contrats d'avenir, à ses comités Théodule, aux divisions administratives dispendieuses et inutiles de notre territoire, aux cumuls de toutes sortes, aux postes pour les copains planqués, il préfère laminer les rouages essentiels du pays.

    Politique minable servie par un gouvernement minable. Pas de vision, pas d'idées, pas de volonté mais de la servilité.

    J'ai toujours eu du mal avec la gauche réformiste. En théorie, c'est ce qui devrait se trouver le plus proche de moi puisque je suis centriste. Mais son européisme technocratique, sa bonne conscience dégoûlinante, son hypocrisie satisfaite, sa générosité toute nourrie de l'égoïsme forcené de ses fidèles, sa malhonnêteté, sa certitude de détenir la vérité, son mépris du petit peuple, son amour immodéré du mondialisme, l'internationalisation de sa bourgeoisie qui ne connaît plus de frontières, son affection idéologique pour le métissage contre toute forme d'identité, sa haine de la tradition, son amour du mensonge, tout cela me la rend littéralement odieuse.

    A cela, il faut ajouter sa collusion avec les administrations technocratiques et satisfaites d'elles-mêmes. On accueille le premiers dans l'État aux drapeaux et aux clairons dans les casernes pendant qu'ils méditent un dernier coup pour perdre l'hôte du jour.

    Il paraît que la France veut se limiter à la seule défense de nos intérêts vitaux en Afrique. Mais bientôt, nous ne serons plus même en état de les assurer.

    Quand on prétend pouvoir donner de la voix au Conseil de Sécurité de l'ONU comme permanent, on assume. Sinon, on démissionne.

    Bref, Moscovici et consorts s'apprêtent à causer des dommages irrémédiables à notre Défense. La Socialiste Patrica Adam tire la sonnette d'alarme : eh bien qu'elle assume ses craintes et vote contre tout budget qui adopterait le projet que concocte l'équipe de Moscovici. Si on veut être crédible, quand on prétend avoir des idées et des valeurs, il faut aller jusqu'au bout.

  • Budget militaire en baisse, envoi d'armes en Syrie ?

    Le gouvernement Ayrault est foncièrement incohérent avec le budget de la Défense que Moscovici veut saigner sans états d'âme.

    J'entends qu'il est question de baisser la part dévolue à notre défense nationale à un niveau historiquement bas et, dans le même temps, Hollande veut envoyer des armes en Syrie ???????

    Il faut au moins mettre en cohérence les actes et les déclarations. On n'envoie pas d'armes à l'étranger quand on n'est soi-même pas capable d'équiper ses propres forces faute d'allocation des fonds nécessaires.

    Si Hollande veut jouer au Grand de ce monde, qu'il s'en donne au moins les moyens.

    Un tiers des Français est prêt à sacrifier en priorité notre Défense pour faire des économies. Quelle inconséquence ! En-dessous d'un certain seuil, nous ne serons plus en mesure de monter des opérations de secours pour récupérer des Français en danger à l'étranger, et pas davantage en état de disposer d'un renseignement efficace faute de moyens.

    Nous ne devrions pas mettre en danger nos fonctions régaliennes. L'Armée, c'est vraiment la facilité de taper dessus, elle ne dit jamais rien par tradition d'obéissance au pouvoir politique.

    Nous risquons de sacrifier notre industrie d'armement et notre défense parce que l'actuel gouvernement est incapable d'aller ponctionner les fonds là où ils sont gaspillés au sein de nos diverses administrations. 

    C'est inadmissible. C'est écoeurant de malhonnêteté. Depuis de nombreuses années, les dirigeants politiques français utilisent l'armée pour redorer leur blason et dans le même temps, ils n'en laissent que le squelette. On en est désormais à ronger les os...

  • Le Japon devrait modifier sa doctrine de défense

    Le Japon a vécu l'issue de la Seconde Guerre mondiale comme un tel traumatisme militaire que ce pays n'a plus jamais voulu avoir quoi que ce soit avec la guerre.

    Au début, c'était une décision des forces alliées, mais par la suite, c'est devenu de l'auto-censure.

    S'ils le voulaient, les Japonais pourraient assembler des bombes atomiques en 6 mois à peine et il ne leur faudrait pas plus de quelques années pour se doter d'une armée de premier ordre.

    Évidemment, s'ils le faisaient, cela sèmerait la panique en extrême-orient : même si 70 années se sont écoulées la cruauté de l'occupation japonaise est encore dans de nombreuses mémoires, en Chine ou en Corée, par exemple, d'autant que les ambiguïtés de l'Empire du Soleil Levant ne sont pas pour lever toutes les craintes quand il s'agit de reconnaître ses fautes passées...

    Le Japon sous-traite toute sa défense à l'Amérique depuis de nombreuses années. De ce fait, diplomatiquement, c'est un nain incapable de projeter la moindre force à l'extérieur de son territoire.

    Le Japon n'est partie prenante de rien en Afrique si ce n'est de l'exploitation de ressources or c'est ce pays qui a dû déplorer le plus de morts parmi les nations occidentales.

    La peau d'un Japonais ne vaut rien ou presque pour un djihadiste : pas de troupes au-dehors dont on pourrait réclamer le retrait, pas de forces militaires conséquentes, pas de groupe d'intervention d'élite dont on pourrait craindre l'action. Les djihadistes les ont donc abattus sans aucune vergogne et ce sont eux qui ont le plus lourd bilan parmi les nations occidentales.

    Ce pays est militairement émasculé depuis plus de 60 années. Si les Japonais s'obstinent à demeurer des anti-militaristes acharnés et à ne pas vouloir intervenir dans les affaires du monde au point de ne pas même être capables de venir en aide à leurs ressortissants, il est à craindre qu'ils ne doivent par la suite se contenter de continuer à pleurer leurs morts...

    J'aimerais avoir sur ce sujet l'avis du très informé blogue du MoDem au Japon...et ce ne serait pas non plus inintéressant d'avoir celui d'EGEA.

  • L'Europe ? Une sorte de SDN, quoi...

    On ne peut comprendre le titre de mon billet si l'on ignore ce qu'a été la SDN. La Société des Nations, c'est une sorte de l'ONU de l'entre-deux guerres. Elle avait pour objet d'assurer une paix universelle entre toutes les nations à la suite du carnage de la première guerre mondiale et, dans les faits, par sa faiblesse, en raison de l'égoïsme et de la lâcheté des États, elle a avalisé toutes les annexions, toutes les compromissions et tous les coups de force des régimes totalitaires.

    Marielle de Sarnez s'avouait consternée mardi dernier à l'issue du débat sur l'intervention française au Mali. Un président de la Commission absent, idem pour celui du Conseil Européen, un hémicycle clairsemé et trois euro-députés français seulement pour s'exprimer dont le coup de gueule de Cohn-Bendit et l'intervention de Marielle herself au nom de l'ADLE.

    Difficile de ne pas partager la tonalité désabusée d'Olivier Kempf d'EGEA. Finalement, l'Europe de la Défense, c'est une vaste fumisterie. Les seuls pays qui nous apportent de 'laide c'est la Belgique, le Danmark et l'Angleterre. Les deux derniers, comme le note Olivier Kempf sont ceux qui sont le plus hostiles à la fameuse PSDC (Politique de Sécurité et de Défense Commune).

    Comme Européen, j'en ai un peu assez de passer pour une couille molle. Les autres pays européens ne sont bons qu'à émettre des protestations, financer des programmes humanitaires et passer des accords économiques.

    A la limite, comme le dit le blogueur d'EGEA, on se débrouille encore mieux tout seul que mal accompagné. Avec toutes leurs difficultés, les pays africains ont tout de même été plus prompts à réagir que l'Europe, attendant sans doute qu'on prenne ses ressortissants en otage.

    Bien sûr, les critiques vont sans doute pleuvoir sur l'Algérie en raison de la brutalité de sa réaction, mais que pouvait-on négocier avec des fanatiques qui avaient garni plusieurs otages de colliers d'explosifs (Ça n'a d'ailleurs pas manqué, ces salopards les ont fait exploser) ? Et de toutes façons, la doctrine algérienne (et les Algériens ont de très bonnes raisons de savoir comment fonctionnent les djihadistes pour les avoir pratiqués pendant 20 ans) c'est de ne pas céder. Pas de négociations et de la frappe directe. Et comme ils savaient que les Occidentaux allaient palabrer ils n'ont pas perdu de temps à les informer de leurs intentions. Les NINJA (équivalent algérien du GIGN) ont certes été dissous mais l'expérience est restée et plusieurs des hommes qui avaient animé ces unités d'élite sont désormais dans l'armée algérienne.

    En fait, dans cette histoire, tous ceux qui sont les premiers à lever haut l'étendard du droit ont été aussi les premiers à se défiler, Afrique du Sud comprise car il ne faut pas croire que seule l'Europe est concernée.

    J'avoue que je suis de plus en plus désabusé avec l'Europe. Au fond, les États européens, c'est comme les individus que l'on croise tous les jours au coin de la rue : chacun pour sa pomme. On agite quelques petits drapeaux, on beugle les slogans qu'il faut pour faire bonne figure et se donner bonne conscience, et après, chacun chez soi, un pour tous et tous pour Dieu...

  • L'armée, variable d'ajustement jusqu'au jour où...

    Je lisais une dépêche de Reuters, sur le blog Theatrum Belli, qui reprenait les déclarations alarmistes d'un général suédois : l'Europe est incapable de se défendre seule à l'heure actuelle.

    A vrai dire, le Général Syren appuie là où ça fait mal : l'Europe pourrait supporter les coupes drastiques que chacun de ses membres inflige à sa défense à condition de rationnaliser les moyens à l'échelle européenne, en somme de construire une armée européenne.

    Le problème, c'est qu'en paroles, c'est facile, mais, dans la pratique, plusieurs pays européens essaient de préserver des morceaux d'indépendance en alimentant des productions d'armement nationales par leurs commandes.

    Le problème est au moins autant économique que politique : personne n'a envie de sacrifier son industrie d'armement.

    Une solution envisageable serait des rapprochements très importants entre plusieurs industriels afin de créer une plate-forme capable de nourrir toutes les armées européennes selon leurs besoins.

    Le problème, c'est que le marché de l'armement est un secteur très particulier : quand il existe une production nationale, elle essaie de survivre pour garantir l'indépendance du pays hôte en exportant à toutes forces vers d'autres pays.

    Il y a donc des décisions assez importantes qui doivent être prises au niveau politique et à l'échelon européen afin de ne pas risquer des transferts de technologie indus.

    Enfin, l'Europe n'est pas perçue encore comme une unité géopolitique et d'ailleurs, ne se comporte pas comme telle. Les évènements de Libye, hélas, en ont fourni une démonstration aussi éclatante que navrante.

    Sans l'activisme de la France et de la Grande-Bretagne aucune décision n"aurait été prise et à l'heure actuelle, nous en serions à négocier des contrats d'armement avec Kadhafi pendant que l'Allemagne concluerait de juteux contrats pour s'être longtemps opposée à toute intervention militaire là-bas.

    Au fond, quoi que l'on fasse et en dépit du temps qui passe, la vielle alliance France-Angleterre-Amérique se reforme régulièrement, comme s'il n'y avait pas eu de construction européenne et comme si l'ère post-soviétique n'avait finalement accouché d'aucun changement géostratégique. Les non-alignés se sont alignés comme un seul homme ou presque sur les positions russes et chinoises : Inde, Brésil, si la démocratie libyenne avait tenu à ces grandes nations elle aurait été écrasé et défintivement dans le sang.

    Au final, chaque pays européen s'arme de bric et de broc sur fond de doublons très fâcheux alors même que des éléments essentiels d'un dispositif militaire complet font défaut à tous : pas d'avions-radar AWACS, par exemple, peu de drones et peu de missiles à guidage-laser...

    La réalité, à l'heure actuelle, c'est qu'aucune intervention n'est possible sans devoir demander l'autorisation des USA,  seul pays à pouvoir fournir les éléments opérationnels nécessaires à une opération extérieure. 

    C'est un sport mondial de critiquer l'impérialisme américain mais mieux vaudrait pour le monde que l'Amérique ne succombe pas à une nouvelle vague isolationniste car il n'y aurait alors plus personne pour jouer les gendarmes...

  • La guerre des drones a-t-elle commencé ?

    Je viens de finir la très bonne chronique de décembre d'EGEA. Il me semble qu'il pose également  avec pertinence la question du devenir des avions et de leur remplacement progressif par des drones.

    En somme, en dehors du bombardement, l'avion ne semble plus avoir d'utilité comme unité de "corps à corps". Les duels aériens appartiennent pour l'instant à un passé révolu. La question que je me pose, à considérer l'évolution des drones, pour lesquels, d'après EGEA, on forme désormais plus d'opérateurs que de pilotes d'avions de chasse, c'est ce qu'il va advenir de la guerre aérienne. Fini les avions U2 du temps de la guerre froide. En Iran, c'est un drone qui s'est crashé.

    Seules deux armées semblent avoir véritablement opéré le tournant stratégique des guerres futures : bombes à guidage laser, missiles "intelligents", "drones", sur toutes ces nouvelles armes, Israël et les USA sont en avance. 

    Bien sûr, Dassault tente bien de produire des drones à son tour, mais on comprend que cette société est clairement aidée industriellement par des entreprises israéliennes, bien plus avancées, et de plus, le dernier vote du Sénat laisse apparaître clairement une distorsion importante entre le coût et de la qualité de la chose.

    Nous sommes pourtant face à des choix difficiles : se doter du Reaper, le drone américain, c'est donner à nos forces armées du matériel d'une qualité supérieure, mais c'est de l'autre côté renoncer progressivement à continuer à entretenir une industrie militaire indépendante. N'est-ce pas d'ailleurs inéluctable, à terme ? Je me pose parfois la question.

    Et puis il y a la question budgétaire : chaque modèle français coûte de 50 à 75% de plus que chaque modèle américain, et on parle là d'appareils dont le coût se chiffre en centaines de millions d'euros.

    L'inconvénient, c'est qu'il n'y a pas de mises en concurrence entre industriels français, et qu'au final, on est dans la configuration la pire : un monopole privé sur un marché d'État. Dassault comptant sur ses relais dans les gouvernements et à l'Assemblée Nationale n'éprouve nullement le besoin d'être compétitif. C'est ainsi que l'on arrive à ne vendre aucun rafale, en dépit des qualités intrinsèques de l'appareil, et à produire des drones dépassés, onéreux et peu efficaces, du moins pour nos besoins (de conception israélienne, ils sont prévus pour des observations sur petite distance).

    A l'heure actuelle, l'Europe ne dispose d'aucun drone en propre. Il existe en revanche deux projets concurrents : celui de Dassault et celui d'EADS. Mais voilà, EADS a opéré un rapprochement avec des industriels turcs. Je n'ai pour ma part aucune confiance en la Turquie d'Erdogan. Ce pays ne fait pas partie de l'Union européenne, et, compte tenu de l'irresponsabilité de son dirigeant, je n'imagine pas qu'un tel pays puisse disposer d'un matériel aussi sensible.

    Le chemin vers l'autonomie est donc fort long : chaque marché national est trop petit pour développer une filière. Sans une Europe de la Défense avec des armes communes, il semble bien que nous soyons condamnés à dépendre du savoir-faire américain, d'autant que nous ne pouvons envisager de jouer avec la vie de nos soldats.

    Voilà des questions qui mériteraient d'inspirer nos candidats à l'élection présidentielle. Je sais que le MoDem et François Bayrou sont favorables à une Défense européenne, au contraire d'un parti comme le FN qui prône une défense purement nationale. Côté UMP, on chante l'Europe tout en accordant généreusement contrat sur contrat à Dassault. Il n'y a donc pas de stratégie clairement définie à l'heure actuelle, au sein des partis politiques, sur la défense que nous voulons. Avant d'élire un nouveau président, la question mériterait pourtant de s'inviter dans la campagne. La doctrine de chaque parti est d'autant plus indigente qu'elle se limite aux déclarations d'intention : réintégrer ou non l'OTAN, construire ou non une défense européenne, et cetera...Quid des moyens d'y parvenir ? Voilà qui mériterait un exposé et des pistes exhaustives, pourtant !...

  • Diplomatie, culture et défense en temps de rigueur

    C'est une tentation, pour un état fortement endetté, que de ponctionner sévèrement les budgets alloués à la défense et à la diplomatie. Soyons précis : c'est une tentation surtout parmi les démocraties européennes. Pas de guerres à soutenir, pas de statut à maintenir. Ce peut être aussi le fruit d'une pensée primairement anti-militariste (que l'on songe à Éva Joly qui compare la France à la Corée du Nord parce que nous organisons le défilé de nos forces le jour de notre fête nationale...).

    Quand je considère la France, j'ai beau y réfléchir, je ne vois pas comment nous pourrions abaisser les crédits dont dispose notre armée nationale. Si nous voulions faire de grosses économies, il faudrait toucher à de gros postes budgétaires. On pense tout de suite à nos porte-avions, des gouffres financiers. L'inconvénient, c'est que se priver de porte-avions, c'est se priver de la possibilité d'amener une partie de notre aviation dans toutes les régions du monde. Je ne suis pas convaincu que des avions à longue portée (existent-ils seulement ?) puissent suppléer l'absence de porte-avion.

    Je crois qu'il faut également bien réfléchir au type d'interventions armées que nous voulons mener. La guerre en Libye coûte cher. Certes. Mais elle ne fait aucune victime civile. A ce stade-là, c'en est même miraculeux. C'est que l'aviation française (mais aussi britannique) utilise des bombes-laser d'une extrême-précision et obéit à des règles d'engagement très strictes. Ces bombes coûtent très cher ; mais elles touchent leurs cibles, pas ce qu'il y a à côté. Des guerres à zéro mort, cela a un coût, et ce coût, il pme paraît nécessaire de le supporter. La suite logique, d'ailleurs, ce sont les drones : coûts astronomiques, mais efficacité sans égale. Ils s'amérioreront toujours plus.

    Bref, il ne faut pas toucher à nos capacités opérationnelles, parce qu'elles sont au service de notre diplomatie, si maigres soient-elles au regard de nos ambitions.

    Dans le domaine diplomatique, c'est, je le pense, la culture qu'il faut promouvoir par-dessus tout. Or, les centres culturels et les écoles françaises sont les premières victimes de la rigueur, en règle général. Nous devrions à mon avis leur assigner des missions culturelles stratégiques : toucher les élites des pays où ils sont implantés, populariser la culture française, dispenser des cours de langue au plus grand nombre de personnes possible. C'est un domaine où il ne faut pas lésiner. Je pense également qu'il ne faut pas faire l'effort de se replier sur la seule francophonie. Nous avons complètement abandonné tout effort de pénétration culturelle et linguistique chez nos voisins européens. C'est pourtant là qu'il faudrait mettre le paquet, de même qu'en Amérique. Pour que le monde parle français, il faut que les décideurs et les élites pensent "en français". Il faut donc avoir une stratégie audacieuse et agressive de pénétration linguistique et culturelle au sein des élites mondialisées.

    Cela suppose de ne pas placer des ânes ignares qui méprisent la culture française comme le socialiste Pascal Lamy  qui considèrent le combat sur la francophonie comme un combat d'arrière-garde à des postes à responsabilité. Cela suppose aussi de recentrer nos aides et nos cadeaux à l'étranger vers la diffusion de notre culture (quel intérêt de financer un centre culturel au Chili, n'est-ce pas Monsieur Husson, sauf à ce qu'il bénificie d'une implantation culturelle du français sur place, mais ce n'est pas le cas...).

    Bref, il faut avoir une stratégie et nous ne l'avons pas. C'est une dimension à laquelle François Bayrou semblait sensible en 2007 que le MoDem pourrait ajouter dans son programme politique pour 2012.

  • france.fr versus La Défense

    Profond soupir de désespoir...J'avais appris avec satisfaction que la France se décidait enfin à créer le site france.fr, futur portail de la France pour les Français et les étrangers. Devinez ce qu'il s'est produit dès le jour de son lancement...

    Parce que France.fr est victime de son succès, le nombre très important de visiteurs nous contraint à augmenter la capacité de nos serveurs. Quelques perturbations dans la visite du portail dans ses 5 langues peuvent donc survenir, l'équipe de France.fr vous prie de l'en excuser. Tout sera rétabli au plus vite, merci de votre patience !

    Mais c'est pas possible : quelle bande d'amateurs ! La France est la première destination touristique du monde en valeur absolue : entre 70 et 80 millions de visiteurs chaque année. C'était évident que le site france.fr allait faire l'objet d'un nombre de visites conséquent.

    Ah, ça la fout mal pour une mise en route un 14 juillet, franchement. Bravo pour l'image donnée de nos savantes équipes numériques...

    Tiens, le Ministère de la Défense m'avait convié précisément mardi à un petit déjeuner festif afin de me présenter son nouveau site. Les joyeux copains de france.fr devraient prendre exemple. Voilà un site opérationnel qui a fonctionné de suite sans anicroche.

    Bon, évidemment, il ne faut pas s'attendre à des révélations sur le site, mais il a le mérite de couvrir tout le spectre d'intervention de nos forces militaires et d'offrir des données précises et complètes.

    Dans la catégorie Actualités, je recommande en particulier l'onglet Analyses en bas à droite qui devraient certainement intéresser nos amis blogueurs experts en géostratégie...

  • Désengagement militaire, Bayrou l'avait dit...

    Je viens de lire à quelques heures d'intervalle l'entretien d'Hervé Morin (Ministre de la Défense) dans l'Itinérant n°472. Il y annonce clairement l'objectif de passer de 13 000 hommes à 10 000 hommes en opérations extérieures et d'économiser ainsi jusqu'à 150 millions d'euros. Tiens, amusant, cela me rappelle exactement ce que Bayrou a dit en avril 2008. Je le cite :

    «Dans les circonstances budgétaires que l’on nous annonce, et auxquelles les décisions de gestion du gouvernement prises dès le début de son mandat, nous contraignent plus que jamais, il ne sera pas possible de maintenir des hommes sur des théâtres d’opération aussi divers que le Kosovo (2000 femmes et hommes), la Côte d’Ivoire (2400), le Liban (1500), le Tchad (1100), bientôt le Darfour (2000), le détroit d’Ormuz (au moins 500), et l’Afghanistan (2900) ! Un homme sur le terrain en raison de la règle des trois tiers, service, préparation, repos, oblige à la mobilisation de trois hommes. Ce sont donc si je compte bien presque 40 000 personnels de nos armées qui sont ainsi requis, avec les questions de logistique, d’équipement, d’armement qui se posent et qui suscitent vous le savez, dans leurs rangs, bien des débats. La multiplication de ces interventions n’a jamais été à portée des armes de la France, et en tout cas ne le sera pas dans l’avenir. Il y a comme un divorce entre ces interventions tous azimuts et les moyens qui sont ceux de notre armée. Ce divorce posera des problèmes considérables.»

    Il y eu un débat à l'Assemblée Nationale le 28 janvier dernier, à propos des Opex. Or, j'y ai lu avec attention l'intervention de Philippe Folliot au nom du Nouveau Centre. Il conclut en annonçant le soutien du Nouveau Centre à «la prolongation de l’intervention des forces armées en Côte d’Ivoire, au Liban, au Tchad et en République centrafricaine». Il a précisé qu'il était favorable aux réductions d'effectifs là-bas.

    En Côte d'Ivoire, Hervé Morin, dans son entretien avec l'Itinérant déclare qu'il ne juge pas utile de «maintenir un tel niveau». Au Tchad, il annonce un toilettage des effectifs.

    Ce que je retiens des débats, finalement, c'est que sur le fond, la France n'a plus les moyens de se maintenir en Afrique, mais qu'elle le fait tout de même pour sécuriser les zones du continent, du moins, là où elle est présente. Ce qui est fâcheux, c'est que sa présence ne se fait presque jamais avec l'aval des institutions internationales. Pour certains députés (essentiellement ceux de la majorité) la lenteur de l'ONU dans les situations d'urgence en est la cause.

    Pour ma part, je pense qu'il faut en finir avec la Françafrique, que rien n'a remplacé actuellement, faute de mieux, mais qu'il ne faut pas prendre le risque de laisser un vide à la place. C'est d'ailleurs sans doute ce qu'ont craint non seulement les Français mais plusieurs autres États Africains jusqu'ici.

    J'ai noté dans ce débat parlementaire deux observations qui me paraissent essentielles. La première d'Axel Poniatowski qui s'interroge sur l'implication des États Européens dans leur défense :

    «La France, la Grèce, la Pologne et le Royaume-Uni consacrent chaque année environ 2 % de leur PIB à la défense, alors que les autres pays de l’Union européenne restent tous en dessous de la barre de 1 %. Il faudra engager tous nos partenaires européens dans une réflexion approfondie, sans tabou, pour examiner quelles ressources supplémentaires ils sont prêts à accorder à la défense des intérêts européens, qui sont les leurs

    Et puis celle de Jacques Myard, bien que je ne partage pas ses conclusions :

    «Pour paraphraser Churchill, l’Afrique est malheureusement devenu le « ventre mou » de l’Europe et de la France, qui subiraient directement les conséquences d’une déstabilisation de ce continent. En effet, comment maîtriser les flux migratoires si les pays d’émigration connaissent des troubles incessants ?»

    Je ne suis pas du tout convaincu que la France prenne un grand plaisir à être présente en Afrique. Je pense que c'est une charge à tous points de vue pour elle. Il est grand temps que l'Europe s'empare de la question et remplace la France. Nous ne pouvons plus, surtout avec la crise, supporter indéfiniment de tels coûts  seuls. Et puis cela ne peut plus être de la responsabilité exclusive de la France, a fortiori quand c'est à demi-décidé par la seule présidence de la République (il y avait certes un débat en assemblée, mais avec bien trop peu d'éléments et dans la hâte, et puis il ne s'agit que de débattre de la prolongation d'opérations militaires déjà en cours).

    Il y a un pas qui n'est pas facile à franchir et que j'aurais aimé voir abordé lors de la présidence de l'Europe par la France, c'est la passation de pouvoirs entre la France et l'Europe. Et il faudra bien un jour parler également du siège français au Conseil de sécurité et de la dissuasion nucléaire. Il faut tenir le temps que l'Europe soit prête à les récupérer, mais je crois qu'à terme, nous n'avons plus la puissance nécessaire pour tout cela. Nous avons trop de  problèmes, trop de difficultés à régler dans notre propre pays.

    Il me semble qu'il faudrait se concentrer sur les points les plus chauds et les plus importants pour la sécurité du monde : frontière Pakistan-Afghanistan en priorité et Darfour où personne ne fait rien et où les morts s'accumulent par centaines de milliers. Je ne dis pas, bien sûr, que le reste n'est pas important, mais soyons réalistes : le matériel militaire est en mauvais état, nos dettes s'accroissent, notre industrie est en plein marasme. Nous n'avons plus les moyens d'être présents partout. Pas à ce coût-là, en tout cas.

    J'ajoute une dernière chose à propos de l'OTAN : ce n'est pas la France qui doit la réintégrer, quand bien même les Russes considéreraient la France comme un contre-poids à l'Amérique, mais l'Europe comme bloc cohérent. L'OTAN ne devrait pas être une alliance des USA et de divers pays Européens, mais une alliance à deux têtes, l'une Américaine, l'autre Européenne. Une telle alliance n'est pas possible tant qu'une défense européenne n'est pas construite. Le chemin sera long...beaucoup de pays européens se satisfont très bien de la situation et regardent d'un sale oeil un éventuel accroissement de leurs dépenses militaires pour assurer leur sécurité. Et même quand ce n'est pas le cas, un certain nombre d'entre eux ne croient qu'au leadership américain, tout simplement parce qu'il s'est montré efficace pendant un demi-siècle en Europe...

    La quasi-invisibilité européenne en Bosnie dans les années 90 n'a pas amélioré les choses...

     

  • Armée : la mise en garde de Philippe Nogrix

    nogrix.jpgPhilippe Nogrix, Sénateur UDF-MoDem, est, entre autres, un spécialiste des questions militaires. En novembre 2007, il présentait au nom de la commission des Affaires étrangères du Sénat ses analyses sur le budget consacré à la préparation et l'emploi des forces militaires, dans le projet de loi de finances 2008. La conclusion de son rapport me paraît particulièrement d'actualité à l'heure où le gouvernement a choisi de sévèrement réduire les effectifs militaires.

    La voici :

    Les crédits de fonctionnement courant des armées constituent la principale variable d'ajustement du budget de la défense : leur compression ne suscite pas d'effets négatifs immédiats, à la différence de ceux affectés aux personnels, et ne semble pas affecter l'avenir, contrairement à ceux consacrés à l'équipement.

    Or les effets d'un budget de fonctionnement courant insuffisant sont insidieux, et ne révèlent leurs potentialités négatives qu'avec retard.

    Cet effet « retard » entraîne deux conséquences majeures : il contribue à une démoralisation des personnels, sans être toujours clairement identifié. Pourtant, le fait de travailler, de s'exercer, de résider dans des locaux insuffisamment entretenus, dégradés, ravaudés avec des « bouts de ficelle » pèse indéniablement sur l'image que le ministère de la défense donne de la mission qui lui est confiée par la Nation, et aussi sur les personnels qui y concourent.

    De plus, les financements requis par une rénovation s'effectuant au terme d'une trop longue période de délaissement s'en trouvent considérablement accrus.

    La qualité de l'entraînement, qui est la meilleure « assurance-vie » du combattant, peut être également affectée par des financements trop « justes » en carburant, en munitions, voire en tenues.

    Moi, j'ai entendu que nos soldats en Afghanistan manquaient des moyens nécessaires pour pouvoir identifier et se protéger des mines et explosifs associés...

    Le bon déroulement de ces exercices peut être entravé par la pénurie financière qui touche souvent les petits programmes de cohérence dont l'impact semble infime au regard de celui des équipements majeurs. Mais les chars, les bâtiments, comme les aéronefs de dernière génération technologique requièrent, pour fonctionner, un approvisionnement continu en pièces de rechange.

    Quand je pense que Philippe Nogrix a rendu son rapport en novembre dernier...Prémonitoire à tous points de vue pour qui a lu le Canard Enchaîné ces deux derniers mois : 50% de notre matériel militaire est hors-service, et une opération de sauvetage d'otages français a bien failli capoter parce que nos navires tombent en panne...

    Il y a donc à la fois une facilité et un danger à sous-estimer ce type de crédits, d'autant que les armées se sont attachées, parfois de leur propre initiative, à mutualiser leurs besoins et leur gestion depuis la professionnalisation pour en réduire les coûts.

    Les coûts élevés requis par le MCO des matériels modernes, notamment aéronautiques, ont été reconnus, et des structures ont été mises en place (SIMMAD, SIAé) pour concilier impératifs industriels et maîtrise des financements.

    En revanche, le recours à la location de services pour assurer des fonctions annexes au métier militaire, comme l'entretien des locaux et des espaces verts, leur gardiennage éventuel, le transfert des personnels, l'entretien de leurs tenues, semblait économiquement et fonctionnellement raisonnable, avec la professionnalisation des armées.

    Leur coût, parfois prohibitif au regard de la qualité du service rendu (constatation qui n'est pas limitée au seul secteur des armées !) pose la question de leur éventuelle réintégration au sein des personnels de la défense.