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école - Page 10

  • Gaza, école bombardée, exemple de désinformation

    Tiens, encore un exemple de désinformation qui m'exaspère. Lu dans le Nouvel Obs :

    «L'agence onusienne chargée des réfugiés palestiniens (UNRWA) a annoncé mercredi être certaine que l'école bombardée mardi par l'armée israélienne n'était pas utilisée par le Hamas pour tirer des obus de mortier. Israël affirme que ses hommes ont riposté à des tirs des militants du Mouvement de la résistance islamique devant cette école de Jebaliya, dans le nord de la Bande de Gaza.»

    Moi j'aimerais bien qu'on se pose quelques questions : est-ce qu'agence onusienne, c'est nécessairement synonyme de fiabilité de l'information ? Comment cette agence peut être certaine de ses affirmations ? ils faisaient le tour du bâtiment en pleine attaque aérienne ? Qu'est-ce qui empêche des tireurs du Hamas de s'être collés sous un porche et d'avoir visé les forces israéliennes en escomptant bien se servir des écoliers comme boucliers ? Et comment les Israéliens pouvaient savoir qu'une école se trouvait à cet endroit précis ? Dans une guerre, on essaie de repérer l'assaillant, on connaît les objectifs stratégiques, les lieux sanctuarisés mais pas forcément le positionnement de toutes les écoles. Cela me paraît évident que l'armée israélienne n'a pas tiré sciemment sur une école. En revanche, les combattants du Hamas qui se sont abrités derrière cette école l'ont fait, eux, sciemment...

    Comme d'habitude, pour démêler le vrai du faux, il faudra du temps, une fois de plus.

  • Halte à la discrimination positive à l'école !

    S'il y a bien une chose contre laquelle je m'élève, dans nos sociétés, c'est bien la discrimination positive. Voilà une forme de sélection encore plus pernicieuse et idéologique que les autres. Le critère social ne doit pas devenir prédominant quand on est à la recherche d'excellence. Or, les grandes écoles vont devoir accepter Pierre, Paul ou Jacques non parce que Pierre, Paul ou Jacques a montré son mérite mais parce qu'ils viennent d'un "quartier" ou d'un "milieu social". Cela m'insupporte particulièrement. Bien sûr, le Français moyen qui n'est ni une élite ni originaire d'un "quartier" ou d'un pays étranger va lui rester sur le carreau.

    Mais peu importe : in fine, si on veut augmenter les chances des étudiants issus des quartiers défavorisés, eh bien on peut par exemple augmenter le nombre ou le montant des bourses pour les étudiants méritants. On nous ressert la vieille bouillie bourdieusiste à la sauce communautariste.

    J'ajoute une chose, et on devrait sa la carrer dans la tête une bonne fois pour toutes : ce n'est pas le rôle de l'école de promouvoir l'égalité. Je n'en veux d'ailleurs pas de cette égalité-là. L'école offre à tous les milieux la possibilité de s'élever socialement. Qu'on lui donne les moyens de fonctionner normalement, mais que l'on ne triche pas avec, notamment quand elle essaie de sélectionner encore un peu.

    Les Grandes écoles, c'est ce qui marche encore dans ce pays : il faudrait les amoindrir en faisant entrer dedans des individus qui ne se sont pas confrontés à la dure mais nécessaire réalité d'un concours pour y entrer ?

    La possibilité de se cultiver d'acquérir des connaissances étendues à peu près gratuitement existe dans nos sociétés : la vraie question, ce serait de se demander pourquoi toute une classe de la population ne met pas à profit cette possibilité. On sait, y compris dans les classes populaires les plus modestes, que les familles dépensent des centaines, voire des milliers d'euros par an en jeux vidéos, play station, x-box, dvds faisandés, sortie à Disneyland et compagnie. La vraie question, c'est de comprendre pourquoi elles jugent ces dépenses prioritaires sur les dépenses de culture. Le jour où l'on pourra y répondre, et commencer à chercher des solutions, peut-être pourra-t-on enfin jeter à la poubelle le concept fumeux de discrimination positive.

    Moi je crois en l'individu, et j'estime que seul le mérite devrait permettre de s'élever. Et ce que j'aimerais appliquer à l'ascension sociale, c'est un concept économique qui m'est cher : la concurrence libre et non faussée. Voilà ce que j'aimerais substituer à la discrimination positive. Et cela me semble plus juste, plus sain et plus honnête.

  • École, la fin du clivage gauche/droite

    Je viens de lire avec un très grand intérêt le billet du Président du SNALC, un syndicat enseignant sur Médiapart : il analyse avec finesse le propos de l'ouvrage de Muriel Fitoussi et Eddy Khaldy "Main basse sur l'école publique". Ces derniers accusent Darcos et Sarkozy de chercher à rétablir une école de type clérical, antérieure même à Ferry. En réalité, avec beaucoup d'intelligence, Bernard Kunz observe que la plupart des réformes proposées par la droite depuis qu'elle est au pouvoir s'inspirent des revendications pédagogiques de nombre de syndicats de gauche, particulièrement le SGEN-CFDT. Le clivage droite-gauche n'est plus opérant car, en réalité, les mêmes individus sont aux commandes de l'Éducation Nationale depuis des années, passant de cabinet en cabinet et de gouvernement en gouvernement.

    Cela fait longtemps que je dénonce cet état de fait sur mon propre blog, et notamment l'alliance entre les recettes pédagogistes et la forme moderne du malthusianisme gestionnaire que Kunz appelle libéral. Pour moi, je n'y vois pas du libéralisme, mais de l'opportunisme et de l'absence de vue à long-terme, tout simplement. Les libéraux ne sont pas bêtes à ce point-là.

    Je ne partage pas l'avis de Kunz sur les talents, car je crois, comme les Marxistes (trop fort, non ? :-D ) à l'éducabilité universelle. En revanche, cette même éducabilité ne me paraît pas contradictoire avec une sélection selon les goûts, les résultats et les efforts consentis de chacun. Une chose est certaine : je me défie tout à fait, comme Bernard Kunz, des thèses constructivistes dans le domaine de l'acquisition du savoir, même si je reconnais qu'elles sont en revanche intéressantes en littérature et en analyse littéraire.

    Il n'en reste pas moins que nous devrions au MoDem, non pas nous aligner sur la doxa de la superstructure pédagogique et du SGEN-CFDT qui s'impose partout mais prendre acte de cette absence de clivage et réfléchir à une alternative nouvelle qui pourrait s'enraciner profondément dans l'esprit de la Renaissance et de l'humanisme.

  • Abdoulatifou ALY interpelle le gouvernement sur l'école à Mayotte

    Aly.jpgAbdoulatifou Aly, député MoDem de Mayotte a interpelé par deux fois Xavier Darcos pour déplorer les conditions dans lesquelles se déroulait l'instruction des jeunes enfants à Mayotte (Questions écrites 31981 et 31982).

    M. Abdoulatifou Aly appelle l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur les conditions une nouvelle fois déplorables dans lesquelles s'est déroulée la rentrée scolaire à Mayotte : déficit d'enseignants et donc absence d'ouverture de certaines classes en école primaire ; manque de matériel dans les établissements ; pénurie aggravée de locaux... Aussi lui demande-t-il ce qu'il compte mettre en oeuvre pour remédier dans les meilleurs délais à cette situation préjudiciable à l'intérêt des élèves et contraire au principe de l'égalité républicaine.

    M. Abdoulatifou Aly appelle l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur la question de la formation des enseignants en école maternelle et élémentaire à Mayotte. Cette formation relève d'un statut dérogatoire au droit commun national : elle est dispensée par un institut de formation des maîtres, qui ne dispose pas, à la différence des IUFM de métropole, d'un caractère universitaire ; le niveau de recrutement théorique y est à bac+2, alors qu'il est à bac+3 sur le reste du territoire national, ce qui a pour conséquence de placer devant les élèves de Mayotte des enseignants qui ne maîtrisent pas toujours les grands savoirs fondamentaux, et notamment la langue française. En outre, l'empilement de statuts différents des enseignants en école maternelle et élémentaire (professeurs des écoles, instituteurs de l'État, instituteurs de la collectivité départementale mis à disposition de l'État, contractuels de l'État, contractuels de la collectivité départementale) crée une confusion regrettable et n'est pas propice à un climat social satisfaisant. Cette situation est inacceptable du point de vue de l'égalité républicaine. Elle a pour conséquence d'obérer profondément le développement humain, social et économique de Mayotte. Aussi lui demande-t-il ce qu'il compte mettre en oeuvre pour que la formation des enseignants en école maternelle et élémentaire soit la même à Mayotte que dans l'ensemble du territoire de la République.

  • Où l'on reparle du RASED

    Tiens donc, voilà ce que je lis dans le Figaro d'hier :

    On ignore si le suicide de cette femme, dépressive, a été motivé par des raisons privées ou professionnelles. L'enseignante, mère de deux grands enfants selon le Parisien et le Monde, avait souvent été en arrêt maladie lors de l'année scolaire 2007-2008 et avait repris son poste début septembre. Enseignante spécialisée, elle intervenait auprès de petits groupes d'élèves en difficultés scolaires dans le cadre du Rased (réseau d'aides spécialisées aux élèves en difficulté).

    Ma question est très simple : est-ce que le poste de cette femme faisait partie de ceux dont le Ministre Xavier Darcos a annoncé la suppression hier ?

  • RASED : Darcos en rajoute une couche !

    Dans la France de Nicolas Sarkozy et de son ministre de l'Education Nationale, j'ai remarqué que plus l'on est petit et faible, plus on trinque, au moins à l'école, en tout cas. Le non-regretté ex-ministre de l'Education Nationale, sarkozyste de choc aujourd'hui l'avait annoncé le 02 septembre, sans que l'on n'y prenne garde, si ce n'est quelques syndicats enseignants : le RASED, un réseau de soutien aux enfants en difficulté allait disparaître. Ben oui, avec les deux heures de soutien des enseignants, pourquoi les conserver.

    Parce que bien sûr, l'équation, c'est qu'un instituteur avec deux heures de soutien en petits groupes peut faire le même travail que deux éducateurs et un psychologue avec un jeune enfant en souffrance.

    Darcos vient d'annoncer qu'un quart des RASED seraient supprimés en France cette année.

    Ce qui m'exaspère dans la France de Sarkozy, c'est qu'on s'en prend toujours, et encore aux plus faibles. Qui se soucient de petits qui peinent ? Bah, tant qu'on économise des postes pour payer leurs coûteuses et inefficaces réformes économiques et fiscales...

    J'avais déjà écrit que Darcos en tenait une couche, mais il remet ça. Cette suppression est aussi sans doute le fruit de l'opinion qu'il se fait de la vie intérieure et sociale des jeunes enfants. Pauvre Olivier qui scolarise sa petite Cassandre (un signe du destin ?) : comme il le note à juste titre, les petites sections sont de moins en moins considérées...

  • Darcos en tient une couche !

    J'ai laissé passer la remarque de Darcos sur l'école maternelle faute de temps pour réagir, mais, même avec du retard, je fais tout de même un court billet sur le sujet.

    Estimer qu'il ne faut pas bac+5 pour s'occuper des enfants de maternelle, parce que l'essentiel du travail de l'enseignant serait de changer des couches dénote deux choses :

    1. Un mépris et une ignorance à peu près totale du métier d'enseignant en maternelle.

    2. Plus grave : une ignorance non moins crasse des possibilités de développement du très jeune enfant et de la richesse de sa vie sociale.

    J'ajoute que le second point me paraît très inquiétant : la remarque de Darcos révèle ce qu'il pense sur le fond des tout-petits : en gros des sacs chiasse qu'il suffit de faire dormir de temps à autre, et pour le reste, la nature y pourvoie toute seule...

    Ce ne sont pas seulement les enseignants qui devraient bondir devant les propos outranciers de Darcos, mais tous les professionnels de la petite enfance, en raison de la représentation des enfants sous-jacente ainsi véhiculée.

    Je réagis avec retard, mais je voulais tout de même dire ma profonde indignation.

  • le petit François Bayrou refuse d'aller à la garderie du vilain Darcos

    François Bayrou a estimé jeudi à Bordeaux que l' "idée que l'école maternelle est une garderie" est une "idée d'un autre temps" en soulignant son opposition radicale à ce sujet avec le ministre de l'Education nationale Xavier Darcos. "Je suis d'un avis radicalement contraire à celui de Xavier Darcos", a-t-il affirmé à la presse, en référence aux propos, diffusés sur internet, de l'actuel ministre de l'Education national dans lesquels il pose la question du recrutement des enseignants de maternelle...

    "L'école maternelle, ce n'est pas une garderie, c'est un endroit stratégique pour l'éducation" et "l'idée que l'école maternelle est une garderie est une idée d'un autre temps", a indiqué François Bayrou, en visite à Bordeaux pour soutenir Alain Cazabonne, le candidat du Mouvement Démocrate aux sénatoriales en Gironde.

    Il a souligné qu'au contraire, c'est  au moment de l'école maternelle "qu'on devrait détecter les difficultés des enfants et leur apporter une réponse précoce". "C'est sur cette école maternelle qu'il faudrait faire reposer l'investissement de la nation pour essayer de corriger l'inégalité la pire qui est l'inégalité culturelle", a-t-il conclu.

    Une vidéo, publiée depuis deux semaines sur le site de partage de vidéo Dailymotion et mise en exergue mercredi par le site Rue89, montre une audition, le 3 juillet, du ministre de l'Education devant la commission des Finances du Sénat, sur la scolarisation des 2-3 ans, où il pose la question du recrutement des enseignants de maternelle.

    Moi, ce raisonnement de Darcos à propos de la maternelle, cela m'en rappelle un autre qui concernait la Princesse de Clèves...

  • Trop fort : pour payer Tapie, l'Etat va emprunter...au Crédit Lyonnais !

    Incroyable : là, je me demande où on vit. Lisez donc, lecteurs, cet extrait du compte-rendu de la réunion de la commission des finances de l'Assemblée datant du 03 septembre 2008.

    J'avais déjà cité cette note où Charles de Courson dresse un historique de l'affaire Tapie. Mais là, ce qui est fort du collier, c'est qu'il révèle que l'Etat qui n'a plus d'argent, s'apprête à emprunter au Crédit Lyonnais pour payer Tapie. Je n'y crois pas. Si ce n'était pas tragique, ce serait comique. Il s'y est évidemment opposé, mais en vain. Quant à Bayrou, qui écoutait attentivement l'exposé de Charles de Courson, il était scié sur place...

    M. Charles de Courson : S’agissant des créances privées, l’ensemble des procédures n’est pas achevé. Il n’est donc pas exclu que, au-delà des 10 millions existants, d’autres créanciers privés se manifestent. Je n’en dirai pas plus, pour ne pas nuire aux intérêts de l’État.

    L’État a créé par la loi un établissement public, l’EPFR. Il est propriétaire de 100 % des actions du CDR qui est une société privée. L’État a tous les pouvoirs, mais « les décisions du conseil d’administration de l’EPFR soumises à l’approbation préalable du ministre chargé de l’économie en vertu de l’article 6 de la loi du 28 novembre 1995 susvisée sont : […] celles relatives aux transactions… ». En tout état de cause, la décision du conseil ne pouvait être mise en œuvre par le CDR qu’avec l’accord du ministre. Quelle forme cette autorisation a-t-elle prise ? Chaque fois – lors de la médiation, de l’arbitrage et de la discussion sur le recours en annulation de la sentence arbitrale – j’ai demandé aux trois représentants de l’État s’ils avaient des instructions ministérielles et, si oui, si elles étaient écrites. Ils m’ont répondu : « oui », y compris sur le recours en annulation. Au moment de prendre des décisions très importantes, certains, d’après ce qu’ils m’ont expliqué, ont fait jouer la clause de conscience. Ils ont fait une note au ministre pour lui faire part de ce qu’ils pensaient être conforme à l’intérêt public, mais en lui indiquant qu’ils attendaient ses instructions. Et ils ont appliqué les instructions ministérielles en bons et fidèles serviteurs de l’État. C’est ce qu’ils m’ont dit, il faut leur demander directement, mais ces échanges figurent dans les procès-verbaux que j’ai et qui sont classifiés pour des raisons évidentes. Cela étant, j’ai toujours dit au conseil d’administration que je n’étais pas engagé par la clause de confidentialité puisque je représente le peuple français et que je suis donc responsable devant la seule Assemblée nationale.

    Quand on a discuté de la convention d’arbitrage, sachez que je ne l’ai jamais vue. On nous a dit ce qu’il y avait dedans. Je n’en ai pris connaissance qu’hier, par l’intermédiaire d’une photocopie dont les annexes sont difficilement lisibles. La sentence arbitrale ne nous a pas été communiquée, toujours au nom de la confidentialité. J’ai appelé M. Rocchi, le président du CDR, pour lui en demander copie et – c’est tout de même extraordinaire –il m’a répondu que, pour cette raison précisément, il ne pouvait pas me la donner et que l’État se mettrait en mauvaise position s’il me la transmettait. Il a ajouté dans un sourire qu’elle était depuis deux heures sur le site de L’Express. C’est là que je l’ai lue.

    On m’a aussi questionné sur la façon dont l’EPFR allait payer les quelque 300 millions d’euros puisque la décision est exécutoire. Lors du dernier conseil d’administration de l’EPFR, on nous a demandé si nous étions d’accord pour tirer sur une vieille ligne auprès du Crédit Lyonnais – qui date de 1995 et qui n’a jamais été utilisée –, à un taux très bas, avec un plafond de 300 millions puisque le détail de la somme n’est pas encore connu. J’ai répondu : « Ah, non, ça, jamais ! ». J’ai toujours dit à la commission des Finances – et nous sommes nombreux dans ce cas – qu’il fallait mettre le holà à l’endettement des faux nez de l’État. J’ai donc demandé au président de l’EPFR d’écrire au ministre pour demander une dotation exceptionnelle sur une ligne « frais de justice ». On ne va pas s’endetter pour payer Tapie !

    M. François Bayrou : Finalement, quelle a été la décision prise ?

    M. Charles de Courson : Eh bien, on a décidé de s’endetter ! J’ai été mis en minorité, comme l’explique une note de bas de page du rapport.

    Mais dans quel pays on vit...

    Ah un détail : Bayrou a finement observé que la somme donnée à Tapie correspond à l'ensemble des économies réalisées en supprimant 13 000 postes à l'Education Nationale. Cela laisse rêveur, non ?...

  • Chagrin d'école

    J'ai achevé tout récemment le livre de Daniel Pennac, Chagrin d'école. Un ouvrage qui se veut une anthropologie du cancre, en prenant comme homo erectus cancer l'élève que Pennac a été à l'école. Si l'ouvrage se révèle de prime abord plutôt distrayant, avec des observations souvent de bon sens, il énerve également par sa prétention à édifier un modèle universel de cancre.

    Pennac est convaincu que la cancritude prend sa source dans un même creuset dont il se voit un très (sinon le plus) éminent représentant. En réalité, son modèle de cancre est tout à fait atypique et ne correspond nullement au cas général (un cancre qui dévore de la littérature en 3ème, c'est relativement rare, même si cela existe).

    Souvent, Pennac se fait donneur de leçons, ignorant que les temps ont changé, même s'il affirme l'admettre, et que les élèves cancres idéaux qui s'extasient devant la littérature sont une espèce complètement inconnue de nos bancs d'école de nos jours.

    Ainsi, pour affirmer cela :

    Oui, c'est le propre des cancres: ils se racontent en boucle l'histoire de leur cancrerie: je suis nul, je n'y arriverai jamais, même pas la peine d'essayer, c'est foutu d'avance, je vous l'avais bien dit, l'école n'est pas faite pour moi... L'école leur paraît un club très fermé dont ils s'interdisent l'entrée. Avec l'aide de quelques professeurs, parfois.

    Pennac n'a plus eu depuis bien longtemps des élèves de collège. Ces lieux communs idéologiques, longtemps véhiculés au sein de l'Education Nationale, tant par les pédagogistes que les syndicats, les associations de parents d'élève courroies de transmission du PS, les enseignants encartés ou les inspecteurs en mal de promotion, méritent tout de même d'être un tantinet nuancés.

    J'ajoute que le bulletin qui figure au dos de la couverture est un faux : Assouline avait démonté la supercherie en son temps, et je partage d'ailleurs un certain nombre de ses observations sur la cancritude de Daniel Penacchoni. Quand d'ailleurs, je songe à ce que Pennac dit du Cercle des poètes disparus, dont il pense le plus grand mal, et que je lis qu'Assouline compare Chagrin d'école à une version bien française du dit film, je rigole doucement...