Je viens de lire avec un très grand intérêt le billet du Président du SNALC, un syndicat enseignant sur Médiapart : il analyse avec finesse le propos de l'ouvrage de Muriel Fitoussi et Eddy Khaldy "Main basse sur l'école publique". Ces derniers accusent Darcos et Sarkozy de chercher à rétablir une école de type clérical, antérieure même à Ferry. En réalité, avec beaucoup d'intelligence, Bernard Kunz observe que la plupart des réformes proposées par la droite depuis qu'elle est au pouvoir s'inspirent des revendications pédagogiques de nombre de syndicats de gauche, particulièrement le SGEN-CFDT. Le clivage droite-gauche n'est plus opérant car, en réalité, les mêmes individus sont aux commandes de l'Éducation Nationale depuis des années, passant de cabinet en cabinet et de gouvernement en gouvernement.
Cela fait longtemps que je dénonce cet état de fait sur mon propre blog, et notamment l'alliance entre les recettes pédagogistes et la forme moderne du malthusianisme gestionnaire que Kunz appelle libéral. Pour moi, je n'y vois pas du libéralisme, mais de l'opportunisme et de l'absence de vue à long-terme, tout simplement. Les libéraux ne sont pas bêtes à ce point-là.
Je ne partage pas l'avis de Kunz sur les talents, car je crois, comme les Marxistes (trop fort, non ? :-D ) à l'éducabilité universelle. En revanche, cette même éducabilité ne me paraît pas contradictoire avec une sélection selon les goûts, les résultats et les efforts consentis de chacun. Une chose est certaine : je me défie tout à fait, comme Bernard Kunz, des thèses constructivistes dans le domaine de l'acquisition du savoir, même si je reconnais qu'elles sont en revanche intéressantes en littérature et en analyse littéraire.
Il n'en reste pas moins que nous devrions au MoDem, non pas nous aligner sur la doxa de la superstructure pédagogique et du SGEN-CFDT qui s'impose partout mais prendre acte de cette absence de clivage et réfléchir à une alternative nouvelle qui pourrait s'enraciner profondément dans l'esprit de la Renaissance et de l'humanisme.