Sur le papier, l'affiche est belle : 46 pays représentant 60% de la population mondiale et 60% du commerce international (mais seulement 29% des exportations européennes contre 45% des importations). Mais le 8ème Asian Europe Meeting (ASEM), qui se déroule cette semaine à Bruxelles, a pourtant toutes les allures d'une grand'messe. Puissance invitante, l'Union européenne est en effet incapable de répondre aux deux principales questions de l'ordre du jour : une vraie réforme du FMI, et non un simple ajustement comme ses Ministres des Finances l'ont proposé le week-end dernier, et la relance des négociations climatiques, question sur laquelle les Vingt-Sept n'ont pas encore de position commune. Du coup, la portée symbolique de ce Sommet devrait surtout profiter à la Chine, qui se retrouvera en position de force le 6 octobre pour le Sommet UE-Chine.
Lors du dernier Conseil européen, les Chefs d'État et de gouvernement avaient promis que désormais la « réciprocité » serait le maître mot en matière commerciale. De ce point de vue, avec la Chine, le compte n'y est pas : le secteur du bâtiment, faramineux, est interdit aux étrangers; les marchés publics sont limités (par exemple, sur 22 000 licences de téléphonie, 14 seulement sont non chinoises); le pillage technologique prend des allures de désastre et des firmes aussi importantes pour le commerce extérieur français que Danone ou Alstom en ont fait cruellement les frais; enfin, la Chine est le paradis des contrefacteurs tant et si bien que les deux tiers des produits contrefaits saisis en Europe par les douanes sont d'origine chinoise (85% pour les produits dangereux !). J'ajoute que voir le premier ministre Wen Jibao annoncer à Athènes la création d'un fonds de 5 milliards de dollars pour aider les armateurs grecs à commander des navires à des chantiers navals chinois, n'est évidemment pas une bonne nouvelle pour l'emploi en Europe !
Face à un tel défi, au demeurant prévisible depuis au moins 10 ans, l’Union européenne doit enfin adopter une stratégie digne de ce nom. Les États membres doivent s’abstenir de jouer un jeu personnel qui empêcherait l’émergence d’un bloc européen uni. Cette stratégie serait d’autant plus crédible si l’Europe s’attachait aussi à définir une politique industrielle offensive, dans laquelle la France prendrait toute sa part. Les échanges commerciaux avec la Chine ne peuvent plus continuer de se faire au détriment de notre recherche, de nos brevets, de nos emplois. Poser cette question au prochain sommet UE-Chine montrerait que l’Europe a enfin décidé de ne pas laisser faire, a enfin décidé d’exister.
Marielle de Sarnez, députée européenne
Vice-présidente du Mouvement Démocrate
Membre du Cabinet Shadow, responsable des Affaires étrangères et de la gouvernance internationale
Bon, je protestais contre les mesures prises par le gouvernement américain, il y a peu, mais réflexion faite, après ce que dit Marielle, il va falloir des mesures énergiques...