J'ai écouté avec attention l'intervention de Marielle de Sarnez sur la destination du projet Desert Tec. Pour mémoire, il s'agit d'un projet d'investissement mastodontesque, 400 milliards d'euros, pour construire des panneaux solaires immenses au Sahara, afin d'y capter l'énergie solaire abondante là-bas, et de produire ainsi des quantités massives d'électricité. On pourrait ainsi combler 15% des besoins énergétiques de l'Europe toute entière de cette manière. L'Allemagne est sur les rangs et plusieurs entreprises allemandes se sont constituées en consortium pour envisager des investissements directs là-bas. Comme d'habitude, au demeurant, les Français sont à la traîne, voire absents, sur un projet de pointe. Marielle pose en fait deux questions auxquelles il faut à mon sens apporter une réponse :
primo, est-ce que l'on investit là-bas pour fournir l'Europe, ou pour approvisionner l'Afrique ? secondo, n'y a-t-il pas moyen de générer des investissements en provenance du sud pour le sud, plutôt que spécifiquement européens, ou alors, des investissements solidaires (qu'elle appelle "désintéressés".
Son calcul repose sur l'idée qu'un projet d'une telle ampleur amènerait des pays qui n'y sont pas nécessairement naturellement portés à coopérer. De fait, le Sahara s'étend sur pas moins de dix pays : le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, la Libye, l'Égypte, le Soudan, le Tchad, le Niger, le Mali, la Mauritanie et...le Sahara Occidental à l'existence juridique fort incertaine.
Sacré sac de noeuds en perspective : Algérie et Maroc s'opposent sur le Sahara Occidental, et la Lybie et le Tchad est en proie à l'hostilité de ses voisins immédiats (Lybie, Soudan). De tous ces pays, pas un n'est une démocratie digne de ce nom, le pays le plus libéral en la matière semblant être le Maroc, et le Soudan est l'un des pires repères d'islamistes radicaux du monde...
L'Europe doit diversifier ses ressources d'énergie, mais à choisir entre être dépendant des Pétro-monarchies et de la Russie d'un côté, et les pays d'Afrique du Nord de l'autre, je ne suis pas certain que nous soyons gagnants à dépendre des seconds.
L'autre aspect, c'est qu'il n'est pas pensable d'investir 400 milliards d'euros désinteressés. Les investisseurs doivent y trouver leur compte. Cela dit, il est vrai que le commerce apporte la paix et la croissance pour tous. Un projet Euro-Méditerranéen de cette ampleur a un intérêt évident à cet égard. Bref, projet à suivre de près : l'euro-députée MoDem a tout à fait raison de se pencher sur le sujet.
Commentaires
En vous pencheons sur ce sujet, n'oubliez pas les veritables propriétaires légitimes du Sahara Occidental avec ses richesses el ses resources naturelles: les SAHRAOUIS!
(Le Maroc est un pays qui actuellement ne respecte pas les Droits de l’Homme, qui enfreint de manière constante les résolutions de l’ONU, qui occupe illégalement le territoire du Sahara Occidental spoliant ses ressources naturelles et qui depuis 1991 entrave le droit des Sahariens à réaliser un référendum afin de pouvoir décider de leur future.)
@B.Wg.
Oui, je comprends bien cet aspect du problème : si ce projet voyait le jour, il est clair qu'il faudrait donner un statut au Sahara occidental. Votre problème est le même que celui des Kurdes : si un état sahraoui indépendant voit le jour, tous les états avoisinants vont avoir la trouille que vous revendiquiez un jour une portion de leur territoire...