Je lisais tout récemment la note du Chafouin, sur le blog Pensées d'outre-politique. Et cela m'inspire un certain nombre de réflexions : il est devenu de bon ton, aujourd'hui, de faire porter à Total le chapeau pour toute la misère du monde, et cela m'agace. On parle des super-profits de cette compagnie pétrolière, on l'accuse de profiter, d'être responsable de la hausse des prix, alors qu'elle n'est en aucun cas comptable de la hausse du pétrole.
La réalité, c'est que les pays émergents imitent notre modèle de société de consommation, et que nos dirigeants politiques n'ont absolument rien fait pour réorienter notre politique énergétique, et ce en dépit des avertissements nombreux des économistes et des mouvances écologiques.
Il y a un cynisme et une malhonnêteté impressionnante, au sein de la classe politique, à tomber à bras raccourcis sur cette compagnie pétrolière, qui se contente simplement d'accompagner un mouvement de fond de l'économie mondiale et de nos sociétés.
Ce qu'il faut, et depuis un moment, c'est développer un nouveau modèle énergétique pour nos sociétés gourmandes, et c'est certainement le sens des deux derniers billets de Corine Lepage sur les marins pêcheurs puis la crise pétrolière.
Conclusion : fichons un peu la paix à Total, sauf, évidemment, quand il soutient des régimes pas nets afin de faciliter l'extraction d'hydro-carbures, et concentrons-nous sur le véritable noeud du problème :
Il faut développer les énergies de substitution, or, Peugeot a parié de longue date sur le diesel, en France, et la voiture électrique de Renault se fait toujours attendre. Pendant ce temps, je vous le donne dans le mille, comme je le notais en janvier dernier, un constructeur indien rachète les brevets innovants des inventeurs français... La One Cats sera indienne et sortira sur les chaînes de production de Tata, pas sur celles de PSA ou de Renault.
Les dirigeants de Total ne sont pas idiots. Je suis à peu près persuadé qu'ils ont sous le coude des carburants ou des procédés de substitution. Ils attendent simplement une initiative des pouvoirs politiques en place, et qu'également émerge une demande...
J'ajoute que taxer Total parce que le pétrole augmente, c'est passer haut la main le mur du son de la démagogie la plus avérée. Cela sent la chasse aux Koulaks, vieux réflexe mesquin inspiré de la gauche bien-pensante qui m'insupporte.
Je propose de faire aussi un sacrifice humain quand les intempéries abîment les récoltes, tant qu'on y est. Le raisonnement procède du même mécanisme de pensée.
On peut décréter qu'il faut taxer Total, mais cela doit être au moins pour de bonnes raisons, pas pour des motivations aussi minables que clientélistes. Et puisça suffit, les fantasmes délirants sur les actionnaires de Total. On entend n'importe quoi en France, a fortiori de la part de ceux qui n'ont absolument rien compris aux mécanismes boursiers, mais, en revanche, qui sont les premiers à jouer aux apprenti-sorciers.
Le pompon, c'est not'bon maire, à Paris, jamais en retard quand il faut enfoncer une porte ouverte, accusant Total de se goinffrer, comme il dit...Et Royal n'a pas été en reste en qualifiant les profits de Total de bien collectif. N'importe quoi. Les profits de Total sont les profits de Total.
Au moins, là-dessus, Devedjian et Accoyer ont fait preuve d'un relatif bon sens, en demandant à ce que l'on ne s'acharne pas trop sur cette entreprise.
Bayrou a suggéré une solution à court-terme, en jouant sur la TIPP. C'est la moins pire des solutions, mais, il le reconnaît lui-même, cela ne fonctionne que sur le court-terme. C'est une cautère, pas un remède. D'une part, cela réduit les recettes fiscales, d'autre part, cela marche quand le marché est en proie à des soubresauts, or, là, ils 'agit d'une hausse vertigineuse et continue, que d'ailleurs, les économistes ont annoncé il y a deux ans environ. En réalité, nous sommes dos au mur : nous n'avons pas de choix autre que de changer de modèle énergétique, et, dans un premier temps, réduire notre consommation. C'est ce que soulignait tout récemment François Bayrou lors de la Convention du MoDem sur l'Europe.