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Société - Page 81

  • essence volée et justice en berne

    J'écoutais ce matin même France-Info qui titrait sur un phénomène nouveau : le vol d'essence à la pompe. De plus en plus, des clients indélicats viennent se servir et repartent sans payer. Parfois, les pompistes parviennent bien à relever une plaque, mais comme les sommes sont, au regard de la justice, "dérisoires", c'est à dire de 50 à 100 euros, aucune poursuite n'est engagée  ou elles n'aboutissent pas dans 80% des cas. Et vu le coût d'un avocat ou d'un huissier, les pompistes ne prennent pas le risque d'aller plus loin. Seulement, certains perdent jusqu'à 4 000 euros par an, de cette manière, une somme considérable pour le commun des Français.

    Une fois encore, dans notre pays, justice n'est pas rendue et c'est au délinquant et au mahonnête que l'on donne raison. C'est ce genre de choses qui me met, pour ma part, hors de moi. Et je suis sûr que je ne suis pas le seul. J'en ai assez de cette justice qui légitime le délinquant, épargne les plus gros et écrase les plus petits.

    J'ajoute que une justice inefficace ou absente dissout le lien social dans un pays. Elles sont de plus en plus nombreuses, les victimes qui subissent les injustices de notre prétendue Justice...

  • Amiante, le temps presse !

    9957182a54f8beec446664f7c17a21a9.jpgJean-Marie Vanlerenberghe, Sénateur UDF-MoDem, exhorte le gouvernement à suivre les recommandations de la mission sénatoriale "amiante". Relevant que les éléments existaient depuis 1907 sur la dangerosité de l'amiante, il appelle la France, et donc son gouvernement, à ne pas renouveler l'erreur, notamment avec d'autres produits chimiques de même nature.

    « La mission « amiante » avait identifié plusieurs axes prioritaires de réforme des dispositifs existants.

    Ainsi, plutôt que d'ouvrir le bénéfice de l'allocation de cessation anticipée d'activité des travailleurs de l'amiante, l'ACAATA, à des catégories déterminées de salariés, comme le prévoit l'article 47 de la proposition de loi, la mission a préconisé de compléter le système actuel d'accès à l'ACAATA par une voie d'accès individuelle qui permettrait aux salariés exposés à l'amiante, mais dont l'entreprise ne figure pas sur les listes du FCAATA, de bénéficier néanmoins de la préretraite.

    Dans cette optique, afin d'identifier plus facilement les droits de chacun, des comités de site rassemblant l'ensemble des parties concernées pourraient mettre en commun les informations et témoignages dont ils disposent.

    La mission propose également une revalorisation progressive de l'ACAATA.

    Autre priorité identifiée par la mission amiante, la majoration de l'indemnisation versée par le FIVA, en accordant aux victimes le bénéfice attaché à la reconnaissance de la faute inexcusable de l'employeur. Il s'agirait de désengorger les tribunaux et de permettre au FIVA de consacrer ses moyens aux seuls recours subrogatoires. Mais qu'en est-il de ces recours, madame la secrétaire d'État ? Les fonds peuvent-ils les exercer et la jurisprudence le leur permet-elle ?

    Un point, qui nous semblait aussi capital, est abordé par la proposition de loi, mais pas de manière frontale : il s'agit de la trop forte mutualisation des dépenses d'indemnisation.

    La mission a proposé de mettre de l'ordre dans la mutualisation en définissant une clé de répartition des charges entre l'État et la sécurité sociale.

    Nous proposions que 30 % des dépenses du FCAATA et du FIVA incombent à l'État, ce chiffre permettant de tenir compte de sa responsabilité en tant qu'employeur, mais aussi en tant que puissance publique, puisqu'il n'a pas su prendre en temps utile les mesures de prévention nécessaires.

    Par ailleurs, nous pensons qu'il faut restreindre la mutualisation des dépenses d'indemnisation. La création, par la loi de financement de la sécurité sociale pour 2005, d'une contribution à la charge des employeurs dont les salariés perçoivent l'ACAATA a déjà atténué cette mutualisation.

    Mais nous estimons qu'il faut aller plus loin en individualisant davantage la tarification des accidents du travail et des maladies professionnelles.

    La proposition de loi va dans ce sens lorsque son article 52 prévoit de déplafonner la contribution due par les entreprises ayant exposé leurs salariés à l'amiante.

    Bien entendu, comme les auteurs de ce texte, la mission a aussi formulé une série de propositions visant à protéger les salariés ayant été exposés à l'amiante sans être malades ainsi que ceux qui sont encore exposés à ces produits.

    La proposition de loi prévoit la périodicité annuelle de la visite médicale obligatoire pour tous. Nous n'y sommes pas défavorables, mais nous préconisions plus spécifiquement de renforcer le suivi médical postprofessionnel des anciens salariés de l'amiante afin de détecter plus précocement d'éventuelles pathologies qui lui seraient liées. Nous devons réaliser un important effort d'information en direction des salariés potentiellement concernés.

    La mission allait beaucoup plus loin que la proposition de loi en direction des publics encore exposés. Elle proposait de procéder au recensement national des salariés des entreprises de désamiantage et des bâtiments amiantés, d'établir une liste nationale de tous les chantiers de désamiantage, de réduire les plages horaires journalières d'exposition des salariés concernés, de renforcer la qualification des agents chargés du diagnostic amiante, de renforcer les garanties pour les salariés du BTP travaillant sur les chantiers amiantifères ou encore d'interdire les fibres céramiques réfractaires. Certaines de ces propositions ont été prises en compte, mais il faut poursuivre l'effort.

    Je le disais, l'amiante doit nous servir de leçon. Comme cela est précisé dans l'exposé des motifs de la proposition de loi de Mme Demessine, jamais un tel drame ne doit pouvoir se reproduire.

    C'est pourquoi l'utilisation massive dans l'industrie des produits chimiques dits cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques est des plus préoccupantes.

    Une fois encore, la mission « amiante » avait envisagé la question en proposant l'institution d'une autorisation de mise sur le marché des produits chimiques, mais aussi des produits minéraux, organiques et biologiques, inspirée de la procédure en vigueur pour les médicaments et s'inscrivant dans le cadre du règlement européen REACH, qui vient d'être adopté.

    Ainsi, nous souhaitons que les propositions de la mission « amiante » du Sénat soient prises en compte au plus vite. Elles seront susceptibles de s'insérer dans le cadre d'un droit de la santé au travail rénové en profondeur, auquel votre proposition de loi apporte une contribution intéressante, ma chère collègue.

    Aussi, pour voir se dessiner les contours de cette rénovation structurelle, nous attendons avec impatience, madame la secrétaire d'État, l'avis du Conseil économique et social sur la médecine du travail et l'aboutissement, à l'issue du premier semestre de 2008, des négociations engagées entre partenaires sociaux, ainsi que les conclusions du groupe de travail sur l'ACAATA qui a été mis en place hier.» (Applaudissements sur les travées de l'UC-UDF et de l'UMP, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

  • Sectes : la boîte de Pando...euh, non, d'Emmanuelle

    « je ne les connais pas, mais on peut s'interroger. Ou bien c'est une dangereuse organisation et on l'interdit, ou alors ils ne représentent pas de menace particulière pour l'ordre public et ils ont le droit d'exister en paix »

    Ces paroles, à propos de l'église de la scientologie, cela pourrait être celles de Tom Cruise, et pourtant, c'est Emmanuelle Mignon, secrétaire à l'Elysée qui les a prononcées. 

    Bien évidemment, je regrette que ce soit une représentante de la Présidence de l'Etat français qui se fasse le vecteur d'un tel argumentaire, mais il faut en prendre acte. 

    Je crois que nous sommes dans quelque chose de délicat, et qu'il ne faut pas le prendre à la légère. Emmanuelle Mignon, je le pense, à la fois ne saisit pas ce qu'est la nature profonde d'une secte, et à la fois ignore tous les efforts qui ont été faits pour discerner et nommer le phénomène sectaire. Et au premier chef, le rapport rendu sous la 10ème législature, en décembre 1995, par une commission d'enquête parlementaire.

    Cette commission, d'emblée, a mis en évidence toute la difficulté à proposer une définition de la secte : on peut, pour ce faire, retenir trois aspects.

    • religieux
    • sociologique
    • juridique 

    On pouvait ainsi lire l'avertissement suivant dans le rapport :

    La difficulté de définir la notion de secte, qui sera pourtant utilisée dans la suite de ce rapport, a conduit la Commission à retenir un faisceau d'indices, dont chacun pourrait prêter à de longues discussions. Elle a donc préféré, au risque de froisser bien des susceptibilités ou de procéder à une analyse partielle de la réalité, retenir le sens commun que l'opinion publique attribue à la notion.

     Ce qui ressort du travail de cete commission, c'est que pour circonscrire la notion de secte, il faut se référer à un faisceau d'indices, et non un critère unique qui serait par exemple la liberté de penser ou encore l'ordre public. En ce sens, l'intervention d'Emmanuelle Mignon est complètement disqualifiée parce qu'elle a totalement occulté ce fait, en se contentant d'un argument aussi unique que simpliste.

    Pour savoir si l'Eglise de la Scientologie est une secte, pour ma part, j'applique la grille choisie par la commission, tout en étant conscient qu'elle n'est pas parfaite :

    • la déstabilisation mentale ;
    • le caractère exorbitant des exigences financières ;
    • la rupture induite avec l'environnement d'origine ;
    • les atteintes à l'intégrité physique ;
    • l'embrigadement des enfants ;
    • le discours plus ou moins anti-social;
    • les troubles à l'ordre public ;
    • l'importance des démêlés judiciaires ;
    • l'éventuel détournement des circuits économiques traditionnels ;
    • les tentatives d'infiltration des pouvoirs publics.

    Si Emmanuelle Mignon veut rouvrir le débat, c'est son droit, mais qu'elle n'engage pas l'Elysée, que cela ne regarde pas, et qu'elle s'adresse d'abord aux parlementaires pour en discuter.

    Nombreux sont les mouvements sectaires qui rêvent de se faire requalifier comme minorités religieuses, et, par son discours irresponsable, Emmanuelle Mignon a certainement ouvert une nouvelle boîte de Pandore qu'il sera difficile de refermer. 

     

  • L'affaire du SMS de Nicolas Sarkozy

    Je n'ai pas l'habitude de défendre Sarko, mais sur ce coup-là, ceux qui ont balancé cette info, vraie ou fausse, peu importe, d'ailleurs, parce qu'on s'en fout, sont d'authentiques salopards.

    Cela le regarde, et cela ne nous regarde pas, c'est sa vie, pas la nôtre. En plus, il y a une intention que je juge malfaisante, qui est de saboter son mariage avec Carla Bruni. Je trouve le procédé répugnant, pas même digne du caniveau.

    Le journalisme qui en est là, c'est du journalisme de merde, parce ce que, ce que l'on attend d'un journalisme digne de ce nom, c'est de nous informer sur l'état de la France, les grands sujets de société, les questions politiques, ce qui préoccupe au jour le jour les Français, et à la rigueur certains faits divers, s'ils sont édifiants, gagnent à être connus, et ne portent pas tort indûment à autrui.

    Je suis d'autant plus surpris que ce n'est pas le style du Nouvel Obs de balancer ce genre de merde. Je pense qu'il faut faire consensus pour condamner ces dérives dégueulasses qui essaient de frapper dans l'intime.

    J'ai pour ma part, une conception toute autre de la politique. 

  • Maître Eolas, Antiphon aurait-il pu défendre Jérôme Kerviel ?

    Initialement, ce billet était un commentaire sur une note de Maître Eolas à propos de la partie juridique qui se joue autour de Jérôme Kerviel. Mais apparemment, une insuffisance ou un problème technique ne permet pas à mon commentaire d'apparaître sur son blog en dessous du billet dédié.

    J'ai donc choisi de reproduire mon analyse et ma question ici :

    Merci pour cet intéressant billet, Maître Eolas.
    J'aurai une question à vous poser si vous me le permettez : ce qui compte, dans cette mise en examen, c'est l'accusation de la Société Générale, ou les faits eux-mêmes ?
    Ce que je veux dire, par là, c'est que si les avocats de Kerviel démontrent que des traders ont déjà adopté des comportements similaires à ceux de Kerviel, au sein de la Société Générale, même sur des sommes moins importantes, mais n'ont pas été poursuivis par la SG alors que cette dernière était finalement au courant, est-ce que dans ce cas Kerviel peut être acquitté ? Car il ne saurait, je le suppose, y avoir en la matière, deux poids et deux mesures ?

    Plus précisément, et je vais vous citer un ouvrage fameux dans le domaine du droit et de la sophistique, à savoir les Doubles Discours (à moins que cela soit dans ses Tétralogies, pour autant qu'il s'agisse bien du même homme, ce dont doutent pas mal d'hellénistes experts de l'auteur) du rhéteur, sophiste et pré-avocat grec, Antiphon (un de vos ancêtres, en somme) :
    Finalement, le coupable, c'est qui ? C'est Kerviel, ou bien c'est le marché boursier qui a chuté d'un coup inopportunément alors que Kerviel était d'abord bénéficiaire sur les positions qu'il avait prises ?
    Je cite Antiphon, parce que dans ses doubles discours, il fait acquitter un jeune homme accusé du meurtre, certes accidentel, mais du meurtre tout de même, d'un autre jeune homme : son javelot a transpercé ce dernier au moment où il traversait la piste d'entraînement du gymnase.
    Et notre Sophiste, avec un sens certain de l'éristique et de la rhétorique (la disputatio n'existe pas encore) de démontrer que c'est le javelot qui est coupable, pas le lanceur du javelot...
    Je pense que l'expert en droit que vous êtes a compris mon idée...