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Internet

  • Eh oui...internet, c'est pas la vie réelle...

    Il est instructif le sondage qu'IFOP a réalisé auprès des Français à propos de Dieudonné. On voit qu'il est rejeté à une majorité écrasante par les Français (un autre sondage donne même 84% de rejet). Tous les petits fumiers de tout horizon qui ont soutenu mordicus la raclure l'ont dans le baba. Ils s'étaient crus puissants et majoritaires parce qu'ils faisaient beaucoup de bruit sur les réseaux sociaux mais ils ont découvert qu'ils n'étaient rien.

    Ce phénomène de tapage venteux n'est pas nouveau. Je ne compte pas le nombre de fois où de bonnes âmes sont venues m'expliquer que j'étais un facho, un réac, un gros droitier, lors des cinq années qui sont passées, parce que je ne bramais pas dans le sens du vent et que je n'étais pas politiquement correct quand je m'exprimais sur Israël, sur l'immigration, sur les incidents dans les banlieues ou encore sur l'insécurité.

    C'est ça le microcosme. Microcosme, c'est deux mots grecs : micros, petit, et cosmos, univers. Donc, le microcosme, c'est le petit univers.

    Sur la Toile, les internautes vivent dans un petit univers. Ils croient représenter le monde entier, mais ils ne sont qu'eux-mêmes. Vous allez voir des myriades de commentateurs qui vont venir vous agonir de tous les noms sur votre mur, en commentaires, sur un fil twitter, et vous allez vous croire seul au monde. Mais une fois les Français sondés, vous allez découvrir qu'en fait, ils sont nombreux à penser comme vous, et que la minorité, ce sont les gueulards qui vous ont dans le pif.

    Je n'ai jamais bêlé avec les moutons et je crois adopter parfois des positions difficiles. S'en prendre systématiquement aux Roms, ça m'agace. Faire des femens des extrémistes au même titre que les antisémites et les racistes, c'est fallacieux, une extrapolation mensongère qui repose sur l'invention de "phobes" en tout genre. De même que décréter que la France est islamophobe, c'est ridicule, alors que l'Islam politique ne cesse de renvoyer des signaux désastreux à l'ensemble du monde depuis une trentaine d'années. Ceci ne signifie pas pour autant qu'il faut interpeller l'Islam tous les quatre matins, et on peut comprendre que les Musulmans finissent par être un tantinet lassés. Et il n'y a pas davantage de christianophobie. Ce n'est pas moins ridicule. Dans un autre registre, ne pas vouloir admettre la sur-représentation de l'immigration dans l'insécurité, c'est une malhonnêteté absolue qui n'amène rien de bon. Mieux vaut tenter d'en comprendre la raison. Tiens, ça me rappelle les nombreuses pleurnicheries sur les deux jeunes de Villiers le Bel : ce qui m'avait frappé, perso, c'est surtout le délit de fuite, que tout le monde semblait avoir éclipsé et clairement à l'origine de leur mort alors qu'on cherchait des poux à des agents de police qui ne faisaient que leur boulot.

    Je ne vais pas continuer à énumérer des prises de position non-conformes au sein du microcosme : je me réjouis simplement de voir que des avis en apparence isolés sur la Toile trouvent un écho bien plus important au sein du peuple réel.

  • Dragons of Atlantis, compassion pour le Japon

    A mes heures perdues, je me livre à un vice commun sur la Toile : le jeu. Pas un jeu d'argent, mais un vulgaire jeu de stratégie, de gestion et de guerre, assez peu sophistiqué, au demeurant. Comme il est possible d'y constituer des alliances, l'esprit de camaraderie, le goût partagé pour son caractère ludique, compensent son absence de développement et de possibilités. Dragons of Atlantis fait partie de ces nombreux applets qui foisonnnent sur facebook.

    L'équipe de développement a néanmoins eu une idée originale, tout récemment, en réaction au séisme et à la catastrophe nucléaire qui frappe le Japon. En temps normal, on peut acheter tout une série d'articles servant à implémenter le jeu en payant en "rubis", pierres virtuelles que l'on achète à prix d'or en faisant chauffer sa carte bleue.

    Or, parmi les articles en question, j'en ai découvert un d'un nouveau genre : le Coffre de Compassion. Il donne droit à quelques tickets de loterie ainsi qu'à quelques menus dispositifs de jeu, mais surtout, l'argent versé pour son achat est intégralement reversé à la Croix Rouge pour le Japon. Bref, une invitation à joindre l'utile à l'agréable. Je trouve le principe intelligent et bien pensé.

    Je signale sinon que la Croix-Rouge française dresse un état des lieux de la catastrophe au Japon et a mis un formulaire de don en ligne. C'est peut-être mieux que ce que j'ai fait lundi dernier, parce qu'en donnant directement à la croix-rouge japonaise, je pense que je me suis grillé pour la réduction d'impôt.

  • Mort sur le Web

    J'ai écouté la chronique de Guy Birenbaum sur Europe 1 à propos de ce jeune américain qui a été filmé à son insu dans ses ébats amoureux avec un autre homme.

    Guy Birenbaum semble acquitter Internet de toute responsabilité dans cette histoire particulièrement sordide. Tout en considérant que la  justice américaine doit cartonner la gueule de Dahrun, le salopard qui a filmé et balancé tout cela sur la Toile, et bien faire la promotion des longues années qu'il va passer dans une prison américaine, je ne dédouanerai pas aussi vite le Web.

    En fait, je partage pleinement l'avis de Jean-Pierre qui s'est exprimé à ce sujet sur son blogue. Certes, Internet ne peut être tenu pour comptable de cette mort, mais sans Internet, elle n'aurait pas été possible, non parce que Internet est le mal, mais parce qu'Internet est avant tout un accélérateur phénoménal, capable de diffuser et faire tourner une information, concernât-elle un individu ou un État à une vitesse vertigineuse.

    Ce n'est pas Internet qui choisit l'information qu'il véhicule, ce sont les gens qui sont dessus, et comme l'observait Birenbaum, rien ne pourra faire obstacle à la bêtise et à la méchanceté humaine en action. 

    Rien certes, mais Internet, en revanche, lui offre un effet démultiplicateur. Quintessence du media, Internet permet tous les croisements : du suicide sordide à la cyber-attaque d'un état vers un autre pour mettre hors-service ses installations nucléaires, puisqu'il semble bien qu'Israël soit derrière les "légers" soucis et dysfonctionnement qui frappent le matériel iranien depuis quelque temps...

    Pour revenir à ce que dit Jean-Pierre dans son article, avec l'avènement des réseaux sociaux, virtuels rappelons-le, nous nous sommes tous créés une personnalité numérique. Or, cette personnalité a beau être virtuelle, elle n'est pas pour autant invulnérable, même si elle nous en donne le sentiment. C'est cette scizophrénie là que nous payons cash quand elle est attaquée.

  • Internet, un bistro ?

    Dans son dernier billet, Bruno Roger-Petit s'émeut de la fermeture annoncée du blog de Jean-François Kahn et déplore la fin des bistrots que l'Internet moderne n'a jamais remplacé. Comparant l'ancienne et la nouvelle institution, il conspue les tombereaux de haine que charrie la seconde, toute de noir et de blanc. Bruno Roger-Petit fait à mon avis une première erreur : c'est le public spécifique des commentateurs de blogues politiques, littéraires ou encore économiques qu'il vise en priorité. Or, ce public-là n'est pas représentatif de la population des bistrots, ni de ceux d'aujourd'hui, ni de ceux d'hier. Il y a un expert des bistros sur la blogosphère, mais c'est un OVNI.

    La population qui peuple les fils de commentaires de la Toile, sur les blogues, la presse officielle ou ailleurs est avant tout symptomatique des intellectuels que Schumpeter décrit dans son atmosphère sociale et intellectuelle du capitalisme.

    « Les intellectuels sont effectivement des gens qui manient le verbe écrit ou parlé et qui se différencient des autres écrivains ou orateurs par le fait qu'ils n'assu ment aucune responsabilité directe en ce qui concerne les affaires pratiques. Cette dernière caractéristique en explique une autre : l'intellectuel, en général, ne possède aucune des connaissances de première main que fournit seule l'expérience. Une troisiè me caractéristique consiste dans l'attitude critique de l'intellectuel, déterminée à la fois par sa position d'observateur - et même, dans la plupart des cas, de profane (outsider) - et par le fait que sa meilleure chance de s'imposer tient aux embarras qu'il suscite ou pourrait susciter. Profession de l'individu sans profession? Dilettantisme professionnel? Gens qui parlent de tout parce qu'ils ne comprennent rien?  »

    Mais alors ? Si nombreux sur la Toile ces intellectuels ( généralement de second plan, au demeurant) ?

    Schumpeter a l'explication une fois de plus :

    La surproduction des intellectuels peut créer des incapacités de travail d'un type particulièrement déconcertant.L'homme qui a fréquenté un lycée ou une université devient facilement psychiquement inemployable dans des occupations manuelles sans être devenu pour autant employable, par exemple, dans les professions
    libérales
    . [...].
    Par ailleurs,
    tous ces bacheliers et licenciés, en chômage ou mal employés ou inemployables, sont refoulés vers les métiers dont les exigences sont moins précises ou dans lesquels comptent surtout des aptitudes et des talents d'un ordre différent. Ils gonflent les rangs des intellectuels, au strict sens du terme, c'est-à-dire ceux sans attaches professionnelles, dont le nombre, par suite, s’accroît démesurément. Ils entrent dans cette armée avec une mentalité foncièrement insatisfaite.

    Parierons-nous que ce sont eux que nous retrouvons sur la Toile ? Il faut terminer de lire le billet d'origine, et, idéalement, consulter Capitalisme, Socialisme et Démocratie (chapitre XIII, 2) pour achever le raisonnement et bien comprendre quelles relations ces individus entretiennent avec le capitalisme, au demeurant.

    Pour revenir à Bruno Roger-Petit, ne ratons toutefois pas une occasion de l'égratigner : pour quelqu'un qui se plaint de cet univers électronique bicolore, j'ai souvenir d'avoir lu une association de la ligne éditoriale de Marianne au Vichysme simplement parce que le magazine s'interrogeait sur la manière dont la France pouvait gérer son immigration et avait repris entre autres l'un de mes billets sur le permis à points et l'immigration.

    Je l'ai dit quand j'ai évoqué Jessi, Internet est une formidable caisse de résonance. Après, les échos qui se démultiplient n'ont pas forcément l'heur ni l'amabilité de le faire de manière cohérente. On ne peut pas bloguer si l'on n'est pas capable de supporter le vacarme, corrélat immédiat du succès d'estime. Le vacarme est d'autant plus fort que personne ne peut vraiment dire chut à quelqu'un qui éructe dans un commentaire ou un billet (je ne me prive d'ailleurs pas moi-même d'éructer de temps à autre...).

    Évidemment, un bistro, c'est bien pratique : on peut jouer à l'anthropologue et quitter les lieux très content de soi, avec le sentiment de plénitude que donne la certitude d'être christiquement descendu parmi le populo. Sur Internet, il en va autrement : on est aux prises avec son semblable, et il n'existe rien tant de plus insupportable pour un intellectuel qu'un autre intellectuel...

    In fine, ce n'est pas la France que révèle Internet, contrairement à ce que titre Bruno Roger-Petit, mais son lumpen-intellectuariat ! En outre, je ne crois pas que «finissent par s'imposer, comme dans la vie publique, les «dynamiteurs, pollueurs, obsédés et allumés».

    Regardons les divers classements de blogues çà et là, si je veux bien admettre qu'il y a quelques excités, mais dans l'ensemble, ce sont surtout des gens raisonnables et pondérés qui battent le haut du pavé.

  • Jessi, dun goofed up, Jessi, tu t'es fait griller...

    On ne devrait pas laisser de jeunes enfants faire les malins sur internet. Une gamine américaine de 11 ans, Jessi Slaughter, et sa famille l'apprennent actuellement à leurs dépens. Elle a pris l'habitude de se présenter avec sa webcam à n'importe qui, tout en déclarant n'importe quoi à n'importe quel interlocuteur.

    Et puis quand ça a mal tourné, et qu'elle est devenue objet de la risée générale, elle a voulu se rebiffer et faire sa grande en insultant ses correspondants, leur proposant de les flinguer d'une balle dans la tête et leur souhaitant le sida.

    Cela a bien fait rigoler les internautes américains du forum 4Chan.org qui s'en sont donnés à coeur joie avec des fake et des simili-video. Mais le meilleur était à venir : le père (la famille avait été jusque là remarquablement absente) s'en est mêlé et a enregistré une vidéo menaçant les auteurs des fake de représailles policières.

    Explosion générale de rire et franche rigolade sur la Toile. Je ne compte pas les versions pirates et délirantes et remaniées de la vidéo qui ont circulé.

    Voilà, l'histoire pourrait s'arrêter là. Sauf qu'elle n'est pas drôle du tout...Pas drôle parce que la gamine a 11 ans et ne se rend pas compte de ce qu'elle fait, qu'elle a reçu des menaces de mort, qu'elle a du être mise sous protection policière et que l'assistance sociale américaine s'intéresse à la famille, se demandant si l'enfant bénéficie d'une éducation sans carences graves, puisqu'elle a pu ainsi se mettre en danger.

    Pas drôle parce qu'il y a là une famille complètement dépassée, assez symptomatique des rapports que les parents des jeunes générations entretiennent avec l'Internet, et prise pour cible par des railleurs à la moquerie facile.

    Le phénomène buzze sur la Toile américaine et commence à toucher les autres pays. Notre rapport à Internet ne laisse de nous interroger, en ce début de 21ème siècle.

    la Toile est un gigantesque théâtre grec dans lequel tout le monde, y compris à son insu et contre son gré, peut devenir acteur d'un drame en trois actes. Les erreurs s'y propagent plus vite que les analyses éclairées et sont répliquées jusqu'à l'écoeurement par nombre de sites dont la vérification des sources est le cadet des soucis.

    Une fois qu'un site est considéré comme un site de référence, il peut raconter n'importe quelle connerie, tout le monde reprend son information et le cite.

    Dans les écoles françaises on entonne à grand renfort de trompettes et de chartes républicaines la complainte du béni-oui-oui pour "éduquer" les jeunes âmes à l'utilisation d'Internet. On ferait mieux d'y multiplier l'étude de cas concrets au point de devenir des cas d'école.

    Chez les Grecs, on éduquait les enfants encore jeunes avec des légendes et des mythes. L'âge et le maturité venant, on passait aux exercices rhétoriques. Cette habitude sensée demeure relativement vivace en Europe puisque fables et contes tiennent encore une relativement bonne place dans les programmes de l'école primaire et du début du collège, même si l'on n'en tire guère la substantifique moëlle désormais.

    L'histoire de Jessi mérite d'entrer dans la légende et de figurer au nombre des contes modernes. Une sorte de Chaperon rouge de Perrault pour usagers électroniques : l'héroïne, la plus jolie petite fille du village, commet l'erreur fatale de donner au grand méchant loup les coordonnées complètes de sa grand-mère. Le loup file chez la vieille et la dévore. Quand la petite arrive chez son aïeule, c'est le loup qu'elle trouve. Déguisé en grand-mère, il l'invite à prendre place dans son lit : personne, dans le conte de Perrault ne retrouvera l'enfant vivante...

    Cette histoire bien ancienne, puisqu'elle appartient à la tradition orale médiévale résonne d'un bruissement particulier sur nos fils électroniques, et il n'y a pas, cette fois, de frères Grimm qui traîneraient sur la Toile pour inventer une fin heureuse. A méditer...

  • Tiens, v'là l'bon wikio politique de juin, cette fois...

    Et hop, voilà la vrai classement politique wikio du mois de juin 2010, à comparer avec mes propres estimations. Objectivement et sans me flatter, je ne suis pas mauvais, parce que je les ai presque tous et dans un ordre à peu près correct les blogs du wikio. Au fait, l'avez-vous remarqué ? Après avoir rompu avec Marianne2, Reversus s'est retiré également de la base de données wikio. Dommage.

    Y'a des petits (gros) nouveaux : Kahn, NKM, Mélenchon, plus quelques anciens revenus aux avant-postes comme Birenbaum ou Plume de Presse. Plume de Presse, oui, oui, ce blog qui couinait il y a un peu plus d'un anparce qu'il jugeait que le classement wikio ne valait plus rien, ne voulait plus rien dire, et, in fine ne lui rendait pas les honneurs qui lui étaient dûs.

    Avec les politiques et même les journalistes, faut pas escompter des échanges de liens : nous autres, habitués du café wikio sommes bien trop gueux pour un tel "honneur"...

    1 Partageons mon avis
    2 Le blog de Guy Birenbaum
    3 Sarkofrance
    4 Peuples.net
    5 Plume de presse
    6 intox2007.info
    7 Le coucou de Claviers
    8 LES JOURS ET L'ENNUI DE SEB MUSSET
    9 L'Hérétique
    10 Les coulisses de Sarkofrance
    11 Nathalie Kosciusko-Morizet
    12 Tourner la page
    13 Bah !
    14 Les privilégiés parlent aux Français...
    15 Carnet de notes de Yann Savidan
    16 SLOVAR les nouvelles - expressions libres
    17 Lyonnitude(s)
    18 Hashtable
    19 Le Blog de Jean-Luc Mélenchon
    20 Piratage(s)

    Classement réalisé par Wikio

  • Anonymat des blogs, et si Masson avait raison ?

    Généralement, je n'aime pas bêler en choeur avec le troupeau. J'ai donc cherché des éléments objectifs pour soutenir la proposition de Jean-Louis Masson, et je me suis vite retrouvé à un problème de taille : il n'y en a aucun...J'ai beau lire et relire le projet de loi, il n'y a rien à faire, je ne peux pas soutenir ce qu'il propose. Je ne peux pas soutenir la proposition de loi, mais je n'en pense pas moins que son exposé des motifs est, jusqu'à un certain point légitime. Sur le fond, Jean-Louis Masson s'inquiète de la permissivité généralisée sur la  Toile, qui permet à tout un chacun d'exprimer n'importe quelle opinion, y compris au détriment d'autrui. Son erreur, je pense, c'est de croire que l'anonymat soit la clé de cette profusion délirante d'attaques parfois les plus basses.

    La véritable difficulté, c'est l'addition dévastatrice de l'immédiateté et du sentiment de toute-puissance. Sentiments de toute puissance et d'impunité qui favorisent les dérapages. Sauf que, comme le notent très justement Reversus et Piratages, ces dérapages ne se font pas tout seul, loin de là. Ce sont les médias traditionnels qui relaient, la plupart du temps, l'information venue de la Toile sans avoir pris la peine d'en vérifier la véracité.

    Les blogues ne sont d'ailleurs qu'un média parmi tant d'autres ; de fait, il est sans doute plus aisé d'identifier un blogueur qu'un profil facebook bidon ou tout autre chose de ce genre.

    A vrai dire, quand je me représente la Toile, je songe souvent à l'image fameuse de Platon dans la République, divisant l'âme en trois. S'il fallait matérialiser sa tripartition, l'esprit serait un petit homme, le coeur un lion, et les désirs, les ἐπιθυμίαι, une sorte d'hydre à mille têtes. Lieu de tous les fantasmes, de tous les délires, de tous les théories et complots, la Toile alimente l'imagination de ses acteurs au moins autant que celle des lecteurs qui viennent y puiser de l'information brute.

    La Toile est l'Hydre aux mille têtes de la République. Que l'on en tranche une et une autre repousse ailleurs. Pour Platon, chaque partie de l'âme possédait une vertu qui lui était propre : la sagesse pour l'esprit, le courage pour le coeur et...la tempérance pour le désir.

    Je ne sais pas si Jean-Louis Masson est platonicien, il faudrait le lui demander. Mais platonicien ou non, je suis à peu près persuadé que l'intempérance exubérante qui s'empare régulièrement de la Toile n'a pas fini de le heurter.

    Tenter de museler la Toile est aussi vain que d'envisager de récuser la tripartition de l'âme. Finalement, qu'importe si Jean-Louis Masson a tort ou raison. Ce qu'il propose n'est tout simplement pas faisable. Le petit homme peut s'armer d'une épée et d'un bouclier, et, accompagné du lion, il peut trancher la tête de l'hydre quand elle s'approche de trop près, mais il ne peut en aucun cas enfermer, a fortiori détruire l'hydre.

    Plutôt que de chercher à encadrer Internet, mieux vaut définir des zones rouges dans lesquelles les têtes de l'hydre n'ont pas droit de cité et où elles seront implacablement tranchées.

    Il me semble que c'est ce que la loi spécifie déjà.

    En réalité, bien loin d'inquiéter l'hydre, Jean-Louis Masson a juste réveillé une tête assoupie, et,  pour en comprendre la nature, je laisse la parole à Reversus et Piratages qui concluent ainsi leur billet :

    Finalement J.L Masson répond involontairement à une aspiration inassouvie, la quête d’influence. Un fantasme qui perdure depuis des années auquel cette loi répond de la plus belle manière. La blogosphère se réjouit, si le pouvoir se met à craindre les blogueurs, c’est qu’ils ont donc une influence, une légitimité. Le web ayant pour vocation de devenir tôt ou tard le lieu central du débat public…

  • Nos blogues politiques peuvent-ils convaincre ?

    Luc Mandret signale une très intéressante étude sur Internet et la politique. A propos des blogues politiques, 16% des Français ont consulté au moins une fois un blogue de personnalité politique et 11% ont commenté un blogue ou un site d'information politique. Ils ne sont que 1 à 2% à le faire souvent. Je lisais dans les commentaires, chez Luc Mandret, que ceci relativisait l'importance des blogues. Ce n'est pas mon avis : si un blogue peut parvenir à convaincre une personne par mois, il a fait du bon boulot. S'il peut décaler d'un cran en plus ou en moins une opinion positive ou négative sur une personnalité, il a aussi fait du bon boulot. S'il peut contribuer à populariser un problème ignoré de la population, il fait à nouveau du bon travail, et enfin, s'il contribue à faire éclater la vérité ou à la rétablir, il est encore à sa place.

    Si 30% des Français ont une pratique d'Internet, ils sont presque les deux tiers à admettre qu'internet est susceptible de fournir des informations politiques que l'on ne trouve pas ailleurs (de fait, twitter s'avère redoutable, dans ce domaine, suivi par quelques blogues bien informés...). De manière générale, ils sont nettement plus nombreux à penser qu'on peut être plus facilement acteur politique grâce à Internet que l'inverse.

    Il y a donc un potentiel en suspens qui pourrait, au fil du temps, s'actualiser. Si Internet ne fait pas, loin de là, à l'heure actuelle, une élection, c'est une position stratégique indispensable à occuper pour les partis politiques.

    De ce point de vue, la droite, et particulièrement l'UMP, a pris un retard considérable sur la gauche, omniprésente et omnipotente sur la Toile. Le sondage révèle la très forte activité de l'extrême-gauche sur Internet : si elle compte moins de militants en nombre que d'autres forces politiques, ils sont très actifs, notamment sur dans les commentaires.

    Pour ma part, sur ce dernier point, je m'étonne un peu des résultats du sondage puisque je ne vois pas de gros sites ou de gros blogues d'extrême-gauche émerger, à l'exception de Bellaciao. Côté blogues, à part CSP , il n'y a pas grand monde de connu, sauf à compter les décroissants dans le nombre. Soit ils restent vraiment entre eux, soit ils ne font que commenter (par exemple, sur AgoraVox, avec les fachos, il y en a une sacrée tripotée).

    J'ai vu que deux catégories d'âge en particulier avaient une pratique politique au moins sur Internet : les 18-24 ans et 34-35 ans. Deux catégories favorables au MoDem et à Bayrou.

    Les 50-64 ans, au contraire peu favorables au MoDem sont également très bien représentés, avec 24% d'entre eux qui ont deux pratiques politiques ou plus de la Toile. Je m'explique, pour ma part, cette présence, par la prégnance des cadres supérieurs dans cette catégorie. D'ailleurs, dans les 35-49 ans, ils sont 18%. Les deux scores les plus élevés toutes catégories confondues. Or, les cadres supérieurs et les professions libérales ont une forte propension à chercher à s'informer. Il leur est donc plutôt naturel de passer par Internet pour le faire. C'est, du moins, mon interprétation de ces chiffres. On trouve dans la catégorie 50-64 une très forte proportion d'hommes : il me semble que cela correspond aux évolutions de carrière et aux différences que l'on constate justement entre hommes et femmes en France...

  • Blogues et réseaux sociaux, ce que ne comprennent pas les politiques

    La campagne régionale s'achève à peu près sur la Toile, et je me fais amèrement la réflexion qu'on ne peut décidément pas faire comprendre à notre classe politique comment fonctionnent Internet, les blogues et les réseaux sociaux.

    Ils n'ont toujours pas compris que cela ne nous intéresse pas, nous autres internautes, qu'ils nous fassent l'agence de presse de leurs déplacements, invitations et passages dans les médias. Ça, on s'en fout.

    En revanche, le fait qu'ils ne répondent jamais ou presque aux e-citoyens qui les interpellent me laisse souvent la désagréable impression d'être considéré comme un gueux ou dans le meilleur des cas, de la piétaille juste bonne à tracter.

    Même chez ceux qui sont engagés de longue date sur la Toile, on retrouve le réflexe de sa seigneurie Louis XIV confortablement installée sur son trône et daignant à peine jeter un oeil de temps à autre sur les insignifiantes petites gens qui viennent à passer. Tout juste quelques mots échangés de temps à autres avec la cour, et encore.

    Sur twitter, c'est le pompon : à la rigueur, ils peuvent répondre aux journalistes, et encore. A vrai dire, une bonne partie des dits journalistes (tout du moins ceux qui ont pignon sur rue) comme l'observe parfois Thierry Crouzet, nous voient comme une sorte de lumpen-prolétariat électronique, sale, abêti par le buzz et en haillons, qui ne mérite pas plus d'attention que cela.

    Il reste toutefois quelques exceptions, à commencer par Marianne2, qui a engagé un véritable partenariat avec des blogueurs, mais également avec des commentateurs (par exemple, j'ai vu Élie Arié passer là-bas progressivement su statut de simple commentateur à celui d'auteur-commentateur). Mais Marianne demeure une exception.

    Parmi les blogueurs, seul Alain Lambert semble avoir compris les enjeux des réseaux sociaux. Il répond à peu près sur twitter et intervient dans les commentaires sur son blogue (encore que...ces derniers mois, c'est sérieusement en baisse...). D'autres ont emprunté le chemin de la gloire, délaissant les compagnons des premières heures. J'ai connu le temps où on pouvait, en pleine campagne présidentielle, échanger avec Corinne Lepage. Les commentaires de sa part s'y sont fait de plus en plus rares, puis, avec les élections européennes et son nouveau statut d'euro-député, j'imagine qu'elle a jugé inutile de répondre à la piétaille : la possibilité de commentaires a disparu purement et simplement de son nouveau site. En son temps, François Fillon réagissait avec certains de ses commentateurs (c'est à dire ceux qui allaient dans son sens, pour dire clairement les choses) mais une fois devenu premier ministre, cela a été fini et bien fini.

    C'est ça qu'ils n'ont pas compris, nos politiques et nos journalistes : internet, ce n'est pas vertical, c'est transversal. A chaque élection, on a le droit au cirque renouvelé de blogues et de forums qui jaillissent du néant pour retourner au néant une fois les élections finies. Et pendant les élections, pas la peine d'espérer recevoir une réponse en posant une question, il n'y en  aura pas, a fortiori si la question dérange.

    L'homme politique qui percera sur la Toile, à condition que ses idées soient un minimum porteuses, c'est celui qui aura compris tout cela et acceptera une bonne fois pour toutes de descendre de son piédestal. C'est ce que semblait avoir compris le candidat Bayrou en 2007. Espérons qu'il reviendra à ses fondamentaux dans l'avenir.

  • Internet pour les ados, une Porsche sans permis...

    Passionnant l'entretien du dernier numéro de l'Itinérant avec Béatrice Copper-Royer, une psychologue spécialisée dans la clinique de l'adolescent. Elle y considère que les adolescents ont perdu le sens de l'intimité et de la pudeur dès lors qu'ils évoluent dans des univers virtuels. Internet est un terrain semé de chausse-trappe qui se dérobe à tous moments sous les pieds de ceux qui n'en connaissent pas les méandres. Des adolescentes refuseraient de poser nues IRL (in real life) mais parce qu'Internet a un pied dans le virtuel et un autre dans la réalité, elles n'hésitent pas à s'exposer en toute inconscience sur le net. Ce qui est gravissime, c'est que le pied virtuel d'Internet masque fourbement le pied bien réel, lui. La pornographie est devenue si accessible qu'elle a envahi l'imaginaire érotique de l'adolescence, sans même que cette jeunesse-là, par absence de maturité, n'en ait réellement conscience.

    Notre société est obnubilée par le corps et l'image du corps. Il faut rester jeune, en forme, performant...les adolescentes n'échappent pas à cette prégnance et développent une forme de narcissisme exacerbé.

    Le piège est pourtant prompt à se refermer sur l'imprudente. Un cliché de poitrine devient très vite, entre les mains d'un maître-chanteur pervers, une pièce maîtresse pour amener l'enfant vers des photographies pédopornographiques.

    Les adolescentes et les adolescents ne réalisent pas qu'ils n'ont aucun contrôle sur ce qu'ils diffusent : un vieux proverbe latin dit que les paroles s'envolent, mais que les écrits demeurent (verba volant, scripta manent). Les adolescents sont complètement dépassés par l'outil qu'ils ont entre les mains : comme l'image très subtilement Béatrice Copper-Rover, le net, c'est une Porsche que l'on donnerait à conduire à des gamines de 13 ans sans permis.

    Plus que jamais, l'éducation à l'usage d'internet, les filtres, les signalétiques, sont nécessaires ; je n'en suis pas moins sceptique, voire pessimiste : les adolescents ont de grandes difficultés à se projeter dans l'avenir. Il n'y a là rien d'étonnant, c'est neurologique, leurs cerveaux ne sont pas achevés et leur conscience du temps n'est pas la nôtre. En réalité, Internet a été conçu par les adultes pour les adultes. Rares sont ses acteurs à avoir développé une réflexion particulière pour l'enfance et l'adolescence. Toutes les mesures prises aujourd'hui ne sont que des cautères tardives et inopérantes pour tenter d'enrayer le mal qui se répand comme une gangrène...