Quand je vote Sarkozy, est-ce que je vote pour l'atlantiste qui dénonce l'arrogance de la France à propos de l'Irak ou pour l'homme qui d'un hochement de menton gaulien attire dans sa foulée le super patriote Max Gallo ?
Dois-je voter pour l'homme qui a fait de Simone Veil la présidente de son comité de soutien ou bien pour celui qui propose ni plus ni moins de créer un Ministère de l'Immigration et de l'Identité Nationale ? Pour l'homme qui cite Jaurès sur tous les modes ou a pour les électeurs du FN les yeux de Chimène pour Rodrigue ? Pour l'admirateur de Blair ou pour le défenseur du modèle français ? Pour le libéral qui veut dégager l'Etat de Airbus ou bien pour pour le keynésien qui veut le recapitaliser via le même Etat ?
Pour l'homme qui réclame l'étude de l'Antigone de Sophocle et dans le même temps, menace la liberté de la presse (soit en tentant d'intimider les journalistes, soit par ses amitiés avec les magnats), fiche les opposants de toute sorte (hébergeurs de sans-papiers, amis de coupeurs d'OGM, entre autres), envoie des circulaires dans les préfectures pour aller «cueillir» les sans-papiers dans la misère là où on les aide (restos du coeur, écoles, foyers...), couvre les excès et les brutalités des agents de la force publique, en somme, musèle toute forme d'opposition et trouve des bouc-émissaires à bon compte ?
Pour celui qui défend la discrimination positive, mais pratique à Neuilly la discrimination négative ? Pour le créateur du CFM (Conseil des Musulmans de France) ou pour celui qui dénonce l'égorgement de moutons dans les baignoires ?
La politique, est-ce une affaire d'opportunités ou un choix de valeurs ?