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Christian Blanc

  • Médor Sarkozy et le Grand Lutèce

    medium_teckel.jpgSalut, je me présente, je  suis Médor Sarkozy. Oui, oui, Sarkozy, hein, ne me confondez pas avec Médor Morin un cousin à moi... Dans ma famille, on est verni, non ? Mon cousin s'était présenté à la députation, mais moi, je fais plus puissant que lui : comme je suis le teckel à poil ras du Prince Jean (pas Jean sans terre, non, au contraire, avec beaucoup de terres, au fait ) et que, vous le savez, mon gentil maître est désormais appelé aux plus hautes responsabilités, je souhaiterais moi aussi avoir une niche de luxe sans être obligé de la demander.

    Bien sur, ce n'est un secret pour personne : mon bon maître doit sa nomination aux plans secrets de son généreux père pour pouvoir construire de jolies tours en toute quiétude, avec le soutien de ses féaux, dans la belle plaine qui s'étend au nord-ouest de Lutèce. Oui, parce que Dom Christian, son proche ami, s'occupe du reste : il veut agrandir Lutèce mais ne souhaite pas que les bourgmestres des environs lui mettent des bâtons dans les roues de ses chariots. Donc, pour être sûr de ne pas avoir de problèmes, Dom Christian a trouvé la solution : il suffit de ne pas leur demander leur avis, tout simplement. Et si jamais certains réclament de pouvoir parler, eh bien ils n'auront qu'à déposer une réclamation au Grand Conseil de mon bon maître ! Simple comme un os à ronger, non ?

    On dit que mon bon maître ne serait pas versé dans les arts libéraux : ce n'est pas important ! Dans le temps, on étudiait les sentences de Pierre Lombard, dans les universités, mais aujourd'hui, celles de Maître Didier suffisent bien largement.

    Bientôt, je n'aurai plus à rentrer à la niche : je pourrai aller m'ébattre par de courbes voies jusqu'aux marécages de Putiauz puisque bientôt, je vous le prédis, tout cela appartiendra à mon généreux maître. Et le fait que mon géniteur soit le teckel à poil ras du roi Sarkoz 1er n'y est absolument pour rien, je vous l'assure ! Non, ce n'est que par mon seul mérite de teckel que j'escompte bien obtenir ce privilège de naissance.

  • Le Point cartonne Christian Blanc !

    blanc.jpgJetant un coup d'oeil sur le dossier Grand Paris du Point, j'ai eu quelques suprises. Christian Blanc (Nouveau Centre) est en disgrâce ou quoi ?

    Le point explique d'abord dans l'article Paris en 2020 que Christian Blanc a du mal à trouver sa place, puis que Delanoë dont l'article fait l'éloge, a quelques longueurs d'avance, avant de finir sur la lourdeur de la tâche de Jean-Paul Huchon (président de la région IDF).

    Ensuite, dans l'article Transports ça va rouler, Le point observe que «bizarrement, pas de Christian Blanc, le secrétaire d'Etat chargé du Développement de la région capitale, à la table de négociations, alors que la mission que lui a confiée le chef de l'Etat peut difficilement faire abstraction des problèmes de flux de voyageurs». Dans le même billet, l'auteur rappelle que Christian Blanc, comme PDG de la RATP, s'était opposé au projet de Métrophérique (une rocade de métro de 60 kilomètres faisant le tour de Paris en passant par les proches banlieues) alors que cette solution est à l'honneur aujourd'hui.

    Enfin, dans l'article qui concerne le Plateau de Saclay, on le dit en butte à l'opposition des élus locaux, que ses ambitions ont été revues à la baisse, et que Borloo et Pécresse le regardent d'un sale oeil alors qu'ils sont dans les meilleures dispositions envers Huchon.

    En résume, si l'on écoute Le Point, l'homme de négociations que fut Christian Blanc, fédère contre lui, à peu de choses près.

    J'ai remarqué qu'on entendait plus beaucoup parler de l'ancien compagnon d'armes de Bayrou (il avait finalement soutenu Nicolas Sarkozy dès le premier tour de l'élection présidentielle)  depuis un moment, et j'ai observé son éclipse dans la presse. Dans Challenges du 08 janvier son bilan comme PDG d'Air France est sévèrement mis en cause, par exemple. Et encore dans le Point du 1er janvier, il fait partie des minsitres les plus critiqués  dans le Carnet de notes.

    Prélude à la disgrâce présidentielle ? Prochaine victime du remaniement gouvernement prévu à la suite des Européennes ? Ce serait décevant, pour moi qui ai toujours beaucoup d'estime pour l'homme, en dépit de son mauvais choix à l'élection présidentielle. En tout cas, tout ceci prend de plus en plus l'aspect d'une cabale en bonne et due forme...

  • Christian Blanc nommé, mais...

    Bon, Christian Blanc, qui est un homme que j'apprécie beaucoup pour sa compétence, est présent dans le gouvernement Fillon remanié, mais le poste qu'on lui attribue est une fumisterie.

    Il est chargé en gros de faire le Grand Paris. Le Grand Paris, tout le monde en parle, mais personne ne s'accorde à son sujet. Delanoë et Huchon sont du même parti, du même courant au sein du PS, et sont au pouvoir depuis 4 ans, l'un à Paris, l'autre à la Région, et pourtant rien ne bouge. Ajouter un interlocuteur supplémentaire ne risque pas d'améliorer les choses, et d'ailleurs, depuis quand un ministère ne concerne qu'une partie spécifique du territoire ? 

    Je ne comprends pas : Sarkozy et Fillon ont avec Christian Blanc un homme compétent, qui a fait ses preuves dans l'entreprise. Il a écrit un rapport que tout le monde reconnaît comme fondateur. Son livre démontre qu'il a voyagé, et pas seulement en Amérique, et observé d'autres pratiques, et que donc, il sait de quoi il parle. Il propose des solutions concrètes dans son livre la Croissance et le Chaos.

    Pourquoi donc, ne le colle-t-on pas au minimum à l'industrie, à l'innovation et au commerce, et, mieux, là où il faudrait qu'il soit, c'est à dire à Bercy avec un maximum de lattitude pour agir. 

    Je vois encore une occasion manquée de faire avancer les choses, et j'avoue que je perds patience. Je suis vraiment très déçu, alors qu'en entendant son nom, j'avais eu un espoir, moi qui me définis parfois comme un « blanchiste » du MoDem (pas sur tous les sujets, mais tout de même sur beaucoup).

  • Christian Blanc avait applaudi François Bayrou...

    Vous vous souvenez de l'exception d'irrecevabilité déposée par François Bayrou à l'Assemblée nationale contre le projet du Nouveau Centre pour se financer sur le dos du contribuable sans avoir eu le nombre d'électeurs requis ? On s'apprêtait alors à offrir au Nouveau Centre ce que le MoDem avait lui gagné dans les urnes...

    C'était le 24 octobre 2007. Or, en relisant l'intervention de François Bayrou au Parlement et le débat dans son intégralité, j'ai trouvé ce passage...

    M. François Bayrou. « Utiliser l’affectation de députés plutôt que les suffrages des citoyens pour créer des coopératives ou des groupements d’intérêt particulier est un danger pour la vie politique. Ce danger, nous l’avions déjà dénoncé lorsque nous avons adopté la loi de 2003. Il est juste que nous y réfléchissions aujourd’hui. Je suis certain que le texte que vous présentez là n’est pas conforme aux principes généraux du droit et de la Constitution. Le Conseil constitutionnel ne manquera pas de le sanctionner ! »  (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche. – M. Jean Lassalle et M. Christian Blanc applaudissent également.

    J'ai tout de même lu que le Nouveau Centre (dont Christian Blanc fait partie) avait finalement voté intégralement contre la motion d'irrecevabilité de François Bayrou.

    Eh bien, Monsieur Blanc : il fallait aller jusqu'au bout, si vous étiez d'accord avec François... 

  • Bayrou, Montebourg et le cumul des mandats

    Une fois de plus, c'est de l'excellent Betrand que je reprends un commentaire pour en faire un billet. Cette fois, il ne provient pas de mon blog, mais de celui de Militer avec le Nouveau Centre de Gérard Bardier. Gérard Bardier s'étonne de ce que Montebourg et Bayrou choisissent de cumuler deux mandats. Réponse et explication de texte de Bertrand, que je fais en grande partie miennes. A noter qu'il vaut aussi pour un billet de même teneur sur Ma vie en Narcisse de Luc Mandret.

    Associer Bayrou et Montebourg est osé... et je suppose volontairement polémiste ! A ce début de liste on peut ajouter quelques dizaines de personnalités, de droite, du centre ou de gauche, qui eux aussi se sont prononcé contre le cumul des mandats à l'exception de leur propre personne. A l'exception notable de C. Blanc, j'ai souvenir qu'à peu près tous les parlementaires NC étaient il y a moins d'un an totalement opposés au cumul des mandats, et dénonçaient régulièrement les cas de ces ministres ou parlementaires par ailleurs à la tête d'un exécutif local.
    (Avoir en charge un ministère ne serait donc qu'un temps partiel ?)

    Un an après, effectivement, Montebourg veut cumuler députation et présidence de Conseil Général ; Bayrou, Sauvadet, Dionis, Perruchot ou Foliot, députation et mairie ; Santini, Dati, Morin ou Wauquiez ministère et mairie, etc etc... On peut procéder de la même façon de la gauche à la droite de l'échiquier politique, avec les mêmes résultats. Le cas extrême étant représenté par Copé qui considère que ni son mandat de maire de Meaux, ni celui de député et président de groupe, ni celui de Président de la Communauté Urbaine, ne sont des postes à temps plein, et qui cumule ces fonctions avec son nouveau job d'avocat d'affaires.

    Trois exceptions notables : Blanc et Delanoë par conviction, et Royal (probablement plus par calcul politique).

    Donc, au delà des postures de tel ou telle, la question qu'engendre ce constat est la suivante : comment se fait-il qu'alors qu'il semble y avoir globalement un consensus sur le problème du cumul des mandats hors période électorale, les intérêts particuliers/partisans reprennent immédiatement le dessus dès qu'une échéance approche ?

    Jospin avait, avec raison, interdit à ses ministres de cumuler leurs fonctions ministérielles avec un exécutif local. Chirac et Raffarin en 2002 avaient affirmé faire leur cette « doctrine ». Jusqu’à l’entrée au gouvernement d’Hubert Falco qui, au prétexte qu’il avait repris la Mairie de Toulon au FN, a donc obtenu le droit de garder sa mairie tout en étant ministre. La tentative de moralisation initiée par Jospin est morte ce jour là. Le cas Falco a ouvert la voie aux suivants, dont notamment Sarkozy, lui aussi ministre et Président de Conseil Général.
    Bref, échec ! On est aujourd’hui dans une situation où tandis que le rapport Balladur préconise l’interdiction totale d’une fonction ministérielle avec un mandat exécutif local, le Président de la République, qui affirme faire sienne les propositions Balladur, pousse ses Ministres à devenir maire… après avoir « viré » Juppé, coupable lui d’avoir perdu aux législatives. Bref l’incohérence est totale. (C’est pas très différent à gauche d’ailleurs).

    La seule façon de moraliser tout cela serait de légiférer. Mais problème, près de 80% des parlementaires sont cumulards…et rarement suicidaires. Et légiférer, oui, pourquoi pas, mais pour faire quelle loi ?

    -    Est-il anormal qu’un ministre puisse détenir aussi un mandat local ? Pour moi, oui, c’est indéniable. Mais pour autant, le job de ministre étant par définition un CDD, il n’est pas incohérent qu’ils souhaitant garder un pied sur le terrain…au cas où.

    -    Jusqu’où doit aller l’interdiction du cumul ? Il n’est pas normal que l’on puisse être parlementaire et maire d’une grande ville. Mais être jusqu’au-boutiste en interdisant à un parlementaire d’être par ailleurs maire de son village, c’est interdire aux villages à faire appel à des gens aguerris… alors que leurs édiles affirment souvent être perdus dans les arcanes de l’Etat.

    -    Un mandat de parlementaire est-il, oui ou non, un emploi à temps plein ? Accepter le cumul c’est dire non. Mais alors, pourquoi ne pas réduire de 30 ou 40% le nombre de nos parlementaires pour faire en sorte qu’ils se consacrent uniquement à cette tâche ? (malheureusement, la tendance est plutôt à l’inflation qu’à autre chose).

    Etc, etc…

    Bref, au delà de la polémique, ce problème pose mille questions. Sarkozy a semblé un moment vouloir faire évoluer les choses. Malheureusement, je crains qu’il ne soit déjà trop tard. Il aurait probablement pu faire accepter par les élus UMP une modification des règles au lendemain même des législatives, pour peu qu’elle ait été préparée et expliquée avant, plutôt que de faire voter en urgence la loi Tepa. Mais désormais, j’ai un doute, et sur sa volonté en la matière, et sur la réaction des groupes parlementaires.

     

  • Quel Paris pour le MoDem ?

    c50f5843be6b473d4cf33ae5f96f4949.jpgAprès la critique du bilan de Bertrand Delanoë, Valérie Sachs (UDF-MoDem) évoque dans son analyse le Paris qui demeure à édifier et fixe les grandes lignes de ce que pourraient être les objectifs d'une prochaine majorité municipale, à l'évidence, en rupture avec les méthodes de gouvernance qui ont prévalu jusqu'ici.

    Le projet de Marielle de Sarnez pour la finance (que je commenterai prochainement) intègre très clairement la plupart des analyses de Valérie Sachs : le secteur financier est l'un des piliers de l'économie à Paris. C'est bien pour cela que nous tenons, sur ce blog, le programme économique du MoDem comme le meilleur de tous à Paris.

    Valérie Sachs fait émerger clairement une ligne directrice à travers les objectifs fixés. Ce-faisant, son positionnement politique et économique est de la même teneur que le nôtre : en effet, à considérer nos références économiques, Schumpeter évoquant la force du capitalisme pour résorber le problème du chômage, ou Christian Blanc dont nous avons salué à plusieurs reprises la clairvoyance en dépit de nos divergences politiques, c'est la même logique qui est à l'oeuvre.

    Dans un prochain billet, je montrerai comment à partir d'une analyse de la situation new-yorkaise par Valérie Sachs on peut tenter une prospective sur ce que la finance pourrait apporter en termes de richesses et d'emplois à Paris. Ce qu'un certain nombre de lecteurs attendent avec impatience est donc désormais très proche, puisque c'est la prochaine étape. J'en donne déjà le titre : des milliers d'emplois pour Paris

    De quel Paris rêvons-nous ?

    Entre mythe et réalité, Paris dispose d’atouts économiques et structurels, liés à des investissements publics de long terme, d’infrastructures de pointe, d’un capital culturel inouï, d’une main d’œuvre qualifiée, d’une géographie de rêve. Paris a su se spécialiser sur des activités à forte valeur ajoutée, sur des marchés de niche, et reste après Londres une capitale attractive, à la fois capitale internationale, politique, économique et culturelle. Mais Paris fait face à une quadruple concurrence : internationale, européenne, nationale et régionale -où toutes les communes d’Île-de-France sont en rivalité constante avec Paris enfermé dans son périmètre historique- quand il lui faudrait créer une synergie « régionale », structure de base nécessaire à la compétition européenne et mondiale. Paris n’a pas vocation à se spécialiser sur les projets culturels subventionnés, Paris is now open for business[1] !

    Nous ne voulons pas d’un Paris muséifié, vieillissant, mais d’une capitale internationale ayant les moyens d’assurer un avenir et d’attirer à elle une population jeune, dynamique, et qualifiée.  Il s’agit de construire, sans faux tabous, une politique non pour les rentiers mais pour les professionnels, les actifs… Et la spirale vertueuse se réenclenchera… Les « classes moyennes » ne seront pas contraintes de quitter Paris, y fonderont une famille, investiront, consommeront, le commerce de proximité retrouvera un avenir,… Et Paris revit. 

    Nos objectifs

    Nous souhaitons répondre au déficit d’offre dont souffre la France, et proposer des pistes adaptées à Paris et à ses compétences élargies. Centrer un programme électoral sur le développement économique marque une rupture et entérine positivement une situation encore inédite pour Paris : la prise en compte de la concurrence régionale, nationale, européenne et internationale de plus en plus exigeante, les mutations économiques et sociales qui en découlent. L’acceptation que le monde « d’hier » n’est plus.Il va nous falloir parler de l’investissement des entreprises sans faire fuir les électeurs. 

    Au risque de nous répéter, nous souhaitons développer une véritable ambition économique pour Paris autour de deux mots-clef : souplesse et innovation. Il s’agit d’une rupture avec la philosophie de l’équipe Delanoë dont les programmes économiques sont trop souvent confiés à des acteurs qui multiplient les guichets d’aides et développent une bureaucratie de contrôle plus que d’innovation.

    Paris doit garantir un environnement « parisien » propice aux entreprises, qui associe sans cloisonnements de statuts ou de culture, chercheurs publics et privés, créateurs d’entreprises, investisseurs et dirigeants. La Ville de Paris, de simple co-contractant, deviendrait un véritable partenaire économique par des participations financières ciblées mais d’envergure.

    Notre mission est de convaincre la prochaine majorité municipale de s’appuyer sur les trois secteurs-phares qui offrent à Paris les moyens de ses rêves, de poursuivre de grandes ambitions et d’affronter ses nouveaux défis :

    -         L’industrie financière, essentiellement parisienne (cadre du « Grand Paris »), qui emploie 700 000 emplois, et contribue à hauteur de 4,5% à la richesse nationale.

    -         Le Luxe[2], second secteur économique français et le tourisme[3] : secteurs créateurs d’emplois, peu touchés par la délocalisation, à réelles fonctions sociologiques positives comme la recherche de l’excellence, le respect de l’éthique ou la préservation du tissu social.

    L’objectif est de garantir un modèle social parisien qui n’accepte plus que 12% de sa population vive avec moins de 750 euros par mois, compte 58 000 Rmistes, et 109 000 demandeurs de logement social, soit une augmentation de 20% en 6 ans.

     



    [1] Christine Lagarde a utilisé la formule pour la France.

    [2] Il est inutile de rouvrir la polémique entre Voltaire et Rousseau, luxe et tourisme s’adressent aux étrangers et aux Français : gens « ordinaires ».

    [3] 20% des emplois de la capitale dépendent directement ou indirectement du secteur du tourisme.

     

     

  • Mitterrand, Sarkozy, et les relances par la demande

    Quand on y réfléchit, Nicolas Sarkozy fait finalement exactement la même erreur que les Socialistes et notamment François Mitterand en 1981 : son paquet fiscal n'est pas autre chose qu'une relance par la demande, c'est à dire la pire des politiques, par les temps qui courent, alors que notre déficit commercial se creuse de mois en mois.

    C'est incroyable, cette persévérance à ne pas tenir compte de l'histoire. Le problème français, aujourd'hui, ce n'est pas la demande, c'est l'offre ! La vérité, c'est que l'appareil productif français est à nouveau incapable de répondre à la demande française, et que faire une relance par la demande, dans de telles conditions, est tout simplement suicidaire.

     Des hommes politiques comme Christian Blanc (mais pourquoi se tait-il et s'est-il rallié à la désasteuse politique de Nicolas Sarkozy ?) , Jacques Peyrelevade et François Bayrou surtout, ont pourtant largement averti sur la faiblesse de l'offre française, mais cela n'a pas l'air de troubler l'actuel gouvernement.

    C'est à désespérer : nous allons dans le mur en chantant, pour ne pas dire en bêlant. Nicolas Sarkozy devrait pourtant se rappeler du tournant pris par Mauroy à la fin de l'année 1982. Les signaux d'alerte se multiplient, et tous nos clignotants sont au rouge : croissance en berne, creusement du déficit budgétaire, accroissement des déficits commerciaux, et pourtant, rien n'y fait. 

    Le comble, c'est que Nicolas Sarkozy l'a emporté sur Ségolène Royal à l'élection présidentielle entre autres sur l'idée qu'il devait être plus compétent en économie. Si la situation n'était pas calamiteuse,l'ironie de cette histoire prêterait à sourire. Malheureusement, nous allons tous payer les pots cassés, et personne ne semble s'en apercevoir... 

    Le paquet fiscal va coûter 14 milliards d'euros par an à la France. Je veux bien admettre qu'une politique soit volatriste en dépit de notre dette, mais dans ce cas, au moins, que de telles sommes soient affectées à notre industrie, ou, à défaut à l'allègement des charges des entrpeprises (même si cettedernière mesure ne règle pas le problème de fonds de leur absence de compétitivité en raison de leur insuffisance d'investissement dans l'innovation). 

    L'euro et nos voisins européens ne nous protégeront pas éternellement : tôt ou tard, ils finiront par refuser de régler l'addition. Pour une fois, le rôle de l'euro se fait pervers (mais il faut en accuser l'absence de clairvoyance du gouvernement et du président), car il agit comme un opiacé : sous anesthésie, nous ne réalisons pas le tort qui est porté à notre économie par les décisions irresponsables. Par le passé, notre monnaie se serait effondrée en quelques mois. Aujourd'hui, nous vivons comme des grands seigneurs sur le dos de l'Euro, d'où le très fort mécontement de nos voisins européens qui eux font preuve de tempérance.

    Le comble de tout cela, ce sont les aberrantes conclusions rendues par la commission libération de la croissance : tout est centré sur le pouvoir d'achat. La seule chose intéressante vraiment, dans ce gatimalas, c'est la proposition d'autoriser les Class Actions, même si cela ne règle évidemment aucun de nos problèmes économiques.

    Dans les aberrations, l'idée géniale de laisser la grande distribution vendre à perte. Autoriser le dumping, une pratique abolie pourtant depuis un siècle, et dont on ne connaît que trop bien les conséquences néfastes.

    Quant à proposer aux grandes surfaces de réduire leurs marges, on comprend bien que c'est le producteur, en bout de course, qui paiera l'addition. « La piétaille avancera» songeaient nos généraux avant d'envoyer au carnage la jeunesse française sur le front, pendant la 1ère guerre mondiale. 

     

    NDLR le 24/10/2007 : article retenu sur AgoraVox à l'adresse suivante , http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=30707 

  • François Fillon et la vérité

    Entre deux chapitres de Montesquieu, je me suis interrompu pour parcourir intégralement l'ouvrage de François Fillon (écrit avant les élections), La France peut supporter la vérité.

    Je ne sais pas, à la suite de cette lecture, si la France peut supporter la vérité, mais je me demande du coup si la France va parvenir à supporter François Fillon...

    Bien sûr, sur un certain nombre de constats, j'approuve François Fillon : notamment, je pense qu'il a une vision très juste de la haute administration française. A l'occasion de son passage à l'Education Nationale, il s'est offusqué de ce que nombre de directives restaient lettre morte parce qu'il y a à l'Education Nationale une alliance objective de la technostructure, de plusieurs syndicats et des associations de parents d'élève pour estimer ce qui est bon ou non pour l'éducation des jeunes Français.

    Bravo à lui de l'avoir dit et de lui avoir résisté. J'ai adoré notamment cette réflexion :

    «Quand un ministre perd un arbitrage sur la nomination d'un haut fonctionnaire, il perd en même temps une bonne partie de son autorité. Pire, son poids politique et son influence sont pesés par ses subordonnés au trébuchet de ces actes de nomination.»

    Très bien dit. Il a très bien compris le problème. Pour cette raison, je suis convaincu qu'il y aura un clash un jour entre Nicolas Sarkozy et François Fillon, car c'est tout à fait dans les habitudes de l'Omniprésident de passer dans le dos de ses ministres. 

    François Fillon a cette qualité de vouloir vraiment gouverner, et je le crois honnête et sincère.

    Il fait de justes observations sur la décentralisation, mais Ségolène Royal, Christian Blanc et François Bayrou ont fait les mêmes.

    « Chaque échelon administratif intervient à tort et à travers dans des domaines qui ne sont pas ou qui ne sont plus de sa compétence, ce qui dilue toute responsabilité. Puisque tout le monde s'occupe de tout, personne n'est responsable de rien. »

    En effet, c'est bien le problème. Sur ce point, il a une idée originale : il suggère que les élus du département (Conseil Général ) et de la Région (Conseil Régional) pourraient être les mêmes, ce qui réduirait la confusion des genres et les interlocuteurs. J'ai trouvé que ce n'était pas idiot. Il écrit notamment :

    «En élisant des conseillers territoriaux au scrutin majoritaire qui siègeront à la fois au conseil général pour traiter des sujets de proximité et au conseil régional on aurait pu enclencher un processus de fusion à long terme des deux collectivités».

    Bien pensé sauf pour le scrutjn majoritaire. Je trouve au contraire que la gestion de tels échelons a besoin de consensus, et donc que le scrutin proportionnel y est à la fois plus juste et plus utile. Mais François Fillon qui se déclare homme de dialogue est souvent, dans son ouvrage, tout prêt à ne pas considérer l'opposition politique. Il ne comprend pas que la définition de la majorité donnée autrefois par Thucydide n'est plus valide. Une démocratie n'est plus le gouvernement d'une majorité sur une minorité, mais nécessite des points d'accord entre majorité et minorité afin d'éviter de graves turbulences. Je crois que Bronislaw Geremek a fait à ce sujet de fines observations (dans le livre Regards sur la France, que je lis aussi et dont je parlerai dans une prochaine note)  dont François Fillon pourrait avec profit s'inspirer.

    Mais, ce qui me navre par dessus tout, c'est son manque d'imagination en matière économique. Il ne propose ni plus ni moins dans son ouvrage que les recettes éculées de la droite française, et, à le lire, tout le monde à tort sauf lui. Les chiraquiens, les Socialistes, les syndicats, personne ne trouve grâce à ses yeux.

    Il ne s'y trouve aucune idée nouvelle, et aucune réflexion novatrice sur les moyens de relancer la croissance française. Mis à part les poncifs sur l'économie de l'intelligence, sur l'assainissement des finances publiques (mais qui ne le dit pas, mis à part les communistes aujourd'hui ?) et sur les charges trop lourdes.

    Il y a d'ailleurs une très forte communauté d'idées entre François Fillon et Nicolas Sarkozy, et on retrouve énoncées avec force conviction des âneries du genre  «travailler plus pour gagner plus».

    A lire, finalement, et à comparer avec l'action gouvernementale. 

     

  • Christian Blanc, qu'avez-vous fait ?

    Cher Christian Blanc,

     

    J'ai beaucoup de mal  contenir ma déception, et peut-être ma colère de vous voir rallié à Nicolas Sarkozy. Sans être adhérent d'Energies 2007, je fais partie de ceux qui ont admiré la pertinence de vos analyses et la justesse de vos vues. Vous aviez, avec l'UDF et François Bayrou, l'opportunité de partager vos idées et vos préoccupations avec des hommes et des femmes qui vous comprennent. Pourquoi avez-vous choisi Nicolas Sarkozy ? Le Quotidien Le Figaro, lui-même, s'en est étonné, c'est dire ... 

    Je ne comprends pas comment l'homme de la réconciliation avec les Kanaks, le pédégé d'Air France et l'écrivain de La Croissance ou le Chaos peut se rallier à Nicolas Sarkozy, l'ami des médias et le spécialiste du fichage des opposants politiques. Nicolas Sarkozy qui s'apprête à réduire à néant travail accompli en Nouvelle-Calédonie sous Michel Rocard. Nicolas Sarkozy dont le programme coûte 47 Millards d'euros. Nicolas Sarkozy qui instrumentalise comme  un communiste de l'après-guerre un ministère stratégique et fiche ses opposants.

     

    Nicolas Sarkozy n'a que faire de la régionalisation et même de vos clusters : à preuve, il était ministre de l'Economie et des Finances dans le gouvernement Raffarin lorsqu'on vous a confié une mission sur les pôles de compétitivité ; vous le racontez vous-même dans La Croissance ou le Chaos : vos propositions ont été édulcorées et leur pertinence anihilées par la lourdeur bureaucratique de Bercy. Alors qu'il faudrait qu'un pôle soit réactif pour se faire positionner sur la scène internationale, il fallait jusqu'à 6 mois pour que certains dossiers redescendent des bureaux de Bercy, vous le dites vous-même !

    Vous voyez dans le cumul des mandats une lourdeur supplémentaire et un manque de disponibilité du politique pour faire convenablement son métier : que pensez-vous de Nicolas Sarkozy Président du Conseil Général des Hauts de Seine, Maire de Neuilly, Ministre de l'Intérieur, Président de l'UMP et candidat à la Présidence de la République ?

    En tant que ministre du budget, Nicolas Sarkozy a été l’un des gestionnaires les plus « déficitaires » de la Vème République  : en deux ans seulement (1993-1995), il a réussi l’exploit de gonfler le déficit des administrations publiques de 4 à 6 % du PIB (record en la matière) et d’augmenter la dette de 45,3 à 54,6 % du PIB. Mais son vrai succès est d’être parvenu, dans le même temps, à augmenter les prélèvements obligatoires (de 42,9 à 43,6 %)… Nicolas Sarkoy parle certes de réduire la dette, un peu comme tout le monde, d'ailleurs, mais seuls François Bayrou et Charles de Courson, et plus généralement l'UDF envisagent de rendre tout simplement illégal un budget en déficit.

     

    Plus généralement, je ne comprends pas comment un homme de dialogue et de négociation comme vous peut se rallier à un homme qui aime autant la force, comme le soulignait récemment Michel Rocard, que Nicolas Sarkozy.

    Reprenez-vous, Chrisitan Blanc, et déclarez-vous au moins neutreà à défaut de rejoindre le courant social-libéral, sans doute bien plus proche de vos convictions que l'UMP.