Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

crise - Page 2

  • Le plan de relance de Bayrou fait son chemin en Europe !

    Je commentais hier les explications de Marielle de Sarnez sur le plan de relance européen proposé par François Bayrou. L'idée a fait son chemin encore plus rapidement que je le pensais, et...grâce aux euro-députés MoDem ! C'est Bernard Lehideux qui l'a déposé au nom du MoDem et de l'ADLE. Pour ceux qui doutaient encore de la capacité du MoDem à influer sur le cours des choses et à faire valoir ses idées, voilà une démonstration éclatante.

    Le Parlement européen, réuni en session plénière à Strasbourg, a donc adopté  un amendement au plan de relance de l'UE, déposé au nom des députés européens MoDem, qui "invite les Etats membres, notamment ceux faisant partie de la zone euro, à étudier la possibilité d'un grand emprunt européen, garanti solidairement par les États membres". Cet amendement a été déposé au rapport Ferreira sur le plan de relance.

    lehideux.jpgPour Bernard Lehideux (eurodéputé d'Ile de France), signataire de l'amendement, "un emprunt public au niveau européen enverrait le signal d'une réponse européenne commune et forte à la crise. Elle serait un garant contre les risques d'éclatement de la zone euro, et aiderait considérablement des pays comme la Grèce et l'Irlande à bénéficier des meilleurs taux d'intérêt alors qu'ils sont aujourd'hui contraints d'emprunter à des taux très élevés en raison de la défiance des investisseurs".

    Le MoDem a également demandé une série de réformes urgentes pour combattre les graves dysfonctionnements qui ont conduit à la crise dont :
    - une réforme des "mécanismes de rémunération qui sont des causes possibles d'instabilité financière"
    - des mesures effectives contre les paradis fiscaux et l'adoption "d'un cadre législatif pour limiter les transactions avec les pays non coopératifs" dans ce domaine.

  • Marielle de Sarnez et la psychologie de la crise

    Sarnez.jpgJ'ai écouté avec beaucoup d'attention Marielle de Sarnez expliquer la nécessité d'un grand emprunt à l'échelle européenne, et elle m'a convaincu. A vrai dire, en règle générale, je suis sceptique avec la doxa keynésienne. Je fais toutefois une exception : j'ai toujours pensé qu'une relance par la demande pouvait fonctionner si elle ne ratait pas ses objectifs (le développement de nouvelles technologies, et, in fine, une Révolution industrielle !) et si elle était générale, en tout cas, au moins au niveau d'un continent.

    Mais ce qui m'intéresse, dans le point de vue de Marielle de Sarnez, c'est qu'elle n'aborde pas la chose sous un angle idéologique : elle ne propose pas une relance par la demande parce que Keynes, ce serait bien, et le libéralisme, ce serait mal, mais tout simplement parce qu'elle estime que cette crise est une crise de confiance. Or, pour venir à bout de cette crise, il faut avant tout rétablir la confiance. Se lancer dans de vastes réformes, exproprier les méchants capitalistes, taxer Total and co, ce n'est pas ça la priorité, à mon sens, au contraire, tout chambouler pourrait contribuer à semer la panique. L'important, c'est de calmer le jeu, les réformes viendront après. Cela n'empêche pas d'avoir en tête une idée du projet de société que l'on veut par la suite, mais l'important, c'est de parer au plus pressé.

    C'est en substance ce que pense Marielle de Sarnez, et elle fait très justement remarquer qu'un plan européen commun montrerait une véritable solidarité entre les pays d'Europe. Or, la solidarité, c'est une valeur qui prend d'autant plus de poids lorsque la défiance est généralisée. Donc, oui, parvenir à trouver un accord entre pays européens pour générer une relance par la demande commune à l'échelle européenne, avec des objectifs ciblés, que Marielle de Sarnez esquisse (énergies renouvelables, économies d'énergie, isolation thermique) cela me paraît une bonne idée, voire une très bonne idée. En ce qui concerne l'énergie, je constate une avancée positive et décisive puisque ADLE, Verts et PS ont formé une majorité sur des amendements limités afin de cibler les aides dans le sens qu'évoque Marielle de Sarnez.

    Cela dit, seul un groupe politique profondément européen peut parvenir à mettre en place une politique commune digne de ce nom en dépassant les visions nationales à court-terme. A mon avis, c'est clairement l'ADLE en Europe et le MoDem en France qui ont, plus que tous les autres groupes et partis, cette identité européenne profonde, sans qu'elle fasse débat comme cela peut être le cas chez les Socialistes ou les Conservateurs.

  • La Chine pourrait changer la face du monde

    Je suis avec le plus grand intérêt ce qu'il se passe actuellement en Chine. Je viens notamment de lire que le pouvoir chinois s'apprête à initier un plan de relance des zones rurales sans précédent. Je l'ai souvent dit, mais cela n'a rien d'original, c'est constaté par la plupart des historiens, l'étape décisive qui marque un nouveau développement dans la construction d'une société économiquement moderne et riche, c'est l'existence d'une réforme agraire, quelle que soit sa forme. On en revient toujours à la terre pour initier des changements profonds. La population rurale en Chine représente plus de 800 millions d'individus, disposant d'une épargne dormante qui est loin d'être négligeable.

    La Chine a choisi de mettre entre autres le paquer sur la protection sociale afin de sécuriser l'investissement : en effet, avec un système médical gratuit et efficient pour tous, les épargnants qui mettaient de l'argent de côté en cas de coup dur vont être incités à utiliser leurs économies pour d'autres usages. Avec une dette qui ne représente que 20% de son PIB, la Chine peut se le permettre sans difficulté.

    J'écoutais lundi dernier la tribune de Corine Lepage (candidate MoDem) aux Européennes évoquant les possibilités d'une relance verte. Elle observait que quatre plans seulement ont vraiment pour objectif de modifier la trajectoire de notre actuel développement économique et industriel : le plan Obama, le plan du Japon, le plan de la Corée du Sud et...le plan de la Chine !

    «· Le plan de relance chinois pourrait marquer un vrai tournant : « Il n'y aura pas un centime de dépensé sur les projets qui favorisent la production de masse, ou les secteurs hautement polluants et gourmands en ressources », a prévenu Zhang Ping, le chef de l'agence de planification chinoise, en annonçant l'affectation de 35 milliards d'euros, soit 8 % du total, à la protection de l'environnement. S’y ajoutent des dépenses  consacrées à l'amélioration des infrastructures urbaines et rurales, ou à la promotion des énergies renouvelables. Déjà, 1,2 milliard d'euros d'investissements en faveur de l'environnement ont été approuvés dans le cadre du premier train de 10 milliards d'euros d'investissements annoncés au premier trimestre 2009. De son côté, le ministère de la protection environnementale annonçait, fin janvier, avoir rejeté 11 projets polluants sur 164, principalement des centrales thermiques ou des usines chimiques. »

    Les experts et les acteurs des marchés financiers sont à l'affût de ce qu'il se passe désormais sur le marché intérieur chinois. Si jamais la demande intérieure chinoise sort le monde de la crise, c'est toute la géostratégie mondiale qui en sortira complètement bouleversée. A méditer...

  • Crise financière, le facteur culturel

    Hop hop, je commence à faire le tour des nouveaux blogs (raffraîchissants, au demeurant) apparus sur la toute nouvelle plate-forme du MoDem, lesdemocrates.fr . J'essaierai de rendre compte assez régulièrement de ce que j'y lis d'intéressant.

    Et toc, je suis tombé sur le blog de Marianne,l'Europe que j'aime. Et sur sa toute dernière analyse (en une de la plate-forme, au demeurant) de la crise financière en Europe ; J'ai choisi un morceau qui m'a bien fait rigoler, qui n'est politiquement pas correct, mais que je pense très vrai. Copie ici :

    - Le facteur culturel.
    Pourquoi l’environnement bancaire et financier américain est-il tant sujet à des déficiences de contrôle, que les Européens semblent découvrir maintenant avec effroi et stupeur ? Par exemple les enquêtes et contrôles de la SEC aux Etats-Unis, qui équivaut à l’AMF, sont “sur pièce” (et sur déclaration sur l’honneur) et pratiquement jamais “sur place”, contrairement à chez nous. Idem d’ailleurs au Royaume Uni. Cela vient notamment d’un facteur culturel : dans la culture anglo-saxonne protestante, le mensonge est inadmissible et si un acteur ment ou commet un délit, il se trouvera toujours un délateur pour le dénoncer, ce dernier étant considéré comme un héros et la délation comme un acte civique. Alors que dans les pays latins, le menteur ou celui qui profite du système, fraude le fisc, sait contourner la loi, est un rusé (presque un héros) et le délateur est considéré comme un traître et un collabo. Voyez l’image populaire dont bénéficie Bernard Tapie en France !
    Ceci explique en partie que les Etats-Unis et le Royaume Uni n’aient pas mis en place les dispositifs de vérification et les infrastructures de police financière tels qu’on les connaît en France et en Italie. Mais avec la mondialisation, les cloisonnements ont sauté, les entreprises à l’origine étrangères se sont installées aux Etats-Unis avec leur culture et profitent justement d’y trouver moins de police et de surveillance, et la “morale” s’est un peu relâchée …

    Voilà, c'est exactement comme cela que cela se passe en France, en ce qui concerne la fraude...

  • Tchernobyl et la crise économique

    Jean-François Kahn, tête de liste du Mouvement Démocrate dans la circonscription Grand Est pour l'élection européenne de juin, a déclaré mercredi à Belfort qu'il fallait arrêter de dire que "la crise va passer à côté de nous, comme le nuage de Tchernobyl". "On vient d'apprendre les chiffres du chômage", en augmentation de 90.200 chômeurs en un mois de janvier à décembre, "ce qui est un record absolu dans notre histoire", a-t-il dit à environ 300 personnes, lors de son premier meeting de campagne pour les européennes....

    "Il faut arrêter de dire que la crise, comme le nuage de Tchernobyl, va passer à côté de nous ou encore, comme l'a déclaré Nicolas Sarkozy il y a 15 jours, que la France est moins touchée que les autres", a déclaré Jean-François Kahn.

    Pour le candidat du MoDem, "une mesure, qui avait été prise avant la crise, devrait être annulée: c'est l'exonération des charges des heures supplémentaires qui décourage la création d'emplois, surtout en temps de crise", a-t-il estimé.  Il a également accusé le président Sarkozy de "lancer des polémiques qui divisent comme l'histoire Pérol, la nomination des présidents de France Télévisions par le président ou la réforme des institutions", alors que l'urgence imposerait au pays de "faire bloc contre le chômage et la crise". "Il est inutile d'ajouter des polémiques aux polémiques, on n'est pas obligés de cliver le pays", s'est-il exclamé.

    Sur le fond, il a reproché au président d'imposer un rapprochement entre la Banque Populaire et la Caisse d'Epargne et d'y nommer son principal collaborateur politique "comme s'il devenait lui-même directeur par intérim: tout finit par remonter au président". "Je ne suis pas sûr qu'une personne qui a eu en charge un dossier concernant ces deux banques puisse légalement en devenir directeur, il faudrait vérifier", a-t-il noté également.

    NDLR : trop drôle, le coup du nuage de Tchernobyl :-)

  • Régulation démocrate en temps de crise

    Je reviens sur la compétence économique du MoDem que j'évoquais hier en réponse à un article de Philippe Cohen dans Marianne. J'ai lu çà et là quelques réactions. Bien sûr, celles qui figurent en commentaires, mais aussi celles que l'on peut lire sur le sympathique forum pour sympathisants MoDem de Demos. Or, qu'ouïs-je ? Quelqu'un juge que ma réponse n'est pas convaincante sur le délicat sujet des régulations qu'il convient de mettre en place sur les marchés financiers.

    Je voudrais d'abord faire une petite observation à allblues33 : la question qu'il se pose, tout le monde se la pose, actuellement. UMP, PS, FMI, Commission européenne, gouvernement fédéral des USA, Obama, banques, bref, cela ne se limite pas au seul MoDem, et il ne faut peut-être pas s'attendre à une réponse toute faite sur un thème aussi complexe.

    brontosaure.jpgJe ferais ensuite une métaphore pour appréhender plus simplement ce qu'est un marché financier. Un marché financier, c'est une sorte de très gros herbivore particulièrement craintif. Tant qu'il est en confiance, il vit sa vie, mais, il déteste être surpris, et, plus la suprise est brutale, plus sa réaction est incontrôlée et brutale. Si l'économie mondiale était un champ d'herbe grasse, on peut se dire que les marchés financiers, c'est un gros, très gros brontosaure.

    Je ne sais pas si allblues33 a vu la taille de la queue du bestiau, mais quand un brontosaure en panique s'enfuit en courant dans tous les sens, mieux vaut ne pas se trouver du côté où sa queue bat de gauche et de droite, sous peine au mieux d'être sonné, au pire, d'y laisser sa peau.

    Si allblues33 devait réfléchir à la manière dont il va calmer, je ne dis même pas dompter mais seulement calmer, même s'il s'y mettait avec toute la tribu MoDem, il ne trouverait pas la solution tout de suite, à mon avis.

    Un marché financier, c'est à peu près ça : un gros brontosaure qui ne vit que par anticipation. Il broute çà et là, cherchant les bonnes zones herbeuses à souhait. Son long cou lui permet de les détecter de loin (anticipation). Mais si son oeil acéré a repéré de l'herbe grasse, et que lorsqu'il approche le cou, il tombe sur une grosse motte de terre, il va légitiment s'inquiéter. S'il pense brouter à l'abri des prédateurs et qu'il se découvre soudainement encerclé par des fricoraptors enragés et affamés, nul doute qu'il va paniquer.

    Je dois rectifier mon image. En fait, le marché, ce n'est pas un brontosaure. Non, c'est un gros gros gros troupeau de brontosaures avec quelques prédateurs genre vélociraptors qui font des raids de temps à autre.

    Cette image donne le ton et le fil des solutions à appliquer. On ne peut rien faire tant qu'on n'aura pas calmé les brontosaures. Il faut donc rétablir la confiance avant toutes choses.

    Or, pour être en confiance, il faut disposer d'informations fiables, c'est ce que je faisais valoir il y a 10 jours en qualifiant de crise catallactique la crise actuelle. On a quelques éléments de réponse avec les premières réactions de députés ADLE, groupe parlementaire auquel appartient le MoDem. Par exemple, en décembre dernier, Mariela Velichkova Baeva (Bulgarie, ADLE) estimait que l'origine de la crise était à trouver dans "la quête du profit, le manque de connaissances sur le véritable état du marché et sa capacité à faire face à un cataclysme ainsi que dans l'ignorance des conséquences."

    Les informations fiables supposent également des règles fiables ainsi q'un arbitre. C'est ce que précisait dès le mois de septembre une autre députée ADLE. Silvana Koch-Mehrin (DE) pour le groupe ADLE faisait remarquer "qu'il ne s'agit pas juste de quelques banques en crise, car ceux qui perdent ne sont pas des opérateurs de titres, mais des familles qui 'touchent le fond' avec des retraites menacées et des revenus endommagés". Elle appelait alors à agir sur la base de faits : "la réponse ne consiste pas en des marchés libres, nous exigeons la régulation de ces marchés. Les règles doivent être définies et nous exigeons un arbitre pour évaluer leur fonctionnement dans la pratique. Ceux qui ont refusé d'être liés par des règles doivent être accusés, et non le marché en soi". Elle insistait enfin :"nous exigeons des règles pour toute l'économie mondiale".

    En somme, cher allblues33, il ne s'agit pas de réguler pour punir les très méchants capitalistes ni la vilaine finance, comme une sorte de grand Satan à l'origine de tous nos maux, mais de faire en sorte qu'on puisse tous brouter dans le même pré sans se téléscoper parce qu'il y en a qui ne font pas la file.

    Sarnez.jpgEn somme, c'est ce que dit en grande partie Marielle de Sarnez : «Nous voulons une régulation financière mondiale. Nous voulons imposer davantage de contrôles, mais aussi davantage de sanctions. Il revient à l’Europe d’inspirer et de promouvoir un nouveau système de gouvernance et de régulation mondiale. En commençant par mettre en place un régulateur européen, capable de parler à égalité avec son homologue américain

    Tenez, pourquoi pensez-vous que Marielle de Sarnez parle de régulateur européen ? Ben oui, faudrait pas l'oublier : qui a créé les subprimes ? des agents américains, pardi, contrôlés/non-contrôlés par les seuls Américains. Ben oui, elle a bien compris le problème, elle Marielle. Pour que tout le monde puisse évoluer en confiance, il faut aussi des arbitres fiables. C'est bien ce que voulait Silvana Koch-Mehrin et Mariela Velichkova Baeva, l'une avec un arbitre, l'autre avec le véritable état du marché.

    Alors comment concrètement cela va se mettre en place, on ne le sait pas encore, parce que cela va dépendre justement du résultat des élections européennes...Entre le PPE (dont est membre l'UMP) qui ne souhaite modifier les choses qu'à la marge, le PSE (dont est membre le PS) dont les membres disent tout et son contraire puisqu'ils ne sont pas d'accord entre eux, et la gauche de la gauche (Verts compris) qui rêve de décroissance ou de Grand Bond en avant (20 millions de morts avec la Chine, tout de même, à la fin des années 50), sans parler des partis nationalistes et/ou extrémistes qui rêvent de protectionnisme (crise de 10 années en 1929 + une guerre mondiale avec 60 millions de morts), vous voyez, cher allblues33, les jeux sont ouverts et vous avez une large palette de choix pour déterminer quel brontosaure vous souhaitez être...

  • Et si l'Europe explosait en vol à cause des emprunts des États ?

    J'ai déjà eu l'occasion de le dire sur ce blog, je suis quelque peu inquiet face à la quantité de capitaux que les États escomptent lever, les uns pour relancer l'investissement ou sauver leurs industries, les autres pour accroître le pouvoir d'achat et donc redresser la demande. Parce qu'il y a tout de même une question qui me taraude : qui va prêter ?

    Et je vois de là des scénarios inquiétants qui se profilent à l'horizon. L'euro et l'Europe nous ont longtemps protégé, évitant sans doute à certains États de l'Union une déroute à l'islandaise. Sauf que la réalité, en Europe, c'est que certains paient et d'autres reçoivent. On peut même dire que l'Allemagne paie beaucoup, de même que la Hollande, par exemple, tandis que la Grèce ou l'Italie reçoivent des subsides en nombre. Or, nul n'ignore que les pays du sud de l'Europe ont des comptes publics gravement dégradés, au point de voir leur notation abaissée par les principales agences sur les marchés financiers.

    Que se passera-t-il si ces états ne trouvent pas prêteurs sur les marchés ? Ils compteront sur la solidarité européenne, bien sûr, mais, devant l'afflux de demandes, qui dit que les pays les plus riches de l'Europe accepteront de continuer à payer pour les cancres dont tous les indicateurs sont au rouge ?

    Si tel devait être le cas, et que plusieurs pays, lassés, décident de reprendre leur liberté, ce serait la fin de la monnaie unique et par là, un recul pour sans doute de longues décennies de l'Union Européenne, voire, pire, la constitution de deux blocs européens, l'un riche, l'autre à l'économie décadente.

    Scénario fiction ? Pas si sûr. Les tentations sécessionistes existent au sein de plusieurs nations : Flandre et Wallonie, Ligue du Nord contre régions du sud en Italie, et même Wessies contre Ossies en Allemagne, ou encore Catalogne en Espagne. Bref, qui sait si ces tensions régionales ne pourraient pas se transposer en ligne de front nord-ouest/sud-est ?

  • Le plan de relance des socialistes

    Je me suis rendu sur le blog d'Abadinte, un militant socialiste, qui a eu la très bonne idée de présenter le plan du Parti Socialiste pour relancer l'économie. Autant dire qu'à sa lecture, j'ai failli avoir une syncope. Les Socialistes n'ont désespérément rien compris de l'échec de leur politique de relancer par la demande de 1981. Le seul élément qui pourrait atténuer leurs errements aujourd'hui est que les autres pays européens mènent à peu près la même politique au lieu d'être sur une ligne inverse, comme en 1981.

    Le plan de Martine Aubry est truffé de dépenses nouvelles dont pas une n'est financée, et surtout, se propose de relancer tout azimut la consommation par des dépenses nouvelles de l'état (contrats aidés) , des hausses de salaire, le tout pesant sur les entreprises. On trouve également ce genre d'aberration économique :

    Remboursement préalable des aides publiques perçues au cours des cinq dernières années pour les entreprises qui engagent un licenciement économique alors qu'elles distribuent des dividendes ou rachètent leur propres actions.

    Les entreprises ne distribuent pas des dividendes par plaisir mais pour attirer de nouveaux investisseurs. Elles ne seraient d'ailleurs peut-être pas à ce point dépendantes de leurs actionnaires si elles disposaient de marges suffisantes pour investir. Sauf qu'avec un projet qui se propose de les plomber par des charges patronales nouvelles, cela ne risque pas de se produire.

    Plus généralement, on peut admettre une relance par la demande quand l'appareil productif national est productif, or, comme en 1981, il est à nouveau vieilli.

    Les seuls points que je trouverais à peu près corrects, et encore, je tique pour le second, ce seraient ceux-ci :

    • mettre en place un crédit impôt-recherche bonifié et spécifique pour les PME-TPE innovantes et intervenant dans l’économie verte ;

    Le point E me convient aussi. Je pense que ce sont des incitations fiscales ciblées qui peuvent d'une part faire repartir la machine, et d'autre part, nous aider à franchir le difficile cap de la nouvelle révolution industrielle qui s'annonce :

    E. Promouvoir une croissance verte Les défis écologiques sont l’occasion unique de changer fondamentalement les paradigmes d’une économie capitaliste à bout de souffle et de relancer la croissance et l’investissement.

    • L’adoption pour les particuliers d’une tarification incitative à l’économie des biens essentiels que sont l’eau, l’électricité et le gaz (fixation d’une tarification avantageuse en cas de non dépassement d’une consommation forfaitaire) ;
    • L’augmentation des crédits publics pour le développement des technologies propres et des éco-industries ;
    • Le lancement d’un programme de dépollution des sites et sols pollués ;
    • Le développement massif des infrastructures de transport propre, en partenariat avec les régions.

    Bien évidemment, je ne me reconnais en revanche  absolument pas dans l'intitulé du point E. L'économie capitaliste n'est pas à bout de souffle. Elle est en crise, et cela lui arrive à intervalles réguliers. Mieux vaudrait s'interroger sur la manière dont on peut faire pour que ces crises ne frisent pas l'apoplexie à chaque fois, et, en outre, entamer une réflexion sur la vitesse de la circulation des biens, matériels ou immatériels, et de l'information, bien plus élevée que la mécanique économique de marché traditionnelle à laquelle nous sommes habitués.

    Je ne sais pas ce qu'en pense exactement François Bayrou. Martine Aubry a déclaré qu'il rejoignait les Socialistes sur leurs propositions parce qu'il vote la motion de censure. Je n'ai pas entendu le même son de cloche de la part de Bayrou. C'est l'atteinte insupportable aux libertés, qui l'horripile particulièrement, je le crois, qui le pousse, à juste titre, à mon avis, à voter cette motion avec les Socialistes.

    Cela ne m'étonne qu'à moitié qu'Abadinte, tout social-démocrate ouvert qu'il est, applaudisse des deux mains ce programme. J'avais lu son intéressant billet du 19 janvier dernier où il expliquait la manière dont les entreprises opéraient pour se financer. Le même auteur qui constate avec raison les déficiences des Français en économie parvient tout de même à écrire les contre-vérités qui suivent :

    Il y a d'autres moyens que je qualifierais de plus radicaux. Le premier d'entre eux est de vendre tout ou partie le capital de son entreprise à une autre entreprise (Alitalia et Air France-KLM par exemple). Le deuxième est de vendre son capital à un particulier derrière un fond d'investissement (quasiment tous les acteurs du net se sont financés ainsi). C'est donc une entité extérieure qui rentre dans le capital et qui en tant qu'actionnaire de l'entreprise a un droit de décision à hauteur de son entrée dans le capital de l'entreprise. Au risque de prendre les décisions à la place du propriétaire? En effet, pour financer l'investissement de son entreprise, l'entrepreneur a vendu son entreprise au plus offrant. Résultat, il n'est plus maître chez lui... De la même manière, le dernier moyen est de vendre son capital dans une bourse d'échange, c'est ce qu'on appelle l'introduction en Bourse de l'entreprise. Et là, les boursicoteurs, spéculateurs, traders, cambistes spéculent sur le niveau futur de l'entreprise à la hausse ou à la baisse. Bref, non seulement l'entrepreneur n'a plus les mains libres pour prendre les décisions stratégiques de l'entreprise mais en plus ce n'est plus lui ou les résultats de l'entreprise qui décident de la valeur de l'entreprise mais des personnes qui espèrent obtenir un gain spéculatif sur l'entreprise. Il vient de vendre son entreprise au diable. Car s'il souhaite par la suite utiliser les fonds propres (cf. le premier moyen de financement d'une entreprise l'autofinancement) pour investir dans un nouveau produit, processus productif, usine etc., il n'en aura pas les moyens car les fonds propres serviront d'abord et avant tout à rémunérer celui qui était entré dans le capital de l'entreprise. L'entrée d'un nouvel actionnaire réduit donc la capacité d'investissement de l'entreprise au lieu de l'augmenter.

    Il est impossible, pour un entreprise, de grossir si elle ne passe pas par les marchés. Abadinte ne l'ignore sans doute pas. Est-ce que google serait devenu Google si elle n'avait pas levé trois milliards de dollars de capitaux à un moment donné de son histoire ? Abadinte croit-il un seul instant qu'un banquier aurait consenti un prêt d'une telle somme ? Est-ce qu'il imagine un seul instant que les marges de google auraient pu dégager un tel montant ? Évidemment non. La capitalisation boursière est un progrès économique nécessaire, et, dans l'histoire de l'humanité, elle a permis l'émergence de géants économiques. On peut disserter sur le bien-fondé de l'existence de ces géants, mais souvent, ils ont permis des progrès techniques sans équivalents.

    J'accorderai à Abadinte de critiquer le fonctionnement actuel de la Bourse, mais il ne se réduit pas à une simple histoire de méchants actionnaires d'un côté et de gentils entrepreneurs (travailleurs ?) de l'autre. Paradoxalement, j'en viens à me dire qu'Abadinte regrette certainement le capitalisme entrepreneurial des premiers temps, celui-là même dont Schumpeter, mon Totem, fait l'apologie. Intéressant de constater, d'ailleurs, comme je l'avais moi-même noté, que Jean Peyrelevade a des vues similiaires sur ce sujet.

  • Bulle d'états et révolution verte

    En dix ans, le monde a cumulé crise sur crise et bulle sur bulle. 1997-2001 : bulle internet . 2001 : crise financière .2002-2007 : bulle immobilière . 2008 : crise financière. J'ai le sentiment que la prochaine, c'est celle des bulles des États. Ils empruntent tous massivement pour relancer la consommation. Sur le fond, en dépit d'un billet récent, je ne suis pas convaincu de l'efficacité des mesures prises. Relancer indistinctement la consommation risque surtout de surajouter la dette publique à la dette privée.

    Je ne suis pas contre les plans de relance choisis par les leaders mondiaux, mais signer des chèques en blanc aux populations pour consommer me paraît idiot. Il eût mieux valu jouer d'incitations fiscales fortes et ciblées pour favoriser de nouvelles habitudes de consommation : alimentation biologique, énergies renouvelables, automobiles propres, et cetera. En France, Corine Lepage s'échine à le dire depuis longtemps. Elle a fait des propositions en ce sens, reprises par François Bayrou. Mais ils prêchent tous deux, dans le désert. Ségoçlène Royal qui a compris l'enjeu a fait une critique du plan socialiste pour les mêmes raisons : pas de place pour l'écologie. Mais ce n'est pas un peu de place qu'il faut, mais amorcer une révolution industrielle. Et Nicolas Sarkozy, le spécialistes des occasions ratées, en rate une de plus...

    Quant au plan d'Obama, son gigantisme occulte les risques structurels qu'il fait courir à l'économie américaine. Je renvoie à l'excellente analyse d'ecomolinari à ce sujet.

  • Une Crise maîtrisée, Keynes sauve une seconde fois le monde

    Je viens de lire un article très intéressant sur Paris-Match (une fois n'est pas coutume). Le magazine a eu la riche idée d'interroger quatre économistes compétents et reconnus sur la durabilité de la crise. Il ya parmi eux Amartya Sen dont je vais bientôt parler ici car je viens de finir la lecture d'une de ses oeuvres.

    Je partage le sentiment de ces quatre économistes : la réaction rapide des politiques qui ont tout de même appris beaucoup de la crise de 1929, l'apport des théories keynésiennes mises en pratique, en la circonstance, à propos, devraient probablement faire sentir leurs effets d'ici moins d'un an. Je n'ai jamais été keynésien, tout en étant très intéressé par l'analyse de la Théorie Générale, mais j'ai toujours pensé que la doctrine néo-keynésienne pouvait marcher à condition d'être applicable. Pour être simpliste mais efficace, leur idée est d'organiser une relance par la demande à l'échelle mondiale ; jusqu'ici j'ai toujorus pensé que c'était impossible, car je ne voyais pas tous les pays du monde se mettre d'accord sur une telle relance. or, avec la crise, c'est exactement ce qu'il se produit : les économies les plus puissantes de la plantète relancent en même temps l'économie. Occasion unique de tester la validité de la théorie néo-keynésienne, mais je pense qu'ils ne se trompent pas et que le monde entier en connaîtra les effets bénéfiques à relativement court terme. Il restera, en revanche, après, à régler le problème des dettes d'État monstrueuses qui en découleront...