Ce que j'aime bien, c'est que l'opinion publique a le sens de l'humour : on reproche aux banques d'avoir prêté trop facilement (notamment avec les fameuses subprimes) et d'avoir déclenché la crise. Mais voilà, les banques sont devenues méfiantes, et du coup, aujourd'hui, elles ne prêtent plus facilement. Et devinez ce qu'on leur reproche ? De ne pas prêter assez... Il y a des jours comme ça, j'vous jure...
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Banques, trop de crédit ou pas assez ?
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J'ai la trouille pour l'industrie automobile !
Plus j'entends l'information, et plus je fais même le sentiment de Carlos Ghosn : les scénarii les plus fous deviennent, hélas, possibles. Ce qui m'effraie, c'est que les équipementiers sont touchés aussi. A preuve la fermeture d'une usine par Plastic Omnium au Havre. La baisse des taux directeurs de la BCE ne doit pas faire illusion.Tant qu'il n'y aura pas une amélioration de la circulation des liquidités, il restera difficile d'emprunter.
Ce qui m'effraie, c'est l'effet domino : l'industrie automobile fait travailler nombre de sous-traitants. En admettant que les grands constructeurs parviennent à sauver leur peau, à l'issue de la crise, que restera-t-il des sous-traitants ? Nous risquons de voir s'accélérer le processus de désindustrialisation qui touche la France avec de nombreuses délocalisations à la clef.
Clairement, tout plan de sauvetage doit intégrer les deux bouts de la chaîne. Je ne sais pas comment cela peut se faire exactement, mais, je suis convaincu de l'absolue nécessité de le faire. Je sais que l'État a prévu d'engager 100 millions d'euros, aux côtés de PSA et Renault (100 millions chacun) mais cela suffira-t-il ? Quant à la prime à la casse, on peut craindre un effet boomerang désastreux quand elle prendra fin.
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Mathématiques de la Crise, Crise des mathématiques
Il y a une question que je me pose, et, que manifestement, un mathématicien s'est posé avant moi, il y a un mois. Dans la crise financière que nous visons, d'aucuns se sont surtout intéressé aux aspects moraux, alors que pour ma part, j'ai privilégié jusqu'ici les aspects techniques, asseza peu traités par la presse et a fortiori la blogosphère.
La question que je me pose, c'est de déterminer la responsabilité des mathématiques dans cette crise : en effet, les formules des produits financiers complexes qui déterminent leur niveau de risque sont le fruit de calculs mathématiques complexes.
Et si, sur le fond, c'était les formules mathématiques qui avaient induit en erreur les premières les financiers ? Je ne pense pas que les grands acteurs du Crédit, tant sur les marchés nationaux quj'internationaux agissent au pifomètre, flairant çà et là la bonne opportunité de crédit et de risques. On le sait depuis longtemps, les mathématiques sont le principal outil intellectuel de la finance.
L'inconvénient, c'est que je ne suis pas mathématicien, et que ma formation en mathématiques est trop limité pour comprendre des mathématiques probabilistes autres que des dénombrements ou combinaisons de base. Mais, je me suis laissé entendre dire que ce métier, celui de fabriquer des formules pour la finance était celui des analystes quantitatifs. Le site Next-Finance en fait une présentation qui me paraît claire, même pour le non-spécialiste que je suis.
Je m'étonne, d'ailleurs, qu'en France, seules les Universités se soient intéressées à ce domaine : les Grandes écoles, particulièrement les écoles de commerce, sans doute trop généralistes, en sont complètement absentes. En tout cas, cela ne doit pas courir les rues les titulaires de cette formation, à lire les salaires proposés à Londres.
J'ai trouvé un avis éclairé sur le forum actualités finance, je le copie ici (c'est à peu près compréhensible, les aspects 100% techniques exceptés) :
Subprimes, crise financière et crise économique : les données qui ont fait défaut aux analystes quantitatifs et aux agences de notation pour anticiper la faillite des banques et de leurs contreparties
1- Neutralité des mathématiques
Pour beaucoup il n'y pas de doute, les premiers responsables de la crise sont les maths appliquées à la finance par les analystes dits " quantitatifs ". Aussi appelés " quants " ils ont une formation non comptable alors qu'ils travaillent dans les banques, sociétés financières et autres institutions et entreprises ayant des activités liées à la finance.
Avant Bâle2 et la CRD, aucune disposition réglementaire ne contraignait les banques à gérer le risque opérationnel. Comme dans les processus d'assimilation, certains analystes quantitatifs ont tout simplement étendu au risque opérationnel les méthodes mathématiques techniques dont ils avaient l'habitude.
Or il se trouve que les calculs stochastiques (étude des phénomènes aléatoires dépendant du temps) qui rencontrent leur aboutissement normal dans la théorie des jeux et dans de nombreux domaines (finance mathématique, analyse des risques de marché, notamment l'optimisation de la gestion de portefeuilles, etc) rencontrent rapidement leurs limites lorsqu'il s'agit d'analyser le risque opérationnel dans lequel le facteur humain occupe une place prépondérante. Le calcul intégral et différentiel lié aux processus aléatoires ne suffit plus; les incidents ne sont pas suffisamment répétitifs pour constituer la base de données nécessaires aux simulations.
D'où la gravité des erreurs et fautes techniques soulignées par la Commission bancaire dans son rapport 2007 vis-à-vis des établissements qui se sont limités aux méthodes stochastiques:
- Obsolescence d'événements de bases de pertes ;
- Recours à des données externes de type consortial entraînant un double emploi des données liées aux mêmes événements ;
- Application des statistiques à des événements aléatoires relevant par définition du domaine des probabilités ;
- Manque de cohérence comptable de la quantification des incidents ;
- Non articulation de la collecte de données au contrôle interne pourtant obligatoire ;
- Absence d'intégration des techniques mathématiques de réduction de l'incertitude des données d'événements collectées (On ne peut prétendre connaître tous les risques opérationnels avec les valeurs enregistrées) ;
- Manque de cohérence entre les données externes utilisées avec des avis d'experts requis pour l'analyse des scénarios;
- Difficultés de découpage des événements aléatoires récurrents en classes statistiques;
- Absence d'use test sur le Résultat Opérationnel (EBIT) et les Fonds propres validant la Valeur d'utilité du dispositif mis en place.
(cf.http://forum.actufinance.fr/methode-ama-risque-operationnel-opr-releve-de-10-points-critiques-du-premier-bilan-du- processus-d-autorisation-des-approches-internes-dans-le-cadre-du-nouveau-ratio-de-solvabilite--commission-bancaire-P189233/)
2- L’impasse des méthodes de « rating » (l’analyse patrimoniale) et notation:
S'ils reconnaissent que les insuffisances de l'approche purement mathématique des risques est bien la cause de la crise, les analystes quantitatifs affirment qu'ils n'ont pu agir ainsi qu'avec la complicité des agences de notation :
"Les mathématiques ne sont qu'un maillon de la crise, mais pas décisif" (…) ; les agences de notation portent " une grande responsabilité" pour avoir donné des AAA (très bonnes notes) à des produits qui ne le méritaient pas (Mme El Karoui, Professeur des mathématiques financières, Le Monde du 02.10.08).
- Le rapport du Conseil d'Analyse Economique (CAE) du Premier ministre partage ce point de vue. Le rapport recommande d' « Imposer que les agences de notation intègrent dans leurs évaluations le risque de liquidité et les risques opérationnels, à côté des risques de crédit » (http://www.lafinancepourtous.com/Recommandations-du-rapport-sur-La,980.html).
En fait, il se trouve que les outils utilisés par les analystes quantitatifs et les agences de notation n’ont pas été conçus pour le risque opérationnel.
Ainsi les crédits accordés à une clientèle peu solvable, sur la base d'une majoration du taux d'intérêt (subprimes) ne sont pas un risque de crédit, mais un risque opérationnel en rapport avec le risque de crédit (CRD, Art. 367c):
- le risque opérationnel est le «risque de pertes résultant d'une inadaptation ou d'une défaillance imputable à des procédures, personnels et systèmes internes… » .
Les pertes de risque opérationnel en rapport avec le risque de crédit affectent le risque de marché par le mécanisme de titrisation :
- De mauvais risques de crédits immobiliers se sont ainsi retrouvés dans les sicav de trésorerie contaminant les marchés financiers à risque, avant d'atteindre le marché monétaire avec la crise de liquidité qu'on a connue.
L’Instruction n° 2007-02 de la CB oblige les banques à déclarer les pertes de risque opérationnel en rapport avec le risque de crédit et le risque de marché sur la colonne 8 de l'état OPR LOSS Détails.
Le risque de crédit concerne la " Probabilité de défaut" (PD) d'une contrepartie sur une période d'un an " (CRD, Art. 4-1e). La PD dépend du résultat opérationnel (EBIT) de la contrepartie, donc de l’efficacité du dispositif actif-passif de la contrepartie :
- La notation interne est prévue pour permettre aux banques de mesurer cette PD à partir des documents prévisionnels de la contrepartie (cf. Recommandation de juin 2005 aux PME contresignée par la FBF, le MEDEF et la CCI de Paris).
L'EBIT (earnings before interest and taxes) est le chiffre clé de la comptabilité des sociétés de tous secteurs d’activité. Il correspond au chiffre d'affaires net duquel sont déduites les charges d'exploitation (telles que salaires, charges sociales, matières, énergie, etc.) :
- L’EBIT mesure la valeur d’utilité (Value in use) du dispositif actif-passif de maîtrise du risque opérationnel des sociétés.
Ces données sont essentielles pour calculer le ratio de solvabilité d’une entité.
Un ratio est un «coefficient qui permet de mesurer en analyse financière, la situation financière d'une entreprise tout en comparant ses comptes (bilan, compte de résultat, tableau des flux...) d'une année n sur une autre année n 1, voire avec les comptes ou chiffres d'autres entreprises concurrentes ou du même secteur» (d’où la nécessité des données de sources externes adossées à des avis d’experts):
- La méthode des scores qui se définit comme « la combinaison d'un certain nombre de ratios significatifs en vue d'obtenir un résultat permettant de déceler la vulnérabilité de l'entreprise » permet d'obtenir des informations sur la base des ratios les plus pertinents choisis par l'entreprise elle-même ; elle ne reflète donc pas la situation financière de l'entreprise dans son intégralité ;
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- L'analyse patrimoniale est obtenue grâce au bilan financier ou patrimonial dans lequel les postes de l'actif du bilan sont évaluées à leur valeur réelle encore appelée « valeur vénale » et classés en fonction de leur liquidité tandis que ceux du passif le sont en fonction de leur exigibilité ;
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- La notation quant à elle est «l'évaluation du risque de non-remboursement d'un emprunt émis sur un marché» ou de la probabilité de défaut d’une contrepartie vis-à-vis de sa banque.
3- Compléter le SIG en place pour générer les données manquantes
Le dispositif actif-passif exigé est au service de la GRC (Gouvernance, Risques et Conformité). Il est conforme à la nouvelle réglementation lorsqu’il satisfait aux modalités du COFINREP : COREP (Common reporting) et FINREP (Financial Reporting) pour la remontée vers la contrôle interne :
A- Des données de Mesure de la performance ajustée pour le risque opérationnel :
- Pertes inattendues (UL)
- Pertes attendues (EL)
- VaR
- Seuil historique du risk appetite par rapport aux EL
- Pertes potentiellement recouvrables
- Seuil nouveau du risk appetite par rapport à la VaR (Marge assurable)
B- Des Données de la Valeur Actuelle des Profits Futurs (Value of the In Force) pour l’actionnaire prenant en compte les pertes potentiellement recouvrables:
- Variation du chiffre d’affaires
- Variation de l’EBIT (résultat opérationnel)
- Variation de la prime d’objectif-résultat
- Variation du résultat net
- Variation des capitaux propres
C- Des ratios nécessaires au contrôle interne permanent et à l’alerte des responsables opérationnels relatifs aux pertes potentiellement recouvrables (PPR) :
- PPR/Bénéfice net ;
- PPR/Frais généraux ;
- PPR/Charges générales d’exploitation ;
- PPR /Résultat opérationnel
- PPR /Chiffres d’affaires.
D- Des données d’alerte sur le risque d’avertissement sur résultats tenant compte dernier exercice connu et des PPR pour la communication d’entreprise:
- Objectifs de Chiffres d’affaires ;
- Objectifs de résultat opérationnel (EBIT) ;
- Objectifs de Résultat net ;
- Objectifs de Capitaux propres.
4- Démarche d’implantation du dispositif actif-passif de GRC:
Les entreprises disposent déjà pour la plupart d’une base des données ou d’un SIG/cartographie des risques et des processus correspondant au pilier 1 pour la collecte d'incidents de pertes inattendues (UL).
Pour assurer le passage au pilier 2, il suffit d'interfacer le SIG/Cartographie au système de calcul : calcul de la VaR, des Pertes Potentiellement Recouvrables, de la Marge transférable à l’assurance, des Scénarios des flux de trésorerie futurs, de la Valeur des indicateurs génériques, facteurs ou causes à l’origine des pertes pour alimenter les tableaux de bord de prévention et de pilotage opérationnel.
- L’interfaçage aboutit à un système intégré Actif-Passif Global de GRC (Gouvernance, Risques et Conformité) permettant de récupérer les pertes , (la VaR constatée), en 2 ou 3 ans à hauteur de 85 % et de transférer 15 % à l’assurance.
Fonctionnant sur la technologie intranet ce système permet d'harmoniser et d'assurer la coordination de la gestion des risques de l'ensemble des filiales d'un groupe dans le monde, et ainsi d'optimiser en temps réel la contribution de chacune d'elles à l'économie des fonds propres et au ratio de solvabilité.
La solution s’adapte automatiquement à tous les secteurs d’activité et aux entreprises de toutes tailles en un clic sur le champ « lignes d’activité ».
Un assistant intégré assure en permanence le transfert de compétences techniques et de contrôle de la conformité réglementaires aux utilisateurs.
Cette solution a été labellisée pour la Communauté économique européenne par OSEO-ANVAR en décembre 2005.
5- Prescriptions réglementaires relatives au dispositif actif-passif
- Recommandations de l’IASB
- Exigences de la directive CRD relatives à la gestion actif-passif des banques
- Exigences de solvency 2 relatives à la gestion actif-passif des assurances
- Contraintes déclaratives de la valeur d’utilité du dispositif actif-passif
- Exigence de la notation interne des PME pour l’accès au crédit bancaire -
La BNP plie mais ne rompt pas
La BNP vient de publier ses résultats. On voit, çà et là, sur la Toile, des titres avec -55% en tête de ligne. En réalité, ce qui se replie, c'est le bénéfice de la BNP qui n'en demeure pas moins excédentaire.
Mieux : tous les pôles de BNP Paribas sont excédentaires. Elle finit par accuser à son tour l'impact de la crise financière, mais, au final, dans des proportions assez modérées. C'est le pôle BFI (Banque de financement et d'investissement) surtout qui est touché et voit son bénéfice fondre littéralement, puisque son résultat chute de 95% (mais reste bénéficiaire !). Les autres pôles sont peu ou pas atteints, et le produit ent bancaire s'améliore même légèrement au 3ème trimestre 2008 (en France, tout du moins). BNP a surtout encaissé plein pot la faillite de Lehman and Brothers, mais hors BFI, les résultats de ses autres pôles sont meilleurs que prévus par le marché et les analystes. La BNP a par ailleurs eu l'honnêteté de ne pas chercher à dissimuler des actifs douteux en les transférant vers d'autres portefeuilles (un amendement le permet désormais).
Ensuite, la BNP dispose de 40 milliards d'euros de fonds propres au ratio Tier One, c'est à dire en fonds propres 100% liquides et non avec un mélange de Tier Two (actifs rémunérés selon les résultats) ; or, le minimum recommandé de Tier One est de 6% : BNP est donc largement dans les temps...
Par ailleurs, la BNP a récemment adopté les principes d'Equateur, des normes volontaires environnementales et sociales applicables au financement de projet. Les Amis de la Terre vont être contents :-)
Il faut dire aussi que la BNP a été élue prêteur le plus audacieux pour le financement de projet impliquant des énergies renouvelables.
Les Principes de l’Equateur fixent des exigences sociales et environnementales à l’obtention de prêts supérieurs à 10 M$ (7,87 M€) et destinés à financer des projets de développement. Les Principes ont été révisés, il y a quelques mois pour intégrer une obligation de communication publique sur les prêts accordés. Ces principes sont issus de la politique et les critères de performance en matière de durabilité sociale et environnementale de la Société Financière Internationale et sur les directives générales en matière d’environnement, de santé et de sécurité de la Banque Mondiale. BNP a déjà mis en place des pratiques et procédures d’évaluation des risques environnementaux et sociaux pour son activité de financement de projets. Le groupe a également participé à des initiatives comme celles du Global Compact des Nations Unies, de l’Initiative Financière dans le cadre du Programme pour l’Environnement des Nations Unies (UNEP-FI)…
(source : le Journal du Développement Durable)
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La consommation baisse ? Et alors ?
J'étais présent, ce matin, à la Conférence Nationale du MoDem. Après avoir voté deux amendements sans intérêt, tout du moins, à mes yeux, j'ai eu le plaisir de pouvoir écouter des invités de très grande qualité. Je n'ai pu malheureusement, suivre tout l'exposé de Michel Camdessus, et j'espère le retrouver en ligne, tant j'en ai été mortifié, mais, en revanche, j'ai prêté l'oreille avec beaucoup d'attention aux riches analyses Robert Rochefort, le directeur du CREDOC.
Et il a fait quelques réflexions fort fines sur les indices, et notamment ceux qui mesurent le pouvoir d'achat. D'après les calculs de l'INSEE, nous allons retomber, en France, au niveau du pouvoir d'achat de 2003-2004.
Est-ce dramatique ? Vivions-nous mal en 2004 ? Dans le calcul de cet indice, Robert Rochefort observe qu'il y a par exemple la propension des Français à ne plus acheter de grosses cylindrées, ou encore celle à boire de l'eau du robinet plutôt que les eaux minérales (dont les ventes s'effondrent autant que les 4X4). Les Français en seront-ils pour autant plus malheureux ?
J'ai été très impressionné par la pertinence des propos de cet invité, mais, hélas, pas de vidéo en ligne pour pouvoir réfléchir à tête reposée sur tout ce qu'il a dit. J'espère trouver cette précieuse ressources ces jours prochains sur le site du Mouvement Démocrate.
Yessss ! Je viens de trouver la vidéo de l'intervention !!!
Bon, maintenant que j'ai la vidéo, je peux continuer mon commentaire. Robert Rochefort a tout de même soulevé des points inquiétants : il a constaté que la totalité des entreprises stoppaient actuellement investissements et commandes, par peur de l'avenir. Ceci aura des conséquences sur le chômage, et d'ailleurs, l'UNEDIC prévoit 50 000 chômeurs de plus, révisant sa prévision de début d'année qui était de 80 000 chômeurs de moins. Nous ne faisons que rentrer dans la crise, aux yeux de Robert Rochefort.
Il ne faut malgré tout pas céder à la panique et se demander plutôt quels doivent être les secteurs prioritaires dans les quels nous voulons concentrer nos moyens, dans ces conditions, et quelle société voulons-nous voir émerger de la crise.
Le bâtiment pourrait se retrouver sinistré : on prévoit jusqu'à 180 000 chômeurs dans ce secteur, dans le moment où les mises en chantier s'effondrent. La seconde priorité, ce sont les PME, très inquiètes pour leurs financements. Enfin, la dernière priorité, mais peut-être la plus importante, c'est de définir la société vers laquelle nous voulons aller.
Pour conclure, Robert Rochefort déplore le manque de pédagogie des pouvoirs publics : il évoque notamment les fameux milliards débloqués par le gouvernement en précisant qu'il ne s'agit que d'une caution, et non de milliards effectifs. Ainsi, le milliard nécessaire au financement du RSA est un milliard effectif, bien réel, alors que les centaines de milliards dont parle le gouvernement et les autres pays européens sont des milliards de caution, non des milliards "réels", au même titre que des parents se portent caution pour leur enfant qui veut louer une chambre d'étudiant...
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Mondialisation et Europe
Cela faisait partie des propositions de François Bayrou pendant l'élection présidentielle : il est patent que Bayrou a été plus que prémonitoire, au regard des derniers évènement, mais, comme d'habitude, on croit Cassandre quand il est un peu tard...Ecoutons-le, c'est extraordinaire : tout du plan européen y est...
« Le cadre européen nous rendra la souveraineté que nous avons perdue. »
« La question du modèle économique de la planète est probablement l’une des plus brûlantes que nous aurons à traiter dans les décennies qui viennent. Les pays à haut niveau de protection sociale sont menacés par le vaste mouvement de délocalisations et de concurrence sans règle sociale ou écologique. Et des pays les plus pauvres de la planète, on s’en va, je pense évidemment au continent africain. Que voit-on aujourd’hui ? Des délocalisations d’entreprises qui vont chercher en Europe l’endroit où le social coûte le moins cher. Pour que le dumping social et les délocalisations ne soient pas demain la réalité dominante, il faut une harmonisation de nos règles sociales en Europe. Les marchés financiers sont volatils : on peut donner à l’Europe la capacité d’une réglementation plus serrée, de dire aux marchés financiers : ‘il y a une limite’. En face du crime organisé, des trafics internationaux, des mafias, nous organisons notre impuissance. Les Etats européens avec leurs frontières, leur droit pénal toujours différent de celui du voisin, leur police séparée, c’est une aubaine formidable pour les organisations criminelles. Songez que nous sommes incapables d’aller voir ce qui se passe dans un compte en banque dans un autre pays ! C’est de l’assistance organisée aux mafias. Seule l’échelle européenne permet de résoudre ces questions des migrations économiques, des stratégies monétaires, des régulations du capitalisme financier, de la défense de notre modèle de société ; de traiter les grandes questions du développement durable, du climat, du dumping écologique et du modèle économique de la planète. C’est la vraie vocation de l’Europe : nous rendre la souveraineté que nous avons perdue, que l’échelon national ne peut plus garantir. L’Europe s’affaiblit à voir ses membres jouer les uns contre les autres, par exemple par le dumping fiscal. Je prends l’engagement de tout faire pour changer cette situation. »
J'inivte mes lecteurs à aller jeter un oeil sur le dernier article de Fred (Démocratie sans frontières) sur la crise : d'une part c'est grâce à cet article que j'ai retrouve ce discours de Bayrou (mais j'ai souvenir de l'avoir déjà cité ici, toutefois) d'autre part, Fred rappelle quelle était et est encore l'essence du projet démocrate : il mettait en avant la responsabilité individuelle dans l'économique et le social. L'UDF, qui a précédé le MoDem, proposait déjà dans ses commissions, des solutions jugées bisounourses par la gauche (préférant l'Etat) et la droite (faisant confiance à la main invisible du marché) et pourtant, les heures de crise que nous connaissons nous donnent raison, puisque les Etats appliquent ce que nous avions proposé...
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Crise financière : un sénateur MoDem écoute l'avis d'une militante !
Alors ça, cela me fait vraiment très plaisir : qui a dit que les sénateurs ne nous écoutaient pas et ne nous lisaient pas, nous autres militants démocrates ?
Lisez plutôt :
Voici ce que Jean-Jacques Jégou, Sénateur MoDem a dit lors d'une séance publique du Sénat le mercredi 08 octobre dernier :
Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, au cours de son intervention, M. Woerth a évoqué « des pratiques qui n’auraient jamais dû exister ». Au cours des vingt dernières années, les marchés ont subi une triple évolution caractérisée par la déréglementation, la désintermédiation et le décloisonnement.
Une nouvelle logique financière s’est instaurée, caractérisée par la globalisation. Celle-ci a favorisé le financement des entreprises et de l’économie, mais, contrairement à la logique industrielle, la logique financière privilégie le court terme. De nouveaux produits et de nouvelles techniques financières ont vu le jour, qui confirment la priorité donnée à la rentabilité immédiate, la valeur spéculative divergeant parfois de la réalité économique.
La sophistication des marchés financiers s’est considérablement accrue. Nous sommes donc passés d’un capitalisme industriel d’entreprenariat et d’une économie financée par le crédit à un capitalisme financier de marché, où non seulement les entreprises, leurs risques, leurs crédits, mais aussi des ensembles d’entreprises, des indices boursiers ou de prix de matières premières énergétiques, de métaux, de denrées alimentaires et même des indices climatiques, des quotas d’émission de CO2, des variations de taux, se négocient comme des marchandises, le prix d’équilibre du marché n’étant pas forcément le reflet d’une réalité économique d’ensemble mais du résultat de spéculations. De nouveaux produits ont vu le jour, toujours plus sophistiqués, comme les opérations de LBO à effet de levier, les nouveaux produits de titrisation ou les CDS – credit default swaps. Ces produits structurés sont d’une telle complexité qu’ils en deviennent opaques pour le commun des mortels et – pire ! – également pour ceux qui sont chargés de leur commercialisation. On en vient à ignorer ce qu’on acquiert exactement !
Parallèlement, je voudrais vous interroger, monsieur le ministre, sur les nouvelles normes comptables qui ont été imposées. Comment se fait-il que l’Union européenne, et donc la France, ait été aussi apathique pour favoriser une autorégulation des marchés financiers et du système bancaire, où l’efficacité et la stabilité de la profession reposent sur des codes de bonne gouvernance – la compliance – et des normes comptables internationales inspirées des normes américaines, l’IFRS ? Ces nouvelles normes d’origine anglo-saxonne ne vont-elles pas au bout du compte aggraver durablement cette crise ? Les normes généralisées du mark to market visent à valoriser les actifs et les passifs des institutions financières au prix de marché, ce qui a renforcé la volatilité de leurs comptes. Ainsi – et nous en sommes arrivés là aujourd’hui –, lorsque le marché interbancaire est bloqué et que les prix s’effondrent anormalement, de façon temporaire ou sous l’effet d’une spéculation, la banque peut se trouver en défaut, avec un besoin de liquidité pour couvrir la perte, temporaire ou supposée, mesurée à l’instant T. Or, le marché étant moutonnier, la moindre rumeur relative à un problème de liquidité est interprétée comme un potentiel problème de solvabilité, avec le risque de ne pas pouvoir honorer le remboursement de la dette…Et maintenant, comparez avec le début de l'excellent billet de Marianne Kraft que j'avais repris ici :
Une nouvelle logique financière s'est instaurée, se traduisant au-delà des aspects géographiques, c'est pourquoi les spécialistes parlent plutôt de « globalisation » financière que simplement de mondialisation. Cette globalisation financière a favorisé le financement des entreprises, de l’économie, mais contrairement à la logique industrielle la logique financière privilégie le court terme. De nouveaux produits et de nouvelles techniques financières ont vu le jour, qui confirment cette tendance, la priorité donnée à la rentabilité immédiate, à court terme, notamment car la valeur des flux futurs anticipés est évaluée en valeur nette présente, raccourcissant ainsi le temps d’un point de vue financier. Cette valeur tient compte aussi de la probabilité d’envol des taux et des cours ou de défaillance des acteurs impliqués, donc d’une valeur spéculative parfois divergeant de la réalité économique.
- la sophistication des marchés financiers s'est considérablement accrue, permettant un libre accès aux capitaux, une désintermédiation des acteurs entre les investisseurs et les emprunteurs de capitaux au travers des bourses et du marché. Les actions, obligations et créances négociables, ainsi que les nouveaux instruments financiers de dérivés de taux ou d’actions, se sont progressivement substitués aux traditionnels crédits pour subvenir au financement de l’économie et les crédits sont eux-mêmes devenus négociables, « titrisables », transformés en titres, accentuant la volatilité des marchés, leur sensibilité aux variations d’aléas externes. Les banques sont devenues aussi des « brokers de dettes ». Nous sommes passés d’un capitalisme industriel d’entreprenariat et d’une économie financée par le crédit (dont la rentabilité était évaluée sur un long terme) à un capitalisme financier de marché, où non seulement les entreprises, leur risques, leurs crédits, mais aussi des ensembles d’entreprises (fonds d’investissement), des indices boursiers ou de prix de matières premières énergétiques, de métaux ou de denrées alimentaires et même des indices climatiques, des variations de taux, se négocient comme des marchandises. Le prix d’équilibre du marché n’étant pas forcément le reflet d’une réalité économique d’ensemble, mais de résultats de spéculation, d’anticipation du prix futur, accentuant les tendances haussières ou baissières et amplifiant les variations de cours et se propageant entre secteurs et entre instruments financiers.- de nouveaux produits ont vu le jour, toujours plus sophistiqués.
Citons quelques exemples :
- La multiplication des opérations de LBO à effet de levier (« Leveraged Buy Out»), visant à faire acheter sans recours (avec prise de risque très limitée) une entreprise par un fonds spéculatif, sponsor financier, en finançant le rachat de l’entreprise par un emprunt gagé sur les actifs de l’entreprise, puis offrir une perspective d’amélioration de la rentabilité par restructuration, délocalisation, changement du management, en vue de revendre l’entreprise en faisant une plus-value (d’où l’intérêt de viser un profit à court terme) ;
- Les nouveaux produits de titrisation (« securitization » en anglais), technique financière qui transforme des actifs peu liquides, c’est-à-dire pour lequel il n’y a pas véritablement de marché, en valeurs mobilières facilement négociables comme des obligations. Chaque investisseur acquiert en quelque sorte une fraction du portefeuille d’actifs « titrisés », sur la base des flux financiers futurs des actifs, qui garantissent le remboursement des obligations.
- Les CDS (Credit Default Swaps ), permettant d’acheter et de vendre du risque sur un acteur, une entreprise, ou un ensemble d’entreprises.
Pour ceux qui veulent comparer toutes les interventions et l'article de Marianne, il suffit de poursuivre la comparaison avec les interventions de Jean-Jacques Jégou.C'est une excellente nouvelle, car cela prouve que nos sénateurs sont à l'écoute de notre blogosphère et parviennent à identifier et à reprendre les analyses les meilleures pour les intégrer dans leurs propres analyses. Ainsi, le lien est-il établi entre la base et le sommet. Je ne suis pas du tout certain que les autres partis politiques puissent en dire autant !
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Crise de pauvres...
Excellent commentaire que celui d'Europium en réponse à Quindi dans les commentaires de mon billet "Europe-Amérique la pression doit monter". J'en fais la copie ici séance tenante :
Lors d'une émission JFK a dit : la crise des subprimes est le premier exemple de "bulle" orchestrée en misant sur les pauvres. Il n'a pas tort et il est quelque part logique que cela conduirait à la catastrophe.
Les très faibles taux d'intérêt aux USA et la politique de bush incitant à l'endettement (parce qu'il fallait consommer à tout prix pour soutenir la croissance)ont conduit les banques américaines a prendre des risques inconsidérés sous l'oeil très complaisant de la FED. De plus, le fait que la chine et d'autres achètent la dette américaine faisait qu'il y avait peu d'inflation aux USA.Donc tout allait bien
Pour gérer le problème les "tricheurs" de la finance,qui ont pris les risques au départ, ont voulu répartir ces derniers sur l'ensemble du système banquier mondial en créant des produits très complexes. Oui, eux savaient ce qu'ils faisaient, d'ailleurs le FBI semblent s'en occuper.
Le problème est que ce système a fonctionné car ils ont pu berner à la fois les systèmes de régulation et les agences de notation. malheureusement à force de voir ce système fonctionner ils ont perdu toute notion du "risque à prendre"( ce dernier étant en adéquation avec leur métier de banquier...), je dirais qu'ils ont pété les plombs.....ils n'ont pu maitriser le monstre qu'ils avaient créé et l'effet domino a fait le reste.
Alors que faire? Un économiste disait que les modèles d'intervention classique pour faire face à cette crise sont obsolètes car ils ne prennent pas en compte que l'économie est mondialisée et que ça complique tout. pour lui il faudra créer un modèle qui puisse prévenir une telle crise, vu qu'il est de plus en plus difficile de gérer ce type de crise après son apparition.....
Il est évident comme le dit arnaud qu'il faut mettre en place une traçabilité du même type que dans l'alimentaire et la santé par exemple. mais est-ce possible avec les paradis fiscaux, qui sont nombreux en europe? cela nécessite de plus beaucoup de transparence dans des métiers ou l'opacité est de rigueur.
Maintenant trop de régulation n'est pas bon pour l'économie. C'est pour cette raison que le système tolère qu'une partie des comptes soient hors contrôle car il est nécessaire que l'oxygène(l'argent) circule très vite pour faire vire l'économie. Donc il va falloir trouver un juste milieu entre une régulation qui ne soient trop stricte pour éviter que certains essaient d'y échapper.... mais bon la nature humaine étant ce qu'elle est il y aura toujours des petits malins pour tenter d'échapper à toute forme de régulation et de règle... -
Europe-Amérique, la pression doit monter
Je constate avec satisfaction que l'Europe fait enfin pression sur les USA pour réformer la finance mondiale. La vérité, et il faut le dire une bonne fois pour toutes, c'est que rien de toute la crise financière ne se serait produit si les USA n'avait pas inondé le monde entier de leurs crédits pourris. Le comble, c'est que bon nombre d'économistes, à commencer par ceux de BNP Paribas (mais pas forcément écoutés au sein même de leur établissement bancaire, d'ailleurs), étaient extrêmement pessimistes sur la situation américaine.
On savait. On le savait. On savait que les subprimes étaient nocives, et on a quand même continué. "on", c'est un pronom indéfini en français. Eh bien il va bien falloir finir par réfléchir sur ce "on". Non pas pour chercher des coupables ponctuels, mais pour contraindre l'Amérique à édicter des règles de crédit qui ne mettent pas en danger l'économie mondiale.
Toutes proportions gardées, c'est comme une centrale nucléaire vieillie et inadaptée. On ne continue pas à la faire fonctionner sans une sérieuse rénovation quand on sait qu'elle est susceptible de vous balancer un nuage radio-actif (qui ne connaît pas les frontières, lui) à tout moment sur la tronche.
Sur cette crise, je trouve que le Premier Ministre anglais, Gordon Brown, a été exemplaire et s'est montré un grand homme d'Etat. C'est lui qui a inventé le plan que les Européens ont ensuite massivement appliqué. Aujourd'hui, il désigne clairement les Etats-Unis : «l'important est de s'assurer que les problèmes qui sont apparus dans le système financier - problèmes qui, nous le savons, ont débuté aux Etats-Unis - ne se produisent plus» a-t-il récemment déclaré.
Nicolas Sarkozy ne vient que se joindre à un mouvement qu'il n'avait nullement initié, puisqu'il voyait au contraire dans le système américain dérégulé un modèle pour la France. Ce n'est pas faute pour François Bayrou d'avoir pourtant joué - en vain - les Cassandre.
Les Européens accusent Washington d'avoir des années durant refusé, au nom du libéralisme économique, de réguler les marchés, fermant les yeux sur les investissements de plus en plus risqués et opaques qu'ils réalisaient. Et ils ont bien raison.
Nicolas Sarkozy et Gordon Brown suggèrent également d'encadrer beaucoup plus étroitement les activités des agences de notation, qui clairement, n'ont pas fait du bon travail. Elles portent également une lourde responsabilité. Ceci risque d'ailleurs, de provoquer un fort effet second sur le crédit. Si les Agences resserrent considérablement leurs critères, bon nombre d'établissements, mais peut-être bien aussi de pays (or la France emprunte massivement sur les marchés internationaux) pourraient voir leurs notes dégringoler, et se retrouver donc contraints d'emprunter à des taux bien plus hauts que ceux qui sont pratiqués actuellement. Pour des pays endettés, il y a certitude de voir le service de la dette augmenter considérablement dans le budget...
Il reste, désormais, à donner un vrai rôle au FMI. Bien que l'on ne l'ait que fort tardivement entendu (Il était en poste depuis un an et je n'ai pas le souvenir de l'avoir entendu s'exprimer sur les dangers que comportent des crédits pourris...) on peut espérer que Dominique Strauss-Khan joue enfin un rôle à cet effet dans cette institution, puisqu'il en est en principe le président...
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Plan européen : prudence de Marielle de Sarnez
Marielle de Sarnez, vice-présidente du MoDem a apprécié ainsi, lundi, le plan européen : « Quand l'Europe agit de façon coordonnée et concrète, c'est évidemment une bonne chose. On verra dans les jours prochains si cette mobilisation européenne sera de nature à mettre un terme aux désordres financiers».
«Ensuite, il faut voir si ce plan est de nature à faire face aux problèmes de l'économie réelle: les prévisions de croissance sont extrêmement faibles pour 2009, les carnets de commandes des PME sont vides, on va avoir une augmentation du chômage, on aura la question des déficits à combler».
«L'Europe a enfin commencé d'agir, sous la contrainte de la crise. Il va falloir que demain on continue de le faire et qu'on ne retombe pas dans le chacun pour soi».
Marielle fait bien d'être prudente. Mais je crois tout de même que cette réaction est très salutaire. Il reste maintenant à gérer notre propre situation franco-française. Il y a tout de même une question qui me taraude, dans ce plan : d'où va sortir exactement l'argent, en France, qui va garantir le crédit inter-bancaire ?