Je viens de lire un article très intéressant sur Paris-Match (une fois n'est pas coutume). Le magazine a eu la riche idée d'interroger quatre économistes compétents et reconnus sur la durabilité de la crise. Il ya parmi eux Amartya Sen dont je vais bientôt parler ici car je viens de finir la lecture d'une de ses oeuvres.
Je partage le sentiment de ces quatre économistes : la réaction rapide des politiques qui ont tout de même appris beaucoup de la crise de 1929, l'apport des théories keynésiennes mises en pratique, en la circonstance, à propos, devraient probablement faire sentir leurs effets d'ici moins d'un an. Je n'ai jamais été keynésien, tout en étant très intéressé par l'analyse de la Théorie Générale, mais j'ai toujours pensé que la doctrine néo-keynésienne pouvait marcher à condition d'être applicable. Pour être simpliste mais efficace, leur idée est d'organiser une relance par la demande à l'échelle mondiale ; jusqu'ici j'ai toujorus pensé que c'était impossible, car je ne voyais pas tous les pays du monde se mettre d'accord sur une telle relance. or, avec la crise, c'est exactement ce qu'il se produit : les économies les plus puissantes de la plantète relancent en même temps l'économie. Occasion unique de tester la validité de la théorie néo-keynésienne, mais je pense qu'ils ne se trompent pas et que le monde entier en connaîtra les effets bénéfiques à relativement court terme. Il restera, en revanche, après, à régler le problème des dettes d'État monstrueuses qui en découleront...
Commentaires
Je ne dis pas que les relances keynésiennes vont échouer lamentablement.
Mais on ne saura jamais si la solution libérale aurait marché mieux, puisque tout le monde relance...
Bonjour Paul,
c'est le fait que tout le monde relance qui rend la situation inédite. Pour la science économique, c'est historique et une occasion unique d'étudier une théorie "in vivo"...
Les libéraux ne sont pas vraiment exprimés sur cette crise, justement. Pour ma part, je connais l'analyse de Schumpeter, mais pour lui, la crise est inhérente au capitalisme, alors...
Pour Schumpeter la crise est liée à la fin d'une grappe d'innovations, ce qui n'est pas le cas ici : la crise est financière (je simplifie surement grossièrement mais l'idée est là il me semble).
Les libéraux se sont largement exprimés, mais leur pensée n'a pas été relayée par les médias obsédés par l'affirmation sensationnelle de la "crise du capitalisme" ou du "krash du libéralisme". Et tout simplement parce que les solutions libérales, qui consistent à ne rien faire, ne peuvent convenir aux politiciens dont la religion est l'action.
http://www.politique.blomig.com/2009/01/12/la-crise-ce-qui-se-dit-et-ce-qui-ne-se-dit-pas/
ils parlent de la crise maintenant qu'elle est installée.
Ont-ils seulement vu venir ce gros truc arriver ?
si non : quelle crédibilité leur accorder ?
Ils n'envisagent pas la survenue de l'imprévisible, alors que la probabilité me semble importante.
Par exemple, le consommateur, après la crise, sera-t-il exactement le même ? Est-ce qu'ils anticipent d'éventuels changements profond de comportement ? Et d'ailleurs, comment le pourraient-ils ?
c'est lui, le consommateur, qui décidera
de quoi demain sera fait. Et il vaut mieux rester modeste, il me semble, quand on fait des prédictions sur ses futurs comportements.
Et parfois oser dire : "Au fond, je ne sais pas de quoi demain sera fait"
tous ces "experts" qui passent dans les médias, je les sens personnellement bien largués.
Les théories en économie me semblent tellement fragiles, par rapport a celles qui prévalent dans d'autres disciplines. Elles procèdent le plus généralement du tâtonnement, de l'empirisme, du flan, à plus de 50%.
une preuve ?
Si il en était autrement, cette crise aurait été évitée, non ?
Je ne connais absolument pas les théories dont tu parles, mais je n'y crois pas, et là c'est l'ex-physicien qui parle. La théorie, ça ne marche que dans les cas d'école ou dans les corps purs. Notre monde n'étant ni un corps pur ni un cas d'école...
De mon côté, je pense que notre salut réside dans deux plans bien pratiques:
Un plan Marchal pour la science afin de sortir du tout pétrole et de respirer enfin un air nouveau avec un espoir nouveau
Un plan Marchal pour le développement du tiers monde, dont la richesse, réelle celle-ci, qu'il reste à créer est énorme.
La relance keynésienne généralisée par l'endettement public pose un problème de taille : pour emprunter, encore faut-il trouver prêteurs...
http://liberauxdumodem.hautetfort.com/archive/2008/11/07/my-name-is-bond-junk-bond.html
Amicalement.
Qu'est que tu viens de lire de Sen ? ;-)
@ Buildfreedom:
Tu as dit création de richesses par l'accroissement de la dette: lis donc: L'équation de la réalité imaginaire.
http://lamecaniquedelorange.hautetfort.com/archive/2009/01/09/l-equation-de-la-realite-imaginaire.html
@ Paul
Ce n'est pas tout à fait exact, ce que vous dites à propos de Schumpeter. La grappe d'innovations accompagne la crise, elle ne la provoque pas, et elle est là, la grappe. Ensuite, il y a une série de secousses ces sept dernières années qui me semblent annonciatrices de l'ouragan capitaliste. Enfin, n'oubliez pas que l'innovation chez Schumpeter ne se limite pas à l'innovation technologique. Elle concerne aussi l'organisation p(ar exemple du travail).
Pour ce qui est de ne rien faire...ahem. En 29 on n'a rien fait. Cela n'incite pas à recommencer, non ?
@ Philippe
La théorie n'est jamais parfaitement réalisée, mais elle permet de fournir une grille de lecture.
@ buildfreedom
Alors, là, en revanche, tu poses en effet une question de fond. C'est la chose qui m'inquiète, en fait, dans cette histoire.
Si je peux me permettre, au passage, cette petite recommandation : je pense que ton blog aurait sa place dans le réseau LHC. Si tu es prêt à afficher le logo, et à en respecter la charte, je me verrais bien parler de ton blog aux autres membres de ce réseau.
Je te rejoins tout à fait quant à ce que tu calcules sur les taux auxquels nous allons emprunter :-(
@ Claudio
L'économie est une science morale
@ Philippe
Ben, j'ai lu ton billet : c'est sûr qu'il faudra rembourser l'argent supplémentaire emprunté. Viendra un moment où tout se paiera, et au prix fort...