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  • Dette et droits de l'homme

    Marielle de Sarnez, euro-députée et vice-présidente du MoDem, occupe désormais dans le Cabinet Fantôme de François Bayrou le poste des Affaires étrangères.

    L'attitude à adopter face au dumping social et en matière de droits de l'homme me paraissent deux chapitres importants de ce domaine de gouvernance. C'est donc avec intérêt que je fais connaître la position exprimée par Marielle au Parlement Européen à propos de la Chine.

    Intervenant lundi dernier en session plénière du Parlement européen, réuni à Strasbourg, lors d'un débat sur les relations entre l'Union européenne et la République Populaire de Chine, Marielle de Sarnez, vice-Présidente du MoDem, a demandé à la Commission européenne "de définir une stratégie nouvelle". La présidente de la délégation MoDem au sein du Parlement européen a proposé trois directions dans son intervention :

    "Premièrement, nous avons besoin, comme le président du Conseil l'a dit, de réciprocité. Un exemple : les entreprises chinoises ne peuvent continuer à s'installer chez nous alors que nos entreprises sont interdites d'accès à leurs marchés publics. Il faut choisir. J'attends donc des mesures qui vont dans ce sens-là." 

    "Deuxièmement, l'Union ne peut plus accepter plus longtemps sans réagir le dumping social, sanitaire, environnemental qui est responsable directement de trop nombreuses délocalisations de notre territoire européen. Les coûts dérisoires de main-d'œuvre ou les conditions de travail déplorables ne doivent plus être considérés par la Commission comme des "avantages compétitifs naturels". Sur ce point, je demande vigoureusement, Monsieur le Commissaire, un changement de doctrine de la Commission."

    "Troisièmement enfin, nous ne pouvons plus faire l'impasse sur la question des droits de l'Homme. Et le soutien ostensible, par exemple, de Pékin à l'Iran, à la Corée du Nord ou à la Birmanie, pose évidemment problème. L'objectif de l'Union européenne a toujours été de favoriser l'émergence de la démocratie, de démocraties. Sur cette question, là encore, nous ne devons rien céder", a conclu Marielle de Sarnez.

    Bon, très bien sur le principe, mais à la suite de cette intervention de Marielle, il demeure pour moi deux questions assez importantes en suspens :

    - primo, est ce que la diplomatie française en matière de dumping social et de droits de l'homme passe désormais exclusivement par l'Europe ? En somme, la France dispose-t-elle encore d'une diplomatie propre, capable d'agir sans relais européen ?

    - secundo : j'entends bien qu'il s'agit d'imposer à la Chine des normes acceptables tant sociales que juridiques, mais j'imagine bien que la Chine va réclamer des choses en échange ! La diplomatie est yun art de la négociation, et si l'Europe est une grande puissance qui peut parler d'égale à égale à la Chine, elle n'a pas le pouvoir de lui imposer quelque chose sans un retour. Qu'est-ce que l'Europe doit mettre dans la balance dans ces conditions ?

    - tertio, je voudrais rappeler que la Chine possède de nombreux titres d'emprunts d'État des pays occidentaux. Près de 850 milliards de dollars, par exemple, pour l'Amérique.

    En fait, mon questionnement dépasse le seul cas de la Chine. Près de 80% de résidents étrangers détiennent la dette française. Quel peut être notre poids diplomatique quand nous évoquons les droits de l'homme et le dumping social face à des pays dont nous sommes débiteurs ?

    Il y a là une vraie problématique géostratégique que nous ne pouvons éluder. Peser pour obtenir le respect des droits de l'homme a un coût, parfois très élevé. Combien sommes-nous prêts à payer ? Et même si nous sommes prêts à payer, en avons-nous seulement les moyens ?!

  • L'horreur de Nankin

    Je n'irai pas voir City of Life and Death le film de Lu Chuan. Non que j'ai un a priori défavorable, bien au contraire, mais plutôt que de tels films me remuent trop, quand bien même le film demeurerait sobre en dépit de la tache que le réalisateur s'est assigné.

    Le massacre de Nankin vaut bien la Shoah à de nombreux égards. C'est un crime sans nom. Un crime sadique et collectif, mais un crime toujours pas reconnu au Japon. Il faut bien comprendre qu'on en dit plus sur l'horreur de Nankin dans les manuels d'histoire français que dans leurs homologues nippons !

    Quand on considère le mal que le Japon a fait à la Chine pendant plus d'un demi-siècle, les crimes que cette nation a commis au sein de l'Empire du Milieu, on comprend mieux la méfiance instinctive des Chinois vis à vis des Japonais désormais.

    L'invraisemblable, c'est que Yasuhiko Asaka, le commanditaire du massacre de Nankin n'a jamais été puni, simplement parce qu'il était membre de la famille impériale.

    Il eût fallu pourtant le pendre haut et court sous les yeux de la population japonaise pour l'exemple. Non moins invraisemblable, il y a encore des politiciens japonais de premier rang pour nier les atroces exactions qui furent commises à Nankin.

    Il ne peut y avoir aucune réconciliation sino-japonaise solide sans reconnaissance de l'horreur absolue que fut le sac de cette cité. Il eût fallu liquider physiquement et publiquement toute la chaîne de commandement qui avait permis une telle barbarie. Mais pour contenir le communisme, les Américains et au premier chef Mac Arthur, ont préféré fermer les yeux.

    Kotohito Kan'in, autre prince compromis dans ces meurtres horribles reçut des funérailles nationales après sa mort survenue le 21 mai 1945. Le Japon avait pourtant capitulé...

    Un homme aurait le pouvoir de rouvrir le dossier et de rendre enfin justice aux victimes : l'empereur Akihito. Il a fait quelques efforts en ce sens, mais c'est dans sa propre famille qu'ont germé les fruits les plus pourris et empoisonnés du Japon militarisé et fanatisé.

    Les tabloïds, c'est une chose, la responsabilité politique et humaine, c'en est une autre : aura-t-il ce courage ?

  • et la Révolution Culturelle gagna la Droite...

    J'en parlais récemment, je suis un enseignement de kung-fu depuis quelque temps. Du wing-chun, pour être très précis. Il se trouve que mon professeur s'est rendu à plusieurs reprises à Hong-Kong, dans le cadre de sa pratique. Il me confiait, en fait, qu'on ne trouvait quasiment plus d'enseignants en kung-fu en Chine continentale, ou alors, exclusivement dans sa version moderne. Les formes de kung-fu traditionnel ne sont plus enseignées qu'à Taiwan ou à Hong-Kong. Et encore !...les vieux maîtres déplorent et constatent que les passionnés, ceux qui se montrent les plus assidus et passionnés ne sont plus les Chinois eux-mêmes, mais des Occidentaux venus des quatre coins du monde, et assoiffés de cette culture ancestrale. C'est que le kung-fu, comme bien des pratiques ancestrales, a été assimilé en Chine, à ce que la Révolution Culturelle voulait éradiquer : une forme de rapport où le maître a tout pouvoir sur son disciple, et surtout, où c'est un individu isolé qui détient le savoir, et non un parti tout-puissant et unique dont la vocation est de construire scientifiquement un homme nouveau.

    Les Chinois continentaux, aujourd'hui, redécouvrent leurs traditions, mais, à vrai dire, un peu tard : leurs sagesses millénaires ont été saccagées par des gardiens rouges en furie, version inquiétante et bien plus violente de nos maos hystériques de la fin des années 60 et du début des années 70, en France. Ils peinent, donc, à reconstruire leur patrimoine endommagé par les folies marxistes hystériques du début des années 60.

    C'est curieux de constater comme ce mouvement a balayé toute la planète : l'apologie de la modernité s'est mué en un avatar médiocrate et stérile, le modernisme. Dans le paysage politique français, nombreux sont ceux à avoir fait partie des maos ou des révolutionnaires trotskistes qui voulaient l'homme nouveau : les Jospin, frères Cohn-Bendit, et bien des hiérarques socialistes ont fait partie de ces gens-là. Il leur est resté de cette époque le désir d'éradiquer toute forme de transmission et de tradition. Leurs vues dans le domaine de l'éducation et de la pédagogie, leur admiration béate pour les Bourdieuseries de toute sorte sont la partie la plus émergée de l'iceberg de leurs certitudes.

    Ah, ils en ont rêvé, les maîtres pédagogues, de l'homme nouveau : et ils ont fait leur sale travail partout. Au Québec, en Belgique, en Chine, en France, dans les pays de l'Est, en Amérique...partout, tout ce qui pouvait distinguer l'individu a été éradiqué, car l'individu dérange, fondamentalement. Si l'excellence a été leur première cible, c'est que c'est la pente la plus naturelle pour distinguer un individu d'un autre, et donc, elle va à rebours des rêves et utopies égalitaristes. Les attaques contre l'individualisme, et, parfois, attenantes, contre le libéralisme, procèdent de la même logique : on appelle privilège ce qui contribue à l'excellence, et, sous prétexte de lutter contre les privilèges, on lutte contre l'excellence.

    Ce qui est fort du collier, c'est que la plupart des droites européennes se sont emparées de ce double-discours et l'appliquent dans tous les domaines de la transmission du savoir, tout en vantant un retour à la tradition, au demeurant.

    Et donc, pendant que la Révolution Culturelle, un demi-siècle après, a gagné les droites européennes (les gauches, cela s'est fait bien plus tôt que cela...), les communistes de Chine, dans le même temps, redécouvrent et recherchent, eux, la valeur de la transmission et de leurs traditions...

  • Marielle de Sarnez sans concessions face à la Chine !

    Le Parlement a adopté la résolution cosignée par Marielle de Sarnez réclamant la libération immédiate et inconditionnelle de Liu Xiaobo (Le 25 décembre 2009, Xiabao, un éminent militant des droits de l'Homme et universitaire, a été condamné à 11 ans de prison par un tribunal intermédiaire populaire de la ville de Pékin). La résolution rappelle que le bilan de la Chine en matière de droits de l'Homme reste très préoccupant. Les parlementaires demandent que le respect des droits de l'Homme fasse partie intégrante du nouvel accord-cadre actuellement en cours de négociation avec la Chine. Marielle de Sarnez s'est par ailleurs félicitée de l'intention de Google de cesser de coopérer avec les autorités chinoises en ce qui concerne le filtrage et la censure sur l'internet et demande instamment à toutes les autres entreprises de faire de même.

  • Google-Chine,la guerre froide a commencé

    La hache de guerre est déterrée entre Google et la Chine. Fabrice Epelboin détaille avec précision les multiples facettes du combat qui s'engage. Il faut dire que Google dispose désormais de l'appui du gouvernement américain : qualifier l'attaque contre les serveurs de Google de Pearl Harbor numérique en dit long sur la manière dont Google et les USA escompte faire passer les évènements aux yeux de l'opinion publique américaine. Derrière la rhétorique martiale de Google, il y a bien sûr d'autres réalités : Google ne parvient pas à s'implanter sur le marché chinois d'une part, d'autre part les internautes ont toujours vu d'un sale oeil ses reculs face aux desiderata des Chinois sur la censure, et enfin, stratégiquement, Google a besoin de redorer son blason, particulièrement en Amérique où la loi sur les monopoles le menace en tant qu'entité économique unique. Comme l'observe avec justesse Fbrice Epelboin, c'est le bon moment pour devenir un outil stratégique majeur aux yeux du gouvernement américain, à l'heure où les deux plus grandes puissances économiques mondiales, les USA et la Chine, commencent à se regarder dans le blanc des yeux. La lutte sera d'autant plus sans merci qu'elle n'est pas véritablement idéologique mais commerciale et économique avant toutes choses. Le communisme de la Chine n'est en effet plus qu'un fard qui recouvre un pays aux réalités politiques éclatées : il s'y conjugue un capitalisme sauvage et échevelé, un zeste de communisme dans les villes, la féodalité la plus dure dans les campagnes et une superstructure bureaucratique qui coiffe le tout, du moins, jusqu'à un certain degré.

    Google, comme toutes les entreprises qui ont tenté de s'implanter en Chine, a découvert que ce pays à ses règles, et que le droit qui y règne n'est pas le droit traditionnel des démocraties occidentales (il n'y a pas fondamentalement de grandes différences entre le droit latin et révolutionnaire de la France et le droit anglo-saxon, tout du moins, pas si la comparaison se fait avec le droit chinois).

    Plutôt que de parler de règles, je devrais évoquer plutôt des micro-règles, pour la Chine. Comme au temps de sa plendeur, la Chine fascine et le mirage chinois est omni-présent dans la sémantique occidentale. Les yeux des entrepreneurs s'agrandissent au furt et à mesure qu'ils considèrent la taille de l'estomac consumériste chinois. La Chine est la première puissance économique d'envergure à être parvenue à un développement véritable, tout en maintenant l'existence de ces micro-règles qui en principe devraient entraver l'établissement d'un marché. Ne me demandez pas comment elles le font, je ne le sais pas.

    Je crois que c'est la principale difficulté des entreprises étrangères : elles ne parviennent pas à intégrer le fonctionnement mental et civilisationnel chinois dans leurs paramètres, y compris quand elles tentent de s'allier avec une entreprise locale. J'observe, d'ailleurs, des difficultés similaires avec le Japon (une culture pourtant différente et dont le droit actuel est assez largement inspiré du droit occidental).

    Il n'en reste pas moins que c'est une lutte sans merci qui se prépare, dans laquelle conflits commerciaux et conflits de valeurs se superposent les uns aux autres. En particulier, le respect de la vie privée et des libertés individuelles est, d'un point de vue commercial, largement lié à l'existence d'un droit de la consommation et des consommateurs. Sans respect de l'individu, ce droit, qui est bien une extension de la sphère commerciale, ne peut exister. En attaquant des comptes gmail, la Chine, aux yeux de Google et de l'Amérique, n'a pas seulement commis une faute morale, mais une faute commerciale. Il y a donc là les ferments d'une guerre durable où les rebondissements seront nombreux.

     

  • Chine : bravo Google !

    Google est engagé, à l'heure actuelle, dans un bras de fer avec le régime chinois qui mérite le soutien de toute la communauté des internautes. Le régime chinois a tenté, via des attaques informatiques importantes sur les serveurs de Google, de récupérer les boites mail de militants des droits de l'homme en Chine.

    La réaction  ne s'est pas faite attendre : Google a immédiatement mis fin à toute forme de censure sur son moteur de recherche google.cn et envisage purement et simplement de se retirer du marché chinois.

    Ce n'est pas si fréquent qu'une très grosse entreprise fasse passer la protection des libertés individuelles et des droits avant de très gros intérêts commerciaux (il faut songer à la taille du marché chinois !).

    «Ces attaques et la surveillance qu'elles ont révélée - combinées avec les tentatives au cours de l'année écoulée de limiter la liberté de parole sur le web - nous ont conduits à la conclusion que nous devions réexaminer la possibilité de nos activités commerciales en Chine» déclarait tout récemment David Drumond, en charge du département juridique.

    Il paraît que le moteur chinois Baidu a tiré profit de cette lutte puisque sa valeur flambe sur les marchés financiers tandis que Google amorçait une décrue.Mauvais calcul : on ne peut pas se fier à un moteur de recherche qui ne respecte pas certaines règles de confidentialité et qui fait disparaître une partie des contenus. Il est évident que cela ne peut qu'avoir de lourdes conséquences dans le domaine commercial. Or, un moteur peu fiable a tôt fait de lasser les utilisateurs. Je n'investirai pas un kopeck dans Baidu ni dans ses titres. Internet ne peut fonctionner à plein rendement sans libre circulation de l'information et des données : c'est sa principale valeur ajoutée !

    Ce qu'il vient de se produire est très important, majeur pour le développement du net : Google doit bénéficier du soutien entier de tous ceux qui promeuvent un Internet sans frontières. Tiens, ça devrait intéresser Christophe, ça, en principe : si j'ai bon souvenir, il est le Président de l'association du même nom.

    En tout cas, encore une fois, bravo, Google !

  • Nucléaire, l'Iran n'est pas un danger

    Bien que l'on désigne l'Iran comme un danger potentiel assez régulièrement, je pense, sur le fond que c'est une erreur d'appréciation stratégique que de considérer ce pays comme dangereux pour l'Europe. Et ce, même s'il détenait la bombe nucléaire. Les Iraniens ne sont pas fous et ne sont pas gouvernés par des fous, voilà un élément décisif pour déterminer la dangerosité d'une nation. En réalité, la théocratie persane est avant tout une oligarchie, et, de surcroît, une oligarchie plutôt structurée puisque l'Islam chiite est organisée de manière assez comparable à l'Église catholique. Un ayatollah ne peut pas dire n'importe quoi non plus qu'un mollah, car il doit en répondre devant une autorité politico-religieuse.

    On imagine donc mal l'Iran, y compris vis-à-vis d'Israël, se lancer dans des opérations dont les conséquences pourraient être dévastatrices pour son territoire et sa population. Bien plus dangereux est un pays comme la Corée du Nord : d'une part, elle dissémine à n'importe qui la technologie nucléaire et d'autre part elle est dirigée par un tyran. Or, on ne sait jamais ce qui peut passer par la tête d'un tyran, ces derniers étant fortement sujets à des psychopathologies aussi variées que dangereuses.

    L'oligarchie n'est pas une garantie de bon sens : la Chine, pendant longtemps, n'a pas hésité à transmettre sa technologie nucléaire. Mais ce faisant, par exemple avec le Pakistan qu'elle a soutenu pour emm.... l'Inde, elle a joué à l'apprenti-sorcier.

    Le Pakistan est la paradis du fondamentalisme, et les insurrections ouïgours pourraient trouver à Karachi des soutiens aussi discrets qu'efficaces et meurtriers, jusqu'au jour où une bombe radio-active et sale (comprenez une bombe de terroriste) pètera à la gueule des Chinois, de préférence dans une grande ville. Il sera alors bien temps de reconsidérer la dissémination de la technologie nucléaire.

    Le Pakistan, lui est dangereux en raison de l'éparpillement et la semi-vacance du pouvoir. Le PPP ne contrôle que partiellement l'État, et armée et services secrets jouent un jeu trouble sans que l'on sache qui est qui. Les liens du Pakistan avec les Talibans afghans sont anciens. Et les Talibans Afghans sont ceux-là même qui ont hébergé les fanatiques les plus tarés de l'Islam. Ceux qui rêvent tous les jours d'un  holocauste rédempteur.

    En réalité, on est bien plus à l'aise pour négocier avec une partie adverse que l'on connaît et dont le pouvoir est structuré et hiérachisé. En ce sens, mieux vaut, par exemple, un Irak ou même un Afghanistan sous contrôle iranien que ces deux pays livrés au chaos. C'est géo-stratégiquement bien moins dangereux. Ce constat n'est pas un plaidoyer pour une telle solution mais simplement un constat.

    Pour finir, sur l'Irak comparé à l'Iran : l'Irak avec un tyran et son clan à sa tête était en réalité bien plus dangereux que l'Iran. Parce qu'un tyran est incontrôlable. Il me semble donc que c'est à, l'aune de chaque type de régime qu'il convient d'adapter sa diplomatie et d'estimer le danger. Et je ne m'étonne pas d'y retrouver les considérations de bon sens de Montesquieu, particulièrement sur le despotisme.

  • La Chine pourrait changer la face du monde

    Je suis avec le plus grand intérêt ce qu'il se passe actuellement en Chine. Je viens notamment de lire que le pouvoir chinois s'apprête à initier un plan de relance des zones rurales sans précédent. Je l'ai souvent dit, mais cela n'a rien d'original, c'est constaté par la plupart des historiens, l'étape décisive qui marque un nouveau développement dans la construction d'une société économiquement moderne et riche, c'est l'existence d'une réforme agraire, quelle que soit sa forme. On en revient toujours à la terre pour initier des changements profonds. La population rurale en Chine représente plus de 800 millions d'individus, disposant d'une épargne dormante qui est loin d'être négligeable.

    La Chine a choisi de mettre entre autres le paquer sur la protection sociale afin de sécuriser l'investissement : en effet, avec un système médical gratuit et efficient pour tous, les épargnants qui mettaient de l'argent de côté en cas de coup dur vont être incités à utiliser leurs économies pour d'autres usages. Avec une dette qui ne représente que 20% de son PIB, la Chine peut se le permettre sans difficulté.

    J'écoutais lundi dernier la tribune de Corine Lepage (candidate MoDem) aux Européennes évoquant les possibilités d'une relance verte. Elle observait que quatre plans seulement ont vraiment pour objectif de modifier la trajectoire de notre actuel développement économique et industriel : le plan Obama, le plan du Japon, le plan de la Corée du Sud et...le plan de la Chine !

    «· Le plan de relance chinois pourrait marquer un vrai tournant : « Il n'y aura pas un centime de dépensé sur les projets qui favorisent la production de masse, ou les secteurs hautement polluants et gourmands en ressources », a prévenu Zhang Ping, le chef de l'agence de planification chinoise, en annonçant l'affectation de 35 milliards d'euros, soit 8 % du total, à la protection de l'environnement. S’y ajoutent des dépenses  consacrées à l'amélioration des infrastructures urbaines et rurales, ou à la promotion des énergies renouvelables. Déjà, 1,2 milliard d'euros d'investissements en faveur de l'environnement ont été approuvés dans le cadre du premier train de 10 milliards d'euros d'investissements annoncés au premier trimestre 2009. De son côté, le ministère de la protection environnementale annonçait, fin janvier, avoir rejeté 11 projets polluants sur 164, principalement des centrales thermiques ou des usines chimiques. »

    Les experts et les acteurs des marchés financiers sont à l'affût de ce qu'il se passe désormais sur le marché intérieur chinois. Si jamais la demande intérieure chinoise sort le monde de la crise, c'est toute la géostratégie mondiale qui en sortira complètement bouleversée. A méditer...

  • La Chine s'affirme comme la puissance montante !

    Les chiffres viennent de tomber, et, ce qui devait arriver arriva : la Chine est désormais la troisième puissance économique mondiale. Avec une croissance démentielle, qui frise souvent les deux chiffres, il ne fait aucun doute qu'il lui faudra dix années au plus pour être quasiment au niveau des États Unis. Imaginez : taux de croissance pour 2007 ? 13%. Dix fois le taux de croissance de la France pour une économie désormais largement plus puissante ! Avec un PIB de 3500 milliards de dollars, la Chine passe devant l'Allemagne et ses 3400 milliards de dollars. Seuls le Japon, 4400 milliards, et les USA, 13800 milliards la devancent désormais. Même avec une sérieuse baisse de régime, la croissance chinoise sera encore de 7.5% en 2009. La Chine avait dépassé la France et la Grande-Bretagne en 2005.

    La Chine devra toutefois affronter des dilemmes cruciaux dans les années à venir : la gestion de sa réforme agraire, car la société rurale se paupérise à vue d'oeil (des millions de paysans vivent avec moins d'un dollar par jour), puis sa démographie, car si sa natalité est contrôlée depuis longtemps, conséquemment, sa pyramide des âges se modifie inéluctablement et sa population va donc vieillir et enfin, sa démocratisation, notamment avec l'émergence, tôt ou tard, d'une classe moyenne urbanisée et donc de revendications sociales et politiques nouvelles.

    Quand on songe, dans le même temps, que la Chine compte 300 millions d'internautes, et qu'elle sera même vraisemblablement d'ici peu la première communauté électronique mondiale, on mesure l'ampleur des disparités qui la traversent. Pour l'année qui vient de s'écouler, le nombre d'internautes a crû de 41.9% !!! à une cadence semblable, même si elle finira par se ralentir, la présence chinoise deviendra bientôt prépondérante.

    Grande gagnante des derniers jeux olympiques, au prix souvent de sacrifices épuisants pour les athlètes, la Chine peut voir venir son destin.

    Toutefois, peu impliquée dans la politique internationale, la Chine va devoir assumer son statut de grand désormais, dans la gestion du monde, et assurer de nouvelles responsabilités, notamment en cessant de soutenir des régimes impliqués dans des exactions particulièrement brutales envers leur population (Zimbabwe, Birmanie, Corée du Nord).

    Dans le domaine des droits de l'homme, enfin, elle a récemment filtré le site d'Amnesty International et se trouve régulièrement dénoncée par les organisations de défense des droits de l'homme.

  • Noël approche, je ne sais pas si j'achèterai des jouets chinois...

    Je fais partie des Français qui commencent à "chauffer" devant les menaces de rétorsion économique de la Chine. Le gouvernement chinois serait bien avisé de regarder le solde de sa balance commerciale avec la France. Il me semble que nous importons plus de la Chine que nous y exportons. Noël approche, et 90% des jouets sont des fabrication chinoise, de même que les textiles. Si une campagne d'opinion démarre et s'attaque aux manquements de la Chine en matière de droits de l'homme au Tibet, et que cette campagne déborde dans tous les pays d'Europe, cela pourrait faire des dégâts au commerce chinois.

    Le monarque Président de la République, Nicolas Sarkozy, peut avoir des divergences avec ses sujets administrés, ils n'en reste pas moins que ces derniers sont attachés à la fonction et apprécient très modérément qu'il soit qualifié de "criminel" et de "grand idiot de l'histoire" parce qu'il a rencontré le chef spirituel des Tibétains, le Dalaï-Lama. Le pouvoir chinois, lui, se comporte en "grand idiot économique et commercial" à l'approche de Noël, parce que ce n'est pas une bonne période pour énerver ses clients...

    Au passage, j'ai cru comprendre qu'au même moment, les Carrefours étaient bondés en Chine. Je pense donc que le Chinois moyen se contre-fout des appels du gouvernement chinois, et il a bien raison...