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UDF-MoDem - Page 2

  • Thierry Benoît (UDF-MoDem) interpelle Rachida Dati

    Le député UDF-MoDem Thierry Benoît met en doute la propension de l'informatisation à pouvoir pallier aux carences de la nouvelle carte judiciaire...

    e53b52926f035d6d814516eac3597175.jpgIl a en particulier proposé le Garde des Sceaux, Rachida Dati à reconsidérer ses décisions à propos de la supression du tribunal d'instance de Fougères

    Voici le discours qu'il a tenu


    Monsieur le Président, Madame le Garde des Sceaux, mes chers collègues,

    Madame le Ministre, l’établissement du budget de votre ministère sollicite de nombreuses interrogations à l’heure où la dette publique de la France excède les 1200 milliards d’euros. Le Ministère de la Justice a en effet vu ses crédits augmenter de 39 % depuis 2002 sans résultats probants. Le taux de réponse pénale a certes progressé de 14 % en l’espace d’un quinquennat. Les observateurs ont cependant remarqué une baisse de 7,4 % des décisions rendues dans le domaine pénal durant le même laps de temps. Ces chiffres démontrent la saturation des juridictions nationales en matière de traitement des affaires.

    L’engorgement des tribunaux français est une réalité à laquelle vous entendez répondre en créant 1615 nouveaux postes l’année prochaine.

    Ces recrutements ont pour objectif, selon vos propres mots, d’œuvrer « en faveur d’une justice plus rapide, plus compréhensible, et plus facile d’accès »*. Vous prévoyez de consacrer dans ce but 67 millions d’euros au développement de programmes informatiques accessibles au plus grand nombre. Cette intention louable ne tient malheureusement pas compte des 37 millions de Français, qui n’ont pas encore accès à internet. Ces statistiques auraient dû vous inciter à envisager sous un angle moins drastique la réforme de la carte judiciaire à laquelle vous vous livrez.

    La suppression de près de la moitié des tribunaux d’instance nationaux ne sera jamais compensée par l’essor de l’informatique. Pire ! Nous risquons d’assister à une saturation rapide des pôles judiciaires, que vous entendez créer à l’échelle de chaque département par souci d’économie. Ces éléments me conduisent à vous demander la poursuite de la concertation avec les autorités locales afin d'accompagner l’élaboration de votre projet de réforme.

    Pour ce qui est du rapport de la Cour d'Appel de Rennes, vous avez organisé à votre manière la concertation. A votre demande, je vous ai écrit pour vous faire part de mes propositions. Pour ce qui est de la question des tribunaux d'instance, tribunaux de proximité, je vous ai fait une proposition de mutualisation des services des tribunaux d'instance de Vitré et de Fougères. Ma proposition, convergente à celle du premier président de la Cour d'Appel de Rennes, est restée sans réponse à ce jour. Aussi, je vous demande la poursuite de la concertation afin d'étudier avec vous et vos services cette proposition.

    Outre l'efficacité, la qualité et la proximité de la justice, je vous rappelle que vous devez prendre en compte les questions d'aménagement du territoire, d'attractivité des villes moyennes et des territoires ruraux à travers la présence des services publics.

    Madame le Ministre, je vous remercie de votre attention.

                                                       Thierry BENOIT (Député UDF d’Ille-et-Vilaine)

    J'aime beaucoup le discours, et je trouve qu'il démystifie très bien le rôle que les pouvoirs publics essaient de faire jouer à l'informatique  en présentant cette technologie comme une baguette magique. De surcroît, on ne peut aps l'accuser de jusqu'auboutisme, puisqu'il a accepté un effort sur sa circonscription, mais suggère en contrepartie de réunir deux tribunaux en un. Il est donc bien conscient de la nécessité d'effectuer une réforme, simplement, comme il le rappelle à la fin de son discours, Rachida Dati doit aussi intégrer les questions d'aménagement du territoire dans sa réflexion.

  • Pour François Bayrou, aimer l'Amérique, ce n'est pas la copier

    A l'occasion de son déplacement à Lyon  jeudi 8 novembre pour rencontrer les candidats à la candidature du Mouvement Démocrate pour les municipales, ainsi que les adhérents locaux auxquels il a proposé de participer à une "consultation" pour choisir eux-même leur candidat à la mairie de Lyon, François Bayrou a réprouvé jeudi le "ralliement en bonne et due forme" de Nicolas Sarkozy au "rêve américain", qualifiant le "sarkozysme" de "projet inégalitaire assumé", qui rappelle selon lui des Etats-Unis basés sur "un modèle d'inégalité croissante".

    "Il ne faut pas confondre l'amitié avec le peuple américain avec l'adhésion au modèle de société américain, et encore moins avec l'adhésion à la politique de l'administration Bush. Pour la France, le rapprochement avec l'administration Bush, c'est perdre une part importante de la force et de l'originalité de la diplomatie française. Ce qui est frappant, c'est que le sarkozysme est en rupture avec les fondamentaux du projet républicain français, c'est-à-dire un modèle égalitaire".
    Il a défini le "sarkozysme" par "un projet inégalitaire assumé, l'alignement sur les Etats-Unis en politique étrangère, et la concentration des pouvoirs. Un jour, ce projet se trouvera en contradiction avec le pays".

  • Marielle de Sarnez versus Delanoë (transports)

    Ah! Enfin un blog de candidat qui tient compte des réactions des bloggueurs, qui les commente et qui les synthétise ! Alors là, je dis chapeau, et ce n'est pas par solidarité partisane.Merci Marielle de Sarnez ! Voilà qui me change de l'auto-congratulation permanente qui caractérise le blog de Bertand Delanoë. Il faut dire que la certitude d'être réélue rend l'équipe socialiste plus arrogante que jamais.

    Sur le site de Françoise de Panafieu, c'est encore pire, on ne peut même pas dialoguer : tout juste laisser une suggestion dont rien ne dit qu'elle ne se perdra pas dans les méandres électroniques de la Toile. 

    Dans ces conditions, la première synthèse des 125 réactions du blog de Marielle de Sarnez, qui n'a oublié personne est raffraîchissante, d'autant qu'elle a pris la peine de les classer par thèmes. 

    Il y a notamment, pour les transports, des pistes intéressantes pour soulager la fameuse ligne 13 de sinistre mémoire : prolonger le RER E entre Montparnasse et Saint-Lazarre, mais aussi relier la Gare Montparnasse à la ligne 14

    La plupart des interlocuteurs s'accordent à penser que la surface doit être réservée aux piétons et cyclistes, mais ils sont quelques uns à penser que cela ne se fera pas sans la création de parkings souterrrains pour l'automobile.

    J'ajouterai un point supplémentaire sur le bilan de la mairie de Paris en matière de pollution de l'air : je ne vois pas comment je peux polluer moins dans mon quartier en tournant trois fois plus longtemps avec mon véhicule qu'il y a 5 ans.

    En revanche, il est vrai que celui que j'ai, dispose désormais d'un moteur bien plus performant (consommation bien moindre, meilleur filtrage) que les premiers.
    Alors je tends à penser que la communication de l'équipe Delanoë est de l'intoxication. Par ailleurs, en 5 ans, aucune avancée sur le métrophérique alors que manifestement ce sont les automobiles venues de la banlieue qui engorgent Paris.
    J'ajoute que je suis d'accord pour ne pas circuler dans certaines zones du centre de Paris, à condition de pouvoir garer mon véhicule.

    Les traquenards tendus par la Mairie de Paris afin de me contraindre à l'amende m'ont amené, pour ma part, en 5 ans, à grever mon budget de plus de 1500 euros de dépenses supplémentaires.

    Merci Bertrand Delnaoë, d'autant que je suis pas un cacique vert ou socialiste qui dispose de ses entrées, moi...

    Puisse Paris porter à sa tête une équipe modérée (UDF/MoDem) assistée d'écologistes intelligents (Cap21, verts modérés) et pas d'ayatollah locaux fous furieux férus uniquement d'idéologie.

  • Jacqueline Gourault : contestation populaire et courage politique

    Jacqueline Gourrault, ancienne professeur d'histoire et sénatrice UDF-MoDem du Loir-et-Cher était l'invitée de "Travaux Public", l'émission de France Culture animée par Jean Lebrun. Depuis le café de « La Halle au grain » et dans le cadre des 10ème Rendez vous de l’Histoire à Blois, Jacqueline Gourault a pris part, aux cotés d’historiens comme Claude Gauvard et Charles-Henri Depezay, à une réflexion sur le thème « Reine de France et colères populaires au regard de l'actualité
     
     
    e52e9bc4414807427150b1a5d1b56350.jpg Interrogée par Jean Lebrun sur la limite entre la vie personnelle et la vie publique pour les responsables politiques et ceux qui assument l’exercice du pouvoir, la sénatrice a estimé que « cela fait partie de la vie quotidienne des Français que d'entendre parler de la vie personnelle des hommes et des femmes politiques. »  ajoutant « il faut dire que certains l'ont cherché plus que d'autres, parce que certains se sont exposé plus que d'autres, et qu’ils ont joué plus que d'autre sur leur vie personnelle et familiale, c'est ce que l'on appelle la peopolisation, c’est-à-dire que certains ont utilisé leur famille, leurs enfants et leurs femmes alors que d'autres essaient de rester en retrait. C'est difficile de résister à une certaine peopolisation mais c'est bien et comme dans toutes choses, il faut de la modération. »

    Dans la seconde partie de l’émission, le thème de la contestation et de la colère a été abordé, notamment par Jacqueline Gourault qui a confessé : « L'injustice me met toujours en colère, l'incompréhension et l'intolérance me mettent en colère, il faut toujours veiller à être en colère parce que je crois que c'est sain d'être en colère et il faut  l'exprimer». Puis élargissant à son activité politique : « Un parlementaire peut être en colère et cela m'arrive et même d'être en colère à l'intérieur de l'hémicycle et de l'exprimer. Alors effectivement au Sénat, j'apparais peut-être comme un peu agité, parce que c'est une maison plus feutrée que l'Assemblée nationale mais cela change car le Sénat est en train de rajeunir. »

    La sénatrice a par ailleurs révélé une évolution remarquable puisque « la moyenne d'age des parlementaires au Sénat est inférieure à celle de l'Assemblée nationale maintenant,  grâce au scrutin proportionnelle qui a introduit aussi la parité. »

    Jacqueline Gourault a estimé que la modération n’était pas un inconvénient en politique :« Quant on dit modération, peut-être pense t-on que c'est l'absence d'opinion solide, forgée. Je crois qu'au contraire, l'opinion forgée, forte, donne une sagesse qui peut se transformer en modération mais cela n'empêche pas la volonté, le combat politique, le combat contre l'injustice, le combat contre les rumeurs. »

    Enfin, reliant la notion de courage en politique avec l’actualité, en particulier la question des tests ADN, elle a estimé que  « le courage n'est pas toujours la vertu  des hommes politiques. ce que l'on peut regretter souvent en politique, c'est le suivisme. On l'a vu dans un débat très récent, le débat sur l'ADN. » Développant l’exemple de l’attitude du Sénat face à cette question, Jacqueline Gourault précisa :
    « Vous savez que le Sénat a été, dans un premier temps, remis sur le devant de la scène comme étant utile, que le bicamérisme était quelque chose d'important, puisque le Sénat s'est opposé à cet amendement Mariani qui était apparu à l'Assemblée nationale. Et puis après, d'un seul coup, les choses se sont un peu dégonflés, on a eu une majorité de gens qui ont perdu l'essentiel de vue et se sont arrangés d'un amendement déshabiller, rhabiller et qui, au final, n'a pas beaucoup de sens, qui est totalement inapplicable. Ils n'ont pas eu le courage d'aller jusqu'au bout et de dire : "non, cela, on en fait une question de principe, on ne touche pas à cela ». Parce qu'il y a le phénomène de groupe, parce qu'il ne faut pas mécontenter le ministre, mécontenter le président et je crois d'ailleurs que c'est une erreur de penser cela parce ce que je crois que l'on est d'autant plus respecté en politique que l'on existe, que l'on est ferme sur ses convictions."

  • Yves Détraigne : une avancée pour le droit dans les prisons

    Yves Détraigne, sénateur UDF-MoDem, au nom du groupe UC-UDF du Sénat, a salué l'adoption définitive du projet de loi instituant le contrôleur général des lieux de privation de liberté. Ce texte était très attendu, la France étant une des dernières démocraties occidentales à ne pas s'être doté d'une telle autorité. Il permet également à la France de se mettre en conformité avec ses engagements européens et internationaux en particulier avec le protocole à la Convention de l'ONU "contre la torture, les traitements inhumains, cruels ou dégradants." Par ailleurs, Yves Détraigne a insisté sur la nécessité d'accompagner cette création de moyens humains et budgétaires substantiels afin de permettre au contrôleur de remplir efficacement sa mission. Enfin, il a souhaité que le futur contrôleur général soit choisi en fonction de ses compétences et connaissances professionnelles. Il est en effet essentiel que le premier contrôleur nommé soit une personnalité incontestable, à l'autorité reconnue, afin que l'institution prenne tout de suite une place éminente.

  • Marielle de Sarnez salue l'accord des 27

    Suite à l'accord trouvé à Lisbonne, par les vingt-sept chefs d'état et de gouvernement de l'Union européenne, Marielle de Sarnez, président de la délégation UDF-Mouvement Démocrate au Parlement européen a estimé que le nouveau traité allait dans le "bon sens" tout en soulignant que l'Europe devait toujours faire face à une "crise d'inspiration" .

    Après plusieurs années d’immobilisme et de tâtonnements, l'adoption lors du sommet de Lisbonne du traité dit "simplifié" qui est en réalité d'une grande complexité, constitue certes un pas, mais dans une direction dont on a encore du mal à voir le sens faute de volonté politique. En témoigne l'abandon des symboles européens (hymne, drapeau) qui constituaient pourtant un repère pour les citoyens.

    En tenant compte de certaines des avancées démocratiques déjà contenues dans le traité constitutionnel, le nouveau traité va dans le bon sens car il permettra d'améliorer le fonctionnement des institutions.

    Pour autant, il ne règlera pas la question plus essentielle de l'avenir de l'Union, car la crise que traverse depuis plusieurs années l'Europe n'est pas simplement une crise de fonctionnement. C'est également une crise d'inspiration.

  • Arguments de François Bayrou contre les tests ADN

    “On nous dit, ça ne s’appliquera qu’aux ressortissants de pays où il n’y a pas d’état civil […] c’est à dire seulement à une centaine de personnes par an” a déclaré le président du Modem avant de s’interroger : “Pourquoi si ce texte a été à ce point réduit s’y sont-ils accrochés ?”

    “La réponse à mes yeux est très simple […] : Ils voulaient que figure dans la loi une fois pour toutes et une fois pour que ce soit étendu un jour à d’autres cas et à d’autres situations cette possibilité de mettre en place la génétique pour prouver la filiation” a-t-il estimé.

    Voilà : à titre personnel , c'est exactement ce que je pense. Sarkozy et Hortefeux ouvrent la boîte de Pandore, et il est hors de question de les laisser faire. Les Français qui croient que l'usage des tests ADN va demeurer circonscrits pourraient un jour payer très cher cette erreur d'appréciation.

    “La première chose qu’ils veulent dire, c’est que les immigrés sont des fraudeurs […] et cela n’est pas digne de la vision que nous nous faisons de la France. La deuxième chose qu’ils disent entre les lignes, c’est que la famille pour ces gens là et la famille pour les français, ce n’est pas la même chose […] et bien nous français nous considérons que le droit à la famille, qu’elle soit biologique ou affective, c’est un droit de l’homme et nous n’y laisserons pas toucher par qui que ce soit. Et la troisième chose qu’ils disent, c’est que désormais, ces analyses génétiques qui étaient confinées aux domaines de la médecine et des enquêtes policières sera acceptée pour la régulation d’un phénomène social comme l’immigration a expliqué François Bayrou avant de conclure : “Ces trois choses ne sont dignes ni de la République, ni de la France !”

    Voilà, nous sommes bien au coeur du problème. J'appelle tous les lecteurs à ne pas se laisser faire. Bientôt,c 'est aux hérétiques de tout poil que l'on fera faire des tests ADN... 

    J'ajoute autre chose : nous traitons de plus en plus mal les étrangers, en France, dans nos admiinistrations, y compris ceux qui viennent pour affaire. Cela va finir par nous retomber sur la panse tôt ou tard. Je parie qu'un de ces jours, un riche libanais ou encore un émirati de Dubaï se fera virer comme un malpropre par des fonctionnaires zélés à qui l'on aura dit de faire du "chiffre". Et sans doute avec ce riche individu quelques milliards d'euros de commandes diverses et variées à nos industriels.  A force de traiter les gens comme de la merde, on va se faire des ennemis partout dans le monde. Nous autres Français, et en particulier les pro-Hortefeux et Sarkozy feraient bien de le méditer.

  • L'Esprit des Lois (8) : de l'esclavage à la condition des femmes

     Montesquieu traite de l'esclavage dans son Esprit des Lois, et là encore, avec des arguments magistralement assénés, il anéantit toute justification de l'esclavage.

    De tous ses arguments, c'est celui-là que je préfère entre tous, qui se trouve au Chapitre II du Livre XV :

    « Il n'est pas vrai qu'un homme libre puisse se vendre. La vente suppose un prix: l'esclave se vendant, tous ses biens entreraient dans la propriété du maître; le maître ne donnerait donc rien, et l'esclave ne recevrait rien. Il aurait un pécule, dira-t-on; mais le pécule est accessoire à la personne. S'il n'est pas permis de se tuer, parce qu'on se dérobe à sa patrie, il n'est pas plus permis de se vendre. La liberté de chaque citoyen est une partie de la liberté publique. Cette qualité, dans l'État populaire, est même une partie de la souveraineté. Vendre sa qualité de citoyen est un acte d'une telle extravagance, qu'on ne peut pas la supposer dans un homme. Si la liberté a un prix pour celui qui l'achète, elle est sans prix pour celui qui la vend. La loi civile, qui a permis aux hommes le partage des biens, n'a pu mettre au nombre des biens une partie des hommes qui devaient faire ce partage. La loi civile, qui restitue sur les contrats qui contiennent quelque lésion, ne peut s'empêcher de restituer contre un accord qui contient la lésion la plus énorme de toutes.»

    J'ai trouvé très fort l'idée que la liberté de chaque citoyen soit divisible, mais pas soustractible. C'est finalement un tout dont les parties demeurent liées. Aliéner une partie, c'est aliéner le tout.

    Très fort aussi, le raisonnement qui figure ici :

    «[...] la loi de l'esclavage n'a jamais pu lui être utile; elle est dans tous les cas contre lui, sans jamais être pour lui; ce qui est contraire au principe fondamental de toutes les sociétés.

    On dira qu'elle a pu lui être utile, parce que le maître lui a donné la nourriture. Il faudrait donc réduire l'esclavage aux personnes incapables de gagner leur vie. Mais on ne veut pas de ces esclaves-là. Quant aux enfants, la nature, qui a donné du lait aux mères, a pourvu à leur nourriture; et le reste de leur enfance est si près de l'âge où est en eux la plus grande capacité de se rendre utiles, qu'on ne pourrait pas dire que celui qui les nourrirait, pour être leur maître, donnât rien.

    L'esclavage est d'ailleurs aussi oppose au droit civil qu'au droit naturel. Quelle loi civile pourrait empêcher un esclave de fuir, lui qui n'est point dans la société, et que par conséquent aucunes lois civiles ne concernent? Il ne peut être retenu que par une loi de famille, c'est-à-dire par la loi du maître

     C'est toute la force de Montesquieu. Il y a de son point de vue, un lien indissoluble entre la société et les lois. Si l'on exclut autrui de la société, on l'exclut forcément du champ d'application des lois, puisque la société est par essence ce champs-là. Quant aux autres  origines de l'esclavage, voilà ce qu'il en dit :

    « J'aimerais autant dire que la religion donne à ceux qui la professent un droit de réduire en servitude ceux qui ne la professent pas, pour travailler plus aisément à sa propagation.

     Ce fut cette manière de penser qui encouragea les destructeurs de l’Amérique dans leurs crimes»

     Montesquieu condamne là le sort réservé aux Indiens en Amérique Centrale. Il faut tout de même se souvenir qu'en 1525, on comptait 25 millions d'Aztèques, mais qu'en 1604, il n'en restait plus que 4 millions...Ce fut souvent un argument qu'invoquèrent les Espagnols pour justifier leur exploitation économique éhontée des Amérindiens : la nécessité d'évangéliser. Montesquieu ne mâche pas ses mots pour juger une telle hypocrisie, puisqu'il parle déjà de crimes !

    Enfin, il explique par l'intolérance et les préjugés qui en découlent la cause première de l'esclavage.

    J'aimerais autant dire que le droit de l'esclavage vient du mépris qu'une nation conçoit pour une autre, fondé sur la différence des coutumes.[...]

    Les connaissances rendent les hommes doux; la raison porte à l'humanité: il n'y a que les préjugés qui y fassent renoncer.

    Dans le livre XVI, Montesquieu évoque cette fois la condition des femmes. Il n'y est pas toujours pertinent, mais, il a le mérite d'avoir compris qu'il y avait un lien entre l'esclavage, qu'il réprouve, et la condition des femmes, qu'il appelle servitude domestique au chapitre I du livre XVI :

    Les esclaves sont plutôt établis pour la famille qu'ils ne sont dans la famille. Ainsi, je distinguerai leur servitude de celle où sont les femmes dans quelques pays, et que j'appellerai proprement la servitude domestique.

    Je trouve très intéressant le parallèle : il note que les esclaves ne font en réalité pas partie de la famille, puisqu'ils travaillent pour elle. S'il observe que les femmes sont une composante de la famille, il n'en met pas moins leur servitude sur le même plan, puisque la seule différence qu'il souligne entre les deux servitudes, c'est de faire partie ou non de la famille.
     
    Au contraire, la servitude des femmes est très conforme au génie du gouverne­ment despotique, qui aime à abuser de tout.
     Cette remarque du chapitre IX du livre XVI témoigne, là encore, de la consubstantiation entre le servitude des femmes et le despotisme. Montesquieu parle bien du "génie" du gouvernement despotique, c'est à dire de sa nature. Or, il n'y a rien de plus opposé à la démocratie que le despotisme.
     
    La condition des femmes s'est considérablement améliorée en Europe, mais, pour nous autres, gens de l'UDF-MoDem, elle doit rester un souci permanent tant elle est à relier avec le despotisme et la négation du droit. De même, si l'esclavage n'existe plus dans sa forme ancienne, il est encore des poches d'esclavage moderne qui ne doivent pas nous laisser indifférents, et dont la nature s'apparente hélas fort bien à ce que Montesquieu analyse aux livres XV et XVI.
  • Pédagogies alternatives

    Je réfléchissais récemment sur les pédagogies alternatives, du type Freinet ou Montessori, et à leur application à l'école. Ces pédagogies font l'objet d'attaques féroces du courant dit "républicain" (comprendre la tendance Jules Ferry) au sein de l'école. Pourtant, elles ne sont pas inintéressantes. le problème, c'est l'application bureaucratique, le fanatisme forcené des pédagogistes et l'instrumentalisation de ces pédagogies par des gestionnaires soucieux non d'avancées pédagogiques mais d'économies qui ont finalement plombé ce qu'elles auraient pu apporter.

    En outre, ces pédagogies sont certainement adéquates pour des publics restreints, mais ne peuvent s'applquer à toute une génération. Il eût fallu des projets pilotes avec des enseignants volontaires et spécifiquement formés, afin de déterminer l'efficience réelle de ces pédagogies.

    En outre, elles sont intéressantes non pour les élèves qui s'adaptent à l'école telle qu'elle est, mais pour ceux qui ne s'y adaptent pas parce qu'ils ne rentrent pas dans le moule. 

    Quand je lis l'exposé de la méthode Montessori, il est vrai que c'est enthousiasmant :

    Le Dr. Maria Montessori pensait qu’aucun être humain ne pouvait être éduqué par une autre personne. L’individu doit agir lui-même ou il ne le fera jamais. Un individu vraiment éduqué continue à apprendre longtemps après les heures et les années qu’il a passées dans une classe parce qu’il est motivé par une curiosité naturelle et l’amour de la connaissance. C’est ainsi que le Dr. Montessori sentit, que le but d’une éducation de la prime enfance n’était pas d’emplir l’enfant de faits tirés d’études préétablies mais plutôt de cultiver son propre désir d’apprendre.

    L'esprit absorbant, magnifiquement bien vu aussi :

    Le Dr. Montessori identifie l’enfant comme "l’esprit absorbant". Dans ses livres elle compare fréquemment le jeune esprit à une éponge. Il absorbe complètement l’information de l’environnement. Le procédé est particulièrement évident dans la façon dont un jeune enfant de deux ans apprend sa langue maternelle, sans instruction formelle et sans l’effort conscient et fastidieux dont fait preuve un adulte pour maîtriser une langue étrangère.

    http://www.montessori.fr/article.php3?id_article=29 

    Moi j'aime, mais le problème, c'est l'adaptabilité de notre école à cette méthode. Et le passage en force, comme le fait le courant pédagogiste au sein de l'Education Nationale, ne peut que nuire à la qualité et à l'humanisme profond de la démarche Montessori.

     

    Je suis en revanche bien plus réservé sur la pédagogie Freinet. Je cite un extrait de sa grammaire française en quatre pages.

     « Devoirs et leçons sont aussi à la base de tout le système de coercition imaginé par les règlements ou les pédagogues. Il est impossible de travailler avec les enfants dans l'atmosphère de confiance et de collaboration indispensable à toute œuvre d'éducation quand tout au long du jour le maître, livre en mains (car il n'a pas besoin, lui, de savoir par cœur, et ce n'est pas là la moins criante des injustices), contrôle leçons et devoirs. Les punitions sont le complément nécessaire de cette méthode de travail. Ah ! si nous pouvions supprimer dans nos classes toutes les leçons faites ex-cathédra par l'éducateur ; si nous pouvions supprimer toutes les leçons à apprendre, tous les devoirs à faire ! Comme l'école paraîtrait alors, aux enfants et aux adultes, lumineuse et claire ; comme on y travaillerait avec joie, sans aucune hypocrisie, comme la collaboration y serait agréable et combien changerait le rôle de l'éducateur qui vivrait enfin, au milieu d'enfants vivants, au sein de la vraie vie !

    [...] Notre technique est justement le triomphe de l'activité libre de l'enfant, mais d'une activité à laquelle on a donné un aliment et des possibilités d'expression avec un matériel nouveau, par des formules de travail mieux adaptées aux nécessités de l'heure. »

    Ce sont les errements issus de la doctrine Freinet qui ont fait penser à certains que c'était l'enfant qui construisait son savoir ex cathedra pour paraphraser à ma manière Freinet. Freinet jette l'anathème sur les apprentissages au lieu de se demander comment l'enfant peut lesintégrer au mieux. Quelle différence d'approche avec Montessori, en dépit d'apparentes similitudes ! Bien sûr, Freinet était de bonne foi, et l'école de son époque était autrement plus rigide que la nôtre. Mais, son raisonnement est historiquement daté et ne s'appuie pas sur une réflexion sur la nature de la connaissance et de la relation que nous établissons avec elle. C'est là toute la différence avec la pédagogie de Montessori.

    En outre, il suffit de considérer le passé politique de Freinet, pour comprendre que ses motivations sont d'abord idéologiques : c'est la vision libertaire et sa haine de l'autorité qui le motivent avant l'intérêt pour l'enfant. 

    En tout cas, je trouve que la méthode Montessori s'accorde bien avec la vision humaniste de l'UDF-MoDem. 

    Pour info, quelques adresses d'école sur les sites suivants :

    http://www.montessori-france.asso.fr/amf_ecoles_adresses.htm 

    Au fait, c'est en 1907 que Maria Montessori a fondé sa première Casa di Bambini à Rome. Aujourd'hui même, un colloque à propos de la méthode Montessori a eu lieu à la Sorbonne. 

  • L'UDF-MoDem veut mettre fin aux jeux violents dans les écoles

    Un groupe de travail rassemblant des élus de Paris, des enseignants et des associations de parents d'élèves va être créé afin de lutter contre les jeux violents à l'école, annonce mardi dans un communiqué l'UDF-MoDem, à l'origine de cette proposition.

    Didier Bariani, président du groupe UDF-MoDem, avait suggéré mardi matin à la mairie, lors du débat sur la rentrée scolaire au conseil de Paris, la mise en place rapide d'un tel groupe de travail.

    A propos de la violence scolaire, il avait dénoncé la "banalisation du phénomène", soulignant qu'"un million d'enfants de 7 à 17 ans ont été en contact avec ces jeux dangereux et parfois mortels" comme "la tomate, le foulard ou le happy-slapping".

    Didier Bariani souhaite dégager des "solutions concrètes" d'ici la fin de l'année.