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Fillon - Page 3

  • Fillon ? Ah non !

    J'ai vu le dernier sondage pour Fillon et j'avoue être inquiet. 

    S'il y a un électorat large, Fillon est au coude à coude avec Sarkozy et peut accéder au second tour. Dans un tel cas, contrairement à Sarkozy, il bat Juppé dans toutes les configurations, électorat large ou resserré.

    Si l'électorat est resserré, c'est Juppé qui est battu dès le premier tour, et dans ce cas, Fillon affronte Sarkozy au second tour. Dans un tel cas de figure, il l'emporte aussi, que ce soit avec électorat resserré ou large.

    Pendant longtemps, j'ai eu une assez bonne opinion de Fillon, mais les positions qu'il adopte depuis plusieurs mois ont fortement éveillé ma défiance, et par ailleurs, il a quand même mis en oeuvre une bonne partie de la politique de Sarkozy.

    Bien sûr, s'il faut choisir entre deux maux, j'opterai pour le moindre, mais je ne suis pas du tout ravi que Fillon puisse l'emporter.

    J'ai relu le programme de Juppé, et, à la rigueur, bien réfléchi, je peux voter pour lui au premier tour. Ça va, il est à peu près Bayrou-compatible.

    Si c'est Fillon, c'est autre chose. Soit pour la primaire, mais pour l'élection présidentielle, très peu probable au premier tour.

    Si ce cas de figure se produit, on verra ce qu'en pense François Bayrou et j'aviserai à ce moment-là.

  • Épisode Jouyet-Fillon

    Je n'ai pas vraiment grand chose à raconter sur l'affaire Jouyet-Fillon, la presse a tout dit, je crois, mais je demeure stupéfié par la naïveté de Jouyet. 

    Je crois qu'on a changé d'époque, avec les journalistes : il y a eu un temps où c'était des copains, des complices avec lesquels on pouvait papoter, par-delà les opinions politiques, mais je crois que c'est un temps révolu.

    Une large part des politiques ne le mesure pas. Les journalistes sont à la recherche du scoop à tout prix, c'est leur seule chance de survie dans un monde qui mise tout sur l'immédiateté.

    On a d'un côté un Fillon qui s'imagine qu'on peut faire pression sur la justice, comme au bon vieux temps, pour freiner ou accélérer une enquête ou un jugement, et, il y a de l'autre Jouyet qui croit que des journalistes du Monde sont des toujours des potes...

    Pas de chance : s'il y a bien un mérite que je reconnais à Hollande, c'est qu'il n'est pas du genre à aller emmerder les juges ni à chercher à bloquer quoi que ce soit dans le domaine judiciaire. 

    Tous ceux qui ont espéré le contraire, les Thévenoud, les Cahuzac, les Arif, en ont été pour leurs frais.

    Et, du côté des journalistes, il faut bien savoir qu'ils sont prêts à tout, y compris à  piéger et enregistrer qui que ce soit s'il y a une «affaire» en vue.

    Depuis que Fillon est allé fricoter avec Poutine en Russie je n'ai plus guère d'estime pour lui et je ne suis pas vraiment surpris de ce que cette histoire révèle du personnage. Mais est-ce bien intéressant ?

    Je suppose que c'est l'idée que les journalistes se sont aujourd'hui de l'information...

  • PS, UMP et scores serrés

    La presse et même l'opinion tombe sur le râble de l'UMP de la même manière qu'elle l'a fait pour le PS en 2008. C'est ça qui est drôle : quand un parti élit son principal représentant avec des scores très élevés, on évoque un score soviétique et quand on se rapproche du standard démocratique, c'est à dire 50/50 on entend que c'est l'anarchie.

    Il est évident que dans un score très serré, personne n'a envie de jeter l'éponge tant la moindre voix compte. Souvenons-nous de la 1ère élection de Bush en 2000 contre Al Gore qui s'est faite sur le fil et avec des doutes persistants.

    Fillon et Copé ne sont pas pires que Royal et Aubry quatre années avant.

    En revanche, ce que l'on peut déduire de ces deux élections c'est qu'un parti n'est pas capable de gérer à 100% un processus de vote entièrement transparent et démocratique.

    Je sais que cela coûte autrement plus cher mais je crois que la seule solution viable, à l'avenir, c'est de se payer un huissier par bureau de vote ou, au moins dans les départements "chauds". C'est ce qu'avait proposé le motodidacte dans les Alpes Maritimes avant le scrutin, et, à mon avis, l'UMP aurait mieux fait de l'écouter. 

    Je pense, malheureusement, que Fillon va payer cash ce score serrré. Les sondages le donnaient très propulaire au sein de l'électorat UMP et donc, beaucoup de journalistes, très inconsidérément, ou alors peut-être à dessein,  ont fait comme si le corps électoral de l'UMP et sa base militante étaient deux choses semblables. Le décalage le dessert, et, tout auréolé de sa popularité et de sa stature d'homme d'État, il a hélas surtout montré qu'il ne pouvait rassembler tout l'UMP derrière lui. Je crois que 2017, c'est cuit pour lui, et j'en suis navré.

  • Les militants UMP plus à droite que leur électorat ?

    Je ne connais pas à l'heure actuelle les résultats des élections internes au sein de l'UMP. Je pressentais que la victoire de Fillon n'était pas acquise car une base militante et une base électorale, c'est loin d'être comparable. Plus généralement, quand deux individus de stature à peu près comparables d'un point de vue politique s'affrontent, les victoires 60/40 ça n'existe pas. L'opinion finit toujours par se partager en deux parts approximativement équivalentes.

    J'ai souvent regretté au MoDem de constater une base militante bien plus à gauche que notre base électorale initiale (base que nous avons d'ailleurs fini par perdre...). Mais à l'UMP, j'ai le sentiment que c'est l'inverse. Le peuple de droite préfère largement Fillon à Copé, l'électorat UMP de même, mais les militants, eux, sont bien plus partagés. Cela signifie aussi qu'ils sont attirés par la ligne dure (bien que totalement opportuniste) que leur offre Jean-François Copé.

    Si Copé prend le pouvoir à l'UMP, la droite n'est pas prête de recouvrer le pouvoir : Sarkozy avait du talent mais Copé n'est qu'un vulgaire cheffaillon opportuniste. Il ne parviendra jamais à capter l'électorat du Front National comme avait su le faire Sarkozy et, en contrepoint, il risque de s'aliéner le centre-droit.

    A titre personnel, je peux tout à fait envisager de voter pour Fillon dans une grande élection mais en aucun cas pour Copé.

    In fine, le score serré asssocié à une forte mobilisation est tout de même un signe de santé démocratique pour l'UMP et montre que ce parti, comme le PS lors de ses primaires, est capable d'organiser de vraies élections internes.

  • De la Démocratie Athénienne à François Fillon et MAM...

    Des prémices de ma démocratie à Athènes jusqu'à l'actuel gouvernement, 2500 années nous contemplent. La démocratie athénienne avait certainement des travers, entre autres de donner prise aux conflits d'intérêt, mais, au moins offrait-elle une certitude : ceux que le sort ou les citoyens choisissaient n'acceptaient pas la charge de diriger la cité pour s'enrichir. Diriger Athènes était considéré comme un honneur, et la vox populi du temps jugeait que les plus riches qui s'engageaient en politique devaient le faire à leurs frais. Je ne suis évidemment pas d'avis de rétablir une pratique qui a plus que largement montré ses limites, mais, j'écoutais François Bayrou ce matin sur France Info, et j'ai mesuré alors le chemin parcouru depuis les premiers temps de la démocratie.

    Aujourd'hui, alors que les responsables politiques reçoivent déjà des salaires conséquents, l'État leur fournit la plupart du temps des moyens publics pour assurer des activités privées. Bayrou notait que le financement par d'autres états des vacances de nos responsables politiques n'était pas plus souhaible, au demeurant. Dès lors qu'on représente la France, on ne peut pas prendre le risque d'être redevable alors que l'intérêt privé ne doit en aucun cas rentrer en conflit avec l'intérêt général. 

    Fillon et MAM ne sont pas pires que d'autres : ils ont juste pris leurs vacances au mauvais moment. Quant aux Socialistes, ils ont la mémoire courte : François Miterrand qu'ils honorent quasi-idolâtrement faisait de même.

    Comme l'observe Bayrou, tous ces passe-droits qui accroissent constamment la distance qui existe entre le simple citoyen et l'homme d'État sont détestables et nuisibles à notre pays et à sa cohésion. Qu'est-ce que ce gouvernement où les hommes et les femmes d'État ne paient même plus leurs vacances mais les laissent à la charge d'hommes d'État de premier plan d'autres pays ? 

    Je crois qu'il serait plus que temps de fixer un code de conduite contraignant pour nos hommes et femmes d'État.

  • Présidentielles, le jeu des prédictions

    Tiens, c'est chez Malakine que j'ai trouvé un jeu amusant qui consiste à essayer de prévoir la situation politique en vue des présidentielles à l'issue de l'année 2011.

    La prédiction brute, je trouve ça trop dur, mais des scénarii envisageables, en revanche, l'idée me plaît bien. Tiens, ça me permettra de répondre en partie au tag de Romain.

    A l'orée de l'année 2011, ce qui me frappe, ce sont les stratégies désastreuses des trois grands vainqueurs de 2007. 

    Ségolène Royal a essayé d'exister à n'importe quel prix, changeant de ligne, multipliant les provocations inutiles, s'éloignant de ses fondamentaux. Elle s'est laminée elle-même et a perdu tous ses alliés. Elle ne survit, désormais, que par son éventuel pouvoir de nuisance dans la sphère du PS face à ses rivaux et rivales. L'opinion a beau être exaspérée par Nicolas Sarkozy, ce serait, je le pense, la seule candidate du PS, parmi les majors, qui pourrait encore être battue par ce dernier.

    Nicolas Sarkozy, parlons-en : en voilà qui a grillé absolument toutes ses cartes. Grillé sur sa droite pour ses promesses non tenues : eût-il recruté des policiers, réprimé sans états d'âme les délinquants, réduit le flux migratoire à zéro ou presque, certes, il se serait coupé d'une partie de la droite modérée, mais il aurait dans la poche toute la droite de la droite et le FN ne serait plus que peau de chagrin. Au lieu de cela, il a fait fuir les centristes (je parle des électeurs) qui avaient pourtant largement participé à son élection. Sarkozy n'a aucune, absolument aucune réserve de voix pour un second tour en 2012. Le seul espoir, à droite, serait de profiler au plus vite une candidature de rechange qui pourrait éviter une défaite écrasante et humiliante à l'UMP en 2012. Fillon apparaît comme cette figure, mais il aura bien du mal à endosser le bilan des 5 années passées.

    François Bayrou. Aïe. Le problème de Bayrou, c'est que l'erreur stratégique, il l'a faite dès 2007, après la présidentielle. Il eût fallu se retirer, laisser l'UDF s'organiser elle-même, sans la dissoudre, et prendre de la distance, pour n'intervenir que sur les grandes causes. Il a voulu, lui aussi, comme Royal, exister à tout prix et s'est appuyé sur un parti qui a évolué vers le centre-gauche. Au centre-gauche, aujourd'hui, il y a DSK, Eva Joly, et des sociaux-démocrates comme Martine Aubry et François Hollande. Bref, c'est très encombré. Voilà Bayrou bien encombré avec son MoDem incapable de changer de logiciel.

    Quel espoir reste-t-il à mon leader politique favori, alors ? a) de s'appuyer sur le peuple, qu'il aime vraiment, et de mener une campagne politique en 2012 comme en 2007 très proche des gens et du terrain. b) de percer là où l'on ne l'attend pas, mais aussi là où il a une différence. La réindustrialisation, la relocalisation, ce sont des thèmes qui seront porteurs à condition d'avoir quelque chose à proposer, et quelque chose à répondre aux thèses protectionnistes que ne manqueront pas d'avancer des partis comme le Parti de Gauche et le Front National. Sur l'éducation, il devrait faire taire le MoDem, reprendre la main, et montrer ses différences avec le PS. En attaquant de front le programme de ce parti, ce qu'il ne fait pas. Sur la dette, les retraites,  il est resté crédible, mais il faut un programme chiffré, désormais. Ce sera peut-être l'un des seuls à défendre l'Europe et l'euro. Qu'il ose le faire, personne n'ose élever la voix dans le paysage français pour le dire. Ceux qui aiment l'Europe s'en souviendront.

    L'erreur de Bayrou serait de se contenter de l'argument désormais éculé du ni-droite ni-gauche. Il s'essoufflait déjà largement à la fin de la campagne de 2007. Inutile de proclamer sa différence : il faut la montrer, désormais.

    Faire des mamours à DSK le dessert, il doit s'en rendre compte. On se doute qu'à peu près tous les candidats de la gauche modérée sont préférables à Sarkozy. Pas la peine de dire ce qu'il fera au second tour. Finalement, la configuration d'un autre candidat de droite serait bien plus profitable à Bayrou qui pourrait alors plus aisément rééquilibrer son positionnement.

    Au PS, mon sentiment est que Martine Aubry sera finalement la candidate désignée. Populaire à gauche, elle ne s'est laissée dicter à aucun moment son calendrier. Elle a prouvé à Lille qu'elle pouvait s'associer aux centristes, et...les acouphènes de Bayrou à propos de son vote de premier tour en 2007 auront certainement porté leurs fruits dans l'électorat centriste. Pour être franc, je m'attends à ce qu'elle soit le prochain chef d'État de la France. Je pense qu'elle sera élue. Ce n'est pas le seul scénario possible au PS, mais cela me semble le plus probable. DSL traîne, et surtout, il n'est pas impliqué au coeur de la politique française. C'est un bon débatteur, mais une fois dans la campagne, il sera contraint d'exprimer des positions et sa cote pourrait alors sérieusement baisser.

    Le FN a opéré sa mue au bon moment : il va présenter une nouvelle candidate avec un logiciel idéologique et politique rénové, fort d'un appareil de presque 20 000 militants à jour de cotisation. Une vraie force de frappe. Hélas, les sondages qui évaluent le potentiel électoral de Marine Le pen à près de 20% ne se trompent pas. Il suffirait d'une nouvelle bévue de Sarkozy sur la sécurité et l'immigration pour qu'elle franchisse la barre, pour peu qu'une partie de l'électorat UMp s'avise de lui donner une leçon.

    Les Verts sont des bobos, l'écologie n'est pas un programme politique digne de ce nom. C'est une tendance. On peut surfer dessus dans les villes, dans les régions, même, en Europe, mais pas à une élection nationale. Eva Joly fera un flop parce qu'elle n'a aucun projet pour la France si ce n'est de coller en prison une partie de sa classe politique pour montrer qu'elle lutte contre la corruption. Les gens finiront par trouver cela un peu court. En outre, son parcours sinueux agace considérablement l'appareil des Verts, qui ne la soutiendra qu'à reculons. Dany l'a bien compris, lui qui préfère négocier avec le PS quand les Verts sont encore forts.

    Besancenot a toujours été sur-évalué : on a régulièrement prévu le NPA et son leader à 5-7%. Mais sil suffit simplement de mettre en exergue ses positions sur le multi-culturalisme, sur l'immigration, vis-à-vis des islamistes, sa proximité avec des régimes marxistes despotiques et son programme économique fait de spoliations, directement inspiré de celui des révolutionnaires d'Octobre 1917 pour mettre à plat l'un et l'autre. Ce parti n'a aucune assise ouvrière. Il s'appuie sur un mélange d'agents de la fonction publique et d'instituteurs engagés, d'un côté, et de l'autre du lumpen-prolétariat vaguement anarchisant. C'est tout. Il va faire flop.

    Mélenchon éructe ; il veut une part du gâteau avec le PS. Ses outrances vont finir par lasser, d'autant que les électeurs de gauche pourraient se resserrer autour d'une seule candidature s'ils ont le sentiment que la gauche risque un nouveau 21 avril.

    Borloo va essayer de faire le brave type, tenter de profiter de sa popularité, mais quelle indépendance pourra-t-il faire valoir, lui qui a été aux pieds de Sarkozy pendant trois longues années. Je n'exclus pas radicalement qu'il puisse percer, mais il faudra qu'il trouve quelque chose à dire, et pour l'instant, on est assez loin du compte.

    Les souverainistes ne parviendront pas à percer : NDA est totalement inaudible, ou presque, et la place est déjà prise par Mélenchon et Marine Le pen. Pas d'espoir pour lui de percer, même si on peut le regretter, puisqu'il est le seul à proposer un programme authentiquement gaulliste. Tiens, les gaullistes, parlons-en : faussaire, Dominique de Villepin, lorsqu'il s'en réclame. En réalité, comme son ancien maître Chirac, c'est avant tout un rad-soc IIIème république. Une espèce qui a disparu avec Chirac, mais dont le créneau existe encore, ce qui explique les intentions de vote dont dispose Villepin. C'est une niche, il ne peut pas aller au-delà, et il n'a à l'heure actuelle rien à proposer que ne proposent déjà le PS ou le MoDem.

    Le Nouveau Centre s'est torpillé de longue date. Morin ne peut rien faire valoir et son parti n'aura produit aucune idée en 5 ans. La seule chose qui lui restera c'est un tout petit pouvoir de nuisance là où il a des élus localement un peu connus. Mais dans un contexte de débandade généralisée de la droite, pas sûr que ce pouvoir lui serve à grand chose. Morin n'a rien à proposer et rien à faire valoir. Le Nouveau Centre est inexistant.

    Et maintenant ? L'épreuve redoutable des prédictions. Il me semble à peu près acté que le PS gagnera la prochaine élection présidentielle. Il faudrait un concours invraisemblable de maladresses pour qu'il en fût autrement. Je pense que la gauche de la gauche parviendra à totaliser autour de 10% environ. A mon avis, les Verts renonceront à présenter un ou une candidate quand ils verront sa cote graduellement baisser. Le PS ramassera donc des suffrages présidentiels supplémentaires. La cote du FN va continuer à monter, tandis que celle de Sarkozy poursuivra sa baisse. Il ne pourra même plus se permettre le luxe d'une candidature ramasse-voix de second tour, au risque de se faire doubler par Marine Le pen. Borloo ne sera pas candidat, et Morin se flinguera auprès de l'UMP s'il prend le risque d'éliminer le parti allié du second tour. Ils ne seront donc là ni l'un ni l'autre.

    Il existe une possibilité pour l'UMP de récupérer les rad-soc de Villepin : c'est de virer Sarkozy. Certes, un autre candidat de droite, comme Fillon, par exemple, partira d'un socle plus bas, mais il pourra se rallier Villepin, ce qui augmentera mécaniquement sa base électorale. C'est d'ailleurs la carte que devrait jouer l'UMP, d'autant plus que Fillon, en raison de sa rigueur, plaît à la base démocrate-chrétienne du MoDem et de Bayrou. Un autre candidat subira moins les effets d'un Tout Sauf Sarkozy désormais acté et entré dans les moeurs.

    J'aimerais qu'il en fût autrement, mais, si Bayrou franchit les 10% à la présidentielle, je serai très content. Soit il parvient à redresser la barre avec des thèmes et des positionnements originaux, soit il sombre davantage, franchissant peut-être avec peine la barre des 5%.

    Martine Aubry est donnée aux alentours de 22 à 25% au premier tour, mais je pense qu'elle a les moyens de faire plus avec une bonne stratégie du PS et si elle se force un peu.

    La véritable inconnue, in fine, c'est l'attitude de la droite. Va-t-elle foncer droit dans le mur avec une candidature Sarkozy, ou, au contraire, rectifier le tir et choisir un candidat relativement présentable. Imaginons qu'elle ne soit pas suicidaire, voilà comment on pourrait se représenter un premier tour en 2012 :

    Premier tour

    Aubry : 31% - Fillon : 27% - Marine Le pen : 19% - Bayrou : 9% - Mélenchon 4,5% - Besancenot 4,5% - ext-gauche (autres) 1% - NDA 3% - divers 2%

    Second tour

    Aubry 56% - Fillon 44%

    Voilà un scénario largement possible. Il est vrai que cela donne bien peu de candidats finaux. Mais dans "divers" et ex-gauche (autres), il peut y en avoir 5-6, soit un total de 14 candidats. 

    Après un billet comme celui-là, faut que je tague comme une brute. Tiens, le faucon d'abord, la rénovitude ensuite, l'Nicolas parce que comme moi, il adore les pronostics, Marc Vasseur qui sait qu'il est encore à gauche, mais qui ne sait plus où il en est pour le reste, Polluxe, que je n'avais plus taguée depuis un moment, Hervé qui est très bon historien et très mauvais pronostiqueur, et Toréador parce que je suis sûr qu'il aime bien les paris, comme moi. Tiens, puis Melclalex aussi, il adore faire des plans sur la comète, lui aussi. Oh, et puis tous ceux qui voudront participer au jeu. Je ne sais pas moi, Catherine et Dominique, par exemple ; zut, y'a plus de Crapaud du Marais. Bon, alors Laurent de Boissieu, que la politique passionne, expert en la chose, et dont les pronostics pourraient être plus pertinents que les nôtres.

  • Eh oui, Jean-Louis, faut prendre des risques...

    Bon, je crois que c'est à peu près acté pour Borloo : il ne sera pas premier ministre. Les sondages le placent loin derrière Fillon, or, comme l'omni-président dirige le pays à coups de sondages...

    Cela dit, Borloo paie autre chose : c'est une personnalité politique qui ne prend pas de risques, c'est à dire qui n'exprime pas des positions fortes. Quand Bayrou disait de lui qu'il manquait de solidité, je crois qu'il ne voulait pas dire autre chose.

    C'est d'ailleurs souvent le cas des "chouchous" des sondages. Ils ne disent rien ou presque, c'est à dire rien de conflictuel. Du coup, facile quand on ne s'oppose à rien et que l'on est d'accord avec le vent dominant, d'être très populaire. Tiens, je parie qu'en montrant des dents plus longues qu'il n'y paraît, Borloo va y laisser des plumes dans les prochains sondages de popularité.

    Ancien avocat de Bernard Tapie, je n'oublie pas qu'il a lâché Bayrou en pleine campagne électorale à la présidentielle de 2002 puis qu'il n'a pas eu le courage de franchir le pas en 2007 en dépit d'une lettre pressante de plus de 1000 jeunes de son parti.

    Cela n'empêche pas l'individu d'être sympathique et humain, je n'ai aucun doute sur ce point, mais il manque de poids politique. Face à un Fillon qui a un caractère autrement plus trempé, il n'y a pas photo.

    Pour conclure, ce ne serait évidemment pas un drame s'il devait devenir premier ministre, loin de là, et ma fibre centriste s'en réjouirait certainement. Mais en temps de crise, j'avoue que j'aurais assez peu confiance dans la vigilance du capitaine...

    Voilà qui répondra peut-être partiellement aux interrogations de Stef, d'une autre vie... L'Faucon, comme moi, mais aussi comme pas mal d'électeurs du MoDem, se satisferait à peu près d'un maintien de Fillon, mais comme vrai premier ministre, comme il le dit en conclusion...

  • Judas pousse-t-il Sarkozy dehors ?

    Souvenez-vous, il y a 5 mois environ paraissait un livre au titre éloquent : Pourquoi Nicolas Sarkozy va partir, comment nous allons l'y aider. Et l'ouvrage était signé Judas.

    Les derniers sondages sont en apparence fâcheux pour le chef de l'État, mais les sondages sont aussi souvent des miroirs aux alouettes s'ils ne sont pas étudiés de près. Oh, certes, Dominique de Villepin peut bien faire jeu égal avec Nicolas Sarkozy, et François Fillon le dépasser, mais, dans son propre camp, le plus populaire demeure Nicolas Sarkozy. Que l'on interroge l'électorat de l'UMP, et c'est lui qu'il choisit en premier. Le jour ou un outsider menacera le chef de l'État dans son propre camp, alors la droite pourra songer à une candidature alternative. Il faut bien comprendre que pour accéder à un second tour, il faut d'abord rassembler son camp...Eh non, faucon, ils ne sont pas au coude à coude, Sarkozy et Villepin. C'est la gauche qui rétablit l'équilibre, pas la droite. A l'UMP, Villepin est persona non grata.

    J'observe toutefois que les révélations se multiplient depuis quelques mois : l'effet kisskool du compagnonnage avec Judas ? Oui, effectivement on pourrait penser qu'on pousse Nicolas Sarkozy à ne pas se représenter, et que plus on pousse, plus son premier ministre en profite. Et pour cause : Nicolas Sarkozy a réussi le tour de force d'inverser le rapport de protection qui lie président et premier ministre dans notre République. C'est lui le fusible de Fillon et non l'inverse ! Résultat des courses, un sondage récent le fait apparaître comme plus populaire que Sarkozy chez les sympathisants de l'UMP !

    Seulement voilà, si Sarkozy s'efface, Fillon perd son fusible, et alors, il lui faudra bien assumer le bilan de son gouvernement. Que pourra-t-il dire d'autre aux Français ? Voilà où le bât blesse pour lui...

     

  • Retraites, un premier pas...

    Le gouvernement de François Fillon a enfin accompli une réforme d'envergure. Il vient de rendre sa copie sur les retraites. Oh, bien sûr, le compte n'y est pas, il faut encore trouver 19 milliards d'euros, mais enfin, ne faisons pas la fine bouche, c'est un début.

    On trouve toujours à gauche des individus pour fantasmer sur les milliards des riches ou encore des flux financiers. Cette réforme des retraites a un mérite : elle montre la réalité crue. Les hauts salaires, les stock-options, en dépit du déluge de délires que l'on a entendu dans toute la classe politique, même taxés, sont bien loin de fournir le financement de nos retraites. Ils n'y contribuent que marginalement. Un report jusqu'à 62 ans était inévitable, et, à mon avis, ce n'est pas fini. Aligner les cotisations des fonctionnaires sur celles du privé également. Bon choix que d'avoir choisi de l'étaler sur dix années.

    En dépit du volontarisme du gouvernement, la question de l'emploi des seniors demeure en suspens. Je crains hélas qu'il n'y ait un vrai problème de société derrière, qui tient à notre représentation des âges de la vie et à la pénibilité du travail en général.

    On ne pouvait faire une réforme radical compte-tenu de l'ampleur de la tache, mais j'escompte bien, du coup, que cette réforme ne soit qu'une étape. Une fois les comptes équilibrés, ce qui est le premier objectif, il faudra envisager des modes de calcul plus cohérents, et je pense évidemment au système à points et aux comptes notionnels. C'est ce qui manque à cette réforme : c'est une cautère, mais ce n'est pas une réforme systémique. Gageons que nous finirons bien par y venir, mais peut-être pas avec ce gouvernement-là.

    Je ne vais pas taper sur le gouvernement sur une réforme de cette ampleur, parce que ce n'est pas facile, parce qu'il en prend déjà plein la poire, et parce qu'il est le premier gouvernement à attaquer de front le problème depuis un moment. Reconnaissons à Fillon le mérite de ne pas faiblir sur des choses de ce genre. Il y a un concert de glapissements côté socialiste, mais je donne ma main à couper aux lecteurs que s'ils arrivent au pouvoir, ils ne reviendront pas dessus, bien contents que quelqu'un ait fait le sale boulot à leur place.

    Je suis en revanche hostile au report de l'âge sans décote, tout comme Robert Rochefort et plus généralement le MoDem, de 65 à 67 ans. 67 ans, cela commence à faire beaucoup, même si l'espérance de vie s'allonge.

    Après, il faut habiller cette réforme de justice sociale, parce que cette dernière est une condition sine qua non d'une réforme acceptée par le peuple. Cela suppose de légiférer sur les retraites des parlementaires. Tiens, au fait, dénonçons la démagogie qui consiste à attaquer les retraites-chapeau. Les retraites-chapeau sont provisionnées entièrement sur fonds privés par les entreprises privées. Si les entreprises privées veulent mettre de côté des sous pour payer des retraites à leurs cadres dirigeants c'est leur droit. Dès lors que l'État n'y est pas de sa poche. Sur ce dernier point, j'ai cru comprendre que les primes versées étaient déductibles de l'impôt sur les sociétés. Il serait donc légitime de revenir sur cette niche fiscale. Nos impôts n'ont pas à financer ces retraites qui devraient être laissées à la libre capitalisation des entreprises mais en aucun cas impliquer les pouvoirs publics. En effet, financer les retraites des cadres dirigeants ne relève pas d'une particulière opération de salubrité publique. Cela ne nous concerne donc pas.

    Pour finir, c'est amusant de voir des responsables politiques faire les marxistes de service. Marine Le pen, par exemple, mais aussi Corine Lepage, qui ne parle plus que de taxer les revenus du capital, par exemple...

    Je sais que les divers mouvements politiques vont réagir en expliquant que le gouvernement n'attaque pas la principale cause du déficit des retraites : l'emploi. Comme on l'aura constaté, c'est tout de même le domaine où il est le plus difficile d'être efficace, tant on touche là à des problématiques pas uniquement nationales. Juste, mais...un peu facile. S'ils ont des solutions miracles, qu'ils les proposent...

    P.S, tiens, au fait, je viens de recevoir en exclusivité la réaction du MoDem. Je la publie sur le Post.

  • Judas...Fillon ?

    J'ai fini hier le livre "Pourquoi Sarkozy va partir, comment nous allons l'aider". Je dois dire que je suis un peu déçu ; non que le livre soit mal écrit, au contraire, mais je m'attendais à quelque chose de plus saignant. En réalité, Judas valide complètement toutes les options prises par Nicolas Sarkozy pendant trois ans, n'en critiquant que le style, et encore. Était-ce utile, dans ces conditions, de choisir la couleur noire de la rébellion anarchiste en couverture ? Ou celle du deuil ? Il se trouve que j'ai été aussi un lecteur de "La France peut supporter la vérité" de François Fillon. Je retrouve dans le livre de Judas à peu près les mêmes jugements sur la classe politique, les réformes à faire, le devoir et le courage de dire la vérité aux Français que ceux que j'avais vus dans le livre de Fillon ou encore sur son blogue avant les présidentiels. D'ailleurs, sans surprise, le livre finit en proposant de faire de François Fillon le successeur de Nicolas Sarkozy avec l'aval de ce dernier (une habitude, décidément, à droite, cet aval...). L'ouvrage aborde sans langue de bois les difficultés auxquelles sont confrontés les Français, avec parfois une plume aussi acérée ironique qu'acérée. Identité nationale, immigration, dette publique, mondialisation économique, déficits de la protection sociale, le livre n'y va pas par quatre chemins, et annonce des larmes, de la sueur et du sang. Judas est convaincu que seul un langage de vérité peut obtenir l'adhésion des Français à la présidentielle et estime que celui qui le tiendra sera un président-suicide : en somme, un président qui fera les réformes douloureuses et sera tellement carbonisé après dans l'opinion qu'il ne pourra se représenter.

    Ce qui m'embête, personnellement, avec Fillon, même si j'ai une certaine estime pour l'homme, c'est que je l'ai connu successivement séguiniste, puis chiraquien, puis sarkozyste, puis filloniste d'obédience libérale. C'est aussi un homme qui a gobé sans sourciller toutes les réformes de Nicolas Sarkozy. Or, quoi qu'il en dise, j'ai vu beaucoup d'agitation, des déficits exploser, des libertés publiques reculer, et je ne parle pas des cris d'orfraie des bien-pensants, mais bien des tracas administratifs de toute sorte et des authentiques abus policiers sans que pour autant la sécurité ne progresse, au demeurant, bref, que des choses qui me laissent penser que cette politique était mauvaise et viciée dès le départ.

    Fillon président, ce serait une issue acceptable pour moi, à la suite d'une élection présidentielle, mais, assurément, pas mon choix prioritaire lors d'un premier tour, et pas forcément non plus mon choix de second tour face à un candidat de gauche.

    L'homme a la réputation de ne pas mentir et de tenir parole. On jugera donc sur pièces le moment venu.