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Economie - Page 56

  • Un patrimoine pour tous ?

    Je livre à mes lecteurs l'idée extrêmement intéressante qui figure ci-dessous. Elle provient d'une association qui promeut l'idée d'offrir un capital remboursable à quiconque désire lancer un projet dans son existence, le MIDEP .

    Voici ce que l'on trouve en introduction sur la page d'accueil de ce site :

    Le Mouvement pour l’Instauration de l’Egalité face au Patrimoine ( M I D E P) est une association loi de 1901. Il a pour objet « d’entreprendre toutes actions permettant d’œuvrer à la reconnaissance du droit au patrimoine, c’est à dire du droit de chaque jeune citoyen de disposer d’un capital lorsqu’il démarre dans la vie ». 

    Le MIDEP n’a aucun lien, de quelque nature que ce soit, avec les institutions existantes, qu’elles soient politiques, philosophiques ou religieuses. Il a été créé par un groupe de citoyens qui partagent l’idée selon laquelle l’instauration de la justice sociale ne passera ni par une rupture avec le capitalisme et l’économie de marché, ni par la redistribution des revenus, mais par une meilleure répartition des richesses au sein de la société.

    Parmi les différentes méthodes envisageables pour atteindre cet objectif, le MIDEP considère que la plus efficace, et la moins onéreuse pour la collectivité, consisterait à doter chaque jeune citoyen d’un capital de départ qui, dans la situation économique actuelle de la France, pourrait être de 50.000 euros et qui serait remboursable sur ses héritages à venir.Cette méthode permettrait au système de s’autofinancer au fil des années et donc de réduire de manière significative le problème du financement. Elle permettrait aussi de ne pas devoir prendre aux uns pour donner aux autres, ce qui est à l’évidence le talon d’Achille de la redistribution des revenus.

    Sur le plan politique, le MIDEP prétend que le droit au patrimoine constitue la véritable « troisième voie » entre les deux idéologies qui dominent notre vie collective depuis un siècle et demi : le libéralisme et le marxisme. Cette vérité s’imposera lorsqu’il deviendra évident que le modèle social-démocrate, fondé sur la redistribution des revenus, aboutit à une impasse.

    Sur le plan économique et social, le MIDEP prétend que le droit au patrimoine est la seule réponse satisfaisante aux problèmes posés par les trois grandes mutations qui sont à l’œuvre aujourd’hui au sein de la société humaine : la mondialisation, la robotisation de l’appareil productif, l’évolution démographique.

    Le droit au patrimoine s’imposera comme la seule et unique voie d’un nouveau progrès social.

    Je trouve que c'est une idée extrêmement intéressante. Techniquement, en revanche, j'aimerais savoir comment elle peut être financée, et qui, in fine, prêtera les 50 000 euros, d'autant que pour imaginer un remboursement sur héritages à venir, cela suppose de tenir compte de l'inflation entre le moment où la somme est empruntée, et le moment où l'héritage vient. Et quand il s'agit d'un jeune qui n'a aucun héritage en perspective, que se passe-t-il ?

    En tout cas, c'est l'archétype du genre d'idées intéressantes que j'aimerais voir fleurir au MoDem. Je vais contacter Eric Pictet, le président de l'association, et lui poser des questions sur cette excellente idée.

    Cela dit, il donne des idées sur les modalités d'application sur son site. Je vais les reprendre ici et les commenter au fur et à mesure. J'ai tout de même regardé les modalités de financement : pfiuu !Intéressant, mais pour amorcer la pompe, dur, compte-tenu des délais de remboursement. En outre, c'est une manière totalement différente de penser la protection sociale : si j'ai bien compris, exit le RMI et l'aide au logement. L'idée est fondamentalement libérale en ce qu'elle s'appuie avant toutes choses sur les ressources de l'individu. Si tu réussis, très bien, si tu rates, attention aux dégâts. L'auteur n'aborde pas les conséquences de l'échec, et n'évoque pas ce qu'il peut se passer pour ceux qui ne rentrent pas dans cette logique, soit par philosophie personnelle, soit par incapacité. Par exemple, on évoque à mots couverts dans les cités la question de l'inemployabilité : certains habitants des cités seraient tout simplement inemployabkes car incapables de respecter un cahier des charges, des règles de vie en société, l'autorité d'un chef d'entreprise, les contraintes du monde du travail, et cetera...Il n'y a sans doute pas qu'eux. Alors : quid ? Ce que propose le MIDEP est un système au mérite, certes, sur le fond, équitable, presqu'égalitaire (un rêve de marxiste), mais totalement concurrentiel. Que se passera-t-il pour les victimes de la concurrence ?

    Cela dit, je trouve qu'on est dans la droite ligne du capitalisme des origines, et même mieux : c'est vraiment une pure amélioration du capitalisme entrepreneurial tel que le pense Schumpeter. S'il vivait encore, je suis sûr qu'il trouverait cette idée géniale. 

    En tout cas, l'idée m'intéresse, et elle est à débattre. Je me promets d'y revenir dans les jours prochains sur mon blog. 

     

  • Je ne comprends pas Christian Saint-Etienne

    J'avoue que la logique de Christian Saint-Etienne m'échappe. Déjà, je n'ai jamais compris qu'il lâche le MoDem pour finir sur la liste UMP de Jean Tibéri dans le 5ème arrondissement de Paris, alors qu'il s'était tout de même fait le chantre d'une éthique forte. Mais sa tribune dans Le Monde du Jeudi 06 mars 2008 m'a laissé encore plus perplexe

    Christian Saint-Etienne dresse dans son article un tableau sans concessions de la situation économique de la France. Il fait une série de justes observations sur les insuffisances françaises avec des recommandations judicieuses. Notamment, tout comme Jean Peyrelevade, il constate, je le cite, que « le problème économique fondamental de la France n'est pas lié à une insuffisance de demande, mais à une faiblesse de l'offre compétitive qui se traduit par des pertes massives de parts de marché de nos entreprises à l'exportation et sur le marché intérieur». Et il ajoute « les produits et services français ne sont pas adaptés à la vive demande en France et dans le monde ».

    Le problème, c'est que c'est le même homme qui écrit dans la troisième partie de son billet : « L'orientation des réformes nécessaires est maintenant bien connue grâce aux nombreux rapports du Conseil d'analyse économique complétés par le rapport Attali...» 

    Ah bon ?... Mais moi, si j'ai bon souvenir, en dehors des poncifs que tout le monde connaît désormais, les propositions d'Attali, elles sont surtout orientées vers le pouvoir d'achat, c'est à dire la demande, et non vers l'offre...Or, Christian Saint-Etienne à qui je ne vais pas apprendre l'économie ne peut pas ignorer quel effet désastreux pour notre commerce extérieur aurait une hausse de la demande sans offre nationale capable de répondre. On a déjà vu cela dans un autre contexte avec la relance par la demande de Mauroy en 1981.

    De surcroît, Christian Saint-Etienne appelle à soutenir Nicolas Sarkozy dans les nécessaires entreprises qui devront être entreprises. Nous, on veut bien, mais le problème, c'est que pour l'instant, il a fait tout l'inverse ce que l'on attendait, à commencer par ce fameux paquet fiscal dont on ne comprend toujours pas l'utilité conomique, mais dont on conçoit clairement , en revanche, qu'il a vidé les caisses de l'Etat pour rien...

    C'est ça qu'il faut soutenir ? Par ailleurs, toutes les mesures que Christian Saint-Etienne préconise, notamment pour les PME, était dans le programme...de François Bayrou aux élections présidentielles et du MoDem aux élections législatives ! Et comme Avenir Démocrate, le"machin" de Cavada est une coquille vide, je crois que Saint-Etienne n'est pas à la bonne tribune pour faire valoir ses idées...

  • Les fonds souverains sont les miroirs de nos déficits

    J'ai trouvé les remarques de Jean Arthuis pertinentes : bien plus que lorsqu'il appelait à la démission du PDF de la Société Générale. Ses observations sur l'hyper-financiarisation rejoigent celles de Jean Peyrelevade.

    2b543f01fe1f106fdd6114e809598dab.jpgJean Arthuis était l'invité de BFM et d'Hedwige Chevrillon, le lundi 11 février 2008. Après la réunion du G7 le week-end dernier, le président de la commission des Finances du Sénat a estimé : "La santé économique du monde donne des signes économiques préoccupants. La crise financière est là. C'est une inquiétude qui pèse sur le système bancaire puisque c'est largement une crise de confiance" précisant ainsi son analyse : "Nous avons assisté à une sorte de découplage entre l'économie réelle qui progressait au plan mondial de l'ordre de 4 où 5% par an et l'économie financière, l'hyperfinanciarisation qui est devenue avide de résultats immédiats, 15%, 20%." Or, pour le sénateur centriste,"ce découplage n'est pas sans conséquence" d'autant qu'il y a " aussi le double déséquilibre américain, déséquilibre budgétaire et déséquilibre commercial, qui n'a été rendu possible que parce que le monde entier a accepté de financer ce double déséquilibre."



    Revenant sur la crise qui traverse le secteur financier, Jean Arthuis a noté " Dans ce monde financier, je ne suis pas sûr que les opérateurs ont toujours bien compris ce qu'ils achetaient, les risques qu'ils encouraient. On partait de l'idée que puisqu'il y avait des agences de notations, qui sont au nombre de trois et qui ont donné des avis très positifs, alors on achetait sans savoir ce que l'on achetait" tout en rappelant que l'affaire de la Société Générale "traduit un déficit de contrôle. C'est une fraude complexe mais sur un produits très simple, un produit de couverture" qui appelle "à surveiller de plus près avec de bonnes règles de transparence, avec de bonnes règles prudentielles."

    Mais il a également appelé à une meilleure coordination des politiques économiques mondiales : "Il va également falloir que le système international se coordonne mieux" prenant l'exemple de la "baisse très substantielle" des taux directeurs de la FED " sans concertation avec les partenaires européens et japonais." Le sénateur centriste n'a d'ailleurs pas caché sa crainte que le plan de relance américain "ne creuse d'avantage les déficits".

    Interrogé par Hedwige Chevrillon sur la possibilité de conduire des politiques de relance et les déficits publics, le sénateur centriste a souligné que "les Etats occidentaux sont largement déficitaires. Ceux qui financent nos déficits sont ceux qui approvisionnent en pétrole en gaz, en énergie et en biens de consommation, c'est ce que l'on appelle les fonds souverains. Tous ces excédents financent nos déficits. Les fonds souverains sont le miroir de nos déficits."

    Le président de la commission des Finances du Sénat a souligné avec force la nécessité "des réformes structurelles qui redonnent de la compétitivité au travail, aux entreprises et aux territoires français" regrettant "des mesures qui relèvent de la politique de la demande. Or, soutenir la consommation aujourd'hui, c'est bien souvent soutenir les importations et créer de l'emploi hors du territoire national."

     

  • Taxer plus les stock-options ? Oui, mais...

    71708a434ae3de3a8c20b9b02d2379fa.jpgTaxer les stock-options d'avantage pour financer la sécurité sociale, cela semble en apparence une bonne idée...Oui, mais...voilà le problème , il y a un "mais". Et ce mais, je trouve que Jean-Jacques Jégou, sénateur UDF-MoDem et maire du Plessis-Trévise, l'a mis avec acuité en évidence dans un rapport sur le financement de la sécurité sociale pour 2008.

    Le problème, c'est que l'Enfer est pavé de bonnes intentions, et, qu'en substance, pour résumer lapidairement ce que le sénateur a écrit, ce n'est pas parce que le taux d'imposition de la taxe augmente que ses revenus augmentent mécaniquement.

    Explications dans cet extrait de son rapport :

    d) Que penser d'une augmentation des prélèvements sociaux, et notamment de ceux applicables aux stock-options et aux actions gratuites ?

    Le présent article, qui constitue un facteur d'accroissement du niveau global des prélèvements obligatoires, certes pour des motifs de solidarité, doit être envisagé sous différents angles.

    La première question posée est d'ordre constitutionnel. S'agissant de la contribution salariale, le dispositif adopté par l'Assemblée nationale conduit à introduire, au sein de la catégorie des revenus du patrimoine, imposés aux prélèvements sociaux à hauteur de 11 %, un traitement particulier pour les stock-options et les actions gratuites qui seraient elles taxées à 13,5 %. Au regard du principe d'égalité devant l'impôt, on peut se demander pour quel motif d'intérêt général il apparaît nécessaire de déroger au principe d'égalité, alors que la réalisation d'une plus-value liée aux stock-options et aux actions gratuites est en tout point semblable, d'un point de vue économique et financier, à la réalisation d'une plus-value sur une valeur mobilière, dont le taux d'imposition est fixé à 11 %. Au sein de l'épargne salariale, il y aurait par ailleurs distorsion fiscale entre les options et actions gratuites, d'une part, et les autres véhicules d'épargne salariale, d'autre part.

    Sur un plan économique, deuxièmement, il convient de se demander quel impact aura la mesure, qui peut paraître à première vue limitée, en termes d'attractivité de notre territoire, qu'il s'agisse de la localisation de sièges sociaux, mais aussi d'ingénierie juridique, consistant à créer des structures de portage des contrats de travail des cadres dirigeants hors de France, ou, le cas échéant, de choix de résidence fiscale. En outre, peut-on imaginer que la taxation des stock-options ou des distributions d'actions gratuites ne conduise à susciter un effet d'éviction au profit d'autres dispositifs d'épargne salariale ?

    Sous un angle financier, troisièmement, on peut souhaiter examiner quel sera l'impact réel de la création de la contribution patronale : celui-ci ne conduira-t-il pas les entreprises à ajuster à due concurrence le volume de distribution des stock-options et des actions gratuites, afin de maintenir le coût de leurs plans d'épargne salariale inchangés, ce qui limiterait d'autant l'intérêt budgétaire de la mesure31(*) ? L'estimation du rendement de la mesure par la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale est selon toute vraisemblance considérablement surévaluée.

    Quatrièmement, s'agissant du point de vue fiscal, une vision consolidée s'impose, qui conduit à constater que les stock-options et les actions gratuites font l'objet d'un régime de taxation en matière d'impôt sur le revenu déjà significatif, voire élevé par rapport à nos partenaires32(*), ce qui n'implique pas nécessairement un accroissement de la fiscalité sociale : le contribuable perçoit, lui, le poids fiscal global, et non le rapport relatif entre prélèvements au profit de l'Etat et prélèvements au profit de la sécurité sociale. Par ailleurs, il convient de remarquer que l'on crée un nouveau prélèvement social sans ouverture de droit à prestation.

    Enfin, cinquièmement, sur un plan technique, plusieurs « malfaçons » doivent être relevées en ce qui concerne l'introduction d'une contribution « salariale ». Tout d'abord, la contribution ne saurait être « salariale » dans la mesure où le bénéfice lié aux gains d'acquisition, et a fortiori aux plus-values de cession, est dans la plupart des cas, et de plus en plus, réalisé lorsque la personne n'est plus salariée de l'entreprise, à supposer qu'elle l'ait déjà été, puisque les stock-options s'appliquent également à des mandataires sociaux non salariés33(*). Ensuite, la création de cette nouvelle contribution conduit, dans la rédaction proposée, à un prélèvement par les URSSAF, alors que les 11 % de prélèvements sociaux sont prélevés par la direction générale des impôts, ce qui paraît peu efficient. En outre, la date d'entrée en vigueur, le 16 octobre 2007, applicable aux levées d'options et aux actions gratuites cédées, n'est pas en cohérence avec les autres dates d'application des mesures du projet de loi de financement de la sécurité sociale. Elle conduirait enfin à une taxation rétroactive des options distribuées par les entreprises.

    Votre commission estime donc indispensable, à ce stade, que d'utiles compléments d'information puissent être apportés en séance publique. C'est l'objet de l'amendement qu'elle vous propose.


    * 31 C'est aussi de ce point de vue que l'on peut nuancer l'analyse de la Cour des comptes selon laquelle la taxation des stocks options aux cotisations sociales pourrait avoir un rendement de 3 milliards d'euros, puisqu'elle estime que l'ajustement des entreprises à cette nouvelle taxation réduirait au final le rendement à 2 milliards d'euros.

    * 32 Cf le tableau précédent.

    * 33 Il faut rappeler que l'article 62 de la loi n° 2006-1770 du 30 décembre 2006 pour le développement de la participation et de l'actionnariat salarié et portant diverses dispositions d'ordre économique et social prévoit que les options ou actions gratuites attribuées par le conseil d'administration ou le conseil de surveillance aux mandataires sociaux ne peuvent être levées, ou cédées, avant la cessation de leurs fonctions.

  • La leçon d'Alstom

    Alstom a actuellement les honneurs de la presse : et pour cause, l'entreprise d'électricité et construction ferroviaire lance un prototype de train à grande vitesse, dont la particularité est de ne plus être tracté par une locomotive, mais de disposer d'un pouvoir tracteur réparti sur chaque wagon. Le carnet de commandes est plein, et des visiteurs venus des quatre coins du monde frappent à la porte pour acquérir la fine fleur de la technologie de l'entreprise.

    En ces temps de disette d'énergies fossiles à venir et de réchauffement climatique, la technologie d'Alstom présente évidemment bien des avantages, a fortiori pour des investissements sur du long terme...

    Il faut reconnaître (pour une fois) que Sarkozy alors Ministre de l'Economie et des Finances, avait agi vite et bien sur ce dossier, en engageant l'Etat dans le capital d'Alstom.

    Il avait notamment énoncé devant l'Assemblée Nationale, le 26 mais  2004, les mots suivants :

    Quand il faut privatiser parce que c'est l'intérêt de l'entreprise, nous privatisons. Et lorsqu'il faut investir des fonds publics pour sauver des entreprises, nous le faisons ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Ce n'est pas de l'idéologie, c'est du pragmatisme : la France ne peut pas vivre sans une industrie puissante.

    Il y a, cet après-midi même, un tour de table avec les banques afin de trouver les 10 milliards d'euros nécessaires pour cautionner, non pas Alstom, comme je l'ai entendu dire, mais les clients d'Alstom. J'espère que, avec le Premier ministre, nous pourrons annoncer ce soir l'accord finalisé avec les banques.

    Enfin, quatre années sont données à Alstom pour nouer des partenariats industriels. En quatre ans, les femmes et les hommes d'Alstom qui construisent le TGV et le Queen Mary pourront affronter la concurrence, car l'entreprise sera redressée. Bien sûr, pour nouer un partenariat, il faut des partenaires qui soient tous deux debout, à armes égales.

    Nous n'avons pas accepté un dépeçage qui aurait permis à certains de prendre les morceaux qui les arrangeaient, laissant les autres à l'État. Cela s'appelle du volontarisme industriel
    et c'est un message pour tous les salariés d'Alstom. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Union pour la démocratie française.)

    Comme quoi, quand il y a des choses qui vont dans le bon sens, on est capable d'approuver, à l'UDF-MoDem...Le malheur, c'est qu'actuellement, on ne peut pas dire que cela va dans le bon sens...

    Plus généralement, cette histoire repose le problème de l'intervention de l'Etat dans l'économie et notamment sur les marchés. On sait déjà que les fonds dits Souverains affluent sur les marchés financiers. Je crois, pour ma part, mais je ne suis pas le seul, que l'Europe toute entière devrait se doter d'un fond puissant capable de se porter au secours, non à fonds perdus, mais par recapitalisation, des entreprises qui traversent des mauvaises passes.

    On me dira, bien évidemment, que c'est contraire à la concurrence libre et non faussée entre entreprises. Certes, mais à ce compte-là, les autres états de la planète en font autant : quid du géant Gazprom qui est alimenté par l'état russe ? Quid de la République Populaire de Chine qui se comporte en large partie comme un état hyper-capitaliste pour favoriser ses propres entreprises ?

    Au-delà de la concurrence libre et non-faussée, je crois qu'il y a une valeur supérieure, qui devrait être le Bien commun. Bien sûr, il faut aussi admettre le principe de règles communes, car s'affranchir de ces dernières est à l'évidence contradictoire avec le Bien Commun.

     Je ne prône pas , bien évidemment, la promotion d'intérêts nationaux égoïstes, mais je pense que nous aurions vocation, nous autres Français, qui nous nous sommes longuement développés avec une intervention appuyée de l'état, à entamer une discussion avec nos partenaires européensafin de mettre en place des procédures et un fond d'intervention pour les entreprises en péril. J'ai lu à cet effet une analyse de l'économiste Elie Cohe, qui date dedécembre 2003, évoquant la désindustrialisation de l'Europe et le désarroi de ses dirigeants politiques : elle conserve toute sa pertinence et justifie a posteriori la position adoptée alors par la France à l'époque.

    Dans un ouvrage récent, trente spécialistes internationaux dressent le bilan de santé de l'Hexagone : il s'agit de Regards sur la France, chez Seuil. J'y ai lu entre autres avec beaucoup d'intérêt l'analyse que porte Jonah Levy, professeur de sciences politiques à l'Université de Berkeley sur le nouvel interteventionisme de l'Etat en France. Il note une véritable modification de l'Etat dirigiste du début des années 80 : désormais, il ne s'agit plus de déterminer les gaggnants, mais de construire un environnement porteur pour les entreprises, notamment en prenant en charge certains de leurs coûts pour les aider à évoluer.

    Cette politique n'a pas si mal marché, mais elle s'est accompagnée de dispositifs d'anesthésie sociale que je juge pour ma part, pernicieux : certes, ils ont permis la transformation de l'état dirigiste en état accompagnateur et une mutation de l'économie française, mais ils ont eu un coût bugétaire croissant qui plombe désormais les comptes de la nation, et, surtout, ils ont créé une atmosphère de déresponsabilisation, diluant progressivement l'activité. Le problème, c'est que les dispositifs sociaux avaient tous été conçus pour être temporaires, et ils sont tous devenus pérennes.

  • Loi de finances 2008 et énergies nouvelles

    95c19037111d25044173f1621a0a5166.jpgJ'ai lu avec attention le rapport qu'a produit Christian Gaudin, sénateur UDF-MoDem, en compagnie du sénateur divers droite Philippe Adnot, sur la recherche et l'enseignement supérieur.

    Le rapport est fort intéressant, car il étudie poste par poste les crédits alloués à la recherche et à l'enseignement supérieur, domaine par domaine. Or, je suis allé jeté un oeil du côté de l'énergie, et qu'ai-je vu en examinant les chiffres

    Que sur 655.4 millions d'euros alloués à ce poste, 475.3 vont au nucléaire, 180.8 au pétrole, et 5.3 aux énergies renouvelables !!!

    J'ai bien aimé la section principales observations de votre rapporteur spécial (en l'occurence Christian Gaudin) :

    « En revanche, il s'étonne de la relative modicité de l'effort financier consenti en faveur de la recherche dans le domaine des énergies nouvelles, concernée au premier chef par les engagements présidentiels pris à l'occasion du Grenelle de l'environnement *. Comme indiqué supra, c'est en particulier le cas de la thématique « Energie durable et environnement » de l'ANR, dont le financement ne doit augmenter que de 3 % en 2008. »

    Un tantinet agacé, notre sénateur MoDem. Il propose d'ailleurs immédiatement la mesure que lui dicte le simple bon sens, c'est à dire, en gros, plus que doubler le dit budget, et  ponctionner notamment les fonds initialement affectés à la recherche sur l'extraction pétrolifère. Cela me semble en effet une très juste suggestion.

    Je le cite :

    C'est également pourquoi votre rapporteur spécial vous propose un amendement tendant à abonder de 6 millions d'euros la rubrique « Energie durable et environnement » de l'ANR. Les fonds nécessaires pourraient provenir de l'action n° 3 du présent programme, « Compétitivité et développement du secteur des hydrocarbures et de ses infrastructures, diversification des réserves », plus précisément sur les actions de l'IFP visant à « repousser les limites du possible dans l'exploration et la production du pétrole et du gaz ». Il semble, en effet, que les sociétés pétrolières pourraient accroître leur participation financière à ce type de recherche. En outre, l'IFP a pleinement vocation à participer aux appels à projets lancés par l'ANR sur les thématiques d'énergie durable et d'environnement, abondés par le présent amendement.

    Sur l'énergie, il sait de quoi il parle notre sénateur : je rappelle tout de même qu'il a mené une mission scientifique en Antarctique pendant un mois en 2006, et qu'il a certainement eu l'occasion de commencer à y voir les dégâts occasionnés par le réchauffement climatique... J'aurai l'occasion de continuer à commenter ce rapport, car il contient nombre de choses intéressantes, mais j'y reviendrai dans des billets ultérieurs. 

    Ah,au fait, mon astérisque, j'allais l'oublier (la même figure sur le rapport de Christian Gaudin, c'est la note 10) :

    « L'enjeu est d'investir massivement pour créer les conditions de la croissance de demain. L'enjeu est un grand programme national et même européen. L'enjeu est de s'inscrire dans un nouveau mode de développement, un développement durable. (...) C'est une politique d'investissement massif que nous devons et que nous allons engager. Une politique d'investissement massif dans la recherche. (...)L'Etat consacrera plus d'un milliard d'euros sur 4 ans à la recherche, sur les énergies et les moteurs du futur, la biodiversité et la santé environnementale. » M. Nicolas Sarkozy, le 25 octobre 2007.

    Oh!... le méchant sénateur, il est allé chercher perfidement un extrait du discours de Vous Savez Qui à propos du développement durable... 

  • Sarkozy et ses Boutons...

    Ouf, quelqu'un l'a enfin dit :

    f2a51af06f9c6c33afdfea1c426e9177.jpg« Je trouve assez choquant que le plus haut représentant de la République intervienne directement par le verbe dans une affaire privée et qui concerne d'abord et avant tout les instances sociales, les instances de direction de la Société Générale»

    [...]
    « Est-ce qu'il s'appliquera à lui-même le même principe lorsqu'on s'apercevra à la fin de l'année 2008 que la France n'a pas le point de croissance supplémentaire qu'il lui avait promis? »

    Merci Jean Peyrelevade ! Enfin quelqu'un qui dit fort ce que pas mal pensent bas. C'est tout de même incroyable : la Société Générale, que je sache est encore souveraine dans ses affaires, et il s'agit d'une institution privée, pas d'un établissement public ! Accessoirement, Daniel Bouton a déjà présenté sa démission au Conseil d'administration, et elle a été refusée.

    Au-delà de ça, j'ai lu l'entretien de Jean Peyrelevade pour le magazine Challenges : à consulter pour comprendre ce qu'il s'est passé, et pourquoi les process de sécurité sont bien moins optimaux quand on prend des positions sur un marché non réglementé, ce qui est le cas des options. Il a l'air apparemment de penser que Jérôme Kerviel serait en effet le principal responsable de ce désastre financier. Là, j'avoue que je suis dubitatif...

  • La Société Générale pourrait contacter le livre Guiness des records !

    Bon, je me suis peut-être un peu avancé, mais telle est en tout cas l'idée de Grozbulles, un sympathisant MoDem, humoriste et dessinateur à ses heures :-D

    fa7e1d3a2d33d2511c77855f6e276e2b.png

     En parlant de records...D'après une déclaration transmise à l'AMF, Robert Day, membre du Conseil d'administration de la Société Générale et Président de la société de gestion américaine Trust Company of the West (TCW), a vendu pour 85,74 Millions d'Euros d'actions Société Générale le 9 janvier 2008. 900.000 actions Société Générale ont été cédées à un cours moyen supérieur à 95 Euros.

    Par ailleurs, la fondation Robert A. Day (personne morale liée à Robert Day) a vendu 8,63 ME d'actions Société Générale le 10 janvier, toujours à un cours supérieur à 95 Euros et la société Kelly Day Foundation a cédé 0,96 ME d'actions le même jour, d'après deux autres déclarations publiées par l'AMF.

    Pas mal, un ? ça aussi, ça va figurer dans le livre des Records ? Pas mal, le Robert Day, il est fait pour s'entendre avec Jérôme Kerviel, non ?

  • Et si Jérôme Kerviel avait gagné 5 milliards ?

    Et oui, il convient tout de même de rappeler ce qu'est l'essence du travail d'un trader...Le Figaro de ce matin réalise à cet effet un excellent article sur la question, en donnant quelques précisions pas négligeables : les opérations clandestines de Jérôme Kerviel atteignaient, au 31 décembre 2007, un solde excédentaire de 1.4 milliards d'euros pour la Société générale ! Kerviel aurait aussi pu devenir un héros, au moindre retournement de tendance, dans les heures qui ont suivi la chute d'Ambac. Être trader, c'est jouer à "Qui perd gagne", il ne faut pas l'oublier.

  • Rapport Attali, ni excès d'honneur, ni indignité

    Jean Peyrelevade, économiste et candidat UDF-MoDem aux municipales, dans le 16ème arrondissement de Paris,  livre son analyse sur les travaux de la commission Attali : "Il ne mérite ni cet excès d'honneur ni cet excès d'indignité, c'est un rapport comme il en existe tant sur le même sujet. Quand on fait la liste de tous les corporatismes, les privilèges, les archaïsmes de la société française, naturellement, on remplit des pages et des pages. En général, il ne se passe rien ensuite et mon pronostic est qu'à nouveau, il ne se passera rien. Cela ne correspond pas au problème : nous avons un problème de compétitivité en France." "Comme souvent malheureusement avec Nicolas Sarkozy, au lieu de traiter le vrai problème, celui de la compétitivité, on fait de la fumée avec 316 propositions qui ne sont pas la réponse aux problèmes que nous avons. "


    Pas grand chose à ajouter, on a beau s'époumonner à le dire, et ce n'est pas la première fois que je l'exprime sur ce blog, le problème de la France, ce n'est pas la demande, c'est l'offre, c'est à dire en effet la compétitivité des entreprises.