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L'Hérétique (Démocratie et hérésie économique) - Page 421

  • François Bayrou annonce la création d'un nouveau parti

    François Bayrou annonce la création du Parti démocrate

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    François Bayrou n’a pas donné de consigne de vote pour le deuxième tour lors d’une conférence de presse. Il considère que "Nicolas Sarkozy va aggraver les problèmes de la démocratie et la fracture du tissu social". Il estime également que "Ségolène Royal va aggraver durablement les problèmes de l’économie et l’un comme l’autre vont déséquilibrer le déficit et la dette". François Bayrou a annoncé la création du Parti démocrate "pour changer définitivement la politique française" : Les Français "trouveront pour les représenter une force de contre-pouvoir, libre, capable de dire oui si l’action va dans le bon sens et non si elle va dans le mauvais sens. Capable, autrement dit, de faire sortir la politique des réflexes du toujours pour et du toujours contre, pour défendre l’intérêt général".

    (Seul le prononcé fait foi)


    Mesdames, Messieurs,

    Je n’ai à cet instant que deux sujets à l’esprit. Le premier sujet, c’est la France, que j’ai scrutée pendant ces mois de campagne électorale, que j’ai rencontrée en milliers de visages différents, la France qui s’inquiète, qui souffre, qui est déchirée, bien plus qu’elle ne l’a jamais été, et en même temps, la France riche de potentiel, riche de promesses, la France qui voudrait y croire.

    Et j’ai à l’esprit aussi, et plus que tout, les quelque sept millions de Français qui m’ont donné leur confiance, qui ont mis leur espoir dans cette démarche nouvelle, faisant surgir d’un coup la troisième force politique française, la seule force nouvelle de notre pays. Les sept millions de Français et tous ceux qui ont eu à un moment ou à un autre l’envie de se joindre à eux, et parfois qui le regrettent. Cela fait un immense espoir.

    Il y a désormais dans notre pays trois forces politiques, une à droite, une à gauche, et une au centre. Et c’est le centre qui est la force nouvelle.

    Je veux vous parler de l’avenir.

    La France a trois problèmes : nous sommes un pays à la démocratie malade ; nous sommes un pays au tissu social déchiré ; nous sommes un pays en manque de croissance.

    Notre démocratie est malade de la confiscation du pouvoir, de l’incapacité à faire vivre le pluralisme, des difficultés de la presse, de l’absence de séparation des pouvoirs, y compris du pouvoir économique, de la connivence entre les mondes des affaires, médiatique et politique, de la crise de la justice. Le citoyen n’a pas l’impression d’y trouver sa place. La société civile y est méprisée.

    Nous avons à reconstruire, depuis les fondations, notre démocratie.

    Le tissu social est déchiré. Partout on croise de lourdes misères, personnes âgées aux ressources très faibles, travailleurs pauvres, difficultés de logement, partout la couleur de la peau, la consonance du nom, la religion, dressent les Français les uns contre les autres, partout le quartier où l’on vit, l’adresse postale, forment ghetto. Entre les policiers et les jeunes, entre les différents quartiers, entre personnes au travail et personnes au chômage ou aux minima sociaux, on se regarde du coin de l’œil, on s’épie, et on est prêts à s’affronter. L’école elle-même, le lieu même de l’égalité des chances, est en situation de doute et d’échec.

    Nous avons à retisser notre société.

    Nous sommes en panne de croissance. À ce sujet, on prend souvent l’effet pour la cause. Nombre de nos compatriotes par exemple considèrent que le chômage et la faiblesse du pouvoir d’achat sont des maux de notre pays. Ces maux sont des symptômes. Le mal c’est l’absence de croissance. Si nous avions de la croissance, nous aurions des emplois (beaucoup sont à libérer) et nous aurions du pouvoir d’achat à répartir. Beaucoup de nos compatriotes considèrent que l’immigration est la cause de nos maux. La situation de l’immigration est une conséquence. Un pays qui va bien sait intégrer, faire vivre ensemble. C’est l’emploi qui intègre. J’ai rencontré des milliers de jeunes Français d’ascendance immigrée. Ils m’ont tous dit une seule chose : donnez nous du travail et tout le reste s’arrangera ! Donnez nous du taf !

    Ma conviction est celle-là : les trois maux de la France, ils doivent être soignés et réparés ensemble !

    Or, parlons franchement : Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, dans le face à face sempiternel de la droite sempiternelle et de la gauche sempiternelle, vont non pas réparer mais aggraver l’un ou l’autre de ces maux.

    Nicolas Sarkozy, par sa proximité avec les milieux d’affaires et les puissances médiatiques, par son goût de l’intimidation et de la menace, va concentrer les pouvoirs comme jamais ils ne l’ont été. Par son tempérament, et les thèmes qu’il a choisis d’attiser, il risque d’aggraver les déchirures du tissu social, notamment en conduisant une politique d’avantage au plus riche.

    Ségolène Royal paraît mieux intentionnée en matière de démocratie, encore que le parti socialiste n’ait rien fait quand il était au pouvoir pour corriger ces maux, plus attentive à l’égard du tissu social, mais son programme, multipliant les interventions de l’État, perpétuant l’illusion que c’est à l’État de s’occuper de tout, et qu’il peut s’occuper de tout, créant je ne sais combien de services publics, va exactement à l’encontre, en sens contraire, des orientations nécessaires pour rendre à notre pays et à son économie leur créativité et leur équilibre.

    Les deux candidats ont de surcroît promis une augmentation absolument délirante des dépenses publiques, de l’ordre de 60 milliards d’euros chacun, dans un pays endetté comme le nôtre, l’un des deux ajoutant une baisse totalement improbable des prélèvements obligatoires dans une proportion que ni Reagan ni Mme Thatcher n’ont jamais approchée même en rêve.

    Notre pays a un problème de démocratie, un problème de fracture sociale, un problème d’économie, un problème de dette. Nicolas Sarkozy va aggraver les problèmes de la démocratie et la fracture du tissu social, Ségolène Royal, par son programme, va aggraver durablement les problèmes de l’économie et l’un comme l’autre vont déséquilibrer le déficit et la dette.

    De surcroît, par leur choix de l’affrontement camp contre camp, ils affaiblissent durablement la France.

    Dans les deux cas, sauf correction forte que je n’aperçois pas, et dont je tiendrai compte si elles intervenaient, ce qui se prépare, après les belles promesses, c’est une nouvelle déception du pays, une impuissance, une paralysie.

    Dans cette situation, je ne donnerai pas de consigne de vote. J’estime que les Français qui ont voté pour moi sont en conscience des citoyens libres de leur choix.

    Je ne reviendrai pas en arrière sur notre chemin de liberté. Je ne cherche ni n’accepterai aucune soumission ou ralliement à l’un des deux camps.
     
    Je veux au contraire garantir aux Français que quel que soit le vainqueur, ils trouveront pour les représenter une force de contre-pouvoir, libre, capable de dire oui si l’action va dans le bon sens et non si elle va dans le mauvais sens. Capable, autrement dit, de faire sortir la politique des réflexes du toujours pour et du toujours contre, pour défendre l’intérêt général.

  • Nous pouvons imposer 400 triangulaires

    Voilà ce qu'il faut bien que le PS et l'UMp se disent. Et pour ma part, j'y suis favorable. Créons une situation de fait : il sera toujours possible de négocier au donnant-donnant ensuite, sachant que nous n'abandonnons nullement notre projet.

  • Grotesque...

    Oui, grotesque la manière dont l'UMPS tente aujourd'hui de récupérer nos voix. Pitoyables les pseudo-centristes de l'uMP : ouste, de Robien, ouste Veil, ouste Santini, allez dehors les traîtres, nous n'avons pas besoin que vous veniez nous dicter notre conduite.

    Quant aux socialistes, Hollande a touché le fond : croit-il que nous sommes, nous autres électeurs UDF de la verroterie à troquer ? Que l'on peut s'adresser à nous après avoir agoni François Bayrou et l'UDF d'invectives ?

    Que l'UMPS se débrouille , désormais, cette élection ne nous regarde plus. Ségolène Royal aurait pu donner une inflexion sociale-démocrate au PS, elle ne l'a pas fait alors que cela semblait être son projet.

    Evidemment, la brutalité de celui de Nicolas Sarkozy n'enchante personne, mais en face, c'est l'indigence, et dans tous les cas de figure la démagogie est reine.

     

    Occupons-nous des législatives, désormais, c'est, je crois, ce que nous avons de mieux à faire à l'UDF. 

  • Resserrement inédit...

    Un sondage inédit montrerait un resserrement tout à fait inédit chez les trois favoris, selon la Tribune de Genève :

     

    Réalisé vendredi 20 avril auprès de 1 000 personnes selon la méthode des quotas, ce sondage montre que Nicolas Sarkozy baisse à 26% et le Pen à 12,5%. Chemin inverse pour Ségolène Royal (23 %) et François Bayrou (20,5%).

    Les données brutes sont très intéressantes :

    Nicolas Sarkozy (25%) est toujours en tête, mais son avance sur Ségolène Royal et François Bayrou (tous les deux à 24%) est minime. De son côté, Jean-Marie Le Pen est à 5%.

    C’est le cas du candidat centriste qui est le plus intéressant. D’abord, parce que le nombre d’électeurs qui sont désormais certains de voter pour lui a explosé en deux jours (de 39 à 61%). Ensuite, parce qu’il l’emporterait assez facilement s’il se qualifiait au second tour, quel que soit son contradicteur (à 55% contre Sarkozy et à 58% contre Royal). De plus, le vote des indécis, des nouveaux inscrits et des jeunes de banlieue semble incliner vers le président de l’UDF ».

     

  • Qui est le plus présidentiable ?

    Un étudiant français expatrié en Amérique a mené l'enquête sur un campus universitaire...

     


  • Néron et les Démocrate-chrétiens...

    Bonne blague lue dans Libération du mercredi 11 avril...

    « C'est Néron qui s'emmerde : "Qu'est-ce que j'peux faire ? J'sais pas quoi faire." Soudain, bingo : "Et si je raflais les chrétiens pour les jeter aux lions ? En voilà une idée qu'elle est bonne !" Néron envoie ses hommes dans les catacombes. Ils raflent tous les chrétiens qu'ils trouvent, et hop, direction les geôles du cirque. L'heure du spectacle arrive. On pousse les chrétiens dans l'arène : de pauvres types, maigres, hagards, les yeux rouges, éblouis par la lumière, crevant de faim et de solitude. Une grille s'ouvre et voilà les lions : puissants, dominants, conquérants. Ils fondent sur leurs proies et soulèvent tant de poussière qu'on ne voit plus rien. On entend des rugissements, des cris, on imagine des choses horribles. Quand la poussière retombe, on découvre ça : les chrétiens repus, satisfaits, qui finissent de ronger les os des lions déchiquetés. Alors Néron, furieux, crie à ses conseillers :  "Connards, je vous avais dit : des chrétiens ! Pas des démocrates-chrétiens !" »
     
    ça ne rappelle pas quelqu'un, ça ? :-) 

     

  • Mais ça va la tête ?

    Nicolas Sarkozyaffirmé, dans un entretien avec le philosophe Michel Onfray publié dans Philosophie magazine "qu'on naît pédophile, et c'est d'ailleurs un problème que nous ne sachions pas gérer cette pathologie". Concernant le suicide des jeunes Nicolas Sarkozy a déclaré dans ce même entretien : "Il y a 1.200 ou 1.300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n'est pas parce que leurs parents s'en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable".
    "Très grave"

    Des propos qui ont suscité une vive réaction de la part de François Bayrou qui dénonce "un propos très grave". Selon le candidat de l'UDF, ça voudrait dire qu'on n'a aucune chance, que son destin est joué à l'avance. Je ne crois pas qu'il y ait un médecin, un psychiatre en France qui puisse entendre ces propos sans frémir".
    Il a estimé que les propos de Nicolas Sarkozy constituaient "un dérapage très lourd de conséquences". "Ce sont des propos qui ne sont plus des propos humanistes, c'est glaçant".

     

    Je n'en reviens pas...Les bras m'en tombent... Su au moins c'était un hoax, mais même pas en plus...

  • Du vrai et du faux...

    Est-ce la relecture récente de d’un échange entre l’Etranger d’Elée et le jeune Thééthète qui m’a inspiré ? Toujours est-il qu’à observer quotidiennement la campagne présidentielle, et son flots de mensonges et d’omissions, sa propension à donner au faux l’apparence du vrai et au vrai l’apparence du faux, j’ai fini par prendre la plume et me suis mis à écrire ces quelques réflexions.

    L’Etranger
    - Mais maintenant que nous avons mis en lumière l’existence et du discours faux et de l’opinion fausse, il est possible qu’il y ait des imitations des êtres et que, de la disposition à les produire, il naisse un art de tromperie. »
    Thééthète
    - C’est possible.
    L’étranger
    - En outre, nous sommes précédemment tombés d’accord que le sophiste rentrait dans l’une des formes susdites.
    Thééthète
    - Oui.

    Le Sophiste, 48 de Platon

    Sondage et vacuité des forces médiatiques

    Il y a une tendance innée des forces médiatiques tout à fait regrettable à se polariser sur l’accessoire au lieu de viser l’essentiel. Entend-on parler de la dette ? des retraites ? de la culture de l’Europe ou même du chômage et son corolaire le pouvoir d’achat ? Non, ou alors entre deux lignes. Il est bien plus intéressant et vendeur de gloser sur l’immigration ou la sécurité, ou encore de pratiquer l’exégèse (quand ce n’est pas le dithyrambe !!!) sur les petites phrases des deux principaux candidats.

    Depuis deux semaines, la grande affaire des journaux , télévisés ou non, c’est le tassement de François Bayrou dans les sondages (encore qu’aux dires du Canard Enchaîné, les résultats bruts ne confirment pas exactement ce tassement) . Adore ce que tu as brûlé et brûle ce que tu as adoré, déclara Rémi à Clovis...

    L’impression demeure que la puissance médiatique n’a accompagné l’ascension de François Bayrou dans les sondages que contrainte et forcée. Au premier signe de fléchissement, la voilà unie pour hurler haro sur le baudet. Et tout ce que compte la France de journalistes et d’intellectuels de prédire l’Apocalypse pour François Bayrou. On espère secrètement Armageddon, brûlant de voir la chute de celui qui a eu l’audace de défier la toute-puissance des bien-pensants. Les titres moroses peinent à masquer la jubilation de leurs auteurs. Ouf, voilà la sphère politique sauvée ! Tout ce petit monde va pouvoir se retrouver entre gens qui se connaissent. Halte au gueux qui avait cru pouvoir s’inviter à la table de l’aristocratie politico-médiatique ! On respire au PS et à l’UMP, et dans les rédactions, on souffle d’aise...Pire, on se reprend à espérer, d’un côté comme de l’autre la catastrophe : le scenario idéal d’un affrontement contre le représentant de l’extrême : la victoire assurée pour l’un et pour l’autre...On persiffle d’autant plus férocement que l’on a cru sa dernière heure venue...Oui, vraiment, à la table des grands, « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir » ( Les Animaux malades de la peste, VII,1 Jean de la Fontaine).

    Ne vous laissez pas faire, François Bayrou, entrez en résistance, et moi aussi, j’entrerai en résistance. Votre projet ne brille pas de mille feux, mais c’est parce qu’il a une substance et s’inscrit dans l’univers du possible et non de l’imaginaire quand ce n’est pas celui du mensonge. Battez-vous sur votre terrain, celui des mesures concrètes et laissez les bons mots aux autres. Il existe deux camps, tout le monde le sait, désormais ; vous l’avez dit et redit. Vos adversaires ne veulent pas comme les Sabins et les Romains d’autrefois accepter de déposer les armes pour régler leurs conflits. Prenez en acte à votre tour, et foin de discours supplémentaires sur la question, passez à autre chose et présentez votre programme désormais : vous gagnerez bien plus à cet exercice-là car les Français ne sont pas sots.

    Dette

    Un mot sur le fonctionnement de la dette. C’est notoire, désormais, l’état français est fortement endetté, jusqu’à 2 000 milliards d’euros écrivent même certains spécialistes. Or, bien loin de financer par les déficits des dépenses d’investissement, l’état français se contente de régler ses frais de fonctionnement en empruntant sur les marchés financiers. Pour comparer avec la situation d’un particulier, si l’on peut comprendre qu’en dépit de crédits à la consommation il s’engage dans un crédit immobilier, on comprendrait moins bien qu’il fasse un crédit pour acquérir la dernière X-box alors que son compte en banque est dans le rouge dès le 5 du mois et que ses enfants n’ont pas de crayons pour travailler à l’école.

    L’état français adopte un comportement comparable. Il lève des fonds sur les marchés internationaux avec lesquels il finance ses dépenses courantes et les promesses de ses responsables politiques. Dans la Rome Antique, on appelait clientes (qui a donné client en français) le défilé d’individus qui venaient demander l’obole au paterfamilias le chef suprême d’une gens (sorte de très grande famille aux ramifications très étendues). Celui-ci donnait alors la sportule (une sorte de petit panier repas) créant ainsi tout un réseau d’individus dépendants, assistés, et incapables, par la suite, de faire quoi que ce soit de leurs mains.

    Dans le même temps, une population misérable et sans ressource croupissait dans le quartier le plus infâme de la cité, le Suburre.

    On sait ce qu’il advint : sous le poids des intérêts particuliers discordants et de la soif de pouvoir effrénée, la République romaine finissante agonisa jusqu’à ce que survînt un « homme providentiel », un certain Jules César : celui-ci cumula progressivement tous les pouvoirs jusqu’à vider complètement la République de sa substance. Celle-ci ne résista pas à ce dernier coup de grâce et s’effondra.

    Toute ressemblance entre ces évènement et notre actualité ne serait bien sûr que pure coïncidence...

    Cela dit, lever des fonds sur les marchés internationaux, cela marche tant que l’on inspire confiance. En effet, des instituts décernent une note de solvabilité à chaque état. Tant que l’on est heureusement noté, tout va bien, l’argent coule à flot, les états et les organismes financiers prêtent volontiers et à des taux attractifs. Les choses commencent à se gâter quand la défiance s’installe. Les taux montent, les prêteurs se sont plus rares et plus exigeants. Pour la même somme empruntée, la somme remboursée chaque année s’accroît alors, comprimant encore davantage les ressources disponibles de l’état emprunteur, sauf à recourir encore davantage au crédit.

    Les notes que donnent les organismes ne sont pas produites par l’effet d’heureux ou malheureux hasards. La santé des économies, l’état des balances commerciales, le niveau du déficit rapporté au PIB, l’étendue du déficit budgétaire, la solidité du tissu industriel et du réseau bancaire, et cetera, tout cela contribue à accroître ou au contraire faire baisser la note.

    Vient un jour où à force de s’être dégradée, la note n’inspire plus confiance à personne. L’état emprunteur ne disposant plus de fond, c’est alors la cessation de paiement. Une situation très douleureuse qu’a vécue l’Argentine il y a quelques années. Il ne reste plus alors qu’une institution qui accepte, mais sous conditions, de financer les premiers besoins de l’état emprunteur : le FMI. Il exige alors l’absorption de potions particulièrement amères, sans que les états puissent protester. Les citoyens des états soumis à ce sévère régime en conservent un souvenir cuisant.

    Bref, il est évident que s’il est possible d’envisager plusieurs politiques budgétaires en France aujourd’hui, elles devraient avoir en commun de s’inscrire au sein de la contrainte budgétaire.

    Or ce dernier point n’a pas l’heur de heurter Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Par l’opération d’une puissante magie shamanique dont il suffirait d’incanter le nom pour en obtenir les effets, appelée Croissance, l’un et l’autre parient sur ce qu’ils n’ont pas. Nicolas Sarkozy pour faire de nouveaux cadeaux fiscaux, Ségolène Royal pour prévoir de nouvelles dépenses de l’état. Bien sûr, en paterfamilias qui se respectent (ou matronafamilias, osons le néologisme antique latin) ils ont l’un et l’autre leurs clientes. Mais la dite croissance, cela fait un moment qu’elle est attendue, en France et qu’elle a l’air assez peu pressée de se manifester...Moyennant quoi Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal parient sur ce qu’ils n’ont pas et n’ont que fort peu de chances d’avoir. Donc, en somme, soit ce sont des inconscients, soit c’est à dessein qu’ils omettent d’inclure ce calcul essentiel dans le financement de leurs projets...Il y a un nom pour qualifier une telle attitude : on appelle cela de la démagogie.

    Alors, je m’étonne, et je m’adresse à vous François Bayrou, pour qui j’ai de la sympathie : bon sang, vous le savez, vous, et depuis longtemps, vous l’avez même dit avec votre ami Charles de Courson. Pourquoi donc vous laissez-vous entraîner sur le terrain des petites phrases alors que notre pays court désormais un risque majeur ? pourquoi ne dénoncez-vous pas l’inconsistance des projets de vos concurrents, et pourquoi ne faites-vous pas de ces problèmes le fond de vos débats avec eux, puisque vous avez su en faire le fond de votre projet ?

    Est-ce que je dois me préparer, au soir du 22 avril à entrer en résistance ? Est-ce que cette issue est fatale, inéluctable ? Etait-ce écrit ? Les collusions médiatico-politiques peuvent-elles avoir raison de vous ?

    Retraites

    Il y a une autre bombe dont l’explosion pend au-dessus de nos têtes comme une épée de Damoclès : la démographie. Et encore, la France qui parvient presque à renouveler ses générations n’est-elle pas la plus mal lotie. Et cette bombe, vous l’avez comprise, François Bayrou, puisque vous avez fait des retraites l’une de vos grandes inquiétudes pour l’avenir. Or, il n’y pas de mystère : même avec la projection la plus optimiste, c’est à dire 1.4 actif pour 1 retraité, la pression sera terrible : pression sur le temps de travail, pression sur l’âge de la retraite, pression sur la durée des cotisations, pression sur le montant des cotisations. Pour échapper à ce sort funeste, il faut espérer de très fortes croissances afin de générer les surplus fiscaux qui devront être affectés aux caisses de retraites.

    Vous avez imaginé un système de répartition par points afin de garantir à chacun la possibilité de partir plus tôt ou plus tard. Pourquoi ne pas dire que le programme de Ségolène Royal ne prévoit rien et que celui de Nicolas Sarkozy envisage la suppression pure et simple de tous les régimes spéciaux sans plus se poser de questions ? Nicolas Sarkozy qui est tout prêt à consentir des réductions d’impôt sans précédent aux plus gros actionnaires se garde bien de prévoir quelque mesure que ce soit pour les petites retraites, contrairement à vous qui envisagez de porter à 90% du smic les retraites des plus modestes. Quant aux Socialistes qui parlent de revenir sur la réforme de François Fillon, ils se gardent bien de dire ce qu’ils vont mettre à la place...

    Il va de soi que le régime des retraites qui ponctionne mécaniquement de plus en plus de fond dans le budget de l’état verra sa performance dépendre considérablement de la capacité de la France à résorber sa dette.

    Culture

    Depuis quelques temps, on nous bassine les oreilles de la question des intermittents du spectacle dès que l’on parle de culture, sans voir que cette question dépend de quelque chose de bien plus vaste. Jusqu’ici, la position de la France a longtemps été de faire une place particulière à la Culture. Très précisément, la position française , c’est de dire que la culture ne saurait répondre aux mêmes règles de libre-concurrence que d’autres biens, car elle est constitutive de l’identité culturelle d’un pays. C’est une position défendue tout particulièrement par François Bayrou et par l’UDF. L’identité culturelle comme identité de la France, il faut reconnaître que cela une toute autre allure que l’identité nationale face à l’immigration...

    Il y a une duplicité incroyable à cet égard des deux principaux partis de gouvernement. En effet, UMP et PS déclarent être attachés à l’exception culturelle française, mais dans les faits, leurs émissaires et leurs députés au Parlement Européen, votent tout l’inverse de ce qu’ils déclarent. En effet, en juillet 2003, Pascal Lamy alors encore commissaire européen et socialiste de toujours, faisait feu de tout bois pour mettre fin la règle de l’unanimité sur l’exception culturelle en Europe et passer ainsi à celle de la majorité qualifiée. Par la règle de l’unanimité, il est possible, sur la question de la culture, de bloquer par un seul veto la conclusion d’un accord qui aliénerait l’identité culturelle d’un pays. Mais avec une majorité qualifiée (c’est à dire la conjonction d’une majorité de la population européenne et d’une majorité de pays) il ne devient plus possible pour un pays de préserver sa culture si d’autres pays en Europe en décident autrement, tout particulièrement lors de la conclusion de traités avec l’Amérique, puisque c’est de là que vient la principale menace. Or, le 09 juillet 2003 , les deux commissaires Français, le Socialiste Pascal Lamy, et l’UMP Michel Barnier étaient tout prêts à abandonner cette seule garantie pour notre culture face aux appétits des mastodontes américains.

    De longue date, l’UDF, elle, avait inscrit son opposition frontale à une modification des règles de vote sur la culture au sein de l’Europe, et attirait le 21 mai 2003 l’attention du gouvernement sur l’opposition entre les déclarations et les actes...

    Le jour venu, les élus UDF ont d’ailleurs voté en bloc contre la tentative de changer la règle de l’unanimité , mettant en accord leurs paroles et leurs actes.

    Enfin, en parlant de l’identité culturelle, française et européenne, il suffit de voir comment PS et UMP ont traité l’héritage gréco-latin qui est pourtant le fond de la culture européenne. Pas un mot , pas une référence au niveau de l’Europe, des entraves systématiques aussi sous les gouvernements Jospin que Raffarin et Villepin. Le nombre de fermetures de section de grec et de latin dans les établissements scolaires a atteint des niveaux inégalés, Luc Ferry battant tous les records en la matière. De telles mesures rendent ses péroraisons sur la culture à l’écran ou sur papier particulièrement odieuses aujourd’hui à bien des oreilles. Quel est le seul candidat à évoquer l’héritage gréco-latin dans son programme ? Question pour un champion ? C’est une fois de plus François Bayrou. Bien sûr, on aurait plaisir à voir les autres candidats inscrire cet aspect au chapitre culture dans leur programme, mais comme il est déjà absent de leurs discours...

    Cet exemple en est un parmi tant d’autres qui illustre l’impéritie de nombreux candidats. Ils ne sont en effet, hélas pas isolés.

    L’Europe

    Quand on craint le peuple, on n’ose l’affronter de face. On sait, désormais que Nicolas Sarkozy envisage un mini-traité, mais par voie parlementaire pour relancer la construction européenne : peut-on ainsi continuer à construire l’Europe en agissant dans le dos des électeurs par peur d’affronter l’opinion, le débat contradictoire et, le cas échéant l’échec ? N’est-ce pas le décalage entre les discours et la réalité des votes au parlement européen qui inquiète en réalité la majeure partie de la droite conservatrice et de ses alliés ?

    Il est aisé, dans un tel contexte, aux anti-libéraux de tout poil de répandre mensonges, rumeurs et diffamations sur l’Europe. Ah ! Il en faut du courage pour porter un thème quand il n’est pas populaire. C’est tout de même culotté à gauche de réclamer la tête de la Banque Centrale Européenne quand on s’apprête à creuser le déficit budgétaire ?

    L’Europe est le plus vaste système de redistribution jamais mis au point dans le monde. Quelle institution a défini ainsi un budget dont l’objet est d’être redistribué aux membres les plus pauvres afin qu’ils se développent ? Comment l’Espagne, l’Irlande, le Portugal et la Grèce ont-ils pris leur essor sinon grâce à l’Europe ? Quelle monnaie nous protège depuis sa création, envers et contre tout ? Jean-Marie Le pen ferait rire s’il n’était pas en mesure de jouer un rôle politique important : vouloir revenir au franc est de la bêtise pure et simple. Sans le bouclier euro, le franc serait soumis à toutes les fluctuations et spéculations. La France qui ne disposait que de trois jours de réserves financières pour faire face à une attaque massive en 2001 serait à la merci de la première OPA venue sur sa monnaie si elle était isolée.

    Par ailleurs, quand Villiers et consorts parlent de protectionnisme, il y a de quoi rire : que croient-ils ces apprenti-sorciers incompétents ? Que d’autres pays, qui sont nos partenaires commerciaux ne feraient pas la même chose ? A qui vendrions-nous nos produits de mesures de rétorsion en mesures de rétorsion ? Une des causes de l’aggravation de la crise de 1929, c’est justement la fermeture de toutes les frontières entre les pays. En fait, Messieurs Le pen et Villiers se paient nos têtes. Au pouvoir, nous aurions droit à un système ultra-libéral dont les premiers à pâtir seraient évidemment les ouvriers, les petits commerçants, et les agriculteurs dont on dit souvent à tort ou à raison qu’ils sont le fond de commerce électoral de l’extrême-droite et de la droite-extrême.

    Et en parlant de l’agriculture, pour la France qui est une puissance exportatrice de premier plan, que se passerait-il sans politique agricole commune pour garantir des prix à l’achat, dans un contexte où il n’y aurait plus de débouchés extérieurs en raison de la fermeture des frontières. Ah, ça, ils se gardent bien de le dire, ni même de pousser leur raisonnement jusque là, nos deux chantres de la francité...

    A côté de cela, il reste les candidatures dites anti-libérales : derrière ces candidatures, il y a une hypocrisie monstrueuse qui ne dit pas son nom. Quel système économique promeuvent ces candidats ? Ils ne veulent pas de l’économie de marché. La réalité, c’est qu’ils n’osent plus prononcer le mot marxiste  : et pour cause ! On connaît l’échec économique des systèmes marxistes ainsi que leur brutalité politique. Alors, faute de pouvoir changer l’histoire, comme cela s’est longtemps fait à l’extrême-gauche, on change les mots. Et surtout, on se garde bien de dire comment on ferait pour financer les diverses mesures que l’on prône et sur la base de quel système économique. Malhonnêteté qui rend la plupart du temps la discussion impossible avec les ennemis jurés du Grand Capital et des sociaux-traîtres...Pour ceux-là, l’Europe est devenue la nouvelle Babel à abattre. Habitués à triturer voire à torturer les textes, ils se sont fait une spécialité de sortir les extraits de leur contexte pour mieux en travestir le sens. Il faut dire qu’ils ont la partie facile : comme ils ont en face d’eux des menteurs qui manipulent autant au moins les déclarations pour faire passer en douce ce qu’ils n’osent pas présenter de face aux électeurs...L’affaire du Traité Constitutionnel Européen a été pain béni pour les anti-libéraux et la droite extrême. mais, à vrai dire, on a aussi les adversaires que l’on mérite...

    Antigone est un symbole, et, je le sais, pour des raisons bien différentes, quelques candidats (Nicolas Sarkozy, José Bové) ont déjà invoqué ses mânes. Je ne suis pas candidat, mais, en guise de conclusion, je citerai simplement ce que disent les sages vieillards de Thèbes à l’issue du second épisode de la tragédie de Sophocle. Ils rendent hommage à l’espèce humaine.

    Premier demi-choeur

    Beaucoup de choses sont admirables, mais rien n’est plus admirable que l’homme. Il est porté par le Notos orageux à travers la sombre mer, au milieu de flots qui grondent autour de lui ; il dompte, d’année en année, sous les socs tranchants, la plus puissante des Déesses, Gaia, immortelle et infatigable, et il la retourne à l’aide du cheval.

    Second demi-choeur

    L’homme, plein d’adresse, enveloppe, dans ses filets faits de cordes, la race des légers oiseaux et les bêtes sauvages et la génération marine de la mer ; et il asservit par ses ruses la bête farouche des montagnes ; et il met sous le joug le cheval chevelu et l’infatigable taureau montagnard, et il les contraint de courber le cou.

    Premier demi-choeur

    Il s’est donné la parole et la pensée rapide et les lois des cités, et il a mis ses demeures à l’abri des gelées et des pluies fâcheuses. Ingénieux en tout, il ne manque jamais de prévoyance en ce qui concerne l’avenir. Il n’y a que le Hadès auquel il ne puisse échapper, mais il a trouvé des remèdes aux maladies dangereuses.

    Second demi-choeur

    Plus intelligent en inventions diverses qu’on ne peut l’espérer, il fait tantôt le bien, tantôt le mal, violant les lois de la patrie et le droit sacré des Dieux. Celui qui excelle dans la Ville mérite d’en être rejeté, quand, par audace, il agit honteusement. Que je n’aie ni le même toit, ni les mêmes pensées que celui qui agit ainsi ! Par un prodige incroyable, ce ne peut être Antigonè, bien que ce soit elle que je vois. Ô malheureuse fille du malheureux Oedipe, qu’y a-t-il ? Ceux-ci t’amènent-ils pour avoir méprisé la loi royale et avoir osé une action insensée ?

    Antigone , Second stasimon vers 332 à 383 de Sophocle (Traduction : Leconte de Lisle)

     

    Source : Nicias, sur le Portique 

  • Nicolas Sarkozy aurait-il peur d'internet ?

    On savait déjà que Nicolas Sarkozy ne se sentait pas chez lui dans le 93 et particulièrement sur la dalle d'Argenteuil. Mais aujourd'hui, alors que François Bayrou lui propose, ainsi qu'à Ségolène Royal et Jean-Marie Le pen, un débat équitable sur la Toile, ce dernier refuse. Peur de quoi ? Du débat d'idées ? Des internautes ? de la blogopshère ?

    Plusieurs blogs et sites collaboratifs ont fait savoir qu'ils étaient pourtant prêts à accueillir un tel débat. L'idée a fait notamment son chemin sur AgoraVox, et Carlo Revelli et son équipe ont clairement proposé de se charger de son organisation.

    Mais voilà, alors que Ségolène Royal et Jean-Marie Le pen acceptaient le principe d'un tel débat, que François Bayrou était lui-même prêt à élargir aux petits candidats un tel espace de confrontation, l'ex-premier flic de France s'est dérobé. Ce n'est pas à son honneur, et ce n'est pas en fuyant et en esquivant le face à face qu'il parviendra à capitaliser la confiance sur sa personne.

    Car enfin, que craint-il exactement ? La vacuité de son programme ? Ses promesses démagogiques ? Ses propos outranciers ? Ses soucis fiscaux et immobiliers à Neuilly ? Le soutien de Simone Veil ?

     Vous nous volez notre débat, Monsieur Sarkozy, et faites preuve de mépris envers le petit peuple de la Toile.

  • Incidents de la Gare du Nord : décryptages

    Ce qu'aucun média ne dit, c'est qu'il y a eu deux émeutes différentes à la Gare du Nord.

    Il n'y a que Le Monde, pour l'instant, qui va vu la nuance.

    Dans un premier temps, qu'ont vu les citoyens lambda et jeunes ou moins jeunes qui débarquaient dans le coin : un groupe de policiers qui chopaient un type et lui balançaient des coups de matraque à coups redoublés.
    Comment voulait-on alors  que ces gens sachent que le gars en question était un clandestin multi-récidiviste ?Il y a sous Sarkozy tant de bavures et de contrôles au faciès ou d'arrestations avec fouilles humiliantes qu'ils ont cru que c'en était une ! D'où leur réaction.Tout s'est embrasé, mais cet embrasement, il ne vient pas du hasard : il vient de la méfiance entre les forces de l'ordre et la population qu'a semée la politique de Nicolas Sarkozy.Le calme est ensuite revenu, et, plus tard dans la soirée, un autre groupe est arrivé, mais celui-là différent : parmi eux, beaucoup de casseurs et de la racaille, sans doute alertés par l'annonce d'incidents à Gare du Nord. Mais même là, tout n'est pas blanc et noir : il y avait certainement quelques éléments qui avaient été présents lors de l'arrestation du fraudeur.

    Le problème global, c'est que maintenant, quand on voit une arrestation, on ne sait plus si elle est justifiée ou non. Et cela, c'est de la responsabilité de Nicolas Sarkozy.

    C'est cela que dénoncé à juste titre François Bayrou : semer la confusion sur un sujet aussi grave que la sécurité et la justice finit tôt ou tard par générer un climat d'affrontement permanent.