Le Parlement a adopté la résolution cosignée par Marielle de Sarnez réclamant la libération immédiate et inconditionnelle de Liu Xiaobo (Le 25 décembre 2009, Xiabao, un éminent militant des droits de l'Homme et universitaire, a été condamné à 11 ans de prison par un tribunal intermédiaire populaire de la ville de Pékin). La résolution rappelle que le bilan de la Chine en matière de droits de l'Homme reste très préoccupant. Les parlementaires demandent que le respect des droits de l'Homme fasse partie intégrante du nouvel accord-cadre actuellement en cours de négociation avec la Chine. Marielle de Sarnez s'est par ailleurs félicitée de l'intention de Google de cesser de coopérer avec les autorités chinoises en ce qui concerne le filtrage et la censure sur l'internet et demande instamment à toutes les autres entreprises de faire de même.
sarnez - Page 7
-
Marielle de Sarnez sans concessions face à la Chine !
-
Marielle de Sarnez déplore le gâchis de Copenhague
"Après de longues années de travail préparatoire, l'échec de Copenhague est un immense gâchis.
Sans engagements contraignants pour les pays industrialisés, sans garanties de ces mêmes pays à l'égard des pays les plus pauvres qui sont ceux qui subissent en première ligne le réchauffement climatique, et sans système fiable de mesure des efforts entrepris, le texte adopté par certains à Copenhague apparaît plus que jamais comme un accord a minima, largement insuffisant, et de surcroît non légitime et non consensuel.
Les ONG ont été laissées de côté, ignorées. Or, rien ne peut se faire de durable sans mobilisation citoyenne.Et l’Europe apparaît comme plus marginalisée que jamais. L’absence totale de l’Union européenne dans la dernière ligne droite, laissant en tête à tête la Chine et les Etats-Unis, aura pesé lourd. Les chefs d’États et de gouvernement européens ont dans cet échec une part de responsabilité. A force de jouer chacun pour soi, au lieu de jouer collectif, l’Europe a été dramatiquement absente, incapable de s’exprimer d’une seule voix, de peser, et donc de changer le cours des choses.
Malgré toutes les bonnes intentions affichées, malgré toutes les mesures que peut prendre l’Union, et j’espère qu’en tout état de cause elle s’engagera clairement pour une réduction de ses émissions de gaz à effets de serre de 30% et non de 20% comme elle l’avait prématurément indiqué, politiquement l’Europe ne s’est pas révélé un acteur majeur.
Je forme le vœu que de cet échec surgisse enfin une volonté européenne, seule à même de faire contrepoids dans l’avenir aux deux grandes puissances que sont les USA et la Chine, et seule à même, je l’espère, de se montrer exigeante et exemplaire quand l’avenir des générations futures est en jeu."
-
Marielle et les profs
Le billet que j'ai écrit à propos des propositions du MoDem et d'Espoir à gauche sur le temps de travail scolaire a suscité de nombreuses réactions, y compris chez Marianne qui vient de reprendre l'article aujourd'hui.
Tout d'abord, je voudrais redire la confiance que j'ai en Marielle de Sarnez sur les questions d'éducation. Je pense que ce sujet l'intéresse beaucoup (elle a piloté une commission de l'ADLE pendant son précédent mandat européen), ensuite, je pense que c'est aussi quelqu'un qui apprécie sincèrement les enseignants et leur travail.
Je n'ai pas de parti pris définitif sur le temps scolaire, mais je pense, en revanche, qu'il faut avancer avec prudence et bien décanter les problèmes avant de leur proposer des solutions.
Nous pouvons avoir des convergences avec la gauche réformiste : je pense surtout à l'économie de marché et à la solidarité pour lesquelles nous pouvons trouver des points communs. Mais sur l'éducation, les Lamy, Strauss-Khan,Royal, Rocard et Peillon pensent à peu près tous la même chose, avec quelques variantes. C'est le domaine dans lequel je souhaite que nous ayons le moins de convergences. C'est celui pour lequel je me sens le plus éloigné de ce courant politique : j'ai bien plus de convergences avec certains communistes, mais aussi certains UMP, sur la culture et l'éducation qu'avec la gauche réformiste.
J'ai pris connaissance récemment du livret orange sur la jeunesse du MoDem. Je l'avais..."zappé". Retrouver mot pour mot la terminologie socialiste des années Jospin à propos de l'enfant et de l'école m'a fait faire un bond sur mon clavier d'ordinateur. J'y ai lu des c......eries que je n'avais encore jamais entendues jusqu'alors. Des choses comme ça, par exemple :
Nous appelons à une évolution progressive de l’Education nationale. Trop d’importance est aujourd'hui attachée aux contenus, trop peu à l’élève destiné à les recevoir. La pédagogie doit être renforcée et non pas de plus en plus absente de la formation des enseignants. Nous estimons que nous ne pouvons plus concevoir l’enseignement comme la rencontre d’un professeur avec une classe recevant un cours magistral. Nous considérons l’apprentissage comme une relation nécessaire entre l’éducateur et l’élève. Une vision des choses, non pas nouvelle, mais à laquelle il nous semble important de redonner sens. C’est ainsi que nous pourrons espérer une éducation qui n’instille pas la concurrence, le classement et la division entre bons et mauvais, mais une éducation de la coopération, de la solidarité, une édu-cation à la paix. Une fille sur trois est déprimée (13 % tentent de se suicider), un garçon sur dix est violent au point d’avoir frappé ou blessé physiquement quelqu’un dans l’année écoulée. Or, le principal facteur de bien être ou de troubles semble être l'épanouissement scolaire. D’une part, dans les milieux les moins favorisés, l’École concentre en son sein les frustrations de la société qu’elle reflète. D’autre part, dans les milieux aisés, le surinvestissement des parents dans un parcours scolaire de compétition, de sélection et d’évitement de l’échec ou de ce qui y ressemble, fait peser sur les jeunes une pression importante qui influe sur le comportement. Le système de notation systématique et le classement qui l’accompagne ont démontré qu'ils ne parvenaient ni à éviter les cas d’illettrisme, ni à pal-lier l’effondrement du niveau de langue.
C'est grave dans être là : le poncif bisounours le dispute à la démogagie rose jospinienne pure de dure. Ce n'est pas ce que j'ai compris du Bayrou 2007 quand je relis ses propositions sur l'éducation. Le problème, c'est que les trois quarts du livret sont de ce tonneau...
Je voudrais rendre cette justice à Marielle que, dans son discours, c'est l'une des rares personnalités politique qui s'inquiètent de la baisse sévère d'enthousiasme des enseignants. Elle notait ainsi :
Et regardons à quel point la situation des enseignants s’est dégradée. En quelques années, on est passé de 15 % seulement des enseignants qui souhaitaient changer de métier, à 65 % aujourd’hui. Et un concours - le CAPES de Lettres, pour ne prendre qu’un exemple - qui attirait, il y a 10 ans, 12.000 candidats, en compte moins du tiers aujourd’hui.
Ce n’est pas cela non plus, l’école de la République !
Même sur le temps scolaire, j'observe que sa proposition s'énonce sur un tout autre ton que les condamnations que j'ai pu lire, çà et là, sur l'égoïsme ou la paresse supposés des enseignants. Par ailleurs, je comprends de ce qu'elle dit que ce projet ne s'appliquerait pour elle qu'à l'école primaire.
La journée de travail scolaire doit être allégée pour l’enfant, et pour les professeurs afin qu’ils puissent enseigner, à un meilleur rythme.
Là encore, Marielle a évité la démagogie qui serait de monter enseignants et parents d'élèves au nom de "l'intérêt supérieur des enfants", air connu entonné généralement par les idéologues de tout poil. En réalité, fatigue des élèves et fatigue des enseignants sont intimement liés.
Sur l'épanouissement, heureusement, ce qu'elle a dit est d'un tout autre niveau que les bisounourseries rosissantes du livret orange :
Voyez-vous, j’observe les débats éducatifs depuis quinze ans. Et je vois qu’il y a de larges débats, passionnés, brûlants entre, pour simplifier, ceux qui disent "l’enseignement valide repose sur des contenus solides et maîtrisés", et ceux qui disent "l’enseignement valide c’est celui qui épanouit la personnalité".
Je ne suis pas du sérail. Et voir ce débat qui n’en finit jamais m’a toujours laissée rêveuse. Mais j’ai une opinion sur ce sujet : l’enseignement valide c’est celui qui unit les deux ! " Connaissance solide et compréhension" chaleureuse.
Il faut des connaissances solides pour construire un jugement, une compétence, une conscience (et pour moi c’est le dernier mot qui est le plus important : je devrais même dire une conscience civique). Et il faut que s’épanouisse, cela manque trop en France, la créativité de chaque fille, de chaque femme, de chaque garçon, de chaque homme. La créativité artistique, la créativité de recherche, la créativité économique, la créativité du savoir, tout cela en réalité est lié.
Je ne vais pas passer en revue à nouveau tout le discours de Marielle, mais il y avait à l'évidence des bonnes choses. Mais pour revenir sur le temps scolaire, je crois qu'il faut y réfléchir à deux fois plutôt que de risquer de subir la loi de l'emmerdement maximum. On ne peut évacuer d'un trait de plume l'industrie touristique qui rapporte à la France des milliards d'euros chaque année. Or, ce sont des euros qui paient entre autres l'éducation, ne l'oublions pas. On ne peut pas davantage évacuer d'un trait de plume l'organisation de la société, le rythme des parents, et cetera. J'ajoute que la plupart des activités fatiguent autant les enfants que les cours de l'école, que les parents, la plupart du temps, ne pourront pas venir chercher leurs enfants plus tôt et qu'au final, on risque d'arriver à une gigantesque usine à gaz dans laquelle les enfants ne se seront pas reposés plus pendant la journée, mais auront, de surcroît, trois semaines de fatigue en plus. Le mieux est souvent l'ennemi du bien. Méfiance, méfiance, et surtout, prudence.
J'ajoute, au vu des premières réactions, que des déclarations de ce type sont propres à rallumer une guerre scolaire toujours mal éteinte et à favoriser les contempteurs des enseignants, toujours prompts à dénoncer l'Ennemi comme les chevaliers du Graal pouvaient traquer le Diable...
-
Le MoDem ne doit pas se mettre à dos les enseignants
J'ai évoqué le discours de Marielle de Sarnez et les propositions d'Espoir à gauche, tout récemment, à la suite des rencontres de Dijon. Il y a un point sur lequel j'ai tiqué, c'est celui du temps scolaire, pour lequel MoDem et Espoir à gauche se retrouvent sur la même ligne. Voici ce que dit Marielle de Sarnez :
Ceci doit conduire à modifier l’organisation de l’année scolaire. Elle n’est en France que de 144 jours par an (4 jours pendant 36 semaines) alors qu’elle est en Europe, en moyenne, de 185 jours. La journée des écoliers français est la plus longue du monde, mais nos écoles sont fermées la moitié de l’année. L’objectif que nous devons nous fixer est de parvenir en quelques années à rejoindre la moyenne européenne. Alors, je sais bien que nombreux seront les acteurs économiques qui interviendront pour que rien ne change, des stations de sports d’hiver aux gîtes ruraux. Mais cette réforme doit être conduite. La journée de travail scolaire doit être allégée pour l’enfant, et pour les professeurs afin qu’ils puissent enseigner, à un meilleur rythme.
Et voici ce que propose Espoir à Gauche :
Elèves stressés, ayant perdu le goût d'apprendre et de découvrir, temps scolaire mal réparti avec des journées trop longues et trop peu de jours et de semaines d’enseignement sur l’année... Voilà des problèmes que nous connaissons tous et que nous ne pouvons plus ignorer, sauf à renoncer à notre idéal commun d'une école qui "élève" ses "élèves". Il est temps de prendre à bras-le-corps ces défis en défendant une refonte de l'organisation du temps scolaire. Nous proposons donc :
- des semaines mieux aménagées avec une réduction de 20% des horaires d'enseignements hebdomadaires pour les élèves...
- ...ainsi que des journées de cours réduites et réorganisées pour ouvrir l'école à d'autres activités...
- ... permises par 3 semaines d'allongement de l'année scolaire.
Et moi, je mets très sévèrement en garde le MoDem : François Bayrou a réalisé une percée au sein de l'électorat enseignant, parce qu'il a été le seul candidat à ne pas lui faire porter le chapeau des difficultés de l'école. Ce qui est patent et commun, dans les propositions de Marielle de Sarnez et d'Espoir à gauche, c'est que les deux veulent augmenter le temps de travail des enseignants, tout comme Royal en 2007 avec ses 35 heures, manifestement sans aucune contrepartie. Si le nombre d'heures de cours diminuent pendant la semaine, qui s'occupera alors des enfants laissés à eux-mêmes ? Soit des animateurs, et cela coûtera très cher, soit les enseignants eux-mêmes, instrumentalisés une fois de plus. De plus, cette organisation du temps scolaire ne correspond pas à notre organisation économique. Quant à l'argument de Marielle qui consiste à dire que la moyenne des pays européens est organisée ainsi, donc qu'il faut que nous fassions pareil, il n'est pas recevable. Ce n'est pas une garantie de qualité.
J'ai entendu les premières réactions de quelques amis enseignants, et je puis d'ores et déjà dire qu'elles sont très mauvaises. Ils sont furieux. A vrai dire, pour ma part, j'estime que tout travail mérite salaire. S'il y a trois semaines de cours en plus, elles doivent être payées. Les 20% d'heures en moins, c'est un peu se moquer du monde : cela fera un argument supplémentaire pour ceux qui disent que les enseignants ne travaillent pas beaucoup d'heures, et ce sera un prétexte pour réaugmenter tôt ou tard la semaine de travail des enseignants.
J'ai le souvenir d'avoir entendu Bayrou dire qu'il fallait cesser de réformer sans cesse l'Éducation nationale. Je crois que le MoDem serait bien inspiré de tenir compte de ce sage avertissement.
Le MoDem, sur ce point, a raté une occasion de se démarquer de la doxa socialiste (reprise désormais avec astuce par la droite). La population enseignante, est, depuis des années, quelque peu "écorchée vive". Par les temps qui courent, c'est une erreur que de lui jeter de l'huile sur le feu.
-
Non Bayrou ne jette pas le trouble !
Je commence à en avoir plein le dos des déclarations à l'emporte-pièce contre Bayrou de la part de militants (ou non) déçus de ne pas avoir vu leur point de vue l'emporter.
Sur la constitution des listes en île de France, je crois avoir entendu à peu près toutes les conneries possibles et imaginables de la part de ceux qui se réclament de l'esprit de la démocratie : on a dit que nous allions nous allier avec Huchon au premier tour, puis que Marielle de Sarnez allait se présenter, puis ensuite Bernard Lehideux (démenti à chaque fois des intéressés) ; certains se sont même imaginés que ce pouvait être le Sénateur Nicolas About qui soit la tête de liste (il a au demeurant parfaitement le droit de faire acte de candidature, je rappelle qu'il est adhérent du MoDem et s'en réclame officiellement). On hurle, çà et là au déni de démocratie, tout en accusant régulièrement la vieille UDF d'être sur le pont, et puis surtout, quand des résultats de votes internes ne cadrent pas avec les espoirs et les projections de toutes sortes, on invente les prétextes les plus farfelus pour expliquer les déroutes.
Au passage, Corinne Lepage a le droit de créer son cercle de réflexion, mais je juge minable, et je pèse mes mots, d'avoir expliqué à la presse que les rencontres de Dijon, c'était de l'esbrouffe. Tout ça, sans doute, parce qu'elles coïncidaient, au niveau de la date, avec le lancement de son club. L'Éducation est un sujet sérieux, et franchement, il me branche autrement plus que les bla-bla délirants et/ou extravagants sur la démocratie interne et tutti quanti. Corinne Lepage dit des choses très intéressantes quand elle parle d'écologie et d'industrie, mais elle a un sérieux problème avec la solidarité politique. Et ce n'est pas la première fois depuis la création du MoDem...
Antoine Dupin a parfois de bonnes idées (la preuve ici), mais il aurait mieux fait de s'abstenir avec sa lettre ouverte. Au lieu de déclarer que Bayrou fait l'impasse sur le travail des commissions, il ferait bien de le lire, de lire le document de synthèse que nous avons tous reçu pour le Congrès d'Arras et de le répéter une deuxième fois, histoire de voir s'il maintient ses déclarations.
Je ne crois pas que le Président du MoDem méprise ses commissions, sinon, il faudra m'expliquer ce que le coordinateur de la commission Éducation, Sylvain Canet, faisait à Dijon avec Marielle de Sarnez, et pourquoi on retrouve dans la déclaration finale de Marielle, une large part des thèmes brassés par la dite commission.
Ensuite, concernant Christophe Grébert, Bayrou a dit qu'il appréciait ses initiatives .C'est tout. Jamais il n'a dit que ce serait le candidat du MoDem en île de France. Les adhérents trancheront entre les différentes candidatures. Christophe Grébert a d'ailleurs apporté un sérieux démenti sur le sujet chez le blogueur Vogue Haleine.
Ça, évidemment, nos thuriféraires de la démocratie se sont bien gardés de le dire et de le relayer. C'est tellement plus facile d'entendre ce que l'on veut entendre...
-
Éducation : le discours de Marielle de Sarnez à Dijon
Marielle de Sarnez, députée européenne et première vice-présidente du Mouvement Démocrate, est intervenu samedi 14 novembre aux rencontres politiques qui avaient lieu à Dijon.
(Seul le prononcé fait foi)
"Chers amis,
Au mois d'août, nous avons eu une première rencontre à Marseille, qui a fait quelque bruit, parce qu'elle bousculait. Elle bousculait des habitudes, des routines, des a priori, des conservatismes. Nous en étions conscients lorsque nous avons accepté de parler ensemble, de dire : si nous voulons que ça change, si nous trouvons que notre pays ne va pas dans le bon sens, alors quelque chose nous rassemble. Et si nous sommes républicains et démocrates, épris de justice, alors ce qui nous rassemble doit être plus fort que ce qui nous sépare. Et ce rassemblement ne s'arrêtera pas.Nous avons une vérité à l’esprit, de plus en plus évidente : aucun d’entre nous ne gagnera tout seul. Nous avons pu croire le contraire par le passé. Certains d’entre nous ont même pu réaliser ce rêve. Certains n’en ont pas été loin. Mais désormais, cela est derrière nous. L’étude publiée par Libération cette semaine le dit de la manière la plus criante : le clivage droite/gauche, même si, évidemment, je ne confonds pas les deux, n’est plus pertinent pour les deux tiers des Français ! Et à l’intérieur même de ceux qui croient toujours à ce clivage, les préférences partisanes sont elles-mêmes complètement éclatées.
En tout cas, pour moi, ceci est une certitude : personne ne gagnera tout seul.
J’ai une deuxième certitude : pour gagner, il faudra mobiliser toutes les forces disponibles. Tous les républicains, tous les démocrates, quelle que soit leur préférence de parti, leur histoire, doivent peu à peu être rendus compatibles les uns avec les autres.
Ce ne sera pas difficile : en fait, ce ne sont pas les idées qui séparent, ce sont les préjugés. Ce ne sera pas difficile, à une condition : c’est qu’on apprenne à se respecter et à se parler. Autrement, les forces d’alternance apparaîtront comme éclatées, explosées, incapables de tracer un chemin convaincant pour le pays.
Et c’est pourquoi nous sommes là.
J’ajoute une dernière condition. Il faut accepter la différence. Il faut accepter que tout le monde ne pense pas la même chose. Il faut accepter de parler, de réfléchir, y compris avec des gens qui pensent tout à fait différemment. Pourvu qu’ils acceptent le but commun. La différence n’est pas à craindre, si elle conduit au dialogue, à l’échange des idées ! Ce qui est à craindre, ce qui est à redouter, c’est le sectarisme, le préjugé qui fait proclamer : « je ne vais tout de même pas discuter avec celui-là, ou avec celle-là ! »
Notre conviction à nous, c’est qu’il y a beaucoup à apprendre dans le dialogue des différences et même des divergences. Car nous avons la charge de reconstruire ensemble un pays qui ne va pas bien et de ce pays nous sommes tous citoyens, coresponsables de l’alternance.
C’est particulièrement vrai en matière d’école.
Pouvons-nous accepter que la situation de l’École continue sans changement ? Pour moi la réponse est certainement non.
Je laisse à d’autres le procès en responsabilité. Les ministres de l’éducation des deux dernières décennies s’appellent Lionel Jospin, Jack Lang, François Bayrou, Claude Allègre, Luc Ferry, François Fillon, Gilles de Robien, Xavier Darcos, aujourd’hui Luc Chatel. J’étais moi-même la directrice de cabinet de François Bayrou rue de Grenelle. Si c’était facile de changer les choses dans le bon sens à l’Éducation nationale, ça se saurait.
Mais nous ne pouvons accepter d’en rester là. Nous ne pouvons accepter d’en rester à la situation d’aujourd’hui ! C’est, à juste titre, le premier budget de la nation. Mais les résultats sont purement et simplement impossibles à accepter pour des Républicains, pour le peuple français.
Il est impossible d’accepter que nous ayons chaque année 40 % des enfants, c’est à dire près de 300.000 élèves, qui ne maîtrisent pas la lecture à l’issue de l’école primaire ! 25 % qui déchiffrent, mais ne comprennent pas la substance d’un texte et 15 % qui n’arrivent même pas à déchiffrer. Et si vous projetez ces 40 % cinq ou six ans après, vous les retrouvez tous ou presque dans la galère : 15 % en échec total qui sortent du système éducatif, à la fin de la 3 ème, sans diplôme ; 25 % à la peine, sans qualification réelle… Comme si le destin scolaire était fixé dès le plus jeune âge.
Ce n’est pas cela l’école de la République !
Et regardons à quel point la situation des enseignants s’est dégradée. En quelques années, on est passé de 15 % seulement des enseignants qui souhaitaient changer de métier, à 65 % aujourd’hui. Et un concours - le CAPES de Lettres, pour ne prendre qu’un exemple - qui attirait, il y a 10 ans, 12.000 candidats, en compte moins du tiers aujourd’hui.
Ce n’est pas cela non plus, l’école de la République !
J’ai pris ces deux exemples, mais nous pourrions tous les multiplier.
Or je crois, même si je suis condamnée pour optimisme outrancier, que cette situation n’est en rien irréversible, à condition de faire des choix nécessaires et simples.
Choix nécessaires et simples. Il faut arrêter de triturer constamment l’organisation scolaire, d’empiler réformes sur réformes, dont tout le monde sait qu’elles ne seront pas mises en place et, le seraient-elles, qu’elles ne changeraient rien.
Il faut partir des fondations. La question la plus importante est la réussite de l’école maternelle et primaire. Je ne sépare pas l’école maternelle de l’école primaire. Je ne suis pas de ceux qui voient dans l’école maternelle une garderie, et dans les maîtres des puériculteurs ou puéricultrices dont l’essentiel du travail est de changer les couches. C’est vrai que l’école maternelle est une originalité française et je la trouve juste. La vocation de l’école maternelle, qui est une école, et maternelle au sens de la compréhension, de la protection de l’enfant, c’est de répondre aux inégalités culturelles et sociales. C’est d’amener les enfants, par une maîtrise précoce de la langue, à vivre ensemble, tout en éveillant leurs capacités.
Je suis désolée de le dire : il ne peut pas y avoir de débat sur l’objectif de l’école primaire. Il ne doit pas y en avoir. L’objectif de l’école primaire, en-dehors des très rares enfants en situation de grande difficulté, ce doit être de donner les bagages nécessaires à tous, 100 %, pour la vie et la suite des études. L’objectif, c’est 100 % de lecture, plus que jamais. Car contrairement à ce que l’on pouvait penser il y a quelques années, on en aura toujours besoin : pensez au monde internet. 100 % d’écriture. 100 % de connaissance des nombres. Et je veux ajouter 100 % de sport et 100 % d’une activité artistique, en mettant l’accent en particulier sur la musique, trop absente de la France.
Ceci doit conduire à modifier l’organisation de l’année scolaire. Elle n’est en France que de 144 jours par an (4 jours pendant 36 semaines) alors qu’elle est en Europe, en moyenne, de 185 jours. La journée des écoliers français est la plus longue du monde, mais nos écoles sont fermées la moitié de l’année. L’objectif que nous devons nous fixer est de parvenir en quelques années à rejoindre la moyenne européenne. Alors, je sais bien que nombreux seront les acteurs économiques qui interviendront pour que rien ne change, des stations de sports d’hiver aux gîtes ruraux. Mais cette réforme doit être conduite. La journée de travail scolaire doit être allégée pour l’enfant, et pour les professeurs afin qu’ils puissent enseigner, à un meilleur rythme.
Voyez-vous, j’observe les débats éducatifs depuis quinze ans. Et je vois qu’il y a de larges débats, passionnés, brûlants entre, pour simplifier, ceux qui disent "l’enseignement valide repose sur des contenus solides et maîtrisés", et ceux qui disent "l’enseignement valide c’est celui qui épanouit la personnalité".
Je ne suis pas du sérail. Et voir ce débat qui n’en finit jamais m’a toujours laissée rêveuse. Mais j’ai une opinion sur ce sujet : l’enseignement valide c’est celui qui unit les deux ! " Connaissance solide et compréhension" chaleureuse.
Il faut des connaissances solides pour construire un jugement, une compétence, une conscience (et pour moi c’est le dernier mot qui est le plus important : je devrais même dire une conscience civique). Et il faut que s’épanouisse, cela manque trop en France, la créativité de chaque fille, de chaque femme, de chaque garçon, de chaque homme. La créativité artistique, la créativité de recherche, la créativité économique, la créativité du savoir, tout cela en réalité est lié. C’est dans la création, l’inventivité, que l’être humain trouve son plein épanouissement, et le pays qui les rassemble aussi.
Dans ce que la République doit à ses jeunes enfants pour qu’ils accèdent à l’autonomie, je veux insister devant vous sur la langue. La langue, c’est le pouvoir et c’est la vie. L’expression des émotions, la présentation de soi-même, l’empathie, l’autorité, la reconnaissance, le rire, l’analyse, tout cela, c’est la langue. La langue, c’est le nécessaire et presque le suffisant. Elle doit donc être au sens propre la priorité, puisqu’elle concentre en une seule démarche connaissance et création.
Et il me semble que ceux qui exercent le pouvoir ne l’ont pas vraiment compris puisqu’ils nous expliquent que pour redorer la filière littéraire, on va en faire une filière internationale ! C’est-à-dire une filière qui vaudra non pas par la maîtrise de notre langue mais par la maîtrise des langues étrangères… Or le droit, la psychologie, la réflexion, la philosophie, tout cela est langue et devrait servir de facteur commun à toutes les formations.
Nous voulons une École où plus un seul enfant ne soit en situation de fragilité ou d’échec en face de la langue. Nous voulons une École où plus un seul élève ne sorte du CE1 sans savoir lire. Pour parvenir à cet objectif, il faudra concentrer les efforts sur le cycle des apprentissages fondamentaux (Grande section de maternelle, CP et CE1). Mettre le paquet sur le repérage et la remédiation dès le pré-élémentaire. Pratiquer le dédoublement de la classe et la gestion par petits groupes en cours préparatoire. Expérimenter des formes nouvelles d’organisation : par exemple, un enseignant pourrait garder la même classe pendant deux ou trois ans. Fixer clairement des obligations de résultats à atteindre à la fin du CE1. Généraliser les évaluations comparatives. Les mettre au service des enseignants. Publier et répandre les bonnes pratiques.
Bref, il faudra une mobilisation de tous contre l’échec scolaire pour éviter à l’avenir que ne rentrent chaque année au collège des milliers de jeunes qu’on envoie dans le mur, dont on sait par avance que la scolarité sera plombée, et qui se retrouveront quelques années plus tard durablement au chômage. S’il y a un défi que nous devons relever ensemble, c’est bien celui-là. Et c’est pour moi de loin le plus essentiel. Si nous parvenons à inverser cette tendance, alors nous aurons fait œuvre utile pour le pays.
Cette mobilisation, il nous faudra la poursuivre au collège : un collège où l’on refuse la sélection précoce, que nous avons connu en France jusqu’aux années 70, et cependant où l’on reconnaisse la diversité des élèves face à l’enseignement scolaire.
Je pense toujours que la proposition que nous avions faite au milieu des années 90 d’un "collège hors les murs", qui proposerait tout autre type de formation que le cours qu’on subit pour ceux des élèves qui subissent, est toujours d’actualité. Je rappelle la règle que nous avions proposée : que cet "enseignement actif", par la passion et les vraies aptitudes de l’élève, par le geste, par l’art, par la mécanique, par le sport, par le théâtre, puisse à des carrefours clairement balisés permettre à ces élèves de retrouver la scolarisation classique.
On me dira : mais pourquoi ne pas proposer ce type de scolarisation à tous. Pour deux raisons : parce que je sais que, dans un pays en grave difficulté financière, et où l’enseignement secondaire est déjà un des plus chers du monde, nous n’aurons pas les moyens, et parce que je ne trouve pas stupide de donner plus à ceux qui ont le plus besoin.
Le collège doit donc être différencié au profit de ceux qui s’y trouvent actuellement en situation de blocage et donc des enseignants qui eux aussi sont à cours de réponses.
De même l’enseignement professionnel doit être revalorisé pour que l’orientation vers cette filière ne soit plus vécue comme une forme de déclassement pour l’élève et sa famille. Ce qui est pour le moins paradoxal quand on sait que des qualifications de plus en plus élevées sont exigées aujourd’hui pour exercer nombre de métiers. Désormais, il faut maîtriser l’informatique, la technologie, avoir en même temps de solides acquis en matière de culture générale. Ces nouvelles exigences sont autant d’opportunités nouvelles pour la voie professionnelle, dont il faut tout faire pour qu’elle devienne la filière du plein emploi, notamment en adaptant mieux l’offre de formation aux débouchés professionnels.
J’en viens au lycée qui a seulement moi deux fonctions : construire une architecture de connaissances et de capacités, dans ses voies générales, techniques, professionnelles qui soit déjà consistante et reconnue. Donc armer pour la vie. Et préparer aux enseignements supérieurs, universités, recherche, écoles, mais aussi BTS ou IUT dont il faut augmenter le nombre de places pour que davantage de jeunes en bénéficient, en particulier ceux de l’enseignement professionnel et technologique. Il est en effet inacceptable que les places en IUT soient trustées par les bacheliers de la série S, contraignant les bacheliers professionnels ou technologiques à faire un choix par défaut en s’inscrivant en universités où ils se retrouvent le plus souvent en situation d’échec.
Le lycée, ce n’est pas seulement un lieu de passage. C’est un niveau de formation qui doit trouver sa reconnaissance en tant que tel. Je crois même que ce niveau devrait être plus exigeant.
La double finalité du baccalauréat mérite d’être ainsi repensée, même si je m’avancerai avec beaucoup de prudence sur ce terrain, symboliquement dangereux. Mais permettez moi de dire simplement que 86 % de reçus à l’examen, cela ne me paraît pas très cohérent avec plus de 50 % d’échec par la suite… Et une épreuve aussi lourde sanctionnée par 15 % de candidats ajournés, cela me paraît assez peu raisonnable.
Ce débat nous le reprendrons quand nous aborderons la question de l’enseignement supérieur et de la recherche. Question pour moi essentielle, tant je crois que la recherche doit être centrale dans tout parcours universitaire, et que tout le monde gagnerait à ce que soient pris en compte les parcours de recherche dans le recrutement des cadres de la nation ou de l’entreprise.
En parcourant le système éducatif de la maternelle à la terminale, je ne vois que des défis accessibles.
On me dira que je n’ai qu’effleuré la question des moyens.
Je la traite devant vous. L’état des finances publiques est tel que quiconque vous promettra pléthore de moyens supplémentaires vous racontera des histoires. Et cependant je crois que le meilleur investissement pour la nation, c’est la sécurité morale et matérielle d’une école, d’un collège, d’un lycée général, technique ou professionnel. Je crois à l’amélioration, quand on le pourra de la situation des enseignants, à la création de parcours qui leur permettent de bouger, professionnellement, s’ils le souhaitent. Je crois qu’il faut leur faire confiance, les aider en leur fixant des objectifs clairs,en mutualisant les bonnes pratiques, en donnant plus de liberté au terrain, en favorisant la créativité. Je crois à la place de musiciens, de plasticiens, de sportifs qui se joindront à eux. Je crois que ce fonctionnement, c’est le meilleur investissement. Il faut le protéger et résister à Bercy qui veut, toujours, couper dans l’éducation pour équilibrer ses comptes, comme on le voit depuis des années. Notre école a besoin de sérénité, de stabilité, et de la garantie qu’elle aura les moyens de sa mission. C’est l’engagement que nous prenons aujourd’hui devant vous.
Pardonnez-moi d’avoir livré devant vous une vision personnelle. C’est celle d’une femme que la vie a conduite rue de Grenelle, où elle a été très heureuse, en même temps qu’elle était parente d’élèves, et qui est fascinée par l’attente justifiée que la société investit dans son école.
J’ai conscience que cette vision n’est pas unanimement partagée. C’est très bien. Je plaide pour la diversité. Je plaide pour le pluralisme de la pensée. C’est ainsi qu’on progresse, par le débat et le respect mutuels. Je disais en commençant que ce qui nous rassemble existe, aussi différents que nous soyons. J’ai une autre certitude : ce que nous avons à faire est plus grand que nous, que nos intérêts, d’idéologie ou de parti ou de carrière. C’est peut-être la dernière chance de retrouver la vocation et la reconnaissance de l’école de la République, qui est pour moi, formatrice de liberté, vrai moyen de l’égalité, vrai lieu de fraternité.
Autrement dit, l’École c’est le visage de l’identité républicaine, qui est pour moi, et je crois pour nous, le vrai nom, non déformable, non instrumentalisable de l’identité nationale."
Marielle de Sarnez
-
Sarkozy and Cie déterminés à flinguer le lycée !
Je viens de lire une analyse édifiante d'Agnès Joste, une des têtes de file de l'association Sauver les lettres. Derrière les propos lénifiants des Sarkozy, Descoings, Châtel et compagnie, il n'y a qu'un et unique objectif : économiser le plus d'argent possible sur le dos du lycée. La réforme de Sarkozy va se traduire par un apauvrissement culturel et une raréfaction de la diversité disciplinaire sans précédent. Toutes les options vont disparaître tandis que les horaires des matières principales seront réduits.
Le privilégié s'étonnait, il y a peu, du silence assourdissant de le classe politique sur l'école. Le pauvre : il est professeur de lycée, il va en prendre plein la gueule. Voilà pourquoi je l'avais critiqué d'être allé discuter avec Descoings. Cela ne sert à rien de discuter avec quelqu'un dont les idées sont arrêtées, et qui n'a absolument aucune bienveillance à votre égard. Descoings est de la même veine que Sarkozy, et plus généralement, ceux que Natacha Polony, journaliste du Figaro, appelle les libéraux modernistes. Je ne sais pas s'ils sont vraiment libéraux ; en revanche, c'est une engeance pire encore que les pédagogols, bien qu'ils en soit l'aboutissement gestionnaire. A force d'évoquer la pédagogie par objectifs, le modèle managerial des compétences, les projets et compagnie, on a fini par attirer l'attention des plus crétins d'entre eux. Pour moi, je trouve que leurs discours lénifiants entâchés de pédagogolâtrie bêlante sont à rapprocher franchement du blairisme britannique. C'est peut-être du libéralisme, mais pas le mien, en tout cas.
A vrai dire, lors de ces deux dernières années, j'ai eu le sentiment que seul le MoDem et Bayrou se préoccupaient encore de ce qu'il se passe dans les écoles, les collèges et les lycées. Il y avait bien une saillie à gauche de temps à autre, mais dont l'objectif était exclusivement politique afin de mettre la droite en difficulté. Quant à cette même droite, elle a confié les rênes de l'éducation à la technostructure, et, in fine, rien ne change si ce n'est qu'il faut faire avaler à l'opinion et surtout aux enseignants la cure d'austérité qu'elle compte administrer à l'Éducation Nationale.
Vincent Peillon organisait une convention sur l'école, aujourd'hui : la presse qui est toujours prête à s'intéresser aux conneries plutôt qu'aux choses intéressantes a préféré titrer sur la venue de Ségolène Royal à Dijon plutôt que sur ce qui s'est dit pendant cette convention. Sur le site de France 3, on trouve bien trois vidéos, mais celle qui pourrait être intéressante, les réactions des représentants des autres partis est complètement faisandée et inaudible (problème de traitement de la bande son, apparemment).
Coup de pot, au MoDem, au moins, on bosse et le boulot a été fait : toute l'intervention de Marielle de Sarnez est disponible en ligne ce soir-même !
Du coup, pas moyen de savoir si Brighelli était là ou non, et surtout, ce qu'il s'est dit pendant cette convention. Nada sur le blog de Vincent Peillon. Il y a quelqu'un qui a lu son livre d'entretiens avec Darcos. Je suis d'accord pour juger que tout n'est pas à jeter dans ce qu'a fait Darcos, mais que la logique qui a commandé les réformes en a anéanti la substance.
Pour revenir à Marielle, il y a des choses que j'ai aimées, par exemple, celle-ci, qui porte clairement la marque du MoDem :
Dans ce que la République doit à ses jeunes enfants pour qu’ils accèdent à l’autonomie, je veux insister devant vous sur la langue. La langue, c’est le pouvoir et c’est la vie. L’expression des émotions, la présentation de soi-même, l’empathie, l’autorité, la reconnaissance, le rire, l’analyse, tout cela, c’est la langue. La langue, c’est le nécessaire et presque le suffisant. Elle doit donc être au sens propre la priorité, puisqu’elle concentre en une seule démarche connaissance et création.
Et il me semble que ceux qui exercent le pouvoir ne l’ont pas vraiment compris puisqu’ils nous expliquent que pour redorer la filière littéraire, on va en faire une filière internationale ! C’est-à-dire une filière qui vaudra non pas par la maîtrise de notre langue mais par la maîtrise des langues étrangères… Or le droit, la psychologie, la réflexion, la philosophie, tout cela est langue et devrait servir de facteur commun à toutes les formations.
Ça, cela m'a beaucoup plu : cela correspond tout à fait à ce que je me dis. Les projets de Sarkozy vont très exactement à rebours. J'ai vu aussi que Marielle semblait en accord avec Peillon sur une réorganisation de l'année scolaire : des journées moins chargées, mais deux semaines de cours en plus. Personnellement, je ne suis pas contre, mais je demande à voir ce que donne une expérimentation avant d'en généraliser le principe. Marielle veut rejoindre la moyenne européenne : très bien, mais, à ce qu'il me semble, en Allemagne où l'on applique cette organisation dans le primaire et le secondaire, le niveau moyen est franchement faible... Cela peut néanmoins être intéressant de travailler avec des chronobiologistes (sérieux, pas militants) afin de savoir ce qu'ils en pensent.
Sur les moyens, Marielle a exprimé sa position, qui est celle, traditionnelle, du MoDem : l'Éducation est le meilleur investissement.
On me dira que je n’ai qu’effleuré la question des moyens.
Je la traite devant vous. L’état des finances publiques est tel que quiconque vous promettra pléthore de moyens supplémentaires vous racontera des histoires. Et cependant je crois que le meilleur investissement pour la nation, c’est la sécurité morale et matérielle d’une école, d’un collège, d’un lycée général, technique ou professionnel. Je crois à l’amélioration, quand on le pourra de la situation des enseignants, à la création de parcours qui leur permettent de bouger, professionnellement, s’ils le souhaitent. Je crois qu’il faut leur faire confiance, les aider en leur fixant des objectifs clairs,en mutualisant les bonnes pratiques, en donnant plus de liberté au terrain, en favorisant la créativité. Je crois à la place de musiciens, de plasticiens, de sportifs qui se joindront à eux. Je crois que ce fonctionnement, c’est le meilleur investissement. Il faut le protéger et résister à Bercy qui veut, toujours, couper dans l’éducation pour équilibrer ses comptes, comme on le voit depuis des années. Notre école a besoin de sérénité, de stabilité, et de la garantie qu’elle aura les moyens de sa mission. C’est l’engagement que nous prenons aujourd’hui devant vous.
J'ai trouvé forte sa conclusion, qui répond en écho aux Chatel & cie qui voudraient instrumentaliser l'école au profit de leur identité nationale :
l’École c’est le visage de l’identité républicaine, qui est pour moi, et je crois pour nous, le vrai nom, non déformable, non instrumentalisable de l’identité nationale.
Bien répliqué, Marielle.
-
Priorité du MoDem au prochain Conseil de l'Europe
Intervention Marielle de Sarnez : préparation du Conseil
envoyé par mouvementdemocrate. - L'info video en direct.Intervenant ce mercredi 21 octobre au Parlement européen, réuni en session plénière à Strasbourg, lors du débat consacré à la préparation du Conseil européen des 29 et 30 octobre, Marielle de Sarnez, députée européenne et première vice-présidente du Mouvement Démocrate, a mis en exergue trois priorités :
"D'abord la question du changement climatique. Tout le monde le voit bien, l'Union a une responsabilité particulière pour entraîner à Copenhague les nations du monde. Pour cela nous devons être exigeants et ambitieux sur les objectifs à atteindre. Mais il nous faut aussi être à la hauteur de la dette que nous avons vis-à-vis des pays en voie de développement. Chacun devra consentir un effort financier à sa mesure. Si nous ne sommes pas capables de nous montrer solidaires, et bien, ça ne marchera pas !""Deuxième point, la question des migrations. C'est bien, évidemment, d'agir mieux avec FRONTEX. Mais si nous voulons vraiment aider les pays du Sud de l'Europe, alors il nous faut aller vers une harmonisation du droit d'asile, revenir sur la convention de Dublin, et plus encore élaborer, enfin, une vraie politique en matière d'immigration. Je crois que c'est la seule façon de traiter de cette question de manière sereine et responsable".
"Troisième question enfin, la politique étrangère. Le Conseil va avancer sur la question du Service d'Actions Extérieures, tant mieux ! Nous allons probablement avoir un Haut-Représentant, tant mieux ! Mais ce qui serait mieux encore, c'est de parler d'une seule voix, au moins sur les conflits qui agitent le monde. Et je pense en particulier à l'Afghanistan, où je veux rappeler que le nombre de soldats européens engagés est presque le même que celui des soldats américains. Il va y avoir un Sommet UE-Etats-Unis le 3 novembre prochain. Les Européens ont une responsabilité particulière : ils doivent proposer une stratégie qui ne soit pas exclusivement militaire. S'ils ne le font pas, personne d'autre ne le fera."
-
Ne confondons pas immigrés et réfugiés de guerre...
C'est paradoxalement chez un parlementaire UMP, Étienne Pinte, que j'ai trouvé le ton le plus juste pour exprimer mon sentiment à propos de l'expulsion récente des Afghans.
La France est le pays des droits de l'homme. J'estime que nous n'avons pas à renvoyer contraints et forcés des réfugiés qui ont fui leur pays en guerre. D'autant que le ministère des affaires étrangères lui-même reconnaît que l'insécurité a augmenté depuis plusieurs semaines, à Kaboul comme dans le reste de l'Afghanistan […]
Je ne conteste pas la politique d'immigration du gouvernement dans son ensemble. Mais je ne comprends pas ce premier vol groupé depuis cinq ans, d'autant qu'il restait la solution de la solidarité européenne.
La gauche qui s'y entend à jouer la petite musique du choeur des pleureuses en a a profité pour faire retentir son habituelle démagogie sur l'immigration. Or, il ne faut en aucun cas tomber dans cette confusion orchestrée, avec des intérêts divers, et par l'opposition de gauche, et par le pouvoir : l'accueil des réfugiés de guerre (que l'on espère temporaire, puisque nous aspirons à restaurer la paix en Afghanistan, d'où la présence de nos forces armées) ne saurait se confondre avec l'immigration dans son ensemble.
Il n'en reste pas moins qu'il faut fixer nos limites : potentiellement, une grosse partie de la population afghane pourrait se réclamer du statut de réfugiés de guerre : que fait-on, dans ce cas-là ? Par ailleurs, il y a certains individus, parmi les Afghans clandestins que cela ne me gêne pas trop de renvoyer dans leur pays : France-info donnait ce matin la parole à l'un d'entre eux, passeur de son état, qui estimait devoir désormais rejoindre les Talibans pour pouvoir vivre et gagner de l'argent...Eh bien qu'il y aille !
Éric Besson croit avoir levé le lièvre en demandant si le fait qu'un pays soit en guerre vaut titre de séjour en France. A vrai dire, il faut admettre, en effet que es réfugiés de guerre n'entrent pas dans le champ de la convention de 1948 ni des protocoles additionnels de 1977. Éric Besson le sait sans doute bien, voilà pourquoi il estime la France dans son bon droit, et ce, même s'il existe d'autres textes sur ces réfugiés (Conventions de Genève de 1949 sur la protection des victimes de guerre et le Protocole additionnel de 1977 aux Conventions de Genève de 1949 relatif à la protection des victimes de conflits armés internationaux).
La simple humanité n'en commande pas moins de considérer avec beaucoup d'attention les réfugiés de ce pays : et une harmonisation du droit d'asile européen pourrait à cet effet dénouer une certain nombre de situations aussi inextricables qu'ubuesques. Aussi, la réaction récente de Marielle de Sarnez, vice-présidente du MoDem me paraît particulièrement sensée et adaptée :
« Il faut aller vers une réforme et une harmonisation du droit d’asile en Europe. Cela devrait être une des priorités du Conseil européen des 29 et 30 octobre. La seule façon d’aider les pays du sud de l’Europe, c’est en effet de réformer la convention de Dublin : un réfugié devrait pouvoir demander l’asile dans le pays européen de son choix et non plus obligatoirement dans le premier pays où il est supposé avoir posé le pied. En attendant, il est inadmissible, au regard du respect des droits de l’homme, de renvoyer des réfugiés dans un pays en état de guerre. L’an dernier, selon les critères du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), les conditions de retour n’étaient pas réunies en Afghanistan. Je ne vois malheureusement pas en quoi cette situation se serait, depuis, améliorée. »
-
Grand Paris : Marielle de Sarnez renvoie Christian Blanc dans les cordes !
Marielle de Sarnez, Conseillère de Paris, est intervenue le mardi 29 septembre, dans le cadre du débat sur le projet du Grand Paris.
«Monsieur le Maire, chers collègues,
Ce projet de loi est préoccupant sur la forme comme sur le fond.
Il ne répond pas aux attentes des parisiens et à celles des franciliens. Attentes d'une augmentation de l'offre de logements grâce à la mutualisation ; attentes d'une amélioration qualitative des transports existants ; attentes d'une plus grande solidarité entre les territoires et d'une remise à plat des inégalités sociales et fiscales ; attentes d'une meilleure qualité de vie environnementale, d'un urbanisme plus durable, plus humain ; attentes enfin d'une simplification administrative et institutionnelle, pour qu'enfin nos concitoyens s'y retrouvent et sachent qui fait quoi : rien de tout cela n'est pris en compte. Bien au contraire.
L’Etat décide, tout seul, d’un projet de métro qui ne répond ni à l’esprit de sobriété ni à l’esprit de proximité que nos concitoyens sont en droit d’attendre des pouvoirs publics.
L’Etat crée une structure de plus, la Société du Grand Paris, où ses représentants seront majoritaires, et qui héritera des recettes qui auraient dû financer les projets actuels de transports.
L’Etat emprunte. Plus de 20 milliards d’euros. Un emprunt de plus au moment où les finances publiques sont exsangues. Et qui paiera ? Le contribuable qui verra augmenter le prix du transport, alors que l’ont devrait, au contraire, aller vers des transports propres à tarifs incitatifs.
L’Etat décrète.
Le tracé du réseau du Grand Paris, l’emprise du projet « transports », le périmètre autour des gares, autant de questions fondamentales, qui feront l’objet de décrets en Conseil d’Etat.
Et enfin l’Etat préempte. Il exercera son droit de préemption sur environ 35 000 hectares. Les ressources émanant de ces zones seront affectées à la Société du Grand Paris et échapperont donc complètement aux communes, ce qui, je pense, porte atteinte au principe constitutionnel de libre administration et d’autonomie financière des collectivités locales.
Ce n’est pas seulement une recentralisation. C’est la négation d’une société dans laquelle élus, associations, citoyens, sont là pour exercer leurs responsabilité, aidés et soutenus en cela par l’Etat. Un Etat respectueux de tous ceux qui le constituent.»