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  • Les conditions d'appartenance à l'Europe pourraient se durcir

    Intéressant édito que celui de Marielle de Sarnez dans sa dernière lettre aux Franciliens. Sans prendre parti, je le publie intégralement et le soumets à la réflexion des lecteurs. Ce qui est certain, c'est que le laxisme budgétaire commence à sérieusement énerver nos amis Allemands. D'un autre côté, il n'est pas non plus heureux d'annoncer inopportunément des mesures susceptibles de faire grimper les taux d'emprunt de la Grèce. Ce pays va avoir le plus grand mal à redresser ses finances sans graves troubles sociaux ; le devoir des pays européens, c'est d'essayer de lui créer l'environnement le plus favorable possible pour ses emprunts. Toutefois, il y a des choses, hélas douloureuses, que personne ne peut faire à la place des Grecs. Il leur faut envisager des réductions très drastiques et des coupes sombres dans leur budget. Il y aura des décisions très difficiles à prendre. J'espère que les Grecs parviendront à préserver l'essentiel. Le problème, avec notre Europe, c'est qu'il faut bien admettre qu'à un moment donné une discipline budgétaire est nécessaire, faute de quoi l'Europe cesse d'être crédible. Voilà donc l'édito :

    On peut dire :

    - que le comportement d'Angela Merkel depuis le début de la crise grecque, la première aussi grave affectant la zone euro, contraste singulièrement d'avec les attentes que laissaient espérer et l'histoire et la pratique de l'Allemagne en matière de politique européenne. Certes, la chancelière affronte le 9 mai une élection cruciale en Rhénanie-Westphalie, le land le plus peuplé du pays pouvant faire basculer la majorité au Bundesrat, et elle se doit de répondre à son électorat qui ne supporte plus l'idée préconçue selon laquelle « l'Allemagne paiera ». Mais, en désavouant publiquement son ministre des Finances, Wolfgang Schauble, qui s'opposait à l'intervention du FMI, et en allant même jusqu'à poser le débat de l'exclusion d'un État membre de la zone euro, Angela Merkel a surtout don-né l'impression de dilapider l'héritage européen d'Helmut Kohl.

    - que l'Allemagne est parvenue à imposer ses conditions, c'est-à-dire une intervention du FMI, contre l'avis publiquement affirmé (avant le Sommet des 25 et 26 Mars) du président de la BCE et du président de l'Eurogroupe. Jean-Claude Trichet et Jean-Claude Juncker qui se sont toutefois postérieurement rallié à cette solution. La Grèce a commencé à lever 5 milliards d'euros d'emprunts obligataires. Le taux qui lui est consenti, non seulement n'a pas baissé mais même augmenté à 7% ! Cet accord (qui n'aurait été activé que si la Grèce n'avait pu lever d'argent sur le marché) n'a donc que moyennement rassuré les investisseurs : ils prêtent, mais le différentiel de taux d'intérêt (spread) grignote les efforts très lourds consentis par les Grecs pour réduire leur déficit. Autrement dit, l'austérité imposée ne sert pas entièrement à rétablir l'économie mais à payer pour partie des pénalités d'intérêt que la Grèce n'aurait pas à payer si l'Allemagne avait accepté le système de garantie proposé par Guy Verhofstadt, qui aurait permis d'émettre des euro-obligations à un meilleur taux.

    - qu'Angela Merkel assorti ce plan déjà très restrictif d'une condition de long terme : le durcissement du pacte de stabilité. Le Conseil européen a ainsi appelé à un renforcement de la gouvernance et de la surveillance économique, y compris des sanctions. Celles-ci ne sont pas précisées, mais chacun garde en tête les menaces d'exclusion de certains pays de la zone euro.

    - que la question de la création d'un Fonds monétaire européen est également posée. Herman Van Rompuy devant remettre un rapport d'ici la fin de l'année, qui examinera « toutes les options juridiques possibles ». En filigrane, c'est peut-être la réouverture des traités qui s'annonce.

  • La dette ? un petit restaurant entre amis...

    Je ne résiste pas à la tentation de faire connaître l'une de mes dernières découvertes : la page facebook d'un groupe intitulé Réduire la Dette publique. Leur dernière publication sur leur mur m'a fait franchement rigoler ; copie ici :

    La zone euro, c’est comme quand on va au restaurant entre amis, on essaie de prendre les mêmes menus. Là, c’est comme si les Grecs prenaient du caviar, les Français de la langouste et qu’ils laissaient l’addition aux Allemands Comment voulez-vous que le dîner se termine bien !

    Excellent ! :-D

  • Dette, les efforts que les Français sont prêts à consentir...

    Passionnante étude que celle commandée par la Fondapol à l'IFOP sur la crise grecque. Elle touche cinq grand pays européens : Italie, France, Espagne, Allemagne et Royaume-Uni. Si les Français et les Espagnols ont bien conscience de leur situation (ils sont plus de 60% à penser que leur pays pourrait connaître le sort de la Grèce), il n'en va pas de même pour le Royaume-Uni et l'Italie où seule la moitié des citoyens ont ce sentiment. Quant à l'Allemagne, confiante, sans doute, en la force de son économie, un tiers de ses citoyens croit à l'éventualité d'un tel scénario.

    Si Français et Espagnols sont partagés sur l'opportunité d'aider la Grèce, les 3/4 des Allemands et des Anglais ne veulent pas payer pour les Hellènes. A l'inverse, les 2/3 des Italiens sont prêts à être solidaires. A noter qu'en France, les plus convaincus de la chose sont les électeurs et/ou sympathisants du MoDem qui partagent l'avis des Italiens aux deux tiers. A'inverse, ceux qui n'affichent aucune sympathie partisane sont majoritaires (presque 60% pour refuser d'aider la Grèce).

    Seuls Italiens et Espagnols sont favorables, en partie, du moins, à la création d'un impôt européen pour aider les pays en difficulté. Les autres n'en veulent globalement pas (opposés aux trois quart et plus). En France, c'est particulièrement le cas de ceux qui n'ont aucun engagement politique.

    Les Français ont compris qu'il y a une menace sérieuse sur les retraites, plus que toutes les autres nations, puisqu'avec 91% de convaincus, ils détiennent la palme. Pays au hit-parade de la démographie européenne, ils font jeu égal avec les Allemands, nation la moins prolifique, et convaincue à bon escient à 90% de ce risque. Les sympathisants socialistes sont les plus réalistes sur la réalité de la menace : ils sont 98% à la percevoir...Il faut dire que, nombreux dans la fonction publique, si les régimes spéciaux rejoignent le régime général, ils seront, en effet, les premiers touchés...

    Les Français sont non moins inquiets quant aux déficits à et à la dette de leur pays (je m'étonne, dans ces conditions, que le propos de François Bayrou ne percute pas plus, car enfin, il est le premier et de longue date, à mettre en garde contre ce danger) : 88% ! Ceux qui croient que les Français sont des veaux se sont trompés...enfin...attendons de savoir ce qu'ils sont prêts à sacrifier pour résorber leur dette...!

    Je vous le donne dans le mille, la victime expiatoire de tous les pays européens, c'est la défense et l'armée. A la très notable exception du Royaume Uni (13% seulement), ils sont plus de 40% à vouloir faire des économies là-dessus. Viennent ensuite les aides aux entreprises (27% en France, mais...40 en Angleterre !) et puis l'aide aux chômeurs en France (16) et au Royaume-Uni (21) surtout.

    En revanche il n'y en a pas 1% pour toucher aux retraites et à l'éducation, priorités des priorités. Pas du tout enthousiastes non plus pour faire souffrir sécurité et police (3-4% en France, mais 6 au MoDem !), et les hôpitaux. En France, c'est simple : il n'y a même pas le 1% syndical ! personne ne propose de faire des économies sur la santé ! Voilà qui va donner à réfléchir à notre actuel gouvernement, qui supprime à tour de bras des moyens dans tous ces secteurs...

    Cela dit, sur la Défense, qui paraît toujours un poste bien aisé et pratique à ponctionner, il faut bien avoir conscience des enjeux : sans commande nationale, c'est la fin de l'industrie d'armement française, et donc, du dernier îlot d'indépendance face aux Américains et aux Russes.

    Sans une véritable défense, il est hors de question de vouloir prétendre jouer au Grand. Finies les interventions militaires, finis les contingents en Afrique, terminé le porte-avion envoyé dans le Golfe Persique. Corollairement, plus question de mener grande vie au Conseil de Sécurité et de prétendre y dicter la moindre condition au nom de la grandeur de la France. Clairement, le rôle d'un Villepin pour l'Irak n'est plus concevable avec une nouvelle donne en matière de défense. Plus question non plus d'aller se battre en Afghanistan, sachant que c'est laisser la porte ouverte aux Talibans et à l'islamisme radical, avec, du coup, un grand terrain d'entraînement pour le terrorisme. A défaut, c'est admettre que seule l'Amérique décidera du sort du monde occidental. Si jamais l'armée fait les frais de la crise, il ne faudra pas reprocher ensuite au gouvernement une éventuelle inaction en  situation de crise. Dans tous les cas, si elle voit ses moyens diminués, il est hors de question de lui laisser toutes ses missions, et plutôt que de toucher à la qualité de son équipement, je préfère que l'on mette fin immédiatement à toutes les opérations extérieures. Et puis fini de jouer à bateau sur l'eau avec notre gros porte-avion, vu les coûts de fonctionnement du bestiau...

    A ce que j'ai compris, les 3/4 des Français sont prêts à admettre une perte de souveraineté dans le domaine de la Défense afin de favoriser une politique communautaire pour réduire les coûts. Il faudra aller jusqu'au bout et céder notre siège au conseil de Sécurité à l'Europe, dans ces conditions. Simplement, une nouvelle fois, les mêmes qui hurlent sur facebook à l'inaction de la France en Afrique ou ailleurs ne devront plus venir couiner si la France se retrouve incapable d'agir faute de forces adéquates.

    On peut, oui, choisir la défense comme poste de réduction de dépenses, mais que cela soit fait en connaissance de cause.

    Les Français sont accrochés à leurs retraites comme des chapeaux chinois agglutinés sur un rocher à marée basse : je ne sais pas si vous avez déjà essayé d'en enlever un, mais c'est la croix et la bannière, autant tenter de casser le rocher au burin directement...Le problème, c'est que sur les retraites, il y a un vrai problème... Bref, c'est pas gagné...

     

  • Dette, François, tu dois te battre !

    La France a atteint sa cote d'alerte dans l'indifférence générale. Les blogueurs libéraux s'époumonent à alerter en vain l'opinion publique. Toi-même, François, tu as mis en garde maintes et maintes fois les Français face au danger que fait peser sur eux les déficits budgétaires accumulés et répétés. Le Portugal vient de voir sa note dégradée. Ceci signifie qu'il va payer plus cher l'argent qu'il va emprunter. L'Irlande sera la prochaine pièce à tomber. Puis viendra l'Espagne. Et quand les PIIGS auront été égorgés, les marchés commenceront à se dire que la France n'a jamais présenté un budget en équilibre en 35 ans. Et ils auront peur. S'ils ont peur, ils ne voudront plus prêter aussi aisément de l'argent à la France : alors, pour couvrir leurs risques, ils demanderont des taux plus élevés. Et dans le budget de l'État, la part qui est utilisée par le remboursement de l'emprunt sera plus importante : elle passera de 20 à 25%. Mais la France continuera à emprunter, cette fois, pour payer les intérêts de ses emprunts. Jusqu'à la catastrophe finale.

    Nous ne pouvons plus éviter de nous serrer la ceinture, c'est ce que toi, François Bayrou, tu as compris depuis longtemps, et que tu as popularisé en 2007. Nicolas Sarkozy a brassé du vent pendant trois ans en se réclamant de ton inquiétude. Je ne doute pas qu'il continuera à alimenter le courant d'air. La gauche se garde bien de parler du problème : elle sait très bien que pas une de ses promesses n'est tenable.

    Des coupes sombres dans le budget, et des hausses d'impôts, nous y viendrons. C'est tout à fait inévitable. Moi, j'ai peur. J'ai peur pour moi et ce qu'il va advenir de moi dans cette France qui sombrera. Quand Nicolas Sarkozy sera dos au mur, il fera ce qu'ont fait bien des responsables politiques avant lui : il convoquera ses conseillers et ses ministres, et il leur dira, «débrouillez-vous, je veux tant de milliards d'économie pour l'an prochain». Et notre sort à tous sera scellé, mais il sera scellé sans que nous soyons consultés : des technocrates décideront, en fonction de leurs humeurs, ce que nous gardons, comme dépenses, et ce que nous coupons.

    JE VEUX UN DÉBAT PUBLIC sur nos dépenses et les arbitrages qui seront nécessaires. François Bayrou est la seule voix crédible, dans le désert, à pouvoir porter cette demande.

    François, tu ne dois plus te contenter de leur dire que la dette est un danger mortel. Tes adversaires politiques le savent tous. Ils cachent cet état de fait pour pouvoir mentir à leurs concitoyens et éviter de dire ce qu'ils devront faire ce jour-là.

    Toi, on annonce ta mort tous les matins. On considère ton parti comme moribond. Mais tu dis la vérité. Même si tu es le seul à la dire, tu dis la vérité. Moi, François, ce que je veux, c'est que tu proposes aux Français un programme politique et économique qui tienne compte des arbitrages qui seront nécessaires. Dis-le leur : «Français, Françaises, la France est au bord de la faillite. Elle n'a plus les moyens de conserver son train de vie. L'heure des choix a sonné. Nous, Démocrates et Libéraux, voilà ce que nous considérons comme essentiel, et pour lequel nous préserverons les moyens coûte que coûte ».

    Et tes commissions, et toi-même, François, vous l'avez ébauché dans votre programme pour les élections européennes. Vous l'avez dit qu'il y avait des Biens supérieurs : des biens qui ne pouvaient être soumis aux seules lois du marché. Eh bien tu devras dire que ces biens-là, ils ne pourront non plus être soumis aux seuls arbitrages budgétaires.

    Et alors, peut-être que d'autres forces politiques ne seront pas d'accord avec nos priorités. Elles feront d'autres choix, mais le débat sera né, et c'est cela l'important. Nous, nous savons que nous plaçons au-dessus de tout l'Éducation, la Santé et le Justice. Nous savons aussi que nous donnons à la Culture une grande importance. Nous savons enfin que nous voulons libérer les initiatives et que les entreprises, particulièrement les petites doivent avoir le moins d'obstacles possibles pour croître et prospérer.

    Avec nos amis Libéraux, nous, Démocrates, avons des convergences et des divergences : comme nous, ils sont soucieux de l'équilibre des comptes publics, mais en revanche, je ne crois pas qu'ils reconnaissent une catégorie de Biens comme supérieure, tel que nous le faisons. Nous aurons donc des débats avec eux, et nous ne serons pas toujours d'accord. Mais de la confrontation des idées, je suis persuadé que nous ne pourra surgir qu'un bien pour la France.

    François, tu es mon dernier espoir, notre dernier espoir. Ne lâche rien, François, n'abandonne rien, bats-toi, bâts-toi, François ; bâts-toi ! Saisis-toi du sort de la France à bras le corps, embrasse-le, et porte-le sur les fonds baptismaux sans relâche jusqu'à ce que nous obtenions le débat auquel nous avons droit.

  • Hausses d'impôts inévitables

    Hélas, et mille fois hélas, je vois à grands pas se rapprocher ce que je crains de longue date : c'est le blogueur Hashtable qui le relève, l'agence Moody's émet une sévère mise en garde contre la France, envisageant que sa note sur les marchés financiers soit dégradée à court terme. Il n'existe désormais plus d'alternatives : notre dette pourrait nous étouffer à court-terme. Nicolas Sarkozy est un capitaine ivre à la tête d'un esquif en perdition. Une nouvelle fois, je le dis, et je le redis, Bayrou a averti que la situation grecque est possible pour nous : cela se précise, nom de D... Quand est-ce que ce gouvernement imbécile, incompétent et trouillard va-t-il se décider à revenir sur ses dogmes et à agir ? On reparle de la TVA sociale dans la majorité, mais ce n'est pas suffisant : Michel Sapin a raison, Sarkozy doit revenir sur les baisses d'impôts consenties, mais, pour ne pas me contenter de reprendre la vulgate socialiste, il ne doit pas s'agir seulement des plus riches : il faut revenir sur toutes les mesures ridicules mises en place par le chef de l'État : notamment les gratuités de toutes sortes, la fin de la publicité à la télévision, l'inapplicable droit au logement et j'en passe. La gauche n'est pas en reste : Huchon a finalement admis de mettre en place le Pass Navigo à tarif unique en île de France, alors qu'il y était initialement opposé en raison de son coût. Voilà de nouvelles dépenses quand il faudrait économiser !

    Ce ne sera pas suffisant : il faudra aussi tailler dans la dépense publique. Supprimer tous les doublons partout où ils se présentent, dégager ce qui n'est pas immédiatement essentiel. Cela suppose des arbitrages, et pas seulement des coupes sévères dans le budget sans se poser de questions : des arbitrages intelligents, évidemment, comme le suggère le blogueur Vogue Haleine et plus généralement l'Alliance Centriste.

    La Droite veut taxer la consommation, la Gauche le Capital. Il existe, je le pense, une voie moyenne entre ces deux extrémités habituelles, entonnées comme des refrains bipolaires par l'une et par l'autre. La voie moyenne, à mon avis, consiste en ceci : taxer efficace en préservant les choses importantes, les Biens premiers, pour reprendre la conclusion des commissions du MoDem au moment des Européennes. Taxer efficace ne signifie pas forcément tenter de piéger le koulak et lancer une chasse au capital, par exemple, mais considérer ce qui apporte le plus aux finances publiques. Si une mesure d'amnistie et une baisse des taux permettent le rapatriement de capitaux qui seront in fine plus productifs avec des ponctions basses, alors il faut la prendre. Il ne faut s'interdire aucune expérimentation et aucun délai, ni bref, ni long. Si une mesure ne fonctionne pas une année, rien n'interdit de ne pas la reconduire l'année suivante.

    Nicolas Sarkozy a promis, il y a peu, de lancer un grand débat sur les déficits et la dette. J'attends. Je l'attends de pied ferme et j'y participerai ; à l'évidence, je ne serai pas le seul, et tant mieux.

  • La Machine infernale

    La Machine infernale, c'est le titre d'une pièce de Jean Cocteau. Elle reprend le thème de l'Oedipe-Roi de Sophocle, avec quelques convergences, et quelques différences. Si l'Oedipe de Sophocle paraît le jouet d'un destin injuste, celui de Cocteau a largement usurpé le trône de Thèbes : il n'est pas un véritable héros et doit à la mansuétude et à la lassitude du Sphinx sa place. Dans les deux pièces, Oedipe est sourd aux avertissements répétés de Tirésias et le croit partie prenante d'un complot destiné à l'évincer.

    Retour au présent et à une réalité tout aussi insidieuse : de même que Thèbes doit affronter une peste dévastatrice à la suite du meurtre du roi Laïos, de même la France essuie une pluie de dépenses depuis de longues années. De même que le devin Tirésias essaie de mettre en vain en garde contre la cause des maux qui s'abattent sur la cité, de même Bayrou et quelques libéraux s'obstinent à crier en vain dans le désert la menace mortelle que la dette fait peser, comme une épée de Damoclès, sur la France. Hashtable est l'un de ceux-là : dans son dernier billet, il observe que l'agence Fitch vient à son tour de placer la France sous surveillance. Il faut bien comprendre que toute augmentation de nos taux d'emprunt génèrera une pression insupportable sur notre budget et rendra toute fuite en avant supplémentaire insupportable. Si Nicolas Sarkozy doit accomplir de force ce qu'il n'a su faire de bon gré, prendre des mesures crédibles pour réduire nos déficits, il finira comme Oedipe, chassé de Thèbes, aveugle et seul. Si Bayrou est notre Tirésias, alors c'est Tirésias qu'il faut porter au pouvoir, tant il aura averti et averti de ce danger. Ne peut être crédible pour affronter un danger que celui qui en a pris de longue date la mesure.

    Mais il ne suffit pas de vouloir lutter contre les déficits : il y a aussi la manière de le faire. Il faudra arbitrer et trancher entre plusieurs priorités et entre plusieurs manières de faire. A mes yeux, la politique commence là. Le problème, c'est que nous n'en sommes pas encore là. Faut-il accroître la fiscalité, réduire drastiquement les services publics, laisser à la charge des individus et du privé une part de la protection sociale et la culture, remettre à plat toutes les niches, abandonner les projets pharaoniques ? Toutes ces questions vont se poser avec acuité. Et il va falloir y répondre. Je choisirai, pour ma part, la force politique et l'homme ou la femme que je soutiendrai, en fonction de ces réponses-là. Mais nous n'y sommes pas encore, hélas. Certaines préconisations font peur : on entend parler de Paul Jorion comme un nouveau messie dans la sphère économique. Vous allez voir à quoi il pense le messie, comme genre de solutions pour que la France puisse dépenser encore plus. Citation...

    À qui l’État verse-t-il des intérêts en France ? À des banques, à des compagnies d’assurance, à des particuliers. Si ces particuliers ont de l’argent en trop qu’ils peuvent prêter à l’État, ne serait-il pas plus simple pour l’État de percevoir cet argent sous la forme de l’impôt ? Ce serait aussi beaucoup moins onéreux pour lui, puisqu’il n’aurait pas à verser d’intérêts sur la somme.

    Paul Jorion peut toujours dénoncer les méchants spéculateurs, ces derniers ne prospèrent jamais ailleurs que sur un terreau fertile. Bien avant d'attaquer la pratique spéculative, il faudrait commencer par s'occuper du terreau... La Machine infernale est en route, il est plus que temps d'introduire un grain de sable dans son mécanisme.

  • Grand emprunt et désendettement

    Je ne peux que souscrire, une nouvelle fois, à 100% au discours du sénateur du Val-de-Marne, Jean-Jacques Jégou sur le Grand Emprunt et le désendettement. Il commence à vraiment me plaire celui-là :-) Comme le dit Number One (c'est une private joke) un Jégou a toujours raison...

    On ne peut contester que le grand emprunt entre guillemets, même plus raisonnable, a un impact immédiat et massif sur notre déficit budgétaire, puisque il s’établira aux alentours de 149 milliards en 2010 au lieu des 117 milliards votés en loi de finances initiale. Il n’y a pas de secret, un emprunt supplémentaire de 35 milliards, cela fait 35 milliards de dépenses supplémentaires et 35 milliards de dettes supplémentaires, même si ce ne sont que 22 milliards qui seront empruntés. Emprunter davantage, c’est s’endetter davantage, et c’est voir la charge de la dette augmenter ! 

    L’aggravation du déficit budgétaire devra être couverte par un recours accru à l’emprunt, qui conduira à une augmentation de la dette publique, pour s’établir aux alentours des 1 650 milliards d’euros en 2010, soit plus de 83 pour cent du PIB. La charge de la dette représentera, quant à elle, 43 milliards d’euros cette année, en augmentation de plus de 5 milliards par rapport à 2009. Cette augmentation ne peut que nous inquiéter compte tenu de l’augmentation inéluctable des taux d’intérêt : le risque est bien que très prochainement la charge de la dette n’absorbe la totalité de nos « maigres » marges de manœuvre budgétaires. 
    Cela veut dire, comme l’indique le récent rapport annuel de la Cour des comptes, que le recours supplémentaire à l’emprunt pour financer les investissements d’avenir ne peut qu’aggraver la perspective d’un endettement approchant les 100 pour cent du PIB dès 2013. Or, les capacités de l’Etat français ne sont pas extensibles à l’infini, puisqu’elles dépendent des capacités d’absorption par les marchés des émissions massives de titres. 

    A terme, le risque que fait courir à notre pays l’ampleur des déficits et de l’endettement publics est bien d’aboutir à une dégradation de la qualité de la signature de la France, qui aurait des conséquences particulièrement négatives sur le service de la dette. De la capacité de notre pays à assainir ses finances publiques dépend sa crédibilité aux yeux de ses créanciers. Il y a donc urgence. 

    A ce propos, je citerai la commission Juppé-Rocard que j’approuve totalement sur ce point : « la situation et les perspectives préoccupantes de nos finances publiques plaident pour que, dans la durée, ce soit par le redressement de la situation budgétaire et par la réallocation des dépenses que l’Etat trouve d’abord les moyens de financer ses investissements. » Les conclusions de la deuxième conférence sur les déficits publics nous permettront de mesurer sa détermination dans la réduction du déficit structurel, non lié à la crise, qui représente comme l’a clairement établi la Cour des comptes, la moitié des 8 pour cent du déficit de 2009. Je ne peux que paraphraser Thierry Breton lorsqu’il écrit que le « véritable investissement d’avenir, c’est le désendettement ! »

  • Le vrai danger, c'est la Dette, pas le vil spéculateur !

    Il y a quelque chose qui me frappe quand je lis et j'écoute la presse : partout on dénonce le vil koulak spéculateur, l'infâme trader, le banquier capitaliste sans vergogne près à ronger le vertueux état jusqu'à la moëlle, mais, bordell de m... : ce qui menace la stabilité du monde entier, autrement plus que les errements supposés ou réels de certaines banques, subprimes y compris, c'est la dette des États, nom de Dieu ! Oui, la dette ! Tiens, justement de retour de l'antre des libéraux, je viens de tomber sur une information explosive : l'agence Moody's vient de mettre en garde les USA, s'ils ne stabilisent pas leur endettement, ils courent le risque de voir leur note, actuellement AAA, dégradée. Et on ferait mieux de faire gaffe, en France : Fitch Ratings estime que Grande Bretagne, Espagne et France, parmi les pays notés AAA sont les plus vulnérables et donc candidats immédiats à la dégradation. Dans une période de grande méfiance, cela peut avoir des conséquences dramatiques, parce que la part de budget consacré à la dette va exploser. Terminés les promesses du sieur Sarkozy, les aides de toutes sortes, les grands emprunts et compagnie... On saura aussi que toutes promesses de dépenses nouvelles venant des partis politiques n'auront absolument aucune chance d'être réalisées.

    On devrait inventer le concept de crime économique. Un crime économique, par exemple, c'est quand vous dissimulez sciemment les aspects les plus sombres de votre compatibilité pour faire croire que vous êtes solvable. C'est ce que la Grèce a fait avec la complicité de banques qui lui ont fourni les outils financiers pour le faire, mais c'est aussi ce que la France fait en ne provisionnant pas les retraites par répartition.

    Une fois encore, je constate que seul Bayrou tire (en vain) la sonnette d'alarme, et, depuis un moment... DSK s'interdit peut-être des commentaires sur la politique nationale, mais en tant que directeur du FMI, il n'ignore rien des mouvements qui agitent les marchés financiers et donc du danger mortel qui guette la France. Quelqu'un l'a entendu ? Pas moi, en tout cas... Je donne quitus à ce pauvre Alain Lambert de prêcher dans le désert depuis un moment sur le sujet, mais j'ai l'impression que ces derniers temps il baisse les bras. Enfin, récemment, il au moins posé dans les bons termes la question fondamentale de savoir qui finance quoi en France. Je n'ai pas grande estime pour Luc Ferry, ministre nul à l'éducation sous Chirac, mais, récemment, je dois reconnaître qu'il a été très bon sur le libéralisme, la politique compassionnelle et le courage politique.

    Pour revenir sur notre dette, voici un petit billet qui va faire comprendre à ceux qui le liront ce qui les attend...

    Bref, comme le dit souvent un affreux libéral bien connu des amateurs éclairés de la blogosphère politique, ce pays est foutu...

  • Grèce/France, Bayrou a bien raison !

    Non, Monsieur Migaud, François Bayrou a bien raison de comparer l'état de la France et celui de la Grèce. Décevant de voir l'un des deux pères de la LOLF jouer le rôle du pompier incendiaire. C'est bien parce que Bayrou est un homme responsable, un vrai homme d'État, qu'il nous met en garde contre le danger mortel qui nous guette tous.  Un jour viendra, et, je crains qu'il ne soit proche, où le peuple français réalisera soudain que c'est en vain, en prêchant dans le désert, que François Bayrou l'avait prévenu. Seulement, si c'est trop tard...Ni les avertissements répétés de Cassandre, qui a vu venir le danger de très loin, dès le retour de Pâris à Troie, ni la méfiance de Laocoôn, prudent devant le piège du Cheval fabriqué par Ulysse et Epeios, n'ont pu empêcher la chute d'une Troie trop confiante.

    Oh que oui, nous avons une épée de Damoclès qui pèse sur nos têtes. Et elle ne tient plus qu'à un fil. Damoclès a eu la chance de n'être que mis à l'épreuve par Denys de Syracuse, mais nous, oui, nous Français, c'est bien menace aussi insidieuse que néfaste qui est prête à fondre sur nous, avec d'autant plus de force et de vitesse que nous serons encore frappés de stupeur quand il sera déjà trop tard.

    Est-ce l'habitude d'avoir creusé les déficits, eux aussi ? C'est tout de même fort de voir un député socialiste voler au secours de l'impéritie sarkozyste...

  • Dette : le jour où la France regrettera de ne pas avoir élu Bayrou

    Je regarde avec une grande inquiétude (frayeur ?) les évènements de Grèce. La Grèce est contrainte, en raison de ses déficits publics, d'appliquer un plan de rigueur sans précédent. Coupes sombres dans les programmes sociaux, blocage des salaires des fonctionnaires, et même parfois diminution de leurs revenus avec suppression des primes, l'heure est noire dans le pays.

    Or, la Grèce est notre avenir, à nous autres Français. Les bêtises crasses de Nicolas Sarkozy ont fait exploser nos déficits comme jamais ; contrairement à ce que tente d'expliquer malhonnêtement le gouvernement, la crise n'en est pas la cause principale. Seuls Bayrou et le MoDem continuent d'évoquer ce danger mortel, et, lorsqu'ils proposent des mesures, se gardent bien d'annoncer de nouvelles dépenses. Les autres sont silencieux. Sarkozy et Fillon font de l'agit-prop mais se foutent littéralement de la gueule du monde et des autres partis politiques. Après avoir vidé consciencieusement les caisses, et continuer à le faire, voilà que Nicolas Sarkozy convie toutes les forces politiques à un grand colloque sur la dette. Mais de qui se moque-t-il ? Qu'il commence par annuler toutes les mesures débiles qu'il a prises dans le domaine de la fiscalité et les nouvelles dépenses publiques qu'il a généré.

    Les Français doivent comprendre  : tout ce que nous avons vécu ne sera rien à côté de qui va leur tomber dessus s'ils soutiennent les dépensiers (Sarkozyste et socialistes !) aux différentes élections. Et ce sera très très brutal.

    Que va-t-il se passer en 2013, quand nous allons atteindre les 100% du PIB de dette ? La Cour des Comptes ne cesse de mettre en garde le gouvernement. J'en ai assez de ces politiques qui tablent toujours sur la croissance pour effacer leurs conneries. Promesses d'ivrogne qui vont finir par nous coûter très cher. Je note d'ailleurs ce qu'écrivait Thierry Breton dans Le Monde le 1er février dernier :

    Notre dette publique, selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI) et de Bruxelles, aura augmenté de plus de 50 % entre 2007 et 2012, passant de 1 210 à environ 1 850 milliards d'euros. De 64 à environ 90 % du PIB. [...]

    De fait, notre propre histoire économique nous enseigne que, à l'opposé d'une idée trop répandue en France, les déficits et la dette ne créent pas la croissance : au contraire ils l'asphyxient sur le moyen terme ! Sur les trois dernières décennies, notre croissance potentielle n'a cessé de baisser à mesure que s'accumulaient déficits et dette. Evidemment, le chômage structurel a suivi. Le parallèle historique parle de lui-même. Ma conviction est faite : le véritable investissement d'avenir, c'est le désendettement.

    Bon sang de bois : c'est que n'a cessé de dire Bayrou depuis quatre ans. C'est quasiment le préambule du programme économique du MoDem. C'est évident, la véritable relance, c'est celle-là, le désendettement. Cela dit, il ne manque pas d'air, le Thierry Breton : non seulement il n'a rien fait pour juguler la dette quand il était Ministre de l'économie, mais en plus il propose de créer un nouveau plafond à 90-100% du PIB pour prendre acte de la situation des États européens. Eh bien non ! Non, et non ! je suis contre. Totalement contre. C'est comme l'ivrogne qui se sert sa dernière rasade de gnôle et déclare ainsi préparer la cure. Il faut que nous revenions vers les 60%.

    Il faut commencer par faire un bilan en établissant nos priorités (et cela doit faire l'objet d'un débat) ; pouvons-nous, par exemple, continuer à jouer les gendarmes du monde ? Non, pas avec nos finances. Mieux vaut préserver les fonds nécessaires pour moderniser nos équipements plutôt que de dépenser des fortunes dans les opérations extérieures, avec in fine un matériel déliquescent.

    Il faut revenir sur la suppression de la publicité à la télévision, reconsidérer toutes les niches fiscales et supprimer celles qui n'apportent pas clairement des emplois en plus, réexaminer le bouclier fiscal et ne conserver que ce qui est pertinent, revenir sur les gratuités accordées quand elles ne répondent pas à un impératif social clair face à la détresse et à la misère.

    Il faut aussi refuser l'inflation des coûts que génèrent tous les opérateurs de l'État dont les effectifs ne cessent de gonfler.