Lors de son audition par la commission des Lois de l'Assemblée nationale, le lundi 5 mai, François Bayrou a annoncé qu'il présenterait, au cours de l'examen du projet de loi de réforme constitutionnelle, des amendements pour introduire une dose de proportionnelle aux élections. Il s'est aussi prononcé sur le "droit d'expression du chef de l'Etat devant le Parlement" et a exprimé son regret concernant l'absence de tout élément sur "l'indépendance des médias à l'égard de l'Etat et des puissances d'argent"....
Concernant l'amendement qu'il compte déposer sur l"introduction d'une dose de proportionnelle aux élections, François Bayrou a déclaré devant la commission des lois de l'Assemblée nationale : "Si l'on ne touche pas au principe de représentation, toutes les autres dispositions contenues dans le texte sont de pure façade". Après avoir annoncé que les parlementaires de son groupes (3 députés, 10 sénateurs) ne voteront pas la réforme sans introduction du scrutin proportionnel, il a plaidé pour une "représentation peut-être pas proportionnelle mais qui ne soit pas symbolique". Le mode de scrutin ne fait toutefois pas partie de la réforme de la Constitution.
François Bayrou a ensuite expliqué à nouveau qu'il ne "faisait pas" du droit d'expression du chef de l'Etat devant le Parlement "une affaire théologique". "Mais cela doit être devant le Congrès", a-t-il argué. S'il vient "devant l'Assemblée nationale, il faut qu'il écoute ce qu'elle a a dire". "Il faut qu'il y ait débat, sans vote", a-t-il précisé.
M. Bayrou s'est dit par ailleurs "en désaccord sur le fait qu'il faille déclarer qu'on soutienne le gouvernement", comme le prévoit l'article 1er du projet de loi. "Je suis incapable de dire si je soutiens ou non le gouvernement car cela dépend du gouvernement et de ce qu'il fait", a-t-il dit en jugeant par ailleurs cette disposition "en contradiction avec le fait que la Constitution proscrit le mandat impératif" des élus.
Il a par ailleurs jugé qu'"il manque à cette réforme un paragraphe sur l'indépendance des médias à l'égard de l'Etat et des puissances d'argent", en promettant un amendement en ce sens.
M. Bayrou a enfin précisé qu'il avait demandé d'intégrer la commission des lois afin de participer à l'examen du projet de réforme.
Politique - Page 110
-
Réforme constitutionnelle, propositions de François Bayrou
Audition devant la commission des Lois : François Bayrou proposera des amendements pour la proportionnelle -
Législative partielle dans les Alpes Maritimes
Christian Estrosi cherche à récupérer son siège de député dans les Alpes maritimes (après avoir promis de ne s'occuper que de Nice...). Il y a aura donc une élection législative partielle les 18 et 25 mai 2008.
Est-ce quelqu'un sait s'il y a un candidat MoDem prévu ? La dernière fois, en Vendée, j'ai été averti trop tard, mais cette fois, j'aimerais bien contribuer à faire connaître le candidat du MoDem, en espérant qu'il y en a un !
-
Révision constitutionnelle : d'accord avec le PS
Globalement, je ne peux qu'adhérer aux demandes du PS à propos de la réforme des institutions, et notamment avec les deux suivantes :
- introduction d'une dose de proportionnelle à l'assemblée nationale (à condition que la dose ne soit pas infinitésimale, bien sûr. Les Socialistes parlent actuellement de 60 députés, ce qui me semble un peu juste, mais est mieux que rien.)
- proportionnelle intégrale au Sénat : excellente idée. J'applaudis des deux mains, de la main droite, et de la main gauche :-) Le Sénat serait bien plus représentatif, et comme beaucoup de grands électeurs ne sont pas encartés dans un parti, moins tributaire du jeu des partis.
Il faut se méfier des intentions du sarkozysme triomphant qui tente de biaiser les règles, puisque sa dernière intention était de limiter la proportionnelle aux élections régionales.
-
Paris Démocrate, le pari de Marielle de Sarnez
Loin de baisser les bras, Marielle de Sarnez reprend la main à Paris. Elle entame une vaste consultation auprès des adhérents parisiens avec pour objet de définir les missions principales du MoDem parisien, et, en tirer en conséquence un mode de fonctionnement. Elle a pour cela créé un blogue spécifique à cette consultation : Paris Démocrate.
Pour ma part, je me suis intéressé en particulier à certains items du questionnaire. J'ai coché des cases (jadore cocher des cases) en fonction de ce que j'estimais être des priorités ou non.
Parmi les propositions suivantes relatives à la vie du projet, lesquelles vous semblent des missions pertinentes pour le Mouvement départemental ?
Enrichir le projet
Prioritaire
Important
Secondaire
Contribuer au débat politique national
X
Contribuer au projet national du Mouvement Démocrate
X
Enrichir en permanence le projet pour Paris
X
Décliner le projet parisien dans tous les arrondissements
X
Décliner le projet parisien à l'échelle des Conseils de quartier
X
Réagir à l’actualité politique locale
X
Travailler en concertation avec les Mouvements Départementaux limitrophes de Paris
X
Elaborer une structure de réflexion à l’échelle du grand Paris
X
Parmi les propositions suivantes relatives à la promotion de nos valeurs et de nos idées, lesquelles vous semblent des missions pertinentes pour le Mouvement départemental ?
Promouvoir les valeurs et le projet
Prioritaire
Important
Secondaire
Aller à la rencontre des Parisiens
X
Etre présent et actif dans les Conseils de quartier
X
Bâtir et entretenir des réseaux de sympathisants
X
Bâtir et entretenir des réseaux associatifs
X
Bâtir et entretenir des réseaux économiques, sociaux, culturels…
X
Avoir une présence médiatique forte
X
Investir la sphère Internet : sites, blogs, forums de débats...
X
Préparer activement les échéances électorales futures
X
Rapprocher les leaders d’opinion de nos valeurs
X
Parmi les propositions suivantes relatives à la place de l’adhérent, lesquelles vous semblent des missions pertinentes pour le Mouvement départemental ?
Mettre l'adhérent au cœur de l'action politique
Prioritaire
Important
Secondaire
Accueillir les nouveaux adhérents
X
Valoriser l’expérience ou l’expertise des adhérents
X
Former les adhérents à l'action politique
X
Accroître la culture politique des adhérents
X
Augmenter le nombre d'adhérents
X
Permettre à chacun de contribuer au projet
X
Informer sur l'actualité politique locale
X
Créer un outil de communication interne (lettre, mail…)
X
Informer sur la vie du Mouvement
X
Fournir des outils militants aux adhérents
X
Valoriser l'action militante de terrain
X
Détecter les cadres et candidats de demain
X
Créer des espaces de rencontre autour de centres d'intérêt communs
X
Accroître les actions de convivialité
X
Définir les droits et devoirs des adhérents
X
-
Le Caractère de Sarkozy
Je viens de faire un petit tour chez Chantal, manifestement aussi agacée que moi par la vindicte de Sarko contre la princesse (de Clèves) et j'y ai trouvé cette excellente citation des Caractères de La Bruyère par Thierry dans le billet concerné.
Je ne résiste pas au bonheur de la relayer, tant elle résonne d'une saveur particulière en ce jour anniversaire dela nuit du Fouquet's
«Il y a parler bien, parler aisément, parler juste, parler à propos. C'est pécher contre ce dernier genre que de s'étendre sur un repas magnifique que l'on vient de faire, devant des gens qui sont réduits à épargner leur pain ; de dire merveilles de sa santé devant des infirmes ; d'entretenir de ses richesses, de ses revenus et de ses ameublements un homme qui n'a ni rente ni domicile ; en un mot, de parler de son bonheur devant des misérables : cette conversation est trop forte pour eux, et la comparaison qu'ils font alors de leur état au vôtre est odieuse.»
(De la société, 23 - éd. 5, 1690) -
Les Vigilants ou l'anti-politique
C'est marrant, cela fait un moment que j'entends parler des Vigilants, ou, tout du moins, que je vois leur sigle.
Voici comment le blog des Vigilants présente leur action :
Ce site rassemble les blogs qui observent Sarkozy, commentent ses décisions et leurs effets, et notent les sources. Une bibliothèque de tout ce qui passe trop inaperçu. LES BLOGS SONT REGROUPÉS SELON LEUR PRINCIPALE TENDANCE : LES INFORMATEURS, LES ANALYSTES, LES ACTIVISTES, LES MILITANTS ET LES THEMATIQUES.Je subodore que je vais encore me faire tout plein de nouveaux amis, mais je juge leur action tout à fait superflue. En se polarisant sur un homme, les Vigilants finissent par oublier de parler de la politique elle-même. Bien sûr, Nicolas Sarkozy nous habitue petit à petit à ses outrances, et certaines méritent d'être relevées, mais, en acceptant de jouer finalement le même jeu que la presse people, les Vigilants ratent une large part du débat sur les enjeux.
Au demeurant, c'est un peu le travers dans lequel tendent à tomber le MoDem et François Bayrou de temps à autre : la critique seule ne peut valoir une ligne politique. Il faut débattre sur les orientations politiques et faire des contre-propositions. C'est en ce sens que j'avais évoqué un shadow cabinet pour le MoDem, afin de justement être cette force-là.
J'apprécie par exemple la démarche de Marielle de Sarnez à Paris, parce qu'en réactivant les commissions du MoDem, en escomptant désigner des porte-paroles pour chaque grand thème de l'action politique parisienne, elle remet les enjeux citoyens au coeur de son action politique.
Bref, pour revenir sur les Vigilants, ce n'est pas l'idée d'une veille que je conteste, mais plutôt l'objet précis de cette veille. Je le pense depuis longtemps, une large part de la blogosphère en fait trop à propos de Nicolas Sarkozy, et, ce-faisant, étouffe tout débat.
Je pense qu'il faut en finir avec une certaine forme d'hystérie collective qui montre les individus du doigt (par exemple, au MoDem, les sénateurs UDF, ou, tout du moins, ceux qui expriment un avis divergent de la ligne de François Bayrou).
Finalement, cette hystérie-là à coup de slogans, elle devient à la politique ce que le hamburger est à l'hygiène alimentaire et à la bonne santé...
Nonobstant ce billet, cela n'empêche pas nombre de blogs dotés du sigle Vigilant d'être des blogs de qualité.
-
Le Pen ne sait plus quoi faire pour exister...
Jean-Marie Le Pen s'est fait remarquer, une fois encore, par ses propos outranciers et indignes sur l'histoire de la seconde guerre mondiale et le sort fait aux déportés, dont il nie la souffrance.
La réalité, je crois, surtout, c'est que le Front National s'est effondré aux dernières élections, et que le mouvement continue. Alors Jean-Marie Le Pen essaie de créer un "évènement", espérant désespérément braquer les projecteurs sur lui.
Si l'instrumentalisation d'un sujet grave n'était pas odieuse, en cette circonstance, on pourrait se demander ce qui l'emporte, entre le misérable et le ridicule, dans cette tentative avortée.
Jean-Marie Le Pen pourrait passer quelques temps en prison, mais en réalité, personne ne s'en émeuvra. Et demain, les médias l'auront à nouveau oublié...
-
Le MoDem, une alternative claire
Il y a cela de bien, quand on la flemme de rédiger soi-même un billet, qu'en parcourant les contributions qui figurent sur le site du MoDem, on en trouve pas mal d'intéressantes. Et notamment celle-là (il s'agit manifestement d'un militant MoDem outre-Manche, mais pas moyen de déterminer son identité ):
Le MoDem a pour ambition de s’imposer comme alternative politique, à coté du PS et de l’UMP. Quels sont les atouts du MoDem ? Pour plus de details et des notes comparatives France-Angleterre, RDV sur le site internet du MoDem UK, www.mouvementdemocrate.org.uk
Le MoDem a pour ambition de s’imposer comme alternative politique, à coté du PS et de l’UMP. Quels sont les atouts du MoDem aujourd’hui pour s’affirmer dans cette voix ?
Le premier est la riche tradition politique française dont le MoDem se veut l’héritier. L’horizon du Modem ne se réduit pas à cette élection municipale ni aux ambitions présidentielles de François Bayrou. Par ses racines, il s’inscrit dans la continuité de certains mouvements politiques souvent majoritaires en France : le Parti Radical de Mendès-France, l’UDF de Valery Giscard d’Estaing et Raymond Barre ou encore le PS de Michel Rocard lorsqu’il fut Premier Ministre. Il reflète un courant fondamental de la vie politique française, injustement représenté et toujours confiné entre un grand parti de gauche un grand parti de droite.
Les mouvements démocrates, qu’ils soient sociaux-démocrates ou sociaux-libéraux, ont souvent brillé par la justesse de leur analyse et propositions économiques ou sociales mais ils n’ont jamais su transformer cette énergie intellectuelle en grand parti polaire de masse susceptible de gagner des élections. Ils sont aujourd’hui représentés à la droite de la gauche (les Rocardiens, Strauss-Khaniens ou le Parti radical de Gauche) comme à la gauche de la droite (les anciens de l’UDF, le Parti Radical de Jean-Louis Borloo). Le score de François Bayrou aux élections présidentielles a offert une occasion unique pour placer dans la durée ces mouvements et enfin leur offrir un grand parti politique pour s’imposer dans le pays. Il faut transformer cet élan populaire de la présidentielle en parti de masse susceptible de devenir demain un acteur dominant de la vie politique française.
La force du MoDem réside en effet pour partie dans cette tradition intellectuelle mais également dans la cohérence des ses idées et ses propositions. C’est son deuxième atout principal. Parmi les quelques grands principes qui font l’unanimité au sein du MoDem, on retrouve :
- Une grande Europe politique et fédérale
- Une réforme des institutions qui accorde un plus grand équilibre des pouvoirs entre l’exécutif, le parlement et le pouvoir judiciaire
- Une économie plus souple et plus flexible qui valorise l’esprit d’entreprendre et l’initiative en favorisant les PME
- La place de l’État dans la société qui au lieu de se substituer aux citoyens doit davantage les accompagner et les responsabiliser
- Une solidarité dynamique dont l’objectif est d’assurer une égalité des chances réelle à travers la réhabilitation d’une école d’excellence qui soit ouverte à l’ensemble des citoyens, une santé qui reste accessible à tous ou bien la création de logements pour les plus démunis
- Une politique d’intégration qui ne se réduit pas à une politique d’immigration mais qui insiste davantage sur le volet préventif
Contrairement au PS et à l’UMP, le MoDem est en effet doté d’une ligne claire sur ces principes fondamentaux. Prenons l’exemple de l’Europe : La gauche s’est divisée sur ce sujet lors du referendum sur la constitution européenne. La droite reste encore partagée entre des souverainistes et des européens convaincus. Le clivage était apparu nettement lors des élections de Maastricht lorsque Michel Seguin avait pris la tête des opposants à Maastricht.
Sur la question de la place de État dans l’économie, la gauche et la droite sont également très divisées sur le plan des idées : pour le PS, une partie de son aile gauche représentée par Jean-Luc Mélenchon ou Henri Emmanuelli n’a toujours pas complètement accepté le principe de l’économie de marché : la parenthèse ouverte par Mitterrand en 1982 sur le libéralisme économique doit maintenant être refermée…Quant à la droite, entre Henri Novelli ou les disciples ultra-libéraux d’Alain Madelin et ceux qui comme Chirac témoignent d’un attachement certain à l’état et à son rôle économique, le fossé apparaît également très grand. Les promesses déçues de Sarkozy reflètent ces atermoiements idéologiques à droite entre les partisans d’un grand bing-bang liberal et ceux qui demeurent plus étatistes.
Ces deux sujets reflètent les nombreuses divisions idéologiques qui traversent l’UMP et le PS. On ne devrait pas s’y étonner car le PS et l’UMP sont davantage des machines politiques destinées à gagner des élections que de réels mouvements politiques défendant une idée claire pour la France. Celui qui s’impose à la tête du PS/l’UMP sera celui qui sera capable de mieux s’approprier à son avantage les rapports de force au sein du parti. Le sigle UMP signifiait d’ailleurs à ses débuts Union pour la Majorité Présidentielle, ce qui montre encore une fois que ce parti a été bâti pour la conquête du pouvoir avant celle des idées.
Le MoDem a donc choisi de bâtir un parti politique s’articulant autour d’un projet cohérent pour la France contrairement au PS/UMP qui restent des syndicats d’élus attachés à la conquête du pouvoir avant celle des idées. Le MoDem doit maintenant passer de la phase d’opposition aux gouvernements à celle d’une campagne de convictions des Français. Il faut désormais que les Français adhèrent au projet MoDem non plus par opposition au PS/UMP mais par convictions. Ils verront alors l’originalité et l’attractivité de cette troisième voix politique que propose le MoDem.
-
L'UDF ne renaîtra pas
François Bayrou a mis en échec mercredi soir les partisans d'une renaissance de l'UDF lors d'une réunion du bureau de l'ancienne formation centriste.
"Nous avons décidé (...) que le Mouvement démocrate allait continuer à se développer", a déclaré le président du MoDem à l'issue de cette réunion de trois heures. "Il n'y aura pas de retour à l'UDF historique", a-t-il ajouté en se réjouissant de ce "premier élément de clarification".
Selon M. Bayrou, cette décision a été votée à une large majorité de 19 voix contre six.
Une majorité encore plus large s'est dégagée sur la question de l'attribution du financement public. Celui-ci "ira au MoDem", a assuré M. Bayrou. Une convention va "édicter les règles entre les deux entités", a ajouté le président du MoDem. Elle portera notamment sur l'entretien du siège, a-t-il expliqué sans plus de précision.
Les partisans de la renaissance de l'UDF ont reconnu avoir été mis en minorité lors de cette discussion "franche". Le bureau n'a "majoritairement" pas souhaité que l'UDF retrouve une expression politique, a convenu le sénateur Jean Arthuis.
La minorité va continuer à "s'exprimer", a ajouté le sénateur de la Mayenne, partisan d'"un centre indépendant et suffisamment fort pour nouer des alliances claires".
François Bayrou avait convoqué ce bureau, chargé de veiller au respect des intérêts matériels et moraux de l'UDF, mise en sommeil le 30 novembre dernier à la veille du congrès fondateur du MoDem, pour vider la querelle l'opposant aux partisans de la renaissance de l'UDF.
Ces derniers ont lancé une pétition après l'échec du MoDem aux municipales pour faire revivre l'UDF. M. Bayrou, qui a dénoncé une manoeuvre téléguidée par l'Elysée pour l'éliminer, a annoncé lundi qu'il allait demander, avant l'été, aux quelque 60.000 adhérents de son parti de confirmer par un vote sa "ligne d'indépendance" par rapport à l'UMP et au PS. "Tous ceux qui veulent utiliser des interrogations pour faire une crise repartiront gros Jean comme devant", a-t-il prévenu mercredi soir. AP -
Jean Lassalle s'exprime sur France Culture
Un militant MoDem a eu l'excellente idée de retranscrire l'entretien de Jean Lassalle, député MoDem, sur France-Culture lundi 12 avril. Faute de disposer de son nom, je ne peux le remercier nominativement, mais, à défaut, je fais le lien vers sa contribution sur le site du MoDem, et je la copie sans vergogne ici.
Jean LASSALLE sur France Culture le 12 avril 20081/ Pourquoi faîtes-vous de la politique ?J’aime ça, j’ai le virus comme on dit. Et puis j’avais un besoin de revanche, de réhabilitation, notamment pour ma famille, pour mon père que j’ai beaucoup aimé, pour ma mère parce qu’ils n’étaient pas jaugés à l’aune auquel je les voyais. J’étais très heureux avec eux, dans ma famille et très malheureux à l’extérieur. J’avais conscience d’une certaine injustice profonde qui m’a certainement habité. Et puis après ça a été un concours de circonstances. Comme j’étais très timide, au point de ne pas pouvoir parler jusqu’à l’âge de 18 ans. Mais quand je suis revenu du lycée agricole, c’étaient les municipales. Le village était divisé –il n’est pas besoin d’être nombreux pour être divisés- et j’ai été élu maire puis conseiller général.Être maire d’un petit village, c’est quelque chose d’exceptionnel. On devrait, parmi la multitude de textes que l’on sort et qui ne servent à rien, en adopter un qui ferait obligation d’être maire pendant d’une petite commune pendant au moins un mandat. Je vous assure que ça ramènerait beaucoup d’humilité et ça ramènerait aussi à une autre relation humaine que celle que nous avons aujourd’hui.2/ le Panthéon de Jean LASSALLEJ’ai beaucoup d’admiration pour DE GAULLE et aussi, sans trop pouvoir en dire les contours pour KENNEDY. J’ai admiré très peu de gens et puis j’ai admiré des personnages locaux qui m’ont formé. Mais aussi Mélina MERCOURI pour sa volonté et son combat pour la liberté.3/ Ce qui vous révolte ?L’indignité.4/ Comment admire-t-on DE GAULLE quand on fait partie d’une formation politique qui a toujours été anti-gaullisteMoi j’ai aimé DE GAULLE pour la fibre résistance et pour cette attitude d’un homme qui se lève seul pour incarner une certaine idée de la France. Mais j’admirais aussi le PC et c’était donc une déchirure. Je n’aimais pas l’URSS mais j’admirais aussi cette grande idée du partage et de l’être ensemble. Alors DE GAULLE et le PC c’était difficile alors je me suis réfugié au Centre. Je suis un réfugié politique du Centre.5/ sur François BAYROU : sera-t-il un jour Président de la République ou au fond est-ce que cette question n’a pas d’importance ? Il mène son combat et peu importe s’il l’est un jour ou pas ?Je pense qu’il le sera car je n’ai jamais vu quelqu’un habité par une telle constance et aussi peu habité par le doute. Il porte cela en lui avec une tranquille assurance depuis le premier jour où je l’ai vu. Maintenant, est-ce que ça a de l’importance ? Pour moi oui parce que je crois qu’il est porteur du message de notre temps. Il est l’homme de cette époque. Maintenant est-ce que c’est important ? Qu’est-ce qui est important ? Nous ferons tout ce qui est possible de faire pour conduire cet homme parce que je suis intimement convaincu que cet homme est une nécessité à ce niveau de responsabilité pour la France, pour redonner un sens à l’Europe et pour restructurer un peu le monde.6/ sur les amis qui partentVous rappeliez les propos de Jean ARTHUIS et moi je ne me considère pas comme un illuminé, je n’ai aucune envie de m’immoler par le feu, pour qui que ce soit. S’ils pouvaient faire un convoi groupé et partir tous ensemble, ça nous arrangerait bien parce que d’abord, eux ça les libèrerait, parce qu’ils ne sont pas heureux et puis nous aussi parce que ça nous permettrait de faire enfin ce qu’il convient de faire et que tous ceux qui doivent partir s’en aillent. Peu importe qu’ils soient sénateurs, députés –bah on n’est plus beaucoup !- et conseillers généraux ou maires ou conseillers régionaux et qu’on puisse redémarrer parce que manifestement nous sommes sur une souffrance parce que nous sommes dan la même maison mais ne parlons plus de la même chose.7/ sur la représentation du rural et la place des élusNous n’avons plus de militants et moi je crois qu’il faut du militantisme et c’est pourquoi j’espère tant du Mouvement démocrate pour recréer un terreau de militants d’où sortiront des élus qui, à ce moment-là, exprimeront la voix e ceux qu’ils représentent. Les élus des campagnes n’osent plus parler de peur qu’on les assimile à des ringards.Nous nous sommes laissés déposséder du pouvoir d’intuition, du pouvoir d’engager l’action politique par une camarilla de très hauts fonctionnaires qui sont à la tête de l’État, qui représentent l’ensemble des corps de l’État et qui prennent les dispositions à notre place.8/ Sur le cumul des mandatsSur le cumul des mandats, moi je crois qu’il faut un mandat national et un mandat local si on ne veut pas se couper davantage.9/ Sur la technostructureJe crois que nous ne sommes plus aux manettes et nous sommes les seuls à faire croire, de faire semblant de croire que nous y sommes encore.10/ Sur la question du local, du pouvoir et de la capacité de faire (termes de la question du journaliste) « il y a aujourd’hui beaucoup de réunions de collectivités. Jusqu’à quel point pensez-vous qu’il faille se rassembler pour qu’elles puissent exister ou pensez-vous qu’à force de les réunir, on leur fait perdre leur âme ? »À force de vouloir tout réunir, tout rassembler, tout concentrer, on finit par perdre l’essence même de la vie, de la représentation.Le politique doit rêver pour que quelques-uns de ses rêves s’accomplissent. Moi je commencerai par des états généraux pour redessiner la France et mettre toute cette bonne volonté, toutes ces interrogations, toute cette énergie que l’on ressent aux quatre coins de notre pays, pouvoir la mettre autour de tables de réflexion.Je m’insurge parce que des hommes et des femmes ont poursuivi des études qu’ils n’ont jamais rattrapées se permettent de venir réglementer les Pyrénées comme si les Pyrénéens ne savaient pas être Pyrénéens et s’ils ne savaient pas faire chez eux le minimum qu’il faut, dans ce pays qu’ils aiment le plus, dans une région qu’ils possèdent au fond du cœur et des entrailles.11. Sur l’Union EuropéenneIl y a une contradiction chez moi que j’assume. Je crois qu’on ne peut pas être un homme politique et ne pas avoir son lot de contradictions. Nous en portons tous. Pourquoi moi les nierais-je ?Je pense que l’Europe, si elle veut vraiment trouver le rayonnement qui lui faut doit se faire par étapes successives –et nous avions très bien commencé- mais passer du jour au lendemain d’une notion où il y avait des États aussi fortement marqués qu’en Europe, avec des puissances aussi implantées historiquement –la France éternelle c’est pas tout à fait l’Ohio, l’Espagne si vieille c’est pas le Connecticut et que dire de la Rome antique et de la Grèce qui n’a même pas d’âge, c’est pas le Massachussetts et moi je crois qu’on a voulu trop copier le système américain alors qu’il fallait y aller par étapes et moi je crois que la réunion, come on le fait pour les communautés de communes à notre niveau, pour les communautés de ville, mais faire une communauté où l’on réunit l’ensemble des pays, où on se donne des mécanismes de prise de décision aurait été sans doute beaucoup mieux perçu et beaucoup mieux compris et nous aurait fait gagner beaucoup plus de temps que ce que nous avons fait. Nous n’étions pas prêts pour une fédération ou une confédération –la France n’a jamais été cela et ne le sera certainement pas ou sinon ça se saurait- et nous avons été engagés dans de faux débats qui ont failli me faire perdre mon latin. En tout cas moi j’ai voté contre (le référendum et le traité de Lisbonne) car je n’y comprenais rien. Je ne savais pas du tout ce qu’on voulait faire.10. Sur la grève de la faim et l’usine TOYALSi les choses ne vont pas, il faut bien commencer quelque part et moi j’ai commencé à cet endroit-là [à Accous, site d’implantation de l’usine TOYAL de Total dont la direction voulait délocaliser dans le bassin de Lacq, à soixante kilomètres]. Et en le faisant pour mon usine, je le faisais aussi au nom de tous ceux que je voyais pleurer à la télévision ou de tous les collègues qui rentrent avec moi le lundi soir, qui viennent de province, en disant « j’en ai trop pris sur la gueule ce week-end, demain je vais éclater au parti, je vais le dire dans la réunion de groupe ». Je le retrouvais à 14h00 et lui demandais « alors, tu t’es bien éclaté à la réunion de groupe ? » - « J’ai pu rien faire car bien sûr, on m’a parlé de la primaire que j’aurai à la prochaine législative ». Voilà alors moi j’ai voulu dire « stop » au nom de ces gens. Et j’ai voulu dire « stop » aussi à une manière de l’économie comme quelqu’un à un autre niveau que moi l’avait fait en 1929-1930 aux États-Unis, je veux parler de ROOSVELT car si le politique n’imprime plus sa griffe sur les grands choix économiques, on va dans la jungle dans laquelle nous nous trouvons et dont nous ne savons comment sortir.11. Sur SARKOZYJe crois qu’il est animé d’un désir profond de faire changer les choses. On n’a pas le parcours qu’il a eu, on ne se débarrasse pas du chiraquisme comme il l’a fait avec autant d’efficacité redoutable si on n’a pas envie de faire changer les choses par contre son arrivée au pouvoir a été terrible, plus tragique encore que celle de VGE parce qu’alors là il a gâché, par gaminerie, par jeunesse, par bêtise, une situation dorée. Mais pourquoi accumuler autant d’âneries en si peu de temps ? Donc je pense que ça l’a discrédité. Bon les Français sont on peuple malgré tout, ils vont lui laisser sa chance. Les Français ont besoin d’avoir un roi. Ils lui ont coupé la tête mais ils ont toujours besoin néanmoins d’avoir quelqu’un. SARKOZY, je le retrouve tel que je l’avais imaginé dans un premier temps, prétentieux et ça m’insupportait et je m’honore d’avoir été le seul député de France à l’avoir interrompu parce qu’il n’avait pas tenu parole à mon égard. J’ai trouvé quelqu’un de très volontariste avec qui je me suis très bien entendu et s’il n’y avait pas eu la présidentielle et ce choix qui est intervenu –cornélien devant lequel j’ai été mis, j’aurais continué avec SARKOZY. C’est un bagarreur et c’est dommage qu’il ne soit pas plus équilibré.12. Sur le mondeNous avons à peu près cinq ou six ans, peut-être dix au grand maximum, pour changer le cours des choses et retrouver le bon sens et remettre le politique en phase avec la gestion de la cité, avec les fonctionnaires, avec les journalistes, avec les intellectuels, bref tout le monde doit se réveiller sinon nous aurons la troisième guerre mondiale. Je ne le dis pas pour faire de l’effet, je le dis parce que ça me brûle, ça me fait terriblement mal. Lorsque nous arrivons aux extrémités auxquelles nous sommes rendus, il y a un très grand danger. Je suis président de cette association des pays de montagne du monde qui réunit 76 pays tout de même et je peux voir, aux quatre coins de la planète, le même mal qui ronge. D’abord on a faim, de plus en plus, deuxièmement on ne sait plus qui on est, on n’a plus d’identité, on n’appartient plus à rien, donc toutes les conditions malheureusement semblent remplies. Quant à ces politiques d’une incohérence terrifiante [qui font que l’on détruit les exploitations agricoles, les agriculteurs et les excédents, qui imposent des jachères alors qu’une partie du monde meurt de faim] ça donne le résultat que nous avons. Il aurait fallu, comme l’a fait Edgar PISANI en 1965, faire une grande loi-cadre agriculture et citoyenneté plutôt que cette misère sur les OGM qui dresse tout le monde les uns contre les autres et auquel personne ne comprend rien pour voir comment on va se nourrir, nous mais aussi les Européens et le monde et comment faire en sorte que d’ici quelques années, 4 milliards d’êtres humains sur 6, affamés, soient sur le pied de guerre. Alors ils perdront mais nous perdrons aussi. Et c’est surtout nos enfants et même leurs petits qui sont partis dans un cycle de violence qui sera sans fin. Nous avons la chance de pouvoir réagir, j’en suis convaincu, il y a suffisamment d’esprits éclairés qui ont ce pressentiment. Et bien assumons-le, c’est ce que j’essaie de faire, à ma modeste mesure.Je ne perdrai pas ma part de rêve.___