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  • Lanceur d'alerte, vraiment ?

    Je ne mets pas tous les lanceurs d'alerte dans le même sac. Si je me réfère à l'article de wikipedia qui porte sur le sujet, la plupart de ceux qui sont cités en exemple sont des gens estimables qui ont rendu service à l'humanité.

    Quand il s'agit de dangers sanitaires et environnementaux, de mise en danger de la vie d'autrui, de traite humaine, de comportements dégradants et inhumains, bien sûr que de dénoncer les mensonges et les exactions est un acte de courage.

    Quand ce sont, en revanche, de viles motivations idéologiques, les considérations morales cachent juste la soif de revanche et le désir de briller. J'ai les plus grandes préventions contre les "lanceurs d'alerte" médiatiques,  particulièrement quand il s'agit d'individus isolés qui se prennent pour des justiciers.

    Je n'ai par exemple aucune sympathie pour Antoine Deltour, dans l'affaire Luxleaks. Mieux, je suis bien content qu'il se prenne un procès dans sa face. Que penser d'un type qui balance les informations personnelles d'une série d'individus en pâture à l'opinion, qui trahit la confiance de son entreprise et, par suite, de clients envers lesquels il est engagé ? Tout ça, même pas pour de l'argent (non que ce soit bien beau) mais simplement par "conviction" anticapitaliste...

    Les Assange, les Snowden et compagnie n'ont rien apporté à l'humanité avec leurs révélations. Il paraît que la NSA capte des milliards de méga-octets de conversations téléphoniques. Très bien. Qui traite ces informations ? Personne, parce que les informaticiens un peu sensés savent que c'est impossible. Les justifications de Snowden dénotent en réalité un ego narcissique qui cherche à se faire mousser au maximum en se faisant passer pour un justicier. Assange n'est pas mieux : son wikileaks ne contient rien, n'a amélioré en rien le sort de l'humanité. On n'y trouve que des cancaneries de compères et de commères des cafés diplomatiques. Des choses royalement inintéressantes. D'ailleurs, les effets de wikileaks sur la diplomatie internationale sont très exactement au niveau du zéro absolu.

     Il y a dans ces gens-là quelque chose qui ressort du revenge porn, bombe atomique sale du raté.

     

  • Les intentions de Bayrou

    Je parcours de temps à autre le blog du CREC (Centre de Recherche et d'Étude sur le Centrisme) mais je le trouve la plupart du temps décevant. Alexandre Vatimbella a une dent contre Bayrou pour une raison que j'ignore et il lui prête systématiquement des calculs politiques et des arrière-pensées. J'avoue que c'est assez pénible : le nom du blog invite à croire qu'on est sur un site sérieux, pas un espace d'aigreur et de règlements de compte. Il n'y a pas d'ailleurs, d'analyse objective là où il y a de l'aigreur.

    C'est sidérant de vouloir à tout prix que Bayrou attende la chute de Juppé pour se lancer. Bayrou est un homme honnête, avec une éthique et des principes, chose devenue rare en politique. S'il dit qu'il est prêt à soutenir Juppé et souhaite sa victoire, il est sincère.

    Les soupçons n'entachent que ceux qui les formulent.

    Ce n'est pas très malin de la part de Fillon d'avoir assuré que Bayrou le soutiendrait s'il était vainqueur. En réalité, nul ne le sait. Quand Bayrou prend une décision, il cherche l'intérêt général, et, par-dessus tout, celui du pays qui lui est cher : la France.

    Lui supposer des calculs politiciens ne repose sur aucun élément avéré. Seulement une légende que des imbéciles ont construite de toutes pièces à propos de l'élection présidentielle.

    Bayrou représente un courant de pensée en France qu'absolument personne d'autre n'incarne. Il est le visage d'un centrisme à la fois tribunicien et modéré, une synthèse en principe impossible mais qu'il a réussi à effectuer. 

    Pas de mollesse de sa part, pas d'idées délavées et sans épaisseur mais au contraire, une pensée riche, profonde, originale, des intuitions lumineuses que personne d'autre n'a.

    Et puis surtout, le courage. Bayrou ne cherche jamais à saisir le sens du vent. Jamais de populisme facile, chez lui. Même si une idée, une pensée, est impopulaire, mais qu'il la pense juste, il la porte et la soutient. Et il ne tombe jamais dans la facilité de désigner des coupables et des bouc-émissaires, ce que fait à peu près tout le reste de la sphère politique. Rien que pour cela, c'est un homme estimable, et, par les temps qui courent, quand je considère les divisions qui nous menacent, c'est un homme précieux.

    Le CREC devrait y réfléchir, de temps en temps...

  • Réfugiés : et si la France écoutait Marielle de Sarnez ?

    Sur la question des filières d'immigration et des admissions de réfugiés, Marielle de Sarnez a une position constante (et de bon sens) depuis toujours (en tout cas, au moins depuis que je la connais).

    C'est l'absence de filières sûres et légales qui provoque une flux de réfugiés dans des conditions effroyables sur le sol européen.

    Ce que propose Marielle de Sarnez est simplement le bon sens : que l'Europe établisse des représentations partout où il y a des exils massifs et donc des demandes d'asile à prévoir. On construit des bureaux au Liban, en zone kurde en Syrie ou en Irak, en Turquie, bref, partout où il y a un grand nombre de candidats à l'émigration et on traite les dossiers sur place.

    Si on est logique, on le fait tous ensembles, nous les Européens, à défaut, au moins ceux qui seront d'accord pour cette procédure. Et si on veut aider les réfugiés à vivre décemment, on organise des systèmes de sanitaires, de la distribution d'eau, et on recrute des gens valables parmi les réfugiés pour protéger les femmes (bon, tout cela, c'est moi qui l'ajoute à la proposition initiale de Marielle de Sarnez - et de l'ADLE et du MoDem qui la soutiennent).

    L'Europe ne peut déléguer son droit d'asile aux pays qui l'entourent. Elle doit, au contraire, assumer son droit d'asile, l'harmoniser, réformer enfin Dublin, et gérer des voies d'accès légales et sûres pour les réfugiés syriens, comme l'a fait récemment le Canada par exemple.

    Voilà, ça me paraît le moins.

  • Projet éducatif des Républicains, pas si mal mais...

    Les Républicains ont eu la bonne idée de rendre public leur programme pour l'Éducation  (cliquer sur ce lien). J'ai vu que Jean-Paul Brighelli en avait fait une critique dans Le Point.

    Comme beaucoup de programmes, il a le défaut de survoler le sujet et n'évoque pas en chiffres clairs les intentions du parti. Toutefois, j'y lis avec satisfaction qu'il prévoit d'abroger la scandaleuse réforme du collège et de restituer à l'allemand et aux langues anciennes leur place. Il y a un certain nombre de principes qui sont réaffirmés sur l'autorité des maîtres, la sécurité, et cetera. Bon, ça ne mange pas de pain, et de mon point de vue, ce ne sont que des mots, donc, ce n'est pas ce qui m'intéresse en priorité.

    J'ai vu que les Républicains veulent revoir la formation des enseignants, dégager les délires pédagogiques et confier leur formation aux universités. Je ne vais pas m'en plaindre, mais je trouve que ce point justifierait une réflexion d'une autre ampleur. Je ne comprends pas pourquoi ni la psychologie, ni l'orthophonie ne font leur entrée dans le corpus du cursus des enseignants. Cela me semble central d'en avoir plus que des notions quand on enseigne. Et je ne parle pas de stages-bidon à la petite semaine mais d'une formation sur l'ensemble de l'année. Je vais le suggérer au MoDem.

    Les Républicains s'inquiètent des enfants qui sont le plus en difficulté à l'arrivée en CP. Très bien, mais il faudrait peut-être songer à ce qu'il se passe avant, c'est à dire en Maternelle. Tous les partis ne jurent que par les fondamentaux de la lecture, mais, pour ma part, je pense que le problème de fond, c'est le vocabulaire. C'est sur ce point, plus encore que sur le graphisme, qu'il faudrait se concentrer en maternelle. L'objectif est de donner à tous les enfants les moyens de comprendre ce qu'ils entendent.

    Je vois qu'il y a un souci de laisser une certaine autonomie au collège. Il faudrait voir en quoi elle consiste exactement. Je juge sage de ne pas imposer de méthodes pédagogiques et de privilégier l'efficacité. A voir à la pratique du pouvoir, les mots, c'est toujours facile de les semer. 

    Bonne initiative, cependant, de laisser aux écoles, aux communes et, peut-être aux collèges, le pouvoir d'organiser leurs rythmes scolaires. Sage décision. Principe de subsidiarité, il faut toujours faire confiance à l'échelon le plus pertinent.

    Accroître le temps de présence des enseignants, voilà qui me fait doucement rire. Avec quel argent ? La seule solution, c'est d'augmenter les volants d'heures supplémentaires et de proposer aux enseignants qui le veulent de participer à des dispositifs de suivi des élèves. 25% de temps en plus pour tous les enseignants, cela me semble irréaliste ; si déjà les Républicains parvenaient à organiser des études dignes de ce nom, à des horaires décents et pertinents, sur l'ensemble du territoire, ce serait déjà très beau.

    Il y a quelques autres propositions qui m'ont doucement fait rigoler. Pauvres militaires. Ils ont peut-être autre chose à faire que de s'occuper des adolescents pré-délinquants, ce que méditent les Républicains. C'est une idée qui revient souvent. Désolé, mais ce n'est pas leur job. La question de l'impunité est liée intimement au fonctionnement de la justice et aux moyens qu'on lui donne. Pas la peine de chercher midi à quatorze heures, il faut commencer par cela. Je n'ai pas encore étudié le projet des Républicains sur la sécurité, mais je fais le faire.

    Il existe un dispositif qui fonctionne bien pour les élèves perturbateurs du secondaire : on les appelle les classe-relais. Puisque les Républicains de veulent pas faire d'idéologie, qu'ils les étendent. Leur projet de créer des établissements de réinsertion scolaire, genre centres éducatifs fermés, me laisse sceptique.

    Penchons-nous sur les Universités. C'est clair, les Républicains veulent la peau du bac, qui ne doit plus être qu'un simple diplôme de fin d'études du secondaire. Ce que je retiens de leurs propositions, c'est que les Républicains veulent laisser les Universités augmenter leurs droits d'inscription et effectuer une sélection. Je lis notamment que les Universités exigeraient la validation de pré-requis. Au moins, ça a le mérite d'être clair.

    Je trouve une bonne chose l'idée d'un Open Data du supérieur qui permettrait aux étudiants d'examiner les taux de satisfaction des étudiants ainsi que l'insertion professionnelle des filières. Pour le reste, je trouve qu'il n'y a pas grand chose de neuf dans leur projet.

     Conclusion, pas mal, et nettement mieux que les idées d'Alain Juppé cet été, mais sans génie. J'espère que le MoDem fera nettement mieux, surtout après l'horrifiant programme des jeunes de l'UDI...

  • Taxer les CDD l'idée géniale de Valls et Macron. Désespérants...

    Je ne sais pas quoi dire. Ce n'est pas que je sois fan des CDD, mais la réalité impose d'admettre qu'ils sont souvent des portes d'entrée dans un métier pour les jeunes en recherche d'emploi. Ils sont aussi une sécurité pour les petites et moyennes entreprises dont les perspectives ne sont pas suffisamment sûres pour garantir un CDI. Je ne parle même pas des TPE pour lesquelles cela peut être une première création d'emploi.

    Ce gouvernement est profondément débile, je ne vois pas d'autres explications. Il l'a prouvé dans ses réformes de l'école, il le prouve tous les jours dans ses projets fiscaux, qu'ils touchent le particulier ou l'entreprise.

    Comme le dit François Bayrou, on se demande à quelle logique ce gouvernement obéit. Dans l'immédiat, la CGPME (Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises) est furieuse et menace de se retirer de toutes négociations sur la loi-travail. On la comprend aisément.

    Ce qui aurait été intelligent, mais tout de même à bien considérer en termes de coûts, ça aurait été d'accompagner le renouvellement du CDD en CDI au moins pour les TPE et les PME de petite taille en offrant une dégressivité de charges pendant deux ans, le temps que le CDI s'installe dans la structure. Je ne suis pas expert de la question, mais on peut imaginer une mesure encourageante, un signe fort, quoi que ce soit. Là, c'est tout l'inverse.

  • Boycotter les marques qui proposent des vêtements "islamiques" ? Absurde.

    J'avoue avoir connu Élizabeth Badinter nettement mieux inspirée. Voyons : elle suggère de boycotter les marques de vêtements qui proposent des tenues islamiques, c'est à dire conformes aux canons des régimes intégristes et autoritaires. Je pense qu'Élizabeth Badinter fait une très grande erreur d'analyse.

    Si la mode s'en mêle, particulièrement les créateurs, je peux lui garantir que ce ne sera pas le rigorisme qui va gagner...

    Le principe moteur de la mode et des marques, c'est de toujours pousser à la singularité (en apparence, tout du moins) et pour cela, elles doivent tôt ou tard se démarquer. En réalité, si les religieux acceptent la venue des modes chez eux, en Iran, en Arabie Saoudite, ailleurs, ils creuseront leur tombe, et on ne peut que s'en réjouir.

    François Bayrou, et je salue sa grande sagacité, s'est fait manifestement la même réflexion que moi, bien qu'en termes moins directs.

    «Il y a des moments où j’ai l’impression qu'en Occident, nous ne regardons que nous-mêmes. Il y a des centaines de millions de femmes dans le monde qui vivent selon les coutumes qu’on appelle l'islam, ou islamique - je ne sais pas si les deux mots on le même sens. Elles vivent comme ça dans leurs sociétés à elles. Eh bien, que la mode s’y intéresse, comment voulez-vous que ça ne soit pas le cas ? Du fait que la mode s’y intéresse, peut-être y a-t-il une ouverture, une autre manière de voir les choses ? Quelque chose qui n’est plus seulement dans l’enfermement ? Moi, c’est une polémique que je ne comprends pas bien

    Franchement, on ne saurait mieux dire.

    Les marques ne sont pas irresponsables, elles sont futées et s'engouffrent dans le moindre espace de liberté pour faire leur commerce. Le mauvais signe, ce n'est pas quand la mode s'en mêle, c'est au contraire quand elle disparaît.