Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • L'Ukraine pourrait vite déchanter

    J'ai suivi les événements d'Ukraine avec beaucoup d'intérêt mais aussi de prudence. Il y a une chose qui me gêne depuis le début de la crise politique qui s'y déroule, c'est que je n'identifie pas clairement quels courants animent l'opposition. S'il me semble clair qu'elle comprend des libéraux, et plus généralement des pro-européens, il y aussi une frange, dont il a été parfois question entre deux lignes dans les médias, qui se rattache à la sphère nationaliste. Ceux-là, je ne comprends pas exactement ce qu'ils veulent et je ne vois pas quel intérêt ils ont dans cette histoire.

    Je ne sais pas quoi penser de Ioulia Timochenko. J'ai cru comprendre que c'était une oligarque de longue date et qu'elle était tout de même compromise dans des histoires d'argent avec des sommes très importantes à la clef et même des détournements de fond. 

    Ioukanovitch est une brute sans scrupules. L'Ukraine a-t-elle pour autant gagné au change avec une femme qui ressemble fort à une intrigante ? Elle apparaît également dans une curieuse affaire de concurrence entre sa société gazière et celle d'un concurrent, finalement assassiné dans des circonstances plus que douteuses.

    Il y a trois composantes dans l'opposition actuelle : Svoboda, qui a réuni 10.5% des suffrages aux dernières élections, une formation nationaliste qui s'est même appelée parti national-socialiste d'Ukraine il n'y a encore pas si longtemps. Svoboda signifie liberté en russe ou en ukrainien. Le nom ne doit pas cacher les origines très douteuses de cette formation (parfois considérée comme l'héritière de la collaboration ukrainienne avec les nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale). Timochenko dirige Notre Patrie, une force soutenue par d'anciens oligarques, et enfin, Oudar, le troisième bloc, représente les libéraux, avec à leur tête le boxeur Vitali Klitchko. Les seuls qui m'inspirent confiance dans ce panier de crabes.

    Marielle de Sarnez et Nathalie Griesbeck ont rencontré le jeune Mykola Katerynchuk, leader du Parti Européen d'Ukraine. Ce mouvement se réclame du social-libéralisme et de ses principes généraux. Toutefois, dans l'immédiat, c'est à l'ombre de Notre Patrie qu'il prospère. Que pèse-t-il tout seul ? Il serait bien difficile de le déterminer. Il est devenu en mai 2013  un membre à part entière de l'Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l'Europe (ADLE). 

    Une partie non négligeable de l'Ukraine, à l'Est, du côté de la Crimée au sud et de Dniepr au nord, se sent assurément plus proche de Moscou que de Bruxelles. L'opposition qui vient de parvenir au pouvoir a commencé par faire une bêtise monumentale en supprimant le russe comme seconde langue officielle du pays. Décision tout à fait de nature à inquiéter ses minorités russophones.

    Enfin, je doute tout à fait que le Parti des Régions de Ioukanovitch se soit soudainement volatilisé alors que c'était le plus puissant jusque là. Il en restera forcément un reliquat électoral pas négligeable.

    Quant à l'Europe, on nous dit que l'Ukraine (au moins de l'Ouest) tourne les yeux vers elle. Mais l'Ukraine qui dépend entièrement de Moscou pour son gaz sait-elle que l'Europe n'a pas le premier sou des milliards de dollars dont elle a actuellement besoin pour équilibrer ses comptes et que l'une des premières mesures que lui suggéreront les commissaires de Bruxelles, au cas où elle ferait connaître son appétence pour une adhésion, sera de restructurer son industrie et son agriculture avec des centaines de milliers de pertes d'emploi à la clef...

    L'Europe marche sur des oeufs en Ukraine et elle ferait bien d'être précautionneuse. L'opinion publique ukrainienne pourrait se retourner très vite. Marielle de Sarnez qui s'est rendue à plusieurs reprises sur la place Maïdan, au coeur de la révolte, conclut l'un de ses communiqués avec beaucoup de prudence, évoquant plusieurs cercles lorsqu'elle s'interroge sur la place de l'Ukraine en Europe.

  • Le MoDem va bien, merci.

    Estelle Gross, du Nouvel Observateur demande ce qu'il reste du MoDem. J'ai une bonne nouvelle à lui annoncer. Il en reste quelque chose.

    J'avoue être quelque peu fatigué par les oiseaux de malheur qui prédisent tous les jours la mort du parti. Que voulez-vous : oui, le MoDem a basculé du centre-gauche au centre-droit. Oui, cela ne se fait pas sans douleur et je rappelle à cet égard un précédent historique chez nos amis Allemands : quand le FDP est passé du SPD à la CDU, forcément, il a perdu du monde. Mais il n'est pas mort et au milieu des années 2000 on l'a retrouvé à 15% dans les votes. S'il a chuté depuis, c'est en raison de la nullité de son leader et de son apport au gouvernement de coalition avec Merkel, mais ça, c'est une autre histoire.

    Ce qui me fatigue encore plus que les croque-mort et les pompes funèbres, c'est le choeur de pleureuses hystériques qui brandissent à grands cris et tous les jours les valeurs que le MoDem aurait perdues.

    Je fais une violente allergie au mot «valeur», à force. Quand on galvaude jusqu'à l'écoeurement un mot, il perd tout son sens. C'était la méthode favorite des communistes tchèques et Vaclav Havel a très finement analysé cette dérive perverse un jour, devant le Bundestag en Allemagne. Aujourd'hui, c'est le joujou favori très en vogue parmi les élus ou parfois militants MoDem qui ont choisi de s'allier coûte que coûte avec la gauche. On les entend même hurler au déni de démocratie alors même que le Conseil National du MoDem (son Parlement, en somme) a validé à une écrasante majorité la stratégie actuelle. Choix démocratique qui leur vaut les qualificatifs les plus "aimables" de nos experts en démocratie. Les voilà devenus des toutous à son bon maître, des traîtres, des lâches au garde-à-vous, et cetera...Il y en a quelques uns qui ont tout de même du mal à admettre les effets du vote démocratique...

    Évidemment, dans nos alliances nouvelles, il y a des choses qui ne me font pas toujours plaisir. Quand je vois PCD accolé au sigle du MoDem, je l'ai évidemment très mauvaise. Je ne peux pas voir Boutin en peinture. Je ne peux la saquer, ni elle ni son parti. L'un et l'autre représentent l'idée exactement inverse de celle que je me fais de la foi et de son expression. En allant faire la guignole un voile sur la tête en Iran, Boutin a simplement montré qu'elle avait du Catholicisme la même représentation que celle que les pires intégristes islamistes ont de l'Islam. 

    Alors évidemment, quand elle revendique l'héritage de la démocratie-chrétienne, j'ai comme un haut le coeur. 

    Mais bon, je m'égare à nouveau.

    Comme le dit Jean-François (Martins), après les élections municipales, le MoDem aura plein d'élus. Et il n'aura pas perdu son âme pour autant.

    J'avais dit que je ne voulais plus prononcer le mot "valeurs" mais allons-y puisqu'il faut en parler. Je n'aurais pas la bêtise d'associer les Communistes actuels à Staline ou Mao ni à la Corée du Nord. Je crois qu'ils condamnent autant que moi les dérives de l'URSS, de la Chine à leur période la pire ou de la tyrannie atroce qui sévit au nord de Séoul. 

    Oui, ils les condamnent, mais, sur le font, ils ne remettent pas en question les principes économiques qui ont prévalu dans ces pays, y compris au moment des pires famines de leur histoire. Or, si la Chine et l'URSS ont fait 20 à 40 millions de morts chacune, ce n'est pas seulement sous l'effet des fous furieux qu'elles avaient porté à leur tête ou encore de l'essence totalitaire de leur régime, mais aussi de leurs choix économiques. Je lis chez les alliés d'Anne Hidalgo toujours la même condamnation de l'économie de marché. Pourtant, on ne peut pas dire que l'économie socialiste, fut-elle autogestionnaire, ait amené un développement probant chez les peuples qui en ont subi les errements.

    Alors les valeurs, c'est quoi ? Parce que personnellement, cela me mettrait mal à l'aise de m'associer avec des individus qui prônent au fond des principes économiques aussi calamiteux. En tout cas, c'est du même tonneau que de copiner avec le PCD et les affidés de Boutin en règle générale. Et encore, je suis assez gentil, parce que si les Communistes sont assez modérés, finalement, il n'en va pas toujours de même d'un certain nombre de verts ou de membres du parti de gauche qui eux érigent en vertu la spoliation au nom de la lutte contre le Grand Capital. Ces gens-là, très peu pour moi. Et en creusant, je peux leur trouver quelques autres travers qui n'auront pas grand chose à envier à ceux de la guignole à voile de Téhéran.

    L'UMP n'est pas le Diable, même si elle a porté à sa tête une girouette opportuniste et parfois malfaisante (après un vote aux résultats un tantinet contestés, tout de même...). Il est de bon ton chez nos moralistes de pacotille d'assurer que l'UMP aurait ouvert la porte aux revendications du FN. Je crois pour ma part que toute la classe politique a une responsabilité dans la montée en puissance de ce parti nationaliste et xénophobe, mais, au premier chef, toute une intelligentsia réformiste, dégoûlinante de bonne conscience, affectionnant le multiculturalisme pour les autres, et détestant l'expression populaire non-conforme à sa représentation de la mondialisation heureuse.

    Je ne légitime pas l'alliance avec l'UMP dans certaines villes, mais j'ai des hurlements électroniques qui me font encore sonner les tympans virtuels. 

    Il y a et il y aura encore des frictions pendant les élections municipales, principalement auprès des élus de 2008, d'ailleurs. Gaël Vaillant, du JDD, qui affirme que le MoDem se déchire, admet cependant en conclusion de son article que le MoDem devrait conserver la majorité de ses troupes.

    Moi je pense une chose : le MoDem sera beaucoup plus fort après les municipales parce qu'il aura commencé à constituer un réseau d'élus et c'est ce qui lui manque. Les militants cesseront de tourner en rond parce que ces élus pourront leur confier des missions et les coordonner. J'ajoute que jusqu'à ce que le MoDem soit assez fort, il a intérêt à rééditer cette stratégie. Donc, pour ceux qui s'interrogent sur les Régionales, je peux par avance donner la réponse : la stratégie sera identique. Alliance avec la droite républicaine au premier tour, parfois au second seulement.

    Cela n'empêchera pas le MoDem d'assurer une opposition constructive et de donner son aval, bien sûr, aux mesures du Président Hollande qu'il jugera pertinentes. 

    La seule chose qui pourrait changer la donne serait un très gros score aux européennes. On y travaille...

  • Aider l'ASL en Syrie : la difficulté est là.

    Il est très difficile de démêler l'écheveau syrien vu d'Europe. Au fil des actualités, j'ai cru comprendre qu'on pouvait discerner trois à quatre "camps".

    Il y a d'abord celui du parti au pouvoir, le parti Baas et son chef Bachar el Assad. En simplifiant, on peut dire qu'il représente principalement les Alaouites et les minorités (Chrétiens et Druzes surtout). Il est soutenu par la Russie et l'Iran.

    En face, il y a l'ASL, l'Armée Syrienne Libre. On ne peut pas dire qu'elle soit vraiment soutenue par quelqu'un, mais, elle a les faveurs de l'Europe et de l'Amérique, disposant au moins de représentations diplomatiques auprès de ces derniers.

    Ensuite, il y a les djihadistes. Ils sont en règle générale dans la mouvance d'Al Qaeda. Personne ne sait exactement qui les finance, mais on soupçonne les pétro-monarchies, Qatar en tête de les aider en sous-main, de manière indirecte. L'Arabie Saoudite semble toutefois avoir revu ses positions et tend désormais à aider l'ASL plutôt que les groupes islamiques. Au sein des groupes djihadistes, certains souhaitent épargner les populations civiles et acceptent des alliances de circonstance avec les autres factions, comme le Front al nosra, et d'autres règnent par la terreur, y compris sur les villages conquis, et je pense que c'est la stratégie de l'EIIL. 

    Pour illustrer mon propos, Al Nosra et plusieurs groupes insurgés (mais font-ils partie de l'ASL ?) se sont alliés pour chasser EIIL des champs pétrolifères. EIIL est plus ou moins censée avoir fait scission avec Al Qaeda, mais c'est difficile à établir clairement.

    La difficulté pour l'Europe, c'est de parvenir à aider l'ASL sans pour autant armer les salafistes et les djihadistes, devenus les factions militaires rebelles les plus puissantes en Syrie. On ne sait jamais trop ce que deviennent les armes qui sont livrées, et, de temps à autre, des brigades insurgées font défection et passent du côté des islamistes. Mais, dans le même temps, moins l'ASL dispose de moyens pour remporter des victoires militaires, plus elle s'affaiblit et laisse le champ libre aux autres formations.

    Aujourd'hui, l'ASL semble marginalisée et on se demande si elle peut encore représenter quelque chose en Syrie à l'exception de quelques particularités locales.

    L'ASL a longtemps fonctionné comme une sorte de franchise en Syrie, une grande auberge espagnole au sein de laquelle on trouvait toute sorte d'obédiences. C'est ainsi que des cargaisons entières d'armements ont pu passer aux mains de l'opposition armée islamiste.

    Aujourd'hui, l'ASL ne correspond plus vraiment à une faction structurée ; on peut dire que sa dénomination permet de distinguer les laïcs et les religieux, et encore : certaines formations islamiques continuent de s'en réclamer.

    L'Amérique semble avoir renoncé à intervenir : la prise d'importants armements par des djihadistes peut l'avoir convaincue que le remède à venir (une Syrie djihadisée) était pire que le mal actuel (une Syrie sous influence alaouite favorable à la Russie et à l'Iran).

    Il me semble, dans ces conditions que l'Europe pourrait jouer sa partition bien qu'elle ne soit vraiment pas aisée à interpréter. Un très gros travail de renseignement serait nécessaire pour trouver des interlocuteurs laïcs dans le camp de l'opposition. La difficulté, c'est qu'il existe bien des liens et des réseaux entre Européens et Syriens, particulièrement en France, mais avec des soutiens du pouvoir actuel seulement.

    Si toutefois aucune opposition modérée n'émerge des décombres de la Syrie, il faudra se préparer à de déchirantes révisions stratégiques. On peut discuter avec Bachar el Assad, en dépit des crimes de son régime. On ne le peut pas avec les djihadistes made in Al Qaeda. Il suffit de lire sur le blog de Talisma Nasreen (ou ailleurs au demeurant) ce que les pires d'entre eux font à une malheureuse jeune fille simplement parce qu'elle a un compte facebook : ils la lapident à mort. Une adolescente de 15 ans. Atroce.

  • Les sources amères du djihadisme en France

    Le Nouvel Obs fait sa une sur la jeunesse djihadiste ce jeudi. Je suis parfois surpris par la naïveté des journalistes, tout à leur étonnement d'un phénomène pourtant très prévisible.

    A Qaeda et les organisations terroristes n'ont pas besoin de réseaux. C'est l'absence d'identification positive, d'une alternative, qui rend possible des initiatives personnelles. Oh, bien sûr, il y a quelques recruteurs, mais ils n'ont pas à forcer leur talent : les fruits sont mûrs, il n'y a qu'à se baisser pour les cueillir.

    Le djihadisme renvoie un reflet conforme aux représentations d'idéal masculin telles que se les figure la jeunesse d'origine immigrée. La question de fond est donc bien celle de l'image. Et elle naît de deux défaillances : d'une part un référent qui puisse être idéalisé, d'autre part une vision sexuée très patriarcale de ce que doit être un homme.

    Cette vision est à la source de tous les maux de cette jeunesse, ce qui explique d'ailleurs que les filles immigrées s'en sortent bien mieux que les garçons. Elle s'alimente du communautarisme, de la concentration ethnique, de la délinquance et du phénomène des bandes.

    On est toujours tenté de trouver des coupables idéaux et on pointe du doigt des mosquées sauvages, illégales, qui fanatiseraient les banlieues. Dans la réalité, quand elles existent, elles ne sont qu'un symptôme, pas une cause.

    Les parents de ces jeunes gens qui ont bien compris le risque ne sont pas fous : s'ils le peuvent, ils envoient leurs enfants chez les "Catholiques", comme ils le disent à mi-voix entre eux. C'est dire l'échec total de l'école publique avec tout son laïus laïc et son béni-oui-ouisme républicain.

    Il faut évoquer aussi une politique de la ville déficiente, mais à la vérité, il aurait déjà fallu ne pas laisser de telles concentrations ethniques se créer dans les banlieues. Il était parfaitement évident qu'elles tourneraient au communautarisme. Cela supposait évidemment une immigration bien moins massive et sa dispersion sur tout le territoire français.

    Refaire l'Histoire ne fera pas avancer notre problème. Il faut maintenant réfléchir à des solutions avec la situation actuelle.

    Je sais que la France déteste les statistiques ethniques et religieuses, mais il va bien falloir s'y faire car il ne sera pas possible de travailler sans ces dernières.

    Clairement, le problème touche les jeunes de confession musulmane, même s'il y a un fort effet d'aspiration sur les autres. Il ne suffira donc pas d'évoquer la diversité, comme le font nos responsables politiques en la brandissant à titre de joujou électoral.

    La discrimination positive à l'aveuglette ne débouchera pas sur grand chose, à mon avis. Ces programmes-là ne marchent jamais. 

    Il y a en revanche un véritable travail de repérage des talents. Comme beaucoup de libéraux, je tends à penser que le commerce apporte la paix et la démocratie. Il y a quelques idées apparues sous des gouvernements précédents que l'on pourrait reprendre : 

    - la création de zones fiscalement franches dans les quartiers les plus déshérités

    - le tutorat de chefs d'entreprise renommés auprès des jeunes de ces quartiers. Il ne faut d'ailleurs pas se limiter au commerce : la science, l'ingénierie, la littérature, la sphère médicale mais aussi les métiers de l'artisanat. A mon avis, ce système peut suppléer avantageusement à la perte de repères et au manque de référents. Il doit bien sûr être pensé sur la durée car il s'agira de valoriser les premières réussites.

    Il ne faudra évidemment pas hésiter à s'associer à d'autres acteurs : les établissements scolaires privés (puisque les établissements publics semblent incapables de s'extraire de leur gangue idéologique) et les associations actives qui ont choisi d'agir au lieu de pleurnicher. Nos quartiers ont du talent ou encore l'Échelle humaine d'Alain Dolium montrent la voie qu'il est souhaitable d'emprunter.

    Il me paraît tomber sous le sens que les entrepreneurs-tuteurs qui auront vu leurs pupilles gravir les échelons ou les engageront directement ou sauront les recommander. Un avantage appréciable quand il faut trouver un premier emploi.

    J'ai enfin une autre proposition en tête pour faire face aux dérives qui menacent la jeunesse de nos cités.

    - la prise de contact avec des partenaires religieux acceptables : j'ai en tête la lecture des Mémoires de guerre du Général de Gaule, période 1944-1946. Il y évoque la collaboration qu'il perçoit comme un immense gâchis. De son point de vue les jeunes gens qui se sont engagés sur le front russe auraient tout aussi bien pu rejoindre la Résistance. C'est parce que leur ardeur a été pervertie qu'ils ont fait ce choix. D'une certaine manière, on peut se dire que les jeunes djihadistes qui se rendent en Syrie font aussi partie des jeunes les plus entreprenants, en dépit de leur inconscience. Il y a donc là des talents qui ont été pervertis mais que l'on pourrait réorienter vers quelque chose de plus positif. Si, par exemple, la foi est leur moteur, un partenariat avec le Croissant Rouge, un organisme confessionnel humanitaire, neutre et pacifique. On pourrait penser à des actions de ce genre, même si j'imagine mal la forme qu'elles pourraient prendre exactement.

    A côté de cela, la volonté déterminée de ne plus alimenter la concentration ethnique doit être un moteur de la politique de la ville. La dissémination des logements sociaux et la maîtrise totale de l'immigration en sont deux moteurs majeurs. 

     Je n'ai pas trop évoqué l'éducation des garçons, mais elle est en filigrane dans mes propositions. Je renvoie sur ce point à une excellente tribune de Brighelli dans Le Point en citant un passage de son entretien qui pourra nourrir notre réflexion.

    L'absence de "rites de passage" pèse plus sur les garçons que sur les filles et ce, à divers moments. L'élève, notamment le garçon, était le "patron" de la cour et des divers espaces de l'école primaire qu'il maîtrisait bien. Il se retrouve au collège dans un espace dont il ne possède pas toutes les clés, et apparaît comme le "petit" de l'établissement, ce qui peut générer une certaine angoisse. Dans la construction de sa personnalité, le garçon vit moins dans son corps la sortie de l'enfance que les filles qui lorsqu'elles sont réglées savent qu'elles peuvent potentiellement être mères. Il a donc toujours eu besoin de rites d'initiation, de transmission et d'intégration.

  • Et un ennui mortel gagna les municipales...

    Je ne sais pas ce que vous en pensez, vous, mais moi, je m'ennuie à mourir à la veille de la prochaine élection municipale.

    Est-ce que les militants des réseaux sociaux se rendent compte que leurs échanges sont factices et inintéressants au possible ?

    Ça me fatigue les slogans. Les promesses à tire-larigot aussi.

    J'ai juste envie qu'on me propose des choses simples. 

    Par exemple :

    - ouvrir davantage les équipement sportifs et plus tard.

    - cesser d'entraver la circulation automobile en resserrant partout les voies, créant des limitations de vitesse et des sens interdits. Les transports en commun ne sont généralement pas capables de rivaliser avec les automobiles, en confort et en temps. Il faut en prendre acte. En revanche, je suis preneur de toutes les solutions qui favorisent l'usage de véhicules propres à condition de laisser aux automobilistes parisiens le temps de s'adapter.

    - améliorer la sécurité dans les transports et les rues de Paris

    - gérer différemment le logement social en virant les délinquants et les indélicats de manière à ce que sa seule mention n'inquiète désormais plus ceux qui devront vivre à côté.

    - Stabiliser ou même diminuer les impôts locaux

    - en finir avec les grands travaux incessants : Paris est un chantier permanent. On ne peut jamais s'y déplacer normalement.

    - instaurer que les directeurs d'école recrutent leurs surveillants au lieu de se les voir imposer, et qu'ils aient également autorité sur les cantines. 

    - multiplier les modes de garde de manière à ce que les familles disposent de plus de solutions pour faire garder leurs enfants en bas âge.

    - ne pas torpiller le secteur associatif (spécialité de l'actuelle majorité) en municipalisant à tour de bras les services qu'il peut rendre. Lui faciliter l'existence sans pour autant verser dans le clientélisme (éviter les subventions à tout va, notamment...) 

    J'aimerais que toutes ces mesures soient chiffrées de manière à ce que l'on en évalue le coût. En fait, j'aimerais même que cela soit la méthodologie utilisée par les candidats : qu'ils repartent de l'actuel budget de Paris, précisent ce qu'ils gardent et ce qu'ils enlèvent et comment ils entendent financer leurs mesures. Et quand ils affirment vouloir aider le secteur de la culture ou celui des entreprises, j'aimerais aussi qu'ils précisent très exactement ce qu'ils ont en tête. Que l'on puisse juger sur pièces. Faute de quoi ce sont des affirmations générales et sans crédibilité. De ce fait, quand quelqu'un promet n'importe quoi, je tends à penser qu'il cache des choses. C'est souvent le cas, et je ne doute pas qu'un certain nombre de citoyens fasse le même raisonnement que moi.

  • Intermittents : le problème n'est pas le régime mais le nombre

    Le MEDEF réclame la fin du régime d'exception pour les intermittents quand ils sont au chômage. Le statut des intermittents du spectacle me rappelle une autre mesure fameuse : le RMI.

    Les mêmes causes produisent les mêmes effets.

    Le RMI avait été voté au début des années 90 pour permettre à ceux qui vivaient dans la rue de survivre. Pour aider ceux qu'on appelaient alors les clochards, en somme.

    Ce qui a fini par rendre la mesure très onéreuse, c'est le gonflement continu de ses bénéficiaires.

    Il y avait à la création du régime des intermittents environ 9000 bénéficiaires. Je crois que la statut a été mis en place sous Mitterrand au début des années 80. Il y en a plus de 160 000 aujourd'hui.

    S'en prendre aux intermittents et laisser supposer que ce sont des fainéants est odieux. Des statistiques simples montreraient aisément qu'ils sont bien plus du côté de la précarité que de l'aisance. Là n'est pas le problème, et la méthode utilisée par toute la classe politique à l'exception de Bayrou qui consiste à toujours stigmatiser une fraction de la population n'aboutit qu'à dresser les Français les uns contre les autres.

    Il vaut mieux analyser à froid les mécanismes qui aboutissent au gonflement des effectifs de mesures pensées pour des minorités.

    La situation est grave, car le régime est déficitaire de près d'un milliard d'euros. Il faut certainement considérer le périmètre d'éligibilité probablement trop laxiste mais pas seulement : l'attitude des associations et des entreprises culturelles qui jouent de ce régime pour engager des intermittents et ne pas les payer ce qu'elles devraient les payer.

    Je ne suis pas expert du sujet, mais on pourrait par exemple limiter en quantité le nombre d'intermittents pour les associations et les entreprises culturelles. A condition évidemment de ne pas tomber de Charybde en Scylla : si l'intérim devait remplacer l'intermittence, les caisses de retraite ne seraient pas gagnantes. Elles coûtent encore plus cher que l'intermittence. Il me semble aussi que le Ministère de la Culture pourrait  distinguer le tissu associatif des grosses boites de production et des groupes médiatiques. Dépenser pour soutenir une association de quartier et arroser des Delarue et des Arthur qui s'en mettent déjà plein les proches en payant leurs ouvriers au lance-pierre, je pense que ce n'est pas exactement le même cheminement.

    Ce qui est certain, c'est qu'il est impossible de faire l'économie non seulement d'un débat mais aussi d'une réforme.

  • Consolation : une femme sera maire de Paris

    Je me suis un peu lassé du suivi des municipales. Bien sûr, je continue à relever les choses qui me paraissent énormes. 

    Il y a tout de même un acquis qui restera de l'élection, que NKM ou Hidalgo passe, une femme sera élue. Pour une fois, d'ailleurs, ce sont des femmes qui auront été au coeur d'une élection majeure. NKM, Anne Hidalgo, Marielle de Sarnez, Danielle Simonnet auront été les actrices principales du scénario.

    Il y a certes Najowski, le candidat des verts, mais il fait exception. Je ne compte pas ce vieux grigou de Saint-Just pour le FN qui se trouve pauvre avec 100 000 euros de revenus par an.

    Si on compte que Marseille, Paris, Lyon et Lille sont les quatre plus grosses villes de France, la parité sera atteinte. Aubry pour Lille, NKM ou Anne Hidalgo pour Paris.

    Ça me va.

     

  • Autoriser des pesticices dans le bio ? Touche pas à mon bio, l'INRA !

    J'ai failli m'étouffer en lisant un article de Marie Astier dans le webzine Reporterre. La dernière trouvaille d'un expert de l'INRA ? Autoriser l'utilisation de pesticides pour l'agriculture bio. Connard ! J'achète le plus souvent possible de l'alimentation certifiée AB ou Ecocert justement pour être certain que ma petite famille n'ingère pas ces saloperies de produits chimiques.

    On se rappelle que Hollande avait mis en place un Commissariat à la Prospective et à la Stratégie. L'idée étant de construire la France industrielle et agricole de demain. Si c'est pour commander ce genre de conneries imbéciles et dangereuses, autant le dissoudre sur le champ. Ça sera toujours ça d'économies utiles.

    Le voilà le dossier d'analyse des performances de l'agriculture biologique. Mais moi, je m'en tape des performances de l'agriculture bio : je veux juste ne pas retrouver les trois quarts du tableau de Mendeleiev dans le sang de mes enfants à cause des produits de merde que la plupart des agriculteurs collent dans leur production. Mauvaise grille de lecture qui trahit clairement les intentions du comité.

    Déjà je râle de constater chaque fois que je me rends dans une grande surface qu'on ne trouve pas de fruits et légumes bio en France. A chaque fois, ça vient d'Italie, de Hollande ou de Belgique. Parfois d'Espagne. Bref, on a quatre pays autour de nous, ils font tous du bio, et apparemment, nous pas.

    Je crois surtout qu'on sous-estime dans des proportions inquiétantes l'effet du productivisme agricole et son impact sur la santé. Le nombre de cancers louches est très élevé chez les agriculteurs. 

    Je ne veux pas de pesticides dans mon alimentation bio, moi, et je me battrai pour conserver le droit de ne pas en manger, quitte à ester en justice.

  • Objectif zéro SDF, un mensonge de plus.

    Plus un candidat fait de promesses et assure à ses futures ouailles un monde merveilleux, moins elles ont de crédibilité.

    Je vois mal comment Paris pourrait trouver 15 000 places pour les SDF qui résident dans la ville alors même que les gens modestes et les classes moyennes doivent quitter la ville.

    Les candidats, dans la mesure de leur possibilité, feraient mieux de se concentrer sur le retour à l'emploi de ces SDF et sur le logement d'urgence, le temps de la réinsertion.

    Anne Hidalgo a rappelé qu'elle voulait construire 30 000 logements sociaux. Cela signifie-t-il qu'elle compte y loger des SDF puisqu'elle associe cette mesure avec sa nouvelle promesse ?

    Je jugerais cela parfaitement injuste pour tous ceux qui attendent depuis très longtemps d'y trouver une place, à commencer par les parents isolés qui élèvent seuls un ou plusieurs enfants.

    De toutes façons, tous les candidats peuvent toujours prêter tous les serments du monde, jurer sur le Styx ou leurs grands dieux que cette fois ils vont trouver des solutions : ils ne risquent pas d'en subir le contrecoup. Les SDF ne votent pas et, puis, il faudrait le rappeler, plus de la moitié d'entre eux sont des étrangers en situation irrégulière (52% selon les chiffres de l'APUR). Une part significative comporte également des toxicomanes. Si je reçois que les toxicomanes et les étrangers en situation irrégulière puissent bénéficier de structures particulières ou de logement d'urgence, ce serait en revanche inacceptable qu'ils prennent la place de simples Parisiens sur liste d'attente, et, pour les premiers, apportent des nuisances dans le logement social. 

    Cela me frappe que 16% des SDF ont un emploi : autrement dit, ce sont des travailleurs pauvres qui ne trouvent pas à se loger en raison de l'envolée des prix franciliens et de l'augmentation du coût de la vie. 

    Avant de faire des promesses, mieux vaudrait déjà améliorer l'existant : la sécurité dans les centres d'accueil, par exemple. La moitié des SDF sont morts de trouille à l'idée de s'y rendre parce qu'on leur vole là-bas tous leurs maigres biens et parfois, ils sont mêmes battus (par d'autres SDF). 

    Une première mesure, pas très coûteuse, serait déjà d'installer la plus grande quantité possible de casiers sécurisés disposant d'un mécanisme à code ; au moins autant qu'il y a de places. Ensuite, investir dans la présence de vigiles et jeter dehors les fauteurs de trouble. Tant pis pour eux. Les autres ont le droit de pouvoir passer une nuit tranquille.

    Une deuxième mesure non moins utile serait qu'il y ait un vrai standard au 115. Ça me fait grincer des dents d'entendre un "yaka appeler le 115". Vous avez essayé déjà de joindre le 115, vous ? Bon courage...En recrutant quelques agents de plus, on fluidifierait nettement les communications. Avec un système informatisé de gestion des places relié à tous les hébergements d'urgence et les foyers d'accueil, on aurait enfin une bonne visibilité de leur disponibilité.

    Évidemment, ça en jette moins que de promettre monts et merveilles. 

  • C'est quoi un bon maire ?

    Ce qui frappe souvent les observateurs de la vie politique c'est la facilité avec laquelle des maires condamnés pour des abus de toutes sortes sont réélus avec une facilité déconcertante.

    On trouve toujours des listes citoyennes pour tomber dans le panneau et présenter une liste "propre" après avoir signé une charte anti-corruption. Quelque chose de totalement inefficace électoralement.

    A vrai dire, pour être honnête, je n'aurais pas envie de voter pour quelqu'un dont le seul programme consiste dans la volonté d'être pur.

    Quand on se présente à une élection municipale, on doit d'abord réfléchir à ce que l'on peut faire pour améliorer la vie de ses futurs administrés. Et dans ce domaine, il faut bien se dire que le ressenti compte au moins autant que les faits.

    Pourquoi Balkany passe à chaque élection à Levallois avec une majorité écrasante ? Parce que les rues sont propres et sûres, la ville tranquille et disposant de suffisamment de services pour la demande locale.

    Si on veut lutter contre la corruption, il faut agir au niveau national en faisant voter des lois qui interdisent à un individu condamné pour détournement de fonds publics de se représenter à une élection pour le restant de son existence.

    Au niveau local, faire des promesses de morale et de pureté, cela ne sert à rien. Vraiment à rien du tout. Les Français sont l'un des peuples d'Europe qui hésite le moins à reconduire un élu condamné dès lors qu'il s'agit d'une élection locale. Les élus nationaux sont perçus comme malhonnêtes et retors parce qu'ils paraissent éloignés du peuple. Mais les élus locaux bénéficient eux de toute la mansuétude des électeurs.