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  • Nous ne sommes pas à l'abri de nouveaux coups de tonnerre

    Je suis centriste, centre-droit et modérément libéral et j'avoue qu'il y a une hypothèse qui me fout drôlement la trouille dans cette campagne présidentielle. Je ne devrais même pas l'énoncer ici mais de toutes façons, mes adversaires politiques ont déjà fait le calcul.

    Si Hamon et Mélenchon unissaient leurs forces derrière un seul de l'un d'eux, je ne dis pas que l'addition serait 100% mathématique mais il serait à peu près sûr qu'ils dépasseraient Macron et Fillon.

    Et là, le cauchemar commencerait.

    Un second tour Hamon ou Mélenchon contre Marine Le pen.

    J'ai lu le livre de Mélenchon. Qui sait que son intention est de convoquer une assemblée constituante en interdisant à tous ceux qui ont déjà exercé une députation de se présenter à nouveau ? Aucun processus démocratique n'est établi derrière la mise en place de cette assemblée. En fait, ce serait ni plus ni moins un coup d'état. Mélenchon dit parfois des choses profondes et j'ai du respect pour l'individu qu'il est, mais, politiquement, il me serait impossible de voter pour un homme qui a un tel programme, même contre Marine Le pen. J'ai lu le programme du FN et il n'y est nulle part question de revenir sur les processus démocratiques qui sont ceux de notre pays. Donc, à titre, ce programme est pire que celui du FN. Mais à côté de cela, quand vous avez compris QUI se trouve dans ce parti, vous pouvez commencer à trembler. Le FN se contrefiche bien des droits associés à la démocratie et surtout à l'Homme, qu'ils vomissent et on voit bien que c'est le cas de son électorat aussi. Dérapages sûrs à 200% !

    Le problème, voyez-vous, c'est que le cauchemar, il est possible, et les 70 000 signataires de la pétition qui aspirent à une telle union et à sa réalisation l'ont bien compris eux. Une telle alliance serait un coup de tonnerre dans la campagne à deux mois du premier tour. Face à Hamon ou Mélenchon, MLP aurait de très sérieuses chances de gagner. 

    Je vous le dis franchement, je ne pousserai un "ouf" que lorsque les candidatures à l'élection seront closes et ce danger écarté, et encore : on ne sait jamais, jusqu'au dernier moment cette option reste possible.

    Nous sommes dans une configuration très instable. On peut dire, en gros, qu'il y un quart de l'électorat pour les quatre grandes forces. 25% pour la gauche de la gauche (Hamon+Mélenchon), un peu plus de 20% pour le centre (Macron), près de 25% aussi pour la droite conservatrice (Fillon + Dupont-Aignan) et 25% pour l'extrême-droite (MLP).

    Tout peut basculer vite. Je me console sur un seul point : on dit l'électorat de Macron volatil mais je fais observer que je vois pas trop où il peut se diriger, désormais. Il devrait assez rapidement se consolider.

    Mais ce qui rend encore plus dangereuse cette élection c'est que 40% de l'électorat n'est pas décidé. Même si Macron parvient à accéder au second tour, ce que je lui souhaite, il sera en grand danger face à Marine Le pen, sans parler de Fillon pour lequel la gauche ne viendra jamais voter. 

    Il faut bien comprendre quelque chose avec le vote FN : on ne peut déjà plus le faire régresser. En réalité, la stratégie, désormais, c'est le containment, comme disent les Anglo-Saxons, c'est à dire qu'il faut l'empêcher de continuer à grignoter l'électorat. C'est le mieux que l'on puisse faire à l'heure actuelle car le vote FN est un chemin sans retour. Le seul qui était parvenu (mais à quel prix !!! A celui d'une porosité de plus en plus forte entre son électorat et celui du FN !) à faire régresser ce vote, c'était Nicolas Sarkozy en 2007.

    Très franchement, si on y parvient pour 2017, mais que la situation de la France ne s'est pas rétablie en 2022, cette fois, plus rien ne pourra empêcher le FN de conquérir le pouvoir. Ce n'est qu'une question de temps.

  • Le pari de Marine Le pen

    J'ai un souci avec Marine Le pen. En fait, je ne la déteste pas. Je ne la crois pas fondamentalement malhonnête (bon, il y a quand même le petit épisode de son garde du corps au Parlement européen, hein ?). Je pense qu'elle essaie de créer un parti de droite populiste et, pour ce faire, elle essaie de nettoyer le FN tant de ses éléments les plus extrémistes que des mesures programmatiques les plus rédhibitoires, aux yeux des Français du moins. On le voit avec l'euro dont la sortie automatique ne figure plus à son agenda ou encore la peine de mort à laquelle elle a pour l'instant renoncé. On voit aussi qu'elle s'entoure, comme dans les autres partis, d'énarques, de cadres administratifs, de polytechniciens et plus généralement d'une intelligentsia de haut niveau. 

    Je concède aussi que c'est une femme intelligente et belle, charismatique et qu'elle a toujours de la tenue dans ses réunions, émissions et interventions politiques.

    Le plus inquiétant, c'est que ce qu'elle dit n'est pas déconnant à 100%.

    Jusque là, on pourrait se dire «Mais ? il nous fait une lune de miel avec le FN ou quoi ? Mẽrda, il est tombé amoureux de la Marine ?» . Non, les amis, pas du tout. Je ne suis pas dupe. Ok, tout le monde n'est pas à jeter au FN mais je n'oublie pas un certain nombre de fondamentaux.

    Ce parti recèle encore un sacré ramassis d'antisémites, négationnistes, néonazis, intégristes et autres fumiers de tout poil. Dans un sondage qui a moins de deux ans, on voyait aussi que l'électorat du FN était celui qui comportait le plus d'électeurs antisémites (jugeant que les Juifs prenaient trop de place en France) : près d'un sur deux. C'est aussi au sein de ce parti que s'étalent au sens propre (lors des événements et des meetings) tout une littérature révisionniste (avec ses maisons d'édition spécialisées).

    Tout cela, je ne l'oublie pas.

    Je donne quitus à Marine Le pen de ses efforts pour tenter de nettoyer les écuries d'Augias mais je constate que le compte est encore loin d'y être.

    Et puis quand je lis les 144 propositions, quand j'ai dit qu'elle n'était pas déconnante à 100% ça ne veut pas dire que tout est sensé pour autant.

    Le plus délirant, c'est sur l'immigration. Plus de double-nationalité extra-européenne ? Ah ? Et les couples franco-russes, par exemple, puisque Madame Le pen est une grande amie de Poutine, ils feront quoi ? Idem pour les franco-américains, et cetera, je peux allonger la liste. 10 000 étrangers sur le sol français par an ? Bon, on chasse tous les expatriés et les étudiants étrangers alors ? Voilà une mesure authentiquement délirante.

    Tout le caractère protectionniste de son programme fait plus que de m'inquiéter : je me demande si elle a percuté qu'à chaque mesure protectionniste de la France correspondra une mesure similaire chez nos partenaires avec toutes ses conséquences sur nos exportations et donc l'emploi.

    Autre chose : Marine Le pen a l'air de penser qu'elle pourra imposer aux banques leurs taux d'intérêt quand elles font des prêts. Je me demande si elle a bien compris comment marche une banque. C'est bien simple : soit elle peut rentrer au minimum dans ses fonds soit elle ne le peut pas et dans ce cas, elle ne prête pas. Au pire, si on la force à prêter, elle cesse ses activités dans le pays où elle est active et/ou s'expatrie. Résultat des courses : assèchement généralisé du crédit. Beau résultat.

     Je vois beaucoup d'État dans le projet de Madame Le pen. A-t-elle songé qu'il ne faudrait pas le confondre avec la hotte du Père Noël et que toutes ses interventions ont un coût ? Comme je ne vois pas d'autres biais que l'impôt ou la création monétaire (mais si elle n'est pas adossée à de la création de richesses elle aboutit à une dévaluation et donc à une baisse sauvage du pouvoir d'achat), je dois dire que je serais passablement angoissé si elle devait arriver au pouvoir.

    Supprimer l'AME, banco sur le plan sanitaire : les clandestins qui ne pourront plus se soigner deviendront contagieux et des formes résistantes de pandémie pourraient se répandre sur tout le territoire national. Quand le cauchemar devient réalité. Bravo, Madame Le pen, pour votre méritoire roman d'anticipation...

    Je tape là où cela fait mal, mais dans le reste de son programme, il y a pas mal de choses qui sont loin d'être idiotes. Le problème, c'est qu'elles relèvent quand même pas mal de voeux pieux avec un État devenu impuissant. Car c'est bien ce que je crains qu'il adviendrait à un État Front National.

    Dernier point, et cela touche la santé : apparemment la filière biologique, cela n'existe pas en France, si l'on en croit son programme. Pas un mot dessus. Or, en termes de santé, vu les ravages créés par les pesticides et les adjuvants les plus nocifs dans la production alimentaire française, il faudrait un tantinet s'en préoccuper, non ?

  • La droite est dans l'impasse

    Je me demande ce qu'il va advenir de la droite. Elle n'a plus de réserves de voix, le FN ayant capté tout ce qu'il y avait à capter, et les centristes ayant fait liste commune dès le premier tour. A l'inverse, le PS disposant d'un réservoir de voix avec les verts et le front de gauche peut espérer limiter la casse. Le PS et la droite feraient mieux de s'entendre pour réaliser des désistements là où c'est nécessaire. Le PS l'a proposé, mais Les Républicains adoptent une stratégie suicidaire. Ils se maintiennent même quand ils n'ont aucune chance de l'emporter. Six régions dans l'escarcelle du Front National, cela fait beaucoup sur un total de 13 régions seulement (bravo la réforme mal menée du gouvernement !).

    Je suis contre les fusions, je ne suis pas contre les retraits. Je pense que gauche et droite devraient laisser la possibilité aux modérés des deux camps (la majorité, en fait) de ne pas laisser le FN prendre le pouvoir. 

    En tout cas, il ne faut pas s'affoler et tenter de récupérer par tous les moyens les électeurs front national en s'aventurant sur les terres du FN. Il faut rester ferme sur ses idées, les développer et démontrer leur bien-fondé aux électeurs.

    Pour ma part, je reviendrai sur les propositions de Valérie Pécresse pour l'île de France tout au long de la semaine et je démontrerai que ce sont les meilleures pour tous ses habitants.

  • Face au FN, l'art d'être contre-productif...

    Insensé le déchaînement qui vise le FN à gauche, à droite et dans les hautes sphères dirigeantes. On ne saurait mieux faire pour légitimer ce parti.

    Quand on fait campagne, on essaie de le faire sur ses valeurs, ses idées et ses réussites, pas sur la peur de l'ogre. Le problème du gouvernement Valls, ce n'est pas le Front National mais son incompétence et son absence de résultats. Le FN ne prospère que sur ce seul travers ou presque (je devrais tout de même ajouter l'habitude au PS du «faites ce que je dis, pas ce que je fais»).

    Le PS a fait exploser les impôts, imposé super-laxiste comme ministre de la justice, promu deux réformes minables au sein de l'Éducation nationale (rythmes scolaires, réforme du collège aboutissant à la disparition de l'allemand, du latin et du grec, plus généralement à un affaiblissement de l'école) : rien que ça, cela suffit à le discréditer complètement.

    Les Républicains sont plombés par le bilan de cinq années de gouvernement Sarkozy et par l'action de l'UMP. Comme de surcroît ils n'ont guère d'idées, et que, tout le comme le PS ils ont passé un temps considérable à faire l'inverse de ce qu'ils disaient, on peut dire qu'ils sont passablement disqualifiés.

    Cela dit, le FN est lui-même d'une malhonnêteté insigne : voilà un parti qui se targue de rétablir l'ordre mais qui vote systématiquement contre toutes les mesures qui permettent de le rétablir. Le FN a voté contre la loi-renseignement, contre l'installation de portiques aux entrées des gares, contre un fichier européen de suivi des voyageurs aériens (Marine Le pen a voté contre au Parlement européen) et il y a encore quelques perles du même acabit. Quand on prétend protéger la nation, on ne commence pas par désarmer la République...

     

  • Le FN est-il aux portes du pouvoir ?

    Je suis les sondages et la montée en puissance depuis longtemps déjà et je vois bien que ce que j'ai prophétisé se concrétise, désormais. Ce qu'indiquent les dernières études d'opinion c'est que le Front National devient capable de remporter des duels de second tour à grande échelle. C'est un basculement probablement irréversible et très instructif en vue de la prochaine présidentielle.

    Je réitère ma mise en garde : je suis convaincu que Hollande ou Sarkozy perdront contre Marine Le pen s'ils l'affrontent à la prochaine présidentielle. Hollande (ou Valls) est déjà donné perdant dans les derniers sondages. Sarkozy jusqu'ici l'emportait, mais c'est sans compter la détestation dont il fait l'objet à gauche et le siphonnage de ses voix par le FN. En pleine campagne, avec l'agitation qui le caractérise, je crains fort qu'il ne perde pied d'autant qu'il est comptable au moins autant que Hollande à la France de la situation dans laquelle elle est aujourd'hui.

    Je suis très sceptique devant la popularité de Juppé. Toutes les personnalités politiques qui ne s'expriment que peu ou ne prennent pas de position tranchée publiquement, en entrant dans le débat politique, sont populaires.

    Que va-t-il se produire quand il va devoir entrer en campagne ? Son livre de cet été augure très mal de ce que cela va donner. On voit qu'en matière d'éducation, c'est le de "gauche-like". Je pense que ce ne sera pas le seul domaine où il ne sera guère innovant. La posture du vieux sage n'est pas une garantie de représentation. Pour moi, il ne tient pas la route.

    Il y en a qui pourrait vraiment faire échec à Marine Le pen, c'est Bayrou. Mais à un certain nombre de conditions.

    Bayrou est un homme positionné dans le débat politique. On sait qu'il a des avis tranchés et exprimés, chose importante en politique. C'est également le seul à s'être emparé d'un thème "national" pendant la dernière présidentielle et à pouvoir parler de la nation sans qu'on le soupçonne de chercher à récupérer l'électorat du Front National. On le sait sincère, c'est très important.

    L'obstacle principal, c'est son absence de troupes. Pour que les centristes puissent espérer survivre il leur faut se ranger derrière un leader charismatique qui a fait ses preuves. Seul Bayrou peut assumer ce rôle. L'UDI doit comprendre qu'il faut en finir avec les rancoeurs du passé et que dans l'adversité, il faut se serrer les coudes entre modérés. Le bon sens serait de se rallier à Bayrou sans condition et de le soutenir désormais.

    Ce ne sera pas encore suffisant. Le programme de Bayrou a besoin d'un sérieux dépoussiérage. J'écoute de temps en temps les élus du MoDem et le Béarnais et je le dis sans ambages : ils tournent en rond. Ils tiennent le même discours depuis 2007 sur l'union, les guerres ineptes des camps et cetera. Le tourne-disque est rayé depuis un moment, il faut changer de refrain.

    Il faut définir un nouveau programme, prenant ses racines dans l'ancien, capable de parler d'identité et de nation avec intelligence. Cela, seul Bayrou sait le faire vraiment. Ce programme doit être lié à l'Europe, mais, au sujet de cette dernière, il faut cesser de faire des concessions et repousser avec force, désormais, tout ce qui n'est pas démocratique, tout ce qui s'apparente à une oukaze venue du haut. Le programme européen du centre est donc à repenser également et ne peut plus se satisfaire de co-gestion.

    Bref, il faut avoir un discours fort, honnête, intelligent et innovant. Bayrou est capable de tout cela. La tache est difficile, mais il faut bien penser qu'en face, il y a les menteurs (Socialistes, Les Républicains) et les fous furieux (Nationalistes)...

  • Occasion historique pour Marine Le pen et son FN

    Marine Le pen a une occasion historique de mettre son père dehors. Les derniers sondages sont sans appel, l'électorat du FN lui-même rejette les dérapages de Jean-Marie Le pen. Non pas qu'il soit forcément si indigné que cela (j'ai quelques doutes sur ce point) mais plus simplement que ce dernier est complètement à côté de la plaque. Il n'a pas compris que la Seconde Guerre Mondiale, Pétain, son électorat s'en tamponne, aujourd'hui. Cette dialectique, ces provocations sont historiquement dépassées, tout du moins, dans la sphère électorale frontiste (que je distingue de la sphère militante). Je ne crois pas Marine Le pen antisémite ni négationniste ni même raciste sur le fond. J'en suis moins convaincu pour une partie non-négligeable de son appareil militant et de ses cadres dirigeants, mais, disons que ce ne sont pas eux qui ont le vent en poupe dans l'immédiat.

    Que l'on ne s'y trompe pas, débarrassé de JMLP, le FN demeurera un parti que je combattrai avec énergie parce que les idées qu'il amène dans la sphère politique sont mortifères, mortelles, même, pour notre pays. Mais, tout comme Malek Boutih, dont je partage entièrement l'analyse, voir le FN devenir un parti de droite dure, nationaliste sans doute, mais  s'éloignant des partis fascistes et extrémistes européens, est  préférable pour notre pays.

    Cela dit, une telle évolution aura des conséquences. Si le FN continue à grimper, tout en ayant gagné en respectabilité, et que le rapport de force s'inverse avec l'UMP, qui ne tient, pour l'instant, que par son alliance avec les centristes, il pourrait y avoir une sérieuse recomposition à droite. C'est d'ailleurs à la faveur d'un éventuel chamboulement avec ses conséquences chaotiques pendant quelques années que le FN pourrait alors prendre le pouvoir.

    La stratégie de dédiabolisation de Marine Le pen commence à produire ses effets, son dernier obstacle, c'est son père...

     

  • Convier ou non le FN à la marche républicaine ?

    J'y ai bien réfléchi, et je vais faire court. Je pense qu'il ne peut y avoir d'exclusion à l'unité nationale. Le FN s'inscrit dans la structuration démocratique de notre pays depuis longtemps et ne menace pas nos institutions. S'il y a une marche, il faut appeler tous les Français à s'y joindre quelles que soient les opinions politiques de chacun. Mais je crois qu'il ne faut pas inviter des partis, ce serait une erreur, mais des individus. On peut consulter des instances techniques des partis de manière à organiser le défilé pour éviter des heurts entre gens qui ne peuvent pas se sentir.

    En somme, il n'y a pas matière à inviter officiellement des partis, mais chacun peut s'y joindre s'il s'en sent le coeur.

  • Faut-il refuser de serrer la main à un militant/une militante du FN ?

    Je dirai que toute la question que je me pose est dans mon titre. Je sais que le réveillon commun de jeunes de l'UMP et du FN a fait polémique, comme le titre le Parisien.

    C'est toujours difficile de bien calibrer la relation que l'on doit entretenir avec le Front National. Pour les Socialistes, c'est la diabolisation à outrance, et, on doit leur en donner quitus, ils sont sincères. Ils considèrent vraiment que le Front National est le mal absolu.

    Je me suis demandé moi-même comment je réagirais si dans mon métier, je devais serrer la main à un militant, un élu FN ou même un cadre majeur comme Philippot pour ne pas évoquer Marine Le pen elle-même.

    Serrer la main, c'est évidemment accepter de voir rentrer son adversaire dans la normalité. C'est donc un risque, de fait, parce que pour ma part, je ne considère pas le Front National comme un parti normal. 

    En même temps, le combat se mène sur les valeurs et les idées. Je ne partage rien des convictions du Front National, et, comme François Bayrou, je pense que ce parti cherche à diviser notre pays et tirer parti du désarroi qu'il induit. J'ajoute que son discours violemment anti-libéral et populiste me déplaît profondément d'autant que je pense que son programme économique nous conduirait droit dans le mur. 

    Je m'imagine difficilement passer un réveillon avec des jeunes (ou pas, d'ailleurs) du FN : quoi leur dire ? Nous pourrions évoquer sans doute la pluie et le beau temps sur lesquels nous pourrions tomber d'accord, encore que...je les crois capables d'envisager un complot de France Météo...

    Au fond, ce n'est pas tant que la seule étiquette m'empêcherait de discuter ou de trinquer ; c'est plutôt que cela risque de coincer assez vite quand on va évoquer nos idées respectives ou même quand les valeurs que nous portons respectivement vont nous échapper malgré nous, aussi bien dans le feu d'une discussion qu'à l'occasion d'une remarque anodine.

    Je ne cherche pas à stigmatiser un jeune FNJ pour son étiquette, mais son choix, évidemment, m'interpelle. 

    Une bise, une poignée de mains, ont une portée symbolique évidente. Elles supposent une certaine forme de reconnaissance sinon de complicité. 

    Il me semble que l'on peut rester poli et courtois avec les adhérents et militants du Front National. On peut même prendre un verre avec eux, pourquoi pas. Mais on doit rester roide sur ce que l'on veut pour soi et pour la France, roide sur ce que l'on ressent, roide, enfin, sur son éthique personnelle.

    Une chose est sûre : je peux être amené à serrer la main d'un militant FN si les circonstances ne prêtent pas à confusion, mais je ne pourrai m'empêcher, en mon for intérieur, de continuer à éprouver une gêne. Et même si cette gêne n'est pas formulée, elle vient de l'intérieur de moi-même, je peux même la nommer en l'analysant : je sais que c'est de la culpabilité. Je ne dis pas que l'on a forcément raison de se sentir coupable, car la culpabilité nous ronge dans bien des circonstances de bien fâcheuse manière, mais si elle est là, c'est bien qu'elle correspond à une situation moralement insatisfaisante.

     

  • Le principal adversaire de l'UMP est désormais le FN

    L'UMP devrait à mon avis acter que désormais, son principal adversaire est le Front National. Dans la plupart des législatives partielles, le PS a été laminé tant ce parti est discrédité. Des duels UMP-FN sont désormais probables dans la plupart des prochains rendez-vous électoraux.

    Pourtant, même si cette question agite les principaux leaders de ce parti, il ne semble pas avoir mis en place une stratégie programmatique pour contrer le Front National. La porosité est assez forte au sein des électorats, ce qui complique la tache du parti de droite.

    L'UMP devrait se méfier parce que son adversaire d'extrême-droite, lui, n'a que des préventions à son égard, pas au sens mélioratif du mot, et a d'ores et déjà un vademecum anti-UMP dont on peut lire la prose sur son site, d'ailleurs.

    L'UMP a un programme , plutôt complet, contrairement aux idées reçues à ce sujet, mais l'essentiel de ses attaques sont concentrées en direction du PS. 

    En procédant avec astuce, ce parti pourrait affronter le Front National sur le terrain des idées en le prenant à contre-pied là où c'est nécessaire et souhaitable. Espérons que ses responsables y réfléchissent...

  • La duplicité du FN avec les Chrétiens d'Orient

    Si elle n'était pas tragique, la réaction du FN serait drôle tant elle est pavlovienne.

    Le gouvernement vient d'avoir la très heureuse initiative de favoriser les procédures de droit d'asile pour les Chrétiens d'Orient, ce que j'applaudis des deux mains.

    Ceci ne signifie pas que nous devons abdiquer et ne pas chercher à les protéger sur place, mais dans l'immédiat, leur offrir un asile est ce que nous pouvons faire de mieux.

    Le FN qui n'avait eu de cesse de récupérer l'opinion chrétienne se retrouve piégé. Dans la tête d'un cadre ordinaire du FN, Orient = Arabe. Quoi ? Arabe ? Vade Retro Arabicas ! Chrétien ou pas, peu importe.

    La vraie nature du FN, c'est ça.

    J'en connais des Chrétiens d'Orient. Il n'y a pas de communautés plus proches de nous, avec un côté un peu désuet, très charmant "d'ancienne France" :-)

    Même s'ils ne devaient jamais retrouver leur place au Proche-Orient, ce que je ne souhaite pas, leur intégration dans notre pays se ferait sans le moindre problème.

    Cela dit, il faut espérer tout de même qu'ils puissent revenir, le moment venu, en Syrie et en Irak. En Syrie, c'étaient les Alaouites qui les protégeaient, il faut y réfléchir...et en Irak, la seule communauté structurée et capable de se défendre, c'est celle des Kurdes. Le seul endroit tranquille pour les Chrétiens pourraient être le Kurdistan mais ce serait à négocier avec les Kurdes dont il faudrait obtenir l'accord et auxquels il faudrait certainement proposer des financements dans un premier temps.

    Pour revenir au FN, j'espère que les dernières déclarations d'Alliot ouvriront les yeux de ceux qui se sentent encore un peu catholiques, à défaut chrétiens, ou, tout du moins (et c'est mon cas) de tradition catholique et qui imagineraient encore que ce parti à quoi que ce soit de valeurs chrétiennes.

    Il existe des associations qui oeuvrent en faveur des Chrétiens d'Orient, mais j'avoue mon ignorance pour trier le bon grain de l'ivraie.

    Je connais toutefois deux blogueurs en lesquels j'ai confiance pour conseiller et le cas échéant orienter ceux qui voudraient aider les Chaldéens. On peut très certainement se fier à Romain Blachier, un blogueur de centre gauche, et à Laurent de Boissieu, un journaliste de La Croix dont le centrisme léger est néanmoins prononcé.