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enfance

  • Leonarda, épilogue

    J'ai eu confirmation de ce que je craignais un petit peu dès le début : comme je le disais dans mon premier billet j'ai globalement confiance en l'humanité de Valls ou de Hollande et plus généralement de la gauche dans le domaine de l'immigration. Je me doutais en mon for intérieur que la famille de Léonarda n'avait pas été expulsée par hasard, surtout quand la préfecture a laissé entendre qu'elle ne présentait pas de perspectives d'intégration économique et sociale.

    La vérité est tombée aujourd'hui.

    Le père a été condamné pour plusieurs vols, qualifiés pudiquement de larcins, et, semble-t-il, on le soupçonnait de violences sur sa femme et sur ses filles. Pour le reste, toute la famille vivait de l'aide sociale. Je l'ai écrit dans mon précédent billet, ce sont les enfants, au final, qui paient les pots cassés. Le père est un sacré connard. Malhonnête, violent et paresseux, c'est lui qui méritait et de loin l'expulsion. Il faut être sacrément sans gêne pour voler les habitants du pays auxquels on demande l'asile. Menaçant de faire exploser le foyer où il était logé s'il était expulsé, l'individu ne mérite aucune compassion d'aucune sorte.

    Je n'ai pas d'avis sur son épouse, je n'ai pas d'informations à son sujet. Je note simplement que j'ai connu des immigrés en situation disons, non-régularisée, qui faisaient des pieds et des mains pour travailler. Cela n'avait pas l'air d'être son cas. Mais les enfants, eux, n'y sont pour rien. Je me suis douté dès le début que les parents avaient laissé à dessein leur fille participer à sa sortie scolaire : ils savaient qu'ils étaient convoqués ce jour-là pour un départ immédiat. C'eût été de bonne guerre s'ils n'avaient rien eu à se reprocher.

    Je dis la famille, mais je pense au père. Un individu qui n'a jamais pris la peine de travailler à ce que je comprends. 

    Mais justement : puisqu'il est à peu près établi qu'il battait ses enfants, je peux savoir pourquoi on tient ces derniers pour comptables d'avoir été battus et pourquoi on les renvoie avec un individu aussi paresseux que brutal et sans vergogne ? La logique eût été de les mettre à l'abri sur notre sol, pas de les laisser à sa merci en un endroit où la protection de l'enfance est quasi-inexistante...

  • Enfants placés et allocations

    Il y a eu un débat  au Sénat sur le maintien ou non des allocations familiales aux familles des enfants placés.

    Il me semble qu'il faudrait distinguer deux cas :

    a) les familles maltraitantes auxquelles en effet, il faut retirer automatiquement toutes les sommes versées pour l'éducation de leurs enfants puisque non seulement elles ne s'occupent plus d'eux mais de surcroît, on sait qu'elles les maltraitent.

    b) les familles carentes qui se montre négligentes ne devraient pas non plus se voir conserver l'essentiel des aides.

    c) les familles précaires, quant à elles me paraîtraient injustement privées d'un soutien dès lors que les efforts pour tenter d'aider au mieux leurs enfants ont été manifestes.

    Si par exemple, une mère ou un père seuls, sous l'effet des aléas de la vie deviennent des SDF et ne trouvent plus d'autres options que de faire dormir leurs enfants dans la rue, certes, il apparaît logique de les placer, mais en tenant de maintenir le lien autant que possible. Pour ce faire, permettre à ces parents précarisés de toucher des aides qui leur permettent d'acheter de menus biens de première nécessité à leurs enfants me semble aller dans le bon sens. 

    L'UNAF et l'auteur de la proposition de loi semblent diverger sur les chiffres. L'UNAF assure que seuls 20% des enfants placés le sont pour maltraitance quand le sénateur Christophe Béchu dit au contraire que l'écrasante majorité de ces enfants le sont bien pour cette raison.

    Il y a une chose que j'entends parfaitement dans le raisonnement du sénateur UMP, c'est que les allocations familiales ont vocation à valoir pour les enfants et en aucun cas servir de revenus complémentaires pour les familles. Elles ne sauraient servir de variables d'ajustement ou de simili-protections sociales face à la précarité car cette dernière relève d'un autre traitement.

    Contrairement à une idée reçue, le maintien à tout prix du lien entre l'enfant placé et sa famille biologique ne contribue pas nécessairement au bonheur de ce dernier. Une enquête menée auprès de 400 enfants par le Journal de l'action sociale et du développement social indiquait que 43% d'entre eux avaient souffert du maintien de leurs relations avec leur famille d'origine.

  • Une Académie de quoi ? Des sciences ? Vraiment ?

    Pendant longtemps j'ai eu une haute opinion de l'Académie des Sciences, mais depuis trois-quatre années je commence à me poser de sérieuses questions sur la pertinence de certains rapports.

    Puisqu'on est en plein débat sur les rythmes scolaires, je ne manque pas de préciser que leur étude sur le sujet ne m'avait pas convaincu, mais en la circonstance, c'en est une autre que j'ai dans le collimateur.

    Elle consiste ni plus ni moins à faire l'éloge des écrans de toutes sortes pour les enfants y compris les tout-petits avec les tablettes tactiles.

    Vanter l'acuité intellectuelle que développerait les tablettes en question pour nos enfants, on dirait du pur pédagogol dans le texte.

    Je commence à soupçonner d'étranges convergences.

    Grâce au Ciel, il existe tout de même quelques individus sérieux au sein de la communauté scientifique qui ont réagi au tissu de contre-vérités et d'absurdités par omission publiés par nos nouveaux savants.

    Grand merci à Michel Desmurget, directeur de recherches en neurosciences à l'INSERM, Laurent Bègue, professeur de psychologie sociale et Bruno Harlé, pédopsychiatre qui pointent dans une tribune libre du quotidien Le Monde toutes les failles de l'étude originelle. A lire, bien évidemment. Ah : pas moins de 64 experts en psychologie et neurologie ont tout de même co-signé cette tribune...

  • Enfant de 5 ans sans cantine, la vérité.

    Comme d'habitude, la presse s'est précipitée sur une information jugée croustillante sans en vérifier la substantifique moëlle, suivie avec célérité et appétit par le bon Docteur Vincent. Je dois admettre que seule France-Info échappe à cette opprobe générale car c'est par elle que j'en sais un peu plus, cette radio ayant eu le bon sens d'interroger le directeur de l'école concernée.

    Si un gendarme est venu c'est d'abord parce que les parents étaient censés venir chercher leur enfant à 11h30 ce qu'ils n'ont pas fait. Les mêmes parents, qui divorcent mais ne sont pas en difficulté, omettent sans doute sciemment de régler la cantine depuis près d'un an. Je suppose qu'ils comptaient cyniquement sur le scandale qude devrait provoquer le rejet de leur petite fille de la cantine. Pari réussi.

    On ne devrait pas pouvoir expulser une enfant de 5 ans d'une cantine : pour cela, il ne faut pas permettre aux parents défaillants de prendre en otage leurs propres enfants.

    En mettant en place une saisie automatique sur salaire ou sur allocations familiales ou encore sur l'allocation de rentrée scolaire, nous n'en serions pas là aujourd'hui.

    Cette enfant est victime du sans-gêne outrancier de sa famille : sans-gêne qui frise largement la malhonnêteté.

    Pas plus que Mister Peillon je ne puis tolérer qu'on envoie un gendarme chercher une petite fille de 5 ans au milieu d'une cantine, mais, plutôt que de menacer de ses foudres l'école concernée, je ne saurais trop lui conseiller d'aller enquêter du côté de la famille pour défaut de soins.

  • Bien plus de débiles congénitaux qu'on ne l'imagine...

    Marianne2 m'a fait l'honneur de reprendre l'un de mes derniers billets sur l'affaire Betty Coton. J'y conchiais le crétinoïde paré du titre de prof qui lit des scènes de viol et de mutilations sexuelles à des enfants de 9-10 ans pour les sensibiliser à ce que fut l'esclavage.

    J'ai remarqué depuis un moment qu'il y a comme un problème de cerveau chez pas mal de commentateurs d'articles et de billets, sur la Toile. Les crétinoïdes, comme les mouches volent généralement en escadrille et s'abattent comme des mouches à m... sur une bouse de première qualité sur les fils de discussion.

    Là, j'ai touché le jackpot avec mon dernier billet. Florilège.

    "A cet âge, j'ai vu des choses plus violente tout simplement en regardant les informations. Il n'y a que vous que cela choque alors grandissez !"

    "Votre indignation est d'une niaiserie sidérante. Pourquoi masquer le réle ausx enfants gavés de virtuel violent. Et cet appel à Montesquieu pour parler du "mal fait aux Africains !"

    "Leur raconter l'esclavage en leur disant simplement que le méchant blanc a fait travailler le gentil noir équivaudrait à leur expliquer que la guerre 40, comme toutes les guerres, a malheureusement occasionné beaucoup de morts et de blessés."

    Voyons : au fond, la vraie question, c'est de déterminer s'ils sont débiles par nature ou bien si leur crétinerie est un caractère acquis au fil du temps.

    On leur parle de sensibilité de très jeunes enfants à ces débiloïdes attardés mais fanfaronnant tout de même, et leur argument c'est d'expliquer que tout va bien, Madame la Marquise, c'est normal de raconter des scènes de mutilations sexuelles à des enfants. Tout à fait normal. Le monde est violent. 

    kiçonkons. C'en est désespérant. Zarma, nique sa race,  nardem' mouk, j'espère qu'il n'y en a pas un qui est prof ou qui s'occupe d'enfants dans le tas.

  • Médée était un homme

    Olympe me reprochait hier, en commentaires, à la suite du billet que j'ai écrit sur les deux petites jumelles disparues, de choisir Médée comme bouc-émissaire de ces géniteurs qui tuent leur descendance ; elle observait que dans 95% des cas, ce sont les hommes et non les femmes qui commettent l'infanticide. Il y a bien plus d'Atrée et de Pélops que de Médée.

    Elle ra raison. Je ne suis pas croyant. J'aimerais l'être, non pour pardonner, mais pour pouvoir souhaiter la damnation à Matthias Schepp. Hélas, je n'ai guère d'illusions, même si j'aimerais, là encore, croire pour pouvoir implorer un miracle. Comment a-t-il pu tuer ses deux adorables petites filles ? J'en suis malade chaque fois que je vois les titres qui s'affichent dans mon reader.

    Je crois que c'est pour nous purifier, que les grands dramaturges grecs ont écrit leurs tragédies. Aristote avait raison  : Euripide, Sophocle, Eschyle, leurs oeuvres, en réalité, ont une finalité cathartique. Les histoires terribles dont ils dénouent le fil sont là pour nous montrer le destin qui attend ceux qui vont contre les lois divines. Créon enterre Antigone vivante et refuse une sépulture décente à Polynice, sa fin sera misérable. Nous devons être terrifiés par ce sort funeste afin de ne pas être tentés de les imiter.

    J'ai une épouvante qui me saisit à lecture de l'histoire sinistre de Matthias Schepp. Sa famille vient de communiquer pour rappeler qu'il fut, dit-elle, un homme affectueux pour lequel sa famille était tout. Impossible. Impossible, non au sens où des faits pourraient contredire ces affirmations, mais au sens où sa fin et celle qu'il a sans doute réservée à ses deux petites révèlent le fond de sa personnalité. Tuer ses enfants, c'est la marque avant tout d'un égocentrisme monstrueux. C'est croire que sa famille, sa descendance, n'est qu'une émanation de soi, et qu'elle doit donc disparaître avec soi. Matthias Schepp a peut-être été victime d'un trouble mental, mais ce n'est pas suffisant pour expliquer son crime horrible. Il faut un fond culturel, dont il n'est d'ailleurs pas le seul comptable, qui considère l'enfant comme une propriété des parents.

    Non, non et non, les parents ne font pas ce qu'ils veulent avec leurs enfants. Ils en sont juste responsables, ce qui est autre chose. Commençons par battre en brèche cette idée répandue, pour, peut-être, contribuer à éviter des drames et des conduites épouvantables. Une fois encore je relève la pertinence du propos de Maria Montessori qui éclaire d'une lumière particulière ces jours sombres : l'adulte a une mission sacrée, celle de veiller à assurer l'atmosphère la plus bienveillante et amicale possible pour son enfant. Il n'a pas un droit imprescriptible de décider de son destin. Je préfère croire que le plan secret de la nature, sorte de miracle immanent, se déroule selon une trajectoire qu'il ne nous appartient pas de contrarier mais au contraire de faciliter.

    Mon Dieu, si tu existes, que j'aimerais qu'un miracle se produisît, ou alors, si le pire s'est produit, s'il y a quelque chose après la mort, que tu accueilles Alessia et Livia, d'où qu'elles viennent et où qu'elle soient.

  • Euthanasie et cris d'orfraie réacosphériques

    Tiens, c'est mon affreux libéral de service qui va faire une drôle de tronche en lisant mon billet : le voilà qui soupçonne ces vieux barbons de sénateurs de vouloir buter les vieux parce qu'ils s'apprêtent à légaliser l'euthanasie. Et en plus il prend à témoin la cathosphère.

    Je n'ai jamais eu cette sorte d'adoration assez étrange des conservateurs et des chrétiens pour la vie en tant que telle (pas qu'eux d'ailleurs : à gauche, l'idée chrétienne que toute vie doit être préservée à fait aussi son chemin chez les laïcs). La vie, à mon sens, est d'abord ce que l'on décide d'en faire. Dans l'Antiquité, les platoniciens, les stoïciens, les épicuriens n'hésitaient pas à appeler à devancer la mort et ne la craignaient pas. 

    Autant de terrifiants soupçons m'incitent à la plus grande réserve lorsque l'on évoque l'avortement, car on ne peut en aucun cas parler de choix pour une vie qui éclot autant, à l'inverse, pour une existence qui s'achève, la pensée consciente me paraît capable de fixer elle-même quel doit être son terme.

    Je crois qu'il faut bien distinguer l'euthanasie du suicide consécutif à une pathologie mentale, qu'elle soit permanente ou temporaire. Koz craint qu'une loi sur l'euthanasie marque la fin du développement des soins palliatifs. Je ne le crois pas. Je crois surtout que l'euthanasie en marque la limite.

    Sophisme que celui d'Hashtable et Koz qui associent peine de mort et euthanasie. L'euthanasie n'est pas une peine, c'est une délivrance. Rien à voir avec une peine judiciaire. Hashtable affirme que les lois actuelles sont suffisantes, et de citer la loi 22 avril 2005 du code de la santé publique. Dans la loi actuelle, qui juge de la pertinence ou non de soins curatifs ? Le médecin et exclusivement le médecin. Allons, mon affreux libéral favori : alors ? On n'est plus assez grand pour savoir ce que l'on peut faire ou non de son existence ? On ne parle pas d'une euthanasie de confort, en la circonstance. Le sujet est grave et sérieux. 

    Toute personne capable, majeure, en phase avancée ou terminale d’une affection accidentelle ou pathologique grave et incurable, lui infligeant une souffrance physique ou psychique, qui ne peut être apaisée ou qu'elle juge insupportable peut demander à bénéficier d'une assistance médicalisée permettant par un acte délibéré une mort rapide et sans douleur.

    Ouf, on demande enfin l'avis du mourant en phase terminale, puisque l'amendement en appelle au jugement de ce dernier. On a enfin le droit de dire "j'ai mal" sans qu'un bon praticien ne vienne répliquer "mais non mais non, ne faites pas l'enfant, mon ami, voyons...". Ce n'est pas un choix de bien-portants pour les mourants, mais au contraire celui des mourants à la place des bien-portants. Seul un ressuscité pourrait juger, et encore, de la pertinence ou non de cette demande. Voilà qui clôt ce point.

    Koz pense qu'en légalisant l'euthanasie, note société rompt avec l'interdit de donner la mort : faux ! c'est l'individu qui fait ce choix, pas la société à sa place (comme dans la peine de mort ou l'avortement, par exemple). Il assimile l'euthanasie à un jugement de valeur sur la qualité de l'existence d'autrui. Que vient faire cette réflexion sur la dignité dans ce débat ? Il ne s'agit pas de dignité mais de souffrance, ne jouons pas avec les mots, svp.

    L'euthanasie n'est pas une démission collective : elle marque les limites de notre savoir médical et le choix désespéré mais raisonné, pour autant qu'il puisse l'être, de l'individu au terme de son existence. Et ce n'est pas le fruit d'une société matérialiste et égoïste mais au contraire qui se penche sur la souffrance de l'un des siens.

    La mort ne doit pas être hâtée, se récrie Koz, c'est un moment qui doit être vécu. Ah bon. Ah, c'est mieux d'agoniser le plus longtemps possible, alors ? On peut aussi s'immoler au chalumeau pour faire durer le plaisir.

    Je donne en revanche complètement quitus à Koz de s'inquiéter de dérives. L'extension envisagée en mars 2008 aux enfants déments est 200% inadmissible. L'euthanasie doit impérativement finir là où s'arrête le libre choix de l'individu. Ce devrait être un préambule clair et affirmé.

    A nous d'être vigilants. Il est vrai que pour ma part, je me suis toujours opposé à la peine de mort en raison des graves et lourdes dérives auxquelles elle a donné lieu quand elle a été appliquée, y compris en démocratie. Si jamais il s'avérait que l'euthanasie aboutisse par la suite à des dérives semblables (mises à mort sans consentement éclairé des individus) bien entendu, ma position sur le sujet évoluerait radicalement. De tous les arguments que donne Koz, c'est d'ailleurs le seul qui me semble véritablement recevable.

    Je juge d'ailleurs très inquiétant et regrettable que ce soit un parti libéral et démocrate, l'OVLD (Parti libéral et démocrate flamand), membre de l'ADLE, qui promeuve cette extension par la voix de Bart Tommelein.

    Cette proposition me paraît très grave et me paraît aux antipodes de la philosophie libérale qui place l'individu, sa responsabilité et ses choix au coeur de l'action humaine. Au minimum, elle exigerait de demander l'avis de l'enfant (l'âge de décision est évalué à 7 ans en Belgique). Mais je peine à déterminer comment le consentement d'un enfant pourrait être éclairé. Je crois toutefois comprendre que l'intention de Bart Tommelein n'était pas foncièrement mauvaise, puisqu'il s'agissait de prendre en considération la souffrance de l'enfant.

    Ce qui m'a révolté, in fine, c'est la mention de la démence qui me semble 100% hors de propos dans de telles circonstances. 

    Enfin, concernant l'enfance, j'ai quelque peine à associer à ce qu'elle représente l'idée de fin de vie. L'enfance, c'est la vie qui commence. On ne peut présager de son issue.

     

  • Socialisme et libéralisme dans les bacs à sable

    Passionnant d'observer de petits enfants dans les bacs à sable. S'y dessinent les grandes tendances philosophiques de la société dans laquelle nous vivons.

    Il y a ceux qui prêtent au tout venant pelle et râteau, trottinette et petite poussette. Il y a ceux qui s'en emparent : les uns de force, les autres à la dérobée. Il y a ceux qui tournicotent autour des heureux possédants avec un regard d'envie (leurs frustrations d'enfance les conduiront-il au NPA ou au Front de Gauche ?).

    S'il y a des prêteurs, il y a aussi des emprunteurs : les uns oublient de rendre, les autres deviennent prêteurs le lendemain.

    Il y a ceux dont la main posée sur le camion garantit que l'objet est leur propriété. Certains refusent tout prêt, d'autres utilisent leurs biens comme monnaie d'échange, d'autres enfin les prêtent mais les suivent d'un regard qui vaut bien un fil invisible.

    D'autres encore jettent un oeil suspicieux sur l'étranger (rassure-toi, lecteur, ils ne finiront pas forcément FN ni même sarkozyste...).

    Plus rarement, de petits chefs cherchent déjà à imposer leur loi, tandis que des bandes pré-délinquantes essaient de semer la terreur, le tout sous l'oeil indifférent de leurs parents (devinez pour qui les baffes se perdent...).

     

  • Le ski sympa ? pas pour les petits...

    J'imagine qu'un certain nombre de Français vont tranquillement faire connaissance avec le manteau enneigé des belles montagnes françaises.

    Ouais, c'est sympa pour les adultes. Sympa aussi pour les enfants. Mais pour les plus petits, les 2-4 ans, quand je vois les bras cassés qui s'en occupent dans les écoles de ski, je suis déjà plus sceptique. On voit bien que ça les emmerde, les mecs et les nanas de s'occuper de petiots. Il faut s'arrêter, il y en a qui pleurent, d'autres qui ont froid, d'autres encore qui veulent papa et/ou maman, et cetera...

    Je me souviens d'en avoir vu une ribambelle avec pas moins de neuf moniteurs de ski : ils les faisaient descendre une sorte de vague petite côte d'une quinzaine de mètres chacun, puis les remontaient par une sorte de tapis. Bilan, deux heures à se cailler dans le froid pour trois descentes avec des moniteurs qui leur beuglaient "pointu, pointu, nom de D..." pour leur apprendre le chasse-neige, et qui râlaient quand un petit voulait passer aux toilettes. Des moniteurs de l'ESF, au fait. Oui, monsieur, oui, madame, on a pignon sur rue, on est accueilli par une hôtesse "djeun's", pas toujours aimablement, au demeurant, mais on est infoutu de s'occuper des petits.

    Alors quand on veut travailler dans le périmètre de la petite enfance, il faut au minimum aimer cela et avoir quelques compétences dans le domaine.

    Songez à vos plus plus petits si vous partez à la montagne, et ne vous laissez pas avoir par les bonimenteurs...dans bonimenteurs, il y a menteurs...

  • Le bon prof...

    Tiens, Isabelle m'a taggué depuis un moment sans que je ne réponde. Je mets à profit un petit temps de tranquillité pour répondre.

    Je n'ai pas d'idée forcément claire et définie de ce qu'est le bon prof. Je pense qu'il en va de la profession d'enseignant comme de toutes les autres. Une majorité ordinaire, une minorité pas fameuse voire nulle, et une minorité encore moindre excellente.

    Quelles qualités doit avoir un enseignant ?

    La première d'entre elles, à mes yeux, c'est l'humanité, c'est à dire la bienveillance. A fortiori quand l'enseignant s'occupe d'enfants, et plus encore quand ces enfants sont vulnérables (les plus petits en particulier, les enfants «différents», ou encore handicapés.

    Être bienveillant, c'est une bonne chose, mais pour pouvoir exercer cette bienveillance, il faut aussi de l'empathie, c'est à dire pouvoir ressentir ce que l'autre ressent. Je pense que c'est très difficile, pour un adulte, de comprendre un enfant s'il ne se souvient pas de l'enfant qu'il a été. L'empathie est la forme la plus élémentaire et innée de la psychologie ; elle peut se travailler en étudiant la discipline ad hoc.

    Ensuite, idéalement, la patience est une qualité majeure : pour pouvoir répéter, reprendre, expliquer, accompagner chaque enfant à son rythme, oui, je le crois, il faut être patient.

    Tout comme Maria Montessori, je crois que les enfants aiment naturellement l'ordre, car l'ordre les rassure. Un enseignant ordonné ne sera pas forcément apprécié de ses étudiants, car il faut d'autres atouts pour cela, mais, très certainement, il leur offrira un cadre solide pour évoluer ; les terrains mouvants ne sont pas propices à ceux qui font leurs premiers pas, et, me semble-t-il, c'est le cas de chaque âge de l'enfance, à la mesure des découvertes qui lui sont propres.

    Au-delà des qualités morales, viennent ensuite celles qui sont de nature disciplinaire : il faut être maître en sa discipline pour pouvoir prendre des risques dans le choix de sa pédagogie. Donc, plus l'enseignant est formé et maîtrise les arcanes de son savoir, plus il peut de choses différentes, et l'aborder sous des angles multiples. Sacrifier le savoir disciplinaire dans les concours sous prétexte que la pédagogie serait première, opposer didactique et pédagogique, c'est une très grave erreur. Je pense donc qu'un agrégé a plus d'opportunités (même si ce n'est pas une fatalité) d'être meilleur enseignant qu'un certifié, a fortiori qu'un contractuel.

    Tout comme Isabelle, je crois à l'éducabilité universelle, mais pas à la caricature fumeuse qu'en a faite la gauche. Je crois que chaque enfant peut-être éduqué, mais, là encore, tout comme Maria Montessori, je tends à penser que la nature (Dieu si j'étais croyant) a son plan secret pour chaque enfant. Tous les enfants passent à un moment donné par des étapes qui leur sont communes, comme des balises, mais, le chemin qu'ils empruntent leur est propre.

    L'Éducation de masse s'oppose donc à ces parcours individuels, parcours diversifiés que le MoDem aborde dans son programme sans oser le développer jusqu'au bout, tant, s'il fallait poursuivre le raisonnement jusqu'à son terme, tout le système scolaire sur lequel notre éducation nationale repose viendrait à s'effondrer.

    Un enseignant qui n'imagine pas que chaque être puisse être éduqué ne peut pas, à mes yeux, être un enseignant. J'en profite, d'ailleurs, pour regretter le terme même d'éducation : éducation vient du verbe duco, en latin, qui signifie guide, conduire. L'étymologie même du mot sous-tend une nécessaire substitution d'une volonté extérieure à celle de celui que l'on éduque. C'est quelque chose qui me gêne et qui m'a toujours gêné. Je préfère de loin les vues de Maria Montessori, chargeant l'adulte de préparer l'ambiance, l'atmosphère bienveillante, qui permettra à chaque être de construire l'homme, la femme qu'il doit être un jour, de développer l'embryon spirituel qu'il est à sa genèse.

    A ce stade, je dois admettre que je ne suis plus dans la réalité, mais dans l'idéal ; un enseignant, nous, parents, adultes, ne devrions pas être des éducateurs, mais des accompagnateurs chargés de la plus noble mission qui soit : garantir à l'enfant dont nous avons la charge les conditions optimales pour que sa volonté secrète puisse réaliser ses propres desseins, absorber les connaissances comme l'éponge psychique qu'il est à l'état naturel.

    Je crois, et là encore, je rejoins Maria Montessori, que dans sa petite enfance, l'enfant détient des pouvoirs et des aptitudes extraordinaires qu'il n'aura plus jamais par la suite, dans son existence. Loin de contrarier ces aptitudes, nous devons prendre conscience des périodes sensibles où elles se manifestent, et ne rien faire pour les contrarier.

    Je m'égare, finalement, mais je conclurai en ajoutant une dernière qualité, à propos du bon prof : il ne doit pas juger  son élève sur ce qu'il est, mais sur ce qu'il fait, car seuls les actes peuvent être jugés. Pour la même raison, il doit respecter son intimité, parce que cette intimité participe de son être (dire des notes à voix haute, sans l'accord de l'enfant, par exemple, cela peut être humiliant ou occasionner un gêne). Pour moi, cette dernière condition a un nom : cela s'appelle le respect.

    J'aurai un dernier mot sur l'école inclusive qui est chère à Isabelle : oui, et mille fois oui. Sans être la panacée, voilà un concept qui interroge  et examine les apprentissages non sous l'angle de la faisabilité mais sous celui de leur accessibilité à chaque enfant. Non pas pour écarter tel ou tel apprentissage, mais bien pour trouver le chemin particulier qu'un enfant empruntera pour se l'approprier.