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Politique - Page 138

  • Peine de mort : constitutionnalisation de l'abolition

    Tribune d'Hervé Morin dans le magazine Valeurs Actuelles

     

    Le combat contre la peine de mort est un long combat. Il sera bientôt terminé dans nos lois mais il n’est pas fini dans les têtes, comme l’illustre le récent débat en France sur l’exécution de Saddam Hussein. Deux cents ans après que Le Peletier de Saint Fargeau ait demandé en 1791 l’abolition de la peine capitale, le vote dans quelques jours par notre Parlement de l’interdiction de la peine de mort dans notre Constitution est le dernier pas d’une longue marche. Plus de vingt-cinq ans après l’abolition de la peine de mort, le 9 octobre 1981, sur la volonté de François Mitterrand, Jacques Chirac fait bien de parachever l’œuvre de son prédécesseur.

    Reconnaissons le, il y avait du courage dans la décision de François Mitterrand en 1981 de dire aux Français que s’il était président de la République, il abolirait la peine de mort alors que l’opinion y était hostile. Valéry Giscard d’Estaing avait eu envie de le faire, il en avait été empêché par une partie de sa majorité. François Mitterrand l’a fait alors que les Français ne le souhaitaient pas. Et c’est bien ; et c’est cela la grandeur du politique : ne pas suivre systématiquement l’opinion, mais être à l’avant-garde, être un précurseur, même si c’est en contradiction avec ses concitoyens ; le décider quand même parce que l’on pense que c’est bien pour la communauté dont on a la charge.

    Si nous considérons que ce qu’il y a de plus précieux, c’est l’homme ; que personne, pas même la loi, ou la volonté du peuple n’a le droit d’attenter à la vie d’un homme ; que la peine de mort correspond au réflexe d’une société primitive légitimant la violence en l’inscrivant dans son droit alors qu’une société doit en appeler à la raison du coeur pour reprendre la belle expression de Tocqueville, c’est-à-dire conduire les citoyens à la vertu Républicaine et à l’intelligence collective, la peine de mort n’a pas sa place. Une société qui condamne la mort n’a pas le droit de la donner.

    L’abolition de la peine de mort c’est un acte de foi dans l’homme, mais aussi un acte de raison. Je sais qu’à chaque crime on a envie de mort ; je ne doute pas un seul instant que s’il fallait que l’on touche à l’un de mes enfants, l’envie de vengeance serait plus forte que tout et que je ne supporterais pas de voir l’assassin en vie… et un jour libre. Mais si je veux bien me raisonner – beaucoup – je me dis que cela ne changerait rien car le son de la voix de l’être cher ne sonnera plus, quoique l’on fasse.

    Refuser la peine de mort, c’est aussi un acte d’espoir dans l’homme qui s’amende, se répare. J’ai visité beaucoup de prisons, discuté avec beaucoup de criminels. A chaque fois, je n’oubliais pas ce que de plus atroce ils avaient pu commettre et ce que cela pouvait m’inspirer ; mais le travail sur eux-mêmes, la reconnaissance de leur propre ignominie font, qu’après une longue et nécessaire peine, ils ressortent de prison et réussissent parfois une belle réinsertion et surtout récidivent très rarement. En quittant le soir la prison, je me disais à chaque fois qu’on avait eu raison d’abolir la peine de mort.
    Mais je me disais aussi que la France n’avait fait qu’un bout de chemin en n’améliorant pas la condition pénitentiaire, afin de tout mettre en œuvre pour que la récidive soit la plus exceptionnelle possible et qu’après la peine sévère il puisse y avoir la rédemption de l’homme.

    L’échafaud disait Hugo, c’est le plus insolent des outrages à la dignité humaine, à la civilisation, au progrès. A moins de penser qu’avec la peine de mort, on élimine le crime, elle n’apporte rien dans la prévention de la délinquance. Toutes les études qui ont été menées démontrent que la peine de mort ne dissuade pas plus du crime que la prison. L’existence de la peine de mort est sans effet sur la criminalité. D’ailleurs, si c’était le cas, les Etats-Unis n’auraient pas trois fois plus de crimes que la France.

    Au lieu de la colère et de la vengeance inscrite dans nos lois – ce que représente la peine de mort – mettons au fronton de notre démarche « une sévérité puissante, calme et juste ».

    L’inscription de l’interdiction de la peine de mort dans notre Constitution, c’est enfin un message aux Chinois qui exécutent allègrement les opposants politiques, à certains pays du Golfe qui lapident des femmes seulement coupables d’avoir été amoureuses et aux Etats-Unis qui ont oublié qu’ils sont aussi le pays des Droits de l’Homme.

  • La Présidence et le centre-gauche de l'UDF, droit de réponse.

    Tout comme la note précédente, ce billet est un commentaire effacé par Marie-Christine Blin sur son blog. 

    Il y a quelque chose que je ne comprends pas dans votre argumentaire : j'ai lu vos messages précédents. Si j'ai bien compris, vous reprochez à François Bayrou que deux années se soient écoulées, sans convocation du congrès, puisqu'il est nécessaire pour élire le président.
    Je viens de lire les statuts :
    http://www.udf.org/connaitre/statuts.html
    Nulle part il n'est écrit que le report d'élections internes est du ressort du congrès.
    Il y a en fait un vide sur la question. Toutefois, l'article 13 y répond peut-être partiellement :

    Les conditions pratiques de fonctionnement de l'UDF qui ne sont pas expressément arrêtées par les présents statuts ainsi que les modalités d'application des dispositions desdits statuts font l'objet d'un règlement intérieur adopté par le Conseil national, sur proposition du Bureau politique se prononçant à la majorité simple et après avis de la Commission Nationale d'Arbitrage et de Contrôle.

    Il me semble que c'est le cas, non ?

    Pour l'écharpe, vous savez, le rouge avait peut-être une toute autre signification. Je pense que le protocole varie certainement quand il ne s'agit pas de rencontres institutionnelles. On ne sait pas le pourquoi de cette écharpe rouge : il y a , à mon avis, certainement une raison. Je ne pense pas que c'était pour le plaisir de détoner sur une photo.

    Pour les électeurs de gauche, je trouve votre propos blessant. Je viens moi-même du centre-gauche, et j'ai rejoint l'UDF, exaspéré par le PS, et alléché par l'espoir d'une réunification du centre dans toutes ses composantes.

    Êtes-vous hostile à ce projet ? J'entends par là : souhaitez-vous que l'UDF soit un parti exclusivement de droite et pour les électeurs de droite ?

    En ce qui concerne les finances publiques, moi, je voudrais bien croire comme vous les déclarations de Monsieur Breton, mais...le problème, c'est que la dette et le déficit croissent sans discontinuer depuis la prise de pouvoir de l'UMP.
    Je suis tout de même en droit d'être sceptique sur les promesses de ses représentants, non ?

    En revanche, j'ai lu les déclarations de Monsieur Bayrou, les travaux des commissions, les contributions de l'UDF, et les remarques de Messieurs Arthuis et de Courson, et cela me semble économiquement viable, et sans promesse inconsidérée, contrairement au PS et à l'UMP.

  • Désir d'enfants, droit de réponse

    Cet article a pour objet de répondre à un autre article sur le blog de Marie-Christine Blin. Cette dame qui se réclame de l'UDF mais conchie son président et les nouveaux adhérents, efface les commentaires et les questions qui la gênent en réponses à ses déclarations.

    Par prudence, elle a même fait disparaître un de ses commentaires où elle appelle les adhérents issus du centre gauche à ne pas rejoindre le grand centre de François Bayrou.

    Exaspéré par cette méthode, d'autant qu'elle se permet de critiquer la modération a priori du site de François Bayrou, l'Hérétique a décidé de re-publier ici son commentaire à son article Faut-il légiférer sur le désir d'enfants des homosexuels . La réponse de l'Hérétique était pourtant courtoise.

     

    A propos du PACS : Je suis plutôt de votre avis, car je trouve que le PACS amène tous les inconvénient du mariage sans ses avantages. En fait, je m'en suis rendu compte, parce que je vis en concubinage et j'ai deux enfants. Je voudrais bien les protéger, en cas de disparition brutale, sait-on jamais, mais chaque fois que je cherche une solution, je retrouve immanquablement le mariage. C'est très fâcheux, parce que je ne tiens pas à me marier. le mariage est entâché, à mes yeux, d'intrusion dans la sphère privée. Je n'ignore pas les liens profonds qui unissent le droit et la morale, mais ces liens n'ont de valeur que s'ils concernent la sphère publique et non la sphère privée. Or, dans le mariage, la mention des divers devoirs rentre dans la sphère privée. En fait, ce que j'aurais aimé, c'est qu'il existât un contrat libre, juridique, de protection pour ceux qu'on aime, et qui ne s'appelle pas mariage. Pas de chance, cela n'existe pas en France, et c'est bien agaçant. Evidemment, un tel contrat pourrait valoir pour toutes les unions, sans que l'on se mêle d'en connaître la nature. En ce qui concerne les homosexuels, ce n'est pas simple. Si je suis votre raisonnement sur l'argent que coûte la PMA, vous ne vous opposeriez pas à ce qu'un coupe homosexuel adopte des enfants, alors ? Puisque sur ce point, la question financière ne se pose pas. Pour les lois de la nature, vous savez, nous autres êtres humains, ne sommes guère plus des êtres naturels depuis fort longtemps. Nos interventions incessantes sur nous-même ne cessent de nous modifier et notre environnement avec. J'ai lu l'article que vous citez : il pose de bonnes questions. En revanche, la définition de la famille qui y figure me paraît un peu limitée. L'affirmation que la famille échappe au champ du politique est à discuter. Je préférerais pour ma part, parler de sphère privée et de sphère publique, car l'article tend à s'appuyer sur un état qui serait naturel, celui de la famille. Ce raisonnement ne tient pas : 1. parce que l'on ne sait pas ce qu'est un homme à l'état naturel et quel est dans cet environnement, son mode d'organisation 2. Parce que s'il faut s'en référer à ses cousins proches, les singes, a priori, il tendrait à consacrer des familles avec un mâle tout-puissant et plusieurs femelles formant autant de mères. Je reconnais dans l'article une profession de foi libérale qui me plaît beaucoup. Mais est-ce que la famille est ce point au-delà duquel la souveraineté du peuple tout entier ne s'applique plus, cela ne peut être affirmé aussi directement et sans nuances. Quand une famille maltraite un enfant, la souveraineté du peuple s'arroge le droit, à juste titre, de le soustraire à sa famille. La famille ne peut donc constituer un rempart impénétrable contre lequel toutes les lois seraient susceptibles de buter. Il n'en reste pas moins qu'on peut se demander, en droit, effectivement, pourquoi pas trois, six, neuf mères, même... C'est une bonne question. Ce n'est pas simple, les rapports de l'Etat et de la famille. Certaines sectes protestantes (Mormons, je crois) promeuvent le mariage multiple. Dans la République de Platon, les enfants appartiennent à tout le monde (à vrai dire, sa cité idéale est passablement totalitaire...) Une remarque, encore, donner un droit, ce n'est pas s'approprier un pouvoir sur une entité pré-politique comme la famille, et la comparaison avec les totalitarismes est d'assez mauvaise foi. Il est difficile de légiférer, car nous rentrons sur ce point dans le domaine de la morale. La question que l'on devrait se poser serait plutôt la suivante : l'enfant sera-t-il épanoui, que ce soit avec deux pères une mère, ou l'inverse, ou dix pères et trente mères et cetera... Premier élément de réponse, si l'on veut que l'enfant soit heureux, assurément, puisque l'espèce humaine est sociale, il ne faut pas le couper de ses pairs. Donc, toute organisation de la famille qui aboutirait à couper l'enfant de ses semblables (et c'est le cas dans les sectes) est à proscrire. Si ce n'est pas le cas, sur le principe, je ne vois pas de raison de lui interdire ses 3,6 ou 9 mères, dès lors qu'il n'est pas établi que ce fait pourrait créer une souffrance psychique chez l'enfant.

  • Désertions à l'UDF ?

    Lu sur le forum de l'UDF, l'auteur est un usager...

     
     Ils ont jeté le capitaine par-dessus bord.
    Les mariniers félons on lâcher leur ténor
    Ils avaient tous, juré unité à tribord,
    mais Sarko à ouvert la boite de Pandore


    Sur la mer des partis, des conflits, des idées,
    Vaillant et sans scrupules il est maître à penser.
    Excellent orateur, il est sponsorisé
    par les bobos friqués et les boss négriers.

    Son discours démago, semble plaire au prolo
    il leur promet du fric, de la paix , du boulot
    s’il pouvait, il prendrait le physique à Jugnot
    pour faire plus populo, notre roi du pipo.


    Deux mille sept sera l’année des désespérés.
    Les français ne sachant plus pour quel -----, voter
    Devront se prononcer pour un poulet grippé
    ou une dinde déguisée, en espoir d’équité .

  • Nicolas Sarkozy propose-t-il à la France un état policier ?

    « Jeudi, la direction centrale des Renseignements généraux (DCRG), qui n'avait pas souhaité s'exprimer la veille, a confirmé à l'AFP qu'une "notice comportant des éléments biographiques" avait bien été établie sur M. Rebelle, mise à jour en janvier 2007 et "actualisée automatiquement, et sans ordre", comme l'indique le Monde daté de vendredi. Le Canard enchaîné de mercredi avait révélé l'existence d'une telle fiche, ajoutant que les RG avaient mené des investigations concernant M. Rebelle, sur "ordre en provenance du cabinet" du ministre de l'Intérieur, également candidat UMP à la présidentielle. Le cabinet du ministre avait démenti "formellement", mercredi "toutes demandes d'investigations (aux RG) sur l'entourage politique de Mme Ségolène Royal

     Voilà qui commence à faire beaucoup.

    Monsieur Sarkozy menace des journalistes (le fameux "on se reverra" à Moati), en fait éjecter d'autres de leur poste quand ils sont gênants via ses amitiés médiatiques et politiques, réalise des fiches sur ceux qui connaissent des coupeurs d'OGM ou prennent la défense de sans-papiers, utilise de manière systématique la force pour régler les conflits, fait réaliser des fiches sur ses opposants politiques, met au service de sa candidature le Ministère de l'Intérieur, et instrumentalise même la politique d'immigration de la France, tantôt en décrétant par avance le nombre de "clandestins" à expulser, tantôt, comme le rapportait le Canard Enchaîné au mois de décembre, en assouplissant les contrôles pour les visiteurs venus d'Algérie afin de "se mettre dans la poche" les jeunes des cités.

    Pour moi, la coupe est pleine : cet homme-là n'est pas un libéral, bien loin de là, et adore vraiment trop la force et les opérations coup-de-poing.

    Ce qu'il ose, jusqu'alors, seuls les mouvements totalitaires l'avaient osé, notamment avec la prise de contrôle du Ministère de l'Intérieur, manoeuvre dont les Communistes s'étaient fait une spécialité, au sortir de la 2nde guerre mondiale, pour abattre la démocratie. 


  • Questions sans réponses : Nicolas Sarkozy

    Nicolas Sarkozy est à n'en pas douter un très bon orateur, en effet. Je l'ai entendu à plusieurs reprises, en paroles, il semble souvent convaincant. En actes, il l'est nettement moins ; de plus, tout comme Ségolène Royal, il me semble avant tout soucieux de coller à l'opinion. Bien sûr, je l'approuve d'avoir fait un mea culpa sur la politique de la France en Irak, et d'avoir enfin admis que l'invasion de l'Irak par les USA était une grande erreur, mais je m'inquiète du tout autre discours tenu en Amérique, il y a quelques mois.

    Si j'approuve la politique qui consiste à vouloir enfin prendre par les cornes la question de la sécurité, je suis plus que dubitatif sur l'efficience des opérations coup de poing, sur le fond ponctuelles, qui sont menées. Quand je constate que les effectifs de police diminuent dans les zones les plus durement affectées, je m'inquiète quant aux intentions réelles de Nicolas Sarkozy.
    Cette inquiétude redouble quand je le vois accuser les juges, alors que l'on sait, désormais, que la 1ère cause de la délinquance, c'est l'encombrement des tribunaux qui ne permet pas de jugements rapides.

    Je suis en phase relative avec son discours sur la fiscalité, mais constate que dans la pratique, il n' a par exemple rien fait pour réformer l'ISF. Le gouvernement auquel il a participé s'en est tenu simplement à favoriser les très gros actionnaires en les exonérant quasiment, et non à supprimer ce qui est le moins juste dans l'ISF, c'est à dire la fiscalité sur la résidence principale. N'eût-il pas mieux valu comme le propose l'UDF n'exonérer personne mais taxer tout le monde faiblement ?

    Je l'ai entendu parler de réformer les taxes sur les successions afin de faire revenir les fonds expatriés : pourquoi ne l'a-t-il pas fait ? Il était ministre de l'économie...

    Il soutient (mais sur ce point, il n'est pas le seul) le principe de droit opposable au logement : mais droit opposable à qui et à quoi ? Il eût mieux valu favoriser la construction et le développement de villes nouvelles, ainsi que les transports en commun transversaux, et ce afin de désengorger les grandes villes. Bien sûr, ce point n'est pas de son seul ressort : mais je n'ai vu aucune action de sa part quand il était à Bercy sur ce point.

    Il y a une dette monstrueuse en France : pourquoi a-t-il admis, comme ministre de l'Economie et des Finances, des budgets en déséquilibre et des baisses d'impôts qui n'étaient pas financés ?

    A sa décharge, François Fillon, l'un de ses proches conseillers, s'est attaqué au problème des retraites, mais avec une communication plus que maladroite : pourquoi ne pas avoir lancé un débat trans-partisan sur ce point, et fait passer une loi par voix référendaire, comme le proposait l'UDF et notamment François Bayrou ?

    Pourquoi, sur le CPE, a-t-il attendu si tard pour donner son sentiment, et finalement, pourquoi a-t-il fallu que ce soit un élu UDF, encore François Bayrou, qui rappelle que le CPE était contraire aux conventions du BIT (Bureau International du Travail) signées par la France ?

    La liste pourrait être bien longue encore, mais je m'arrête là. Ce que je veux dire c'est que Nicolas Sarkozy, en l'état, est bien loin d 'avoir gagné ma confiance, même si je lui reconnais quelques réussites (la sécurité routière essentiellement).

  • [Témoignage] Pourquoi j'aime bien Bayrou et je vais voter pour lui...

    Lu sur Questions/Réponses de Yahoo

     

    Moi, ce que j'apprécie, chez ce type, c'est qu'il ne raconte pas de salades. De plus, j'ai lu tous les programmes des partis politiques, et celui de l'UDF est le seul à ne pas promettre tout et n'importe quoi.

    Réduire de 20% le budget de l'Elysée, cela me semble très bien, en effet.

    Bayrou et l'UDF sont les seuls à toujours avoir défendu l'Europe clairement, sans cracher dessus pour faire bien en face des électeurs en appliquant en douces les décisions des commissions.

    D'ailleurs, à l'origine, j'étais parti pour voter NON au TCE, et ce sont les arguments de Bayrou qui m'ont fait changer d'avis.

    J'ai bien aimé ses positions sur le DAVSI, et aussi la manière dont il a renvoyé dans les cordes le CPE en montrant que ce contrat était tout simplement contraire aux conventions (signées par la France) du BIT (Bureau International du Travail).


    J'aime bien aussi les gens qui l'entourent, notamment Marielle de Sarnez, et aussi Hervé Morin, qui a souvent des positions progressistes sur les problèmes de société (http://www.pensezlibre.com/)

    Et en plus, il y a des jeunes UDF mignonettes (hé hé :-) ) : http://lesjeuneslibres.hautetfort.com/... (voir la video Quitterie Delmas)

    Bref, ça commence à faire plein de raisons.

    Sur l'école, c'est le seul à ne pas vouloir sacrifier la carte scolaire, tout en rétablissant une école d'excellence (des filières d'excellence partout, promotion du latin et du grec).

    Sur les impôts, je trouve sa réforme de l'ISF très fûtée : tout le monde est taxé, plus d'exonération, mais le taux est très bas. ça rapporte la même quantité d'argent, et ça ne force pas certaines personnes à vendre leur résidence principale.

    Bref, moi j'aime bien ce gars, et je le trouve honnête et intelligent. et je voterai pour lui dans tous les cas de figure.

  • Justice en berne !

    Triste état que celui de la justice en France aujourd'hui. On la disait les yeux bandés, la voilà, désormais affublée d'une carapace de tortue sur le dos, et contrairement à celle de la fable de La Fontaine, elle est bien loin de franchir la ligne d'arrivée en premier. 

    Que veut-on qu'un délinquant, a fortiori mineur , s'imagine quand la sanction est prononcé 6 mois après la faute, et qu'il faut 6 mois supplémentaire pour la rendre exécutoire ?  Sans parler des péchés véniels ! Votre voisin inonde votre mur en raison d'un dégât des eaux ? Vous en avez pour entre trois et neuf ans pour obtenir justice, le dit mur s'effondrât-il entre temps...

    Les délais entre la mise à jour des affaires criminelles et les procès sont phénoménaux. Un violeur en série démasqué en 2002 n'est condamné qu'en 2005.

    Que peut craindre un jeune délinquant qui ne respecte déjà ni ses parents, ni ses enseignants, ni la police, si en dernier recours la justice n'accomplit pas l'oeuvre de prévention, de répression et de rééducation qui devrait être la sienne  ?

    Et il faudrait parler des victimes, bien souvent sous la menace des proches des délinquants ou d'autres délinquants lorsqu'elles portent plainte.

     Voilà quelque chose de très clair : le justice, dans notre pays marche sur la tête alors qu'elle est l'une des fonctions régaliennes premières de l'Etat moderne.

    Accuser les juges de laxisme est un raccourci rapide : que faire d'un délinquant quand les prisons sont surchargées et qu'elles sont devenues hautement criminogènes ? Quelle condamnation prononcer quand on doit gérer des milliers de dossiers à soi seul et que l'informatisation des services est inexistante ? que toute mesure socio-éduucative ne sera suivie d'aucun effet ?

    Eh bien évidemment, ce manque de moyens entraîne à son tour des effets pervers. Faute de juger efficacement un délinquant on le relâche ; le délinquant continue les délits, et, ce-faisant, il surcharge de travail les effectifs de police. Et le cercle vicieux s'installe... 

     Sur le fond, une politique de répression est souvent efficace, mais sous certaines conditions :

    - elle doit être juste

    - elle doit être suffisante

    - elle doit implémenter une politique de prévention 

    - et surtout, elle doit être appliquée !

     

    Et c'est bien là où le bât blesse actuellement en France. On ne peut, en réalité, estimer l'effet exact de notre politique actuelle, car elle n'est pas appliquée. Il faudrait s'en donner les moyens, et, seulement et seulement si on constate que la délinquance perdure, aggraver les peines, y compris contre les mineurs. Aujourd'hui, la politique de prévention ne saurait être mis en cause : la police, l'école et même les médias, à certains égards, multiplient les messages à l'intention des publics jeunes et moins jeunes.

    Dernier avatar,sur France Info, on apprend le lundi 03 décembre (2006) que les accusés d'Outreau innocentés, un an après, n'ont toujours reçu aucune indemnité de la justice, et pourtant, ce n'est pas faute que de hauts responsables politiques se soient intéressés à eux. Les Elus ne donnent l'impression, pour la plupart, de s'intéresser à la justice que pour autant que ses errements alimente les médias. Sorti de là, plus rien...Le néant. 

    Bref, alors que la justice est un enjeu crucial, une fois de plus, elle est oubliée et sacrifiée sur l'autel de réalité en apparence plus pressantes. 

  • Conseil National de l'UDF : discours de François Bayrou

    Mes chers amis,

    Je voudrais d'abord vous dire à quel point nous avons apprécié le travail de ceux qui ont organisé et animé cette journée : Pierre Albertini et ceux qui l'ont accompagné dans la rédaction du projet, Pierre-Emmanuel Portheret, tous ceux qui sont venus ce week-end du 11 novembre traditionnellement dédié aux réunions de famille et d'amis. Votre nombre et votre chaleur sont très importantes pour l'UDF et pour son président.

    D’ici six mois, nous Français nous aurons choisi notre destin, à première vue pour cinq années, en réalité pour beaucoup plus longtemps.

    Car tout le monde voit bien qu’un cycle de la vie politique de notre pays s’achève. Et qu’un autre cycle va s’ouvrir.

    Et il est juste de dire que, de ce cycle qui s’achève, la France sort inquiète, sans perspectives, à la vérité harassée.

    La France des quatre millions de chômeurs. Les statistiques officielles nous disent deux millions, mais quand on sait qu'on ne compte pas les Rmistes et les ASS ! On ne compte pas dans les statistiques officielles, ceux qui sont le plus mal, ceux qui ont eu le plus à souffrir du chômage …

    La France où plusieurs centaines de quartiers sont devenus, le mot est affreux, des « zones », « zones » au sens de l’éducation dite prioritaire, « zones » quand on parle d'insécurité : "zones" de non-droit. Et je me souviens de la campagne de 2002 : on nous promettait la main sur le cœur, non sans rodomontades : « il n’y aura plus en France de zones de non droit », tolérance zéro. Et comme les journaux nous le révèlent, consigne est désormais donnée aux policiers et CRS de ne pas entrer dans ces quartiers.

    La France où depuis la fin des émeutes il y a un an – écoutez bien, je dis depuis que les émeutes sont finies - 125 voitures en moyenne brûlent chaque nuit, et désormais brûlent aussi des autobus, et dans les autobus, et c'est à pleurer, des jeunes filles, issues de ces quartiers, issues de l'immigration, et qui se sont trouvées prises au piège de la violence stupide de ceux qui ont commencé par brûler des voitures, puis des bâtiments, puis des bus, et qui maintenant brûlent leurs sœurs.

    La France qui a assimilé jadis des millions de femmes et d’hommes, des Portugais, des Espagnols, des Italiens, des Polonais, et que l’immigration chamboule aujourd’hui comme jamais.

    La France des classes moyennes, qui firent la force et l’esprit de conquête de notre pays et qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts.

    La France dont l’école garantissait la cohésion, et matérialisait, incarnait pour chaque famille l’espoir de progression au mérite, et qui se trouve aujourd’hui doutant de son école primaire, de son collège, de son université, doutant comme doutent ses diplômés au chômage.

    La France de la croissance zéro, au dernier trimestre.

    La France qui s’enfonce dans tous les classements de la planète. Et je pourrais faire avec vous un exercice simple : est-ce que vous pouvez vous souvenir d’un seul classement international, un seul, ces dernières années, où la France ait monté au lieu de descendre ?...

    La France qui ne sait pas comment s’en sortir, qui ne sait plus, puisque personne parmi ses citoyens ne se représente plus le chemin à suivre pour remettre les choses à l’endroit.

    Et pourtant c'est la France qui est pleine d’atouts, qui forme les meilleurs chercheurs du monde, où les investissements continuent à affluer, en raison de sa situation géographique et du prestige de ses paysages, de ses villes, de son histoire, et la France qui a aussi la démographie la plus vivace.

    Alors, comment peut-on en arriver à ce pays harassé, à partir de ce pays doté d’autant de chances ? Comment produire autant de malaises à partir d’autant de dons ?

    Alors, il faut que nous soyons implacables dans le diagnostic, autrement les mêmes causes produiront les mêmes effets. Il faut que nous soyons optimistes et ambitieux, en sachant que le propre des grands peuples est de se redresser, et que c’est même à cela, à cette capacité à se redresser, à se reconstruire quand tout va mal, que l’on reconnaît les grands peuples.

    Durant ces vingt-cinq dernières années, nous avons pris un mauvais chemin.

    Nous nous sommes mal dirigés. Ou nous avons été mal dirigés.

    Nous avons été dirigés ces vingt-cinq dernières années exclusivement, alternativement ou ensemble, par deux partis politiques, le Parti Socialiste de François Mitterrand et de ses successeurs, et le RPR devenu UMP, le parti de Jacques Chirac, de ses héritiers devenus ses ennemis. Tout le reste alors, les formations politiques épisodiquement présentes dans ces coalitions, y compris nous lorsque nous avons participé au gouvernement, tout le reste n’était qu’alibi.

    Ces deux partis ont eu entre les mains, alternativement ou ensemble, tous les leviers de commande depuis 25 ans.

    Et il est intéressant de regarder ce qu’ils ont en commun. On trouvera alors, sans doute, pourquoi ils ont échoué. Ce qu'ils ont en commun, c'est cela :

    1. Tous les deux ont méprisé la société civile et ont concentré tous les pouvoirs entre leurs mains.
    2. Tous les deux ont refusé un Parlement digne de ce nom.
    3. Tous les deux ont voulu à chaque alternance défaire ce qui avait été fait par le précédent.
    4. Tous les deux ont dit - il suffit de regarder les questions d'actualité, le mardi et le mercredi à l'Assemblée Nationale - que si ça allait mal, c’était la faute de l’autre.
    5. Tous les deux ont voulu la bipolarisation, et tous les deux ont perpétuellement choisi des gouvernements minoritaires.

    Cette phrase vous fait certainement lever le sourcil ? Je voudrais m’arrêter une seconde, à cette idée qui n’est jamais examinée, et selon moi est cruciale. Je vous avoue que je n’aime pas beaucoup la bipolarisation. Je la trouve stupide, comme si on voulait écrire la musique avec deux notes. Je la trouve simpliste, comme si on voulait rendre toutes les couleurs avec du noir et du blanc. Je la trouve fausse, parce que la vie nous apprend tous les jours que rien n’est tout noir ou tout blanc.

    En plus, ce modèle politique-là est parfaitement identifié, on sait d'où il vient. C’est le modèle politique américain, qui suppose une organisation complètement différente de la vie politique, avec d'un côté un fédéralisme, de l'autre une participation des citoyens, des citoyens et non pas des adhérents, à la vie interne des partis par l’organisation de primaires publiques ouvertes.

    Je n’aime pas ce modèle, en particulier à cause de l'asservissement à l'argent, les millions de dollars qui font la réalité de la vie politique américaine. Mais quand il marche, là où il est utilisé - et je rappelle que ce n’est nulle part sur le continent européen - il suppose au moins une donnée. C’est que les deux partis représentent plus ou moins 50 % du corps électoral. La bipolarisation, c’est 50 contre 50. De sorte que quand ils gouvernent, il y a un gouvernement majoritaire.

    Je vous demande de réfléchir à ceci : en France, on prétend nous faire de la bipolarisation, mais la puissance des extrêmes fait qu'on ne travaille pas à 50 contre 50, mais à 30 contre 30, et parfois à 20 contre 20.

    La force de l’extrême droite dans toutes ses composantes, autour de 20 %, de l’extrême gauche dans toutes ses composantes, idem autour de 20 %, cela a une conséquence : les vainqueurs, quand ils prennent le pouvoir, ont au mieux le soutien de 30 % au maximum, et se retrouvent au bout de trois mois avec un soutien de 20 % des électeurs. Les partis que nous appelons majoritaires sont en fait des partis perpétuellement minoritaires, et c'est parce qu'il n'y a pas de majorité qu'on ne peut en France ni gouverner, ni conduire de réformes.

    Je m'adresse à tous nos concitoyens : on ne peut pas gouverner courageusement avec un soutien aussi minoritaire. On se réfugie dans la concentration de tous les pouvoirs entre les mêmes mains, mais quand on n’a aucune légitimité, c’est un grand risque ! Voilà pourquoi aucune réforme n’est possible en France.

    Et voilà pourquoi il faut une démarche politique radicalement nouvelle !

    Ou plus exactement, il faut retrouver une démarche politique qui a été bienfaisante dans notre pays chaque fois qu’elle a été utilisée.

    Il faut choisir le rassemblement, et tourner le dos aux divisions artificielles. Il y a des divisions justifiées. Pendant longtemps, le rideau de fer a marqué la frontière de l’affrontement entre ceux qui acceptaient le totalitarisme soviétique ou faisaient semblant de l’accepter, et ceux qui voulaient la démocratie de liberté. Cette frontière était juste et nous nous sommes battus sur cette tranchée, pour la liberté et contre le totalitarisme, assez longtemps pour n'avoir pas de leçons à recevoir.

    Mais ces frontières ne sont plus de saison. Il faut que revienne l’esprit de rassemblement.

    Chaque fois que la France a été l’otage d’une lutte de partis, d'une moitié de la France contre l’autre, chaque fois, elle a été conduite sur le mauvais chemin. Chaque fois au contraire que ses responsables ont cherché à la rassembler - et je vais prononcer de grands noms - Pierre Mendès-France, Charles de Gaulle, Valéry Giscard d'Estaing, chaque fois, elle a fait de meilleurs choix.

    Et il y a à cela une raison profonde : la France, ce n’est pas un pays comme les autres.

    Les autres pays s’accommodent de la division, aussi bien de la division politique que de la division sociale. La France ne s'accommode  pas de la division.

    Je me faisais cette réflexion en lisant que la commission chargée de préparer notre projet, autour de Pierre Albertini, avait choisi comme titre de ce texte, présenté désormais à la réflexion des adhérents, "la France ensemble".

    Et au premier abord on y lit l’expression d’une volonté : "nous voulons faire la France ensemble".

    Mais, si on va un peu plus loin, ce n’est pas un projet, c’est une définition. Ensemble, c’est le vrai mot, historique et philosophique, pour définir la France. Le vrai nom de la France, le vrai nom de la République en France, c’est ensemble.

    Et ce n’est pas tout à fait le cas des autres pays, même des pays qui nous entourent.

    Le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Belgique, leur projet de société, ce n’est pas tout à fait « ensemble »…

    La nationalité allemande, jusqu’il y a peu, c’était le droit du sang. La société britannique, ce sont ces communautés, marquées par l’origine ou par la classe sociale, cohabitant les unes avec les autres, mais sans trop de lien. La société espagnole accepte l’idée de nationalités différentes à l’intérieur du même ensemble. L’Italie, vous le savez, ce sont des tensions fortes entre régions, avec souvent, comme on l’a vu récemment dans une proposition de référendum, la volonté des plus riches de se détacher des plus pauvres pour ne plus supporter la charge de la solidarité. Et vous pouvez continuer ainsi le tour de l’Europe, vous découvrirez pays après pays combien notre projet national est un projet singulier.

    C’est le projet de notre pays, qui ne supporte pas la division et la vit comme une blessure !

    Et ce qui est vrai du point de vue national, c’est vrai aussi du point de vue social. C'est vrai du point de vue des opinions. C'est pourquoi la laïcité est la clé de voûte de la maison que nous avons construite ensemble.

    Nous sommes le pays de l’unité, mes chers amis, et nous avons bien raison de l’être.

    Nous ne supportons pas la logique d’une société qui creuse les inégalités. Particulièrement pas lorsque les inégalités touchent les droits fondamentaux : le droit à la formation, le droit à la santé. Lorsque les uns disposent des connaissances, des relations et des moyens qui permettent de trouver la meilleure tactique, la meilleure réponse, le meilleur circuit, la meilleure stratégie, tandis que les autres sont laissés de côté, parce qu'ils n'ont pas de relations et que leurs moyens sont réduits au minimum.

    C’est pourquoi je n’ai pas aimé la légèreté avec laquelle Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ont considéré que la carte scolaire devait être jetée aux orties.

    Car la carte scolaire - je demande qu'on y réfléchisse - ce n’est pas autre chose que l’obligation - non pas l'obligation qu'impose  l’Éducation nationale, mais l'obligation qu'elle s'impose - de garantir une éducation à chances égales dans le quartier abandonné de la banlieue la plus éloignée et dans les centres-villes les plus avantagés.

    Je sais très bien que c’est un idéal, mais cet idéal, je le revendique. Certains diront que c’est une utopie : je ne le crois pas. La France a relevé ce défi pendant des décennies. Ce défi relevé a été à la fois celui de l’unité nationale, et la chance de millions de jeunes Français qui ont découvert à l’école des horizons qui, autrement, leur seraient demeurés fermés.

    Est-ce que cette obligation est satisfaite aujourd’hui ? La réponse est : non. Faut-il pour autant y renoncer ? La réponse est : non. Au contraire, précisément au contraire ! Il faut réévaluer cette obligation, cette partie de notre pacte républicain national, en donnant à notre système éducatif les moyens concrets de rétablir partout les deux éléments qui font la réalité de l’égalité des chances : le premier devoir, et je le dis sans biaiser, c'est le respect dans l’école, respect des enseignants et respect des élèves entre eux, l’ordre de l’école face à l’ordre de la rue ; c'est-à-dire l'ordre assuré par des enseignants et des surveillants, et non pas par des policiers (j’ai toujours défendu comme un principe la sanctuarisation de l'école). Et, deuxième élément, l’excellence des parcours, voulue et cultivée, pour les élèves qui le méritent. Au lieu de la médiocrité pour tous, médiocrité qui est mortelle là où ça va mal, l'excellence scolaire, comme une réévaluation de la mission républicaine de l’école républicaine, au lieu du ghetto accepté, auquel on se résigne...

    La France ensemble. Ensemble, c’est la vocation de la France. Voilà pourquoi il est plus douloureux à la France qu’à aucun autre pays de voir se déliter l’unité à laquelle notre pays aspire, de la voir se dissoudre dans les communautarismes, dans les ghettos, de quartier, d’origine, de religion, de situation sociale.

    Voilà pourquoi ceux, tous ceux qui dans le débat politique actuel, suivant le fil de l’eau, la pente du modèle dominant sur la planète, le modèle de l’inégalité revendiquée, tous ceux qui veulent en réalité que l’on tourne la page sur « ensemble », et veulent que l'on en arrive à l’acceptation du chacun pour soi, ceux-là se trompent.

    Ils se trompent de pays, ils se trompent de modèle, ils se trompent de peuple.

    Nous avons le droit de leur faire, au nom de la France, un procès en abandon du modèle républicain français qui nous fait vivre.

    Et à ceux-là, j'oppose le besoin, le premier, peut-être le seul, le besoin de la France aujourd’hui : le besoin d'une nouvelle synthèse entre modernité et modèle républicain français, entre modernité et nos valeurs nationales et européennes.

    La modernité, ce n’est pas l'ennemi des valeurs républicaines : c’est leur meilleur allié.

    Je prends deux exemples très simples.

    Hier, et jusqu'à il y a quelques années, l'accès aux documentations, aux documents, n’était pas égal entre qui disposait d’une bibliothèque accessible, et qui n’en disposait pas. Aujourd’hui, internet met à la portée de la main de tous et partout, à portée de clavier, tous les documents de la planète. Bien sûr il faut savoir les analyser, il faut les trier, mais on peut y accéder de tous les collèges, et bientôt j'espère, de tous les appartements, de tous les HLM de France.

    Hier, l’information était limitée, donc l'égalité des chances n'était pas une réalité ; aujourd’hui l'information est abondante et l'égalité des chances peut donc se réaliser.

    Le modèle républicain français, il n’est pas un handicap pour la France dans la modernité : il est, c’est ma conviction, son meilleur atout.

    Car il en est de la compétition entre pays comme de la compétition sportive : une équipe ne vaut pas tant par la somme de ses individualités, par ses vedettes, que par l’esprit d’équipe, par la solidarité entre joueurs, par l’abnégation de leur dévouement les uns envers les autres.

    Nous assumons la modernité. Nous en voyons les lignes de force. Nous croyons au modèle de société qui est en train de naître, je crois qu'un modèle de société est en train de naître dans l’univers d’internet, modèle plus autonome, plus participatif, plus coopératif. Nous croyons à l’invention, à l’innovation , à la création.

    Et nous croyons à l’entreprise, nous voulons faire de la France le pays le plus pro-entreprise du continent européen.

    Nous croyons à la recherche, nous croyons à l’invention, nous croyons qu’on doit et qu’on peut aider l’entreprise et l’entrepreneur, la recherche et le chercheur, les soutenir et les aimer. Ils assurent la multiplication des chances, et en fait ils assurent les moyens d’un projet social. Ils changent l’homme, de consommateur en créateur. Nous croyons que le monde moderne, du XXI° siècle, va offrir des chances à nulles autres pareilles à qui voudra les saisir. Nous ne récusons pas l’avenir, nous le voulons. Nous l’acceptons avec ses ombres et ses lumières. Et nous acceptons ce défi : c’est au politique de saisir les lumières pour en faire de l’énergie, et conjurer les périls qu’il devine dans l’ombre.

    Et nous croyons que c’est dans ce monde-là précisément, dans ce monde de la modernité, dans le monde de demain et pas dans le monde d’hier, que notre idéal, que nos valeurs de société les plus généreuses, les plus solidaires, les plus égalitaires, égalité des chances et égalité des droits, peuvent s’épanouir comme elles ne se sont jamais épanouies.

    Et en l’absence de cette synthèse, si l’on va vers le monde du chacun pour soi, dans le monde où l'on sépare perpétuellement les gagnants et les perdants, dans le monde des réseaux privilégiés d'un côté et des ghettos de l'autre, alors, je vous le dis, la France souffrira plus qu’aucun autre pays ne souffrira.

    Mais si l’on choisit cette synthèse entre nos valeurs et la modernité, alors la France s’épanouira, comme aucun autre pays ne s’épanouira.

    Et ce modèle d'une nouvelle synthèse entre nos valeurs et la modernité, nous le proposons pas seulement à nous-mêmes. Nous le proposerons, quand il aura trouvé sa dynamique et son équilibre, nous le proposerons à l’Europe, et par l’Europe au monde. Nous le concevons et proposons, non pas comme un modèle domestique, mais comme un modèle universel.

    Et il est vrai, il faut regarder les choses en face, que c’est un modèle de résistance au modèle dominant sur la planète. Et il est vrai que c’est, en Occident au moins, le seul modèle concurrent que puisse rencontrer le modèle américain dominant.

    Nous assumons cette vocation française. Et nous devons l’assumer aussi dans le concert des nations.

    J’ai souvent eu maille à partir avec Jacques Chirac et Dominique de Villepin. Mais, je vous faire une confidence, je veux dire devant vous que l’un des moments où j’ai été le plus fier de mon pays ces dernières années, c’est dans le courant de cet hiver 2003, où se préparait la guerre en Irak, et particulièrement quand Dominique de Villepin a parlé devant le Conseil de Sécurité le 14 février 2003, quand il a parlé au nom d’un « vieux pays, la France, d’un vieux pays de la vieille Europe ».

    J’ai été fier, et nous tous Français l’avons été. Et nous avons soutenu le gouvernement et le Président de la République. Sans faiblir.

    Dieu sait pourtant, je peux le révéler aujourd'hui, qu’il ne manqua pas à l'époque de pressions amicales et d’influences bien intentionnées pour nous persuader de nous démarquer, en raison de la situation politique, en raison de la tradition de cette famille d’amitié avec le peuple américain, et de porter dans le débat politique français une compréhension bienveillante à la position de Bush et des siens.

    Nombreuses étaient les ambassades et les visites qui venaient me dire : « vous avez eu le courage de vous démarquer des autres ? c'est formidable ! Vous avez là une occasion en or, vous devriez défendre la nécessité de l’intervention, ne laissez pas le monopole de cette position à Monsieur Untel (je laisse un blanc par amitié) ou à Monsieur Untel (je laisse un blanc par charité) »… Et au sein même de notre bureau, je savais bien que cette thèse était présente - je sais lire dans les yeux !

    Je savais bien qu'il ne fallait pas laisser un pouce de terrain. Il était pour moi aveuglant que cette explosion, que déclenchait avec légèreté le pouvoir américain, apparaîtrait un jour comme un drame pour le Moyen-Orient, un drame pour le monde, et au bout du compte un drame pour l’Amérique elle-même.

    Ce jour-là, la France a été à la hauteur de sa vocation.

    Je n’ai eu qu’un regret, je vous l'avoue : c’est que ce combat que notre pays menait à juste titre au sein du Conseil de Sécurité, il ne cherche pas, en même temps, à le faire partager à nos frères européens.

    Bien sûr, les gouvernants britanniques, espagnols, italiens, portugais, et d’autres, étaient alignés sur les thèses de l’administration Bush. Mais les peuples ne l’étaient pas ! Par millions, dans les rues de Londres, de Madrid, de Rome, nos concitoyens européens manifestaient. Ils avaient besoin d’appui, de soutien, d’une voix européenne qui exprime leur résistance et leur espérance. Cette voix aurait pu, je le crois, et dû, je le pense, être la voix de la France au sein de l’Europe, et peut-être alors, ce jour-là, le destin eût-il changé de cours…

    Voyez-vous, puisque nous parlons du destin de la France, tout est lié. Nous avons un projet de société singulier. Et nous avons une voix singulière dans le concert des nations.

    Et si nous avons la volonté de donner à ce projet et à cette voix l’influence et la force qu’ils méritent, alors nous avons besoin de construire l’Europe politique qui nous fait tant défaut.

    Le monde étant ce qu’il est, la planète étant ce qu’elle est, nous avons besoin de pouvoir faire inscrire sur l’agenda des nations des rendez-vous, des obligations, des préoccupations qui concernent toute l’humanité.

    Nous avons besoin de parler de climat, nous avons raison de le faire même si ce n'est pas à l'intérieur de l'hexagone que se règle le climat de la planète Terre - l'air que nous respirons aujourd'hui, mes chers amis, n'est pas un air français ! Mais l'humanité ne se préoccupera pas de son patrimoine s'il n'y a pas un peuple qui se préoccupe de ce défi, et ce ne peut être que la France.

    Concernant l'immigration, je ne crois pas aux murs, aux miradors, aux avisos, aux papier anthropométriques infalsifiables. Quand vous avez de l'autre côté du mur toute la misère du monde, aucun douanier ne peut l'empêcher de passer - on peut la ralentir, on peut la contrôler - là aussi il nous faut l'ensemble européen - on ne peut pas l'arrêter. Il n'y a qu'un moyen, c'est que nous mettions devant nous, peuples européens, cette question : comment pouvons-nous faire pour que les Africains demeurent en Afrique, pour que ce soient eux qui nourrissent et équipent le continent africain ? Ce que nous avons fait à partir de 1945 pour garantir aux paysans européens qu'ils nourriraient l'Europe, ce schéma pour bâtir et protéger un ensemble, ne peut être abordé que par des gouvernants européens ensemble, décidés à peser ensemble sur l'organisation de la planète.

    Nous avons besoin pour l’immigration, de volonté, pour protéger nos standards de vie en commun. Nous avons besoin d’une volonté politique de l’Europe. Et cette volonté politique ne peut se forger que dans une démarche démocratique de l'Union européenne.

    Si l’Europe redevient ou demeure une technocratie, elle mourra, elle s’étiolera, elle sera rejetée.

    Et si elle est rejetée, ou divisée, ou privée de volonté, alors le modèle dominant en Occident aura fait un pas, sans doute irréversible, vers sa suprématie.

    Voilà pourquoi, à l'orée de cette campagne électorale, il faut reprendre et conduire la révolution démocratique de l’Union européenne. C’est à nous de la proposer, et s'il le faut de l'imposer. Des règles simples, compréhensibles par tous, pour que dans les domaines où doit s’exprimer la volonté européenne, les citoyens européens soient assurés d’être informés et reconnus comme la source de la souveraineté à construire. Nous traiterons, je traiterai cette question pendant la campagne électorale qui vient. Et ce n’est pas une question seconde : c’est une question principale.

    Et il n'y aura pas de question principale, pendant cette période de choix national, qui ne soit par nous traitée et éclairée. Parce que les citoyens ont le droit de savoir pour exercer le droit de choisir.

    Des citoyens qui viendront de bien au-delà de nos rangs - et là, je m'adresse à vous. Car cette voix différente, nous qui sommes réunis aujourd'hui en Conseil National, nous allons la porter en notre nom, bien sûr, mais au nom de beaucoup d’autres Français qui n’avaient jusqu’à maintenant jamais imaginé que l’UDF pourrait incarner une part d’eux-mêmes, qui n'avaient jamais pensé que l'UDF, comme ils croyaient la sentir, comme elle était trop souvent, puisse porter une part de ce qu’ils avaient de plus précieux. Eux qui nous regardaient comme étrangers, vont maintenant nous regarder comme des compagnons de combat.

    C’est pourquoi je vous appelle, dans la période qui vient, à l’ouverture.

    Et je veux vous dire ceci : il y a des millions de Français de droite, fidèles à leurs valeurs, mais qui ne veulent pas que l’on mette en scène, constamment, l’opposition, l’affrontement, la confrontation au cœur de notre peuple, qui trouvent cela inquiétant et qui ne s’y résignent pas. Il y a des millions de Français de droite qui veulent un État impartial, une vraie séparation des pouvoirs, et pas un État de connivence. Il y a des millions de Français de droite qui ne se résignent pas, en matière de projet de société, à la fascination actuelle pour le modèle américain, et aux yeux énamourés qui sont, en fait, promesse d’alignement.

    Et il y a des millions de Français de gauche, fidèles à leur tradition et à leurs valeurs, qui considèrent qu'il faut un autre choix que ceux auquel on voudrait les condamner, et pour qui la politique, ce ne devrait pas être de suivre les sondages, mais les devancer. Des millions de Français qui pensent que lorsqu’il s’agit d'un problème aussi important que l’adhésion de la Turquie, le futur président de la République est supposé avoir sa propre opinion et la défendre devant ses concitoyens, même si elle est minoritaire, et non la calquer sur eux. Des Français de tout bord qui pensent que s’il avait fallu suivre la majorité, et que si c’était cela la politique nouvelle, il n’y aurait pas eu de 18 juin, et pas d’abolition de la peine de mort. Il y a beaucoup de Français de gauche qui considèrent que la représentation du peuple et la représentativité de l’élection valent bien mieux que le tirage au sort et la traduction des élus devant des jurys populaires.

    Tout ceux-là en réalité, ce sont des citoyens français de tout bord, citoyens français, ils veulent qu’on les respecte et pas qu’on les suive. Ce n'est pas la même chose de respecter et de suivre. Ils ne se sentent nullement représentés par les sondages. Ils ne veulent pas qu’on écrive les programmes politiques avec la Sofres et l’Ifop, comme on le fait, paraît-il, à perte d’heures et de jours, chez les deux représentants jumeaux de cette démocratie qu’on veut nous vendre, qui n’est pas la démocratie d’opinion, mais la démocratie d’abaissement devant l’opinion.

    Ils sont citoyens du peuple français, ils pensent que la République commence par la démocratie, et que la démocratie ce n’est pas la démagogie, que c’est exactement le contraire, c'est le respect du peuple, le respect du peuple par les élus, qui commence en leur disant la vérité : ce qu’on sait, ce qu’on voit, ce qu’on croit, même si c’est difficile, même si c’est à contre-courant ; et alors, en retour, en raison même de cette attitude, le respect des élus par le peuple citoyen.

    Et quand j’assiste, quand nous assistons à la plus vaste opération de bourrage de crâne qui ait jamais été mise en œuvre depuis des décennies, avec des moyens puissants, qui martèle comme un tam-tam les noms jumeaux de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal, avec leur pareille vénération devant les sondages, chacun dans leur dérive - mais leur dérive est si semblable - alors je me dis qu'il faut que nous restaurions pour la France, face à la démocratie agenouillée devant l’opinion, la démocratie de conviction.

    Il faut que nous évitions ce qui est en train de devenir la règle quotidienne de la vie politique -la politique du bouc émissaire. Vous vous souvenez ce qu’était aux temps bibliques, le bouc émissaire. Quand le peuple allait mal, quand il se sentait oppressé de ses fautes, on allait chercher un bouc, on le chargeait de tous les péchés du peuple, on le rendait coupable de tout, on le couvrait d’insultes, et on allait le perdre dans le désert. Alors, tout le monde se sentait mieux. Les démagogues ont toujours agi ainsi. C’est très populaire hélas ! d’attaquer les enseignants, en public ou en privé. C’est devenu le sport à la mode, évidemment de la part de gens qui ne tiendraient pas, devant les classes que nous avons aujourd’hui, la moitié des vingt heures de cours qui sont requis. C’est très facile d’attaquer les juges. Tantôt en les accusant de sévérité excessive (lorsqu'il s'agit de la délinquance en col blanc), tantôt de laxisme (dans les banlieues), en oubliant que les juges appliquent des lois et imposent des peines qui sont définies par les mêmes hommes politiques qui les accusent.

    C’est la politique du bouc émissaire, qui fait pendant à la politique des sondages. L’un va avec l’autre : c’est toujours la même manière de flatter l’opinion, de la caresser dans le sens du poil, de la dresser contre l’autorité, au lieu de la restaurer dans sa responsabilité, dans son intelligence, et dans sa conscience.

    Ces deux candidats prétendument rivaux, ils ne sont pas un duel, ils sont un duo. Et je n’ai pas envie qu’il n’y ait que Le Pen pour échapper à leur duo. Parce que restaurer la République, ce n’est pas l’affaire des extrêmes qui n'aiment pas la République, c’est l’affaire des Républicains qui aiment et veulent sauver les principes qui nous ont fait vivre.

    Cette reconstruction de la République, elle demande, et selon nous elle exige, que l’on puisse faire vivre et travailler ensemble, dans une démarche de rassemblement, dans une démarche d’union nationale, des femmes et des hommes venus de bords différents.

    Il y a un demi-siècle que cette démarche n’a pas été mise en œuvre et que les impératifs partisans ont tenu le haut du pavé dans notre pays, avec les résultats que l'on voit. Mais je vous assure aussi qu’il y a un demi-siècle, au moins, que notre pays n’a pas rencontré des problèmes si graves, de nature si lourde et si nouvelle, que l’on peut affirmer qu’aucun de ces problèmes ne se résoudra sans le rassemblement et la mobilisation de toutes les forces de la France.

    Si nous les énumérons comme je l'ai fait au début de cette intervention - nous avons un problème moral : une partie de notre pays a décroché, dans le ghetto des banlieues, dans le ghetto du RMI, dans la descendance de l’immigration, et ce décrochage se perpétue désormais de génération en génération.

    Nous avons un problème de sécurité publique.

    Nous avons un problème économique avec une croissance trop aléatoire, trop faible, avec un pouvoir d’achat exténué, avec un prix du logement qui explose tous les budgets des salaires moyens. Et je ne parle pas des 610 € par mois du minimum vieillesse.

    Nous avons un problème budgétaire. Tous les jours, nous dépensons 20 % de plus que ce qui entre dans les caisses publiques. Et ceux qui croient que cela sera payé « par nos enfants » se mettent le doigt dans l’œil. C’est nous qui payons, tous les jours… il vous suffit de voir les difficultés à la fin du mois pour joindre les deux bouts.

    Nous avons un problème démographique, dont les retraites sont la traduction la plus crue. Parce que jamais, dans l’histoire d’aucun peuple de la planète, tant de retraités n’auront été portés par si peu d’actifs.

    Nous avons un problème éducatif :l’égalité des chances n’est plus assurée et le milieu social d’origine devient le critère principal de la réussite.

    Nous avons un problème de recherche : nous formons avec l’argent du contribuable français, avec les ressources de la science française, nous formons les meilleurs des jeunes Français, et ce sont les laboratoires américains qui profitent, poches ouvertes, de l’investissement du peuple français.

    Nous avons un immense problème énergétique et climatique.

    Je vous le dis avec gravité, mais avec certitude : aucun de ces problèmes n’est soluble dans le débat politique artificiel tel qu’il est organisé aujourd’hui et depuis des années.

    Il ne s’agit plus de gouverner à la godille, d’aller un peu plus à gauche, ou un peu plus à droite, ou même provisoirement au centre, de gouverner avec ses copains, en attendant la prochaine fois, en attendant, à l’élection prochaine, de retrouver l’opposition… Il s’agit de refaire la France et de parler au monde.

    Et vous voyez la dimension de ce que nous entreprenons : regarder en face l’état de notre pays, lui proposer une nouvelle synthèse, réconcilier le modèle républicain français avec la modernité, imposer une nouvelle démarche de pouvoir et de gouvernement, rassembler au lieu de diviser, éduquer au lieu de flatter, refonder la République dans ses valeurs, en démocratie et pas en démagogie.

    Aller d’un pays harassé et divisé à un pays rassemblé et redressé. C’est une grande aventure collective. Et si vous regardez aujourd’hui le paysage décomposé de la démocratie française, nous sommes les seuls à pouvoir la proposer. C’est une grande aventure d’équipe, non pas une équipe qui veut se fermer pour garder les postes pour elle, mais une équipe qui au contraire veut s’ouvrir et travailler avec d’autres équipes, avec d’autres sensibilités. Et cela seul suffit à montrer notre différence.

    C'est une grande aventure collective, et c’est aussi, si vous me permettez un dernier mot, une aventure intérieure, personnelle.

    C’est un long chemin avant de pouvoir dire en pleine conscience, sachant ce que cela signifie, pour un homme et pour sa famille, pour son cercle d’amitié et d’intimité, c’est un long chemin avant de pouvoir dire : je vous propose d’assumer la charge de président pour la République française.

    C'est un long chemin parce que, Président de la République, de la République française, ce n’est pas une fonction de leader politique, ce n’est pas un combat de plaies et de bosses. C’est plus profond : c’est sortir de soi-même, dépasser ses préférences, aller au-delà du bagage de préférences que la vie vous a donné, vous a offert, parfois avec générosité, en amour, en tendresse, en amitié, c’est sortir de soi-même pour assumer un moment, un moment difficile et précieux, le destin non pas de sa famille, non pas de ses proches, mais de tout un peuple.

    De Français de chez nous, et de Français venus d’ailleurs, avec leur histoire différente, avec leurs opinions différentes, avec leurs convictions différentes, avec leurs idées différentes et souvent antagonistes.

    On me demande quelquefois dans les interviews : qu’est ce que vous avez appris pendant ce long chemin, dans ce long combat de l’élection de 2002 ? J’ai appris à écouter les gens qui ne sont pas de mon avis. Non pas à leur céder sur tous les points, mais à les entendre et à les comprendre. Et j'ai appris à leur faire leur place dans l’idée que je me fais de l’avenir de mon pays.

    Des femmes et des hommes : et j’ai mis les femmes en premier, parce que dans la reconstruction de la France, les femmes seront, je le crois, détentrices de quelque chose d’essentiel.

    Des femmes et des hommes, de celles et de ceux qui croient, comme vous, quand vous avez la chance de croire, et de ceux qui ne croient pas. Des enthousiastes, des sceptiques et des découragés.

    Un peuple tout entier qui va faire confiance, ayant pesé le pour et le contre, qui va faire confiance non pas à un parti, non pas à une étiquette, même pas seulement à un projet, mais au bout du compte à l’un des siens. Et il y a une clé pour gagner cette confiance : ce peuple, il faut non pas le suivre, mais le comprendre, le respecter, et il faut l’aimer.

    Cette rencontre avec un peuple de femmes et d’hommes, cela justifie une vie.

    Et je voulais vous le dire, avant d’aller à leur rencontre, avant de sortir des rangs de nos adhérents et de nos militants, sur les routes de terre et sur les trois océans, j’ai voulu vous le dire, à vous.

    Parce que c’est une lourde charge, mais c’est une grande chance, et je vous la dois.

    Je vous remercie.

  • Avant-projet législatif de l'UDF

    « Un projet, c’est d’abord une vision qui résulte de l’analyse de la société française et de sa place dans le monde et en Europe mais aussi des attentes de nos concitoyens. Ce n’est pas un système ou une idéologie qui prétendrait donner les réponses avant les questions, c’est un guide pour l’action, c’est un cap pour demain »

     

    Cet avant-projet est articulé autour de cinq chapitres :
    - La révolution civique
    - Une véritable démocratie
    - Croissance et solidarité
    - Investissements pour l’avenir
    - La France dans le monde et dans l’Europe


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