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programme

  • Tout est bon dans le Macron

    Cela faisait trop longtemps que je voulais placer ce titre de billet, je suis content. Sérieusement, j'ai pris connaissance du programme définitif de Macron sur le site d'En Marche.

    Pas mal.

    Je ne vais pas tout décortiquer ici (z'avez qu'à aller le lire vous-mêmes, tas de fainéants) mais quand même relever quelques mesures qui me plaisent bien.

    Il y a chez Macron un vrai souci des femmes. Je l'avais noté déjà dans plusieurs de ses interventions, et c'est un bon point pour lui ; ce souci se manifeste sous toutes ses formes : parité dans les entreprises, parité dans les candidatures politiques, lutte contre le harcèlement et les insultes avec tolérance zéro dans la sécurité. Ça, j'aime bien.

    Dans le domaine de la santé, quelques bons points aussi : les maisons médicales dans les espaces désertés, la lutte noir sur blanc contre les pesticides et les perturbateurs endocriniens, lien étant fait avec la multiplication des cancers pédiatriques.  Ce que je regrette, en revanche, c'est le faible lien entre sécurité sanitaire et agriculture. C'est bien joli d'accroître la part du bio dans les cantines, mais, primo, 50%, ce n'est pas suffisant, je voudrais 100% pour ce qui me concerne, et secundo, je ne trouve rien comme initiative pour favoriser la conversion des exploitations. Les agriculteurs bio s'en sortent mieux que les propriétaires de grosses fermes. Il faut aller dans ce sens, small is beautiful pour pasticher François Bayrou qui critiquait un jour le Big is beautiful symptomatique du productivisme débridé.

    Je suis un peu déçu par sa fiscalité que j'espérais plus libérale. Dommage de ne pas avoir fait sauter complètement l'ISF, impôt idiot et spoliatoire, mais il l'avait annoncé. Je me doute bien que son impôt sur la rente immobilière va être un ISF-bis. Quid du patrimoine liquide, ce n'est pas clair à mes yeux dans son programme. Je suis également sceptique sur le gain engendré par la baisse des cotisations puisque la CSG va être remontée.

    Les emplois francs dans les quartiers déshérités, très bonne idée. J'espère que cela marchera et que cela permettra d'y réduire le chômage. Il faut évidemment que s'y installer n'y soit pas dangereux ce qui suppose d'avoir maté en amont la racaille. Sur la sécurité, ses projets sont parfaitement à l'équilibre : ni réactionnaires, ni laxistes, cela me convient bien. Création de places de prison, recrutement de 10 000 policiers, tolérance zéro, ça me convient très bien, y a plus qu'à...

    Sur l'école, pas beaucoup de mesures, mais celles qui sont annoncées vont dans le bon sens : 12 élèves par classe en ZEP pour les CP et les CE1, c'est bien, mais Macron ne doit pas oublier qu'il n'y a pas que les ZEP en France. Ce devrait être un objectif pour l'ensemble des CP et des CE1. Très bonne idée de payer 3000 euros nets de plus les Instits qui y iront, ça va motiver les troupes. Très bien de laisser aux communes le soin de déterminer les rythmes scolaires, c'est ce qu'il fallait faire. Très bien également de rétablir les classes bilangues, le latin et le grec dans les collèges. Bien aussi l'alternance dans les lycées professionnels. Après, sur tous ces points, faut voir à la pratique...

    Du côté du travail, le projet a l'air assez équilibré : l'assurance chômage pour tous, y compris en cas de démission, me paraît un bon compromis puisqu'il comporte en contrepartie un resserrement des conditions de l'indemnisation (recherche active, ne pas refuser une offre acceptable). Dommage ne pas défiscaliser les heures sup. Il y aura bien un abaissement de charges, mais ce seront les entreprises qui en profiteront. Bonne idée de faire rentrer les syndicats dans les Conseils d'administration. Ok pour les référendums d'entreprise, mais pour le reste, j'espère bien ne pas voir une resucée de la loi El Khomri. Très malheureuse formule de sa part que d'avoir dit qu'il allait faire une loi El Khomri puissance dix, au demeurant.

    Sur l'Europe, Macron a acté le fait qu'on ne peut avancer qu'avec les pays qui veulent faire de même. Projet d'une Europe à plusieurs cercles, là encore, il faut voir à la pratique.

    Pour la vie publique, je ne vois pas trop l'intérêt de réduire d'un quart le nombre de députés à l'Assemblée. J'attends de voir quelle dose de proportionnelle il y aura vraiment. Je regrette qu'il n'y ait pas grand chose sur l'optimisation du mille-feuille territorial. Proposer de fusionner les conseils généraux et régionaux afin de faire disparaître les départements, une très bonne idée que François Bayrou avait exprimée par le passé.

    J'ai bien vu qu'il n'y aurait pas d'allongement de la durée de cotisation sur les retraites mais qu'à la place, Macron prévoit de mettre fin aux régimes dits spéciaux. Cela signifie que d'une manière ou d'une autre, les fonctionnaires vont morfler. Je ne vois pas comment il peut en être autrement. 

    Il était indispensable de prévoir une très nette revalorisation du budget de la Défense. 2%, ce n'est pas si mal. A charge pour les militaires d'établir nos besoins et au futur Président et à son parlement de déterminer le spectre de nos interventions.

     

  • Le pari de Marine Le pen

    J'ai un souci avec Marine Le pen. En fait, je ne la déteste pas. Je ne la crois pas fondamentalement malhonnête (bon, il y a quand même le petit épisode de son garde du corps au Parlement européen, hein ?). Je pense qu'elle essaie de créer un parti de droite populiste et, pour ce faire, elle essaie de nettoyer le FN tant de ses éléments les plus extrémistes que des mesures programmatiques les plus rédhibitoires, aux yeux des Français du moins. On le voit avec l'euro dont la sortie automatique ne figure plus à son agenda ou encore la peine de mort à laquelle elle a pour l'instant renoncé. On voit aussi qu'elle s'entoure, comme dans les autres partis, d'énarques, de cadres administratifs, de polytechniciens et plus généralement d'une intelligentsia de haut niveau. 

    Je concède aussi que c'est une femme intelligente et belle, charismatique et qu'elle a toujours de la tenue dans ses réunions, émissions et interventions politiques.

    Le plus inquiétant, c'est que ce qu'elle dit n'est pas déconnant à 100%.

    Jusque là, on pourrait se dire «Mais ? il nous fait une lune de miel avec le FN ou quoi ? Mẽrda, il est tombé amoureux de la Marine ?» . Non, les amis, pas du tout. Je ne suis pas dupe. Ok, tout le monde n'est pas à jeter au FN mais je n'oublie pas un certain nombre de fondamentaux.

    Ce parti recèle encore un sacré ramassis d'antisémites, négationnistes, néonazis, intégristes et autres fumiers de tout poil. Dans un sondage qui a moins de deux ans, on voyait aussi que l'électorat du FN était celui qui comportait le plus d'électeurs antisémites (jugeant que les Juifs prenaient trop de place en France) : près d'un sur deux. C'est aussi au sein de ce parti que s'étalent au sens propre (lors des événements et des meetings) tout une littérature révisionniste (avec ses maisons d'édition spécialisées).

    Tout cela, je ne l'oublie pas.

    Je donne quitus à Marine Le pen de ses efforts pour tenter de nettoyer les écuries d'Augias mais je constate que le compte est encore loin d'y être.

    Et puis quand je lis les 144 propositions, quand j'ai dit qu'elle n'était pas déconnante à 100% ça ne veut pas dire que tout est sensé pour autant.

    Le plus délirant, c'est sur l'immigration. Plus de double-nationalité extra-européenne ? Ah ? Et les couples franco-russes, par exemple, puisque Madame Le pen est une grande amie de Poutine, ils feront quoi ? Idem pour les franco-américains, et cetera, je peux allonger la liste. 10 000 étrangers sur le sol français par an ? Bon, on chasse tous les expatriés et les étudiants étrangers alors ? Voilà une mesure authentiquement délirante.

    Tout le caractère protectionniste de son programme fait plus que de m'inquiéter : je me demande si elle a percuté qu'à chaque mesure protectionniste de la France correspondra une mesure similaire chez nos partenaires avec toutes ses conséquences sur nos exportations et donc l'emploi.

    Autre chose : Marine Le pen a l'air de penser qu'elle pourra imposer aux banques leurs taux d'intérêt quand elles font des prêts. Je me demande si elle a bien compris comment marche une banque. C'est bien simple : soit elle peut rentrer au minimum dans ses fonds soit elle ne le peut pas et dans ce cas, elle ne prête pas. Au pire, si on la force à prêter, elle cesse ses activités dans le pays où elle est active et/ou s'expatrie. Résultat des courses : assèchement généralisé du crédit. Beau résultat.

     Je vois beaucoup d'État dans le projet de Madame Le pen. A-t-elle songé qu'il ne faudrait pas le confondre avec la hotte du Père Noël et que toutes ses interventions ont un coût ? Comme je ne vois pas d'autres biais que l'impôt ou la création monétaire (mais si elle n'est pas adossée à de la création de richesses elle aboutit à une dévaluation et donc à une baisse sauvage du pouvoir d'achat), je dois dire que je serais passablement angoissé si elle devait arriver au pouvoir.

    Supprimer l'AME, banco sur le plan sanitaire : les clandestins qui ne pourront plus se soigner deviendront contagieux et des formes résistantes de pandémie pourraient se répandre sur tout le territoire national. Quand le cauchemar devient réalité. Bravo, Madame Le pen, pour votre méritoire roman d'anticipation...

    Je tape là où cela fait mal, mais dans le reste de son programme, il y a pas mal de choses qui sont loin d'être idiotes. Le problème, c'est qu'elles relèvent quand même pas mal de voeux pieux avec un État devenu impuissant. Car c'est bien ce que je crains qu'il adviendrait à un État Front National.

    Dernier point, et cela touche la santé : apparemment la filière biologique, cela n'existe pas en France, si l'on en croit son programme. Pas un mot dessus. Or, en termes de santé, vu les ravages créés par les pesticides et les adjuvants les plus nocifs dans la production alimentaire française, il faudrait un tantinet s'en préoccuper, non ?

  • Prémices du programme de Macron

    Je suppose que le programme de Macron va s'étoffer mais j'ai lu ses premières propositions, en tout cas, celles qui figurent sur son site En marche (elles sont disponibles ici).

    Il y a des choses qui manquent, c'est terriblement pauvre sur l'éducation, par exemple, mais il faut être honnête, il y a des choses qui me plaisent.

    Le bon point, c'est l'Égalité hommes-femmes : décréter l'obligation d'instaurer la parité pour le recrutement des cadres territoriaux, c'est donner le bon exemple. L'idée de permettre une séparation du foyer fiscal pour les femmes mariées va dans le bon sens aussi. Bien aussi sur la durée du congé maternité même si j'attends le cadrage financier...Sur les violences faites aux femmes, en revanche, décevant. Un gouvernement, ce n'est pas une association d'hacktivistes... Les campagnes contre la violence faite aux femmes, ça va un temps, au bout d'un moment, il faut punir et taper dur. J'attends donc un candidat sérieux à ce sujet sur le terrain de la justice.

    L'Agriculture : décevant aussi. Je ne lis pas une seule fois le mot biologique. Macron devrait lire Résolution française de Bayrou. A un moment donné, il faut qu'on comprenne que la sécurité sanitaire et l'agriculture sont intimement liées. On consomme des saloperies imprégnées de produits chimiques qui sur multiplient les cancers et les maladies étranges de toutes sortes, on se démolit les intestins, l'estomac et le cerveau avec les saletés de pesticides. Il faut des décisions fortes et il n'y en a pas chez Macron.

    Je crois que sur l'agriculture, il faut aller bien plus loin que cela. Je juge plein de vertus aux échanges et au libéralisme mais pour l'agriculture, cela devrait être sévèrement limité par un élément prioritaire : il faut laisser, comme le fait l'Inde, la possibilité à de petites exploitations de rendre un pays auto-suffisant pour ses ressources alimentaires. Cela suppose de soustraire les ressources alimentaires aux lois du marché. Peut-être pas intégralement, mais pour partie. Je suis Macron sur un point, c'est sur la montée en gamme, mais à condition qu'elle se traduise par le développement du bio. On peut, en changeant nos habitudes alimentaires, gagner en qualité sans dépenser plus. C'est la viande qui coûte le plus cher. Avec une alimentation principalement végétarienne, on fait d'une pierre trois coups : qualité environnementale, qualité sanitaire (alimentation meilleure pour la santé) et coûts réduits ! François Bayrou a une réflexion très forte et très finement pensée sur tous ces aspects dans sa Résolution française.

    Toutefois le chapitre Environnement complète assez bien celui de l'agriculture avec quelques mesures de bon sens. Reste à voir l'application pratique.

    Macron s'est calmé sur le travail. Pas de mention du temps de travail dans son pré-pojet. Cela peut être inquiétant, d'ailleurs. Je ne suis pas convaincu par sa fusion du RSI avec le régime général. Une bonne partie des entrepreneurs pourraient apprécier fort peu de se retrouver à payer bien plus de cotisations...Le RSI est un échec (voir l'analyse d'Hashtable à ce sujet), le régime général est-il pour autant une solution qui satisferait les entrepreneurs ? Faire peser les cotisations sociales sur la CSG revient à les répartir autrement. Les détenteurs d'un petit patrimoine immobilier (souvent sa propre maison), les retraités vont payer pour cela. La CSG ne me paraît pas plus juste que le système actuel.

    Sur l'Éducation, c'est quasiment le vide intégral. Pas de réflexion ou presque si ce n'est faire de petites classes pour les zones en difficulté. Quand est-ce qu'il y aura un candidat qui aura un projet et un souci de qualité pour TOUS les enfants de France et pas une catégorie seulement ? Bref, pas nul, mais pas loin.

    Sur la Culture, c'est nullissime. Macron n'a pas de projet. Je l'ai déjà écrit, il ne comprend pas ce que c'est que la France. Il est incapable de mettre sur pied un projet national. En fait, il n'a pas de pensée spécifique sur la culture, pas de réflexion sur le français, la langue française, la culture française. De toutes façons, il l'a dit, à ses yeux, il n'y a pas de culture française. C'est pourtant la clef de voûte de tout, le seul budget que Churchill, en pleine guerre contre les nazis, n'avait pas voulu réduire car il jugeait que si ce n'était pour la culture, pour quoi devait-on lutter ? Il lui manque une vision, celle-là même que l'on trouve chez Bayrou. C'est bien pour cela que j'ai du mal à voir des convergences entre les deux projets. Quand Macron dit que la vision de Bayrou a sa place dans son rassemblement, eh bien non, c'est faux, pas à l'heure actuelle. Et ce rassemblement ne sera pas possible sans une démarche de sa part, il ne suffira plus d'être "en marche" comme se gargarisent ses partisans...

    Reste la Santé. On n'y trouve pas grand chose. Maintenir l'AME, le raisonnement est très juste : Macron a compris qu'en la supprimant, en réalité, on menaçait la santé des Français aussi (risques de contagions, et cetera...). Pour le reste, il s'engage en gros à maintenir à peu près l'existant mais il n'y a  ni mesures ni réflexions sur les déserts médicaux et les numerus clausus en médecine. La qualité des soins et des soignants se dégrade. Rien sur ces points. Bref, c'est très pauvre aussi.

    J'ai parcouru d'un oeil distrait la partie logement car il n'y avait pas grande chose dedans.

    Pas d'autres éléments pour l'instant.

  • La réforme de l'école selon les jeunes forces démocrates

    Je sors de plusieurs jours d'échanges avec Maxime Cluzel, personnalité éminente des Jeunes Forces Démocrates. En deux à trois mots, les Jeunes Forces Démocrates, ce sont les jeunes de l'UDI. Ne les confondez pas avec les Jeunes Démocrates qui sont ceux du MoDem.

    A vrai dire, cela a commencé par un commentaire assez vif et peu courtois de ma part à la suite d'un compte-rendu d'une convention des jeunes de l'UDI sur l'Éducation. Mais Maxime Cluzel a réagi avec beaucoup de courtoisie et de calme (ça n'avait pas été mon cas, j'en conviens) et finalement nous avons discuté.

    C'est un peu particulier, l'Éducation en France, comme sujet : c'est un des rares thèmes sur lequel à peu près tout le monde peut discuter sans devoir maîtriser des connaissances pointues, comme dans la fiscalité, le droit, l'entreprise ou l'économie, par exemple. On a tous ou presque, un avis, à commencer par ceux qui ont ou ont eu des enfants.

    Au sein des partis politiques, c'est un peu une facilité que je reproche, la discussion sur l'Éducation, parce que c'est la plus facile (et c'est bien là le danger car l'apparence est trompeuse...). Pour ma part, je suis bien plus attiré par l'économie, l'industrie et de possibles liens avec la fiscalité, l'environnement et les circuits courts. Mais sur ces sujets, je ne connais pas de dossiers politiques complets bien qu'on puisse consulter des rapports du Sénat ou de l'Assemblée.

    Cela dit, les Jeunes Forces Démocrates ont abattu un travail considérable, la preuve en est qu'ils ont mis en ligne un document élaboré de projet de réforme, allant de l'école primaire (mais pas la maternelle, et c'est dommage) jusqu'au supérieur.

    Il y a du fond, certes, mais c'est un peu le film d'horreur(s)...En fait, je ne suis d'accord avec presque rien...

    Le document se concentre sur le collège, très peu sur l'école primaire et ignore purement et simplement la maternelle. Je me dis d'ailleurs parfois qu'on devrait aussi penser aux crèches, aux halte-garderie, aux assistantes maternelles, aux gardes partagées via des auxiliaires parentales quand on parle d'éducation. A mon avis, la chaîne commence à la naissance. Peut-être même avant avec l'haptonomie. 

    Le collège, malheureux collégiens, se voit amputé d'une partie de ses heures en français, en histoire et en mathématiques, la musique et les arts plastiques disparaissent, au profit d'activités interdisciplinaires laissées à la libre inspiration de chaque établissement. En fait, même si mon jeune interlocuteur s'en défend avec véhémence, le projet des jeunes forces démocrates converge fortement avec l'actuelle réforme socialiste du collège.

    Au lycée, c'est un jeu de massacre : imaginez un instant, des classes de seconde spécialisées mais dans lesquelles il n'y a que deux heures de français par semaine. Des classes scientifiques avec 2 à 3 heures de physique-chimie. C'est le projet des jeunes forces démocrates.

    Dans leur document, ce qui se taille la part du lion, ce sont les langues vivantes. Tout le reste est amputé, et salement. Jusqu'à la gangrène.

    Si une telle calamité venait à s'abattre sur l'école, il y a fort à parier qu'il y aurait des émeutes   dans les collèges et les lycées.

    Je regrette d'être aussi lapidaire car, objectivement, il y a eu un gros travail d'élaboration dans le document que j'ai lu, mais je m'y retrouve si peu que je ne lui trouve que très peu d'attraits. Oh, bien sûr, il y a quelques principes qui ne me déplaisent pas (une relative autonomie dans les établissements, le rétablissement partiel des humanités, une réflexion très pertinente sur le numérique à l'école) mais le reste...horresco referens...

    Je retiens la volonté de créer des filières professionnelles d'excellence. Malheureusement, cette vue de l'esprit se heurte, dans la réalité, aux stratégies des familles, et, disons-le, à un conservatisme évident du corps professoral dans son ensemble. Ce n'est à mon avis par pour demain et si cela devait être le cas, que deviendrait les élèves qui ne pourraient pas intégrer ces filières d'excellence ?

    Dernier point, les jeunes forces démocrates proposent d'accroître la part du PIB dans l'éducation : c'est un avis qui les honore, mais en ces temps de disette budgétaire, cela ne me paraît pas une bonne idée. Commençons déjà par récupérer l'argent gaspillé en âneries au sein de l'Éducation Nationale : il pourra être réinvesti avec bonheur dans les choses utiles.

  • Où Nicolas Sarkozy va-t-il trouver ses milliards ?

    Je juge une bonne chose que l'opposition propose des mesures alternatives à celles que prend la gauche au pouvoir actuellement. Ceci ne signifie pas que je les juge meilleures, mais cela entretient un nécessaire débat économique et démocratique.

    J'ai lu l'entretien que Nicolas Sarkozy a accordé au Figaro et pris acte des deux grands axes de son projet, baisser les impôts et réduire la dépense publique.

    Je pense qu'il n'a pas tort de pointer du doigt les effectifs surnuméraires dans la fonction territoriale mais je doute que des mesures imposées par l'État fonctionnent. La meilleure manière de contraindre les collectivités à une gestion rigoureuse c'est de leur donner l'autonomie financière. Liberté de lever des impôts (dans des limites raisonnables) mais fin des dotations de l'État. Bien évidemment, ce projet doit être assorti d'une réforme des modes de scrutin de manière à ce que toutes les collectivités comportent des représentants élus au suffrage universel direct, à commencer par les présidents de région. Ainsi, les électeurs récolteront les fruits de ce qu'ils auront semé s'ils portent au pouvoir des dépensiers. Pour assurer des garde-fous, il faudrait interdire aux collectivités de s'endetter au-delà d'un montant raisonnable et de présenter des budgets en déséquilibre.

    Il sera difficile de faire avaler à la fonction publique simultanément la réduction des effectifs, l'augmentation du temps de travail et l'allongement des durées de cotisations pour les retraites. Lutter contre l'absentéisme en rétablissant le jour de carence serait déjà une bonne chose. Pointer la fonction publique comme cause de tous les maux est un mauvais procès. Nicolas Sarkozy réitère l'erreur faite pendant sa mandature. Il ne comprend toujours pas que c'est contre-productif de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux si on ne commence pas par réfléchir au périmètre d'intervention de l'État et à ses missions. Qu'il commence par examiner ce point primordial d'abord, et seulement ensuite, alors, il pourra réfléchir aux postes qui sont nécessaires ou non.

    Je suis bien d'accord que la formation professionnelle est une gabegie, mais Nicolas Sarkozy ne propose rien si ce n'est d'en souligner les coûts. Même chose pour les aides au logement.

    Je ne crois donc pas à ses promesses de baisses d'impôts tant qu'il n'aura pas amélioré les points que j'ai soulevés.

    En ce qui concerne les déficits sociaux, je crains, hélas, qu'on ne puisse faire autrement que d'aller vers un seuil de retraite à 63 ans minimum, 68 sans décote. Les solutions ne sont pas très nombreuses et il faut bien équilibrer les comptes. J'espère que la recherche médicale va faire un bond afin d'améliorer l'espérance de vie en bonne santé, quasiment statique depuis 15-20 ans. Augmenter la durée de la vie professionnelle, c'est bien beau, mais si les gens ne sont plus en état de travailler, que faire ?

  • Le MoDem se dote d'un programme

    Je ne passe pas tous les jours sur le site du Mouvement Démocrate, mais, à intervalles plus ou moins réguliers, je vais y faire un tour. Eh bien il y a eu des changements depuis dimanche dernier. Le Mouvement Démocrate se décide enfin à faire évoluer son logiciel et à se doter d'un programme mis à jour. Exit le Projet humaniste (bon débarras) et bienvenue au nouveau projet tout droit issu du programme de François Bayrou lors de la dernière présidentielle.

    Le projet dispose désormais d'un onglet dédié sur le site du parti, ouvrant sur six items eux-mêmes subdivisés en de nombreuses propositions.

    Je suis très satisfait de voir y figurer des propositions que j'avais appelées à cors à et cris pendant la campagne présidentielle. Par exemple, la promotion de circuits courts via la création d'un nouveau type d'entreprise qui bénéficierait d'une fiscalité spécifique incitative.

    Au chapitre Finance, je suggérerais de rétablir la proposition suivante  de Bayrou dans son État d'urgence : permettre au capital-risque de déduire ses pertes de ses ponctions fiscales afin de relancer l'investissement. C'était une idée originale et bien pensée.

    Du côté de l'énergie et du développement durable, il y a une idée intéressante, mais elle suppose de convaincre nos partenaires européens : créer un consortium du niveau d'EADS dans la production d'énergies renouvelables. 

    Je crois que nous percevons clairement, au MoDem, le danger que le nucléaire fait peser sur nos têtes. Les mesures de sécurité qu'EDF met en place ne concernent que des situations ordinaires. Je n'ose imaginer ce qu'il se produidait en cas d'accident grave. Le programme du MoDem parle d'énergie de transition. Plus courte sera la transition, plus tranquille je serai, à titre personnel.

    Je suis satisfait, du côté de l'école, de voir enfin les priorités à peu près affichées (il reste encore cette histoire de rythmes scolaires qui demeurent surnuméraires à mes yeux) avec une proposition qui me tient à coeur et que je promeus à titre personnel depuis fort longtemps : la mise en place au lycée d'une filière scientifique et littéraire. Enfin une force dans la sphère politique et éducative pour comprendre que sciences et lettres ne s'opposent pas mais se complètent bien au contraire.

    Je suis également très content de voir figurer au chapitre culture la volonté de mettre en oeuvre une politique déterminée pour promouvoir la francophonie. Encore quelque chose qui me tient à coeur depuis longtemps. Il faudrait en revanche assortir cette proposition de mesures plus concrètes (une politique spécifique pour les Alliances françaises, par exemple).

    Cela deviendrait long de passer en revue la totalité du programme et de ses entrées, mais je suis évidemment satisfait de disposer enfin d'une base de référence pour engager des contre-propositions et effectuer d'éventuelles comparaisons.

    En refondant son site et son programme, le MoDem s'est doté d'un outil essentiel sur le chemin de sa refondation.

  • Un centriste juge le programme de Hollande

    Je viens à l'instant de prendre connaissance des principales propositions de François Hollande via le Parisien.

    Ma première réaction, c'est de penser qu'il ne peut pas financer ce qu'il promet. Il va donc soumettre aux Français des propositions mensongères, sauf à nous envoyer dans le mur direct. 150 000 emplois jeunes, 60 000 fonctionnaires, 25% d'augmentation de l'allocation de rentrée scolaire, 25% de nucléaire en moins d'ici 2025, il faut arrêter un peu.

    Après, lot de consolation, l'ensemble est tout de même beaucoup moins calamiteux que ce que le laissaient entendre le Bourget et les déclarations de ses lieutenants ces deux dernières semaines. Au fond, c'est un programme social-démocrate assez classique, avec hameçons et appâts pour la gauche de la gauche.

    Il y a tout de même quelques mesures que j'agrée :

    - abrogation de la circulaire sur les étudiants

    - loi sur l'égalité homme/femme (la fera-t-il vraiment ?)

    - tranche supplémentaire sur l'IRPP

    - arrêt de la RGPP (politique menée à l'aveugle depuis sa mise en place).

    - introduction d'une part de proportionnelle aux législatives

    Mais pour le reste...

  • Les redéploiements de Hollande

    Il y a quelque chose qui semble échapper au thuriféraires de François Hollande : plusieurs de ses mesures sont avant tout des redéploiements. Il l'a dit, les 60 000 postes qu'il compte créer dans l'Éducation Nationale se feront en réalité par des coupes sur les postes enseignants : l'interdiction du redoublement en fournira l'essentiel du financement. Mieux : comme il a laissé entendre que les postes créés ne seraient pas forcément des postes d'enseignants, on peut subodorer que le nombre total d'enseignants sera en chute encore plus sévère que sous Sarkozy. Par ailleurs, François Hollande se garde bien d'aborder les conséquences de la fin du redoublement. Certes le redoublement ne fonctionne guère : mais la question de fond, c'est quelle organisation pour l'école et que faire de ces élèves qui ne redoubleront plus ? Ils ne deviendront pas plus à l'aise pour autant dans le système scolaire, loin de là. Sur ce point, la réflexion de François Hollande est proche du zéro absolu.

    Le surcroît d'allocations qu'il promet aux uns se fera sur le dos des autres. On l'a vu avec le quotient familial, j'en ai abondamment parlé ici. Il ne s'agit pas de dégager des fonds, mais de prendre encore plus à ceux qui paient déjà beaucoup. Ce que Hollande appelle les riches...

    Ainsi, des familles qui ne paient plus d'impôts et disposent d'avantages de toutes sortes recevront encore davantage. J'espère qu'un économiste calculera les revenus réels des premières classes moyennes touchées par Hollande et les comparera avec les avantages, primes, réductions de prix, gratuités et cetera que touchent certaines familles très modestes. Le calcul pourrait finir par ne guère être avantageux pour les classes moyennes.

    Enfin, Hollande l'a discrètement rappelé : c'est la conjoncture économique et l'état des finances du pays qui commandera l'application ou non des mesures socialistes.

    In fine, ceux qui soutiendront François Hollande, voteront, sans le savoir, pour un tout autre programme que celui auquel ils s'attendent...

  • MoDem, de l'incantation à l'action

    J'ai entendu avec espoir François Bayrou parler récemment d'espoir crédible pour évoquer le type d'opposition qu'il entend incarner. C'est un langage qui m'a plu. La mise en place d'un shadow cabinet il y a un mois est aussi une saine démarche qui va dans le bon sens.

    Mais il faut aller plus loin : il faut remettre à plat le fameux projet humaniste et dépasser le niveau de la déclaration d'intention et du lieu commun. Or, au MoDem, nous en sommes encore là.

    Il s'agit de faire des propositions chiffrées et réalistes et de s'engager sur des axes de réflexion majeurs.

    - la défense des libertés, à commencer par les libertés économiques, par exemple ; seulement, il s'agit d'être large. D'évoquer les rigidités que génèrent notre absence de flexibilité dans le droit du travail, particulièrement dans la fonction publique, mais de défendre dans le même temps le citoyen-consommateur trop souvent à la merci d'une entreprise dont l'état se fait d'autant plus complice qu'elle est plus grosse. Les Class Actions devraient figurer en tête de gondole dans le super-marché de nos idées au rayon libertés économiques. 

    - la relocalisation de nos industries. Commencer par ne pas transférer massivement nos technologies à la Chine serait un premier pas. Après, c'est toute une organisation du travail et une réflexion sur l'urbanisation et les moyens de communication qui est à mener. A cela peut s'ajouter l'arme fiscale qui aplanit le profit de chaque entreprise dans la part du coût d'un produit.

    - une réflexion globale sur l'écologie en prenant garde de ne pas glisser dans l'ornière grossière des apparences. Sans rentrer dans les outrances d'Intox2007, force est de constater qu'il pose des questions pertinentes sur la fameuse croissance verte. Il devrait d'ailleurs en parler à ses futurs alliés verts ou du Parti de Gauche... Une fiscalité blanche comme l'entend Yann Werhling dans une tribune récente me paraît une bonne piste, puisqu'elle permet de ne pas ajouter de nouveaux impôts, mais de les répartir simplement différemment.

    - lutter contre les discriminations. Je ne parle pas de la discrimination positive ni de toutes les imbécillités similaires, mais ce qui fait que, dans ce pays, quand on naît de rien, on n'aboutit à rien. Pourquoi ne se produit-il pas, comme en Amérique ou en Angleterre, qu'une personnalité issu d'un milieu modeste ou moyen puisse faire fortune ? En France, le pouvoir et la richesse ne se transmettent que de puissant à puissant. A nous de trouver la parade sans tomber dans l'égalitarisme débilitant dont la gauche ne parvient pas à se défaire. En île de France, François Bayrou avait choisi, aux Régionales, de faire d'un chef d'entreprise issu de la banlieue la tête de liste du MoDem. A des personnalités comme Alain Dolium, nous devrions dérouler des tapis rouges. Ce sont ces individus-là qui nous intéressent, partis de pas grand chose, mais ayant gravi les échelons.

    - et puisque la France attache tellement d'importance à ses diplômes nous devrions porter d'autant plus d'attention à l'école ; non en s'alignant bassement sur les positions exprimées au PS et à l'UMP, à la remorque des effets de mode (les rythmes scolaires) mais en écoutant des spécialistes qui tirent la sonnette d'alarme depuis fort longtemps. Est-ce que le MoDem est encore capable d'audace ? Est-ce que le MoDem est capable de prier Natacha Polony de devenir sa conseillère spéciale sur les questions d'éducation et de reprendre une partie de ses propositions ? Collège unique, collège inique, scandait François Bayrou en 1993 : alors François, qu'est-ce que tu attends ? Commence par rayer le programme du MoDem, et écris, avec l'avis de gens impliqués un programme de rupture sur l'éducation, ce qui suppose évidemment de ne pas s'appuyer que sur des individus issus du sérail.

    - sur la dette, faisons comme nos amis lib-dems : disons ce que nous prévoyons de faire avec un programme chiffré et précis. 

    - les retraites, nous avons été clairs, mais mal entendus : nous défendons l'idée d'un système à points, voire de comptes notionnels. Allons jusqu'au bout et établissons un document technique qui définit les points que nous pouvons gagner pour chaque profession. Expliquons comment nous allons parvenir à mettre d'accord entre elles toutes les caisses de retraites pour adhérer à un tel système, car ce serait aussi un gros enjeu d'une telle réforme.

    Bref, j'ai défendu le Projet Humaniste, mais toujours à contre-coeur. Ce n'est pas un programme. C'est un catalogue d'intentions, et, de surcroît, certaines d'ente elles me déplaisent carrément. Remettons-le complètement à plat et dessinons un programme politique digne de ce nom, c'est à dire un programme de gouvernement. Je ne fais ici que tracer les débuts d'une feuille de route, mais je crois ne pas me tromper en montrant du doigt cette voie.

    Je rappelle, pour ma part, que j'avais entamé une réflexion avec le groupe Fondation sur googlegroups ; je transfère les premières propositions petit à petit sur e-democrate sous le nom de César Borgia. Il s'agit de reprendre le Projet Humaniste section par section et de l'amender.

    Allez François, il nous faut des espoirs crédibles, désormais !

  • Humanisme

    «Nous plaçons l’homme au centre de chaque question de société. L’homme est partie prenante de la nature, il ne peut vivre hors d’elle ni sans elle. Il est relié à elle et en même temps s’en distingue par sa capacité de conscience. L’émancipation de la personne humaine, femme et homme, le respect qui lui est dû, son épanouissement, constituent donc la fin principale des organisations sociales. Toute personne humaine, quels que soient sa situation, son âge, son état de santé, valide ou handicapée, porte en elle, identiquement, intégralement, sa part d’humanité et a droit à un égal respect. Nous avons confiance dans la capacité de progrès de l’humanité, en science et en conscience

    C'est ainsi que le MoDem définit l'humanisme dans son projet. Ce qui me frappe, c'est qu'en dehors de l'attachement à la démocratie, le MoDem n'exprime aucune préférence pour un système politique, ni rejet. Tout juste est-il réaffirmé la prééminence de l'économie de marché, et encore, ce n'est pas explicite dans la charte des valeurs introductive.