Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Familles, école, ce que Macron devrait ajouter à son programme

    Je rejoins entièrement François Bayrou à propos des familles : le quotient familial pour les familles nombreuses doit être rétabli à son niveau initial. Il n'y a eu que l'imbécillité égalitariste socialiste pour penser à s'attaquer à ce pilier de la politique familiale depuis l'après-guerre.

    Concernant l'école, les réformes socialistes doivent être abolies dans leur intégralité. Les rythmes scolaires, bien sûr, qui sont une stupidité malhonnête sans nom, mais aussi la réforme du collège, beau morceau d'idéologie bêtasse à l'état pur. J'ai bien noté que le programme de Macron comportait quelques éléments pour le primaire mais que pour le collège et le lycée, c'était le vide intégral. Il faut rétablir les classes européennes partout où elles ont été supprimées, ou, à défaut, des horaires corrects d'allemand, faire de nouveau du latin et du grec des disciplines et les offrir avec des horaires décents partout où ils étaient proposés jusqu'ici.

    Si vraiment les établissements scolaires se voient offrir une vraie autonomie, que cela soit sans contraintes et obligations de toutes sortes derrière. Il faut aussi une vraie liberté pédagogique pour les enseignants en jugeant leurs pratiques sur les résultats et non sur des a priori idéologiques.

    Pour cela, il faudra faire un sacré nettoyage dans la technostructure : une expérience récente indique que les pédagogolâtres ne sont bien qu'entre eux mais qu'ils abhorrent qu'on vienne marcher sur leurs plate-bandes, fût-ce de la part d'une école de pensée "amie". 

    J'ai déjà eu l'occasion d'écrire ici sur une femme italienne, médecin de son état, de la première moitié du XXème siècle : j'avais écrit un billet à son sujet en 2009 sur le fameux pouvoir absorbant de l'enfant. J'ai donc suivi avec intérêt les expériences de la délicieuse Céline Alvarez, une jeune institutrice qui a lu Maria Montessori, l'a modernisée, et l'a adaptée à la réalité française, dans une école déshéritée de la banlieue parisienne. Je ne suis pas un expert en éducation et le mot sciences de l'éducation résonne très désagréablement à mon oreille libérale. Cela sonne marxiste. Mais j'ai écouté tout de même une conférence sur vidéo de Céline Alvarez et je me suis pâmé d'aise. J'y ai retrouvé les fondamentaux aristotéliciens de la pensée de Maria Montessori, mis à jour puis en application avec une intelligence et une efficacité qui forcent l'admiration. Mais ce que j'ai compris de son exposé, c'est aussi que la technostructure a tout fait pour lui mettre les bâtons dans les roues, allant même jusqu'à lui interdire de poursuivre son expérimentation, en dépit de résultats saisissants, si bien qu'elle a dû l'achever dans la clandestinité.

    Quand on l'écoute, on voit bien qu'il n'y a pas d'esprit systémique chez Céline Alvarez. Elle n'enseigne pas une méthode mais diffuse plutôt un esprit. J'y reconnais quant à moi la version pédagogique de la thèse politique que j'ai  souvent entendu Marielle de Sarnez formuler : l'instituteur, l'enseignant, est un facilitateur qui dégage le passage aux enfants. Leur pouvoir inné d'absorption fait le reste. En politique, Marielle de Sarnez exprime la même vision de l'État dans sa relation avec les individus et les associations.

    C'est exactement le genre de liberté que je voudrais pour l'école française. Pas le lourd harnais marxiste et constructiviste mais l'idée que chaque individu porte son destin comme une cause finale et que nous n'avons pas vocation à le contrarier, nous adultes qui sommes l'environnement de nos enfants. Et ceci n'a rien à voir avec le laxisme, je le dis pour les esprits-chagrins nostalgiques de la réaction et du martinet.

    Mais Céline Alvarez le dit avec beaucoup de justesse : ce n'est pas une démarche que l'on peut imposer. Il faut simplement le faire connaître et se contenter de la proposer à ceux qui se montrent intéressés. Au fond, comme les plus grandes idées, elle prendra spontanément son essor en s'appuyant sur la liberté des individus et non sur l'autorité de l'État.

    Il reste tout de même à voir ce que cela donnerait dans le secondaire, mais je suppose que cela serait transposable puisque Maria Montessori a conçu aussi une approche éducative pour les adolescents.

     

  • Taxe d'habitation : idée généreuse mais c'est aux maires de décider

    Mes lecteurs l'ont compris, je soutiens Emmanuel Macron, désormais, mais, je n'ai pas pour autant perdu mon sens critique.

    J'ai trouvé son programme économique pertinent et modéré, s'appuyant sur des conjectures très raisonnables mais il y a un point qui me chiffonne dedans : Emmanuel Macron annonce que 80% des Français ne régleront plus la taxe d'habitation. Je suis pour une diminution de la fiscalité mais contre la manière de faire à trois titres :

    1.Tous les Français doivent participer à l'impôt. Progresser vers un système ou une petite minorité supporte les dépenses des 80% restants, c'est une très mauvaise direction et, pour le compte, une mesure typiquement socialiste. Regardons Paris ou le 16ème arrondissement, tout en étant conchié régulièrement par la majorité municipale, paie à lui seul 50% des impôts locaux de la ville, je trouve que ce n'est pas sain, quand bien même c'est l'un des plus riches. Cela revient petit à petit à donner le droit à une majorité de s'arroger le pouvoir de décider comment doit dépenser ou non l'argent que possède une minorité. Ce n'est pas la même chose qu'une participation à l'effort commun.

    2.La taxe d'habitation est une taxe locale. C'est aux habitants de chaque ville de définir ce qu'ils veulent ou non comme fiscalité, et in fine au maire de chaque ville. Un système ou l'État décide revient à recentraliser le pouvoir ce à quoi je suis très opposé. Je pense que l'État ne doit pas imposer aux collectivités locales leurs obligations et leur fiscalité.

    3.Si l'État compense le manque à gagner, car je ne vois pas d'autres options que de le compenser, ce ne sera pas une véritable baisse d'impôts. D'une manière ou d'une autre quelqu'un paiera à moins que l'effort soit financé sur la base d'économies cas dans lequel, par curiosité, j'aimerais bien savoir lesquelles...

    Conclusion : bonne tendance mais il faut trouver un autre biais, qui concerne tous les Français sans exception, et préserve les libertés des collectivités.

  • Nous ne sommes pas à l'abri de nouveaux coups de tonnerre

    Je suis centriste, centre-droit et modérément libéral et j'avoue qu'il y a une hypothèse qui me fout drôlement la trouille dans cette campagne présidentielle. Je ne devrais même pas l'énoncer ici mais de toutes façons, mes adversaires politiques ont déjà fait le calcul.

    Si Hamon et Mélenchon unissaient leurs forces derrière un seul de l'un d'eux, je ne dis pas que l'addition serait 100% mathématique mais il serait à peu près sûr qu'ils dépasseraient Macron et Fillon.

    Et là, le cauchemar commencerait.

    Un second tour Hamon ou Mélenchon contre Marine Le pen.

    J'ai lu le livre de Mélenchon. Qui sait que son intention est de convoquer une assemblée constituante en interdisant à tous ceux qui ont déjà exercé une députation de se présenter à nouveau ? Aucun processus démocratique n'est établi derrière la mise en place de cette assemblée. En fait, ce serait ni plus ni moins un coup d'état. Mélenchon dit parfois des choses profondes et j'ai du respect pour l'individu qu'il est, mais, politiquement, il me serait impossible de voter pour un homme qui a un tel programme, même contre Marine Le pen. J'ai lu le programme du FN et il n'y est nulle part question de revenir sur les processus démocratiques qui sont ceux de notre pays. Donc, à titre, ce programme est pire que celui du FN. Mais à côté de cela, quand vous avez compris QUI se trouve dans ce parti, vous pouvez commencer à trembler. Le FN se contrefiche bien des droits associés à la démocratie et surtout à l'Homme, qu'ils vomissent et on voit bien que c'est le cas de son électorat aussi. Dérapages sûrs à 200% !

    Le problème, voyez-vous, c'est que le cauchemar, il est possible, et les 70 000 signataires de la pétition qui aspirent à une telle union et à sa réalisation l'ont bien compris eux. Une telle alliance serait un coup de tonnerre dans la campagne à deux mois du premier tour. Face à Hamon ou Mélenchon, MLP aurait de très sérieuses chances de gagner. 

    Je vous le dis franchement, je ne pousserai un "ouf" que lorsque les candidatures à l'élection seront closes et ce danger écarté, et encore : on ne sait jamais, jusqu'au dernier moment cette option reste possible.

    Nous sommes dans une configuration très instable. On peut dire, en gros, qu'il y un quart de l'électorat pour les quatre grandes forces. 25% pour la gauche de la gauche (Hamon+Mélenchon), un peu plus de 20% pour le centre (Macron), près de 25% aussi pour la droite conservatrice (Fillon + Dupont-Aignan) et 25% pour l'extrême-droite (MLP).

    Tout peut basculer vite. Je me console sur un seul point : on dit l'électorat de Macron volatil mais je fais observer que je vois pas trop où il peut se diriger, désormais. Il devrait assez rapidement se consolider.

    Mais ce qui rend encore plus dangereuse cette élection c'est que 40% de l'électorat n'est pas décidé. Même si Macron parvient à accéder au second tour, ce que je lui souhaite, il sera en grand danger face à Marine Le pen, sans parler de Fillon pour lequel la gauche ne viendra jamais voter. 

    Il faut bien comprendre quelque chose avec le vote FN : on ne peut déjà plus le faire régresser. En réalité, la stratégie, désormais, c'est le containment, comme disent les Anglo-Saxons, c'est à dire qu'il faut l'empêcher de continuer à grignoter l'électorat. C'est le mieux que l'on puisse faire à l'heure actuelle car le vote FN est un chemin sans retour. Le seul qui était parvenu (mais à quel prix !!! A celui d'une porosité de plus en plus forte entre son électorat et celui du FN !) à faire régresser ce vote, c'était Nicolas Sarkozy en 2007.

    Très franchement, si on y parvient pour 2017, mais que la situation de la France ne s'est pas rétablie en 2022, cette fois, plus rien ne pourra empêcher le FN de conquérir le pouvoir. Ce n'est qu'une question de temps.

  • Pénélope Fillon, élégance de Macron

    Dans cette campagne, cela fait un moment que je me dis que Pénélope Fillon doit vivre un véritable Enfer. Difficile d'établir sa responsabilité dans les circonstances qui la touchent. Je suppose qu'elle n'en a jamais mesuré les conséquences probablement parce qu'il s'agissait d'une pratique commune dans la sphère politique et qu'elle n'avait jamais été dénoncée jusque là. François Fillon n'a pas mesuré l'ampleur des changements qui se sont produits dans l'opinion au fil des ans et surtout très mal calculé l'angle d'attaque de sa campagne à l'aune d'un tel lot de casseroles.

    Il n'en reste pas moins que les allusions dégueulasses et graveleuses ont rapidement proliféré contre Pénélope Fillon alors qu'il ne s'agit pas d'une personnalité publique et que jusqu'à nouvel ordre, la justice n'a pas tranché sur l'illégalité des fonds reçus.

    Macron n'a jamais versé dans l'hystérie ce dont je lui donne quitus et surtout, lors d'un tout récent entretien télévisé j'ai trouvé ses propos d'une rare élégance.


    Macron considère que "ce qui se passe pour... par BFMTV

    J'ai senti dans les commentaires et les caricatures parfois répugnantes comme des relents fétides d'égout bien caractéristiques d'une misogynie toujours prompte à s'exprimer. Macron a l'élégance de ne pas s'en prendre à la famille d'un concurrent et de circonscrire ses observations à son seul adversaire, de manière très mesurée d'ailleurs.

    C'est tout à son honneur et montre qu'il détone vis-à-vis des femmes, chose rare par les temps qui courent.

    Je parcours à l'heure actuelle son programme et je ne le trouve ni génial ni non plus catastrophique. Neutre, en fait, à deux trois mesures près. Mais j'apprécie le geste rare qu'il a eu aujourd'hui envers une femme trop accablée. Les lecteurs de ce blog le savent, le respect des femmes et l'égalité des conditions sont l'une de mes préoccupations principales.

  • Mon cher Emmanuel (Macron)...

    Mon cher Emmanuel,

    Je vois qu'avec l'alliance que vous venez de passer avec François Bayrou l'axe central est en marche, c'est le cas de le dire.

    Je dois vous l'avouer, mon cher Emmanuel, j'ai eu la dent dure contre vous sur mon blog, et plus d'une fois. Si je vous rejoins aujourd'hui, c'est uniquement parce que François Bayrou le fait et que j'ai une confiance inébranlable en ce dernier. Je dois toutefois vous concéder que j'avais décelé des inflexions qui n'étaient pas pour me déplaire dans le programme que vous vous êtes enfin décidé à dérouler, depuis deux semaines.

    Je me permets toutefois quelques amicales suggestions :

    Premièrement, quand un thème ne fait pas sens mais est très clivant dans la sphère politique, c'est absolument inutile d'aller chercher les embrouilles pour des clopinettes. Les deux monumentales bourdes que vous avez faites la semaine dernière en sont des illustrations éclairantes.

    Deuxièmement, vous l'avez noté, les médias se sont longtemps intéressés à vous mais depuis dix jours ils se sont carrément retournés contre vous. Maintenant, tout le monde va vouloir votre peau et celle de François (Bayrou) et il va vous falloir naviguer vent debout par gros temps. Ce n'est pas tout : fachosphère, réacosphère, gauchistes archéo-révolutionnaires, ils rêvent du goulag et de la schlague pour vous. Tous en embuscade parce qu'ils sentent bien que le jeune premier que vous êtes va les priver d'une victoire qu'ils étaient convaincus de conquérir aisément. Méfiez-vous, Emmanuel Macron : dans une campagne comme celle-là, tous les coups sont permis, y compris les plus vils, calomnies, diffamations et la liste peut être longue, ils ne vous rateront pas s'ils le peuvent.

    Troisièmement, démarquez-vous sur les choses qui en valent la peine : on ne parle pas assez de santé dans cette campagne, mais considérez qu'un Français sur trois sera susceptible d'être touché par le cancer, par exemple, qu'il existe une série d'autres affections qui nous affligent et que même dans les villes obtenir un rendez-vous avec un spécialiste tient de la gageure. Vous voulez faire un coup d'éclat ? Au lieu d'évoquer la colonisation, aspect de notre histoire qui concerne les historiens, désormais, annoncez un plan d'envergure pour repeupler de cabinets médicaux les provinces si déshéritées que l'absence de médecins y est désormais une cause de mortalité ou de dégradation brutale de la santé ! Je ne sais pas moi, annoncez que vous multipliez par deux le numerus clausus aux concours de médecine, que vous autorisez aux pharmaciens certains actes de santé, des choses de ce genre, ensemble, qui créeraient un choc sanitaire positif. Bref, employez intelligemment votre énergie.

    Quatrièmement, prenez en considération les Français qui travaillent. Mais je crois que François en a fait un pilier de son alliance avec vous...Non non, le dimanche n'est pas un jour comme les autres et il doit être payé en heures supplémentaires et grassement. Même chose pour le travail de nuit. Bref, abstenez-vous de toute velléité dérégulatrice dans ce domaine sans vous interdire une certaine flexibilité naturellement. Plus généralement, ne faites pas du pouvoir d'achat des Français une marge d'amortissement des coûts.

    Cinquièmement, ne vous en déplaise, il n'y a pas des cultures françaises mais UNE culture française, et vous feriez bien de vous en rappeler si vous aspirez à devenir le président des Français. Nous avons un modèle, nous avons une langue, nous avons une culture, et nous ne voulons pas les sacrifier aux idéologies dominantes. Et quand nous aimons l'Europe, nous continuons d'aimer la France et ne les jouons jamais l'une contre l'autre, qu'on se le dise.

    Mesurez, enfin, à quel point la caution morale de François Bayrou vous est précieuse. Jamais je n'envisagerais de voter pour vous sans lui. Aujourd'hui, à mon lieu de travail, j'ai entendu plusieurs personnes envisager de décaler leur vote vers vous uniquement parce que François Bayrou s'associe à vous. Plus surprenant, des électeurs venus du camp Hamon pourraient aussi vous accorder leur voix pour la même raison.

    Nous, les centristes historiques, qui nous sommes battus pour conserver notre indépendance, ne nous décevez pas. Nous sommes conscients qu'il existe une occasion historique d'envoyer paître d'un coup les deux partis qui se partagent le pouvoir depuis plusieurs décennies tout en bloquant la route aux populismes de gauche et de droite. Nous pouvons gagner mais il faudra pour cela un projet qui soit doté d'une âme, un programme dont les appuis soient plus que solides : enraciné dans notre terroir tout en étant tourné vers l'horizon.

    Bien cordialement à vous, mon cher Emmanuel, 

    Rodrigo Borgia alias l'Hérétique, blogueur centriste et démocrate canal-historique

  • Bayrou et Macron font alliance

    Je mettrai à jour au fur et à mesure mais François Bayrou et Emmanuel Macron s'allient.

    François Bayrou pose ses conditions

    1.Que le travail soit rémunéré justement et qu'on cesse de le payer de moins en moins. Macron sait ce qu'il a à faire : il faudra revenir sur le travail du dimanche et le règlement correct des heures sup.

    2.Moralisation de la vie  publique : ne pas dépendre d'intérêts financiers et ne rien devoir à des puissances extérieures

    3.La France est une vision du monde, une résistance : faire de cette âme le moteur de l'alliance.

    Nota Bene : tous ceux qui ont passé leur temps à conchier Bayrou sont vraiment des connards, je le dis : ça fait deux fois pendant ces présidentielles qu'il est prêt à s'effacer pour un intérêt supérieur (Juppé puis Macron, ce qui marque bien les deux tenants de l'arc central). Je le dis parce que je l'ai sur le coeur depuis un moment.

  • Privatisation des radars : le retour des fermiers généraux

    La ville de Paris d'abord, le gouvernement ensuite, s'apprêtent à donner à des sociétés privées le privilège exorbitant de pouvoir taxer à l'oeil le gueux, franc ou gaulois de son état, heureux détenteur d'une charrette auto-motrice. Le beau tour de passe-passe, derrière, c'est de dépénaliser la chose. En somme, ce ne serait plus un PV mais simplement un octroi qu'il faudrait régler pour dépassement de vitesse ou mauvais stationnement.

    Rien à voir avec la sécurité routière, bien évidemment, il s'agit juste de trouver un nouvel impôt. L'astuce socialiste (mais je ne doute pas un seul instant que Les Républicains embrayeront) c'est de faire valoir, qu'en ces temps troublés, il faut décharger les forces de police d'une tache certes mineure mais chronophage. Jolie entourloupe qui permet de ne pas évoquer les promesses mirifiques des uns et des autres et l'endettement record de la Ville de Paris (autolib, les couloirs de bus croisés accidentogènes, le tram, velib, tout ça, ça coûte...) ou encore celui de l'État.

    Je voudrais rafraîchir la mémoire historique des thuriféraires de cette solution : elle a été utilisée à plusieurs reprises dans l'Histoire des Civilisations. En France, elle est à l'origine de la Révolution Française. Les citoyens ne supportaient plus les fermiers généraux. Ils les haïssaient à mort et leur ont collé la tête sur une pique dès qu'ils l'ont pu. Comprenons-nous bien : les fermiers généraux n'étaient pas de sympathiques agriculteurs mais des percepteurs d'impôt privés que le bon Roy de France Louis chargeait de percevoir une somme. A charge pour eux de la ramener qu'on ne leur donnait aucune limite s'ils souhaitaient percevoir plus.

    Perclus d'impôts, les Français finirent pas guillotiner le roi. On voit souvent le Français comme un grand enfant socialiste, on oublie que sommeille aussi en lui le libéral teigneux qui en a plein le dos d'être taxé pour un oui ou pour un non...

    Les Romains procédaient à peu près de la même manière avec leurs provinces. Cela a permis à un certain Cicéron d'écrire des discours fameux et notamment contre un sale type, le préteur Caïus Licinus Verres, qui chargé d'une mission du même acabit, pillait allègrement les biens des habitants de Sicile.

    Cicéron était alors questeur, c'est à dire, à son époque, une sorte de super contrôleur des comptes publics. Un questeur, ça ne rigolait pas, et de fait, bien que Verrès disposât de puissants appuis, il se trouva vite contraint de choisir l'exil à Marseille (on y trouvait déjà des corrompus dès cette époque). Il faut dire que les Siciliens avaient confié leurs affaires à un avocat de renom avec Cicéron. C'était la class action de l'époque, en somme.

    Les Hidalgo, Cazeneuve et compagnie feraient bien d'y réfléchir. Entre la raréfaction des places, l'explosion du montant des amendes, la délégation du contrôle du stationnement à une société privée, et maintenant l'utilisation des radars, tout ça avec l'intention de permettre à ces intermédiaires de se payer grassement sur le dos de la bête, ça commence à bien faire...

  • Évitons les très mauvais procès à Macron

    Il y a des choses qui m'agacent chez Macron mais davantage encore certains procès qui lui sont faits. Tout particulièrement, on l'accuse d'avoir travaillé pour une grosse banque. C'est le genre de procès que je trouve minable. C'est interdit d'être banquier ? Je déteste cette habitude de pointer une profession d'autant que Macron n'a jamais utilisé ses fonctions politiques ou privées pour interférer dans l'une des deux sphères. Je ne tiens pas à me solidariser, pour ma part, aux procès de Moscou orchestrés et par l'extrême-droite et par l'extrême-gauche et je pense que nous, centristes, nous nous déshonorerions en nous joignant au choeur des pourris complotistes et calomniateurs.

    Macron a fait une double erreur de communication, et sur l'Algérie et sur la Manif pour Tous. C'était doublement stupide et je pense que cette séquence lui aura coûté cher. Rouvrir des vieilles fractures au sein de la société française n'apporte rien de bon. Il est grand temps de laisser l'Algérie à son destin, qu'elle a choisi désormais depuis plus d'un demi-siècle, et pour le mariage pour tous, une loi a été votée, ce n'est pas la peine d'y revenir.

    Cela dit, sur le fond de ses interventions récentes sur la délinquance et le terrorisme je n'ai rien à redire. Je les ai trouvées solides.

    Macron va devoir apprendre à se défier des médias. Ce n'est pas pour rien que j'ai glissé sous l'intitulé de ce blog "Brûle ce que tu as adoré et adore ce que tu as brûlé". A la moindre baisse, une horde de hyènes médiatiques va se jeter sur cadavre avec délectation.

     Si François Bayrou ne se présente pas, et sous réserve qu'il aménage certains aspects de son programme, je pense que je finirai au minimum par voter Macron (les autres sont rédhibitoires). S'il parvient à vraiment intégrer le projet de François Bayrou et qu'il obtient l'alliance de ce dernier, là, évidemment, je le soutiendrai.

  • Le pari de Marine Le pen

    J'ai un souci avec Marine Le pen. En fait, je ne la déteste pas. Je ne la crois pas fondamentalement malhonnête (bon, il y a quand même le petit épisode de son garde du corps au Parlement européen, hein ?). Je pense qu'elle essaie de créer un parti de droite populiste et, pour ce faire, elle essaie de nettoyer le FN tant de ses éléments les plus extrémistes que des mesures programmatiques les plus rédhibitoires, aux yeux des Français du moins. On le voit avec l'euro dont la sortie automatique ne figure plus à son agenda ou encore la peine de mort à laquelle elle a pour l'instant renoncé. On voit aussi qu'elle s'entoure, comme dans les autres partis, d'énarques, de cadres administratifs, de polytechniciens et plus généralement d'une intelligentsia de haut niveau. 

    Je concède aussi que c'est une femme intelligente et belle, charismatique et qu'elle a toujours de la tenue dans ses réunions, émissions et interventions politiques.

    Le plus inquiétant, c'est que ce qu'elle dit n'est pas déconnant à 100%.

    Jusque là, on pourrait se dire «Mais ? il nous fait une lune de miel avec le FN ou quoi ? Mẽrda, il est tombé amoureux de la Marine ?» . Non, les amis, pas du tout. Je ne suis pas dupe. Ok, tout le monde n'est pas à jeter au FN mais je n'oublie pas un certain nombre de fondamentaux.

    Ce parti recèle encore un sacré ramassis d'antisémites, négationnistes, néonazis, intégristes et autres fumiers de tout poil. Dans un sondage qui a moins de deux ans, on voyait aussi que l'électorat du FN était celui qui comportait le plus d'électeurs antisémites (jugeant que les Juifs prenaient trop de place en France) : près d'un sur deux. C'est aussi au sein de ce parti que s'étalent au sens propre (lors des événements et des meetings) tout une littérature révisionniste (avec ses maisons d'édition spécialisées).

    Tout cela, je ne l'oublie pas.

    Je donne quitus à Marine Le pen de ses efforts pour tenter de nettoyer les écuries d'Augias mais je constate que le compte est encore loin d'y être.

    Et puis quand je lis les 144 propositions, quand j'ai dit qu'elle n'était pas déconnante à 100% ça ne veut pas dire que tout est sensé pour autant.

    Le plus délirant, c'est sur l'immigration. Plus de double-nationalité extra-européenne ? Ah ? Et les couples franco-russes, par exemple, puisque Madame Le pen est une grande amie de Poutine, ils feront quoi ? Idem pour les franco-américains, et cetera, je peux allonger la liste. 10 000 étrangers sur le sol français par an ? Bon, on chasse tous les expatriés et les étudiants étrangers alors ? Voilà une mesure authentiquement délirante.

    Tout le caractère protectionniste de son programme fait plus que de m'inquiéter : je me demande si elle a percuté qu'à chaque mesure protectionniste de la France correspondra une mesure similaire chez nos partenaires avec toutes ses conséquences sur nos exportations et donc l'emploi.

    Autre chose : Marine Le pen a l'air de penser qu'elle pourra imposer aux banques leurs taux d'intérêt quand elles font des prêts. Je me demande si elle a bien compris comment marche une banque. C'est bien simple : soit elle peut rentrer au minimum dans ses fonds soit elle ne le peut pas et dans ce cas, elle ne prête pas. Au pire, si on la force à prêter, elle cesse ses activités dans le pays où elle est active et/ou s'expatrie. Résultat des courses : assèchement généralisé du crédit. Beau résultat.

     Je vois beaucoup d'État dans le projet de Madame Le pen. A-t-elle songé qu'il ne faudrait pas le confondre avec la hotte du Père Noël et que toutes ses interventions ont un coût ? Comme je ne vois pas d'autres biais que l'impôt ou la création monétaire (mais si elle n'est pas adossée à de la création de richesses elle aboutit à une dévaluation et donc à une baisse sauvage du pouvoir d'achat), je dois dire que je serais passablement angoissé si elle devait arriver au pouvoir.

    Supprimer l'AME, banco sur le plan sanitaire : les clandestins qui ne pourront plus se soigner deviendront contagieux et des formes résistantes de pandémie pourraient se répandre sur tout le territoire national. Quand le cauchemar devient réalité. Bravo, Madame Le pen, pour votre méritoire roman d'anticipation...

    Je tape là où cela fait mal, mais dans le reste de son programme, il y a pas mal de choses qui sont loin d'être idiotes. Le problème, c'est qu'elles relèvent quand même pas mal de voeux pieux avec un État devenu impuissant. Car c'est bien ce que je crains qu'il adviendrait à un État Front National.

    Dernier point, et cela touche la santé : apparemment la filière biologique, cela n'existe pas en France, si l'on en croit son programme. Pas un mot dessus. Or, en termes de santé, vu les ravages créés par les pesticides et les adjuvants les plus nocifs dans la production alimentaire française, il faudrait un tantinet s'en préoccuper, non ?

  • Prémices du programme de Macron

    Je suppose que le programme de Macron va s'étoffer mais j'ai lu ses premières propositions, en tout cas, celles qui figurent sur son site En marche (elles sont disponibles ici).

    Il y a des choses qui manquent, c'est terriblement pauvre sur l'éducation, par exemple, mais il faut être honnête, il y a des choses qui me plaisent.

    Le bon point, c'est l'Égalité hommes-femmes : décréter l'obligation d'instaurer la parité pour le recrutement des cadres territoriaux, c'est donner le bon exemple. L'idée de permettre une séparation du foyer fiscal pour les femmes mariées va dans le bon sens aussi. Bien aussi sur la durée du congé maternité même si j'attends le cadrage financier...Sur les violences faites aux femmes, en revanche, décevant. Un gouvernement, ce n'est pas une association d'hacktivistes... Les campagnes contre la violence faite aux femmes, ça va un temps, au bout d'un moment, il faut punir et taper dur. J'attends donc un candidat sérieux à ce sujet sur le terrain de la justice.

    L'Agriculture : décevant aussi. Je ne lis pas une seule fois le mot biologique. Macron devrait lire Résolution française de Bayrou. A un moment donné, il faut qu'on comprenne que la sécurité sanitaire et l'agriculture sont intimement liées. On consomme des saloperies imprégnées de produits chimiques qui sur multiplient les cancers et les maladies étranges de toutes sortes, on se démolit les intestins, l'estomac et le cerveau avec les saletés de pesticides. Il faut des décisions fortes et il n'y en a pas chez Macron.

    Je crois que sur l'agriculture, il faut aller bien plus loin que cela. Je juge plein de vertus aux échanges et au libéralisme mais pour l'agriculture, cela devrait être sévèrement limité par un élément prioritaire : il faut laisser, comme le fait l'Inde, la possibilité à de petites exploitations de rendre un pays auto-suffisant pour ses ressources alimentaires. Cela suppose de soustraire les ressources alimentaires aux lois du marché. Peut-être pas intégralement, mais pour partie. Je suis Macron sur un point, c'est sur la montée en gamme, mais à condition qu'elle se traduise par le développement du bio. On peut, en changeant nos habitudes alimentaires, gagner en qualité sans dépenser plus. C'est la viande qui coûte le plus cher. Avec une alimentation principalement végétarienne, on fait d'une pierre trois coups : qualité environnementale, qualité sanitaire (alimentation meilleure pour la santé) et coûts réduits ! François Bayrou a une réflexion très forte et très finement pensée sur tous ces aspects dans sa Résolution française.

    Toutefois le chapitre Environnement complète assez bien celui de l'agriculture avec quelques mesures de bon sens. Reste à voir l'application pratique.

    Macron s'est calmé sur le travail. Pas de mention du temps de travail dans son pré-pojet. Cela peut être inquiétant, d'ailleurs. Je ne suis pas convaincu par sa fusion du RSI avec le régime général. Une bonne partie des entrepreneurs pourraient apprécier fort peu de se retrouver à payer bien plus de cotisations...Le RSI est un échec (voir l'analyse d'Hashtable à ce sujet), le régime général est-il pour autant une solution qui satisferait les entrepreneurs ? Faire peser les cotisations sociales sur la CSG revient à les répartir autrement. Les détenteurs d'un petit patrimoine immobilier (souvent sa propre maison), les retraités vont payer pour cela. La CSG ne me paraît pas plus juste que le système actuel.

    Sur l'Éducation, c'est quasiment le vide intégral. Pas de réflexion ou presque si ce n'est faire de petites classes pour les zones en difficulté. Quand est-ce qu'il y aura un candidat qui aura un projet et un souci de qualité pour TOUS les enfants de France et pas une catégorie seulement ? Bref, pas nul, mais pas loin.

    Sur la Culture, c'est nullissime. Macron n'a pas de projet. Je l'ai déjà écrit, il ne comprend pas ce que c'est que la France. Il est incapable de mettre sur pied un projet national. En fait, il n'a pas de pensée spécifique sur la culture, pas de réflexion sur le français, la langue française, la culture française. De toutes façons, il l'a dit, à ses yeux, il n'y a pas de culture française. C'est pourtant la clef de voûte de tout, le seul budget que Churchill, en pleine guerre contre les nazis, n'avait pas voulu réduire car il jugeait que si ce n'était pour la culture, pour quoi devait-on lutter ? Il lui manque une vision, celle-là même que l'on trouve chez Bayrou. C'est bien pour cela que j'ai du mal à voir des convergences entre les deux projets. Quand Macron dit que la vision de Bayrou a sa place dans son rassemblement, eh bien non, c'est faux, pas à l'heure actuelle. Et ce rassemblement ne sera pas possible sans une démarche de sa part, il ne suffira plus d'être "en marche" comme se gargarisent ses partisans...

    Reste la Santé. On n'y trouve pas grand chose. Maintenir l'AME, le raisonnement est très juste : Macron a compris qu'en la supprimant, en réalité, on menaçait la santé des Français aussi (risques de contagions, et cetera...). Pour le reste, il s'engage en gros à maintenir à peu près l'existant mais il n'y a  ni mesures ni réflexions sur les déserts médicaux et les numerus clausus en médecine. La qualité des soins et des soignants se dégrade. Rien sur ces points. Bref, c'est très pauvre aussi.

    J'ai parcouru d'un oeil distrait la partie logement car il n'y avait pas grande chose dedans.

    Pas d'autres éléments pour l'instant.