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  • L'innovation, parent pauvre de l'emprunt Sarkozy

    1249609797.jpgOn ne peut qu’approuver la volonté d’investir dans l’innovation, la recherche-développement qui prépare l’économie de demain, surtout quand on sait que l’Etat, du fait de son appauvrissement, investit très peu (20 milliards). Mais je ne suis pas sûr que les sommes empruntées iront spécifiquement à ces investissements dans l’avenir. J’en veux pour preuve le récent rapport de l’OCDE sur la part de l’innovation dans les plans de relance face à la crise. Il montre que le plan de relance français ne consacrait que 46 millions d’euros à la recherche développement et 4,7 milliards aux ponts et aux routes. La France fait figure de mauvais élève là où la Finlande ou la Corée du Sud sont en haut du classement. Ne risque-t-on pas de reproduire ce schéma ?

    Jean-Jacques Jégou, trésorier du MoDem et sénateur du Val de Marne

  • Une centriste indépendante réagit au projet économique du "libéral" Delnoë

     

    508049862.jpgJ'ai ici la copie de la réaction de Valérie Sachs, centriste indépendante au Conseil de Paris, à la communication de Monsieur "Libéral", alias Bertrand Delanoë.Franchement, je suis d'accord en tous points. Valérie a longtemps fait partie d'une des commissions économiques de l'UDF, puis du MoDem, quelques temps, et je travaillais dans son groupe. J'ai d'ailleurs l'intention de continuer à participer à son think thank, car il déborde largement les clivages politiques. En tout cas, quand je lis ce qu'il y a là-dessous, je soupire d'aise, moi :-) Ah si, il y a tout de même un passage qui m'a fait tiquer : le groupe Centre n'est pas le seul refuge pour les libéraux, les humanistes et les véritables Européens. Il ne faudrait pas non plus oublier le MoDem...

     

     

    Monsieur le Maire,

    Mes chers collègues,

    Les familles politiques dont notre groupe est la synthèse libérale, centriste et européenne s’attachent depuis toujours à encourager Paris à développer une véritable ambition économique en phase avec le rythme de l’économie mondiale, et à créer un environnement attractif propice à attirer l’investissement et à retenir les ressources humaines, financières et technologiques. Quel rôle peut jouer la Ville de Paris pour promouvoir la recherche et l’innovation ?

    I –

    Nous reconnaissons au maire d’une métropole internationale une force d’impulsion politique qui renforce considérablement ses compétences réelles. Nous saluons par exemple la démarche du Maire de New York dans la réforme de la place financière new-yorkaise. Il a réussi à faire la synthèse entre démocrates et républicains, entre la ville, l’administration fédérale et les élus des trois états impliqués, pour ne pas rajouter à la concurrence internationale une concurrence régionale.

    La symbolique de proposer ce thème à l’ordre du jour après le logement, comme seconde priorité de la mandature, est forte et nous l’interprétons comme une réelle volonté politique du Maire de Paris d’afficher son ambition sans tabou, « avec audace ». Le hasard du calendrier nous oblige à entendre votre communication comme un écho à vos écrits et face à l’affirmation de votre humanisme libéral, nous ne pouvons que vous souhaiter, Monsieur le Maire, bienvenue parmi nous, bienvenue au groupe Centre, seul vrai refuge pour libéraux, humanistes et véritables européens !

    Nous partageons votre constat de la montée en puissance des villes-mondes par rapport aux Etats. Nous partageons votre crainte de voir Paris décrocher par rapport aux autres métropoles mondiales. Nous aimons croire nous aussi que « la compétition économique est devenue celle de l’intelligence », que les fils conducteurs en seront la solidarité, la recherche d’une fraternité entre les hommes et les territoires. Maisles beaux concepts peuvent sonner creux face à la concurrence internationale que se livrent les métropoles entre elles.

    Nous regrettons le manque de regard critique sur le bilan de la mandature passée, même si nous reconnaissons bien volontiers que de bonnes choses ont été initiées. Nous craignons une simple rationalisation des projets lancés, même si nous notons avec satisfaction votre engagement « de concentrer l’effort avec une stratégie volontariste qui place la Ville comme un acteur à part entière ».

    Vous nous assurez que Paris s’engagera « au-delà de ses compétences institutionnelles et de ses limites territoriales ».Votre communication n’est elle pas prétexte à un positionnement où le Maire de Paris se taille un costume pré-présidentiel sur mesure ?

    Monsieur le Maire, la stigmatisation du désengagement de l’Etat affaiblit toujours le discours. L’Etat, s’il se désengage, n’en a pas moins doté Paris d’atouts de poids. Dans le cadre de la loi sur la recherche votée en 2006, Paris dispose de réseaux en mathématiques, informatique, biologie, neurosciences, économie et du pôle de compétitivité mondial Finance Innovation.

    La nomination d’un Secrétaire d’Etat chargé du développement de la Région Capitale assure que l’Etat assumera son rôle de « pilotage stratégique ». Christian Blanc annonce deux projets structurants : la création d’un cluster sur le plateau de Saclay et l’aménagement de la Plaine de France. Votre communication semble s’inscrire dans une logique parallèle voire alternative et nous craignons que Paris n’en souffre.Vos ambitions sont-elles compatibles ?

    II –

    Nous avons bien compris qu’il s’agit pour l’instant des grandes lignes d’un plan stratégique mais nous regrettons le peu d’innovation par rapport à la mandature précédente, sauf deux clusters Design  et Innovations urbainesqui au demeurant semblent prometteurs.

    Le développement des trois axes choisis esquisse une économie parisienne de la recherche et innovation à nos yeux trop dirigiste, enfermée dans une architecture de projets qui se déclinent de haut en bas ; or l’innovation ne se décrète pas. La Ville se veut « opérateur », nous l’imaginons davantage en accompagnateur, en facilitateur. La méthode semble manquer de vision concertée entre tous les acteurs impliqués, et rien ne semble pouvoir modifier significativement le contexte économique parisien.

    Vous prenez acte que « la nouvelle géographie du développement économique se constitue en un réseau qui dessert les centres névralgiques de la finance, de la recherche et des nouvelles technologies », et vous avez raison. Vous rappelez qu’au Etats-Unis une start-up lève dix fois plus de capitaux qu’en France. Mais vous n’en tirez pas toutes les conséquences.

    Comment comptons-nous attirer les investissements de recherche dans nos universités parisiennes, sachant que les entreprises sont libres de puiser en Chine, en Inde, en Russie, que le Brésil ou Singapour offrent des réductions d’impôts à ceux qui investissent dans leurs universités ?

    Comment allons-nous agir pour pallier le manque de financement en fonds propres qui nous prive d’emplois ? Soulignons l’avancée de la réforme de l’ISF qui permet d’échanger le montant à versercontre un investissement dans une PME.

    Vous avez raison de vouloir faciliter l’amorçage des jeunes entreprises, encourager les incubateurs et les business angels. Mais pour avoir un meilleur impact, il faut en parallèle encourager la croissance de la gestion d’actifs à Paris. Toutes les études montrent que les investisseurs préfèrent détenir des actions d’entreprises installées à proximité. C’est là une chance considérable pour le Grand Paris et ses entreprises.

    Il faut défendre la place financière parisienne qui est la clé de voûte de l’innovation. L’innovation, c’est un continuumentre recherche et développement, entre université et entreprise, entre politique industrielle et marchés financiers. Notre rôle politique est de faciliter ces interactions, de contribuer à la puissance de Paris, place financière. La prédominance de la City de Londres n’est pas une fatalité.

    Permettez-moi une remarque : Warren Buffett, investisseur légendaire, était la semaine dernière en Europe pour faire son shopping, pour investir dans des entreprises familiales. Il a fait escale en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Suisse, mais pas à Paris. Qu’attendons- nous pour le faire citoyen d’honneur de la Ville ?

    Votre communication semble faire du problème social des étudiants la clé des questions de recherche et d’innovation, alors que l’enjeu nous semble ailleurs même si les problèmes des conditions de vie et du logement étudiant doivent être réglés. Vous conviendrez avec moi qu’en ce qui concerne la rénovation des locaux, la Ville de Paris ne fait que sa mission.

    Je ne résiste pas à la tentation de proposer mon arrondissement pour accueillir les meilleurs chercheurs étrangers dans des « logements de prestige », je suis sûre que cette proposition aura l’accord de Claude Goasguen, député-maire, de Bernard Debré,député du XVIe nord et de Jean-Yves Mano, votre adjoint.

    Comment faire oublier le classement de Shanghai, favoriser la création de start-ups et le développement des entreprises existantes ? La loi sur l’autonomie des universités est un bon début. Nous voulons des pôles universitaires attractifs qui attirent les talents du monde entier et des entreprises dynamiques qui retiennent nos jeunes diplômés.

    Nous avons tous conscience que les départements d’essaimage et les incubateurs universitaires sont des moteurs à la création des entreprises. Le Royaume-Uni compte un incubateur par université. 40% des sociétés de biotechnologie cotées à la bourse de Londres sont issues du cluster de Cambridge. C’est pourquoi nous partageons vos projets de cluster d’envergure mondiale, de financements à travers des partenariats public/privé, d’utilisation de la commande publique, outils dont nous-même vantions les mérites dans notre projet de « Small Business Act à la parisienne »1.

    Nous devons encourager les professeurs et les chercheurs à s’impliquer dans les entreprises tout en poursuivant leur carrière universitaire. Nous pourrons alors attirer et retenir les meilleurs, assurés ainsi de voir leurs travaux valorisés par un retour financier pour eux comme pour leurs laboratoires.Nous recommandons d’associer sans cloisonnement de statuts ou de culture, chercheurs publics et privés, créateursd’entreprises et investisseurs capables d’intervenir à chacun des stades de la création jusqu’à l’introduction en Bourse. Paris doit encourager les universités à vocation scientifique et technique à cohabiter avec nos écoles de management sur le principe du MIT de Boston.

     

    En conclusion, nous retiendrons les trois mots de Jean-Louis Missika pour résumer votre communication : continuité, amplification, inflexion.Nous prenons actequ’il s’agit d’un plan stratégique en cours de finalisation dont certains aspects clés ne sont pas tranchés.Nous nous interrogeons par exemple sur le montant et l’affectation de l’enveloppe d’un milliard d’euros, ou sur la façon dont s’articuleront les compétences de l’Agence de l’innovation par rapport à l’Agence de développement de Paris. Nous attendrons plus de détails pour nous prononcer sur le pôle Nord-Est, mais nous adhérons au principe de recomposition du paysage universitaire parisien. Nous souhaitons une évaluation systématique des projets prioritaires et des coûts de fonctionnement, une analyse des objectifs, des moyens, des résultats.

    Le groupe « Centre et Indépendants » et moi-même sommes prêts à nous impliquer concrètement sur certains thèmes où nous pensons pouvoir apporter notre expertise. Nous entendons notre rôle d’opposition comme une force de proposition et de contrôle, une démarche critique mais positive.

    Je vous remercie.


    1 Think tank « Attractivité de Paris », www.valeriesachs.fr

     

  • Défiscalisation des heures supplémentaires

    Finalement, qu'est-ce qui fait que le coût du travail a un impact d'autant plus important sur l'emploi ? Eh bien c'est avant toutes choses les coûts qu'il engendre sur le produit fini et donc sur son prix.

    Le coût sur le prix n'est pas en soi un obstacle insurmontable (toutes proportions gardées, car il faut pouvoir trouver un marché) dès lors que l'on n'est  pas en concurrence avec des producteurs disposant d'une main d'oeuvre pléthorique et bien moins chère.

    A partir de là, il y a deux solutions :
    1.Rénover  appareil de production de manière à ce qu'il soit bien plus efficient que celui des concurrents rendant ainsi sa valeur utile au coût de la main d'oeuvre.
    2.Produire  sur un secteur d'avant-garde de haute technologie requièrant des spécialistes, et donc sans ou avec peu de concurrents sur le marché de l'emploi.

    Finalement, le temps de travail (35, 37 ou 39 heures) ou même la défiscalisation des heures supplémentaires n'aura qu'un rôle relativement marginal, et, dans tous les cas de figure ne saurait constituer une politique de l'emploi.

    La défiscalisation trouve une certaine justification économique si elle permet à une PME innovante de se développer sur un secteur qui créera des emplois innovants.

    Ajoutons autre chose : des pressions sur l'emploi peuvent provenir de la puissance d'un groupe d'actionnaires qui se comportent en charognards sans vergogne : imaginons un fonds de pension qui parvient à prendre le contrôle d'une société côtée en bourse : ce fond peut exiger un dividende de 15% chaque année, et ce à n'importe quel prix, si bien que la société concernée peut alors être amené à licencier non pour des raisons de concurrence sur le coût du travail, mais à cause du coût des dividendes versés.

  • Trinité pour la Croissance

     

    Les constructions économiques du XXème siècle sont devenues désormais d'authentiques châteaux de cartes, colosses aux pieds d'argile prêts à ensevelir ceux qui ont eu la mauvaise inspiration de ne pas moderniser leurs matériaux. Il faut donc de nouveaux matériaux, de nouvelles pratiques, et au final de nouveaux pactes économiques.

    La Trinité de ces concordats nouveaux s'appelle désormais l'Université, la PME/PMI et la Région ...

     

     

     

    Une stratégie de relance pour l’économie française

     

    Remarques préliminaires

     

     Au-delà des positionnements politiques, il est une donnée totalement incontournable, c’est qu’aucun redressement durable de la France n’est possible sans croissance économique. Il faut ajouter que la croissance économique n’est pas tout : si l’on veut qu’elle soit durable, elle doit s’organiser autour d’axes forts et solides. Par exemple, une croissance riche en matières premières pourrait être propulsée par la raréfaction d’une énergie fossile indispensable à l’économie mondiale. Une telle croissance n’est pas pour autant génératrice de progrès économique, Que se passe-t-il une fois les réserves d’énergie épuisées ou en cas de retournement de la conjoncture sur les matières premières ?

    De même, il paraît fort imprudent de n’occuper qu’un nombre limité de créneaux économiques, sans pour autant devoir se disperser, en raison de la vulnérabilité potentielle d’un tel positionnement.

    Enfin, que l’on préconise l’amélioration de la protection sociale ou la baisse des charges, rien n’est possible sans recettes fiscales abondantes, et donc sans croissance économique.

    La France, aujourd’hui doit relever un défi paradoxal : elle doit faire mieux avec des budgets plus serrés. En effet, la dette de l’Etat, et donc, par conséquent, des Francçais !, a crû dans des proportions aussi phénoménales qu’inquiétantes ces 20 dernières années au point d’absorber chaque année à peu près 20% du budget de l’Etat : une somme colossale !

    Plus inquiétant encore : ces déficits budgétaires à répétition n’ont pas servi à financer des investissements pour l’avenir, mais des dépenses de fonctionnement courant !

    Dans le même temps, jamais les disparités sociales n’ont été aussi fortes et la demande de protection aussi nécessaire. Se contenter de répéter sur le monde de l’incantation qu’il faut à tout prix réduire le déficit budgétaire, quel qu’en soit le prix ne saurait être une formule satisfaisante pour les citoyens les plus touchés par la nouvelle pauvreté, qui ne vivent parfois qu’avec quelques centaines d’euros par mois...

    La stratégie de Lisbonne

    Voici les objectifs que se fixait l’Union Européenne en mars 2000

    pour la décennie à venir : devenir l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable d’une croissance économique durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale. La réalisation de cet objectif nécessite une stratégie globale visant à :

    - préparer la transition vers une société et une économie fondées sur la connaissance, au moyen de politiques répondant mieux aux besoins de la société de l’information et de la R&D, ainsi que par l’accélération des réformes structurelles pour renforcer la compétitivité et l’innovation et par l'achèvement du marché intérieur ;

    - moderniser le modèle social européen en investissant dans les ressources humaines et en luttant contre l’exclusion sociale ;

    - entretenir les conditions d’une évolution saine de l’économie et les perspectives de croissance favorables en dosant judicieusement les politiques macroéconomiques.

    Une économie de l’innovation

    La recherche et le développement jouent un rôle central dans la croissance économique et, par suite,  la création d'emplois puis la cohésion sociale.

    Il faut en particulier rendre l'environnement plus propice à l'investissement privé dans la recherche, aux partenariats de recherche et développement et aux jeunes sociétés spécialisées dans la haute technologie, en recourant à des mesures fiscales et au capital–risque .

    Des accords entre entreprises européennes pourraient même être soutenus par la Banque Européenne d’Investissement.

    Il serait bon de favoriser l'accès le plus large possible aux capitaux d'investissement, et pas seulement au niveau national, mais  à l'échelle européenne, y compris pour les PME.

    Les PME, pierres angulaires de l’emploi et de l’innovation.

    La compétitivité et le dynamisme des entreprises sont directement tributaires d'un environnement règlementaire favorable à l'investissement, à l'innovation et à l'esprit d'entreprise. Des efforts sont nécessaires pour réduire tant les coûts inhérents aux activités commerciales que l'excès de bureaucratie, qui constituent une charge considérable pour les PME. L’Etat français, mais également  les autorités régionales et locales devraient  accorder une attention particulière aux incidences des règlementations proposées et aux coûts qu'entraîne la mise en conformité avec celles-ci : il est impératif de communiquer avec les entreprises et les citoyens en gardant à l'esprit cet objectif. Il est également nécessaire d'encourager spécifiquement les interfaces clés dans les réseaux d'innovation, c'est-à-dire les interfaces entre les sociétés et les marchés financiers, les établissements de Recherche et Développement et de formation, les services de conseil et les marchés technologiques.

    Il est nécessaire également moderniser règles relatives aux marchés publics, afin de les rendre accessibles aux PME

    De même, il faut prendre les mesures nécessaires pour que les marchés publics puissent être passés en ligne.

    Il convient enfin de enfin  simplifier l'environnement réglementaire, y compris le fonctionnement de l'administration publique.

    Agrégations économiques

    Christian Blanc dans son livre la Croissance ou le Chaos évoque fort clairement ce qui permet à toute une zone de devenir un pôle économiquement compétitif :

    -         Tout en demeurant en concurrence, plusieurs entreprises peuvent se grouper, par exemple, pour réaliser leurs achats de matières premières si elles opèrent dans l’industrie.

    -         Afin de demeurer compétitives, elles investissent dans la recherche et le développement. Si la mutualisation du savoir se fait sainement et efficacement, elles passent des partenariats avec les universités et les instituts de recherche locaux.

    -         Un cycle vertueux s’enclenche agrégeant d’autres entreprises tandis que l’information circule plus facilement et que l’innovation génère de nouveaux besoins, et, au final, de nouveaux emplois.

    Ces agrégats économiques offrent des conditions optimales dans le système économique du XXIème siècle. Finalement, il y a là un terreau fertile, propice au développement de nouvelles cultures industrielles et économiques. Contrairement aux grands complexes industriels, ces agrégats ont une capacité d’amortissement, en cas de chocs de la conjoncture, qui leur permet de rebondir rapidement. Quand un complexe industriel ferme ses portes parce que les délocalisations ont définitivement altéré sa compétitivité, c’est un drame pour toute une région. Mais dans un agrégat économique d’innovations, la formation continue et la matrice à idées nouvelles que consituent universités et instituts de recherche sont les garanties d’une évolution permanente. Ainsi, ce terreau ne se stratifie jamais.

    Une réactivité indispensable

    Dans une économie mondialisée comme la nôtre, la réactivité est indispensable : notamment, les décisions importantes ne peuvent se permettre de remonter vers un grand centre décisionnel avant de redescendre dans une multitude de ramifications. Un tissu économique moderne quadrille le terrain et donne la part belle aux flux transversaux.

    Le local doit dont l’emporter, pour que ces nouveaux agrégats économiques fonctionnent, sur le national. Il faut parfois réagir en 24 heures, ou, en tout cas, dans la quinzaine de jours, pas au bout de six mois. Pour cela, il faut libérer les forces qui ont vocation à travailler ensemble.

    Les Universités

    Au premier chef, les universités doivent gagner en autonomie, et disposer de leur propre budget, voire, jusqu’à un certain degré, définir leurs enseignements. Toutefois, cette licence doit connaître un frein : une licence de chimie ne doit pas se transformer en licence de caoutchouc industriel pour pneu Michelin. Les effets pervers d’une spécialisation professionnelle à outrance serait de casser le caractère national des diplômes, et, finalement,  de limiter la mobilité des étudiants et des apprentis. L’Etat, même s’il libère l’Université, doit lui intimer de respecter un cahier des charges. Mais ce cahier des charges pourra laisser la part belle aux modules professionnels, et, à charge sur ce point pour l’Université de s’organiser comme elle l’entend.

    Il ne suffit pas de donner toutefois, la liberté pédagogique à l’Université : il faut la rapprocher des acteurs locaux. Dès lors, elle a vocation à être financée non par l’état centralisé, mais par la Région et les acteurs économiques locaux qui sont partie prenante des projets de l’université. Et, bien entendu, les conseils d’administration des Université doivent être recomposés pour prendre acte de cette nouvelle gouvernance. Le cahier des charges national demeure la garantie que l’Université ne sacrifie pas aux réalités économiques de terrain l’une de ses dimensions essentielles : faire accéder une classe d’âge à l’instruction, à la culture et au savoir. En effet, les Régions doivent garder présent à l’esprit que le savoir de l’Université ne peut être entièrement merchandisé. Dans un tel cas de figure, tous les enseignements non immédiatement rentables (lettres, philosophie, humanités, par exemple) seraient anéantis, ou, au mieux, réduits à la portion congrue. D’où l’importance d’un cahier des charges, fût-il négocié, entre l’Etat et la Région.

    Les collectivités locales

    Il existe actuellement en France trois échelons locaux : la mairie, le département et la région. Il y en a à l’évidence au moins un de trop, d’autant que l’Etat vient se surajouter à ces trois échelons, complexifiant à outrance l’administration.

    Les collectivités locales ont vocation à favoriser les rapprochements en organisant des forums, des salons, des journées d’information, et, le cas échéant, en agissant sur le levier fiscal. Corollairement, pour que leur pouvoir d’action croisse, elles doivent disposer de plus de moyens de collecter des recettes, et, bien évidemment, de plus de recettes. Un nécessaire transfert de pouvoirs entre l’Etat et la Région apparaît donc nécessaire.

    Ce surcroît de pouvoir doit entraîner un surcroît non moins important de représentativité démocratique. Une remise à plat du mode électif du conseil régional, dans une telle hypothèse, est à envisager sérieusement, afin que ce dernier reflète clairement le suffrage universel direct, et non des marchandages d’appareils politiques...

    La formation continue

    Dans une économie réactive, l’enjeu de la formation continue est tout simplement vital. Chaque usine qui ferme engendre un long et triste cortège de charrettes de condamnés. Nombre de travailleurs modestes se retrouvent sans emploi, accroissent les disparités et viennent grossir le flot des mécontents. Il est tout à fait crucial de donner aux acteurs des secteurs industriels en particulier les moyens de changer de voie. Sur ce point, on pourrait envisager un partenariat entre les PME/PMI, les universités et les Chambres de Commerce et d’Industrie afin de garantir plus que le droit à la formation continue : la nécessité d’une formation continue, condition sine qua non de la pérennité des emplois. Il y a toutefois très gros à faire dans ce domaine. Actuellement, la formation continue est une énorme usine à gaz, qui consomme beaucoup et rapporte très peu. Il faut réorienter la formation continue exclusivement vers l’emploi, et accélérer la mise en place de diplômes professionnels à l’Université conjointement avec la validation des acquis de l’expérience. Il faudrait qu’un salarié puisse par l’expérience acquise valider automatiquement une part des modules professionnels des diplômes professionnels à venir, afin de pouvoir se consacrer à l’acquisition de savoirs et de savoir-faire innovants.

    Parallèlement à cette mutation, la Région pourrait gérer elle-même une agence pour l’emploi en confiant à cette dernière la mission d’entrer en contact avec les PME/PMI pour identifier les emplois menacés à court et moyen-terme. Le rapport de ces missions seraient ensuite confiés à la Région, aux Chambres de Commerce et de l’Industrie et aux universités afin de moduler les formations nécessaires aux reconversions.

    Conserver la maîtrise des grands enjeux

    Si PME, Universités et Régions ont vocation à constituer le fer de lance de cette économie nouvelle, l’Etat ne doit pas moins conserver la maîtrise des grands enjeux stratégiques. Et sur ce point, ces lignes qui se sont largement inspirées de la stratégie de Lisbonne, au point d’en reprendre parfois le texte même, vont aller à rebours du Conseil Européen de Lisbonne.

    Non, il ne faut pas libéraliser et soumettre à la concurrence libre et non-faussée l’énergie et les transports. Imagine-t-on un instant, une guerre des prix autour de la fabrication de centrales nucléaires ? Comment se permettre pour tous les Etats de mener une politique sur le long-terme, sur l’énergie et le maillage du territoire national, mais aussi européen, si ces leviers sont distribués à la concurrence et notamment à des entreprises qui peuvent disparaître en une décennie.

    Le siècle dans lequel nous sommes entrés s’annonce crucial sur la question de l’énergie. Il faudra peut-être envisager de modifier radicalement notre consommation énergétique et d’anticiper l’épuisement des énergies fossiles.

    Plus que tout, l’anticipation peut induire de pouvoir jouer, via la fiscalité, sur le type d’énergies choisies pour produire telle ou telle consommation nécessaire. Sans les taxes sur le pétrole, le nucléaire serait à peine rentable. Sans des investissements massifs de l’Etat, nous ne serions pas arrivés, aujourd’hui, en France, à une maîtrise sans égale de cette énergie. Si demain, parce que l’on sait que dans 20 ans il n’y aura plus de pétrole, il faut décider de ne plus faire appel qu’à des énergies renouvelables, solaire, géothermique, éoliennes ou autre, il est clair qu’il faudra mener une politique fiscale et de recherche en conséquence. Et cela,  une région seule et encore moins des entreprises privées, fussent-elles mandatées par l’Etat, ne peuvent le faire.

    S’il faut choisir de développer économiquement une zone isolée, il faut que l’Etat conserve les moyens de choisir ses prestataires s’il fait appel à des prestataires privés, ou de faire appel à une entreprise nationale.

    A la rigueur, on peut envisager une délégation via un cahier des charges et des appels d’offre pour certains secteurs, mais les Etats doivent demeurer maîtres d’oeuvre, et, idéalement, s’entendre pour instituer une agence européenne de l’énergie et des transports.