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syrie - Page 2

  • Syrie, Hollande persiste dans l'erreur

    C'est incroyable que Hollande ne comprenne pas que la Syrie est un bourbier dans lequel nous n'avons aucun intérêt à mettre les pieds.

    Il suffit d'entendre les Islamistes salafiste promettre le pire aux Alaouites qu'ils considèrent comme des hérétiques qu'il faut exterminer pour comprendre que le régime actuel vaut infiniment mieux que tout ce qui pourra émerger de la fange islamiste.

    L'ASL est une farce. Il y a certainement quelques laïcs qui combattent en son sein, mais dans l'ensemble, les forces progressistes ne sont pas du côté de la rébellion. 

    Les Alaouites, les Druzes et, bien sûr, les Chrétiens de Syrie, ont bien plus en commun avec nous que les Sunnites fanatisés avec l'argent du Qatar et de l'Arabie Saoudite.

    Il y a, il est vrai, un réel problème car c'est sans doute le régime qui a usé de l'arme chimique. Mais, une fois encore, il s'agit d'une guerre civile. Non que cela excuse le crime, mais plutôt qu'une intervention extérieure est une fausse issue. 

    La plupart du temps, on ne peut pas écrire le destin d'un peuple. Le droit d'ingérence doit avoir des limites intelligentes. 

    Hollande serait inspiré d'écouter la mise en garde de Bayrou. Il cherche à nous imposer une guerre dont nous ne voulons pas et dont les plus francophiles des Syriens, les Chrétiens, ne veulent pas non plus.

    Hollande et le PS font jouer la France contre son camp. Je suis sidéré d'avoir appris que nous accueillons comme des réfugiés des Syriens fondamentalistes sur notre sol et que dans le même temps, nous refusons le statut de réfugiés aux Chrétiens Syriens. 

    J'en ai ma claque du lèche-bottisme de la France avec l'islamisme fondamentaliste. 

    Nous nous alignons de la manière la plus stupide qui soit sur la volonté américaine dont le seul but est de renforcer son influence au Proche-Orient. Pour cela, elle réitère les mêmes erreurs et s'appuie une fois de plus sur les Fondamentalistes comme elle le fait depuis près de 60 ans. Apparemment, le 11 septembre ne leur a pas suffi. 

    Pour une fois, dans cette histoire, je préfère être aux côtés des Russes que de nos amis Américains. Et d'ailleurs, je dis ça, mais je pense que le Congrès et l'opinion américaine se rendent bien compte que cette intervention pue et que l'opposition syrienne n'a rien de gentils bisounours, commettant exactions horribles sur exactions horribles.

    En somme, Obama, Hollande, Cameron, ont tous voulu entraîner leur pays, ses élus et leurs peuples dans une guerre que tous refusaient sauf eux. Tout ça pour complaire au Qatar et à l'Arabie Saoudite. Des pays qui sont certes plein aux as, mais qui alimentent à peu près partout le terrorisme.

    Nourrir les scorpions, ça va un temps, mais au bout d'un moment, les laisser crever, c'est mieux.

    Dans cette histoire, nous avons été en-dessous de tout : par nos promesses inconsidérées et nos discours pompeux nous avons encouragé la guerre civile en Syrie alors que nous eussions pu user de diplomatie pour pousser Assad et les Alaouites à lâcher du lest sans pour autant les acculer.

    Et maintenant, après avoir roulé des mécaniques, Hollande va être ridicule, attendant comme un chien-chien à sa mémère les décisions finales des USA. Tenter de sauver la face en déclarant qu'on attend finalement l'ONU ne fera pas illusion.

    J'avais cru avoir un Président dont la diplomatie tenait la route. Je me demande maintenant si  le Mali ne fut pas un heureux hasard, et, dans tous les cas de figure, je constate qu'il n'y pas plus d'orientation sous le quinquennat socialiste que sous son homologue sarkozyste.

  • Syrie : apprentis démocrates ou apprentis sorciers ?

    Je suis de plus en plus sceptique quant à la position que la France et plus généralement l'Europe adoptent quant à la Syrie. 

    Ce que je vois, c'est que l'on ne parvient pas identifier ce qu'est l'Armée Syrienne Libre, mais qu'en revanche, ses éléments les plus visibles sont au mieux des Frères Musulmans au pire des proches d'Al-Qaeda.

    En face, nous avons un pouvoir qui s'est certes signalé par ses exactions, mais aussi une communauté, les Alaouites dont la tolérance culturelle est sans égale dans la région, Israël et chrétiens libanais mis à part.

    Cela fait 70 ans que l'Occident joue à l'apprenti-sorcier avec l'islamisme radical avec les résultats fameux que l'on connaît.

    On a vu ce que cela a donné dans d'autres régions du monde. 

    Cela fait un moment, me semble-t-il, que l'on parie sur le mauvais cheval. 

    Malgré toute l'estime que je porte à Yann Werhling, porte-parole du MoDem, je ne le suis absolument pas sur sa proposition d'intervention

    La guerre en Syrie prend de plus en plus l'allure d'une guerre confessionnelle ; la comparaison avec la Libye n'est pas pertinente puisque là-bas, même en Tripolitaine, Kadhafi faisait l'unanimité contre lui. De plus, là-bas, certes des éléments islamistes radicaux se sont mêlés à la révolte mais ils n'en ont jamais été les étendards. Je n'ai pas la même impression en Syrie.

    Yann avait vu dans la position de la Chine un cynisme épouvantable en février dernier. Je ne le crois pas. Ce sont des alliances forgées depuis plus de 50 ans qui réémergent là-bas, rappelant que le monde de la guerre froide que l'on croyait disparu depuis longtemps continue d'exister. 

    La Chine et surtout la Russie soutiennent Damas parce que le pouvoir qui s'y exerce est leur allié historique dans la région. A l'inverse, le Qatar et l'Arabie Saoudite, alliés régionaux des USA alimentent la rébellion.

    L'Occident fait dans son ensemble l'erreur de s'en prendre à Assad non pas d'abord en raison de ses exactions mais principalement parce qu'il est associé aux Russes et qu'une sournoise diplomatie d'affrontement continue de s'exprimer en sous-main entre Ouest et Est. Une résurgence de la guerre froide, à moins, plus simplement, que la guerre froide n'ait au fond été qu'une expression d'antagonismes internationaux et régionaux séculaires.

    Le problème, c'est qu'à chaque fois que les USA croient avancer un nouveau pion au Proche-Orient, en réalité, ils ouvrent un nouvel élevage de scorpions. Des Islamistes partout, on commence à voir ce que cela donne, me semble-t-il, avec le recul.

    Assad et son parti Baas ont trempé dans bien de sales affaires, mais ils n'ont jamais eu l'idée de balancer deux avions de ligne emplis de civils dans deux tours d'immeubles et ce pays ne s'amuse pas à prendre en otage tous les quatre matins des occidentaux un peu partout dans le monde. Aucun de ses alliés ne s'y risque d'ailleurs.

    In fine, j'agrée pleinement, une fois encore, la parfaite clairvoyance de François Bayrou sur le sujet, qui s'est bien gardé de s'associer aux voeux de la majorité et de l'opposition en mars dernier à propos des livraisons d'armes.

    C'est tout de même incroyable avec cet homme-là : je suis d'accord avec lui quasiment à tous les coups et sur n'importe quel sujet. Quand je vérifie après coup ce qu'il a dit ou écrit sur un sujet que je traite, je m'y retrouve presqu'à chaque fois !

  • Abandonner les Alaouites à leur sort ? Erreur fatale !

    Pendant longtemps le conflit dramatique qui secoue la Syrie a été présenté à l'opinion occidentale comme une guerre entre les bons et les méchants. D'un côté Bachar el Assad et ses sbires, de l'autre, les gentils rebelles.

    La réalité est désormais toute autre. Le conflit a pris une dimension largement communautaire. L'ASL est une sorte de magma dont on ne parvient pas à faire émerger des leaders et des interlocuteurs identifiables.

    Les gouvernements de l'étranger ne valent rien. L'ASL peut avoir des représentations dans bien des pays, elle ne représente rien en Syrie même où elle ne dispose d'aucune autorité ni légitimité politique. 

    D'un point de vue militaire, l'ASL est un agrégat de groupuscules armés dont la seule caractéristique commune est d'être incontrôlables.

    Ce que l'on sait, en revanche, c'est que le Qatar et l'Arabie Saoudite financent abondamment des groupes islamistes qui accueillent en leur sein sans doute aucun des éléments djihadistes.

    Si El-Assad et son parti Baas commettent des crimes, dans le champ diplomatique, ils ne sont pas irresponsables et contrôlent leurs troupes.

    La minorité alaouite fait bloc, désormais, bon gré mal gré compte-tenu de la situation, derrière le pouvoir syrien. Les Alaouites sont l'un des peuples les plus libres et ouverts dans le champ social de tout le Proche-orient. Les femmes alaouites marchent fièrement et sans voile et disposent de droits dont aucune Sunnite n'a jamais disposé.

    Je reçois parfaitement les propos de François Bayrou qui met en garde la France puisque l'actuel gouvernement a décidé de livrer des armes à l'opposition syrienne. Nous ne savons pas à qui nous livrons des armes et nous devrions en conséquence nous abstenir.

    Et je rejoins  Marielle de Sarnez qui itnervenait hier sur la situation en Syrie : 

    «Nous devrions nous concentrer sur ce que nous pouvons et ce que nous devons faire»

    Marielle de Sarnez distingue deux urgences : l'une humanitaire, l'autre politique.

    il faut acheminer l’aide humanitaire dans les zones libérées en passant par la coalition et par l’ASL, ce qui est concrètement absolument possible. Il faut deuxièmement aider davantage les réfugiés qui sont dans les camps dans les pays voisins autour de la Syrie.

    - La Ligue Arabe a lancé un appel à la coalition nationale syrienne pour que celle-ci désigne une instance exécutive et participe ainsi au sommet arabe de Doha. J’aurais aimé que Madame Ashton nous donne son point de vue sur cette initiative. Je pense très important que les forces d’opposition syriennes se dotent d’un véritable gouvernement. Je pense fondamental que nous pesions de tout notre poids et que l’Union européenne veille avec eux à ce que cette opposition inclue et intègre l’ensemble des communautés ethniques et religieuses dans son projet politique pour la Syrie

  • La partition de la Syrie est-elle l'unique issue ?

    Ce qui se passe en Syrie est terrifiant. D'autant plus terrifiant qu'il n'y a aucune issue. ce que le régime fait aux jeunes adolescents, atrocement torturés, est abominable. Mais dans le même temps, le régime est aussi le seul bouclier de la minorité alaouite, qui contrôle actuellement la Syrie.

    Les enfants sunnites subissent actuellement les pires atrocités, mais il ne fait pas de doute, compte-tenu du sadisme de la répression, que ce sera le tour des enfants alaouites si l'opposition sunnite prend le pouvoir.

    Il n'y a donc aucune solution satisfaisante à l'heure actuelle. La barrière entre les deux communautés est désormais irréductible. D'une certaine manière, le pouvoir des Alaouites aura été une parenthèse puisque très longtemps les Alaouites ont été opprimés et méprisés par des Sunnites dominants. 

    En dépit de ses travers, l'idéologie du BAAS avait aussi pour objet de gommer les différences religieuses, mais, manifestement c'est un échec complet.

    Je sais qu'en Europe on déteste l'idée qu'un pays puisse être partitionné ou que des frontières bougent, mais il faut aussi savoir être réaliste : on ne doit pas sacrifier des communautés entières à quelques grands principes qui ne valent rien dans la pratique.

    Dans les État-majors on aurait tout intérêt à sérieusement considérer la chose : les hauts gradés de l'Armée américaine avouent d'ailleurs qu'ils ne savent pas trop de quoi est fait l'opposition syrienne exactement.

    Dans les années 70-80, il y a eu aussi une grande histoire d'amour entre la résistance afghane et l'Amérique : que s'en est-il ensuivi ? La destruction des twin towers, in fine...

    Il s'agit donc de naviguer entre des écueils qui valent bien Charybde et Scylla : Bachar el Assad a entraîné dans sa guerre innommable toute la communauté alaouite. Ils se battront à mort parce qu'ils n'ont aucun autre choix.

    Il faut donc créer les conditions d'un repli en sécurité pour les Alaouites. Une partie difficile se joue là-bas : l'Iran et le Hezbollah sont les alliés des Alaouites. Il serait logique que le pouvoir devenu Chite en Irak les soutienne aussi.

    Le compromis acceptable par tous doit être trouvé, et cela va être un long chemin pour les diplomates. Une chose est certaine : ce serait une très grande erreur d'acculer les Alaouites sans porte de sortie.

    J'espère voir la France prendre des positions responsables : il ne s'agit pas de dénoncer seulement le pouvoir syrien et les crimes commis, aussi atroces soient-ils, mais de proposer des solutions acceptables et de donner des garanties. Quand je parle de garanties, ce ne sont pas toutes celles que pourrait donner l'opposition syrienne : je ne doute pas de sa bonne volonté, mais ceux qui parlent à Paris ne contrôlent quasiment rien sur le terrain.

  • Bachar el Assad en fuite ?

    J'attends que cela se précise, mais d'après une chaîne israélienne, Bachar el Assad aurait tenté de fuir vers la Russie. Mais il aurait été intercepté par l'Armée Syrienne Libre selon le quotidien égyptien « Al-Masri Al-Yaoum ».

    A la suite d'une bataille rangée entre la Garde Républicaine et l'ASL, Assad aurait réussi à se dégager et à rebrousser chemin vers Damas. Les combats se multiplient dans la capitale de la Syrie et les insurgés semblent infliger de lourdes pertes aux forces loyales au clan Assad.

    D’autres sources affirment que le général Mohamed Khallouf, chef des services de renseignements syriens serait entré en dissidence à la tête d'une division de 300 hommes. Informations supplémentaires à venir en live-blogging dès que j'ai du neuf...

     

    MAJ 23h30 : des combats ont apparemment lieu près du palais présidentiel et notamment aux alentours de la Place des Abbassides. Les Damascènes commenceraient à descendre dans les rues (cette dernière information est à prendre avec des pincettes).

  • Razan Ghazzawi ( الحرية لرزان غزاوي ) la victime de trop en Syrie ?

    Je sais qu'il est bien dérisoire sur nos pauvres blogues français d'espérer faire plier les sbires de Bachar el Assad et de son Baas, mais tout de même, cela vaut le coup d'apporter sa petite pierre, même si ce n'est qu'un gravier.

    Razan Ghazzawi est une jeune blogueuse et avocate. Elle se bat pour plus de liberté d'expression en Syrie et plus généralement dans le monde arabe. Elle ne doit évidemment pas rester dans les griffes de la police secrète d'Assad tant on sait à quel point elle est capable de commettre des exactions épouvantables.

    Je ne crois pas partager les opinions politiques de Razan Ghazzawi, à commencer par le commentaire qu'elle cite en tête de blogue qui compare Israël à un pays d'apartheid (si c'était là-bas qu'elle écrivait, elle ne serait pas à l'isolement en grand secret et soumise à des pressions sans doute terribles...), mais bon, la liberté d'expression n'a pas de prix et elle fait acte d'un très grand courage en agissant à visage découvert. 

    Elle pourra difficilement compter sur la blogosphère syrienne : elle observait au mois d'octobre dernier qu'elle comptait une trentaine d'individus tout au plus ! Et elle n'a absolument aucun impact sur les révoltes qui se produisent là-bas.

    Une autre chose m'intrigue : par principe, j'aime bien savoir qui je défends, et, en dépit des nombreux articles que j'ai trouvé sur elle, tout ce que j'ai pu apprendre c'est qu'elle est née aux USA. Rien d'autre sur elle si ce n'est qu'elle est avocate, blogueuse et se bat pour la liberté d'expression et la défense des droits de l'homme.

    Cela dit, ça sent le roussi en Syrie. Là-bas aussi, ce sont des jeunes emplis d'idéaux, sans doute, qui ont brandi l'étendard de la révolte, mais j'ai la sale impression que ce seront les islamistes, au final, qui ramasseront la mise. 

    Je viens par exemple d'apprendre incidemment que des djidahistes commencenr à affluer en Syrie, notamment de l'Irak voisin. Et ils ne viennent certainement pas pour y faire du tourisme.

    J'ai très modérément envie de devoir choisir entre la peste et le choléra là-bas mais à vrai dire, le comportement du régime est tellement atroce avec les enfants syriens, qu'il n'y a plus guère le choix. On ne peut plus le renvoyer dos à dos avec ses opposants, fussent-ils des islamistes...

  • La foudre sur Bachar ?

    Je sens Bachar el Assad de plus en plus mal, en Syrie : si le Canard dit vrai, Turquie, Angleterre et France, envisageraient de structurer une opposition armée contre le régime.

    Les Turcs proposent de mettre en place une zone d'interdiction aérienne (tiens, ça rappelle la Lybie). Il semble qu'il existe d'ores et déjà une Armée Syrienne Libre. Celle-là même qui commence à attaquer au lance-roquette des centres opérationnels voire des unités des brigades de Bachar.

    La France envisage d'ores et déjà la création de zones humanitaires, peut-être sur le modèle de ce que les Américains ont assuré aux Kurdes en Irak par le passé.

    Même si Français et Britanniques disposent de l'appui presqu'inconditionnel de la Ligue Arabe, je ne vois pas comment une opération pourrait se monter sans l'aval de la Russie. Et je ne la vois vraiment pas lâcher son allié...

    J'avoue la perplexité : en intervenant ne risque-t-on pas d'alimenter une guerre civile entre Sunnites d'un côté et Alaouites de l'autre ?

    Il y a autre chose qui m'interpelle : c'est le retour dans le jeu diplomatique de la France et de la Grande-Bretagne au Maghreb et au Proche-Orient. J'avoue que c'est tout à fait inattendu et surprenant.

    Ce qui est inattendu, en fait, c'est de les voir agir seul, sans doute, il est vrai, sous l'oeil favorable des USA, mais, in fine, de leur propre chef.

    Si une démocratie s'établissait en Syrie et que le régime Baasiste s'effondrait, nulle doute que les cartes seraient totalement rebattues au Liban.

    La France qui a pris fait et cause pour le Liban depuis fort longtemps vise peut-être ce but spécifique. Débarassé de la tutelle de son encombrant voisin, le Liban pourrait peut-être reprendre le chemin de la prospérité (ne fut-il pas la Suisse du Moyen-Orient ?) à condition, toutefois, de régler le problème du Hezbollah.

    Pour ma part, il demeure un poitn essentiel à mes yeux, c'est celui du sorts des Alaouites. L'Alaouisme représente une branche avancée et particulièrement évoluée de l'Islam

    S'il y a une représentation alaouite suffisante au sein de l'opposition, on pourrait envisager un véritable soutien, mais s'il s'agit de prendre parti dans un conflit entre Sunnites et Alaouites, je suis beaucoup plus réservé.

  • Dessouder Bachar, ça ne va pas être facile...

    Bachar el Assad qu'on aurait pu croire plus modéré que son père, à une époque donnée, à fait le choix du tout répressif en Syrie. A l'Élysée, le nouveau mot d'ordre, c'est "après la Libye, la Syrie". Sauf qu'en la circonstance, cela va être très chaud.

    Première observation : il y a bien une opposition, en Syrie, mais ce n'est pas une opposition armée.

    Deuxième observation : à l'heure actuelle, il n'y a pas assez de défections au sein de l'armée syrienne. En outre, contrairement à Kadhafi, el Assad a bâti son pouvoir avec l'armée, non contre elle. Certes, en juin dernier des chars se sont affrontés à Jisr, mais cette sécession n'a pas fait long feu.

    Troisième obervation : la Syrie est dominée par une branche du Shi'isme, les Alaouites. Ils se sont alliés avec les Chrétiens et les Druzes pour truster tous les postes de pouvoir en Syrie.

    La troisième observation est la plus importante. On ne peut pas faire sauter Bachir el Assad et son parti Baas si une opposition n'apparaît pas au sein de la population alaouite.

    En Syrie comme en Lybie, on marche sur des oeufs. Si le conflit ne prend pas un tour franchement confessionnel, on comprend bien que ce sont les Sunnites, surtout qui haïssent Hafez el Assad, et que les Alaouites, quant à eux, craignent d'être emportés dans la tourmente en cas de changement de régime.

    A vrai dire, des appels à la haine lancés par certains fanatiques sunnites par le passé, les doutes souvent exprimés sur "lslamité" de l'alaouisme contribuent à donner aux Alaouites le sentiment d'être en insécurité. Et côté chrétien, on se défie du fondamentalisme sunnite que certains soupçonnent d'avoir infiltré les manifestations comme en Lybie au demeurant. Toutefois, en Lybie, le conflit est d'abord d'ordre tribal et régionnaliste : Cyrénaïque contre Tripolitaine. Il n'y a jamais eu en Lybie une domination d'une minorité religieuse sur les autres. 

    On ne pourra rien faire en Syrie sans assurer aux Alaouites des garanties très sérieuses.

    Il faut ajouter à cela une embûche stratégique de taille : les Russes sont déterminés à ne pas perdre leur dernier allié dans la région. Ils bloqueront toutes les résolutions susceptibles de le mettre en difficulté. Certains pays occidentaux, mais aussi la Turquie qui abat ses propres cartes sur la table songent à armer l'opposition. Option très risquée, à mon sens, qui pourrait déboucher sur une guerre confessionnelle en Syrie, d'autant qu'el Assad s'empressera de l'attiser s'il sent que les vents lui sont contraires.

    C'est donc une partie de diplomatie très fine qui attend la France dans un jeu qui ne peut en aucun cas se dérouler sur le terrain militaire, au moins pour l'instant.

  • Le "droit de poursuite" américain va dégénérer...

    Profond soupir : j'espère vraiment que la politique internationale des Américains va changer de face avec le successeur de Bush, et j'avoue que j'ai nettement plus confiance en Obama qu'en Mac Cain pour cela.

    On se demande parfois si les Américains réfléchissent : ils viennent de réaliser un raid militaire à la frontière syrienne, apparemment pour liquider un "passeur" d'Al Qaeda.

    Supposer que les Syriens soutiennent Al Qaeda est idiot : les Syriens sont alliés des Iraniens, pour la bonne raison que le pouvoir syrien est avant tout alaouite, et qu'à ma connaissance, les alaouites sont une branche du chiisme. Or, Al Qaeda déteste les Chiites et les considèrent comme des apostats qu'il ne faut pas hésiter à éliminer. Ils n'ont donc aucun sentiment de fraternité pour les Alaouites, et, partant de là, pour le pouvoir syrien. C'est de la géostratégie la plus élémentaire. Ceci ne signifie pas que les Syriens ne jouent pas un jeu en Irak, mais certainement pas celui d'Al Qaeda clairement enraciné dans la tradition sunnite.

    Si j'étais Américain et dans les cercles du pouvoir, je commencerai à réfléchir à une évolution de ma diplomatie envers l'Iran et la Syrie. Même si les intérêts américains ne sont pas les mêmes évidemment que les intérêts chiites en général, et que les Saoudiens verraient certainement d'un très sale oeil un retournement de tendance envers l'Iran et la Syrie, un accord de non-agression est au minimum nécessaire avec Syriens et Iraniens pour espérer un minimum de bonne volonté de leur part dans le jeu proche-oriental.

    Autant dire que ce n'est pas en balançant un missile sur les populations civiles syriennes, même par erreur, que cela en prendra le chemin...

    Pour ceux qui veulent se faire une idée de l'Alaouisme, ce lien sur Wikipedia.