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alaouites

  • La partition de la Syrie est-elle l'unique issue ?

    Ce qui se passe en Syrie est terrifiant. D'autant plus terrifiant qu'il n'y a aucune issue. ce que le régime fait aux jeunes adolescents, atrocement torturés, est abominable. Mais dans le même temps, le régime est aussi le seul bouclier de la minorité alaouite, qui contrôle actuellement la Syrie.

    Les enfants sunnites subissent actuellement les pires atrocités, mais il ne fait pas de doute, compte-tenu du sadisme de la répression, que ce sera le tour des enfants alaouites si l'opposition sunnite prend le pouvoir.

    Il n'y a donc aucune solution satisfaisante à l'heure actuelle. La barrière entre les deux communautés est désormais irréductible. D'une certaine manière, le pouvoir des Alaouites aura été une parenthèse puisque très longtemps les Alaouites ont été opprimés et méprisés par des Sunnites dominants. 

    En dépit de ses travers, l'idéologie du BAAS avait aussi pour objet de gommer les différences religieuses, mais, manifestement c'est un échec complet.

    Je sais qu'en Europe on déteste l'idée qu'un pays puisse être partitionné ou que des frontières bougent, mais il faut aussi savoir être réaliste : on ne doit pas sacrifier des communautés entières à quelques grands principes qui ne valent rien dans la pratique.

    Dans les État-majors on aurait tout intérêt à sérieusement considérer la chose : les hauts gradés de l'Armée américaine avouent d'ailleurs qu'ils ne savent pas trop de quoi est fait l'opposition syrienne exactement.

    Dans les années 70-80, il y a eu aussi une grande histoire d'amour entre la résistance afghane et l'Amérique : que s'en est-il ensuivi ? La destruction des twin towers, in fine...

    Il s'agit donc de naviguer entre des écueils qui valent bien Charybde et Scylla : Bachar el Assad a entraîné dans sa guerre innommable toute la communauté alaouite. Ils se battront à mort parce qu'ils n'ont aucun autre choix.

    Il faut donc créer les conditions d'un repli en sécurité pour les Alaouites. Une partie difficile se joue là-bas : l'Iran et le Hezbollah sont les alliés des Alaouites. Il serait logique que le pouvoir devenu Chite en Irak les soutienne aussi.

    Le compromis acceptable par tous doit être trouvé, et cela va être un long chemin pour les diplomates. Une chose est certaine : ce serait une très grande erreur d'acculer les Alaouites sans porte de sortie.

    J'espère voir la France prendre des positions responsables : il ne s'agit pas de dénoncer seulement le pouvoir syrien et les crimes commis, aussi atroces soient-ils, mais de proposer des solutions acceptables et de donner des garanties. Quand je parle de garanties, ce ne sont pas toutes celles que pourrait donner l'opposition syrienne : je ne doute pas de sa bonne volonté, mais ceux qui parlent à Paris ne contrôlent quasiment rien sur le terrain.

  • Dessouder Bachar, ça ne va pas être facile...

    Bachar el Assad qu'on aurait pu croire plus modéré que son père, à une époque donnée, à fait le choix du tout répressif en Syrie. A l'Élysée, le nouveau mot d'ordre, c'est "après la Libye, la Syrie". Sauf qu'en la circonstance, cela va être très chaud.

    Première observation : il y a bien une opposition, en Syrie, mais ce n'est pas une opposition armée.

    Deuxième observation : à l'heure actuelle, il n'y a pas assez de défections au sein de l'armée syrienne. En outre, contrairement à Kadhafi, el Assad a bâti son pouvoir avec l'armée, non contre elle. Certes, en juin dernier des chars se sont affrontés à Jisr, mais cette sécession n'a pas fait long feu.

    Troisième obervation : la Syrie est dominée par une branche du Shi'isme, les Alaouites. Ils se sont alliés avec les Chrétiens et les Druzes pour truster tous les postes de pouvoir en Syrie.

    La troisième observation est la plus importante. On ne peut pas faire sauter Bachir el Assad et son parti Baas si une opposition n'apparaît pas au sein de la population alaouite.

    En Syrie comme en Lybie, on marche sur des oeufs. Si le conflit ne prend pas un tour franchement confessionnel, on comprend bien que ce sont les Sunnites, surtout qui haïssent Hafez el Assad, et que les Alaouites, quant à eux, craignent d'être emportés dans la tourmente en cas de changement de régime.

    A vrai dire, des appels à la haine lancés par certains fanatiques sunnites par le passé, les doutes souvent exprimés sur "lslamité" de l'alaouisme contribuent à donner aux Alaouites le sentiment d'être en insécurité. Et côté chrétien, on se défie du fondamentalisme sunnite que certains soupçonnent d'avoir infiltré les manifestations comme en Lybie au demeurant. Toutefois, en Lybie, le conflit est d'abord d'ordre tribal et régionnaliste : Cyrénaïque contre Tripolitaine. Il n'y a jamais eu en Lybie une domination d'une minorité religieuse sur les autres. 

    On ne pourra rien faire en Syrie sans assurer aux Alaouites des garanties très sérieuses.

    Il faut ajouter à cela une embûche stratégique de taille : les Russes sont déterminés à ne pas perdre leur dernier allié dans la région. Ils bloqueront toutes les résolutions susceptibles de le mettre en difficulté. Certains pays occidentaux, mais aussi la Turquie qui abat ses propres cartes sur la table songent à armer l'opposition. Option très risquée, à mon sens, qui pourrait déboucher sur une guerre confessionnelle en Syrie, d'autant qu'el Assad s'empressera de l'attiser s'il sent que les vents lui sont contraires.

    C'est donc une partie de diplomatie très fine qui attend la France dans un jeu qui ne peut en aucun cas se dérouler sur le terrain militaire, au moins pour l'instant.