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sunnites

  • On ferait peut-être mieux d'aider Bachar, finalement...

    Je sais que le titre de mon billet est provoquant, et je m'en excuse. Bachar el Assad appartient à la catégorie des tyrans et son régime n'a rien d'une démocratie. Tout cela, je le concède. 

    Mais en face, il est grand temps de comprendre qui l'on a. Il y a un gros problème géopolitique dans notre diplomatie, particulièrement depuis qu'on s'aligne sur les USA. Au Proche et au Moyen-Orient, il y a des pouvoirs qui ont longtemps été proches de l'Union Soviétique puis de la Russie ces soixante dernières années. L'Amérique les a donc toujours considérés comme ses ennemis et s'est appuyée sur les fondamentalistes pour les combattre.

    Le problème, c'est qu'en luttant contre les laïcs, les alaouites, ou même les chiites, nous jouons contre notre camp depuis un bon moment. La violence, le terrorisme ne viennent pas de ces minorités-là. Souvent, bien au contraire, elles tolèrent le christianisme et se montrent plus progressistes avec les femmes. Même l'Iran, à certains égards, en dépit de son obscurantisme religieux, donne aux femmes des droits qu'elles n'ont absolument pas dans les pays du Golfe.

    Il est grand temps que l'Europe comprenne que les masses sunnites la haïssent. Elles détestent les Occidentaux en général. Les témoignages de prisonniers de groupes islamistes en Syrie sont édifiants. Non seulement les groupes fondamentalistes n'éprouvent que de la haine pour nous, mais les Sunnites en Syrie nourrissent des sentiments tout à fait similaires envers nous. En Égypte, on l'a vu avec les viols répétés d'occidentales, il en va de même. Je me rappelle m'y être rendu en 1998 et avoir senti de manière palpable alors qu'ellle était pourtant contenue l'animosité de la population envers moi ou mon groupe de touristes.

    Si j'admets qu'il serait imprudent de prendre officiellement position dans le conflit syrien, nous devrions à défaut nous garder de prendre quelque parti que ce soit là-bas.

  • La partition de la Syrie est-elle l'unique issue ?

    Ce qui se passe en Syrie est terrifiant. D'autant plus terrifiant qu'il n'y a aucune issue. ce que le régime fait aux jeunes adolescents, atrocement torturés, est abominable. Mais dans le même temps, le régime est aussi le seul bouclier de la minorité alaouite, qui contrôle actuellement la Syrie.

    Les enfants sunnites subissent actuellement les pires atrocités, mais il ne fait pas de doute, compte-tenu du sadisme de la répression, que ce sera le tour des enfants alaouites si l'opposition sunnite prend le pouvoir.

    Il n'y a donc aucune solution satisfaisante à l'heure actuelle. La barrière entre les deux communautés est désormais irréductible. D'une certaine manière, le pouvoir des Alaouites aura été une parenthèse puisque très longtemps les Alaouites ont été opprimés et méprisés par des Sunnites dominants. 

    En dépit de ses travers, l'idéologie du BAAS avait aussi pour objet de gommer les différences religieuses, mais, manifestement c'est un échec complet.

    Je sais qu'en Europe on déteste l'idée qu'un pays puisse être partitionné ou que des frontières bougent, mais il faut aussi savoir être réaliste : on ne doit pas sacrifier des communautés entières à quelques grands principes qui ne valent rien dans la pratique.

    Dans les État-majors on aurait tout intérêt à sérieusement considérer la chose : les hauts gradés de l'Armée américaine avouent d'ailleurs qu'ils ne savent pas trop de quoi est fait l'opposition syrienne exactement.

    Dans les années 70-80, il y a eu aussi une grande histoire d'amour entre la résistance afghane et l'Amérique : que s'en est-il ensuivi ? La destruction des twin towers, in fine...

    Il s'agit donc de naviguer entre des écueils qui valent bien Charybde et Scylla : Bachar el Assad a entraîné dans sa guerre innommable toute la communauté alaouite. Ils se battront à mort parce qu'ils n'ont aucun autre choix.

    Il faut donc créer les conditions d'un repli en sécurité pour les Alaouites. Une partie difficile se joue là-bas : l'Iran et le Hezbollah sont les alliés des Alaouites. Il serait logique que le pouvoir devenu Chite en Irak les soutienne aussi.

    Le compromis acceptable par tous doit être trouvé, et cela va être un long chemin pour les diplomates. Une chose est certaine : ce serait une très grande erreur d'acculer les Alaouites sans porte de sortie.

    J'espère voir la France prendre des positions responsables : il ne s'agit pas de dénoncer seulement le pouvoir syrien et les crimes commis, aussi atroces soient-ils, mais de proposer des solutions acceptables et de donner des garanties. Quand je parle de garanties, ce ne sont pas toutes celles que pourrait donner l'opposition syrienne : je ne doute pas de sa bonne volonté, mais ceux qui parlent à Paris ne contrôlent quasiment rien sur le terrain.