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retraite - Page 2

  • Nos retraites

    Tiens, Jean-François Copé s'intéresse à l'avenir de nos retraites. Intéressant, puisqu'il prend une position très claire en faveur de la retraite par répartition. Il n'envisage pas non plus de toucher au montant des pensions : c'est en tout cas ce qu'il dit dans son édito. Il a décidé de créer un groupe de travail sur cette délicate question, avec des élus de l'UMP et du Nouveau Centre. La question posée au citoyen lambda sur l'une des pages du site indique que le groupe de travail de Copé envisage prioritairement l'allongement du temps de travail. Il me semble bien avoir lu dans des sondages récents que les Français sont très hostiles à cette solution. Le site a néanmoins le mérite d'exposer clairement à quelle situation nous risquons d'être confrontée dans les années à venir. Patrick Joly, un collègue blogueur après avoir rappelé récemment la position du Parti Socialiste (élargir l'assiette en taxant le capital), envisage lui aussi un accroissement de la durée de cotisation. Le MoDem reprend à peu près l'idée de Bayrou de 2007 de proposer un système de retraites à points, en encourageant l'activité partielle au-delà de la limite légale de la retraite.

    La réforme des retraites est un serpent de mer : il paraît à peu près inévitable d'aligner régimes spéciaux et régimes publics sur les régimes privés, mais cela va être très difficile, car il faut s'attendre à une véritable bronca des fonctionnaires. Il faudra donner quelque chose de fort en contrepartie pour que cela puisse être accepté. Il faut bien comprendre qu'elle était calculée jusqu'ici sur les six derniers mois. En passant aux 25 dernières années, cela va générer des dommages considérables dans les revenus de ces retraités qui pourront se retrouver avec parfois deux fois moins que ce qu'ils avaient prévu.

    S'il y a un embryon de solution, c'est de distinguer ceux qui s'engagent maintenant dans la fonction publique, en remaniant d'ores et déjà leur contrat dans ce domaine. Pour ceux qui ont signé par le passé, difficile de revenir sur un engagement d'État, sauf à ne vraiment pas pouvoir faire autrement. Il faudrait un expert pour chiffrer cela exactement, mais à mon avis, plus on tarde à faire cette réforme, plus on aggrave les déficits futurs des caisses de retraites.

    Le Parti Socialiste essaie à mon avis d'éviter d'affronter le sujet en suscitant l'espoir fou que le «Kapital» paiera...

    Cela me paraît très difficile : nous sommes dans une économie mondialisée, et toute taxe sur le capital a des répercussions sur les mouvements de capitaux. Pour établir des taxes sur les capitaux, il faut passer des accords avec au moins la moitié des pays de la planète. Cela me paraît un peu le miroir aux alouettes.

    Il me semble que Copé pose le problème en termes clairs dans l'article qu'il a écrit sur Slate. Marielle de Sarnez, dans un entretien avec Linternaute, avait été assez claire : elle estimait que l'on pouvait conserver le principe d'un droit à partir en retraite à 60 ans, mais qu'il serait sans doute nécessaire de travailler plus longtemps pour espérer que ce départ se fasse à taux plein.  Elle soulignait, toutefois, qu'en amont de la question des retraites, on trouvait d'abord celui de l'emploi des Seniors. Elle aussi, se montre tout à fait hostile à une retraite par capitalisation, solution que privilégient de nombreux libéraux. A titre personnel, je suis, pour ma part, très méfiant avec les retraites par capitalisation : que des fonds de pension s'écroulent, et des millions de retraités peuvent se retrouver sans ressource aucune du jour au lendemain. Donc, je ne l'exclus pas, mais pour moi, il faut des garanties d'État derrière et un encadrement très strict des placements autorisés avec ce genre de fonds, en contraignant au passage les établissements financiers à séparer leurs activités dans ce domaine , de manière à ce que d'éventuels fonds de pension soient garantis.

    En tout cas, il y a là un débat qui doit absolument dépasser les clivages partisans et auquel nous devons tous prendre part.

     

  • Nos retraites ne se feront pas aux flambeaux...

    Les retraites sont aujourd'hui au milieu d'une nasse inextricable. La récente crise financière a montré que leur privatisation complète pouvait amener un retraité à tout perdre en un clin d'oeil. Mais notre système public ne se porte pas tellement mieux : il est en déficit chronique. Qui va payer ? Les Grosbills s'attendent à de sacrées empoignades : ils n'ont pas tort. Je note avec satisfaction, au passage, qu'ils se rallient à une proposition préconisée par Bayrou : la rationnalisation des régimes actuels et leur simplification. Bayrou proposait une retraite par points, tenant compte de la pénibilité du travail : c'est le chemin à prendre, mais nous n'en sommes qu'au début. A mon sens, l'Etat a un devoir de vérité : les déficits des retraites doivent être absolument interdits, et la vérité de leur coût supportée; s'il faut augmenter les prélèvements pour que leurs comptes soient en équilibre, alors faisons-le. Cela aura un mérite : les Français verront alors vraiment ce que notre système coûte et s'il convient de le garder tel quel. Je crois tout à fait vain d'augmenter l'âge de départ de la retraite, et ce pour une raison très simple : cela n'a aucun sens tant que l'on n'a pas déjà résolu la question du chômage des Seniors.  Je pense même que tous ceux qui proposent cette solution ont une arrière-pensée : ils savent que cela ne tiendra pas, mais, ce-faisant, ils auraient un bon prétexte pour baisser les pensions de ceux qui partiront avant. L'inconvénient, c'est qu'il y a des retraites forcées...

    Nous n'esquiverons pas un grand débat sur les retraites , et il faudra alors éviter les démagogies de toute sorte qui ne manqueront pas de venir s'y mêler. J'aurais préféré un autre homme que Nicolas Sarkozy pour mener ce débat ; toutefois s'il s'attaque à cette question brûlante, c'est une bonne chose.

    Personnellement, je suis assez favorable à un système mixte, mais je pense que toute retraite par capitalisation doit être radicalement encadrée, avec interdiction de placements à court terme (notamment pour éviter les mouvements de fonds de pension) et de placements à risques. J'ai vu qu'au Chili, c'est le frère de l'artisan de ce système de retraites qui vient de prendre le pouvoir. Les fonds de retraite ont perdu 1/4 de leur valeur en octobre 2008, là-bas. Ce n'est pas grave si leur rendement final correspond à des gains clairs et établis : ce qu'il faut calculer, c'est ce que cela donne sur la durée. Perdre un quart si vous aviez gagné 50% en trois ans, par exemple, cela n'a rien de calamiteux. Toutefois, il me paraît plus prudent de mettre les retraites à l'abri de tels soubresauts. Il faut donc légiférer, et sévèrement. La loi générale de la Bourse depuis sa création montre que sur le long terme, l'action est toujours rentable. Avec un panier d'actions et d'obligations fiables, placées sur le long terme, et en l'absence de toute spéculation intempestive, il n'y a donc pas de raisons que les actions ne rendent pas les bons offices auxquels elles nous habituent généralement sur la durée. Aux organismes habilités d'en faire la provision au moment adéquat, c'est à dire pas en fin de cycle ou sur une une crête boursière, par exemple.

     

  • MoDem, article Retraites

    Nouvel article portant sur le programme du MoDem. Il s'agit cette fois des retraites. Les positions du MoDem sont globalement celles de l'UDF et de François Bayrou pendant l'élection présidentielle. C'est donc dans les propositions du site bayrou.fr que j'ai trouvé quasi-exclusivement mes sources ainsi que sur le site du MoDem, notamment dans le compte-rendu du déplacement de François Bayrou à Épinal. L'émission à vous de juger de février 2008 a confirmé la position du MoDem quant au système de retraites à points. Je me suis également appuyé sur une réponse de François Bayrou au site Sauvegardons les retraites.

    Si le MoDem s'est prononcé clairement contre la fixation légale de 67 ans comme âge de départ à la retraite, il n'exclut pas pour autant une certaine souplesse. Il s'agit d'appuyer une réforme des retraites non sur l'idée mécanique du report à 65, 66, 67, 68 ans de l'âge du départ à la retraite pour tout le monde, ce qu'ont fait un certain nombre de pays qui entourent la France et qui sera autrement la loi évidemment pour les Français, mais sur l'idée d'une souplesse qui permettra à chacun de décider de l'âge du départ à la retraite en fonction du niveau de pension sur lequel il aura acquis des droits par son travail.

    Ce qui est nécessaire, c'est une réforme fondamentale des régimes de retraite par points, que les gens puissent partir à la retraite en fonction de la pension qu'il pourront recevoir et des droits acquis, à l'âge qu'ils veulent.

    Ce sera le rôle des partenaires sociaux que de déterminer la valeur du point de retraite.

    Le modèle que le MoDem propose est  souple, mais  très incitatif  dès l'instant que les partenaires sociaux, les entreprises et les associations de retraités auront choisi la valeur du point qui permettra à chacun de savoir quels sont ses acquis.

    Le MoDem souligne le risque non négligeable d'un conflit générationnel dans l'avenir en raison de l'évolution démographique. La question de l'âge de la retraite, qui s'inscrit dans le cadre plus large de l'évolution démographique est donc une urgence absolue.

    On ne peut pas traiter de la question des retraités et des personnes âgées sans signaler le plus grand risque devant lequel nous sommes, c'est une menace de conflit des générations [...] avec deux risques potentiels : ou bien un effondrement du niveau de vie des actifs [...] ou bien un effondrement de niveau de vie des retraités.

    Somme toute, l'idée, outre la souplesse de l'âge du départ à la retraite serait de réduire progressivement l'activité à partir d'un certain âge.

    il est idiot de passer de l'activité à 100 % à l'inactivité à 100 %. [...] On ira vers des modèles où l'entrée dans la retraite se fera progressivement notamment par des temps partiels pendant plusieurs années.

    Dans la mesure où cette souplesse est établie, le MoDem ne s'oppose pas à un allongement de la durée du travail. Mais il récuse formellement tout passage général en force.

    La manoeuvre qui a consisté à faire passer subrepticement et nuitamment un "amendement" pour porter l'âge de la retraite obligatoire à 70 ans" n'est pas acceptable. [...] Un tel amendement ne peut avoir comme objectif que d'inscrire dans un texte que 70 ans est un âge normal pour la retraite", afin d'en faire "une référence".

    Régimes spéciaux

    Le MoDem puisqu'il prône une refonte globale des régimes de retraites ne saurait adhérer au principe des régimes spéciaux. Mais il est ne serait pas correct de revenir sur les contrats conclus. Une réforme ne vaudra donc que pour ceux qui concluent un nouveau contrat. François Bayrou a été très clair sur ce sujet délicat.

    Je pense qu'il y a deux choses à dire pour les régimes spéciaux. Première chose à dire, quand ils sont entrés dans leur contrat, en effet, l'âge de la retraite faisait partie du contrat et il faut, d'une manière ou d'une autre, parce que j'ai des idées un tout petit peu différentes de mes amis sur ce sujet, tenir compte des années qu'ils ont passé dans le contrat.

    Cela faisait partie de leur contrat de travail. Il faut en tenir compte. Et, en même temps, il faut que les Français aient l'assurance que l'égalité de traitement de tous les Français devant la retraite et la pénibilité du travail est désormais assurée.

    Petites retraites

    Le MoDem s'est prononcé clairement en faveur d'une revalorisation des plus petites retraites.

    Au final, quoi que propose le MoDem, son président s'est clairement prononcé, sur la méthode, en faveur d'un référendum, afin d'obtenir l'adhésion des Français sur un sujet aussi grave qu'urgent.

    Financement des retraites

    Je crois avoir dit l'essentiel, à l'exception d'un point important : il reste au MoDem à déterminer clairement un mode de financement pour les retraites. C'est un point qui demeure pour l'instant en débat. Mais j'ai bon espoir que le Congrès programmatique proposé par Marielle de Sarnez apporte des réponses à cette question. François Bayrou n'avait pas exclu l'introduction de la capitalisation pour financer les retraites, mais il refusait qu'elle se déroule de manière sauvage d'une part, et, d'autre part, souhaitait qu'elle vienne en complément et fasse l'objet de négociations entre les partenaires sociaux. Tel est le sens, en tout cas, des réponses qu'il avait apporté à l'AFER (Association Française d'Épargne et de Retraite).

    Non, je crois, au contraire, que la retraite par répartition doit rester le socle de notre système de retraite. Il est important de garantir l’égalité entre tous les français. La préservation du système par répartition, c’est-à-dire le maintien du niveau des prestations actuelles, ne saurait cependant épuiser le sujet. La durée de vie, au-delà du départ à la retraite s’allonge. Il faut donc imaginer des dispositifs complémentaires assurant aux retraités un supplément de revenu leur permettant de mieux profiter de leur temps libre. Parallèlement, il s’agit de garantir à tous un taux de remplacement décent.

    «Je crois qu’il faut encourager les systèmes par capitalisations sans que soit toutefois remis en cause le système par répartition. Il est ainsi nécessaire de trouver un cadre plus équilibré au développement des fonds de pension en France afin que ceux-ci bénéficient aussi bien aux employeurs qu’aux salariés. Les distorsions actuelles, au détriment des salariés, doivent donc être corrigées afin de rééquilibrer le partage capital / travail. Par ailleurs, le développement de ces fonds de pension doit se faire dans le cadre de la négociation sociale, de la concertation

  • Âge de la retraite, le foutage de gueule

    J'entends le gouvernement se pâmer, dans le clair-obscur des cabinets ministériels à la seule évocation de l'âge de la retraite actuelle. Ce qui est remarquable, c'est l'agit-prop et l'intoxication organisée auxquelles cela donne lieu dans les rangs gouvernementaux. Soyons clair : je ne serai pas radicalement opposé au principe d'un allongement des annuités d'emploi si emploi il y avait.

    Mais la vérité, c'est qu'il n'en est absolument rien. Il n'y a pas d'emplois pour les seniors. En fait, derrière le pseudo-prétexte de laisser libres les individus de travailler plus longtemps se cache un tout autre projet : allonger la durée de cotisation pour la retraite. Mais comme il ne sera pas possible pour une large part des individus de travailler plus, cela reviendra ni plus ni moins à minorer les pensions de retraite pour en réduire les coûts. Astucieux, non ?

    J'ai évoqué le sort réservé aux Seniors dans un billet daté du 23 février dernier. C'est simple : le gouvernement est pris en sandwich entre tous les jeunes qui vont arriver sur le marché du travail et l'impact grandissant des départ à la retraites qu'il faut financer. Je ne parle même pas du chômage. En fait, passé 50 ans quand ce n'est pas 45, il est très difficile de retrouver du travail si l'on est au chômage.

    La France est dans la nasse et je ne vois pas comment elle va pouvoir en sortir. Une chose est sûre : il  faut taxer le moins possible ceux qui créent de l'emploi, c'est à dire les entreprises. Mais on ne peut pas non plus les exonérer par les temps qui courent parce que nous n'avons pas les moyens de le faire.

    Nicolas Sarkozy a assuré que le gouvernement sera au rendez-vous pour la réforme des retraites en 2010. Doit-on comprendre qu'il attend que les élections régionales soient passées pour éviter un éventuel vote-sanction en raison des difficiles mesures à prendre pour assurer leur équilibre ? Il ferait mieux d'engager immédiatement le débat avec les Français. Il y avait un aspect, dans la manière avec laquelle François Bayrou escomptait traiter le problème, lors de la présidentielle de 2007 qui m'avait beaucoup plu : l'idée absolument nécessaire qu'il fallait, sur les retraites, légiférer par référendum.

    Ne nous leurrons pas, la proposition de Bayrou lui-même, avalisait sur le fond qu'une augmentation des cotisations serait nécessaire. Le principe d'une retraite par point concédait nécessairement que le montant des pensions serait variable selon la durée des cotisations. Toutefois, elle permettait le rachat d'années et mettait le cotisant face à ses choix personnels. Mais le plus important, et je le redis, c'est que Bayrou ne voyait pas d'autres possibilités de régler cette question qu'en consultant directement le peuple. Un acte de courage politique et un langage de vérité qui font cruellement défaut aujourd'hui...

  • Bayrou n'a pas voté pour la retraite à 70 ans !

    j'ai trouvé l'information dans le Figaro. Je trouve cela très grave...

    Le président du MoDem François Bayrou "dément absolument" avoir approuvé le projet de budget Sécu pour 2009, qui comporte une disposition permettant un départ à la retraite jusqu'à 70 ans, alors qu'il a été comptabilisé dans les votes "pour".

    "J'ai appris aujourd'hui avec stupéfaction que mon vote, lors du débat sur le PLFSS incluant la possibilité de départ à la retraite à 70 ans aurait été détourné, alors que je n'étais pas présent à l'Assemblée nationale au moment de ce vote", a expliqué le député des Pyrénées-Atlantiques.

    "Je participais au Foro de Biarritz, une rencontre de responsables politiques d'Amérique latine et d'Europe sur les conséquences de la crise financière", un engagement "pris de longue date", a-t-il encore déclaré.

    "Je n'ai donc pas pu être présent pour ce scrutin public dans l'hémicycle", a ajouté M. Bayrou, qui affirme ne pas avoir donné de délégation pour ce vote.

    "De deux choses l'une, ou bien c'est une erreur humaine difficilement compréhensible ou bien c'est une malveillance, auquel cas j'envisage de porter plainte", a-t-il déclaré.

    "Toutes les séances sont filmées j'espère donc que l'on pourra précisément établir les circonstances" de ce vote, a-t-il conclu, affirmant qu'une enquête interne à l'Assemblée est en cours.

    Interrogés par l'AFP, les services de l'Assemblée ont précisé qu'il n'y avait que deux possibilités pour expliquer que M. Bayrou apparaisse, bien qu'absent, comme ayant voté pour le texte. "Soit il a donné délégation à quelqu'un, soit quelqu'un a voté à sa place sans y être autorisé, ce qui est techniquement possible".

    En ne donnant pas de délégation de vote, M. Bayrou ne pouvait, en tout état de cause, pas voter contre le texte.

  • Retraite à 70 ans, l'art de faire des économies...

    Dans la catégorie des réformes bidons particulièrement pourries qui cachent leurs véritables intentions, la retraite à 70 ans tient la corde pour obtenir la palme. Le plus drôle, c'est que tout le monde ne semble y voir que du feu !!!

    Voyons, le véritable objectif, ce n'est pas de rendre le travail possible jusqu'à 70 ans : le véritable objectif, évidemment, c'est de payer beaucoup moins les retraites par un effet tout à fait mécanique.

    Soyons sérieux : on sait très bien que passé 50-55 ans, les chercheurs d'emploi n'ont quasiment aucun espoir de trouver un emploi, et que dans pas mal d'entreprises on essaie de dégager les seniors.

    Donc, on se doute que les gens ne travailleront pas jusqu'à 70 ans. En revanche, pour le calcul des cotisations, ce ne sera plus 60 ans mais bientot 70 ans qui sera pris en compte.

    Cela permettra donc de baisser à bon compte le montant des retraites actuelles en arguant que les années de cotisation ne sont pas complètes. Ingénieux, non ?

    Conclusion, François Bayrou a bien eu raison de voler dans les plumes du gouvernement sur cette question.  Il a en effet très bien compris l'enjeu qu'il énonce nommément, et je le cite :

    «Un tel amendement ne peut avoir comme objectif que d'inscrire dans un texte que 70 ans est un âge normal pour la retraite", afin d'en faire "une référence».

    Il a très bien compris. Et devinez quoi ? Pas un média n'a repris son intervention. Pire, même sur Internet, je crois être le seul sur Google Actualités à avoir relayé ses déclarations. Même sur la blogosphère MoDem il n'y quasiment pas eu d'échos. Je me disais, il va y avoir une levée de boucliers sur ce coup-là...ben non, silence radio général...

    Au passage, il observe que pas mal d'emplois ne sont exerçables que dans la force de l'âge : en décrétant les 70 ans, on s'assure de payer moins la retraite des gens concernés parce qu'ils ne pourront pas aller jusqu'à 70 ans, sauf à crever à la tâche...

    J'imagine la tête de Zola qui a tant été frappé par la misère de la condition ouvrière s'il devait lire les projets gouvernementaux actuels...

     

  • Quelles retraites au XXIème siècle ?

    Sur la suggestion de juju41, un de mes lecteurs, je suis allé lire la récente proposition de Antoine Bozio et Thomas Piketty, deux économistes renommés, sur les retraites.

    Je ne vais pas faire la synthèse technique de tout le document, ce serait assez long, mais j'ai relevé quelques propositions qui me paraissent intéressantes :

    « en proposant une refonte générale des régimes de pensions et leur remplacement par un système public et obligatoire, fondé sur des comptes individuels de cotisations et financé par répartition. Ce nouveau système, sur le modèle de la réforme mise en place en Suède entre 1994 et 2008, a l’avantage de mieux prendre en compte les carrières longues, de s’adapter à l’augmentation et aux inégalités d’espérance de vie, de permettre des retraites progressives et d’offrir des garanties solides à long terme sur le niveau des retraites, et ce pour l’ensemble des générations, y compris les plus jeunes. Contrairement à une idée reçue, les comptes individuels sont globalement plus favorables aux carrières salariales modestes et aux petites retraites. »

    Et voilà comment ils imaginent que cela marche :

    « les travailleurs accumulent tout au long de leur carrière professionnelle leurs cotisations retraites (salariales et patronales) sur un compte individuel géré par l’assurance vieillesse.
    Leurs contributions bénéficient chaque année d’un taux de rendement réel (supérieur à l’inflation) garanti par l’Etat. Le système fonctionne toujours en répartition : les cotisations des salariés financent toujours les pensions courantes. Le compte est simplement une mesure en euros des droits des salariés. L’avantage est donc de profiter des faibles risques de rendement qu’apporte le système par répartition tout en clarifiant les droits individuels à la retraite sur le long terme. Un lien clair et direct est établi entre les contributions des travailleurs et leurs droits à pension.
    Au terme de sa vie active, le travailleur a ainsi accumulé un certain patrimoine retraite qui donne droit au versement d’une pension mensuelle. Le montant de celle_ci est fonction du nombre d’année que le salarié peut espérer passer en retraite. La durée de la retraite dépend en effet de l’âge de liquidation, mais aussi de la génération du travailleur. Le système prend ainsi en compte très progressivement l’augmentation de l’espérance de vie, au fur et à mesure que celle-ci peut être mesurée. Il est par ailleurs très flexible, permettant au salarié de partir en retraite de façon progressive, tout en continuant à travailler et à accumuler des droits. »

     Je trouve la proposition de ces deux économistes très astucieuse, et elle me paraît un bon compromis entre la retraite par capitalisation et la retraite par répartition. En France, nous n'écoutons pas assez nos économistes. Nous devrions le faire davantage. Thomas Piketty était le conseiller économique de Ségolène Royal durant l'élection présidentielle. Finalement, ce serait une bonne manière de mettre en pratique le système de retraites par points que préconisait François Bayrou.