François Bayrou a fait observer à plusieurs reprises qu'à brandir sans cesse le FN on le plaçait au centre du jeu politique aux prochaines échéances électorales. Il dit également souvent que l'on ne gagne pas contre le programme d'une force politique mais sur le sien. Je le suis sur ces deux analyses, mais, là où le bât blesse, c'est que je n'entends absolument plus rien en provenance du centre, en tout cas, du MoDem, ma formation politique. Le problème n'est pas qu'il est inaudible, j'ai de grandes oreilles, mais bien qu'il ne dit plus rien. J'écoutais Marine Le pen défendre avec vigueur la persistance des départements ce matin sur France info. Je suis contre ce maintien et je le dirai après pourquoi, mais cela me frappait de constater qu'elle avait été la seule, jusqu'ici, à présenter un programme spécifique aux cantonales alors que les autres forces politiques se perdent en banalités ou en spéculations sur les échecs probables ou non de leurs adversaires.
J'aurais aimé que le MoDem développât une réponse électorale sur la question du département. Marine Le pen faisait observer ce matin qu'elle était hostile à la disparition du département parce que ce serait des intercommunalités et des très grosses collectivités municipales ou territoriales qui en feraient leur beurre, laissant une fois de plus pour compte les "petits".
Je me méfie du "Big is beautiful" contre lequel Bayrou mettait déjà en garde aux prémisses de la réforme actuelle. Je conchie l'intercommunalité, monstre bureaucratique sans aucune légitimé démocratique et machine à dépenser des sous alors qu'elle avait vocation à mutualiser pour faire des économies. Je me défie des métropoles, vraies chausses-trappe à démocratie.
Parce que le vrai problème, dans cette histoire, c'est bien celui-là : l'expression démocratique.
Si, une fois de plus, la technocratie, bien abritée derrière la sphère politique, parvient à imposer au petit peuple ce dont il ne veut pas, ce déni de démocratie finira par mal tourner et engendrer des crises qui provoqueront l'effondrement du paysage politique tel que nous le connaissons. Le FN prospère sur ce déni-là.
J'avais bien aimé le projet initial de Bayrou qui était de fusionner les Conseils Généraux dans les Assemblées régionales. De cette manière, les compétences existantes n'étaient pas perdues et les doublons prenaient fin progressivement. Évidemment, les départements auraient ainsi disparu, mais pas de manière brutale. Et Bayrou proposait d'élire le Président de Région au suffrage direct, et, dans le même temps, de désigner les représentants de l'Assemblée régionale à la proportionnelle intégrale.
La dalle d'Épidaure chère à François Bayrou autrefois n'émet plus le moindre écho. Qui parle des départementales au MoDem ? Personne. Et encore, ce que j'évoque ci-dessus relève d'un programme général. Les Départements ont encore un certain nombre de compétences à ma connaissance. Pourquoi n'y a-t-il presqu'aucun débat sur ce qu'ils doivent financer ou non au sein de la classe politique ? Ils interviennent dans les collèges, gèrent les ressources en eau, ont la charge des CAF, allouent des aides aux personnes âgées pour les aider à rester à domicile, aménagent les routes, s'occupent des bibliothèques, bref, la liste est longue.
Bien sûr toutes ces compétences ont un coût et se répercutent en impôts. Cela pourrait faire l'objet d'un débat. Faut-il les garder toutes ?
Je trouve que Thomas Guénolé résume assez bien ce que valent les actuelles professions de foi en les assimilant à des Lettres au Père Noël. Je ne vois pas les choses autrement, et j'avoue que de tels programmes ne m'inspirent aucune confiance.
En tout cas, sur le site du Mouvement Démocrate, à l'heure actuelle, sur les départements, il n'y a rien. Il y avait dans le programme de Bayrou de 2012 une réflexion sur la gestion des territoires avec quelques mesures que le MoDem a fait siennes. Je me serais imaginé que la réflexion aurait pu continuer sur cette base, mais apparemment, elle s'est arrêtée là et les compteurs sont bloqués depuis.