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  • Pour une fois, un propos raisonnable du Hamas !

    Tiens, pour une fois, j'ai entendu un propos sensé et responsable dans la bouche des autorités du Hamas.

    «Nous ne pouvons blâmer aucune faction palestinienne et nous ne savons pas qui a tiré les roquettes», a déclaré Raafat Morra, précisant que «le Hamas poursuit son combat à l'intérieur de la Palestine et nous avons pour principe de n'utiliser aucun territoire arabe pour répondre à l'occupation. C'est une politique ferme

    C'est suffisamment rare pour mériter d'être relevé. Un point pour le Hamas (sans doute le seul ici).

  • Gaza, deux points de vue sur le Hamas

    HAMAS : QUINDI versus l'HÉRÉTIQUE

    J'enregistre un nouveau billet à la suite des réactions de Quindi au précédent. Avant toutes choses, je dois toutefois préciser qu'à mon sens, nos divergences ne proviennent pas seulement d'une différence d'appréciation de la situation, mais également d'un positionnement philosophique sur l'échiquier politique.

    En effet, je tends à appliquer aux peuples ce que j'applique aux individus. Notamment, j'ai du mal à m'enlever de la tête que quoi que l'on puisse en penser, les peuples, tout comme les individus, sont majeurs et vaccinés et donc responsables de leurs actes, en tout cas, jusqu'à un certain degré.

    Le Hamas envoie des roquettes sur les villes israéliennes depuis des années, avec une progression quasi-exponentielle ces derniers mois, en dépit d'une trêve. Le Hamas refuse par ailleurs toute reconduction de cette même trêve (limitée en fait aux attentats-suicide, et encore, je subodore fortement que ce sont surtout les services israéliens qui se sont améliorés pour intercepter les kamikazes...).

    Comment les Gazaouis peuvent-ils s'étonner, dans ces conditions, que l'état d'Israël finisse par répliquer contre le mouvement qu'ils ont porté au pouvoir ? Le Hamas, avec une absence totale de scrupules, n'hésite pas à s'abriter derrière les populations civiles, y compris les plus vulnérables. Dernière en date : des activistes tirent à partir d'une école. Précédemment, c'est dans une mosquée qu'ils avaient caché des explosifs. Évidemment, l'armée israélienne réplique à chaque fois, et la presse internationale de hurler au crime et à la disproportion, photographies d'école calcinée, de mosquée en flammes, et corps d'enfants à l'appui.

    Bien sûr, je me désole totalement d'une telle situation, et je souffre pour les enfants qui sont les victimes innocentes d'un conflit qui les dépasse. Mais je me refuse à faire porter le chapeau à Israël quand le Hamas est largement à l'origine non seulement de ce conflit mais aussi des dérapages. Je salue à cet égard la pertinence et l'acuité des prises de position tant de François Bayrou que de Nicolas Sarkozy à propos du Hamas. Je pense qu'ils ont très bien compris qui a allumé le feu et ont le courage de le dire clairement.

    Il n'y a pas de ma part un parti pris en faveur de l'État d'Israël, mais la volonté d'établir la vérité. Je suis par ailleurs favorable à l'établissement d'un état palestinien et au partage de Jérusalem. Avant que le Hamas ne fasse (déjà !) tout capoter par la reprise de ses attentats suicides, Ehud Barak, quand il était au pouvoir, avait envisagé ce partage. Alors quand Arnaud dit que ce leader travailliste n'a pas de courage politique, je trouve qu'il pousse un tantinet la chansonnette.

    Pour revenir à notre divergence, c'est que sur le fond, je crois à la responsabilité des individus comme des peuples. Je crois que l'on appelle ça le libéralisme, et que je suis pour large partie un libéral. En ce sens, mon positionnement politique oriente ma réflexion géo-stratégique.

    Je profite de ce message pour souhaiter bonne chance au Président Sarkozy dans son entreprise. Dans une situation comme celle-là, une certaine union nationale est nécessaire. Je sais que l'homme bourdonne d'activisme. Les résultats ne sont pas toujours heureux dans notre pays, mais, jusqu'ici, à l'international, sauf quand il reçoit des tyrans chez nous, je l'ai toujours vu plutôt bien se débrouiller dans les situations de négociations (otages en Afghanistan, otages en Lybie, conflit du Caucase).

    Je reviens à Quindi pour copier la dernière de ses réactions sur le billet précédent :

    J'ai bien saisi que le but de l'opération était la destruction du Hamas. C'est ce même but que je conteste, car il me semble totalement irréaliste sans coût humain / militaire / diplomatique totalement délirant pour Israël, et le fruit d'une mauvaise planification des pouvoirs civils et militaires israéliens.

    Plus qu'une destruction, je pensais à un affaiblissement. Ensuite, il s'agit d'un anéantissement des capacités militaires du Hamas. Et de toutes façons, il n'était pas envisageable pour Israël de demeurer les bras ballants en attendant de recevoir des roquettes.

    Par contre je ne dis pas qu'elle est uniquement dictée par l'opinion publique, mais aussi par des militaires, peu conscients des risques politiques régionaux d'une telle opération, de la perte d'une occasion historique au niveau international (incapables de se projeter dans l'ère post-Bush), ainsi que des politiciens, aveuglés par les élections à venir, les défaites diplomatiques de Camp David II / Taba (Barak) et stratégiques de l'Intifada II (Barak), militaires au Liban (Kadima), politique à Gaza avec la prise de contrôle par le Hamas (Kadima) pesant trop lourdement dans leurs décisions, les leçons de leurs propres défaites trop peu (Liban 1996 et 2006), ainsi que les leçons de la lutte anti-terroriste internationale qui sont ignorées (Irak, Afghanistan, Pakistan, Indonésie, Philippines, Algérie, Somalie).

    Il y a quelque chose qui manque dans tes analyses, Arnaud. Tu n'envisages jamais les occasions manquées du côté palestinien. Tes solutions sont totalement asymétriques. Pour qu'un processus s'enclenche, il faut au moins que le Hamas cesse de manquer à sa parole de manière systématique, utilise ses propres populations civiles comme bouclier ou explosif, et s'abstienne, enfin, de jeter des roquettes à tout va de son territoire, avec une irresponsabilité totale. S'il n'y a pas ces préalables, on ne peut rien faire. Tu dis que la stratégie israélienne est vouée à l'échec, mais je vois que le Hamas commence à envisager de discuter avec ses ennemis d'hier. Le Hamas est en très mauvaise position géostratégique, et Israël ne l'ignore pas : le Fatah le déteste, l'Égypte ne l'aime pas du tout (il est lié aux Frères Musulmans, à l'origine de beaucoup d'agitation et d'extrémisme en Égypte) et de l'autre côté, il y a Israël. Les seuls soutiens du Hamas, c'est la Syrie et l'Iran. Regarde sur une carte où se trouve Gaza, mais je pense que tu le sais bien : il va être de plus en plus difficile pour le Hamas de se réapprovisionner. Nécessité fait loi, tu ne l'ignores pas. Or, qu'apprené-je ? Eh bien le Hamas reprend langue avec l'Égypte... Je crois bien qu'un responsable égyptien a déclaré au début du mois de décembre que l'Égypte ne tolérerait pas un émirat islamique à sa frontière. Le Hamas est désormais pris entre le marteau et l'enclume. Contrairement à toi, je pense que la situation actuelle va amener des décantations imprévues, mais pas forcément néfastes in fine.

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    De façon plus générale, il n'y a pas de destruction possible d'une entité politico-terroriste de l'extérieur (seules exceptions connues: lorsque cette dernière est d'installation récente sans implantation forte, ce qui était le cas d'Al Qaïda en Irak; lorsque l'on mise sur la population favorable et mène une guerre sans merci, c'était le cas en Tchétchénie, mais ce n'est pas comparable car il n'y a pas de faction favorable en Israël, ou même dans une extrapolation intellectuelle où il s'agirait de Abbas, les moyens mis en avant pour le soutenir sont ridicules, donc inutiles et contre-productifs). Seule un split ou une perte de crédibilité parmi la population qu'elle défend (encore une fois Al Qaïda en Irak usant de méthodes récusées par les sunnites; ETA en Espagne post-Franco; les FARC en Colombie post-processus de paix, les deux derniers étant perçus comme trop violents par une écrasante majorité de la population; etc.) l'affaiblit durablement. Nous en sommes très loin en Palestine, donc spéculer là dessus, revient à prendre ses rêves pour la réalité, et oublier les considérations réalistes du terrain.

    De destruction, peut-être pas, mais d'un affaiblissement faute de solution pour ce mouvement qui s'est coincé lui-même, je n'en suis pas si sûr.

    L'erreur avec le Hezbollah avait été de croire qu'une guerre conventionnelle pouvait en venir à bout (c'est avant tout un mouvement politique populaire parmi les chiites, voire une frange des maronites; et comme le disait Claudio sur son blog, on ne va pas changer le peuple). L'argument de l'aérien vs. le terrain est un faux argument: 1. parce que la force du Hezbollah n'est pas uniquement basée sur le terrain qu'il occupe 2. parce que le terrain du Sud Liban où s'est déroulé l'essentiel de la guerre (désertique et peu peuplé) est infiniment plus propice à une guerre conventionnelle que Gaza (une théorique victoire israélienne sur ce territoire n'aurait rien changé à moyen terme, cela aurait été une victoire médiatique, au lieu d'une défaite médiatique, sans réel effet opérationnel) 3. parce que les opérations menées au Liban en territoire peuplé (Vallée de la Bekaa, et notamment Baalbek et ses alentours) ont du être arrêtées rapidement compte tenu du nombre de pertes civiles, c'était la leçon de 1996 avec "Raisins de la Colère" (qui avait fini par bombarder des camps de réfugiés de l'ONU). 4. la destruction d'infrastructures est ce qui fait perdre toute crédibilité à Israël dans le pays attaqué (il ne s'agit plus de veiller aux intérêts de ses citoyens, mais aussi d'handicaper tout développement d'autrui), dans la région (facile d'appréhender les problématiques liées à ces destructions) et à l'échelle internationale (+ comme le précise Fred, les infrastructures ne sont pas du Hamas, et ne jouent pas un rôle opérationnel fort). 5. les défaillances politiques du Hezbollah (notamment ses blocages institutionnels nationaux) sont balayées au yeux de la population civile compte tenu de son rôle prépondérant dans la défense du territoire ("résistance") et sa ligne politique claire de refus de négociations avec l'ennemi israélien (constance tant que les conditions préalables à la guerre n'auront pas changé au bénéfice de la population).

    Je te concède tout ce que tu veux pour le Hezbollah, le Hamas n'est pas le Hezbollah. En outre, il y a une fraction non-négligeable de l'opinion libanaise qui s'est trouvée exaspérée d'avoir été entraînée dans la guerre par un parti minoritaire dans le pays.


    A Gaza, les mêmes erreurs auront été commises, en pire: 1. la zone est dense et les dommages collatéraux sont inévitables;

    La zone est dense, mais très peu étendue et adossée à la mer ou à des terres hostiles. Le Hamas ne dispose ni de base arrière ni de relais.

    2. une opération de terrain est beaucoup plus risquée pour les militaires israéliens, d'où bombardement plus long, l'un et l'autre ont des effets minimes sur les infrastructures du Hamas, qui sont pour l'essentiel sous-terraines (sans en arriver au délire de Vietcong de Riot);

    Je pense que les militaires israéliens ont tout de même pensé à cet aspect des choses. A mon avis, leurs objectifs militaires sont certainement plus précis que tu ne le penses.

    3. les combats de rue souhaités par le Hamas sont un piège pour les israéliens (l'intensification des tirs de roquettes juste avant la fin de la trêve en était le signe) qui devront prolonger leurs opérations, à un coût humain supplémentaire sans gains opérationnels significatifs;

    C'est surtout une souricière pour les Palestiniens que le Hamas utilise comme bouclier humain.

    4. l'arrêt des roquettes de courte distance signifie occupation prolongée des franges frontalières, décrédibilisant les militaires et politiques israéliens après désengagement récent - l'arrêt des roquettes de longue distance est impossible même avec une occupation totale du territoire, très chère en coût humain, diplomatique, et de ressources / moral des militaires;

    Je pense qu'un certain nombre d'arsenaux auront été détruits. Il ne sera pas si facile au Hamas de reconstituer ses stocks.

    5. le nombre de morts civils est donc élevé et jugé inacceptable par la communauté internationale;

    Il y a une bataille de l'information à mener du côté israélien. Une nouvelle fois, qui utilise sa population comme bouclier ?...

    8. la destruction d'infrastructures est inévitable vu les moyens mis en oeuvre (bombardements), les civils meurent plus facilement de dommages collatéraux compte tenu des circonstances propres à Gaza du fait des israéliens (coupures électriques, manque d'eau, manque de médicaments, départ des humanitaires, blocage des frontières);

    Oui, ça, c'est clairement en défaveur d'Israël.

    9. il n'y a pas de stratégie de sortie israélienne de la crise à Gaza, qu'une stratégie de réengagement asymétrique menant forcément au statut de paria de la communauté internationale, mais de manière beaucoup plus importante, une perte de crédibilité négociatrice régionale et locale en Palestine.

    Mais si il y a une sortie : la négociation. Tu paries sur le fait qu'Israël l'a radicalement exclue. Je n'en suis pas si sûr. Simplement, pas avec 1500 roquettes qui touchent les villes dans l'année, c'est tout.

    Bref un net recul de toute possibilité de négociation réaliste, au pire moment, avec l'arrivée d'une nouvelle administration américaine, le réengagement diplomatique européen, le relatif consensus de la Ligue Arabe pour coordonner ses efforts de paix. Même dans le cadre d'une négociation de paix, ce serait Israël qui se retrouverait sans partenaire, ayant poussé son avantage tactique au delà de ce qui est acceptable dans une négociation de paix, notamment lors de la ratification populaire (formelle ou tacite) d'un tel accord. Encore une erreur historique, ça commence à faire beaucoup pour quelques roquettes.

    Sauf que là, tu fais de la politique-fiction. Tu es dans un film, pas dans la réalité. Les seules pressions qui peuvent fonctionner, ce sont les pressions directes sur le Hamas et ses soutiens.

    10a. Qui exercerait le contrôle policier à Gaza post éviction du Hamas? Que ce soit les israéliens ou le Fatah, ils feraient l'objet d'attaques de guérilla continues; il y aurait donc vide sécuritaire et intensification des conditions de guérilla même en cas de victoire partielle d'Israël sur le Hamas.

    Je ne sais pas si Israël vise l'anéantissement du Hamas. Je ne le pense pas. Ce que les Israéliens visent, c'est l'affaiblissement de cette mouvance. Ce n'est pas pareil.

    Bref, dans ce contexte, il n'y a pas d'effondrement possible du Hamas, sans coût excessif (humain, militaire, diplomatique) pour les israéliens, au contraire, il y aura probablement renforcement, et affaiblissement de l'Autorité Palestinienne. Même dans l'hypothèse d'un affaiblissement durable du Hamas, un autre groupe radical prendrait la relève (cf. Fred). Exactement l'inverse de ce qu'il fallait faire, sur la base des leçons de la guerre contre le Hezbollah, celles de la lutte anti-terroriste du XXIème siècle, celles de la décolonisation et lutte contre des mouvements de libération nationale au XXème siècle.

    Effondrement, non, mais un espoir d'affaiblissement afin de l'amener à négocier, peut-être.

  • Palestiniens et Israéliens ont le même problème

    Je reviens du blog de LOmiG qui a eu la judicieuse idée de publier des extraits de la charte du Hamas. Comme le dit un commentateur du blog d'Ivan Rioufol (D.J.) Israéliens et Palestiniens ont le même problème : le Hamas. L'inconvénient, c'est que si les premiers s'en sont largement rendus compte, pas les seconds...

    Je passe sur la valeur éthique d'un mouvement qui déclare à propos de la femme musulmane qu'elle est «une usine à hommes», mais en revanche, je me demande quelle part peut être donnée à la négociation quand on lit dans cette même charte les déclarations suivantes :

    «Il n’y aura de solution à la cause palestinienne que par le jihad. Quant aux initiatives, propositions et autres conférences internationales, ce ne sont que pertes de temps et activités futiles. Le peuple palestinien a trop d’honneur pour dilapider son avenir, son droit et son destin en activités futiles».

    Un premier billet sur le Hamas a fait l'objet ici de 42 commentaires, et notamment de ceux de l'excellent Quindi. Voici ce qu'il écrit (que je vais commenter dans une couleur différente au fur et à mesure) :

    Il est une chose qu'on ne peut pas choisir lors d'une négociation de sortie de conflit, ce sont les interlocuteurs, il faut faire preuve de réalisme politique en discutant avec toutes les forces en présence (d'où l'erreur profonde d'affaiblir Mahmoud Abbas et de ne pas continuer à négocier avec Marwan Barghouti, qui a le respect du Hamas, et pourrait se substitue à lui à la table des négociations).

    Israël ne cherche pas à affaiblir Abbas. Je crois au contraire que les Israéliens aimeraient bien lui voir plus d'influence. Le fait est en revanche, qu'ils ne dont pas nécessairement ce qu'il faudrait pour que cela soit le cas. Quindi s'illusionne sur l'influence de Bargouti. Bargouti a de l'influence sur les tendances radicales laïques. Pas sur l'électorat islamiste.

    Pour le Hamas, oui sa charte nie l'existence même d'Israël, c'était aussi le cas de l'OLP jusqu'aux accords d'Oslo - cela n'a rien d'un point de blocage car il s'agit d'une stratégie politique standard pour tout mouvement autonomiste / de "libération nationale".

    En effet, si c'était le seul blocage, ce ne serait pas un problème. Le problème, c'est que c'est l'idée même de négociations que le Hamas récuse. Je reçois bien en revanche l'argument qu'il faut faire preuve de réalisme avec le Hamas. Il ne s'agit pas pour autant de le considérer comme un partenaire viable.

    De même l'utilisation de roquettes n'a vraiment rien de surprenant dans le cadre d'une guérilla. En rester là, avec des réponses asymétriques signifie accepter le statu quo et alimenter le conflit.

    Tout le raisonnement de Quindi ignore complètement l'existence d'une chose que l'on appelle opinion publique dans une démocratie. Israël ne peut pas laisser des roquettes atterrir sur son territoire sans rien dire. En outre, il faut aussi savoir que le nombre de roquettes lancées sur le territoire d'Israël n'a cessé d'augmenter depuis 2003 avec un pic considérable pour l'année 2008 !

    Par contre, la colonisation continue de la Cisjordanie est un facteur d'approfondissement de la crise, car les négociations se radicalisent et s'enveniment au fur et à mesure que cette colonisation touche des territoires / ressources naturelles vitaux pour les palestiniens (rendant toute acceptation populaire palestinienne d'un éventuel accord de paix plus difficile; les populations ont d'ailleurs anticipé sur cela, avec un refus croissant de négocier vu la nature de l'occupation, et les accords négociés sont devenus beaucoup plus difficiles).

    Oui, ça, en revanche, c'est la principale ânerie du pouvoir israélien : s'il y avait un minimum de jugeote là-bas, il y aurait une occasion de porter un coup fatal au Hamas en favorisant considérablement le développement économique en Cisjordanie et en stoppant net toute forme de colonistation. On est d'accord là-dessus, et à mon sens, c'est là où Tzipi Livni ou Ehoud Barak me déçoivent  et manquent d'intelligence politique. Il faut bien se dire que le Likoud est 10 fois pire, toutefois.

    En ce qui concerne les roquettes et les opérations en cours (dont le facteur de nuisance en termes de négociation de paix est limité - surtout vu les bénéfices immédiat dès arrêt des hostilités), je l'ai déjà écrit, mais espérer mener des opérations uniquement conventionnelles dans le cadre d'un conflit qui a déjà dépassé ce cadre, poussant son avantage tactique provisoire, en espérant que cela se reflètera éventuellement dans les négociations suivantes, n'a pas de sens. Cela pousse l'adversaire à commettre des actes non conventionnels (faute d'avoir d'autres moyens) pour récupérer l'équilibre antérieur (qui ont déjà commencé avec les tentatives de capture de militaires israéliens, à l'image de ce qu'avait effectué le Hezbollah et le Hamas précédemment, et continueront avec les attentats suicide, voire pire, la capture et torture de civils, l'attaque des organisations internationales et autres médiateurs, l'attaque contre les humanitaires, méthodes utilisées par Al Qaïda et d'autres groupes terroristes en Irak et Afghanistan). Le passage à des armes non conventionnelles est beaucoup plus grave car cela handicape aussi toute future négociation, en restant dans l'imaginaire collectif israélien (mort pour cause d'attentats), palestinien (martyrs qui doivent continuer à être honorés), et international (recul des médiateurs et humanitaires lorsqu'ils deviennent la cible des attaques).

    Pas faux, mais laisser le Hamas envoyer de plus en plus de roquettes, c'est arriver tôt ou tard à une véritable guerre. Quindi sous-estime l'armement croissant de ce mouvement, tout comme les Israéliens ont sous-estimé le développement militaire du Hezbollah au Liban. Israël ne veut pas laisser un mouvement militaire aussi organisé que le Hezbollah se développer dans la bande de Gaza. C'est un objectif tactique qui peut se comprendre. Le Hamas réalise ses attaques à partir de zones civiles avec l'espoir de voir Israël répliquer et provoquer des victimes civiles, et ce, afin de dresser la population palestinienne et l'opinion internationale contre Israël.

    Je ne crois pas une seconde qu'Israël ait essayé d'en rester à des moyens policiers, de renseignement (y compris des extractions ciblées sur la base d'informateurs solides) et juridiques de gestion des tensions (du moins depuis le gouvernement Pérès, avec la fin du processus d'Oslo). Leur historique en Palestine démontre une volonté répétée d'utiliser les moyens militaires extra-juridiques dès que cela permet d'effectuer une réponse expéditive (par contre, c'est tout à leur honneur de ne pas avoir laissé dégénérer la situation en faisant appel à des para-militaires, mais cela reste une option d'aggravation de la crise). Il ne faut d'ailleurs aucun courage politique pour effectuer une incursion militaire dans le contexte politique israélien, c'est ce qui est attendu d'un leader politique (d'où la gravité de la situation où tous les partis politiques israéliens d'envergure sont disposés à utiliser la force comme premier recours); à l'inverse, savoir se retirer militairement et gérer par des moyens policiers, de renseignement civil, et juridiques, ainsi qu'une coopération bilatérale, les territoires palestiniens, demande un certain courage, devenu trop rare dans la classe politique israélienne.

    Le problème, c'est d'avoir la naïveté d'imaginer que les moyens policiers suffisent.

    Dire que cela relève du "yakafaukon" est une erreur: un Etat de droit commence par l'application des outils du droit, sans exceptions; sinon on arrive à justifier n'importe quel degré de force, sans jamais miser sur l'institutionnalisation de l'Etat de droit, surtout dans une situation asymétrique avec une spirale descendante d'utilisation d'armes de la terreur (difficile de critiquer les américains ou les russes dans leur approche si on prône la même chose en Israël - à titre personnel, il m'a fallu longtemps pour comprendre la problématique du GAL en Espagne, mais à l'arrivée, il s'agissait bien de cela, approuver l'utilisation de forces extra-légales ne fait que contribuer au conflit, surtout dans l'imaginaire populaire de l'adversaire). C'est cet élément qui crée le déphasage actuel entre Israël / Etats-Unis, et les autres démocraties, notamment européennes, latino-américaines, asiatiques et africaines, et qui rend impossible la réintégration d'Israël dans les bonne grâces de la communauté internationale à court terme.

    Dans une guerre où commence le droit et où finit-il ? Quel est le statut du conflit entre Israël et le Hamas ? Commençons par répondre à ces questions et étudier la base sur laquelle s'établit le droit dans cette circonstance. S'agit-il d'une guerre ou non ?

    Je réitère aussi que Gaza, ou la Cisjordanie ne sont pas des Etats distincts d'Israël à l'heure actuelle.

    Ah bon ? les Palestiniens seraient furieux s'ils entendaient aujourd'hui cette assertion.

    Espérer qu'ils puissent utiliser les outils régaliens d'un Etat sans en avoir les moyens est utopique et mène à l'impasse totale sur ce dossier (aucun effort n'a été réalisé pour consolider l'Etat de droit sur ces territoires).

    ça, c'est clair.

    Le sujet sécuritaire est de la responsabilité première d'Israël (ce n'est pas une manière de rejeter la responsabilité, c'est un état de fait; en face il y a des organisations politiques et / ou terroristes avec des moyens policiers et para-militaires, mais ces dernières n'ont pas la réelle responsabilité de la protection des civils, ils agissent en mouvements de libération nationale / organisations terroristes, cela ne changera pas sans négociation réelle de paix; leur part de responsabilité relève surtout de la corruption interne et du "nation-building", ce qui justifie la popularité du Hamas par rapport au Fatah, en utilisant les mêmes éléments d'aide sociale que le Hezbollah, il se substitue à l'Etat et gagne en crédibilité).

    Ce que Quindi dit est vrai. Et là, c'est la faute du Fatah, de l'Europe qui pourrait agir davantage sur ce point et bien sûr d'Israël dont les dirigeants manquent à nouveau de sens politique. Cela dit, il faut aussi comprendre que l'absence d'interlocuteur fiable et honnête pour redistribuer d'éventuelles aides complique singulièrement la tâche d'éventuels donnateurs.

    Par ailleurs, il faut savoir utiliser les possibilités de négociation lorsqu'elles se présentent. Le cessez-le-feu du Hamas a duré 4 mois et demi (cela aura bien sur servi à réarmer l'organisation et mieux se préparer pour une invasion éventuelle, usant des leçons de la dernière guerre du Liban); il était question de négociations sur un cessez-le-feu permanent, préalable de négociations, sous l'égide de l'Egypte. Jimmy Carter et Kofi Annan auront négocié directement avec le Hamas (chose historique) et son parrain syrien pour la mise en place d'une négociation de paix plus pérenne. Cela aurait pu continuer avec l'aide des diplomaties égyptiennes (dans l'embarras depuis l'explosion du mur à Gaza) et turques (comme corolaire des négociations avec la Syrie), voire jordaniennes (et par son biais et celui de la Ligue Arabe, le Liban, permettant ainsi de régionaliser le sujet en y intégrant tous les camps de réfugiés et le Hezbollah). Toutes ces possibilités ont été écartées par le gouvernement israélien et l'administration Bush, une erreur historique qui a maintenu le statu quo.

    Mais quelle naïveté : il n'y a jamais eu autant de tirs de roquettes que pendant la trêve ! A un moment donné, il faut revenir à la réalité !

    En me relisant, je m'aperçois en effet que les exigences de paix, institutionnalisation et de sécurité envers Israël sont beaucoup plus nombreuses qu'envers le Hamas, mais c'est le fait direct du droit international existant (s'appliquant avant tout aux Etats, notamment les membres de l'ONU et les signataires des Conventions de Genève) et de l'application du droit dans des démocraties comme préalable de la qualification de démocratique. Cependant, il ne faut pas se leurrer, l'arrêt des hostilités, l'acceptation d'un plan de paix, et sa mise en oeuvre seront beaucoup plus difficiles pour les palestiniens, car ils exigeront des concessions inconnues jusqu'à présent, la redéfinition de la mission même des partis politiques palestiniens (Hamas et autres guérillas), l'intégration des différentes formes d'aide publiques (Hamas, Autorité Palestinienne, nouvelles institutions issues de l'accord de paix) et l'étalement public des différents éléments d'incompétence du Fatah au pouvoir. Côté israélien, il s'agira d'apprendre, pour la première fois de leur histoire, à faire confiance aux voisins et des garanties de la communauté internationale, plutôt qu'exclusivement au Tsahal, Mossad, Shin Bet et Aman et le cabinet de sécurité... tout un programme!

    Pour le moment, toutes les trêves avec le Hamas se sont soldées par davantage de tirs, voire d'attentats. Seule la force a fait pour l'instant plier temporairement ce mouvement. Je ne l'approuve pas forcément, mais je constate ce fait. On peut comprendre (sans le justifier), dans ce cas, qu'Israël privilégie cet axe d'action avec un tel "partenaire". Il y a d'ailleurs une quadrature du cercle indépassable pour le Hamas dans cette histoire, car il a deux aspirations contradictoires : il a accepté de prendre part à une élection démocratique et d'assumer des responsabilités adminsitratives et politiques, puisque de facto, il administre Gaza. Or, ce choix est tout à fait incompatible avec la guerilla ou des activités terroristes. Le Hamas devra faire un choix tôt ou tard afin de déterminer s'il entre en politique ou non. Le Hezbollah se trouve confronté à un choix similaire : en jui dernier, il a entraîné tout le Liban dans sa guerre, et à ce que j'ai compris, nombre de Libanais étaient furieux. Or, le Hezbollah s'est institutionnalisé. Le vértiable enjeu, pour ces deux mouvement, c'est celui-là, et, très certainement, on peut suppposer que Téhéran tient entre ses mains une partie des clefs de ces enjeux...

  • Le Hamas, fossoyeur de la Palestine

    Je suis étonné de voir la complaisance avec laquelle la presse et une bonne partie de la blgosphère, y compris au sein du MoDem, traitent le Hamas. Quel bien peut-on penser d'une organisation qui envoie sciemment sa jeunesse à la mort, jeunesse considérée en la circonstance comme moins que de la chair à canon ? Plutôt de la chair à ceinture d'explosifs. J'entends certains parler de résistance à l'occupation, concernant le Hamas, et faire des comparaisons avec la résistance au nazisme. Il n'y a en réalité absolument rien de commun : jamais les Résistances au nazisme en Europe n'ont utilisé des membres de leurs réseaux pour des attentats suicide, et encore moins pour viser des civils où que ce soit.

    Ensuite, il faut rappeler que le Hamas souhaite l'élimination pure et simple de l'État d'Israël. Enfin, parlant de trêve, cette mouvance n'en fait pas moins partir quotidiennement des roquettes vers les villes israéliennes, et jamais avec l'intention de toucher spécifiquement des objectifs militaires.

    On ne peut éviter de traiter avec le Hamas, et je crois qu'il ne faut jamais fermer la porte du dialogue et de la négociation. Nénamoins, quand on traite avec un scorpion, on doit bien avoir présent à l'esprit que c'est d'un scorpion qu'il s'agit. On sait très bien que le Hamas utilise les trêves pour réarmer et envoyer à nouveau des roquettes au bout de quelques mois. On peut comprendre que cela finisse par énerver quelque peu l'état-major israélien...

    Je renvoie à une très bonne chronologie établie par Démocratie Sans Frontières et j'invite seulement les donneurs de leçons à méditer l'intervention de Gabriela Shalev, représentante d'Israël à l'ONU : «Pas un Etat au monde ne pourrait supporter des tirs de missiles contre ses citoyens sans réagir. Aussi Israël s’attend au soutien et à la compréhension de la communauté internationale.».

    Au passage, j'invite aussi les mêmes donneurs de leçons à consulter la note de Rubin Sfadj intitulée "Que les Israéliens les tuent" : je suis étonné de ne jamais lire de condamnations de leur part quand il s'agit des crimes commis par le Hamas contre sa propre population...

  • Jérusalem : bravo Sarko !

    C'est suffisamment rare que j'aie l'occasion de féliciter Nicolas Sarkozy sur ce blog pour que je ne saisisse pas l'occasion qui existe aujourd'hui. Je salue sa position responsable sur la question de Jérusalem et l'attitude à adopter vis-à-vis du Hamas et de Gaza.

    J'ai trouvé ses propos diplomatiques et modérés. Je pense qu'ils ont d'autant plus de poids qu'Israël considère Nicolas Sarkozy comme un ami. Si la France s'était bien comportée envers Israël depuis ans, c'est le genre de conseils que nous aurions pu donner depuis longtemps sans être soupçonnés. Mais comme nous faisons depuis longtemps deux poids deux mesures envers l'état hébreu, nous avons perdu toute crédibilité depuis longtemps.

    Sur ce coup-là, Nicolas Sarkozy redonne une crédibilité à la France, et je lui en suis reconnaissant, parce que c'est un sujet que je souhaite voir avancer positivement tant je suis convaincu que c'est l'un des princpaux sacs de noeuds de l'Etat du Monde aujourd'hui.

    Par ailleurs, des dirigeants israéliens sont, je le crois, prêts à cette concession, mais, les Palestiniens doivent complètement renoncer à toute forme de terrorisme (Hamas) et se battre sur le terrain  du droit et des instances internationales. Et le Hamas doit se résoudre à reconnaître Israël s'il veut revenir dans le jeu politique. De toutes façons, a-t-il encore le choix ? L'Arabie Saoudite a complètement cessé de la financer, et il va devoir faire face à d'importantes difficultés matérielles et financières bientôt. 

  • Israël, Palestine, Hezbollah et Liban

    Coup de chapeau à la diplomatie égyptienne...du moins, si ce qu'elle a obtenu tient ! Sous son égide, les divers mouvements palestiniens accepteraient d'observer une trêve avec Israël.

    J'avoue que dans ce conflit, j'ai la sensation d'être dans une intoxication permanente en termes d'information sur la réalité du terrain. Au fond, j'ai souvent l'impression que c'est de la presse israélienne elle-même que vient l'information la plus fiable.

    Je n'ai pas confiance dans la presse française, souvent partiale, et je ne parle même pas des pays où ne règne pas la liberté de la presse (suivez mon regard).

    J'entends souvent pas mal d'individus plaider pour le droit des Palestiniens. En réalité, la Palestine n'a jamais existé en tant qu'état, et elle n'est donc pas plus légitime que l'Etat d'Israël.

    Il y avait jusqu'à la création de l'état d'Israël un autre état aujourd'hui disparu : la Transjordanie. Tout retour en arrière serait évidemment désastreux et créerait un très dangereux précédent pour d'autres zones géographiques du monde.

    Ce qui me frappe, dans la presse française au moins, c'est que j'entends toujours parler des incursions israéliennes en territoire palestinien, mais très peu des attentats des factions palestiniennes les plus radicales, sauf quand ils font un nombre de morts "suffisant" pour être  "relevé" dans la presse internationale.

    Mon intention n'est pas de dédouaner Israël de ses manquements et de ses fautes, mais je m'exaspère du traitement de l'information autour de cet état en France (et dans d'autres pays européens, au demeurant). 

    Je n'évoque évidemment pas même les blogs alternatifs qui prétendent favoriser de la contre-information. La plupart du temps, ce sont des idéologies d'un autre temps, ou encore profondément malsaines, qui se masquent sous des propos qui prétendent à la vérité... 

    Un dernier mot sur le rôle de la FINUL : je pense qu'il est très difficile de s'interposer efficacement entre le Hezbollah et Israël au Liban. Mais dans les faits, le rôle de la FINUL permet souvent au Hezbollah de reconstituer ses forces militaires. Cette attitude ne serait pas illégitime si elle ne conduisait pas ce mouvement à attaquer régulièrement Israël depuis le territoire du Liban, et à conduire, de ce fait, le Liban à la guerre, malgré lui. Or, souvent la FINUL cache la vérité de ses frictions avec le Hezbollah. 

    La vérité, c'est que la FINUL n'ose entrer en conflit avec le Hezbollah : elle sait très bien que ce conflit se solderait par un bain de sang que les pays occidentaux ne sont pas près à payer (et on les comprend) et par un retournement d'une partie de l'opinion libanaise contre la FINUL.

    En fait, il faudra bien admettre tôt ou tard que la FINUL est un ridicule tigre de papier qui ne dispose d'aucun moyen d'action faute d'une volonté politique claire, et qu'elle n'apporte que de la confusion là où elle est. Mieux vaudrait laisser Israël négocier directement avec le Hezbollah, et surtout, aider le gouvernement libanais légitime à avoir les moyens de faire face aux milices du Hezbollah.

     J'ajoute qu'il ne faut pas espérer vaincre miltairement le Hezbollah, ni même lui faire peur. Le Hezbollah tient sa force non des armes, mais des réseaux d'entraide et de solidarité qu'il a mis en place au Liban.

    C'est donc sur ce terrain qu'il faut lutter, en mettant en place des réseaux parallèles, avec l'aide de l'armée libanaise régulière. Au lieu de dépenser bêtement nos contributions financières en munitions et canons inutiles, nous ferions mieux de financer des réseaux de dispensaires et des aides à la reconstruction des maisons, avec nos couleurs (celles de l'Europe) afin que l'origine des fonds soit claire, et en coopération avec les structures libanaises existantes. Voilà qui couperait l'herbe sous les pieds au Hezbollah. La remarque vaut aussi pour le Hamas qui fonctionne plus ou moins de la même manière.