Il paraît que ce clip (groupe Justice) fait fureur sur la Toile. En tout cas, c'est ce qu'affirme Arrêt sur Images : 600 000 personnes auraient visionné ce clip. Personnellement, musicalement, j'aime beaucoup. En revanche, même si le clip, avec très peu de moyens, est très remarquablement réalisé, je juge qu'il véhicule des lieux communs faciles. En même temps, il faut regarder le clip jusqu'à la dernière seconde. Ecoutez-bien la dernière phrase, elle vaut son pesant d'or. Le problème, c'est que l'on a du mal à bien l'entendre. Je la transcrirai sur demande dans les commentaires si c'est nécessaire.
Ce que je trouve intéressant, en même temps, dans ce clip, c'est que l'on n'y croit pas. Les tenues ont valeur de blason, tous les gestes de violence sont filmés dans une certaine forme de ralenti, en tout cas, aucun coup n'est porté avec une rage véritable. Et puis le cumul de toutes les violences que l'on prête à la banlieue est trop gros.
D'une certaine manière, Romain Gavras, le réalisateur, fait une sorte de remix d'images vues sur les chaînes télévisées, publiques ou privées, ces dernières années, ou encore des faits divers relevés par la presse, dans les banlieues les plus agitées.
Mais, in fine, pour moi, cela alimente une représentation commune : "la rage", qu'un certain nombre de jeunes de banlieue, par commodité, aiment à adopter.
Il y aura deux lectures de cette vidéo :
- celle des bobos parisiens et des intellectuels de la banlieue qui vont disserter sur le caractère violent ou artistitque du clip, qu'il le soit ou non.
- celle de jeunes plus frustres, qui eux vont "kiffer" et s'identifier aux scènes filmées. Cela signifie qu'ils vont être confortés dans leur révolte. Le problème, c'est qu'il y a tout un discours ambiant, notamment dans la presse et les milieux de gauche, mais pas seulement, qui tend à accréditer que toute forme de révolte est légitime et à y associer les phénomènes de violence.
Il y a donc une forme d'hypocrisie certaine à offrir à un public qui ne dispose pas de grilles de lecture des images qui vont résonner en s'appuyant sur leurs pulsions. L'auteur du clip ne peut pas ignorer cet aspect de son clip, tout du moins, pas sans une certaine dose de mauvaise foi...