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emprunt - Page 2

  • Et si l'Europe explosait en vol à cause des emprunts des États ?

    J'ai déjà eu l'occasion de le dire sur ce blog, je suis quelque peu inquiet face à la quantité de capitaux que les États escomptent lever, les uns pour relancer l'investissement ou sauver leurs industries, les autres pour accroître le pouvoir d'achat et donc redresser la demande. Parce qu'il y a tout de même une question qui me taraude : qui va prêter ?

    Et je vois de là des scénarios inquiétants qui se profilent à l'horizon. L'euro et l'Europe nous ont longtemps protégé, évitant sans doute à certains États de l'Union une déroute à l'islandaise. Sauf que la réalité, en Europe, c'est que certains paient et d'autres reçoivent. On peut même dire que l'Allemagne paie beaucoup, de même que la Hollande, par exemple, tandis que la Grèce ou l'Italie reçoivent des subsides en nombre. Or, nul n'ignore que les pays du sud de l'Europe ont des comptes publics gravement dégradés, au point de voir leur notation abaissée par les principales agences sur les marchés financiers.

    Que se passera-t-il si ces états ne trouvent pas prêteurs sur les marchés ? Ils compteront sur la solidarité européenne, bien sûr, mais, devant l'afflux de demandes, qui dit que les pays les plus riches de l'Europe accepteront de continuer à payer pour les cancres dont tous les indicateurs sont au rouge ?

    Si tel devait être le cas, et que plusieurs pays, lassés, décident de reprendre leur liberté, ce serait la fin de la monnaie unique et par là, un recul pour sans doute de longues décennies de l'Union Européenne, voire, pire, la constitution de deux blocs européens, l'un riche, l'autre à l'économie décadente.

    Scénario fiction ? Pas si sûr. Les tentations sécessionistes existent au sein de plusieurs nations : Flandre et Wallonie, Ligue du Nord contre régions du sud en Italie, et même Wessies contre Ossies en Allemagne, ou encore Catalogne en Espagne. Bref, qui sait si ces tensions régionales ne pourraient pas se transposer en ligne de front nord-ouest/sud-est ?

  • Les finances des États au bord du gouffre ?

    Je prie pour que le scénario catastrophe ne se produise pas, et je songe en mon for intérieur que jamais encore l'avertissement de François Bayrou sur notre dette n'avait pris tant de force qu'aujourd'hui. Bien sûr, Pébereau ou Christian Blanc avaient fait ce même constat dès 2005, mais seul Bayrou a osé en faire un thème de campagne, et quel thème !

    Je me demandais hier si la France allait trouver des prêteurs pour son plan de relance, constatant les difficultés des pays voisins. Or, je viens de lire dans Le Monde d'aujourd'hui que les USA ont peiné à trouver des acheteurs pour 28 milliards de dette à échéance de trois années. Jusqu'à il y a peu, les dettes des États étaient jugées par les marchés comme les investissements les plus sûrs. Mais ils commencent peut-être à les bouder. Or, si les acheteurs font la fine bouche devant les émissions américaines ou allemandes, que croyez-vous qu'ils vont faire avec les émissions françaises ? Accessoirement, s'il y a aujourd'hui une crise de liquidités, en croyant bien faire, les États pourraient assécher littéralement le marché des crédits, et faire grimper les taux sérieusement. Pour trouver preneurs les États vont devoir hausser leurs taux d'intérêt. Ce qui veut dire, pour la France, que nous allons payer encore plus cher et notre plan de relance, et nos déficits ordinaires. En fait, cela signifie tout simplement que nous ne pouvons plus nous permettre de déficits ordinaires.

    Je n'ose même pas imaginer ce qu'il va se produire dans un état comme la Grèce. Le laxisme budgétaire (mais pas seulement, on peut lire à cet effet l'excellent entretien du Figaro avec Takis Théodoropoulos) y a été tel que ce ne sera plus une explosion sociale, mais un basculement de grande ampleur que l'on peut craindre là-bas.

    Le mélange explosif du crédit facile et de l'endettement des États risque de mettre le feu pas seulement au système financier international mais à l'économie mondiale. Et personne ne devrait s'en réjouir ou le souhaiter : ils seront les premiers à payer cash une telle explosion.

  • Relance : la France va-t-elle trouver des prêteurs ?

    Je reviens du blog Objectif liberté avec une grande inquiétude. A vrai dire, je me pose la même question que l'auteur du blog : tous ces plans de relance sont bien gentils, mais comment les gouvernements européens, dont la France à la situation financière dégradée vont-ils trouver de l'argent sur des marchés rendus très méfiants par la crise du crédit ? Or, j'apprends par Objectif Liberté que l'Allemagne, pays pourtant de bonne réputation, a eu toutes les peines du monde à lever un emprunt de 7 milliards d'euros ! Or d'après Objectif Liberté, les Allemands ne sont pas seuls à éprouver des difficultés. Les Hollandais aussi ! Et comme l'Amérique va également lancer son plan de relance, elle va à tous les coups chercher des capitaux. Je crains un encombrement fatal, et un service de la dette qui explosera littéralement, contraignant la France à des réductions budgétaires sans précédent.

    Tout ceci va mal finir. Les différents gouvernements s'obstient à creuser les déficits depuis deux décennies. Seul Bayrou lors des présidentielles avait fait de la dette un objectif majeur. Nicolas Sarkozy s'est contenté d'en récupérer la thématique pour finalement continuer à creuser les déficits. Nous n'avons actuellement ni les moyens de faire des dépenses nouvelles ni ceux de consentir des crédits d'impôts supplémentaires. En réalité, comme le prône Jean Peyrelevade dans son livre Nicolas Sarkozy, l'erreur historique, pour retrouver des marges, il faudrait à la fois alourdir la fiscalité et réduire les dépenses. Comme je le disais hier, nous avons raté une occasion historique avec le pétrole.

    On est mal...La France va finir comme l'Argentine il y a une dizaine d'années. Personne ne veut y croire parce que la France se prend pour un grand pays et se voit indéfiniment solvable, mais le marché des capitaux, faute de liquidités, pourrait bien finir par considérer les choses d'un tout autre oeil...

  • Trop fort : pour payer Tapie, l'Etat va emprunter...au Crédit Lyonnais !

    Incroyable : là, je me demande où on vit. Lisez donc, lecteurs, cet extrait du compte-rendu de la réunion de la commission des finances de l'Assemblée datant du 03 septembre 2008.

    J'avais déjà cité cette note où Charles de Courson dresse un historique de l'affaire Tapie. Mais là, ce qui est fort du collier, c'est qu'il révèle que l'Etat qui n'a plus d'argent, s'apprête à emprunter au Crédit Lyonnais pour payer Tapie. Je n'y crois pas. Si ce n'était pas tragique, ce serait comique. Il s'y est évidemment opposé, mais en vain. Quant à Bayrou, qui écoutait attentivement l'exposé de Charles de Courson, il était scié sur place...

    M. Charles de Courson : S’agissant des créances privées, l’ensemble des procédures n’est pas achevé. Il n’est donc pas exclu que, au-delà des 10 millions existants, d’autres créanciers privés se manifestent. Je n’en dirai pas plus, pour ne pas nuire aux intérêts de l’État.

    L’État a créé par la loi un établissement public, l’EPFR. Il est propriétaire de 100 % des actions du CDR qui est une société privée. L’État a tous les pouvoirs, mais « les décisions du conseil d’administration de l’EPFR soumises à l’approbation préalable du ministre chargé de l’économie en vertu de l’article 6 de la loi du 28 novembre 1995 susvisée sont : […] celles relatives aux transactions… ». En tout état de cause, la décision du conseil ne pouvait être mise en œuvre par le CDR qu’avec l’accord du ministre. Quelle forme cette autorisation a-t-elle prise ? Chaque fois – lors de la médiation, de l’arbitrage et de la discussion sur le recours en annulation de la sentence arbitrale – j’ai demandé aux trois représentants de l’État s’ils avaient des instructions ministérielles et, si oui, si elles étaient écrites. Ils m’ont répondu : « oui », y compris sur le recours en annulation. Au moment de prendre des décisions très importantes, certains, d’après ce qu’ils m’ont expliqué, ont fait jouer la clause de conscience. Ils ont fait une note au ministre pour lui faire part de ce qu’ils pensaient être conforme à l’intérêt public, mais en lui indiquant qu’ils attendaient ses instructions. Et ils ont appliqué les instructions ministérielles en bons et fidèles serviteurs de l’État. C’est ce qu’ils m’ont dit, il faut leur demander directement, mais ces échanges figurent dans les procès-verbaux que j’ai et qui sont classifiés pour des raisons évidentes. Cela étant, j’ai toujours dit au conseil d’administration que je n’étais pas engagé par la clause de confidentialité puisque je représente le peuple français et que je suis donc responsable devant la seule Assemblée nationale.

    Quand on a discuté de la convention d’arbitrage, sachez que je ne l’ai jamais vue. On nous a dit ce qu’il y avait dedans. Je n’en ai pris connaissance qu’hier, par l’intermédiaire d’une photocopie dont les annexes sont difficilement lisibles. La sentence arbitrale ne nous a pas été communiquée, toujours au nom de la confidentialité. J’ai appelé M. Rocchi, le président du CDR, pour lui en demander copie et – c’est tout de même extraordinaire –il m’a répondu que, pour cette raison précisément, il ne pouvait pas me la donner et que l’État se mettrait en mauvaise position s’il me la transmettait. Il a ajouté dans un sourire qu’elle était depuis deux heures sur le site de L’Express. C’est là que je l’ai lue.

    On m’a aussi questionné sur la façon dont l’EPFR allait payer les quelque 300 millions d’euros puisque la décision est exécutoire. Lors du dernier conseil d’administration de l’EPFR, on nous a demandé si nous étions d’accord pour tirer sur une vieille ligne auprès du Crédit Lyonnais – qui date de 1995 et qui n’a jamais été utilisée –, à un taux très bas, avec un plafond de 300 millions puisque le détail de la somme n’est pas encore connu. J’ai répondu : « Ah, non, ça, jamais ! ». J’ai toujours dit à la commission des Finances – et nous sommes nombreux dans ce cas – qu’il fallait mettre le holà à l’endettement des faux nez de l’État. J’ai donc demandé au président de l’EPFR d’écrire au ministre pour demander une dotation exceptionnelle sur une ligne « frais de justice ». On ne va pas s’endetter pour payer Tapie !

    M. François Bayrou : Finalement, quelle a été la décision prise ?

    M. Charles de Courson : Eh bien, on a décidé de s’endetter ! J’ai été mis en minorité, comme l’explique une note de bas de page du rapport.

    Mais dans quel pays on vit...

    Ah un détail : Bayrou a finement observé que la somme donnée à Tapie correspond à l'ensemble des économies réalisées en supprimant 13 000 postes à l'Education Nationale. Cela laisse rêveur, non ?...