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  • Le financement du déficit budgétaire...

    Que dire ? Comment ne pas dénoncer l'irresponsabilité d'un gouvernement et d'un président qui ont vidé encore davantage les caisses de l'état alors qu'elles étaient déjà vides ?
    64.2% en 2006, cela veut dire bien pire en 2007 compte-tenu de ce que coûte le paquet fiscal qu'il faudra financer tous les ans, je le rappelle.

    Pour ma part, je suis consterné et exaspéré.
    J'ai vu que certains projets étaient à l'étude :
    - allocations familiales en fonction du revenu
    - TVA sociale
    - nouvelles franchises sur les médicaments
    - suppressions au moins partielles des crédits d'impôts sur les emplois à domicile.

    Je ne parle pas des réductions d'effectifs dans la fonction publique, à commencer par la carte judiciaire qui va souffrir alors que la Justice est déjà submergée !

    Je trouve inadmissible que ces mesures envisagées servent à financer entre autres le paquet fiscal.   
    Après avoir été plutôt neutre dans les débuts, je commence à faire partie des Français vraiment en colère. Nous n'échapperons pas à la rigueur, rigueur que le gouvernement devra accentuer en raison de ses positionnements purement idéologiques et de promesses tout à fait insensées.

  • Dette : mise en garde de François Bayrou

    Intervention de François Bayrou 

     

    M. François Bayrou  S’il existe, en matière sociale, un droit d’alerte, je crois qu’en matière politique, il y a un devoir d’alerte.

    M. Bouvard disait à l’instant que la raison pour laquelle les députés de son groupe étaient satisfaits des propositions faites ici, c’est qu’elles se placent dans le droit fil de ce qu’avait annoncé le Président de la République durant la campagne. Or, précisément, le choix le plus fondamental ne figurait pas dans les engagements de M. Sarkozy. Dès que vous avez été nommé, Monsieur le ministre, vous avez annoncé une pause dans la lutte contre le déficit, ce qui entraîne le report à 2012, au lieu de 2010, du retour à l’équilibre budgétaire promis à nos partenaires.

    M. François de Rugy – Eh oui !

    M. François Bayrou – Cette décision n’avait pas été annoncée ; c’est même le contraire qui l’avait été. Les Français avaient retenu des débats électoraux que le déficit et la dette feraient l’objet de la plus grande vigilance ; les principaux candidats avaient tous professé une politique sérieuse et volontariste de réduction des déficits.

    Chacun se rend compte que cette dette est une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des Français, menacés par une explosion des prélèvements et la remise en cause de la compétitivité économique nationale et du niveau de vie de chacun. En outre, les experts savent bien qu’une circonstance aggravante est à l’oeuvre : après avoir connu pendant des années des taux d’intérêt très bas, nous entrons, inéluctablement, dans une période de taux élevés, qui alourdira le service des intérêts de la dette.

    Or, le sujet est d’autant plus brûlant que, derrière la dette financière, se profile une autre dette, moins apparente mais tout aussi inéluctable, si ce n’est plus : l’augmentation du nombre des personnes âgées. L’arrivée prochaine des générations du baby boom à l’âge de la retraite menace de déséquilibrer très profondément la société française. M. Sarkozy a affirmé, entre les deux tours de l’élection, que les retraites étaient financées jusqu’en 2020 ; or, chacun sait qu’il n’en est rien !

    Regardons les chiffres. Le rapporteur général insiste, dans son rapport, sur les marges de manœuvre, les « surplus durables », comme il les appelle, qui représenteraient 10 à 12 milliards.

    M. le Rapporteur général – Pour 2 % de croissance !

    M. François Bayrou – Soit. Le déficit actuel est d’environ 40 milliards. Le rythme de réduction des déficits pour respecter l’horizon de retour à l’équilibre serait de 15 milliards de réduction par an pour l’horizon 2010, de 10 milliards pour l’horizon 2012. Or, un institut de conjoncture a indiqué ce matin que le paquet fiscal représentait une dépense de 14 milliards en 2008, et de 17 milliards en année pleine. Et ce n’est pas tout. Le Président de la République a annoncé une augmentation de 50 % du budget de l’enseignement supérieur et de la recherche : sachant que celui-ci s’élève à 21 milliards, je vous laisse faire le calcul. M. Fillon, dans son discours de politique générale, a annoncé en outre un vaste plan de désenclavement des cités, notamment en matière de transport : vous voyez les investissements que cela représente. Il ne faut pas oublier non plus l’engagement, autant financier que moral, concernant l’état des prisons, une exigence véritablement humanitaire.

    M. Gérard Charasse Très bien.

    M. François Bayrou – Au total, ces engagements représentent plus de vingt milliards. Comment va-t-on les financer ? La réponse habituelle, que M. Bouvard vient de nous répéter, consiste à dire que la réforme de l’État, et tout particulièrement la diminution du nombre de fonctionnaires, dégagerait les ressources nécessaires.

    Alors, faisons un peu d’arithmétique. Quelque 35 000 départs en retraite non remplacés représentent environ 500 millions d’économies. Mais comme le Gouvernement s’est engagé à rendre aux fonctionnaires la moitié des économies réalisées par ce moyen, il reste 250 millions : Le non-remplacement des départs à la retraite ne couvrira donc même pas 2 % des besoins de financement.

    Ce choix n’a pas été annoncé. Il est contraire à vos engagements. Il soumet des pans entiers de notre action publique à une tension intolérable. Vous pourriez tout juste vous permettre de prendre un tel risque si le paquet fiscal allait dans le bon sens, mais les économistes le savent : il ne permettra pas de relancer la croissance, au point que l’inquiétude s’est installée jusque dans votre majorité. En somme, ce choix met en péril l’équilibre financier et économique de notre pays (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche).

  • Dette, toujours plus...

    L'INSEE a publié récemment  les chiffres de la dette publique : 1142 milliards d'euros au 31 décembre 2006 une année auparavant,  elle était de 1137 milliards) . La dette de l'Etat s'est réduite  passant de 886 à 883 milliards (soit une évolution de 66,2 % à 63,7 % du PIB)  mais dans le même temps les dépenses de l'Etat ont continué d'augmenter (3.6%) : certes, cette hausse a été absorbée par celle plus importante des recettes fiscales (+5.1%) ,  mais, quand bien même la dette aurait diminué légèrement, c'est la cause qu'il faut faire cesser, et pas l'effet.

    Or, pour l'instant, l'état dépense et dépense, et ce ne sont pas les récentes promesses de Nicolas Sarkozy qui risquent d'arranger les choses.

    De plus  c'est la cession d'actifs (et lesquels ! si on compte  là-dedans les autoroutes, quelle erreur pour le gouvernement précédent !) et un jeu sur les réserves de la trésorerie ( que l'on a fait diminuer afin de réduire artificiellement le déficit: si elles tombent à 0 ou presque, finies les manipulations...) qui ont surtout fait baisser le montant de la dette. De plus, l'état au lieu de réduire ses frais de fonctionnement a réduit ses investissements.

    Bref le bilan financier de l'année écoulée n'est vraiment pas fameux.

    Le prochain s'annonce déjà sous de mauvais auspices, les cadeaux fiscaux décidés ayant un certain coût...

    Nicolas Sarkozy table sur le fait que les cadeaux fiscaux vont avoir un impact sur l'investissement, or, ne risquent-ils pas de se reporter plutôt sur la demande de biens de consommation, domaine dans lequel la France est traditionnellement faible ? Et dans ces conditions, outre le manque de recettes fiscales, ne risquons-nous pas d'accroître le déficit (un de plus) de notre balance commerciale ?
    Enfin, est-ce que les recettes éventuelles issues de la TVA dégagées par ces cadeaux fiscaux, via la consommation, compenseront les pertes fiscales de l'imposition indirecte ? J'en doute.

    Ces cadeaux fiscaux m'évoquent un souvenir assez désagréable : la relance par la demande de Mauroy en 1981. C'est simplement la manière de la droite dite "libérale" de pratiquer une politique keynésienne.

    Autant dire que nous ne sommes pas sortis de l'ornière à ce rythme... 

    Nous ne sommes ici pas les seuls à nous en inquiéter, puisque Versac a publié une note de même teneur sur son blog ( Politique à l'envers ?) 

  • Du vrai et du faux...

    Est-ce la relecture récente de d’un échange entre l’Etranger d’Elée et le jeune Thééthète qui m’a inspiré ? Toujours est-il qu’à observer quotidiennement la campagne présidentielle, et son flots de mensonges et d’omissions, sa propension à donner au faux l’apparence du vrai et au vrai l’apparence du faux, j’ai fini par prendre la plume et me suis mis à écrire ces quelques réflexions.

    L’Etranger
    - Mais maintenant que nous avons mis en lumière l’existence et du discours faux et de l’opinion fausse, il est possible qu’il y ait des imitations des êtres et que, de la disposition à les produire, il naisse un art de tromperie. »
    Thééthète
    - C’est possible.
    L’étranger
    - En outre, nous sommes précédemment tombés d’accord que le sophiste rentrait dans l’une des formes susdites.
    Thééthète
    - Oui.

    Le Sophiste, 48 de Platon

    Sondage et vacuité des forces médiatiques

    Il y a une tendance innée des forces médiatiques tout à fait regrettable à se polariser sur l’accessoire au lieu de viser l’essentiel. Entend-on parler de la dette ? des retraites ? de la culture de l’Europe ou même du chômage et son corolaire le pouvoir d’achat ? Non, ou alors entre deux lignes. Il est bien plus intéressant et vendeur de gloser sur l’immigration ou la sécurité, ou encore de pratiquer l’exégèse (quand ce n’est pas le dithyrambe !!!) sur les petites phrases des deux principaux candidats.

    Depuis deux semaines, la grande affaire des journaux , télévisés ou non, c’est le tassement de François Bayrou dans les sondages (encore qu’aux dires du Canard Enchaîné, les résultats bruts ne confirment pas exactement ce tassement) . Adore ce que tu as brûlé et brûle ce que tu as adoré, déclara Rémi à Clovis...

    L’impression demeure que la puissance médiatique n’a accompagné l’ascension de François Bayrou dans les sondages que contrainte et forcée. Au premier signe de fléchissement, la voilà unie pour hurler haro sur le baudet. Et tout ce que compte la France de journalistes et d’intellectuels de prédire l’Apocalypse pour François Bayrou. On espère secrètement Armageddon, brûlant de voir la chute de celui qui a eu l’audace de défier la toute-puissance des bien-pensants. Les titres moroses peinent à masquer la jubilation de leurs auteurs. Ouf, voilà la sphère politique sauvée ! Tout ce petit monde va pouvoir se retrouver entre gens qui se connaissent. Halte au gueux qui avait cru pouvoir s’inviter à la table de l’aristocratie politico-médiatique ! On respire au PS et à l’UMP, et dans les rédactions, on souffle d’aise...Pire, on se reprend à espérer, d’un côté comme de l’autre la catastrophe : le scenario idéal d’un affrontement contre le représentant de l’extrême : la victoire assurée pour l’un et pour l’autre...On persiffle d’autant plus férocement que l’on a cru sa dernière heure venue...Oui, vraiment, à la table des grands, « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir » ( Les Animaux malades de la peste, VII,1 Jean de la Fontaine).

    Ne vous laissez pas faire, François Bayrou, entrez en résistance, et moi aussi, j’entrerai en résistance. Votre projet ne brille pas de mille feux, mais c’est parce qu’il a une substance et s’inscrit dans l’univers du possible et non de l’imaginaire quand ce n’est pas celui du mensonge. Battez-vous sur votre terrain, celui des mesures concrètes et laissez les bons mots aux autres. Il existe deux camps, tout le monde le sait, désormais ; vous l’avez dit et redit. Vos adversaires ne veulent pas comme les Sabins et les Romains d’autrefois accepter de déposer les armes pour régler leurs conflits. Prenez en acte à votre tour, et foin de discours supplémentaires sur la question, passez à autre chose et présentez votre programme désormais : vous gagnerez bien plus à cet exercice-là car les Français ne sont pas sots.

    Dette

    Un mot sur le fonctionnement de la dette. C’est notoire, désormais, l’état français est fortement endetté, jusqu’à 2 000 milliards d’euros écrivent même certains spécialistes. Or, bien loin de financer par les déficits des dépenses d’investissement, l’état français se contente de régler ses frais de fonctionnement en empruntant sur les marchés financiers. Pour comparer avec la situation d’un particulier, si l’on peut comprendre qu’en dépit de crédits à la consommation il s’engage dans un crédit immobilier, on comprendrait moins bien qu’il fasse un crédit pour acquérir la dernière X-box alors que son compte en banque est dans le rouge dès le 5 du mois et que ses enfants n’ont pas de crayons pour travailler à l’école.

    L’état français adopte un comportement comparable. Il lève des fonds sur les marchés internationaux avec lesquels il finance ses dépenses courantes et les promesses de ses responsables politiques. Dans la Rome Antique, on appelait clientes (qui a donné client en français) le défilé d’individus qui venaient demander l’obole au paterfamilias le chef suprême d’une gens (sorte de très grande famille aux ramifications très étendues). Celui-ci donnait alors la sportule (une sorte de petit panier repas) créant ainsi tout un réseau d’individus dépendants, assistés, et incapables, par la suite, de faire quoi que ce soit de leurs mains.

    Dans le même temps, une population misérable et sans ressource croupissait dans le quartier le plus infâme de la cité, le Suburre.

    On sait ce qu’il advint : sous le poids des intérêts particuliers discordants et de la soif de pouvoir effrénée, la République romaine finissante agonisa jusqu’à ce que survînt un « homme providentiel », un certain Jules César : celui-ci cumula progressivement tous les pouvoirs jusqu’à vider complètement la République de sa substance. Celle-ci ne résista pas à ce dernier coup de grâce et s’effondra.

    Toute ressemblance entre ces évènement et notre actualité ne serait bien sûr que pure coïncidence...

    Cela dit, lever des fonds sur les marchés internationaux, cela marche tant que l’on inspire confiance. En effet, des instituts décernent une note de solvabilité à chaque état. Tant que l’on est heureusement noté, tout va bien, l’argent coule à flot, les états et les organismes financiers prêtent volontiers et à des taux attractifs. Les choses commencent à se gâter quand la défiance s’installe. Les taux montent, les prêteurs se sont plus rares et plus exigeants. Pour la même somme empruntée, la somme remboursée chaque année s’accroît alors, comprimant encore davantage les ressources disponibles de l’état emprunteur, sauf à recourir encore davantage au crédit.

    Les notes que donnent les organismes ne sont pas produites par l’effet d’heureux ou malheureux hasards. La santé des économies, l’état des balances commerciales, le niveau du déficit rapporté au PIB, l’étendue du déficit budgétaire, la solidité du tissu industriel et du réseau bancaire, et cetera, tout cela contribue à accroître ou au contraire faire baisser la note.

    Vient un jour où à force de s’être dégradée, la note n’inspire plus confiance à personne. L’état emprunteur ne disposant plus de fond, c’est alors la cessation de paiement. Une situation très douleureuse qu’a vécue l’Argentine il y a quelques années. Il ne reste plus alors qu’une institution qui accepte, mais sous conditions, de financer les premiers besoins de l’état emprunteur : le FMI. Il exige alors l’absorption de potions particulièrement amères, sans que les états puissent protester. Les citoyens des états soumis à ce sévère régime en conservent un souvenir cuisant.

    Bref, il est évident que s’il est possible d’envisager plusieurs politiques budgétaires en France aujourd’hui, elles devraient avoir en commun de s’inscrire au sein de la contrainte budgétaire.

    Or ce dernier point n’a pas l’heur de heurter Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Par l’opération d’une puissante magie shamanique dont il suffirait d’incanter le nom pour en obtenir les effets, appelée Croissance, l’un et l’autre parient sur ce qu’ils n’ont pas. Nicolas Sarkozy pour faire de nouveaux cadeaux fiscaux, Ségolène Royal pour prévoir de nouvelles dépenses de l’état. Bien sûr, en paterfamilias qui se respectent (ou matronafamilias, osons le néologisme antique latin) ils ont l’un et l’autre leurs clientes. Mais la dite croissance, cela fait un moment qu’elle est attendue, en France et qu’elle a l’air assez peu pressée de se manifester...Moyennant quoi Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal parient sur ce qu’ils n’ont pas et n’ont que fort peu de chances d’avoir. Donc, en somme, soit ce sont des inconscients, soit c’est à dessein qu’ils omettent d’inclure ce calcul essentiel dans le financement de leurs projets...Il y a un nom pour qualifier une telle attitude : on appelle cela de la démagogie.

    Alors, je m’étonne, et je m’adresse à vous François Bayrou, pour qui j’ai de la sympathie : bon sang, vous le savez, vous, et depuis longtemps, vous l’avez même dit avec votre ami Charles de Courson. Pourquoi donc vous laissez-vous entraîner sur le terrain des petites phrases alors que notre pays court désormais un risque majeur ? pourquoi ne dénoncez-vous pas l’inconsistance des projets de vos concurrents, et pourquoi ne faites-vous pas de ces problèmes le fond de vos débats avec eux, puisque vous avez su en faire le fond de votre projet ?

    Est-ce que je dois me préparer, au soir du 22 avril à entrer en résistance ? Est-ce que cette issue est fatale, inéluctable ? Etait-ce écrit ? Les collusions médiatico-politiques peuvent-elles avoir raison de vous ?

    Retraites

    Il y a une autre bombe dont l’explosion pend au-dessus de nos têtes comme une épée de Damoclès : la démographie. Et encore, la France qui parvient presque à renouveler ses générations n’est-elle pas la plus mal lotie. Et cette bombe, vous l’avez comprise, François Bayrou, puisque vous avez fait des retraites l’une de vos grandes inquiétudes pour l’avenir. Or, il n’y pas de mystère : même avec la projection la plus optimiste, c’est à dire 1.4 actif pour 1 retraité, la pression sera terrible : pression sur le temps de travail, pression sur l’âge de la retraite, pression sur la durée des cotisations, pression sur le montant des cotisations. Pour échapper à ce sort funeste, il faut espérer de très fortes croissances afin de générer les surplus fiscaux qui devront être affectés aux caisses de retraites.

    Vous avez imaginé un système de répartition par points afin de garantir à chacun la possibilité de partir plus tôt ou plus tard. Pourquoi ne pas dire que le programme de Ségolène Royal ne prévoit rien et que celui de Nicolas Sarkozy envisage la suppression pure et simple de tous les régimes spéciaux sans plus se poser de questions ? Nicolas Sarkozy qui est tout prêt à consentir des réductions d’impôt sans précédent aux plus gros actionnaires se garde bien de prévoir quelque mesure que ce soit pour les petites retraites, contrairement à vous qui envisagez de porter à 90% du smic les retraites des plus modestes. Quant aux Socialistes qui parlent de revenir sur la réforme de François Fillon, ils se gardent bien de dire ce qu’ils vont mettre à la place...

    Il va de soi que le régime des retraites qui ponctionne mécaniquement de plus en plus de fond dans le budget de l’état verra sa performance dépendre considérablement de la capacité de la France à résorber sa dette.

    Culture

    Depuis quelques temps, on nous bassine les oreilles de la question des intermittents du spectacle dès que l’on parle de culture, sans voir que cette question dépend de quelque chose de bien plus vaste. Jusqu’ici, la position de la France a longtemps été de faire une place particulière à la Culture. Très précisément, la position française , c’est de dire que la culture ne saurait répondre aux mêmes règles de libre-concurrence que d’autres biens, car elle est constitutive de l’identité culturelle d’un pays. C’est une position défendue tout particulièrement par François Bayrou et par l’UDF. L’identité culturelle comme identité de la France, il faut reconnaître que cela une toute autre allure que l’identité nationale face à l’immigration...

    Il y a une duplicité incroyable à cet égard des deux principaux partis de gouvernement. En effet, UMP et PS déclarent être attachés à l’exception culturelle française, mais dans les faits, leurs émissaires et leurs députés au Parlement Européen, votent tout l’inverse de ce qu’ils déclarent. En effet, en juillet 2003, Pascal Lamy alors encore commissaire européen et socialiste de toujours, faisait feu de tout bois pour mettre fin la règle de l’unanimité sur l’exception culturelle en Europe et passer ainsi à celle de la majorité qualifiée. Par la règle de l’unanimité, il est possible, sur la question de la culture, de bloquer par un seul veto la conclusion d’un accord qui aliénerait l’identité culturelle d’un pays. Mais avec une majorité qualifiée (c’est à dire la conjonction d’une majorité de la population européenne et d’une majorité de pays) il ne devient plus possible pour un pays de préserver sa culture si d’autres pays en Europe en décident autrement, tout particulièrement lors de la conclusion de traités avec l’Amérique, puisque c’est de là que vient la principale menace. Or, le 09 juillet 2003 , les deux commissaires Français, le Socialiste Pascal Lamy, et l’UMP Michel Barnier étaient tout prêts à abandonner cette seule garantie pour notre culture face aux appétits des mastodontes américains.

    De longue date, l’UDF, elle, avait inscrit son opposition frontale à une modification des règles de vote sur la culture au sein de l’Europe, et attirait le 21 mai 2003 l’attention du gouvernement sur l’opposition entre les déclarations et les actes...

    Le jour venu, les élus UDF ont d’ailleurs voté en bloc contre la tentative de changer la règle de l’unanimité , mettant en accord leurs paroles et leurs actes.

    Enfin, en parlant de l’identité culturelle, française et européenne, il suffit de voir comment PS et UMP ont traité l’héritage gréco-latin qui est pourtant le fond de la culture européenne. Pas un mot , pas une référence au niveau de l’Europe, des entraves systématiques aussi sous les gouvernements Jospin que Raffarin et Villepin. Le nombre de fermetures de section de grec et de latin dans les établissements scolaires a atteint des niveaux inégalés, Luc Ferry battant tous les records en la matière. De telles mesures rendent ses péroraisons sur la culture à l’écran ou sur papier particulièrement odieuses aujourd’hui à bien des oreilles. Quel est le seul candidat à évoquer l’héritage gréco-latin dans son programme ? Question pour un champion ? C’est une fois de plus François Bayrou. Bien sûr, on aurait plaisir à voir les autres candidats inscrire cet aspect au chapitre culture dans leur programme, mais comme il est déjà absent de leurs discours...

    Cet exemple en est un parmi tant d’autres qui illustre l’impéritie de nombreux candidats. Ils ne sont en effet, hélas pas isolés.

    L’Europe

    Quand on craint le peuple, on n’ose l’affronter de face. On sait, désormais que Nicolas Sarkozy envisage un mini-traité, mais par voie parlementaire pour relancer la construction européenne : peut-on ainsi continuer à construire l’Europe en agissant dans le dos des électeurs par peur d’affronter l’opinion, le débat contradictoire et, le cas échéant l’échec ? N’est-ce pas le décalage entre les discours et la réalité des votes au parlement européen qui inquiète en réalité la majeure partie de la droite conservatrice et de ses alliés ?

    Il est aisé, dans un tel contexte, aux anti-libéraux de tout poil de répandre mensonges, rumeurs et diffamations sur l’Europe. Ah ! Il en faut du courage pour porter un thème quand il n’est pas populaire. C’est tout de même culotté à gauche de réclamer la tête de la Banque Centrale Européenne quand on s’apprête à creuser le déficit budgétaire ?

    L’Europe est le plus vaste système de redistribution jamais mis au point dans le monde. Quelle institution a défini ainsi un budget dont l’objet est d’être redistribué aux membres les plus pauvres afin qu’ils se développent ? Comment l’Espagne, l’Irlande, le Portugal et la Grèce ont-ils pris leur essor sinon grâce à l’Europe ? Quelle monnaie nous protège depuis sa création, envers et contre tout ? Jean-Marie Le pen ferait rire s’il n’était pas en mesure de jouer un rôle politique important : vouloir revenir au franc est de la bêtise pure et simple. Sans le bouclier euro, le franc serait soumis à toutes les fluctuations et spéculations. La France qui ne disposait que de trois jours de réserves financières pour faire face à une attaque massive en 2001 serait à la merci de la première OPA venue sur sa monnaie si elle était isolée.

    Par ailleurs, quand Villiers et consorts parlent de protectionnisme, il y a de quoi rire : que croient-ils ces apprenti-sorciers incompétents ? Que d’autres pays, qui sont nos partenaires commerciaux ne feraient pas la même chose ? A qui vendrions-nous nos produits de mesures de rétorsion en mesures de rétorsion ? Une des causes de l’aggravation de la crise de 1929, c’est justement la fermeture de toutes les frontières entre les pays. En fait, Messieurs Le pen et Villiers se paient nos têtes. Au pouvoir, nous aurions droit à un système ultra-libéral dont les premiers à pâtir seraient évidemment les ouvriers, les petits commerçants, et les agriculteurs dont on dit souvent à tort ou à raison qu’ils sont le fond de commerce électoral de l’extrême-droite et de la droite-extrême.

    Et en parlant de l’agriculture, pour la France qui est une puissance exportatrice de premier plan, que se passerait-il sans politique agricole commune pour garantir des prix à l’achat, dans un contexte où il n’y aurait plus de débouchés extérieurs en raison de la fermeture des frontières. Ah, ça, ils se gardent bien de le dire, ni même de pousser leur raisonnement jusque là, nos deux chantres de la francité...

    A côté de cela, il reste les candidatures dites anti-libérales : derrière ces candidatures, il y a une hypocrisie monstrueuse qui ne dit pas son nom. Quel système économique promeuvent ces candidats ? Ils ne veulent pas de l’économie de marché. La réalité, c’est qu’ils n’osent plus prononcer le mot marxiste  : et pour cause ! On connaît l’échec économique des systèmes marxistes ainsi que leur brutalité politique. Alors, faute de pouvoir changer l’histoire, comme cela s’est longtemps fait à l’extrême-gauche, on change les mots. Et surtout, on se garde bien de dire comment on ferait pour financer les diverses mesures que l’on prône et sur la base de quel système économique. Malhonnêteté qui rend la plupart du temps la discussion impossible avec les ennemis jurés du Grand Capital et des sociaux-traîtres...Pour ceux-là, l’Europe est devenue la nouvelle Babel à abattre. Habitués à triturer voire à torturer les textes, ils se sont fait une spécialité de sortir les extraits de leur contexte pour mieux en travestir le sens. Il faut dire qu’ils ont la partie facile : comme ils ont en face d’eux des menteurs qui manipulent autant au moins les déclarations pour faire passer en douce ce qu’ils n’osent pas présenter de face aux électeurs...L’affaire du Traité Constitutionnel Européen a été pain béni pour les anti-libéraux et la droite extrême. mais, à vrai dire, on a aussi les adversaires que l’on mérite...

    Antigone est un symbole, et, je le sais, pour des raisons bien différentes, quelques candidats (Nicolas Sarkozy, José Bové) ont déjà invoqué ses mânes. Je ne suis pas candidat, mais, en guise de conclusion, je citerai simplement ce que disent les sages vieillards de Thèbes à l’issue du second épisode de la tragédie de Sophocle. Ils rendent hommage à l’espèce humaine.

    Premier demi-choeur

    Beaucoup de choses sont admirables, mais rien n’est plus admirable que l’homme. Il est porté par le Notos orageux à travers la sombre mer, au milieu de flots qui grondent autour de lui ; il dompte, d’année en année, sous les socs tranchants, la plus puissante des Déesses, Gaia, immortelle et infatigable, et il la retourne à l’aide du cheval.

    Second demi-choeur

    L’homme, plein d’adresse, enveloppe, dans ses filets faits de cordes, la race des légers oiseaux et les bêtes sauvages et la génération marine de la mer ; et il asservit par ses ruses la bête farouche des montagnes ; et il met sous le joug le cheval chevelu et l’infatigable taureau montagnard, et il les contraint de courber le cou.

    Premier demi-choeur

    Il s’est donné la parole et la pensée rapide et les lois des cités, et il a mis ses demeures à l’abri des gelées et des pluies fâcheuses. Ingénieux en tout, il ne manque jamais de prévoyance en ce qui concerne l’avenir. Il n’y a que le Hadès auquel il ne puisse échapper, mais il a trouvé des remèdes aux maladies dangereuses.

    Second demi-choeur

    Plus intelligent en inventions diverses qu’on ne peut l’espérer, il fait tantôt le bien, tantôt le mal, violant les lois de la patrie et le droit sacré des Dieux. Celui qui excelle dans la Ville mérite d’en être rejeté, quand, par audace, il agit honteusement. Que je n’aie ni le même toit, ni les mêmes pensées que celui qui agit ainsi ! Par un prodige incroyable, ce ne peut être Antigonè, bien que ce soit elle que je vois. Ô malheureuse fille du malheureux Oedipe, qu’y a-t-il ? Ceux-ci t’amènent-ils pour avoir méprisé la loi royale et avoir osé une action insensée ?

    Antigone , Second stasimon vers 332 à 383 de Sophocle (Traduction : Leconte de Lisle)

     

    Source : Nicias, sur le Portique