Démocratix me demande mon avis à la suite de la tragique immolation d'un chômeur qui ne parvenait plus à bénéficier du RSA. Démocratix trouve des mérites extraordinaires au billet de Sarkofrance sur le sujet. Moi, je le juge au contraire d'une démagogie hélas aussi courante que simpliste et affligeante.
Contrôler la situation des allocataires du RSA me paraît parfaitement normal. En revanche, que ce contrôle tourne à la tracasserie administrative, je reconnais que c'est pénible, surtout si l'on considère que les titulaires du RSA sont généralement dans des situations difficiles et ont d'autres chats à fouetter qu'à devoir se présenter à l'envie devant des centres de CAF fermés...
Pour revenir à Sarkofrance, il a entonné la complainte du gauchiste bien connu : il n'y en a que pour les riches. C'est indigne, on ne contrôle pas les riches et on contrôle les pauvres. Association facile et parfaitement inutile : le coût du RSA , c'est prêt de 10 milliards d'euros, soit plus de deux fois ce que rapporte l'ISF. Même avec les coups de massue fiscale administrés par les Socialistes, l'ISF parviendra péniblement à 5.7 milliards.
J'engage à se défier tout à fait des discours «généreux» à propos de la précarité : quand le RMI a été voté au début des années 90, il avait vocation à ne concerner que des populations totalement dénuées de ressources et de biens. On devait en principe aider les SDF à survivre avec cette aide.
Le résultat des courses, c'est qu'il y a près d'un 1.3 millions de personnes qui le touchent en France, aujourd'hui, travailleurs étrangers compris de surcroît. L'Enfer est pavé de bonnes intentions...
Comprenons-nous, je suis favorable à ce que l'on aide les individus les plus démunis, mais je me méfie tout à fait des trappes à inactivité. Plutôt que de verser le RMI à une jeune mère de famille, ne vaut-il pas mieux ouvrir une crèche et assurer une place à ses enfants, car c'est souvent le principal obstacle pour qu'elle puisse trouver un travail à temps complet ? Dans bien des cas, il vaudrait mieux faciliter le retour à l'emploi plutôt que de verser une aide brute à laquelle il est difficile de contrôler l'égibilité.
Je crois que c'est dans plusieurs pays le problème des aides : elles ratent leur but car au lieu de faciliter la reprise du travail ou l'esprit d'entreprise les dispositifs dans lesquels s'investissent les sommes versées aboutissent souvent à des usines à gaz.
En ce qui concerne l'infirmier qu'évoque Démocratix, je ne doute pas que la tracasserie ait contribué à faire déborder le vase, mais elle ne saurait être le seul ni principal motif d'un acte aussi désespéré.
S'en prendre aux CAF et aux contrôles c'est une facilité dans laquelle évidemment je ne tomberai pas, et j'observerai que c'est Marisol Touraine qui me semble avoir eu une bonne réaction en soulignant «le rôle exigeant et attentif joué par les employés de la CAF dans l’accueil d’allocataires souvent en grande difficulté».
Hervé a écrit un billet sur le sujet : bien que je ne partage pas son idéal d'un revenu universel versé par un État, son article a le mérite de retracer la genèse du RMI puis la création du RSA.