Je n'ai pas la même grille de lecture que la plupart des commentateurs sur les évènements de Gaza. Je pense qu'Israël va gagner son pari à double titre. D'une part, parce qu'il va neutraliser l'appareil militaire du Hamas pour fort longtemps, et d'autre part, qu'il va générer une véritable révolution dans la stratégie militaire, parce qu'il va démontrer qu'une armée régulière peut venir à bout d'une guérilla en territoire hostile. Ce-faisant, nul doute que sa possible victoire aura des conséquences inattendues sur la manière dont toutes les armées du monde envisagent la lutte armée contre des guérillas adossées à des populations ou des zones hostiles.
Ce qui me frappe, dans cette guerre, c'est le très faible nombre de soldats israéliens blessés ou tués et la non moins faible quantité de matériel militaire israélien endommagée. Du côté palestinien, les pertes sont évidemment lourdes, mais, au regard de combats dans une zone aussi dense, bien moindres que ce que l'on aurait pu attendre de l'engagement d'une armée conventionnelle sur un espace aussi resserré avec des ennemis cachés dans les populations civiles.
Il est très probable qu'Israël ait tiré des leçons de son retentissant échec contre le Hezbollah. Israël, à mon avis, comme je l'ai déjà dit, n'a jamais eu comme but de détruire le Hamas, mais de le contraindre à négocier en lui infligeant des pertes massives.
Les dernières déclarations de Khaled Mechaal prévenant que le Hamas allait passer par des moments difficiles et se déclarant enfin prêt à signer une trêve d'un an à certaines conditions sont révélatrices. Le Hamas déclare être prêt à signer un cessez-le-feu, pas une reddition. Une analyse sémantique des propos tenus par ce mouvement montre qu'il a sérieusement baissé un ton.
Israël pourrait être tenté de pousser son avantage. Les services de renseignement ont certainement repéré les rampes de lancement des roquettes, les tunnels où sont cachées les armes et la position de plusieurs leaders du Hamas. D'ailleurs plusieurs responsables de haut rang ont perdu la vie dans les combats.
L'impact des armes DIME que j'ai évoquées ici, du renseignement et de la préparation aura été déterminant. L'article a d'ailleurs été repris sur AgoraVox, ce qui m'amène à une autre réflexion : sur Gaza, il est impossible, particulièrement sur AgoraVox mais pas seulement, d'avoir des échanges construits sans devoir affronter une meute de gauchistes, trottskistes,alter-mondialistes,islamo-gauchistes et islamistes enragés. J'ai renoncé à publier toute réponse sur AgoraVox en raison des réactions épidermiques qui s'y produisaient.
A vrai dire, l'anti-sionisme régulièrement invoqué par les parties en présence sert souvent de voile pudique à un anti-sémitisme bien plus profondément ancré dans les esprits. Si je peux encore comprendre le raisonnement des populations d'origine arabe ou de religion musulmane qui prennent parti pour le Hamas, pour les autres, on comprend qu'ils se retiennent pour ne pas hurler à pleins poumons leur haine du Juif.
Du côté des populations musulmanes, il n'y a pas d'anti-sémitisme enraciné, mais un anti-sémitisme cristallisé par le problème de la Palestine. Cet anti-sémitisme-là date de 1920 au plus, plus exactement, de la résolution Balfour et ne va pas au-delà. Pendant des siècles Juifs et Musulmans ont vécu en harmonie.
Il en va tout autrement des "Gaulois" et plus généralement Européens d'origine : l'Europe cultive depuis des siècles cet anti-sémitisme-là, dont le point d'orgue le plus terrifiant a été la Shoah. Les Gauchistes et Communistes ont recyclé ce sentiment-là en le couvrant du nom plus respectable d'anti-sionisme. Mais la réalité point le nez chaque fois qu'ils essaient de la baillonner. Je ne parle évidemment même pas des voix d'extrême-droite qui viennent se mêler à l'extrême-gauche dans un beuglement commun chaque fois qu'il s'agit d'Israël.
D'une certaine manière, si les Palestiniens devaient en vouloir à un peuple sur le fond, ce n'est pas aux Israéliens qu'il faudrait s'en prendre, mais aux Européens. Ce sont les Européens, par leurs pogroms et leur rejet des populations juives qui cherchaient à s'assimiler au XIXème siècle qui ont provoqué un désir de retour sur la terre de leurs ancêtres chez ces mêmes populations.