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Lectures - Page 13

  • L'Esprit des Lois (2) : la justice...

    A l'heure où il est beaucoup question de l'alourdissement des peines en cas de délit, j'ai trouvé la lecture du chapitre XII du livre VI de l'Esprit des Lois tout à fait raffraîchissante.

    Montesquieu intitule le chapitre : De la puissance des peines

     Il y écrit notamment : 

    « Il ne faut point mener les hommes par les voies extrêmes; on doit être ménager des moyens que la nature nous donne pour les conduire. Qu'on examine la cause de tous les relâchements, on verra qu'elle vient de l'impunité des crimes, et non pas de la modération des peines.

    Suivons la nature, qui a donné aux hommes la honte comme leur fléau; et que la plus grande partie de la peine soit l'infamie de la souffrir. »

      

    Très juste remarque de Montesquieu. Au moment où Rachida Dati présente sa loi sur la récidive, il convient de rappeler que c'est la certitude de la sanction qui rend la loi efficace et non sa dureté. Ceci n'enlève bien sûr rien à la nécessité de punir plus sévèrement les récidivistes, mais, toute loi quelle qu'elle soit ne sera pas efficace si l'on ne donne pas à la justice les moyens de fonctionner. Or, l'urgence, ce n'est pas de voter des lois plus dures, mais de faire appliquer celles qui existent !

    Au chapitre IX, Montesquieu notait que la sévérité des peines convenait mieux au type despotique dont le moteur est la terreur qu'au monarchique (pour lequel c'est l'honneur) et le républicain (qui s'appuie sur la vertu). Il relève enfin, dans ce même chapitre que dans les états modérés, un bon législateur s'attache moins à punir les crimes qu'à les prévenir ; il s'applique donc davantage à donner des moeurs que des supplices.

     On retrouve souvent chez Montesquieu, cette défience innée pourtout ce qui est extrême. J'ai remarqué que lorsqu'il utilise cet adjectif, ce n'est jamais pour qualifier positivement quelque chose.

    J'aurai souvent l'occasion de le redire, mais il est impressionnant de justesse et de modernité dans ses remarques. Un centriste avant la lettre, en somme :-) Peut-on le nommer adhérent du MoDem à titre posthume ?

  • L'Esprit des Lois

    Depuis le temps que j'entends souvent parler de l'Esprit des Lois, l'ouvrage politique fameux de Montesquieu, je me suis résolu à le lire une bonne fois pour toutes : il faut dire qu'il y a de quoi. Entre 800 et 1000 pages, et pas écrites en gros caractères de surcroît.

    Pour l'instant, j'ai lu les livres I à V. Passionnant. Je ne savais pas Montesquieu à ce point épris de démocratie.

    Il compare en fait plusieurs régimes et distingue trois grandes sortes :

    - républicain

    - monarchique

    - despotique

    Le type républicain comprend deux sortes : le démocratique et l'aristocratique (au sens grec du terme, et non au sens de l'Ancien Régime : ἄριστος en grec signifie le meilleur. Il s'agit donc du gouvernement des meilleurs). Pour lui, il ne fait pas de doute que le type républicain est fondé sur la vertu, tandis que le monarchique s'appuie sur l'honneur, et qu'enfin le despotique ne repose que sur la crainte.

    Je trouve cette lecture raffraîchissante d'autant qu'à mon sens, il existe des accointances par la nature entre le bonapartisme et le despotisme, toutes proportions gardées évidemment.

    J'ai médité assez longtemps le chapitre XIII du livre V qui porte sur l'Idée du Despotisme, parce qu'il m'a fait penser aux cessions d'actifs de notre actuel gouvernement et du précédent (Autoroutes sous Villepin, France Télécom sous Fillon).

    Voilà ce qu'écrit Montesquieu :

    «Quand les sauvages [...] veulent avoir du fruit, ils coupent l'arbre au pied, et cueillent le fruit. Voilà le gouvernement despotique.»

    Au chapitre XIV il relève que dans un gouvernement despotiqu, il ne faut pas beaucoup de lois : tout doit y rouler sur deux ou trois idées. Amusant : ça m'a fait penser à certaines déclarations de la campagne présidentielle sur les idées simples...

    Je trouve en tout cas, que Montesquieu écrit de fort belles choses sur la démocratie, qui lui paraît la forme supérieure du type républicain, et qu'il y a matière pour nous à reprendre un certain nombre de principes pour le MoDem. Notamment, Montesquieu est époustouflant de justesse sur la nécessaire moralisation de la vie publique dans une démocratie et la nécessité d'un éthique forte pour ceux qui gouvernent.

    Au fur et à mesure de ma lecture, je publierai des remarques supplémentaires.