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burqa

  • La burqa très marginale ? Quel mensonge !

    Billet court, cette fois-ci : je lis partout que la burqa serait un phénomène très marginal en France. 400 femmes voilées intégralement seulement. C'est se moquer du monde. Si je compte toutes celles que j'ai déjà croisées à Paris et en région parisienne, j'ai eu un invraisemblable coup de malchance alors ? Le phénomène est sans doute marginal, certes, mais pas très marginal.

    Et toute la presse de titrer en coeur sur la marginalité en poussant un lâche soupir de soulagement. Ah, elles vont pouvoir venir, les bonnes consciences de gauche, au secours de l'islamisme rampant en proclamant que la populatiion française fantasme.

    Cela me rappelle le discours de la gauche avec la montée de l'insécurité au début des années 80 : circulez bonnes gens, non non, les cités de notre beau pays sont sûres, la délinquance n'existe pas. Juste des jeunes qui s'ennuient ou de pauvres gens qui essaient de répliquer à l'oppression du capitalisme international.

    Enfin, si la police estime les cas de port de burqa comme elle relève et comptabilise les plaintes, je ne m'étonne pas qu'elle ne décompte que 400 cas...

    Cela dit, il ne faut pas confondre la Burqa et l'Islam. Laura Asma a fait une mise au point très claire sur son blog à ce sujet. Je pense tout comme elle que c'est une erreur de légiférer en l'état sur le port de la Burqa. En revanche, si l'on constate une dérive sectaire au sein de certains courants radicaux de l'islamisme, il sera toujours envisageable de faire appliquer la loi (si la burqa est portée de force, par exemple, ou sous l'effet d'une persuasion indue). Il existe des pratiques autrement plus dangereuses dans certaines sectes que la France ne réprime pas : quid, par exemple, des Témoins de Jéhovah et de la vaccination ? Bien sûr ce cas précis ne porte pas une signification précise quant au statut social de la femme, mais il serait délicat (et injuste) de la part des pouvoirs publics d'avoir la main lourde d'un côté et pas de l'autre.

    Tant que le phénomène ne s'étend pas et ne menace pas le tissu social il n'y a à mon avis pas lieu de légiférer, j'ai déjà exprimé la position sur le sujet.

    Au fait, je n'ai pas entendu beaucoup (même pas du tout) le MoDem sur ce sujet. Bien que ce ne soit pas un sujet facile, je pense que nous devrions nous exprimer et définir une position.

  • Le cas de la burqa

    Je ne suis pas loin de partager les avis de Rubin (encore que je ne jetterai pas la pierre aux députés)et surtout d'Aurélien Véron à propos de la burqa. Comme le second, j'ai mal pour les femmes qui portent la burqa. En revanche, cela me paraît quelque peu tendancieux de faire la comparaison de leur cas avec le percing...Mais sur le fond, il me semble qu'il vise juste en rappelant qu'il faudrait se demander pourquoi ces femmes-là portent la burqa. Certaines y voient en effet une affirmation d'une identité, même s'il ne faut pas occulter que pour une majorité, il y a une pression de la famille ou d'un mari.

    Je suis convaincu que la proposition de loi de nos députés part d'un bon sentiment, mais il faut se rappeler cette maxime fameuse de Pascal : l'homme n'est ni ange ni bête et qui veut faire l'ange, fait la bête. Il y a un risque non-négligeable d'ouvrir la boîte de Pandore en légiférant ainsi. Bien sûr, c'est tentant de ne pas céder un pouce de terrain à l'intégrisme islamiste, car c'est bien de cela qu'il s'agit, et, très certainement, je suis à peu près convaincu que cette loi serait efficace, comme l'a été la loi sur le voile, mais les dommages collatéraux sont trop importants à mes yeux. Nous ne parviendrons pas à faire passer un tel projet sans renier notre droit particulièrement dans le domaine de la protection des libertés individuelles.

    J'ai lu la proposition de résolution. L'argument principal avancé est pour le moins surprenant : la burqa empêche l'identification de la personne. Comme la cagoule, en somme...

    l’obligation de retirer le niqab ou la burqa pourrait être justifiée par des buts légitimes qui sont les exigences de la sécurité publique, d’identification des personnes ou encore la protection des droits et liberté d’autrui.

    Je dis l'argument principal, parce que le second me paraît trop flou :

    la burqa comporte une signification de soumission de la femme qui dépasse sa portée religieuse et pourrait être considérée comme ‘’portant atteinte aux valeurs républicaines présidant à la démarche d’intégration et d’organisation de ces enseignements, obligatoires pour les étrangers admis pour la première fois en France

    Les députés doivent réaliser que toute loi qui s'appliquera sur la base de tels arguments pourra faire jurisprudence. Il n'est pas aisé de définir clairement les signes de soumission de la femme. Nous nous aventurons sur un terrain fort mouvant avec un objectif aussi clairement affiché.

    Non, la seule chose que l'on peut demander aux femmes en burqa, c'est de le retirer chaque fois que la situation l'exige, comme le fait observer Chitah en commentaire chez Aurélien (je le cite):

    Le problème c'est qu'un contrôle de police, normalement, devrait être justifié : on ne contrôle pas les gens comme ça, au hasard, juste pour le plaisir. C'est ce qu'une constitution bien plus libre que la nôtre dit, cela s'appelle une "fouille illégale et illégitime". (Le droit des citoyens d'être garantis dans leurs personne, domicile, papiers et effets, contre les perquisitions et saisies non motivées ne sera pas violé, et aucun mandat ne sera délivré, si ce n'est sur présomption sérieuse, corroborée par serment ou affirmation, ni sans qu'il décrive particulièrement le lieu à fouiller et les personnes ou les choses à saisir.) C'est ça le principe. Ensuite, il existe des lieux privés où être identifiable est absolument nécessaire, je pense notamment aux guichets bancaires : là, effectivement, perruques, cagoules, casques de motos, etc. sont interdits parce qu'ils empêchent l'identification. Second point : le débat sur "ces femmes ont-elles le choix ou pas de porter le voile/burqa/etc.?" est complètement débile. D'une part pour les raisons invoquées par Aurélien, où il semble que nombreuses sont celles qui sont parfaitement autonomes dans leur décision. Et d'autre part parce que dans la loi, obliger quelqu'un à faire quelquechose est déjà proscrit. Si demain j'oblige ma femme à porter un voile, jouer du banjo, ou faire le poirier, dans les trois cas je serais évidemment en faute, qu'un tribunal évaluera pour fixer une peine adéquate.

    Le point sur lequel je ne rejoins pas Chitah, en revanche, c'est d'affirmer que ce débat est débile. La preuve que non, c'est qu'il fait justement débat et qu'il pose un réel problème aux yeux de l'idée que nous autres Français, attachés à la démocratie, au droit et à la laïcité nous nous faisons de l'égalité entre hommes et femmes. Ce n'est pas n'importe quoi parce que cela touche le fondement même de notre constitution. Chitah aurait donc bien tort de l'évacuer ainsi d'un revers de la main, sous prétexte ce que ce serait marginal (lire son billet sur le sujet) tout comme Manuel, d'ailleurs, qui intervient aussi dans ces mêmes commentaires en estimant que c'est de la propagande anti-islam.

    A noter que Frédéric (Ataraxosphère), un blogueur MoDem, ne s'est pas posé la question sous l'angle de la religion ou des valeurs. Pour lui, c'est bien plus simple que cela : il devrait être interdit de se promener en masquant son visage, quel qu'en soit le motif, un simple question de sécurité publique.