Je vois sur la Toile beaucoup d'internautes s'indigner de l'apparente absence de réaction de la force publique après les menaces qui pèsent sur des policiers de la BAC. L'ami hashtable, notamment, titre sur la peur panique de la place Beauvau. A sa place, je ne m'avancerais pas à une conclusion aussi hâtive.
Éric Le Douaron, le nouveau préfet de l'Isère, est loin d'être un débutant. Ce n'est pas parce que la police ne fait rien de visible qu'elle n'agit pas. Il me semble, au contraire, que sa stratégie prudente n'est pas mauvaise. Pas de déclarations à l'emporte-pièces, pas de grands moulinets, mais de l'action. Je suis à peu près certain que pendant que la racaille s'imagine avoir flanqué la trouille à la force publique, dans l'ombre, le renseignement opère pour tenter d'identifier les auteurs des menaces.
Mettre les familles en sécurité est une bonne chose. Ouf ! Enfin un chef de police qui ne considère pas ses troupes comme de la chair à canon.
Sur le terrain, des choses se passent, avec des saisies d'armes. Ce qui compte, in fine, ce ne sont pas les déclarations de quelques voyous, mais l'issue des enquêtes. Ce serait un beau coup que d'attraper les auteurs des menaces et leur coller plusieurs années de prison pour menaces de mort aggravées. Patience, patience, pour une fois, les méthodes de ce super-préfet me donnent plutôt confiance.
A gauche, on a une curieuse manière de relater l'histoire de Karim Boudouda, le braqueur d'un casino. Manifestement, il aura échappé à mon privilégié favori qu'un homme armé est un homme dangereux dès lors qu'il vient d'utiliser son arme (donc de menacer de mort) pour commettre un délit. Le privilégié fait comme si Karim Boudouda avait fait l'objet d'une exécution en bonne et due forme. Quelle confusion des genres ! Comment peut-on comparer la peine de mort et l'exercice de la protection des citoyens par la police ?! Non, Privilégié, dans des circonstances extrêmes comme celles-là, les forces de police doivent trancher. Un homme dangereux doit être arrêté à tout prix, sa vie en fût-elle le prix s'il n'y a pas d'autres solutions. Le respect de la loi demeure la meilleure des assurances-vie, je le maintiens.
Bien sûr, il est malheureux que ce jeune homme ait payé de sa vie ses errements, et toute personne censée aurait souhaité une autre issue pour lui, et en fait, ce que je déplore à notre époque hyper-technologique, c'est notre incapacité à munir les forces de sécurité d'armes incapacitantes et/ou neutralisantes plutôt que d'armes létales. Les forces de police ne devraient pas être amenées à devoir opérer de tels choix. A défaut, il n'en reste pas moins que ce sont l'ordre et la sécurité des personnes qui doivent être privilégiés s'il y a danger mortel.