J'avais écrit une première version de ce billet mais elle a été très mal accueillie, y compris par mes propres amis, sans doute parce qu'elle était maladroite. Je n'en ai pas moins l'intention de dire ce que j'avais à dire.
Je reprends :
Une photo d'un homosexuel agressé violemment ce week-end tourne pour dénoncer l'homophobie en plein débat au Sénat sur le mariage pour tous.
Les victimes déclarent être dans l'incapacité de désigner leurs agresseurs. Cela m'a semblé fort étrange. Une chose en tout cas, était claire, c'est que l'agression avait un caractère homophobe puis le groupe d'individus qui s'en est pris à Wilfred et son compagnon les a apostrophés de manière à bien leur faire comprendre qu'ils étaient identifiés comme homosexuels.
Aux racines de l'homophobie, on distingue deux sources en France, même si l'une et l'autre se sont entretenues dans le terreau fertile en haines d'une société patriarcale.
Il y a d'abord l'homophobie traditionnelle, dont le christianisme avec son rejet de la licence sexuelle romaine est très certainement la source, mais il y a aussi un courant plus récent, quasiment l'une des marques de fabrique des cités de banlieue, l'homophobie qui a prospéré au sein d'une culture nord-africaine et proche-orientale imprégnée d'Islam.
L'Islam a des qualités indéniables, mais certainement pas dans le domaine de la tolérance sexuelle. Plusieurs pays islamiques condamnent les homosexuels à mort, ou, à défaut, à de lourdes peines. A niveau de vie équivalent, aucun pays chrétien n'en fait autant. Il y a donc un rejet particulier de l'homosexualité, propre à l'Islam, plus fort que dans les autres religions.
Côté occidental, c'est l'intégrisme religieux et les courants politiques qui font l'apologie d'une société patriarcale, comme c'est le cas à l'extrême-droite, qui rejettent le plus violemment l'homosexualité.
Wilfred a accusé Guaino, et d'autres apôtres de la manif pour tous d'avoir suscité son agression. Si Wilfred et son compagnon ont été agressés par des intégristes du genre de Civitas, on peut penser que l'état de tension entretenu par certains discours est en effet propice à des réactions toujours plus violentes. Mais si les agresseurs sont plutôt ces voyous, très précisément que je qualifie de racaille, qui se targuent d'Islam sans en respecter l'essence pour faire valoir le droit du plus fort, le leur, alors je doute que Guaino y soit pour quelque chose. C'est plus vraisemblablement la culture toute patriarcale mâtinée d'Islam qui florit en Afrique du Nord particulièrement qu'il faut mettre en cause.
En plein XIXème arrondissement, je penche plutôt pour les seconds que les premiers. Mais l'enquête finira de toutes façons par l'établir puisque Wilfred a porté plainte.
Je doute fort que la voyoucratie des cités écoute Guaino (ce qui ne le dédouane pas pour autant). La racaille s'en est toujours prise aux homosexuels, avec ou sans débat à propos du mariage homosexuel.
Les lecteurs un peu trop bien intentionnés ont crié haro sur le baudet immonde à la lecture du premier jet de ce billet, faisant valoir que je pointais l'immigration nord-africaine. Je ne pointe pas les immigrés en général. Je dis simplement que cette homophobie-là, oui, est importée. Ceci ne signifie pas que les immigrés seraient tous des agresseurs homophobes, comme on a tenté de me le faire dire en commentant mon billet.
On ne résoud pas un problème en l'occultant et il émergera d'autant plus fortement qu'on a cherché à le celer profondément parce qu'il était dérangeant.
Il y a une corrélation entre le sort qu'une culture patriarcale réserve aux homosexuels et la manière dont elle traite les femmes. Si cette culture méprise les femmes, elle verra dans l'homosexualité un miroir de la femme et méprisera aussi les homosexuels.
L'immigration nord-africaine, bien heureusement, est loin d'être réductible à cette culture-là. Et cette culture-là n'est pas non plus exclusivement constitutive du Maghreb ou du Proche-Orient. Il n'y aurait pas eu d'Omar Khâyyam, de Nomhäs d'Avicenne, d'Averroès, de Khalil Gilbran, d'Al-Arabi et bien d'autres sages et esprits libres de cette région du monde encore si cette réduction était exclusive.
Mais elle en est un élément constitutif, qui demeure puissant encore, de la même manière que le patriarcat du XIXème siècle en Europe sur fond de nationalisme a préparé les guerres terribles qui ont secoué par la suite l'Europe.
Il ne faut donc se voiler la face ni d'un côté...ni de l'autre si on veut lutter efficacement contre la pestilence homophobe.