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pakistan - Page 2

  • Iran, les lettres persanes d'un député

    Il y a en ce moment sur la Toile un document exceptionnel qui se trouve chez Backchich : le récit du député Jean Glavany en mission parlementaire dans la région de l'Afghanistan. C'est passionnant. Il a visité bien sûr l'Afghanistan mais aussi les pays frontaliers, notamment  le Pakistan et l'Iran. Quand je parle de visite, je n'entends pas une visite touristique, mais une véritable enquête. Il a pu interroger Iraniens,  Pakistanais et Afghans ce qui permet d'échapper aux idées convenues et aux a priori qui caractérisent nos opinions sur ces pays.

    Extraits...

    L'Iran

    En Iran, toutes les femmes, sont voilées. Même les européennes. C’est la loi et ça n’est pas gai. Mais, à l’inverse de l’Afghanistan ou du Pakistan, on n’y voit aucune Burqa. Aucune. On voit même beaucoup de voiles cantonnés sur l’arrière de la tête, découvrant largement les chevelures… et portés avec des Jeans et des nike, image inattendue et amusante de la mondialisation… L’alcool est interdit partout – un séjour en Iran est tout indiqué pour perdre du poids ! - … mais il coule à flot dans les soirées privées. Les muezzin sont discrets, très discrets. Et quand on se surprend à en entendre un, on ne constate aucune conséquence sur la population dans la rue. Aucune. En Iran, les mosquées sont vides ou presque et le régime des Mollahs semble ne pas s’en offusquer. Il faut dire qu’ils sont au pouvoir… C’est une des premiers paradoxes iraniens.

    Le Pakistan

    Depuis plusieurs jours, nous sommes intéressés par un phénomène inquiétant et manifestement au cœur de la problématique afghane et pakistanaise : l’explosion du nombre de madrassas, c’est-à-dire de ces écoles coraniques qui fleurissent dans l’ensemble du Pakistan et en particulier dans la zone frontière du nord-ouest pakistanais avec l’Afghanistan. : elles étaient 145 en 1947, elles sont plus de 20 000 aujourd’hui, de toute taille. Depuis la plus petite, dans un petit village, regroupant quelques enfants, jusqu’aux plus grosses – regroupant des centaines voire des milliers d’enfants dans des villes comme Peshawar. Ces écoles ne sont pas toutes des « fabriques à terroristes ». Mais elle sont assurément des lieux de bourrage de crâne pour les enfants de la région par des intégristes musulmans sans vergogne. Et ce sont dans ces madrassas que le fondamentalisme se répand de manière fulgurante.

    L'Afghanistan

    D’un point de vue civil, les objectifs sont plus compliqués : nous voulons aider l’Afghanistan sur le terrain du développement, de l’État de droit, et de la démocratie. Très bien. Mais jusqu’où voulons-nous aller vite ? Car la réalité sociologique de la société afghane c’est qu’elle en est au XIIème ou XIIIème siècle selon le point de vue où l’on se place et même peut-être plus en retard encore. Voulons-nous lui faire franchir en quelques mois ou quelques années, ces six ou sept siècles de retard ? Je crois sincèrement qu’il faut nous garder d’aborder le problème afghan avec nos standards occidentaux ou européens et être raisonnables : l’ambassadeur du Canada à Kaboul a dit « Just give them a chance », en français « donnez leur juste une chance » et je pense que c’est une formule pertinente. L’important est de mettre l’Afghanistan sur la voie de la démocratie, du développement et de l’État de droit. Cela prendra le temps qu’il faudra mais si nous voulons brûler les étapes nous risquons de tout déstabiliser et de tout imposer maladroitement.

    Et puis ce qui me frappe, en outre, c’est que la communauté internationale déverse sur l’Afghanistan des sommes considérables, sans doute plus de 10 milliards de dollars par an. Et quand on voit l’état dans lequel se trouve la société afghane au plan économique et social, on se demande où va cette aide. Sûrement pas là où elle serait la plus nécessaire, c’est-à-dire dans le Tryptique développement rural – infrastructures – et formation. Mais, comme toujours dans des situations de ce type, dans le financement des organisations internationales elles-mêmes, dans les consultants… bref dans ces gouffres financiers de l’aide internationale qui ne vont pas aux populations elles-mêmes.

  • Al Qaeda peut-il prendre le contrôle du Pakistan ?

    Les nouvelles ne me paraissent pas rassurantes au Pakistan : ce pays a longtemps joué avec le feu en encourageant en sous-main les Talibans en Afghanistan, persuadé que l'Amérique finirait par lâcher prise un jour là-bas. Seulement voilà, prisonnier de leur double-jeu, dans les zones tribales pachtounes, de nouveaux chefs sont apparus, cette fois liés directement à Al Qaeda et aux Talibans. Ces nouveaux chefs sont à la tête de groupes que l'ISI, les services secrets pakistanais, ne contrôlent plus. Ce sont eux qui ont mandaté l'assassinat de Benazir Bhutto. C'est eux contre lesquels se battent désormais les troupes pakistanaises. Ils ont probablement commandité l'attentat terroriste du Marriott hôtel à Islamabad. Si jamais ils devaient progresser au point de devenir la force majoritaire au Pakistan, l'inéluctable question du contrôle de l'armement nucléaire se poserait. On ne peut laisser à des fous aussi sanguinaires que dangereux le doit sur la détente de l'arme nucléaire. Dans un tel cas de figure, il n'y aurait plus d'autres solutions qu'une intervention militaire massive de la communauté internationale, quel qu'en soit le coût.

    Les deux tenants de l'alternative, vis-à-vis des Talibans est claire, et c'est Arnaud Hoyois (Quindi) qui l'a exposé dans une réponse à Edwy Plenel, sur MediaPart :

    C'est aussi le cas de votre différenciation des forces à vocation stabilisatrice de celles à vocation offensive (au sein de l'ISAF et non d'"Enduring Freedom"). L'une n'est pas possible sans l'autre, les talibans ne resteront pas cloitrés sur une partie du territoire s'ils ne sont pas contrés militairement (avec les pertes que cela représente). Ou alors, nous parlons d'un règlement institutionnel nouveau, d'un mandat de stabilisation nouveau, intégrant les talibans dans un cadre plus large, il faut le préciser, et pas éviter cette question pourtant essentielle pour l'avenir de l'Afghanistan. Des négociations ont d'ailleurs lieu avec les Talibans (et non Al Qaïda) sur le terrain avec les services de renseignement européens, les responsables de la PESD et l'ONU.

    Dans la suite de l'article, il détaille toutes les conséquences très lourdes qu'entraînerait le fait de laisser la main à des éléments incontrôlés et incontrôlables en Afghanistan. Et il y cite notamment la déstabilisation du Pakistan. Cet article a été écrit le 09 septembre 2008, et les faits semblent bien lui avoir donné raison...

  • La victoire posthume de Benazir Buttho

    Quelle claque pour l'islamisme radical au Pakistan ! Yessss ! Les partis radicaux intégristes islamistes se sont pris une baffe monumentale au Pakistan !!! Ils passent de 52 sièges à l'assemblée sur 272 à...tenez-vous bien, chers lecteurs, à TROIS ! Trois sièges ! Du jamais vu au Pakistan !!! Et par ailleurs, l'opposition démocratique écrase le parti au pouvoir et les islamistes radicaux, puisqu'avant la fin des décomptes, 83 reviennent d'ores et déjà au PPP, le parti de Benazir Buttho, et 64 au Parti de la Ligue Musulmane, canal dissident, de Nawaz Sharif ! Et ce n'est pas fini, car ce sont les résultats à la mi-journée...

    Bravo les Pakistanais ! Et vive la Démocratie au Pakistan !

  • François Bayrou réagit à l'assassinat de Benazir Bhutto

    François Bayrou a qualifié jeudi d'"acte épouvantable" l'attentat meurtrier contre la "femme courageuse" qu'était Benazir Bhutto, y voyant "un très mauvais signe" pour le monde. "C'est un acte épouvantable qui vient de frapper et de tuer Benazir Bhutto", a-t-il déclaré. "Après de nombreux attentats qui la prenaient pour cible, celui-là a hélas emporté une femme courageuse, engagée jusqu'au bout pour reconstruire un pays en décomposition". "Comme lors de l'assassinat du commandant Massoud, le fanatisme a ainsi atteint son but et c'est un très mauvais signe pour la situation dans cette région du monde et probablement dans le monde tout entier", a poursuivi le président du MoDem. toutes les personnes de bonne volonté doivent joindre leurs efforts pour que le processus démocratique puisse se poursuivre en dépit des rancoeurs et de la douleur", a conclu le député des Pyrénées-Atlantiques.

     

  • Benazir Bhutto, l'icône brisée

    J'ai déjà eu l'occasion d'écrire ce que je pensais de Benazir Bhutto et de prendre notamment le parti de Fatima, sa nièce. Benazir Bhutto est une icône brisée parce qu'elle représentait des espoirs pour nombre de Pakistanais laïques et pour les pays occidentaux, face à l'extrémisme. Il est bien évident que son assassinat profite à Al Qaeda. Mais Elle est aussi une icône brisée parce qu'elle a donné par le passé l'image la plus détestable de la démocratie. Parce que par son attitude, elle a associé démocratie et corruption, parce que face aux intégristes, au moment où elle aurait pu agir, elle a joué avec le feu, notamment en reconnaissant le régime intégriste des Talibans et en ne luttant pas contre le pouvoir maléfique des madrasas pakistanaises. Et enfin, parce que comme le rapporte Fatima, sa nièce, elle a au moins laissé assassiner son frère qui s'opposait à sa politique.

    Peut-être avait-elle changé. Peut-être. Mais, quelque part, l'attentant ignoble qui l'a emporté, lui est aussi revenu comme un boomerang.

    Il y a une porosité incroyable entre l'ISI (services secrets pakistanais)  et les éléments extrémistes de toute sorte à commencer par les soutiens d'Al Qaeda. On ne sait pas encore qui a commandité l'attentat. On se doute, évidemment, que les fanatiques ne se voulaient pas voir privés du leadership de l'opposition, ce que Benazir était en partie capable de faire. Mais les rouages du pouvoir sont tellement tordus, au Pakistan, qu'allez savoir si ce ne sont pas des intégristes qui n'ont pas été manipulés par des éléments plus ou moins controlés au sein du pouvoir.

    Certains s'imaginent que Fatima, la nièce de Benazir, pourrait être un nouvel espoir. Mais elle courrait un danger terrible si elle se rendait au Pakistan, et, de toutes façons, je ne crois pas qu'elle ait la moindre envie d'honorer la mémoire de sa tante. 

    Quand certains disent que la démocratie a été assassinée avec sa disparition, je les invite à rectifier leur discours : la démocratie est morte depuis belle lurette, au Pakistan. Ce qui risque de basculer, avec la mort de Benazir Bhutto, c'est la stabilité du pays. 

  • Soutenir Bhutto, oui, mais Fatima, pas Benazir !

    Gare au miroir aux Alouettes ! Au Pakistan, Benazir Bhutto, l'ancienn premier ministre et opposante de longue date à Perez Musharraf tente de profiter de la situation pour  passer pour une grande démocrate. C'est oublier un peu vite qu'elle négociait un partage du pouvoir avec Musharraf il y a encore moins d'un mois.

    S'il y a une véritable démocrate, dans la famille Bhutto, ce n'est nullement Benazir, mais la délicieuse et charmante poétesse  Fatima Bhutto, sa nièce.

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    Or, cette dernière, dans un article retentissant du Los Angeles Times met en garde contre sa tante. Elle rappelle qu'elle a été désavouée pour corruption à deux reprises, qu'elle est sous le coup de procès dans plusieurs pays, que son mari avait été surnommé "Monsieur 10%" en raison de sa propension à demander une commission sur tout contrat nécessitant son accord.

    De plus, un des tenants de l'accord secret entre Benazir et Perez, c'était l'abandon des poursuites contre cette dernière en passant naurellement dans le dos de la justice.

    Il ne faut aussi pas oublier que le Pakistan a été l'un des trois seuls pays à reconnaître le régime moyannâgeux et brutal des Talibans, et que cela s'est fait sous le ministère de Benazir ! 

    Enfin, Fatima évoque les circonstances aussi tragiques que brutales et douteuses dans lesquelles son père, le petit-frère de Benazir, a été assassiné alors que sa soeur était au  pouvoir. 

    Mais pour en avoir le coeur net, il suffit de se référer à ce qu'écrit Fatima dans le Los Angeles Times :

    My father was a member of Parliament and a vocal critic of his sister's politics. He was killed outside our home in 1996 in a carefully planned police assassination while she was prime minister. There were 70 to 100 policemen at the scene, all the streetlights had been shut off and the roads were cordoned off. Six men were killed with my father. They were shot at point-blank range, suffered multiple bullet wounds and were left to bleed on the streets.

    Voilà qui est éloquent : la police a planifié le coup, tous les réverbères avaient été éteints, six hommes ont été abattus avec lui et on leur a tiré à bout portant dessus. Dans ce même article, Fatima ajoute que les juges avaient alors conclu que cette exécution n'avait pu avoir lieu sans que les plus hauts sommets politiques soient au courant...

    Fatima conclut seulement ainsi :

    By supporting Ms. Bhutto, who talks of democracy while asking to be brought to power by a military dictator, the only thing that will be accomplished is the death of the nascent secular democratic movement in my country. Democratization will forever be de-legitimized, and our progress in enacting true reforms will be quashed. 

    En soutenant Mme Bhutto, qui parle de démocratie pendant qu'elle demande à un dictateur militaire le pouvoir, la seule chose que l'on aura obtenu sera la mort du mouvement démocratique naissant dnas mon pays. La démocratisation sera à jamais déligitimée, et nos progrès pour mettre en action de vraies réformes seront anéantis.