Nous l'appellerons Alice. Elle est jeune (28 ans environ) francophone (au point que l'on ne la distingue pas d'un française native) diplômée, mais est de nationalité étrangère.
Elle vit à Paris depuis longtemps, son grand-père était un haut-fonctionnaire pour la République Française, sa mère, bien que de nationalité étrangère, doit venir chercher régulièrement son extrait de naissance à Nantes dès qu'elle une formalité administrative à accomplir dans son pays, et sa soeur, sa tante et son compagnon sont français.
Elle a initialement créé une entreprise avec son père, mais un grave problème de santé a affecté ce dernier si bien que l'enteprise n'a pu se développer.
Elle avait le statut de commerçant dans cette entreprise, et, du coup, elle voudrait changer de statut pour pouvoir devenir salariée afin de travailler ailleurs.
Mais manifestement, on lui fait les pires misères à la préfecture de Paris, en lui demandant de disposer a priori d'un revenu de plus de 2500 euros par mois : elle dispose d'une offre d'emploi pour un salaire brut de plus de 2000 euros (il faut préciser que son niveau de diplôme est de bac+5) et en sus une partie variable.
Et pourtant, elle n'obtient pas gain de cause. Pire, comme elle atend le renouvellement de sa carte de séjour, elle ne peut porusuivre son action qui est très simpe en réalité : voir figurer "salarié" à la place de "commerçant" sur sa carte. Difficile de ne pas fortement soupçonner quelque petit fonctionnaire mesquin, étroit, et trop heureux d'exercer à bon compte son maigre pouvoir, de faire de l'obstruction gratuite.
Il faut dire que les arrestations sommaires et les déclarations tout au long de la campagne de l'actuel président et de son ministre de l'Intérieur ne peuvent qu'avoir donné des ailes à de zélés petits fonctionnaires pressés d'obtenir de l'avancement. Son cas est symptômatique de l'ambiance détestable que les récents décrets sur l'immigration font régner désormais chez tous ceux qui n'ont pas la nationalité française, fussent-ils parfaitement francophones et férus de culture française.
De plus, il semble que la préfecture de Police de Paris exige désormais de toute entreprise qu'elle vérifie d'abord à l'ANPE si elle trouve un profil de demandeur d'emploi français qui corresponde au poste recherché. Et si ce profil existe, elle impose qu'il soit recruté. Depuis quand la préfecture de police a-t-elle vocation à disposer de pouvoirs sur la liberté de commercer ?
Si j'étais chef d'entreprise, je serais ulcéré par une telle demande de la préfecture et porterais séance-tenante le document devant le tribunal ad hoc pour vérifier sa validité juridique. Si je suis chef d'entreprise, je recrute en fonction des compétences que je désire avoir pour mon entreprise, et non en fonction des desiderata de messieurs Sarkozy et Hortefeux.
C'est une atteinte insupportable à la liberté des chefs d'entreprise d'employer qui bon leur semble.
Ces petits fonctionnaires imbus d'eux-mêmes et zélés sont sans doute de la même espèce que ceux qui tamponnaient les formulaires des wagons de déportés pendant la Seconde guerre mondiale. Certes, la situation n'est nullement comparable, mais l'attitude de soumission au chef inhérente à cette fonction demeure envers et contre tout.
La France se construit avec son immigration zéro (car il faut donner son vrai nom à la pseudo-immigration économique dont Nicolas Sarkozy se faisait le chantre) et ses mesures vexatoires et humiliantes répétées envers les jeunes diplômés des pays étrangers, une image détestable dont le caractère négatif va croissant.
Je pourrais ajouter qu'Alice se verrait bien demander la nationalité française, car, elle a presque toujours vécu en France, et sur le fond, se sent davantage française que de sa nationalité, mais, Alice n'ose pas faire cette demande, car elle n'estime avoir aucune chance de l'obtenir. Et pourtant, Alice connaît à l'évidence bien mieux la France et sa culture qu'une large majorité de Français...
Alice envisage de regagner son pays d'origine, puis, plus tard, de gagner un pays plus accueillant, l'Amérique ou l'Angleterre, par exemple, où l'on accueille avec plus de courtoisie les jeunes diplômées intelligentes et compétentes. En France on crache dessus, malheureusement.
Je m'adresse aussi à mes lecteurs : que pensent-ils de cette situation ? Leur semble-t-elle normale ? Y-a-t-il un abus de pouvoir manifeste, voire anguille sous roche avec une éventuelle irrégularité du fonctionnaire zélé ? Si tel est le cas, comment obtenir gain de cause pour Alice et sanctionner le naboléon local afin qu'il se pisse dessus de trouille, car à titre personnel, j'aurais plaisir à ce que la peur change de camp.