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Foutue image...

L'issue du premier tour des primaires s'est avérée impitoyable pour Ségolène Royal. La voilà réléguée aux confins du Tartare, ou presque. Toutefois, je le dis souvent, on meurt rarement en politique. En décembre 2001, François Bayrou était à deux doigts d'abandonner purement et simplement la politique. Après le second tour de la présidentielle en 1995, Sarkozy était donné pour mort. Enfin, qui eût pensé, il y a encore peu, que la Dame des 35 heures et Flamby se seraient disputés l'honneur de représenter le Parti Socialiste en avril prochain, avec cette fois la perspective d'une élection imperdable ? Ségolène Royal est hors course pour l'instant, cela ne signifie pas pour autant qu'on ne la reverra pas émerger à nouveau dans quelques années.

Je crois que sa descente aux enfers a commencé à partir du moment où ses opposants de droite sont parvenus à lui tenir un procès en incompétence, et ses opposants de gauche en hystérie. C'est cela qui est assez étrange, si l'on songe qu'en principe, elle appartient plutôt aux fameux cerles de la raison chers à Michel Rocard (qui ne l'aime guère pour autant).

Je me souviens d'une remarque de Jean-Luc Benhamias pour le MoDem, il me semble, peu après les élections régionales de 2010. Le MoDem et François Bayrou s'étaient astreints à une cure assez longue de silence. Benhamias observait la chose suivante : quand on est englué jusqu'au cou dans un sable mouvant, plus on bouge, plus on s'enfonce.

C'est, je le crois le malheur de Ségolène Royal. Elle n'a pas su respecter les moments de silence qui auraient été nécessaires à la reconstruction de son image. Je pense d'ailleurs que c'est le travers dans lequel François Bayrou est tombé à plusieurs reprises au début du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Cinq ans, c'est long. Il faut donner du temps au temps. François Hollande, à l'inverse, a pris tout son temps pour reconstruire son image, avec patience, pendant près de trois ans. Et le résultat est là. Même chose pour Martine Aubry qui ne s'est jamais laissé imposer ses priorités par l'agenda médiatique.

Quand cela ne veut pas, cela ne veut pas. On ne peut pas forcer le destin. C'est dur, évidemment, d'avoir incarné les voix de plus de 20 millions de Français, et de se retrouver réduite à moins de 7% d'un corps électoral réduit à 2 millions et quelques de votants...

Ségolène Royal a voulu être présente à tout prix, mais elle ne s'est jamais occupée de la reconstruction de son image, ce qui était une priorité. Or, comme toute reconstruction, une telle tache se prépare car elle prend du temps.

Nicolas Sarkozy a compris cela : lui aussi essaie de se reconstruire une crédibilité présidentielle. Le problème, pour plagier Jean-Luc Benhamias, c'est qu'il est dans les sables mouvants à l'heure actuelle. Autrement dit, plus il bouge, plus il s'enfonce. Alors certes, il semble avoir mis en retrait les moulinets de bras (encore que...) mais c'est trop tard. Sa défaite est à peu près inéluctable. Des politiques fins comme Copé ou Fillon l'ont compris. La droite ne peut pas gagner une quatrième présidentielle d'affilée, surtout en temps de crise. La seule chose à laquelle elle puit se préparer désormais, c'est de tenter de préparer 2017. En effet, la crise peut rebattre les cartes prématurément, car le prochain gouvernement sera contraint de prendre des décisions difficiles.

Et Bayrou, dans tout ça ? Très dur. Très très dur. Lui aussi est victime d'une image qui n'est pas encore reconstruite, même s'il y a un progrès notable depuis quelque temps. Il peut faire un assez bon score, peut-être, mais franchement, je ne vois pas comment il pourrait gagner. François Hollande occupe l'espace social-démocrate. Au centre, il n'y a plus que lui, mais il a délaissé depuis trop longtemps le centre-droit, et même s'il parvient à occuper cette zone, l'espace restant n'est pas suffisant pour surpasser le score de la gauche.

En fait, la seule combinaison qui eût pu avoir une chance, face à la gauche, c'est une candidature centriste soutenue par la droite, puisqu'elle ne peut plus gagner. Autrement dit, il faudrait qu'une part significative de la droite se détache de Sarkozy et soutienne Bayrou. Très difficile à réaliser, et complexe parce que Bayrou s'est largement grillé à droite par une opposition radicale au sarkozysme.

Si le centre-droit avait eu le courage de l'ouvrir et de faire valoir ses convictions au sein de la majorité sarkozyste au lieu de passer son temps à baisser son froc, et qu'il y eût eu un candidat de centre-droit peu compromis avec le gouvernement actuel, il y avait quelque chose de possible. C'était le calcul de Borloo. Raté. L'homme manquait par trop de détermination, de soutiens solides, de volonté et surtout, d'indépendance...

Ce qu'une bonne partie des centristes de la majorité commencent à sentir désormais, c'est qu'il est impossible pour la droite de gagner sans le centre, c'est à dire sans Bayrou.

Et là, il est trop tard, beaucoup trop tard. Bref, en somme, le centre s'est grillé à droite et la droite s'est grillée au centre. Or, face, à la gauche, ils ne peuvent pas gagner l'un sans l'autre. Le Nouveau Centre aurait du comprendre depuis longtemps que le seul candidat qui pouvait incarner ses idées et qui pouvait lui donner du poids c'est Bayrou. Il aurait du se rapprocher de lui depuis longtemps. Le qualifier d'homme de gauche était une bêtise et une erreur stratégique (dont l'électorat centriste n'a cure au demeurant). Le Nouveau centre s'est bâti un réseau d'élus locaux. Tant mieux pour lui, car il ne restera rien ou presque de son groupe de députés à l'assemblée, et je parie qu'en dépit de l'alliance avec le MoDem, il ne sera pas mieux lotti que lui dans la future assemblée, même si le MoDem choisit de ne passer aucun pacte.

Pour conclure, je tends à penser que la gauche n'a pas besoin du centre pour gagner, à condition de demeurer sur une ligne social-démocrate. 

Voilà où on en est...

Commentaires

  • le jeu est ouvert à mon avis.
    FB a fait le pari de se décaler sur sa gauche pour gagner des voix tout en gardant une bonne part de l'électorat dit de centre droit et espérer être indispensable à la victoire.
    l'espace sur sa droite est en jachère et n'est plus concurrencé que par Sarkozy. Et on peut penser que c'est un adversaire suffisamment à droite pour que FB se défende bien de ce coté là.
    Quant à son coté gauche, il aurait été plus aisé de faire des gains avec un adversaire très à gauche. Puisque ce sera Hollande il faudra donc jouer au coucou en disant aux électeurs de centre gauche "voyez comme nous sommes proches. " tout en poussant Hollande sur sa gauche en lui disant "choisis donc, mélenchon le pcf montebourg et fabius ou moi." soit Hollande recule et libère de l'espace. Soit il laisse faire et il légitime de fait FB.Soit il tente de le pousser à droite et il risque d'apparaitre sectaire.
    le problème c'est surtout que ça manque de munitions pour faire peur pour l'après présidentielle et donc peser vraiment : le Modem a-t-il les moyens de jouer si son leader est battu de présenter des candidats de qualité et avec des moyens financiers aux législatives ?

  • "Autrement dit, il faudrait qu'une part significative de la droite se détache de Sarkozy et soutienne Bayrou. Très difficile à réaliser, et complexe parce que Bayrou s'est largement grillé à droite par une opposition radicale au sarkozysme."

    Tout le problème de Bayrou résumé en deux phrases, c'est tout à fait cela.

  • Abattue, elle a pensé malgré à ses enfants Ségolène...
    En 2007, un de ses intervenants conseils fut un certain Christophe Lambert, vous savez? Euro rscg...Celui qui présenta Cécilia à A, qui a publié certains ouvrages du style la France a peur ... passé chez Publicis^^^Sauf que, dans cette société, il y avait volonté, je crois, à restreindre les "trains de vie" indécents ;o))
    Etonnament, la compagne cachée de l'époque de FH, issue de Euro rscg, zarbi.
    Meme "société" à l'origine de présentations entre NS et CB.
    CQFD...

  • Très bonne analyse. Juste quelques remarques car aujourd'hui, on ne connaît pas le scénario de 2012:

    - Sarkozy est un candidat redoutable, s'il se présente (là, il n'en est qu'au stade des "ballons-sonde"), vu qu'il part avec un retard énorme, la campagne risque d'en être d'autant durcie, avec tous les coups possibles à la clé,

    - si Sarkozy vers février-mars est complètement dans les choux, que vont faire les élus UMP? Suivre un cheval perdant ou se raccrocher à ce qui se rapproche le plus de leur famille politique d'origine, à savoir Bayrou,

    - le FN peut considérablement troubler cette élection,

    - enfin, "Flamby" comme tu l'appelles aura t-il, s'il sort gagnant des primaires PS, un soutien total de la part du PS?

  • Excusez-moi, mais je me méfie des prédictions, de toutes les prédictions! Et cela me permet d'éviter le pessimisme. Le temps permet la création (sur ce point-là, je suis bergsonienne) et il est toujours dangereux de croire que l'avenir est déjà écrit. Retroussons nos manches et agissons. L'avenir échappera à nos calculs.

  • Jacques Attali ce matin sur Europe 1 :

    http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/L-interview-de-Jean-Pierre-Elkabbach/Videos/La-demondialisation-est-une-preuve-de-faiblesse/

    Bien écouter sa conclusion à partir de 7'15.

    Si je peux me permettre une remarque concernant le NC, Hervé Morin clame à qui veut l'entendre que F. Bayrou appellera à voter socialiste parce qu'il n'aurait aucune possibilité de constituer un groupe avec la droite à l'assemblée compte tenu de son rejet de N.S. (il oublie qu'il a lui même écrit un livre au vitriol contre N.S.). Comme d'hab il essaie de savonner la planche de Bayrou mais je pense que contrairement à ce qu'il pense beaucoup de députés de droite voteront pour Bayrou - l'UMP se scinde de plus en plus en petits groupes de différentes sensibilités... Le rassemblement du NC l'autre jour à Issy les Moulineaux n'a guère été favorable à une candidature de Morin à la présidentielle et lui a donné à réfléchir jusqu'à début janvier... Il a oublié comment l'a qualifié J.C. Lagarde lorsque Borloo était sur les rangs : "pour traverser le désert on choisit un chameau pas une chèvre"

  • @airlane,
    Bof, l'aventure "abeilles" m'a beaucoup enseigné...Les V et NC ont obtenus des postes à l'époque si mes souvenirs ne me trompent pas ;) et puis EELV aussi en filigranne^^^.
    Eh being en ce qui me concerne, ce "joli" monde va devoir apprendre à faire autrement.

  • A propos de Ségo, je viens de poster un commentaire chez Ginisty qui dit à peu près ceci :

    C'est une erreur de considérer que Ségo a connu un effondrement. En fait, c'est en 2007 qu'elle a connu une ascension anormale et largement fondée sur un malentendu. Les militants de gauche se sont précipités vers elle faute de mieux, et aveuglés par différents miroirs. Puis, 2007 passé, le temps a redonné aux choses leur juste perspective et Ségo a retrouvé son étiage normal.

    Je ne suis pas très éloigné de penser qu'il en va de même pour Bayrou, en moins fantasmatique. Je suis convaincu que "l'heure de Cendrillon" est passée pour lui et qu'il ne dépassera pas les 10 à 11%. Sur ce point, je rejoins l'analyse rationnelle de L'Hérétique. Et j'y rajoute une analyse irrationnelle : le bonhomme s'est rendu trop détestable et a écoeuré trop de gens. 60 000 écoeurés, mine de rien, ça fait du dégât. regardez les sondages et ce qu'ils disent sur les intentions de vote des anciens électeurs de Bayrou : selon les cas, de 25 à 30% de ses anciens électeurs envisagent de revoter pour lui. Même s'il arrive à en reconquérir 50 à 60% d'ici avril 2012, ça ne kui fera que 11% des voix par rapport à ses 18% de 2007. Il ne sera même pas troisième. Et il le sait.

  • @Christian
    Je ne vous suis évidemment pas dans vos extrapolations irrationnelles, mais pour son score, en revanche, s'il dépasse 10%, de mon point de vue, je serai déjà content.

  • A propos de Royal:

    Il y a un aspect des élections primaires que nos politiciens, habitués au cumul des mandats et inscrits dans un carriérisme, auront du mal à intégrer, c'est que si le candidat vainqueur des primaires ne gagne pas l'élection majeure dans la foulée, alors il est condamné.

    Hollande et Aubry feraient bien d'y penser, car si celui ou celle qui sera désignée dimanche ne gagne pas en 2012, ce sera la fin définitive de leurs espoirs au niveau national.

    Par ailleurs je rejoins Ch. Romain sur le fait qu'elle vient en fait de retrouver son "niveau" normal. En 2007 les sondages l'ont propulsée en tête des primaires, et on oublie un peu vite qu'elle perd nettement une élection qui tendait les bras à la gauche face à un adversaire déjà détesté par beaucoup, ou encore que malgré l'écrasement du FN et moins de candidats de gauche qu'en 2002, elle n'était pas si loin que ça de passer à la trappe dès le premier tour.

  • @Aurélien
    Je ne vois pas ce qui peut empêcher la gauche de gagner cette élection que ce soit Aubry ou Hollande son candidat.

  • @l'Hérétique:

    Une victoire du centre indépendant parbleu! :)

  • Quel pessimisme! Bien sur personne ne parierait son salaire sur autre chose que Hollande actuellement. Mais en octobre 2007 y avait-il plus de raisons qu'aujourd'hui de voter FB ? Je laisse à chacun son avis sur le personnage mais il est toujours là après 5 ans et ce n'est pas un mince exploit. Et si beaucoup voient Hollande gagner contre Sarkozy, l'imaginent ils vraiment présider la France ? N'est il pas pour beaucoup un candidat de substitution ? Quelles qualités particulières peut on raisonnablement lui prêter? Les français veulent ils vraiment un Président banal? Et qui peut imaginer que Sarkozy sera battu à 58% ? Qui va nier les qualités de combattant de celui-ci? Quand la droite sortira la grosse artillerie pour dézinguer Hollande et son projet fragile, FB sera épargné et s'il est lui aussi attaqué il sera légitimé comme opposant.

  • lire bien sur "octobre 2006"

  • Je rejoint zapataz sur son analyse.Bayrou me semble vraiment savoir où il va. Ce n'est pas un homme de parti et les français aiment cela; c'est un atout considérable qui va prendre toute sa valeur dans les mois qui suivent. On le dit une fois à droite, une fois à gauche. Perso je le vois devant sans s’embarrasser des préjugés. Ses idées ne sont ni de droite ni de gauche; elles sont vraies tout simplement.

  • "Au centre, il n'y a plus que lui, mais il a délaissé depuis trop longtemps le centre-droit, et même s'il parvient à occuper cette zone, l'espace restant n'est pas suffisant pour surpasser le score de la gauche."

    De grâce n'inversez pas les rôles, ce n'est pas Bayrou qui a délaissé le centre-droit, mais bel et bien les élus du Nouveau Centre qui ont préféré lâcher Bayrou afin d'obtenir quelques sièges à l'Assemblée. Pour au final ne plus rien peser, et constater que leur chef de parti n'est visiblement pas l'homme de la situation...

    Si Bayrou veut avoir une chance de remporter les élections de 2012, il doit combattre par ses convictions, par son programme, et par les valeurs véhiculées par le Mouvement Démocrate. Le but n'est pas de convaincre uniquement les électeurs dits de gauche ou de droite, mais de convaincre l'ensemble des Français, et ce d'autant plus que le 1er parti de France lors du 1er tour des présidentielles reste avant tout le "Parti Abstentionniste"...

  • "Au centre, il n'y a plus que lui, mais il a délaissé depuis trop longtemps le centre-droit, et même s'il parvient à occuper cette zone, l'espace restant n'est pas suffisant pour surpasser le score de la gauche."

    De grâce n'inversez pas les rôles, ce n'est pas Bayrou qui a délaissé le centre-droit, mais bel et bien les élus du Nouveau Centre qui ont préféré lâcher Bayrou afin d'obtenir quelques sièges à l'Assemblée. Pour au final ne plus rien peser, et constater que leur chef de parti n'est visiblement pas l'homme de la situation...

    Si Bayrou veut avoir une chance de remporter les élections de 2012, il doit combattre par ses convictions, par son programme, et par les valeurs véhiculées par le Mouvement Démocrate. Le but n'est pas de convaincre uniquement les électeurs dits de gauche ou de droite, mais de convaincre l'ensemble des Français, et ce d'autant plus que le 1er parti de France lors du 1er tour des présidentielles reste avant tout le "Parti Abstentionniste"...

  • Vous avez déjà décidé de la victoire de la gauche. Mais vous oubliez l'effet repoussoir du socialisme tiers-mondisme dont le coeur du programme c'est toujours plus d'immigration, toujours plus de fonctionnaires, à contre-courant de ce dont à besoin ce pays.
    De plus ni Hollande ni Aubry n'ont la carrure pour faire face à Sarko. Comme en 2007, la gauche s'auto-persuade que cette élection est "imperdable". Plus dure sera la chute.

  • l'hérétique pense que le coeur de la bataille était au centre droit. Mais non! il est au centre gauche, c'est tout. il fallait juste que le centre droit soit "déblayé".

  • @L'Hérétique: tu oublies 4 chose dans ton analyse :
    - Ce sont les négociations actuelles entre Hollande et Bayrou pour un programme commun de Gouvernement (loin du projet actuel du PS), et un partage des circonscriptions législatives pour 2012.

    - lors des primaires, les sympathisants du Front de Gauche et des écolo sont venus voter. Or, lors du 1er tour des présidentielles, ils auront leurs candidats.

    - Le NC et l' UMP est au bord de la scission, et nombre de députés choisiront le candidat qui leur permettra de conserver leur circonscription donc leur mandat. Philippe Folioot apprenté NC vient de rejoindre Bayrou ; D'autres vont suivre. Attendons le ralliement de De Villepin.

    - enfin la plus importante : la participation au scrutin. Les gens sont échoeurés. 2007 n'aura été qu'une parenthèse dans la longue montée de l'abstention.

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